Considérations sur la fortune des habitants de la cité de Massa Marittima (prov. Grosseto) à la fin du Moyen Âge
Résumés
Fondée sur une analyse fouillée d’une ample documentation – notamment l’étude d’un registre d’estimes de 1485 – l’article vise à distinguer la richesse et le rôle des habitants les plus aisés de Massa Marittima – une cité épiscopale du Sud du territoire siennois – dans la vie politique locale. Il montre combien ils ont contribué, dans un contexte social tendu, à définir la fortune des habitants, en tenant compte d’exigences politiques complexes.
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- 1 Parmi l’abondante bibliographie française, cf. A. Rigaudière éd., De l’estime au cadastre en Europ (...)
- 2 J.-L. Biget, J.-C. Hervé, Y. Thébert éd., Les Cadastres anciens des villes et leur traitement par (...)
- 3 L’approche italienne est plutôt concentrée sur la fiscalité : A. Grohmann, L’imposizione diretta n (...)
- 4 D. Herlihy, C. Klapish-Zuber, Les Toscans et Leurs Familles, une étude du catasto florentin de 142 (...)
1Les volumes d’estimes de cadastres demeurent l’une des sources documentaires privilégiées par les historiens pour apprécier la richesse des individus à la fin du Moyen Âge. Nombreux dans le Midi, et plus largement dans une partie du monde méditerranéen, ils fourmillent de renseignements sur l’étendue et les caractéristiques des patrimoines des habitants d’une ou plusieurs communautés – villageoise, urbaine – d’un État soumis à l’impôt1, proposant des données sérielles qui ont suscité des approches statistiques2. C’est particulièrement le cas pour la péninsule italienne – riche de multiples séries3 – pour laquelle l’étude magistrale de David Herlihy et Christiane Klapisch-Zuber sur le Catasto florentin de 1427 reste la référence indépassable4.
- 5 I ceti dirigenti dell’età comunale nei secoli xii e xiii, Pise, 1982 ; I ceti dirigenti nella Tosc (...)
- 6 D. Herlihy, « The Rulers of Florence, 1282-1530 », dans A. Molho, K. Raaflaub, J. Emlen éd., City (...)
2Ces enquêtes distinguent les plus aisés, qui sont souvent amenés à prendre une part active dans la vie des communautés et à assurer une forme de leadership dans l’administration de la chose publique. La présence des plus riches à la tête des communes et des cités-États a été souvent rappelée dans les vastes enquêtes dédiées, en Italie, aux ceti dirigenti (classe/groupe dirigeant5). Cela a été surtout bien mis en lumière pour certains États de matrice communale, comme Florence, avec l’apparition de « gouvernements oligarchiques6 ».
- 7 Pour une approche de la réalité sociale et politique de ce type d’agglomération en Italie, cf. M. (...)
- 8 Notamment dans S. Carocci, I. Lazzarini éd., Social Mobility in Medieval Italy, 1100-1500, Rome, 2 (...)
3Qu’en est-il pour les habitants des petites villes ou des bourgs qui, à la toute fin du Moyen Âge, avaient perdu leur indépendance et étaient intégrés à des États territoriaux7 ? La question a été rapidement abordée dans les enquêtes récentes sur la mobilité sociale8. Nous voudrions à notre tour l’examiner en nous attardant sur le cas de Massa Marittima, une ville au sud du territoire siennois. Sous l’œil vigilant de la cité dominante, la vie politique y paraissait intense et animée, dominée par les plus riches.
- 9 Conservé principalement aux archives municipales de Massa Marittima (Archivio Storico Comunale, dé (...)
- 10 Selon un rythme d’une quinzaine d’années. Sont conservés ceux de septembre 1467 (Archivio di Stato (...)
- 11 Conservée aux archives d’État de Sienne.
- 12 Conservé aux archives d’État de Grosseto (ASG). Estimo 285, f. 287-445.
- 13 G. Chironi, « La signoria breve di Pandolfo Petrucci », dans R. Barzanti, G. Catoni, M. De Gregori (...)
4Massa est née comme une cité minière au tournant du xiie siècle et a connu, tout au long du xiiie siècle, une intense activité extractive (liée à la production d’argent et de cuivre). Au début du xive siècle, l’exploitation déclina et la ville perdit son indépendance : elle intégra le territoire siennois en 1335. Toutefois, elle conservait encore, à la fin du xve siècle, une forme d’autonomie politico-administrative et de larges attributions publiques, comme l’atteste une abondante documentation communale (registres de délibérations des conseils urbains, cahiers de gestion des officiers, estimes, correspondances9…) ; elle entretenait avec la cité-dominante (Sienne) des relations – codifiées par des traités régulièrement renouvelés, les capitoli10 – complexes et suivies dont fait état une correspondance fournie11. C’est en s’appuyant sur cette ample documentation – notamment un registre d’estimes de 148512 – que nous voudrions étudier la fortune des Massétans et, surtout, réfléchir au sens qu’il convient de donner, dans un contexte social local complexe, marqué par des clivages, à l’établissement de la valeur du patrimoine des contribuables. Il s’agit de considérer une période étendue, 1470-1500, qui correspond à une phase de reprise de l’activité industrielle au sein de la commune (avec une production d’alun, de fer, et peut-être de cuivre et d’argent), alors que Sienne connaît des évolutions politiques majeures. En effet, durant les trente dernières années du xve siècle, se succèdent plusieurs régimes, et surtout, à partir de 1487, s’affirme l’emprise d’un groupe dirigeant restreint, réuni autour de Pandolfo Petrucci13.
La richesse des Massétans à travers l’Estimo de 1485
- 14 M. Pellegrini, « Prima nota sul frammento d’un catasto di Massa Marittima del primo Trecento », da (...)
- 15 En effet, la République de Sienne entreprit entre 1318-1320 une vaste entreprise d’estimation des (...)
- 16 ASG, Estimo 285, f. 1-285.
- 17 M. Paperini, « Per una ‘nuova’ storia di Massa di Maremma e del suo contado nel Medioevo », dans G (...)
- 18 O. Ermanno, « Gli estimi nel xv secolo. Fiscalità e dialettica politica fra centro e periferia », (...)
- 19 Cf. supra n. 11. Traité du 23 septembre 1467, ASS, Concistoro 606, f. 15v-16v. Confirmation le 27 (...)
5La réalisation d’un volume d’estimes en 1485 ne présentait rien d’original à Massa. Un fragment de registre du début du xive siècle – récemment découvert14 – montre que, dès cette époque, la cité avait adopté les usages siennois15. Plusieurs registres révèlent qu’elle faisait encore régulièrement appel à ce type d’enquête au Quattrocento (1418, 1437-144016). Ils ont fait l’objet d’une étude attentive pour mieux comprendre la structuration de l’espace urbain entre les deux principaux quartiers de la ville : Città Vecchia et Città Nuova17. Le registre de 1485 est le plus tardif et le plus complet. Il a été composé très vraisemblablement – même si rien ne l’atteste explicitement – pour permettre aux Massétans de s’acquitter de leurs obligations financières envers la cité dominante – comme c’est le cas dans d’autres États territoriaux, comme Trévise soumise à Venise, ou Volterra à Florence18. Le traité de 1467, qui précise les obligations financières de Massa Maritima, prévoyait en effet le versement d’un tribut de 650 florins par an à Sienne19.
