Les historiens ont très souvent affirmé qu’en Italie, au Moyen Âge, spécialement dans l’Italie centro-septentrionale, soit dans l’Italie des villes-États ou des États régionaux, les juifs ont vécu un âge d’or. À cette époque, du moins jusqu’à la fin du xve siècle, en Italie, il n’y a pas eu d’accusations infamantes, de pogroms, de massacres ; au contraire, on trouve une certaine proximité des juifs avec les cours des princes et des papes et, surtout à partir de la fin du xiiie siècle, plusieurs villes du Centre et du Nord ont reconnu aux juifs des droits de citoyenneté plus ou moins complets et plus ou moins permanents. Ces formes d’acceptation des juifs par les gouvernements chrétiens des différents États composant l’Italie médiévale ont été plusieurs fois interprétées comme la preuve tout à fait évidente du fait que les juifs italiens vécurent à la fin du Moyen Âge et pendant la Renaissance dans un climat général d’intégration tranquille et de coexistence paisible.
L’inclusion ambiguë des juifs dans les villes italiennes du Moyen Âge
Résumés
Entre le xiie et le xve siècle, les juifs italiens ont été perçus différemment par les pouvoir italiens de l’Italie centro-septentrionale et par les pouvoirs des souverains gouvernant les royaumes de Naples et de Sicile. Dans le premier cas, les juifs ne sont pas reconnus comme formant des communautés juridiques : ils sont plutôt identifiés comme des sujets particuliers liés aux gouvernements locaux par des relations économiques multiples. Dans le second cas, au contraire, les chancelleries royales définissent les « juifs » comme des communautés liées au roi par des devoirs fiscaux. Cette situation complexe produit au nord et au centre de la péninsule une condition civique des juifs italiens marquée par l’incertitude de l’appartenance, donc par une citoyenneté précaire et toujours révocable, tandis que, dans le Midi, les juifs se trouvent dans une condition de dépendance directe du pouvoir du roi qui fait d’eux des sujets à la fois séparés et privilégiés. Dans les deux cas, l’inclusion des juifs dans le corps civique et politique est caractérisée par une ambiguïté qui aboutira, à la fin du xve siècle, à une définition du judaïsme comme « crime pourtant non punissable » et, au xvie siècle, à la ghettoïsation.
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Giacomo Todeschini, « L’inclusion ambiguë des juifs dans les villes italiennes du Moyen Âge », Médiévales, 86 | 2024, 111-124.
Référence électronique
Giacomo Todeschini, « L’inclusion ambiguë des juifs dans les villes italiennes du Moyen Âge », Médiévales [En ligne], 86 | 2024, mis en ligne le 02 janvier 2026, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/13640 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12uu8
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