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Tours et détours des objets de dévotion catholiques (XVIe-XXIe siècles)

Quelle place pour les objets de dévotion dans un musée de civilisation ? L’exemple du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM)

Émilie Girard

Résumés

Héritier du musée national des Arts et Traditions populaires, le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), ouvert à Marseille en juin 2013, conserve aujourd’hui une riche collection d’objets de dévotion, en particulier relatifs au catholicisme. Considérés comme les témoins matériels du fait religieux, les objets de dévotion, placés au cœur de la politique d’enrichissement de l’ancien musée des Arts et Traditions populaires comme de celle du nouveau MuCEM, traduisent le rapport du croyant au divin. En tant que musée de civilisation, le MuCEM s’attache à porter sur ces objets un regard pluridisciplinaire et à mettre en valeur, au sein de ses expositions, la pluralité des sens que ces objets peuvent porter. Objets identitaires, objets de marge, objets mobiles, objets relationnels, les objets de dévotion sont les supports essentiels de l’approche du fait religieux, des pratiques et des croyances.

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Texte intégral

  • 1 Suzzarelli 2013.

1Le 6 juin 2013, le MuCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) ouvrait ses portes à Marseille. Dans son exposition permanente, la Galerie de la Méditerranée, définie autour de quatre « singularités » méditerranéennes, la seconde section, consacrée aux monothéismes et intitulée « Jérusalem, ville trois fois sainte », met en scène toute une série d’objets de dévotion : imagerie, chapelets, souvenirs de pèlerinage… Autant d’objets de peu qui témoignent du rapport de l’homme au divin et dont les collections du MuCEM sont riches. Si ces objets sont aujourd’hui si présents dans les collections, c’est parce qu’ils s’inscrivent dans une approche de la question religieuse propre à un musée dit de civilisation, c’est-à-dire un musée qui fait appel à l’ensemble des sciences sociales (ethnologie, sociologie, histoire, histoire des arts, géographie, archéologie…) et qui présente, à côté d’objets « témoins », des objets propres au monde des beaux-arts et de l’art contemporain, pour signifier les dynamiques sociales à l’œuvre, sans césure culturelle1. C’est dans ce cadre général que s’inscrit l’exposition du fait religieux au MuCEM.

Les objets de dévotion au MuCEM : collection historique et axes de développement

2Le MuCEM peut s’appuyer sur une riche collection d’objets pouvant être caractérisés comme tels : images pieuses, médailles, ex-voto, pièces de statuaire domestique, bénitiers, chapelets, lettres de baptêmes… Cette thématique a d’abord largement été développée par le musée national des Arts et Traditions populaires, dont le MuCEM est l’héritier. Il conserve en effet des collections constituées depuis plus de cent trente ans, d’abord par le musée d’ethnographie du Palais de Trocadéro (1878-1936), puis par le musée national des Arts et Traditions populaires, créé en 1936 par Georges Henri Rivière (1897-1985) et ouvert sur le site du Bois de Boulogne, en bordure du Jardin d’Acclimatation, en 1972. Jusque dans les années 1960, les collections se construisent essentiellement autour de l'idée d'une France rurale et préindustrielle. De 1936 à cette période, face à une France en pleine transformation, Georges Henri Rivière s’emploie ainsi à collecter les témoignages d'un monde rural en voie de disparition, autour de deux thématiques principales: la vie sociale et culturelle (religion, rites et fêtes calendaires, croyances et rapport au sacré, pratiques relatives au corps et à la santé, rites de passage de la naissance à la mort...) et la culture matérielle (agriculture, élevage, artisanat rural, mobilier régional, architecture rurale, vie domestique, alimentation, moyens de transport ruraux...). Dans les années 1970, les campagnes d'acquisition quittent le seul domaine rural, pour se concentrer sur de nouveaux sujets comme l'artisanat urbain, l’art forain, le cirque, puis, dans les années 1990 et 2000, le patrimoine industriel, les soins hospitaliers, les musiques électro-amplifiées ou le tag. Les collections datent pour l’essentiel des XIXe et XXe siècles et proviennent essentiellement de la France.

  • 2 En 2000, Catherine Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication, annonce officiellement la (...)
  • 3 Calafat et Girard 2013.