Le volume d’estimes
- 20 On a conservé en effet des déclarations personnelles pour les années 1416-1423, mêlées à des décla (...)
- 21 ASG, Estimo di Massa Marittima 285, f. 363r.
- 22 M. Gravela, « Contare nel catasto. Valore delle cose e valore delle persone negli estimi delle cit (...)
6L’inventaire des biens imposables était fondé sur la déclaration des contribuables eux-mêmes, comme ce fut le cas au début du xve siècle20. L’enregistrement et l’évaluation définitive des biens déclarés en 1485 furent confiés à une commission d’une quinzaine de Massétans21 – sur lesquels nous reviendrons plus longuement –, sans qu’il soit possible de saisir, comme souvent, les critères sur lesquels les commissaires se fondaient pour établir la valeur des biens inventoriés22.
- 23 Dans quelques cas, la déclaration correspond à une indivision, notamment entre frères. Ainsi « Gio (...)
- 24 Le montant de cette capitation est fixe et égal à 100 livres pour chacun. Mais les femmes – essent (...)
- 25 Ce type d’organisation a été repéré ailleurs, cf. par ex. : G. Larguier, « Du compoix/estimes au c (...)
- 26 On observe que les héritiers désignés comme tels sont systématiquement classés à la lettre « L » ( (...)
7Le document exploité est un registre de près de 250 feuillets. L’enregistrement comporte, dans un ordre relativement immuable, le nom du contribuable (chef de feu23), puis la capitation24, les biens fonciers – outre les maisons, les terrains agricoles et boisés au sein du finage –, le cheptel et le mobilier. Sauf exception, chaque bien fait l’objet d’une évaluation propre (Figure 125). Les contribuables sont classés, au sein de chacun des deux quartiers de la ville (Città Vecchia et Città Nuova), dans un ordre alphabétique établi sur le premier élément de la désignation, qui correspond le plus souvent au (pré)nom26.
Figure 1. Déclaration de « Pellegrino di Cecho al[ias] el pelle di quello di Pistoia »
(ASG, Estimo di Massa Marittima 285, f. 430v)
![Figure 1. Déclaration de « Pellegrino di Cecho al[ias] el pelle di quello di Pistoia »(ASG, Estimo di Massa Marittima 285, f. 430v)](docannexe/image/12618/img-1-small480.jpg)
8Outre sa capitation, sa maison, un jardin, une vigne et un champ, ainsi qu’un âne, Pellegrino di Cecho possède en indivision quelque 300 bestie pecorine e caprine (« dice a in soccio da ser Tosino di ser Lonardo e da Pauolo di Pellegrino ») et 2 bestie cavalline. La somme (590 livres) des neuf items – sa fortune personnelle au regard des estimes – est ici indiquée.
- 27 Pour Città Vecchia, nous n’avons aucun chef de feu correspondant aux lettres « Q » et suivantes ; (...)
9Quoique volumineux, l’Estimo présente des lacunes, notamment dans la recension des habitants du quartier de Città Vecchia27. L’étude codicologique montre quelques incohérences dans l’agencement des feuillets (reliés à une date indéterminée), et des anomalies dans le foliotage (possiblement plus tardif). Elle montre également la présence de nombreuses mains. Quelques déclarations ont été intégrées (à une date postérieure à la rédaction originelle), d’autres ont été partiellement ou intégralement cancellées.
Les contribuables : citoyens et habitants
- 28 Sur les quelque 3 700 entrées, près de 250 correspondent à des informations inexploitables (nature (...)
- 29 Ont ici été exclus de ce dénombrement la dizaine de déclarants correspondant à des ajouts postérie (...)
10Le dépouillement systématique du registre nous a permis de constituer une base de données de plus de 3 700 entrées (une entrée par « bien » recensé28) correspondant à quelque 420 déclarants identifiés29. Si l’on exclut la dizaine de déclarants correspondant à des ajouts postérieurs à la période considérée, la répartition par quartier fait état d’une légère dissymétrie (Tableau 1).
Tableau 1. Nombre de déclarants selon leur catégorie (par quartier)

* dont religieux, institutions, etc.
- 30 Dans le quartier de Città Nuova, les individus classés alphabétiquement entre A et O représentent (...)
- 31 On a ici pris appui sur l’enquête du « Catasto » de 1427 pour estimer la taille moyenne des feux ( (...)
- 32 M. Ginatempo, « La popolazione dei centri minori dell’Italia centro-settentrionale nei secoli xiii (...)
11La supériorité démographique de Città Vecchia doit être majorée, car la partie du registre consacrée à ce quartier est incomplète (cf. supra note 27). Après correction, il est possible de réévaluer à environ 255 le nombre des déclarants (chefs de feu) de cette partie de la ville30, qui est donc sensiblement plus peuplée que Città Nuova. Sur la base des coefficients classiquement utilisés pour cette période pour l’évaluation de la dimension des familles31, la population de Massa peut être estimée à environ 2 000 habitants32. Si la proportion d’héritiers (rede) est un peu plus forte à Città Vecchia, la typologie des déclarants est très voisine dans les deux quartiers de la ville.
- 33 C’est par exemple le cas d’Andrea di Allessandro qui est cité comme confront d’une « casa de Iacom (...)
- 34 B. Cillerai, R. Gambazza, M. Sozzi éd., Statuta Comunis et Populi Civitatis Masse A.D. 119. Il com (...)
12Ces déclarants – considérés comme habitants et citoyens – ne sont cependant pas les seuls à résider dans la ville. Parmi les détenteurs de biens qui voisinent les propriétés bâties des Massétans enregistrés dans l’Estimo, figurent en effet des individus qui ne sont pas, sans doute, considérés comme des habitants et citoyens (sinon, ils auraient été inscrits dans les volumes). Ainsi, sur les quelque 580 anthroponymes identifiés comme confronts, un peu moins de la moitié semblent ne pas correspondre à des déclarants recensés33. Ce nombre intègre presque sûrement des déclarants manquants de Città Vecchia (qui sont près de 40 selon nos estimations) et sans doute également quelques noms qu’il a été difficile d’attribuer à des Massétans pourtant enregistrés (principalement parce que la désignation de ces confronts est moins précise que celle des déclarants). Néanmoins, cela signifie qu’une part non négligeable – presque la moitié – de ceux qui vivaient à Massa Marittima et y possédaient/détenaient des biens en 1485 n’étaient pas enregistrés, vraisemblablement parce qu’ils ne remplissaient pas toutes les conditions pour être considérés comme des citoyens de plein droit, notamment parce qu’ils ne résidaient pas dans la cité depuis suffisamment longtemps. Les statuts imposaient en effet pour les migrants une installation de plus de dix ans34. Or, nombre de Massétans enregistrés dans l’Estimo étaient, à l’origine, étrangers à la cité.
