Les corpus législatifs royaux ont longtemps été mobilisés par les études juives pour mettre en valeur l’importance et le poids des interdictions ordonnées contre les juifs et leur inexorable renforcement, notamment à compter des xiie-xiiie siècles : interdictions professionnelles, limitation de leur mobilité, accroissement de leur dépendance personnelle vis-à-vis de leurs seigneurs, port d’un insigne, tel est le cortège des restrictions généralement mises en avant. Dans le même temps et pour les spécialistes des monarchies occidentales, capétienne au premier chef, ces mêmes documents ont généralement été convoqués pour illustrer l’affermissement du pouvoir royal et la renaissance de son pouvoir législatif. L’ordonnance prise par Louis VII en 1144 contre les juifs relaps, parce qu’elle prescrit leur mise à mort « in toto regno nostro » – dans tout le royaume –, est ainsi rituellement désignée comme le premier texte à portée législative édicté par les Capétiens. Si toutefois l’on pren...
Des juifs attachés à la glèbe de leur seigneur ? Pour une relecture de la « législation » capétienne, 1223-1254
Résumés
Cet article propose une relecture des ordonnances prises par les rois de France contre les usuriers juifs au premier xiiie siècle, celles-ci ayant longtemps été appréhendées comme des législations visant à fixer un statut pérenne à l’ensemble des juifs du royaume, notamment à les attacher durablement, comme les serfs, à la glèbe de leur seigneur. En les réinsérant dans le contexte précis dans lequel elles ont été édictées, des captiones (c’est-à-dire des épisodes de capture des juifs contre rançon), et en repartant des originaux et de leur conservation, nous démontrons ici que ces « ordonnances » étaient moins normatives que prescriptives. Elles n’avaient vocation à contraindre la mobilité des juifs que temporairement, le temps que le roi et ses barons confisquent les créances des usuriers juifs.
Entrées d’index
Haut de pageExtrait du texte

Texte intégral disponible via abonnement/accès payant sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2026.
Consulter cet article
Plan
Aperçu du texte
Pour citer cet article
Référence papier
Marie Dejoux, « Des juifs attachés à la glèbe de leur seigneur ? Pour une relecture de la « législation » capétienne, 1223-1254 », Médiévales, 86 | 2024, 29-41.
Référence électronique
Marie Dejoux, « Des juifs attachés à la glèbe de leur seigneur ? Pour une relecture de la « législation » capétienne, 1223-1254 », Médiévales [En ligne], 86 | 2024, mis en ligne le 02 janvier 2026, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/13605 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12uu3
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page