3Depuis 2000, et la décision de transformer le musée des Arts et Traditions populaires en musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée2, le champ de compétence du musée a été élargi à l’aire euro-méditerranéenne. La politique d'acquisition a alors connu une orientation volontariste. Un axe d'ouverture des collections à la Méditerranée est en particulier défini ; un secteur « Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient » a pour mission d'enrichir les fonds d'objets en provenance des pays du sud et de l'est de la Méditerranée, acquis sur le terrain, auprès de particuliers, de chercheurs ou sur le marché de l'art. En 2005, le MuCEM reçoit en dépôt plus de 33 000 objets issus de la collection du Musée de l’Homme, élargissant ainsi massivement les fonds du musée sur l’aire européenne. Parallèlement, le champ historique est également élargi : entrent dans les collections de pièces datant des siècles antérieurs au XIXe siècle, jusqu’alors présentes de manière sporadique, ce qui permet de donner une profondeur historique au propos du musée. Pour autant, il ne s'est pas agi d'un élargissement tous azimuts : celui-ci a été pensé dans la continuité de la collection historique du musée, du point de vue des méthodes d’acquisition (acquisitions ponctuelles et campagnes-collectes) et des grandes thématiques visées3. Ce parcours rapide éclaire la composition des fonds d’objets religieux du MuCEM.

4Le domaine catholique est historiquement le domaine d’excellence des collections religieuses du MuCEM. Le musée des Arts et Traditions populaires a en effet construit ce pan de la collection autour des thématiques des pratiques populaires et des croyances, essentiellement catholiques, où les objets de dévotion occupent le premier rang. Dans cet ensemble considérable, on peut distinguer trois grandes catégories, que sont la statuaire, les objets domestiques et l’imagerie.

  • 4 Numéro d’inventaire 1957.6.1.
  • 5 Numéro d’inventaire 1884.1.82.
  • 6 Numéro d’inventaire 1936.1795 et 1796.

5Dans le domaine de la statuaire, deux grandes composantes : la première regroupe la statuaire d’église, dont le MuCEM compte un ensemble intéressant, assez représentatif de la production de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. On compte également des pièces de statuaire en bois polychrome parfois remarquable, comme une Pietà savoyarde du XVIIIe siècle4, une Vierge Noire du Puy du XVe siècle, provenant du fonds ancien du musée5 et une représentation de Dieu le Père et Dieu le Fils, hérité du musée d’ethnographie du Trocadéro6 et datant du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Le second ensemble statuaire est dédié à un usage domestique, relevant plus directement de la catégorie d’objet de dévotion : des pièces en faïence, très nombreuses au musée, comme les Vierges d’accouchées en faïence de Quimper, témoignent de pratiques de protection associées à la figure mariale.

6Les objets de dévotion domestique sont également bien représentés, à travers des séries de bénitiers, de chapelets ou de médailles en provenance des différentes régions françaises. Il faut noter que les collections européennes du musée de l’Homme sont venues élargir le domaine géographique, à partir des mêmes typologies d’objets, souvent qualifiés d’objets de dévotion dans la documentation du musée.

7Quant aux images de piété, elles sont extrêmement nombreuses dans les collections. Le MuCEM compte un fonds d’ex-voto hérité du MnATP, complété d’ailleurs également par le fonds issu du musée de l’Homme. L’imagerie pieuse dite populaire est largement présente : images de communion lettres de baptême décorées, images souvenirs, chromolithographies à l’effigie de saints personnages, du Christ ou de la Vierge, catéchismes illustrés, albums d’estampes relatant l’histoire sainte… Autant de souvenirs du rite de passage qui agrège le baptisé, le communiant ou le fidèle à la communauté des chrétiens.

  • 7 Voir la collection 1974.60.
  • 8 Numéro d’inventaire 1977.36.1.

8Un des grands absents de la collection reste le champ du matériel liturgique. Si on retrouve des éléments de procession (comme des croix de mariniers ou des dais de procession) ou du matériel marquant l’espace public (comme des croix de chemin), tout le matériel de messe (ciboires, calice, ostensoirs…) est très peu représenté. On ne compte que quelques pièces, comme des encensoirs7 et un ciboire8. Il est intéressant de noter que les seuls « ostensoirs » conservés sont en fait des reproductions miniatures destinées au jeu : l’enfant est ainsi invité à reproduire les gestes du prêtre et à s’agréger à la communauté des chrétiens par ce mimétisme. On voit à travers cet exemple du matériel liturgique que la focale est bien davantage placée sur les pratiques privées des croyants et que sur les cultes en tant que tels. Le cœur de la collection d’objets religieux du MuCEM (héritée du MnATP et du musée de l’Homme) est formé par des objets domestiques catholiques, associés à la pratique religieuse individuelle.

  • 9 Glück 1998. Ce document, inédit, est consultable au centre de conservation et de ressources du MuCE (...)
  • 10 Voir les collections 1998.14 (jeu de messe pour enfants), 20, 21, 43, 44 (statuaire), 47 (statuaire (...)
  • 11 Mallé 2006.