13Sur les 413 chefs de feu identifiés, près d’une centaine (24 %) portent un anthroponyme faisant mention d’une origine géographique « extérieure » (22 sont qualifiés de Chorso, quatre sont dits da Montieri, trois da Pistoia, deux da Siena, etc.). La proportion de ces possibles « extérieurs » est un peu plus forte à Città Nuova (26 %) qu’à Città Vecchia (22 %). Il est donc probable qu’une part importante de la population de la ville était récente et qu’elle était exclue des charges publiques, des responsabilités administratives et politiques comme du paiement de l’impôt. Il est impossible de savoir – faute d’une documentation adaptée complémentaire (registres notariés, rôles fiscaux annexes…) – si cette population était riche ou pauvre, et il nous faut donc nous contenter de raisonner sur les seules données disponibles pour le groupe des citoyens et habitants.
La répartition de la fortune
14L’évaluation des fortunes déclarées et l’analyse de leur composition montrent, à l’échelle des deux quartiers de la ville, une très grande proximité (Tableau 2).
- 35 Seules ont été retenues pour cette analyse des fortunes les 393 déclarations (sur 420) que l’on pe (...)
Tableau 2. Nombre de déclarants avec une déclaration supposée complète35, nombre cumulé de biens déclarés et valeurs des déclarations complètes (par quartier)

- 36 863,9/815,2 = 1,06.
- 37 L’estimation est ici faite sur la base d’un florin correspondant à 4 livres (ASS, Concistoro 592, (...)
15Certes, les habitants de Città Nuova sont, sur la base des déclarations disponibles, un peu plus fortunés que ceux de Città Vecchia, mais le différentiel en leur faveur ne représente que 6 % de la valeur moyenne des déclarations dans le quartier ancien36. Et sur la base d’un tribut de 650 florins, une taxation à hauteur de 8 ‰ de ces « fortunes déclarées » suffisait pour que Massa Marittima puisse honorer ses obligations financières envers Sienne (Figure 2)37.
16Alors qu’à Città Nuova la moitié des déclarations font état d’une « fortune » de plus de 595 livres, cette valeur (médiane de la distribution) est, à Città Vecchia, de 540 livres. L’écart est là encore assez mince. Et il n’est pas plus fort en matière d’homogénéité des fortunes. Les coefficients de variation (rapport entre l’écart-type et la valeur moyenne) sont très proches : 0,98 pour Città Nuova et 1,03 pour Città Vecchia… Un peu plus fortuné pour Città Nuova et un peu plus homogène du point de vue économique, tel est le maigre bilan qu’il est possible de dresser de la comparaison des deux quartiers.
17Pour ce qui concerne la composition des fortunes, si l’on exclut la capitation – dont le montant est fixe pour tous les contribuables (100 livres) et absente pour les héritiers (rede…) et les veuves (Donna fu…) –, la proximité entre les deux quartiers frappe, là encore (Tableau 3).
Tableau 3. Nombre et valeur cumulée des différents types de biens dans les déclarations (hors capitation)

* Cette catégorie correspond à des biens dont la nature précise n’a pas pu être déterminée ou à des évaluations composites (correspondant à plusieurs des autres types).
- 38 Cf.infra p. 136.
18Aucune différence statistiquement significative et a fortiori signifiante n’est perceptible entre les deux quartiers. Le poids des biens meubles est certes un peu plus fort pour les habitants de Città Vecchia, celui des terres un peu plus fort pour ceux de Città Nuova, mais on n’observe pas une spécialisation des fortunes différenciée selon le quartier. C’est un résultat en soi. Par ailleurs, la valeur des équipements artisanaux ou industriels (moulins, cuves pour le tannage des peaux…) qui sont mentionnés est globalement dérisoire (moins de 1 % de la fortune déclarée cumulée). L’Estimo, à l’évidence, n’avait pas pour objet d’éclairer cet aspect de la réalité économique38.
19Si l’on examine cette structuration en subdivisant la population de Massa Marittima en quintiles (le premier d’entre eux, Q1, correspond aux 20 % de la population dont la fortune déclarée dans l’Estimo est la plus faible et le dernier, Q5, aux 20 % dont la fortune déclarée est la plus grande), on constate là encore une étonnante stabilité (Tableau 4). Quel que soit le niveau déclaré de la fortune – le résultat est le même si on distingue les deux quartiers –, la structuration est très semblable. La part que représentent dans les fortunes individuelles les biens meubles (mobili di casa), les animaux, les terres avec bâtis (ou des exploitations agricoles), les biens évalués mais dont la nature est indéterminée, ou encore les équipements artisanaux ou industriels, est la même, ou presque, quel que soit le quintile. Tout au plus constate-t-on que, pour les plus nantis (Q5), les terres représentent près de 47 % de la fortune contre 30 % seulement pour les plus modestes (Q1), alors que pour les autres quintiles le poids des terres est très voisin de ce qu’il est pour Q5. Et pour les habitats (maisons et éventuellement exploitations agricoles attenantes), leur poids est au contraire plus important pour les moins nantis (52 % de la fortune) que pour les plus aisés (29 %).
20Il faut donc changer de focale et examiner les situations individuelles en détail pour repérer quelques différences significatives dans la composition de ces fortunes et identifier des profils particuliers (Tableau 5).
Tableau 5. Déclarants dont la composition de la fortune est significativement différente de celle observée pour le profil marginal*

* Les cellules du tableau qui correspondent à des valeurs significativement supérieures (resp. inférieures) à celles du profil marginal – celui de la ligne « total général » – sont surlignées en gris foncé (resp. en gris clair). Ainsi, 98 % de la fortune déclarée de Benedetto di Domenico di Salvolino est constituée par ses terres (alors que ces dernières représentent en moyenne 47 % seulement de la fortune des Massétans). Pour Baldo di Lanciotto delle Montagne di Pistoia, les terres ne représentent que 11 % de sa fortune quand le poids du bétail est de 54 %.
- 39 C’est le cas par exemple de Baldaccio d’Antonio, habitant de Città Vecchia, qui compte parmi les M (...)
21Parmi les individus qui sont principalement riches de leurs terres figure le comte Achile d’Elci, descendant d’une des plus illustres familles seigneuriales de la Maremme, les Pannocchieschi, disposant encore de pouvoirs seigneuriaux dans les monts Métallifères. Quant aux contribuables qui possèdent d’importants troupeaux39, ils nous rappellent que le territoire de Massa était en partie dédié à l’élevage et à la transhumance.
- 40 ASG, Estimo 285, f. 410v-411r.
- 41 Ibid., f. 336v-337r.
- 42 Sur les 360 déclarants mentionnant au moins une maison, 168 habitent à Città Nuova et 192 à Città (...)
22Certains Massétans sont propriétaires d’un grand nombre de bâtiments. C’est le cas par exemple de Lodovico di Regolo, dont la composition de la fortune n’est pas atypique – il n’est pas recensé dans le tableau 5 – mais qui déclare au total douze biens bâtis40 ; ou encore des héritiers de Bandino di maestro Bartolo [di Tura Bandini] qui possèdent « 5 case, 2 palazzi, 2 casalino et 2 case da fieno41 ». Sur les 393 Massétans pour lesquels nous disposons d’une déclaration complète, 360 mentionnent au moins une « maison » (casa, casetta, casalina, palazzo, butiga, chiostro, etc.)42. Ce sont au total quelque 646 biens bâtis qui sont recensés, faisant l’objet d’une estimation spécifique ou d’une estimation dans le cadre d’une déclaration qui associe le bien bâti avec d’autres biens fonciers (bottiga, orto, terra quelle qu’en soit la nature, etc.).
