Affection terrible que les historiens ont coutume de placer parmi les grands fléaux de l’époque médiévale aux côtés de la peste, la rage n’a pourtant presque jamais dépassé la simple mention incidente dans les études sur la médecine médiévale, mal « diffus » et bien moins spectaculaire que la peste dans les sources. Elle cause aujourd’hui encore la mort de 50 000 individus par an dans le monde, sans que les sociétés occidentales ne s’en aperçoivent, ne gardant de la rage qu’un lointain souvenir que l’on retrouve principalement dans les expressions langagières. Pourtant, d’aussi loin que l’on puisse le savoir, et jusqu’à l’inoculation du virus par Louis Pasteur, il s’agissait d’un mal dont la gravité était largement prise en compte par l’ensemble de la société, du fait de la récurrence des morsures d’animaux enragés. Chacun connaissait le sort tragique qui attendait inévitablement la personne mordue si elle n’était pas traitée dans l’immédiat ; un répit d’une semaine à un an avant qu...
La rage dans l’Occident médiéval par les textes savants (xie-xve siècle)
Résumés
En raison d’une perception négative des méthodes médicales dans l’Occident médiéval, les historiens ne se sont que très peu penchés sur l’histoire de la rage dans cet ensemble géographique, sous prétexte que les médecins et les chirurgiens n’exerçaient alors que sur la base d’un savoir-faire issu des traités médicaux hérités de l’Antiquité, puis d’ouvrages en langues arabes à partir du xiie siècle. Si, en effet, les savants de cette région sont largement tributaires de ces traités au sujet du couple rage-hydrophobie, il n’en reste pas moins que ce mal était largement répandu et que malgré l’absence de traitement efficace, sa violence faisait l’objet d’une considération importante dans les traités médicaux et chirurgicaux. Cet article propose un premier portrait de la façon dont cette maladie était perçue, diagnostiquée, et enfin traitée. Il s’appuie en premier lieu sur des textes savants, et esquisse dans une seconde partie l’étude de certains de ses versants culturels, notamment des répercussions sur l’imaginaire autour des canidés.
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Théophile Duchêne, « La rage dans l’Occident médiéval par les textes savants (xie-xve siècle) », Médiévales, 86 | 2024, 169-190.
Référence électronique
Théophile Duchêne, « La rage dans l’Occident médiéval par les textes savants (xie-xve siècle) », Médiévales [En ligne], 86 | 2024, mis en ligne le 02 janvier 2026, consulté le 09 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/13680 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12uuc
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