9Si l’enrichissement des collections peut passer par le biais d’acquisitions isolées, l’une des spécificités du musée des Arts et Traditions populaires, reprise par le MuCEM, consiste dans l’organisation de campagnes raisonnées d’acquisition. L’une de ces campagnes, menée en 1998 sous la direction de Denise Glück, alors responsable du département Croyances et Coutumes au MnATP, a d’ailleurs été spécifiquement et nommément consacrée à la thématique des « objets de dévotion et souvenirs de pèlerinage ». Cette campagne a été conduite en visant trois objectifs principaux : faire la collecte la plus systématique possible des objets de dévotion populaire privée et des souvenirs de pèlerinage à la Vierge, étudier par enquête les pratiques de dévotion contemporaine, développer la collection de statuaire d’église de production industrielle alors en voie de disparition9. Elle a permis entre autres l’entrée dans les collections de pièces de statuaires, de bouteilles d’eau bénite, de timbales, de bénitiers, d’oratoires de poche, de médailles10… En 2004-2005, au moment où se dessinent les contours du futur MuCEM, une importante campagne d’acquisition consacrée aux crèches en Europe et en Méditerranée est organisée. Cette campagne a donné lieu en 2006 à l’une des expositions de préfiguration du MuCEM, « Rêver Noël, faire la Crèche en Europe ». Le projet s’est appuyé sur l’existence dans le fonds historique du musée, de crèches françaises des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, parmi lesquelles la plus ancienne crèche provençale connue, pour élargir la collection à une aire géographique neuve. Il a permis l’acquisition de pièces provenant de Campanie, de Catalogne, de République Tchèque ou de Pologne, en particulier, dans ce dernier cas, de remarquables grandes crèches de concours11. Cet élargissement permet une comparaison entre plusieurs traditions géographiques et culturelles. L’exposition des différentes crèches met en évidence des divergences dans la manière de matérialiser la Nativité ou, au contraire, des invariants, du moins d’un fonds commun dans les représentations et les pratiques : inscription dans une tradition, dans une famille, dans une communauté, distinction, concours…

  • 12 Collection 2002.4. Legner 1989.

10L’élargissement du champ de compétence du MuCEM à l’Europe et à la Méditerranée a permis en outre des acquisitions notables dans le domaine des objets de dévotion chrétiens. Entériné par la commission d’acquisition du musée en janvier 2002, l’achat de l’importante collection de reliquaires Peters, du nom du médecin allemand qui l’a constituée12, est le premier pas de cet élargissement. L’ensemble est composé de 434 reliquaires et authentiques de reliques provenant de 13 pays ou régions : Italie (127 occurrences), France (113), Allemagne (113), Suisse (54), Autriche (26), Espagne (8), Israël (Jérusalem, 5), Alpes (3), Belgique (3), République Tchèque (Prague, 3), Russie (2), Flandres (1), Mexique (1). La collection couvre les périodes allant du XVIe au XXe siècle, avec une majorité de pièces datant des XVIIIe (206 pièces) et XIXe siècles (115 objets). Elle regroupe une grande variété de types de reliquaires, objets d’églises (autel, tableaux, vitrines, châsses, statues, chef et bras-reliquaires, croix, ostensoirs, …), mais aussi objets à vocation privée, comme des boîtes, des flacons, des custodes, des broches ou des chapelets... Son acquisition a été motivée par la représentativité de l’ensemble (elle a permis au MuCEM en une seule acquisition de combler une lacune importante de sa collection puisqu’aucun reliquaire n’y était conservé jusqu’alors), sa couverture géographique large permettant de couvrir le nouveau domaine de compétence du musée et son caractère de collection de collectionneur. Cet ensemble témoigne également de la personnalité de l’homme qui l’a réuni. La collection permet ainsi d’aborder, à côté du culte des reliques réglé par l’Église, les pratiques de dévotion domestique et rendrait presque possible, à elle seule, une exposition sur la thématique de la relique.

Fig. 1 - Collection de reliquaires Peters

Fig. 1 - Collection de reliquaires Peters
  • 13 Calafat et Girard 2013.

11En parallèle des objets de dévotion catholiques placés au cœur de cette étude, il convient de préciser que des collections d’objets issus des domaines chrétiens d’Orient, juif et musulman sont en cours de développement13. Dans la perspective méditerranéenne et comparatiste qui est celle du MuCEM, les objets de dévotion catholiques ont désormais vocation à être exposés à côté d’objets de dévotion rattachables à d’autres confessions.

Pourquoi s’intéresser aux objets de dévotion dans un musée de civilisation ?

  • 14 Selon les termes de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France.

12Les collections du MuCEM comptent donc une profusion d’objets de dévotion issus des trois monothéismes, et particulièrement catholiques. Pourquoi inscrire ce type d’objets à l’inventaire d’un musée national et par conséquent les rendre inaliénables, imprescriptibles et insaisissables14 ? Les intérêts esthétique et historique ne sont pas les seuls pris en considération au MuCEM.