23Les valeurs de ces habitations sont variables. Si l’on exclut les granges, étables et autres bâtiments assurément non habitables, il reste plus de 500 habitations distribuées sur l’ensemble du territoire massétan. Cent quatre-vingt-deux d’entre elles sont signalées comme étant des « casa dove abita » (cf. Tableau 6). Puisque les déclarants sont au nombre de 393, il faut en conclure que tous les Massétans ne sont pas propriétaires de la maison qu’ils occupent ; ou que la mention dove abita n’a pas un caractère suffisamment systématique pour qu’on puisse en tirer tout le profit souhaitable…
- 43 En effet, parmi les individus mentionnés comme confronts dans l’Estimo sans être déclarants – il s (...)
24La valeur moyenne des maisons dove abita, localisées dans Città Vecchia, est significativement supérieure à celle des maisons habitées par leur propriétaire à Città Nuova, et ce alors que le nombre de « propriétaires-occupants » est plus élevé à Città Nuova, quartier pourtant moins peuplé que celui de Città Vecchia (et pour lequel nous disposons d’un nombre moins grand de déclarations). Et la valeur des maisons occupées par des propriétaires-habitants semble supérieure à celle des autres maisons (sans doute louées). Ces résidents, qu’ils soient propriétaires ou non, furent les principaux acteurs de la vie publique de la cité43.
L’administration de la cité
- 44 Comme il apparaît dans le statut établi en 1419-1420, cf. B. Cillerai, R. Gambazza, M. Sozzi éd, S (...)
- 45 Les dispositions sont consignées comme ajouts dans le volume des statuts de Massa Marittima, conse (...)
25Sous le contrôle de Sienne qui désignait, tous les ans, un podestat et un capitaine, les Massétans administraient la Commune à l’aide de trois instances : un conseil général qui délibérait sur toutes les affaires intéressant la communauté, des prieurs qui assuraient l’exécution des décisions collectives, et des officiers qui géraient différents domaines (finances, productions agricoles, contrôles divers44…). Prieurs et officiers assistaient au conseil. Tous ces individus étaient élus pour des durées variables. Les modalités de recrutement avaient été établies par les normes statutaires au début du xve siècle ; elles furent révisées en 1466-146745. Les modifications nous offrent l’opportunité de mieux saisir les intentions des Massétans, à l’aube de notre période d’étude, et le rôle qu’entendaient jouer les Siennois. Sans entrer dans le détail des tractations, nous pouvons résumer les principales mesures.
- 46 ASS, Statuti dello Stato 64, f. 134v.
- 47 Ibid., f. 135r. L’usage de composer le conseil d’un homme par foyer était assez répandu dans le te (...)
26Afin de permettre aux hommes jugés les plus aptes – souvent exclus du conseil pour des raisons d’inimitié46 – de peser sur l’administration de la cité, il fut institué un « conseil perpétuel » de quarante membres – vingt de Città Vecchia ; vingt de Città Nuova – qui siégeait régulièrement sous la direction du podestat, en présence des prieurs et des officiers. S’y adjoignaient vingt conseillers ajoutés (agiunti) élus par le conseil, issus de façon égale des deux quartiers de la ville. Chaque maison (casa) ne pouvait avoir qu’un seul représentant dans l’assemblée, à moins que l’un soit conseiller et l’autre prieur ou officier. Si un jeune membre d’une maison était élu au conseil, alors ses aînés (père, frère, oncle) pouvaient réclamer, s’ils le souhaitaient, de siéger à sa place47.
- 48 « si dovesse fare el bossolo, o trenta mesi o più o meno come parà al consiglio », ASS, Statuti de (...)
- 49 D’après les statuts, pour être citoyen, ils devaient avoir payé leurs impôts et résider à Massa de (...)
- 50 « Dando prima al collegio di Signori priori e a tucti il consiglio sagramento in sul messale e di (...)
- 51 T. Ilaria, « Le système politique florentin au xve siècle », dans J. Boutier, S. Landi, O. Rouchon(...)
- 52 ASS, Concistoro 1691, f. 14.
- 53 Le 14 décembre 1473, « li quali debino intervenire con li Sei Massani da chiamarsi per voi ; li qu (...)
- 54 ASS, Concistoro 1691, f. 25-25v.
- 55 ASS, Statuti dello Stato 64, f. 145r.
- 56 Le 29 juin 1481, ASS, Statuti dello Stato 64, f. 149r-150.
27Quant aux prieurs, ils étaient tirés au sort. Leur nom, écrit sur une pièce de parchemin (pulizie), était enfermé dans une boule de cire (pallocta) qui était placée dans une urne (bossolo). On devait extraire du bossolo tous les six mois (en juin et décembre), six pallocte correspondant aux 12 prieurs du semestre à venir. Le contenu de l’urne devait être renouvelé tous les cinq semestres environ48. Les habitants de Massa avaient pensé établir eux-mêmes la liste des candidats en 1466, mais Sienne avait très vite rappelé qu’elle entendait jouer un rôle déterminant dans le choix des futurs prieurs49. Ainsi reconnaissait-elle que le conseil et les prieurs réunis, formant collège, pouvaient proposer les noms des citoyens ou habitants de genre masculin les plus capables50, mais elle affirmait qu’une commission réunissant au moins deux prieurs et des citoyens siennois expressément choisis pour cette tâche devait non seulement retenir les candidats jugés les plus opportuns, mais les associer en binôme (un pour chacun des deux quartiers) sur la pulizie et les glisser dans la pallocta. Cette fonction – essentielle – destinée à choisir et à accoupler (accopiare) les prieurs était éminemment politique, comme cela a été maintes fois rappelé pour Florence, car elle permettait, pour un régime, de retenir les citoyens les plus sûrs51. Sienne dut, à plusieurs reprises, réaffirmer cette prérogative. En 1473, afin de « pacificare et redurre decti Massetani in optima concordia52 », elle dépêchait à Massa Marittima trois citoyens pour accomplir ce travail53. En 1476, elle exhortait les Massétans à respecter leurs engagements54. Ces dispositions furent légèrement modifiées par la suite. En 1475, en raison de l’augmentation de la population de Massa Marittima, il fut décidé que les prieurs sortant de charge (residuti) feraient désormais partie du conseil général et que, par conséquent, le quorum serait porté à 50 conseillers (ordinaires et ajoutés), tout en respectant les normes antérieures55. Toutefois, en juin 1481, une délibération du conseil de Massa décidait d’abaisser le quorum à 35 conseillers en raison de la peste56.
- 57 L’identification précise de ces officiers n’est pas simple. Ces quelque 450 individus corresponden (...)
