La représentation très artificielle d’une Italie harmonieusement chrétienne du ive au xve siècle a déplacé une grande partie du débat sur la présence juive vers les questions – simplifiées à l’extrême – de tolérance ou d’intolérance religieuse, c’est-à-dire le « besoin » qu’avait la société chrétienne majoritaire d’une composante juive minoritaire.
Pour comprendre les modalités de négociation de la présence juive dans les pays chrétiens au cours des siècles, il faut – dans la mesure du possible – utiliser un large éventail de sources, ce qui permet d’analyser la question sous différents angles. En effet, quelle que soit l’époque, il ne faut pas oublier le décalage qui existait entre les hypothèses théoriques sous-jacentes à la présence juive et l’effectivité de celle-ci. Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier l’importance des textes normatifs : ils reflètent en effet, au moins partiellement, l’attitude de la majorité chrétienne à l’égard des juifs ; en revanche, d’autres sources (actes ...