  • 15 Icônes de l’École de Jérusalem (inv.2007.50.1 et 2011.4.1), icônes coptes (inv. 2009.3.1-4).

13Les objets de dévotion y sont d’abord collectés et exposés en tant qu’objets identitaires. La question de l’identité, sensible et délicate, est un sujet de la plus haute importance pour un musée comme le MuCEM. Les pièces qui traduisent l’appartenance à un groupe sont des portes d’entrée pour évoquer les phénomènes communautaires. Les acquisitions récentes d’icônes méditerranéennes participent de cette interrogation. Le MuCEM a ainsi récemment acquis deux icônes melkites, une Vierge à l’Enfant et une Nativité, provenant de l’École de Jérusalem et datant du XIXe siècle, et un ensemble de quatre icônes coptes contemporaines15. Ces objets, produits pour orner l’espace domestique et soutenir la prière des croyants, sont en même temps des pièces communautaires, en ceci qu’elles sont issues d’une production caractérisée : les styles, les inscriptions (en grec et/ou en arabe), les usages qui sont faits de ces objets sont des traits spécifiques d’un groupe chrétien.

  • 16 Numéro d’inventaire 1977.2.1.1.

14Les objets de dévotion sont en outre exposés au MuCEM en tant qu’objets de marge, représentatifs de la limite entre le dogme et la pratique. On a déjà évoqué le cas des Vierges d’accouchée. Le MuCEM compte également dans ses collections un sachet d’accouchée16, qui illustre cette même incertitude. Sur ce parchemin du milieu du XIVe siècle est écrite une vie de sainte Marguerite en français. L’objet était destiné à être porté par la future mère, au moment de la naissance, afin de la protéger, elle et son enfant. On voit ici comment une vie de saint peut-être utilisée à des fins prophylactiques, par le simple contact avec l’objet. Le décalage entre dogme et pratique est fondamental pour un musée qui place l’humain au cœur de ces préoccupations.

15Ces objets intéressent également le MuCEM parce qu’ils traduisent la faiblesse de la dichotomie entre sphère publique et sphère domestique. C’est le cas des bénitiers : les collections du MuCEM comptent de très nombreux bénitiers miniatures en verre, porcelaine ou métal, qui reproduisent les grands bénitiers d’églises et sont destinés à orner les intérieurs. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le MuCEM ne conserve à ce jour aucun bénitier d’église : c’est l’adaptation des pratiques communautaires à la piété domestique qui motive la formation de la collection de bénitiers. Les objets de dévotion intéressent donc un musée de civilisation en tant que témoins de frontières (entre privé et public, norme et pratique), mais surtout de passages entre ces frontières.

  • 17 Collection 2010.7.
  • 18 Girard 2012.

16Enfin, ces objets sont souvent des objets mobiles, transportables, voire nomades. C’est le cas d’une maquette remarquable de l’église du Saint-Sépulcre17, dont le parcours de vie est bien documenté. Ce type de modèles réduits, dont une trentaine est à ce jour répertoriée, était produit dans le cadre de couvents franciscains, par des artisans de Bethléem, Jérusalem et Ain Karim. Elles étaient destinées à de riches pèlerins ou aux voyageurs du Grand Tour comme souvenir de leur périple en Terre Sainte. Connue sous le nom de « Maquette Pearson » d'après le nom de l'un de ses propriétaires, la maquette acquise par le MuCEM a été introduite en Angleterre par l'entremise d'un marchand de biens turcs, M. Ashby, à la fin du XVIIe siècle, ou bien par William Frankland, un voyageur qui aurait rapporté la maquette d'un voyage à Jérusalem en 1763. Cette maquette est un exemple d’objet-nomade, souvenir et support de dévotion mémorielle18. Elle est aujourd’hui présentée comme l’un des objets phare de la section de la Galerie de la Méditerranée, dans la partie de l’exposition dédiée aux lieux saints, sur laquelle nous reviendrons.

  • 19 Rasse, 1999.
  • 20 Paine, 2013.

17Ce dernier exemple montre combien il convient de connaître l’histoire et les sens possibles des objets de dévotion pour pouvoir les faire parler dans une collection muséale, que ce soit en contexte d’exposition ou de manière isolée. C’est là que prend place l’important travail de documentation, au moment de leur entrée dans la collection ou dans la pratique quotidienne de recherche du professionnel de musée sur la collection existante. Au-delà des qualités plastiques des objets, on s’attache à reconstituer leur contexte historique et culturel, afin de pouvoir justifier de leur intérêt, de rendre légitime leur entrée dans la collection et de restituer cette complexité dans les expositions. Le MuCEM souscrit ainsi au programme scientifique du musée de civilisation, dont l’ambition est de donner une image de la société qui englobe les savoirs, les croyances, les arts, les lois, les coutumes et les habitudes des individus19. Les objets de dévotion sont des témoins de l’univers complexe au cœur duquel les individus évoluent20.