28Le dépouillement des registres de délibération conservés pour la période 1470-1500 – soit cinq registres de Riformagioni correspondant tout de même à quelque 1 800 feuillets – donne l’occasion de confronter norme et pratiques. Il est ainsi possible de vérifier si les règles édictées dans les statuts de la commune ont été respectées. Les informations tirées de cette riche documentation ont été consignées dans une base de données comptant plus de 5 500 entrées (une entrée par officier ou conseiller par semestre déclaré), couvrant une période de 61 semestres (1470-1 jusqu’à 1500-1 inclus) et concernant au total près de 450 individus distincts57. Malgré son volume conséquent, cette base de données demeure lacunaire et imparfaite : le dépouillement a été en partie sélectif. Considérer la totalité des officiers mentionnés dans les registres eût été plus chronophage encore : nous n’avons donc retenu que les charges principales (ou supposées telles) pour lesquelles les noms des titulaires étaient régulièrement consignés, de surcroît généralement sous la forme de listes, donc facilement et immédiatement repérables. Certains offices semblent ne pas avoir été systématiquement octroyés et le nom du ou des titulaires de la charge n’a pas toujours été consigné (alors que le registre ne permet pas de supposer que cette absence soit consécutive à une lacune documentaire) ; d’autres nous ont possiblement échappé (puisque nous avons opté pour une recension sélective). Aucun prieur en revanche ne manque à l’appel, ce qui nous permet de mettre la focale sur cette charge.
Les prieurs
29La liste des prieurs est donc en revanche clairement établie, deux fois pour chacun des semestres : d’abord à la fin du semestre qui précède leur entrée en charge (Figure 3), puis au début du semestre où ils sont en fonction. Si rien ne le laisse apparaître d’emblée, l’analyse montre que chaque paire était bien composée d’un habitant de Città Nuova et d’un habitant de Città Vecchia. Contrairement aux conseillers, nous connaissons l’intégralité des prieurs pour les 61 semestres considérés.
- 58 « Quello o quelli che nel detto consiglio obterranno per le più vociture, più lupini bianchi,a voc (...)
- 59 Sur l’ensemble de la période étudiée, la documentation exploitée ne fait néanmoins explicitement é (...)
- 60 BCMM, AS-PU, reg. 17, f. 193v.
- 61 Ces substitutions ne sont pas justifiées, à l’exception de celle de Michael Angelus Andree Pieri, (...)
- 62 Lettre du Concistoro de Sienne à ses représentants à Massa Marittima du 19 janvier 1476 : « Item p (...)
30L’écart entre la liste de la fin du semestre précédent et du semestre d’exercice tient au fait que, une fois leur nom tiré au sort, certains prieurs ne pouvaient pas siéger (parce qu’ils étaient morts ou parce qu’ils sortaient de charge) ; le conseil était alors amené à choisir et à élire leur remplaçant58. Quelques mortuus, defunctus, revocatus et autres situations particulières sont signalées59. C’est le cas par exemple de Bandinus Cerboni, désigné comme secundi pour le 1er semestre 1475, mort peu avant son entrée en charge puisque le registre indique à son propos, à la date du 13 décembre 1474, « mortus est » ; il est remplacé par Aloysius Job60. Les causes de ses substitutions ne sont pas toujours clairement indiquées et les simples mentions « X loco Y » ne sont pas rares. Le semestre 1476-1 est celui qui a fait l’objet du plus grand nombre de substitutions, sept au total61. Comme aucun de ceux qui (pour ce semestre) ont été désignés par le sort avant d’être remplacés n’est déclaré mort, il est probable que ces corrections soient liées à un choix politique de Sienne dont les représentants avaient pour mission de faire place à des citoyens exclus62. Quoi qu’il en soit, pour les quelque 61 semestres correspondant à la période étudiée, la documentation fait état, pour les prieurs, de 60 substitutions.
Les bossoli
31La continuité de la série et le relevé systématique des noms des prieurs, des mois et des semestres pendant lesquels ils ont été appelés pour exercer leur charge, permettent d’aller beaucoup plus loin dans cette confrontation entre norme et pratiques, ce que la documentation médiévale n’autorise que rarement. En considérant qu’un prieur ne peut pas exercer plus d’un mandat pendant toute la durée de la période concernée par un même bossolo, il est possible de déterminer les semestres correspondant à un renouvellement (presque certain) du contenu de l’urne et donc des pallocte qu’elle contenait (Tableau 7).
Tableau 7. Caractéristiques des différents bossoli

* La colonne D indique le nombre de Massétans qui ont été soit tirés au sort pour exercer la charge de prieur, soit appelés en remplacement d’un individu tiré au sort mais dans l’incapacité de siéger. ** La colonne E indique le nombre de substitutions (ou remplacements) dûment signalés (loco…) ou déduits par comparaison des deux états qui sont dressés l’un juste avant le début d’un nouveau semestre (en décembre et en juin), l’autre juste après (en janvier et en juillet). *** La colonne G indique le nombre de prieurs qui apparaissent deux fois sur la période de validité du « bossolo » (aucun n’apparaissant trois fois ou plus), qu’ils aient été tirés au sort ou appelés pour remplacer un prieur « défaillant ». **** Sur l’ensemble de la période, on dénombre 180 prieurs différents.
- 63 Le 29 juin 1481, ASS, Statuti dello Stato 64, f. 149r-150. En 1479, le médecin Antonio di Lodovico (...)
32Un premier constat s’impose : la durée de validité du bossolo (cinq semestres d’après les statuts de 1467) semble avoir fait l’objet d’un allongement à partir du second semestre de 1482, et ce après une période perturbée entre 1479 et 1482 pendant laquelle les deux bossoli correspondant ont très certainement été renouvelés après trois semestres seulement. Cette réduction de la durée du bossolo et son intense renouvellement sont très vraisemblablement liés à l’épidémie de peste qui frappe la ville en 1479, voire 148063. Quant aux « anomalies potentielles » – c’est-à-dire les prieurs qui pourraient avoir exercé deux mandats (au lieu d’un) sur la période de validité du bossolo –, elles sont peu nombreuses (27 au maximum). Mais l’étude fine de ces situations montre que la plupart d’entre elles ne correspondent pas à des anomalies réelles. C’est le cas d’Arduinus Luce Arduini, habitant de Città Vecchia et prieur en 1475-2 (loco ser Nicolai ser Francisci alors que ce dernier avait été désigné comme recteur de la Misericordia). Il est tiré au sort en 1476-1 (dans une pallocta avec Dinus Nieri), mais il doit être remplacé puisqu’il avait été appelé à la rescousse au semestre précédent. C’est Johannes Andree Gherardi (loco Arduini Luce) qui le remplace. Arduinus Luce Arduini apparaît donc dans la documentation deux fois dans la même « mandature » (durée de validité du bossolo), mais il n’a été tiré au sort qu’une seule fois, après avoir été appelé pour remplacer un prieur défaillant, et il ne lui est donc plus possible d’honorer le mandat que le sort lui a octroyé. En l’espèce, donc, il n’y a pas d’anomalie.
33Le « suivi longitudinal » de ces « carrières de prieur » permet de comprendre et de démêler plus de la moitié de ces anomalies apparentes. Une demi-douzaine seulement de cas restent sans explications probantes, ce qui fait très peu au regard du nombre de prieurs concernés par les 61 semestres de l’enquête. À l’évidence, pour les prieurs, la pratique correspond à la règle, à une variable d’ajustement près : celle de la durée de validité des bossoli qui a fluctué au cours du temps.
34Reste une question importante : qui sont les 42 prieurs qui ont été appelés à la rescousse pour remplacer un prieur qui n’était pas en mesure d’assumer la charge que le sort lui avait allouée ? Ont-ils des caractéristiques particulières ? Rien, du point de vue de leur fortune, ne permet de les distinguer des autres prieurs.
- 64 Sur les 61 semestres de l’enquête, ce sont au total 61×6 = 366 « couples » qui ont été désignés pa (...)
- 65 Cf. supra.
35Nous ignorons si le nombre de pallocte introduites dans le bossolo était identique à celui du nombre de couples de prieurs à désigner. Mais comme le nombre de semestres de validité d’un bossolo a fluctué (avec des réfections anticipées et d’autres retardées par rapport à la durée de cinq semestres, mentionnée dans les statuts de 1467), on peut supposer qu’il y avait davantage de pallocte que le strict nécessaire64. L’analyse des listes de prieurs permet de déterminer le nombre minimal de noms qui étaient dans chacun des bossoli identifiés (col. D), ainsi que le nombre de ces noms qui n’avaient pas été tirés au sort dans le bossolo précédent et qui sont donc possiblement nouveaux (col. F). Le rapport F/D donne une idée du renouvellement à chaque nouveau bossolo. Un deuxième constat s’impose alors : la variabilité de ce taux au cours de la période permet d’identifier trois phases. Jusqu’au bossolo b5 inclus, un tiers des prieurs sont nouveaux à chaque renouvellement. Le bossolo b6, constitué au premier semestre 1481, correspond à un renouvellement massif : 75 % des prieurs n’étaient pas dans le bossolo précédent, très certainement en raison de la peste. Entre les bossoli b5 (1479-2) et b6 (1481-1), le renouvellement avait déjà concerné plus d’un prieur sur deux. Les renouvellements suivants sont nettement moins importants (15 % environ pour chaque bossolo), témoignant d’une relative stabilité (concomitante avec l’allongement de la durée de validité des bossoli, qui passe à six semestres) après l’agitation de la phase précédente. Peut-être est-ce le signe d’une forme d’apaisement de la vie politique massétane – qui, rappelons-le, était considérée comme tumultueuse65 – ou de l’affirmation d’un groupe dominant qui assure la reconduction des mêmes prieurs et une moindre ouverture à la variation/rotation des charges ? Le renouvellement plus ou moins régulier des bossoli n’interdit pas, en effet, la présence durable de certains Massétans dans le collège des prieurs (Tableau 8).
Le gouvernement des plus riches
Tableau 8. Prieurs selon le nombre d’itérations de leur charge

* Sont ici recensés les individus qui ont été soit appelés par le sort (tirage d’une « pallocta » avec leur nom), soit appelés pour remplacer un individu tiré au sort mais dans l’incapacité de siéger (quelle qu’en soit la raison). De sorte que la somme 41×1+29×2+21×3+…+5×10+5×11 = 760 est supérieure au nombre réel de mandats de prieurs sur la période (61×2 = 732).
- 66 Sont concernés : Fatius Baldi Nicolai ; Iohannes Tomme Galli ; Michael Angelus Pieri Gerii ; Micha (...)
- 67 Si l’on considère que la période étudiée (30 ans) correspond à une grosse génération et que la pop (...)
36Sur les 180 Massétans qui ont été prieurs au moins une fois entre 1470 et 1500, cinq ont donc exercé cette charge à onze reprises66 (sur douze possibles) ; et près de cinquante l’ont fait au moins sept fois. Il n’est pas possible d’étendre l’enquête aux familles qui auraient monopolisé ces charges, car la mention de noms de famille (identifiables comme tels) est trop rare pour qu’il soit possible de raisonner à un autre niveau que celui des carrières individuelles. Toutefois, la présence régulière au sein du collège de quelques individus – même si le groupe des prieurs paraît relativement large67 – laisse entrevoir la présence d’une élite, sans qu’il soit possible de saisir, concrètement, comment elle est parvenue à se maintenir à la tête de la cité (ni quel rôle a joué Sienne dans son maintien). Ce qui est certain, c’est que ses membres comptent parmi les citoyens les plus riches de la communauté. Le croisement des données des registres de Riformagioni avec celles de l’Estimo de 1485 montre, en effet, que 78 prieurs – sur les 180 dénombrés – attestés, soit directement, soit via leur veuve (Donna fu…) ou leurs héritiers (rede di…) comptent parmi les Massétans les plus fortunés (Tableau 9) :
Tableau 9. Prieurs (dont le nom figure dans l’Estimode 1485) selon leur quintile de fortune déclarée

* Nicola di Marco di Luca est bien présent dans l’Estimo du quartier de Città Nuova, mais sa déclaration (ASG, Estimo 285, f. 423v) est incomplète. On dispose également d’une déclaration pour Benedetto di ser Antonio, quartier de Città Vecchia (ASG, Estimo 285, f. 343v), mais celle-ci est cancellée et n’a donc pas été prise en compte pour l’établissement des fortunes. Il est indiqué « posta a Antonio di messer Benedetto di ser Antonio e li fratelli » (ASG, Estimo 285, f. 290-4r) et la fortune déclarée des fils les rangent dans le groupe Q5.
- 68 C’est le cas par exemple de Paolus Pieri Antonii de Pansechis, prieur en 1485-1 pour Città Vecchia (...)
37Alors que le groupe Q5, qui correspond aux plus fortunés, ne représente par définition que 20 % des Massétans, son poids parmi les prieurs est de 60 %. Et plus de quatre prieurs sur cinq (parmi ceux dont la fortune déclarée est connue) appartiennent à l’un des deux groupes Q4 ou Q5. L’absence dans l’Estimo de certains prieurs qui sont en charge en 1485 pourrait interroger mais on sait que le registre est incomplet et la plupart des manques peuvent être expliqués68.
- 69 Cf. supra.
- 70 L. Tanzini, « Il fantasma della rappresentanza : sorteggio e rotazione delle cariche nelle città c (...)
38Toutes ces observations révèlent combien le gouvernement de Massa Marittima était en vérité une ploutocratie. Et même, si le priorat devait se renouveler, d’où l’ouverture plus ou moins prononcée des bossoli à de nouveaux acteurs, la part des plus riches et sans doute des plus âgés (considérés comme les plus sages) était prépondérante. Toutefois, il devait aussi refléter toutes les tendances de la communauté, comme le souhaitait Sienne en 147669, mais les clivages pouvaient être tempérés par le recours au tirage au sort, très ritualisé, comme ailleurs, à Florence notamment70.
Au cœur des clivages, la richesse ignorée ?
39Il est difficile de comprendre les raisons des clivages qui traversent la société massétane, mais il est probable qu’ils aient été suscités voire amplifiés par des conflits nés de l’intense activité artisanale et industrielle qui caractérisent les années 1470-1500.
Le conflit de l’alunière
- 71 Cf. supra.