Le fait religieux dans l’exposition permanente du MuCEM

  • 21 Mauss 1923-1924.

18Les questions de religions et de croyances ne sont pas abordées au MuCEM sous l’angle du dogme et du concept intellectuel, mais comme « fait religieux total », pour paraphraser le concept de fait social total de Marcel Mauss21. De même que le don a des implications sur l’ensemble du fonctionnement de la société, de même le fait religieux est saisi dans la multiplicité de ces composantes, entre dogme et pratique. Il s’agit d’évoquer la multiplicité des possibles et des pratiques en matière de croyances, qu’elles soient fondées sur une religion « institutionnalisée » ou non. Le parti du MuCEM est de se concentrer sur la manière dont les croyants pratiquent et éprouvent leur foi, dans une perspective comparatiste et historique, à partir des objets qui témoignent des croyances et qui les soutiennent. Ces principes généraux ont présidé à l’installation de la seconde section de la Galerie de la Méditerranée, consacrée aux Monothéismes.

19Nés en Méditerranée, judaïsme, christianisme et islam partagent un socle commun mais divergent également sur un certain nombre de points. Au sein même de chacune de ces grandes religions, des courants différents coexistent. Comment aborder le monothéisme en exposition ? Comment matérialiser ce sujet éminemment sensible et complexe ? Une des approches possibles aurait pu être celle de l’histoire et du développement des monothéismes, avec ses heurts, ses périodes de tension, ses guerres, jusqu’à l’époque contemporaine. On aurait pu également évoquer le dogme et sa construction. Le choix du MuCEM est de mettre en exergue la manière dont les croyants pratiquent et éprouvent leur foi. Il ne s’agissait pas d’adopter une vision encyclopédique, désireuse de traiter de l’intégralité de la question, mais au contraire d’assumer un style « impressionniste », qui fournit des clés de lecture et fait apparaître les points de convergence et de divergence entre les trois religions dites du Livre. L’angle d’attaque, le terrain d’étude pour cette comparaison est Jérusalem. Ville où coexistent les trois religions monothéistes, elle permet d’aborder plusieurs thématiques fondamentales pour la compréhension des monothéismes. Elle constitue un témoin à la fois matériel et spirituel des points de rencontre et de séparation entre les croyances et les pratiques des communautés juives, chrétiennes et musulmanes. Construite autour des pratiques religieuses, la section de la Galerie de la Méditerranée est un manifeste de la manière d’aborder le fait religieux dans un musée de civilisation.

  • 22 Barnavi 2012. L’exposition a été présentée à Bruxelles en 2006 et au musée du Petit Palais en 2012.
  • 23 Paine 2013.
  • 24 Porter 2012.

20Ainsi, l’approche du MuCEM rejoint en partie celle développée par le Musée de l’Europe dans son exposition de préfiguration « Dieu(x), mode d’emploi »22 : il ne s’agissait pas d’une nouvelle exposition d’art religieux, mais d’une réflexion sur l’expérience religieuse, qui montre comment la foi est faite de compromis et d’arrangements, de questionnements et de réponses comparables ou divergentes selon les religions et les contextes historico-culturels. Les objets religieux ne sont plus exposés pour leurs seules qualités plastiques, mais en tant que supports matériels et expression d’une foi23. De récentes expositions consacrées au fait religieux adoptent ce même point de vue, par exemple l’exposition Hajj, journey to the heart of Islam présentée au British Museum en 2012 et récemment reprise à l’Institut du Monde Arabe24, qui explore tant l’histoire et l’obligation religieuse du pèlerinage à La Mecque que ses pratiques individuelles, d’hier à aujourd’hui, à travers des œuvres d’art, objets archéologiques, pièces contemporaines, objets d’une dévotion quotidienne et témoignages de cette piété.

  • 25 Girard 2014.
  • 26 Numéro d’inventaire 2005.70.12.
  • 27 Numéro d’inventaire 2011.2.3.

21L’exposition du MuCEM consacrée à Jérusalem s’inscrit dans cette veine et repose sur une sélection d’objets de dévotion. Construite sur 350m2 environ, l’exposition est organisée autour d’un thème des lieux saints présents sur le sol de Jérusalem. Un îlot sur lequel reposent quatre vitrines présente ainsi la maquette de l’église du Saint-Sépulcre déjà citée, un carreau de faïence arménien produit pour décorer le Saint-Sépulcre25, une peinture sous verre représentant la monture du Prophère, Buraq, devant la mosquée Al-Aqsa26 et une lampe de Hanoukah évoquant le Temple27. Un texte de section rappelle la coexistence des trois Religions du Livre à Jérusalem. Tous ces objets sont accompagnés d’un cartel qui, en cinq lignes, tente de donner les raisons principales du choix de ces objets et leur place au sein du parcours, en précisant que chaque objet illustre l’un des lieux saints présentés. Face aux objets, un film diffuse sur un très grand écran des vues actuelles de chacun des lieux saints.

Fig. 2 - Section de la Galerie de la Méditerranée consacrée à Jérusalem

Fig. 2 - Section de la Galerie de la Méditerranée consacrée à Jérusalem

22Le parcours est divisé en plusieurs sous-sections thématiques, chacune séparée, non par des cimaises, mais par un jeu de voiles translucides, selon le principe choisi pour la muséographie de la Galerie de la Méditerranée. Le visiteur est d’abord invité à traverser une partie dédiée aux grandes figures de prophètes ou de patriarches qui ont marqué de leur empreinte la ville de Jérusalem. Dans cette partie sont présentées des représentations de ces saints personnages (icônes, imagerie populaire, objets à décor figuré). Il pénètre ensuite dans une partie dédiée à la prière et au texte sacré, où sont abordées les manières de prier en lien avec la Ville sainte. Cette section a la particularité d’être mise en espace au sein d’une installation de l’artiste Michelangelo Pistoletto : dans un espace œcuménique, chaque religion dispose d’une alcôve, dans laquelle sont présentés, sous vitrine, des objets de la Torah, des Bibles et chapelets, un Coran et tablettes coraniques. Vient alors une section consacrée au pèlerinage à Jérusalem, où sont exposés des souvenirs de pèlerinage, puis un dernier espace dédié aux visions de Jérusalem dans la fin des temps. Le parcours se termine par un film d’animation spécialement réalisé pour le MuCEM, dans lequel un prêtre, un imam et un rabbin présentent leur vision du paradis. Chaque sous-section est introduite par un texte, donnant le contexte de compréhension de la section, les objets sont tous accompagnés d’un cartel, certains d’entre eux bénéficiant d’un cartel développé qui justifie le choix de l’objet. Les visiteurs ont également à leur disposition un audioguide donnant des éléments complémentaires sur chacun des objets présentés et sur le parcours général. Malgré ce souci de contextualisation, le musée ne peut apporter à lui seul toutes les clés de compréhension : il n’est pas une encyclopédie en trois dimensions. Il ne saurait restituer en une seule et même présentation la complexité des objets et de leurs sens. S’il parvient à faire apparaître des rapprochements et émerger des questionnements, le MuCEM aura déjà su atteindre un objectif important.

  • 28 Numéro d’inventaire 2002.4.124.

23Les objets de dévotion présentés ont donc été sélectionnés pour les sens dont ils sont porteurs, en lien avec la thématique qu’ils viennent matérialiser. Prenons l’exemple d’un petit reliquaire des lieux saints de Jérusalem, en bois d’olivier, à décor incrusté de nacre datant du XVIIe siècle28. Chaque case de ce petit coffret cloisonné à destination privée renferme un petit échantillon de pierre ou de terre en provenance de différents lieux saints, comme la Porte Dorée. Allusion immédiate au caractère unique de la ville, cet objet a été choisi pour évoquer la pluralité des lieux de pèlerinage chrétiens à Jérusalem, mais aussi pour illustrer l’usage d’objets-souvenirs, qui permettent au dévot de se remémorer les lieux saints visités et qui soutiennent sa prière.

  • 29 Muséologie 1989.
  • 30 Numéros d’inventaire 1987.9.2, 1983.55.189 et 2002.101.5

24Au-delà de leurs qualités individuelles, les objets de dévotion sont associés entre eux de manière à créer du sens. L’articulation des objets entre eux, comme on articulerait les mots d’une phrase, pour paraphraser Georges Henri Rivière29, est une ambition importante de l’exposition des objets religieux au MuCEM. On peut citer en exemple la composition de la petite vitrine consacrée à la figure d’Abraham. La vitrine réunit trois objets : un plat de Seder décoré de multiples scènes dont le sacrifice d’Isaac, une corne à boire gravée de la même scène et une peinture sous verre tunisienne figurant le sacrifice d’Ismaël30. En exposant côte à côte trois objets support de dévotion provenant de trois aires d’influence religieuse différente (juive, chrétienne et musulmane) mais représentant tous la même scène, on évoque l’idée d’un socle commun aux trois monothéismes, rendu manifeste par un épisode partagé de l’histoire sainte. Dans le récit que constitue un parcours d’exposition, chaque objet peut alors apparaître comme la séquence d’une narration : c’est par son voisinage avec d’autres objets, avec les textes d’exposition, les dispositifs multimédia éventuellement mis en œuvre, que sont révélés les sens multiples d’un objet de dévotion, souvent objet de peu, objet banal.