40Ces activités paraissent peu à travers l’Estimo, puisque les Massétans ne sont pas (ou rarement) désignés par leurs métiers et que les infrastructures productrices sont ignorées des déclarations71. Il est vrai que les plus importantes (ferrières, alunières…) étaient directement contrôlées par la communauté qui accordait à ses concitoyens, ou à des acteurs étrangers, de larges concessions d’exploitation (incluant notamment l’usage de ressources forestières, hydriques…). La gestion de ces installations nécessitait la formation de véritables entreprises, susceptibles de générer des profits et devant verser des loyers à la cité ; leur contrôle suscitait parfois des rivalités au sein de la communauté, comme l’attestent les tensions autour de l’alunière de la cité en 1473. Le site avait été créé en 1470 et confié à une société comprenant une quinzaine de citoyens, mais, à la fin de l’année 1473, alors que les preneurs peinaient à s’acquitter de leurs engagements, une autre société, d’une demi-douzaine de membres, se proposait de reprendre la concession. Nous connaissons les noms des associés des deux groupes (Tableau 10a et b).
- 72 Il peut s’agir soit de Franciscus Ludovici Andree, prieur en 1491-2, 1496-2, et 1498-2, soit de Fr (...)
- 73 Iustus Michaelis est manquant dans l’Estimo de 1485 mais Michael Iusti Michaelis, habitant de Citt (...)
- 74 Il peut s’agir soit de Nerius Guardini Nierii, prieur en 1471-1, 1473-1, 1475-1, 1477-2, 1481-1 et (...)
- 75 Il peut s’agir soit de Franciscus Iacobi Iohannis, prieur en 1474-1 et 1477-1, soit de Franciscus (...)
- 76 Si Antonius Andree Pieri n’est pas dans l’Estimo, ses enfants (Bernardinus Andree Pieri, Giovanni (...)
Tableau 10a. Acteurs du conflit de l’alunière de Massa. Les preneurs initiaux7273747576

41Les preneurs initiaux sont majoritairement des habitants de Città Nuova. Ils ont tous été prieurs au moins une fois avant 1485. Ceux encore vivants en 1485, et pour lesquels on dispose d’une déclaration dans l’Estimo, sont recensés parmi les plus fortunés (quintile Q5).
- 77 Il peut s’agir soit de (Dominus) Nicolaus ser Antonii Pieri, prieur sans interruption sur l’ensemb (...)
Tableau 10b. Acteurs du conflit de l’alunière de Massa. Les concurrents77

42Les concurrents des preneurs initiaux sont majoritairement des habitants de Città Vecchia et, parmi eux, la famille des Tomme Galli est fortement représentée. À l’exception de Bartholomeus Iohannis Antonii, qui ne semble pas avoir été prieur au cours de la période étudiée mais qui a été conseiller, tous ont exercé cette charge au moins une fois avant 1485. Ceux pour lesquels nous disposons d’une déclaration dans l’Estimo de 1485 – et qui sont donc encore vivants à cette date – sont parmi les plus fortunés (quintile Q5).
- 78 Sans qu’il soit possible d’établir si cette fortune attestée en 1485 vient de l’activité industrie (...)
- 79 L’idée même de faction est suggérée par le fait que rares sont les délibérations du conseil qui so (...)
- 80 Cf. supra, p. 128.
- 81 En mars 1476, Sienne est même obligée de les menacer de trouver une issue : « habiamo deliberato c (...)
- 82 BCMM, AS-PU, 18, f. 263-264. Le 10 avril 1485.
43Semblent se dessiner ainsi, au sein de l’élite fortunée78, deux factions (qui s’appuient peut-être sur des logiques familiales ou des partenariats économiques, renforcées possiblement par des logiques de quartiers79). Leur opposition ne fut pas sans conséquence politique, puisque l’intervention siennoise de 147680 concernait principalement les acteurs des deux sociétés81. Certains qui avaient été tirés au sort furent écartés : Fatius Baldi (au profit de ser Lodovicus Nicolai Pansechi), Antonius Andree Pieri (remplacé par son frère Michael), Arduinus Luce Arduini (au profit de Johannes Andree Gerardi). À l’inverse furent intégrés : Alexander Thommasi (à la place de Nicolaus Bartolomei Nicole), dominus Nicolaus ser Antonii (à la place de Dominicus Salvoli) et Johannes Tomme Galli (à la place de Johannes Andree Gerardi qui avait été appelé au premier semestre pour se substituer à Arduinus Luce Arduini). On ignore le sens de cette manœuvre, mais il est possible qu’elle ait été destinée à rétablir une forme de concorde. Quoi qu’il en soit, l’activité de l’alunière semble avoir été interrompue peu après (apaisant peut-être le conflit). Le site fut de nouveau cédé, à des investisseurs siennois cette fois-ci, en 148582, au moment où fut entreprise la réalisation de l’Estimo.
Les commissaires de l’Estimo
- 83 Début avril 1485 : « Modo et forma […] eligendi civis ad faciendum novam libram fuerunt in dicto c (...)
44La composition de la commission destinée à procéder à l’enregistrement des estimations reflète bien la situation politique de la cité. Elle fut composée de douze citoyens dont la plupart étaient riches (Tableau 11), élus à plus des deux tiers des suffrages83, appartenant en partie à l’une des factions suggérées, l’autre manquant probablement parce que deux des trois descendants de Tomme Galli étaient morts à cette date : Antonius Thomme Galli (appelé comme prieur en 1485-1 mais remplacé car déclaré « mortuus ») et Petrus Paulus Tomme Galli, qui n’est pas déclarant dans le catasto de 1485, où ce sont les rede di Pietro Paolo di Tomme di Ghallo qui émargent.
- 84 Frère d’Arduino Luce Arduini.
- 85 Fils de Iusti Michael.
- 86 Possiblement frère de Nerius Guardini.
Tableau 11. Les citoyens élus pour l’élaboration de l’Estimo848586

- 87 On paraît loin des ambitions de Niccolò di Donato Barbadoro, qui assurait que l’entreprise cadastr (...)
45L’élaboration de l’Estimo était donc une affaire délicate, pilotée par une faction des habitants, ceux qui avaient survécu à la crise de la fin des années 1470. Elle était sans doute nécessaire pour pallier les effets de la peste, les conflits internes, peut-être suscités ou alimentés par les problèmes liés à l’accès aux ressources communales. Néanmoins, elle jette un éclairage probablement biaisé sur la fortune des Massétans, en n’intégrant que des éléments connus de tous qui manifestent une forme de richesse, mais pas nécessairement l’ampleur des revenus87. Surtout, elle redéfinit les contours du groupe d’individus admis à la citoyenneté, donc susceptibles de participer à la vie politique, et opère un subtil équilibre entre les deux parties de la ville dont la richesse déclarée est sensiblement égale.
Notes
1 Parmi l’abondante bibliographie française, cf. A. Rigaudière éd., De l’estime au cadastre en Europe. Le Moyen Âge, Paris, 2006 ; J.-L. Abbé éd, avec la collab. de F. Hautefeuille, B. Jaudon, J. Le Pottier, S. Olivier, Estimes, compoix et cadastres. Histoire d’un patrimoine commun de l’Europe méridionale, Toulouse, 2017.