25L’exposition « Jérusalem, ville trois fois sainte » n’a pas l’ambition d’embrasser tout le sujet religieux : la programmation d’expositions temporaires consacrée à cette thématique est donc indispensable. Le processus est déjà amorcé avec deux expositions programmées, chacune ayant vocation à traiter d’un sujet circonscrit, l’une consacrée aux Lieux Saints partagés en Méditerranée (2015), l’autre aux images du divin dans les trois religions du Livre (fin 2016 - début 2017). Là encore, l’ambition du MuCEM est d’aborder de manière transversale et comparatiste la question de la croyance, en mettant en évidence les points de convergence. Les objets de dévotion, objets de marge, objets identitaires, objets nomades, sont un média de choix pour parvenir à cet objectif.

Conclusion

  • 31 Verdier 2001.

26Que dire finalement de la justesse de la dénomination d’ « objets de dévotion » pour un musée comme le MuCEM ? La catégorie figure dans le Thésaurus des objets mobiliers31, dans la partie dédiée aux « Objets religieux ». Les « objets du culte catholique » sont ainsi classés entre les « objets liés à l’autel », les « objets liés à l’eucharistie », les « objets liés à l’offrande, à la quête » ou les « objets de dévotion », entre autres. La catégorie semble dès lors résumer tout ce qui n’entre pas dans les autres domaines cités, tout ce qui n’est pas du domaine de l’institutionnel, du régulé par l’Église. De cet état de fait découle l’apposition fréquente à l’expression « objets de dévotion » du qualificatif de « populaires », en particulier au sein de l’ancien MnATP. Mais ces objets de dévotion sont-ils réductibles à ce domaine du « populaire » ? Comment d’ailleurs définir cette catégorie ? Où s’arrête le populaire et où commence le savant, l’officiel, le formel ? Le caractère polymorphe et souvent transfrontalier des objets cités en exemple ne permet pas d’être aussi tranché. Le MuCEM conduit actuellement un important travail de redéfinition de ces thésaurii, et à l’aune des orientations nouvelles du MuCEM et de son caractère de musée de civilisations, ouvert sur tous les domaines culturels, il ne semble plus pertinent d’avoir recours à cette catégorie d’« objets de dévotion populaire ». On s’orientera peut-être vers l’utilisation du terme générique d’« objets de dévotion » pour regrouper ces objets hétérogènes dans leurs fonctions, utilisés en dehors des cadres institutionnalisés ou des pratiques communautaires. Le fait que les collections historiques de l’établissement ne comptent que de très rares objets en lien avec les pratiques communautaires, comme le mobilier liturgique ou les vêtements d’officiants, montre d’ailleurs bien comment le musée des Arts et Traditions populaires s’était focalisé sur ces pratiques individuelles, dites alors « populaires ».

27La catégorie d’objets de dévotion demeure d’une grande importance dans l’optique d’un musée de civilisation, dans la mesure où ces objets sont les supports essentiels de l’évocation du fait religieux. Ils ont le point commun de traduire un rapport intime et individuel du fidèle à Dieu, dans sa pratique la plus quotidienne, au-delà des clivages et des catégorisations, dans une dynamique constante. En ce sens, ils pourraient être qualifiés d’objets « relationnels », parce qu’ils traduisent la relation de l’individu au divin, mais aussi parce qu’ils prennent sens les uns par rapport aux autres, à travers le discours de l’exposition, dans la perspective comparatiste propre au MuCEM. Là où le musée des Arts et Traditions collectait les objets de dévotion catholiques pour eux-mêmes, le MuCEM en propose une relecture comparée, en relation avec des objets témoins issus d’autres aires culturelles.

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Bibliographie

Barnavi 2012 = É. Barnavi (dir.), Dieu(x), mode d’emploi, Bruxelles, 2012.

Calafat - Girard 2013 = M. C. Calafat et É. Girard, L’ouverture à la Méditerranée et à l’Europe : retour sur dix années d’enrichissement des collections au MuCEM, dans La Revue des Musées de France. Revue du Louvre, 3, 2013, p. 72-77.

Girard 2008 = É. Girard, Les icônes du musée de l'Homme au musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, dans Patrimoines, 4, 2008, p. 72-77.

Girard 2012 = É. Girard, Acquisition par le MuCEM d’un ensemble de maquettes de lieux de pèlerinage de Terre Sainte, dans La revue des musées de France. Revue du Louvre, 1, 2012, p. 59-69.

Girard 2014 = É. Girard, Un carreau arménien figurant les trois saints hiérarques, dans La revue des Musées de France. Revue du Louvre, 3, 2014, p. 20-21.

Glück 1998 = D. Glück, Bilan de la campagne d’acquisition 1998, Objets de dévotion et souvenirs de pèlerinage : rapport inédit du Musée national des Arts et Traditions populaires.

Legner 1989 = A. Legner, Reliquien, Vererhung und Verklärung: und Katalog zur Ausstellung der Kölner Sammlung Louis Peters im Schnütgen-Museum, Cologne, 1989.

Mallé 2006 = M. P. Mallé (dir.), Faire la Crèche en Europe, Rêver Noël, Paris, 2006.

Mauss 1923-1924 = M. Mauss, Essai sur le don. Formes et raisons de l’échange dans les sociétés archaïques, dans L’Année sociologique, Paris, 1923-1924.

Muséologie 1989 = La Muséologie selon Georges Henri Rivière : cours de muséologie, textes et témoignages, Paris, 1989.

Paine 2013 = C. Paine, Religious objects in Museum. Private Lives and Public Duties, Londres, 2013.

Porter 2012 = V. Porter, Hajj, journey to the heart of Islam, British Museum, 2012.

Rasse 1999 = P. Rasse, Les musées à la lumière de l’espace public, Paris, 1999.

Suzzarelli 2013 = B. Suzzarelli (dir.), Projet scientifique et culturel du MuCEM, 2013 : disponible en ligne : www.mucem.org/sites/default/files/asset/document/psc_mucem_2013.pdf (consulté le 5 novembre 2014).

Verdier 2001 = H. Verdier (dir.), Thésaurus des objets mobiliers… publié par la Sous-direction des études, de la documentation et de l’inventaire, Direction de l’architecture et du patrimoine, Ministère de la culture et de la communication, Paris, 2001 [Documents & méthodes. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, 8].

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Notes

1 Suzzarelli 2013.

2 En 2000, Catherine Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication, annonce officiellement la création du MuCEM. Il faudra attendre 2005 pour que le décret n°2005-698 du 22 juin rende officielle l’appellation « Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée ». Voir www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006051910 (version en vigueur au 27 juin 2014).

3 Calafat et Girard 2013.

4 Numéro d’inventaire 1957.6.1.

5 Numéro d’inventaire 1884.1.82.

6 Numéro d’inventaire 1936.1795 et 1796.

7 Voir la collection 1974.60.

8 Numéro d’inventaire 1977.36.1.

9 Glück 1998. Ce document, inédit, est consultable au centre de conservation et de ressources du MuCEM.

10 Voir les collections 1998.14 (jeu de messe pour enfants), 20, 21, 43, 44 (statuaire), 47 (statuaire) 48, 56 (scapulaires), 57 (souvenirs de Lourdes).

11 Mallé 2006.

12 Collection 2002.4. Legner 1989.

13 Calafat et Girard 2013.

14 Selon les termes de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France.

15 Icônes de l’École de Jérusalem (inv.2007.50.1 et 2011.4.1), icônes coptes (inv. 2009.3.1-4).

16 Numéro d’inventaire 1977.2.1.1.

17 Collection 2010.7.

18 Girard 2012.

19 Rasse, 1999.

20 Paine, 2013.

21 Mauss 1923-1924.

22 Barnavi 2012. L’exposition a été présentée à Bruxelles en 2006 et au musée du Petit Palais en 2012.

23 Paine 2013.

24 Porter 2012.

25 Girard 2014.

26 Numéro d’inventaire 2005.70.12.

27 Numéro d’inventaire 2011.2.3.

28 Numéro d’inventaire 2002.4.124.

29 Muséologie 1989.

30 Numéros d’inventaire 1987.9.2, 1983.55.189 et 2002.101.5

31 Verdier 2001.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 - Collection de reliquaires Peters
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/mefrim/docannexe/image/1942/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 632k
Titre Fig. 2 - Section de la Galerie de la Méditerranée consacrée à Jérusalem
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/mefrim/docannexe/image/1942/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 213k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Émilie Girard, « Quelle place pour les objets de dévotion dans un musée de civilisation ? L’exemple du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) »Mélanges de l’École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et contemporaines [En ligne], 126-2 | 2014, mis en ligne le 17 novembre 2014, consulté le 15 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/mefrim/1942 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/mefrim.1942

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Auteur

Émilie Girard

Responsable du Département des collections et des ressources documentaires - Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée - emilie.girard@mucem.org

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

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