2 J.-L. Biget, J.-C. Hervé, Y. Thébert éd., Les Cadastres anciens des villes et leur traitement par l’informatique, Rome, 1989.
3 L’approche italienne est plutôt concentrée sur la fiscalité : A. Grohmann, L’imposizione diretta nei comuni dell’Italia centrale nel xiii secolo. La libra di Perugia del 1285, Rome, 1985 ; P. Mainoni, « Finanza pubblica e fiscalità nell’Italia centro-settentrionale fra xiii e xv secolo », Studi Storici, 40/2 (1999), p. 449-470 ; G. Alfani, M. Barbot éd., Ricchezza, valore, proprietà in età preindustriale (1450-1800), Venise, 2009.
4 D. Herlihy, C. Klapish-Zuber, Les Toscans et Leurs Familles, une étude du catasto florentin de 1427, Paris, 1978.
5 I ceti dirigenti dell’età comunale nei secoli xii e xiii, Pise, 1982 ; I ceti dirigenti nella Toscana del Quattrocento, Florence, 1987.
6 D. Herlihy, « The Rulers of Florence, 1282-1530 », dans A. Molho, K. Raaflaub, J. Emlen éd., City States in Classical Antiquity and Medieval Italy, Ann Arbor, 1991, p. 197-221 ; C. Klapisch-Zuber, « Les acteurs politiques de la Florence communale (1350-1430) », dans J. Boutier, S Landi, O. Rouchon éd., Florence et la Toscane xive-xve siècles. Les dynamiques d’un État italien, Rennes, 2004, p. 217-240 ; J. F. Padgett, « Open Elite? Social Mobility, Marriage and Family in Florence 1282-1494 », Renaissance Quarterly, 63/2 (2010), p. 357-411. Pour Sienne, cf. G. Catoni, G. Piccinni, « Alliramento e ceto dirigente nella Siena del Quattrocento » dans I ceti dirigenti nella Toscana del Quattrocento…, p. 451-462.
7 Pour une approche de la réalité sociale et politique de ce type d’agglomération en Italie, cf. M. Ginatempo, « Vivere “a modo di città”. I centri minori italiani nel basso medioevo : autonomie, privilegio, fiscalità », dans Città e campagne del Basso medioevo. Studi sulla società italiana offerti dagli allievi a Giuliano Pinto, Florence, 2014, p. 1-30.
8 Notamment dans S. Carocci, I. Lazzarini éd., Social Mobility in Medieval Italy, 1100-1500, Rome, 2018.
9 Conservé principalement aux archives municipales de Massa Marittima (Archivio Storico Comunale, désormais ASCMM). Pour l’importance de la documentation souvent mal connue des centri minori, produite par des notaires, cf. A. Giorgi, S. Moscadelli, « Ut ipsa acta illesa serventur. Produzione documentaria e archivi di comunità nell’alta media Italia tra medievo ed età moderna », dans A. Bartoli Langeli, A. Giorgi, S. Moscadelli éd., Archivi e comunità tra Medioevo ed età moderna, Sienne, 2009, p. 1-110.
10 Selon un rythme d’une quinzaine d’années. Sont conservés ceux de septembre 1467 (Archivio di Stato di Siena, désormais ASS, Consiglio generale 232, f. 16r-v ; ASS, Concistoro 606, f. 15v-16v) et d’octobre 1482 (ASS, Caleffo 5, f. 327r-331v ; Concistoro 696, f.14-15v).
11 Conservée aux archives d’État de Sienne.
12 Conservé aux archives d’État de Grosseto (ASG). Estimo 285, f. 287-445.
13 G. Chironi, « La signoria breve di Pandolfo Petrucci », dans R. Barzanti, G. Catoni, M. De Gregorio éd., I. Dalle origini alla fine della Repubblica, Sienne, 1995, p. 395-406.
14 M. Pellegrini, « Prima nota sul frammento d’un catasto di Massa Marittima del primo Trecento », dans Honos alit artes. Studi per il settantesimo compleanno di Mario Ascheri. II. Gli universi particolari. Città e territori dal medioevo all’età moderna, Florence, 2014, p. 401-410.
15 En effet, la République de Sienne entreprit entre 1318-1320 une vaste entreprise d’estimation des biens fonciers de son territoire, connue sous le nom de tavola delle possessioni, cf. O. Redon, L’Espace d’une cité. Sienne et le pays siennois (xiiie-xive siècles), Rome, 1994, p. 44-46 ; R. Farinelli, A. Giorgi, « Sources archéologiques et sources documentaires. Bilan et perspectives pour une approche pluridisciplinaire d’un cadastre siennois du xive siècle », Médiévales, 81 (2021), p. 141-160.
16 ASG, Estimo 285, f. 1-285.
17 M. Paperini, « Per una ‘nuova’ storia di Massa di Maremma e del suo contado nel Medioevo », dans G. Galeotti, M. Paperini éd., Città e Territorio. Conoscenza, tutela e valorizzazione dei paesaggi culturali, Livourne, 2013, p. 40-49 ; et surtout G. Galeotti, « La città invisibile. Rilievo e fonti storiche per la conoscenza della forma urbis di Massa di Maremma », ibid., p. 35.
18 O. Ermanno, « Gli estimi nel xv secolo. Fiscalità e dialettica politica fra centro e periferia », dans F. Cavazzana Romanelli, E. Orlando éd., Gli estimi della podesteria di Treviso, Rome, 2006, p. 43-75.
19 Cf. supra n. 11. Traité du 23 septembre 1467, ASS, Concistoro 606, f. 15v-16v. Confirmation le 27 septembre 1482, ASS, Concistoro 696, f. 12v.
20 On a conservé en effet des déclarations personnelles pour les années 1416-1423, mêlées à des déclarations de 1569 : cf. ASG, Estimo di Massa Marittima 290, f. 110-565 ; Estimo di Massa Marittima 291.
21 ASG, Estimo di Massa Marittima 285, f. 363r.
22 M. Gravela, « Contare nel catasto. Valore delle cose e valore delle persone negli estimi delle città italiane (secoli xiv-xv) », dans M. Vallerani éd., Valore delle cose e valore delle persone dall’Antichità all’età moderna, Rome, 2018, p. 271-294.
23 Dans quelques cas, la déclaration correspond à une indivision, notamment entre frères. Ainsi « Giovanni Battista d’Andrea di Piero e suo fratello Iacopo Filippo » (ASG, Estimo 285, f. 391v) ou encore « Salvadore di Nero de Gerardo di Ricio e li fratelli » (ASG, Estimo 285, f. 440v).
24 Le montant de cette capitation est fixe et égal à 100 livres pour chacun. Mais les femmes – essentiellement des veuves –, ainsi que les héritiers déclarés comme tels semblent en être dispensés : aucune mention pour eux de cette capitation.
25 Ce type d’organisation a été repéré ailleurs, cf. par ex. : G. Larguier, « Du compoix/estimes au compoix/cadastre : l’exemple languedocien à la fin du Moyen Âge » dans A. Rigaudière éd., De l’estime au cadastre en Europe…, p. 221-244.
26 On observe que les héritiers désignés comme tels sont systématiquement classés à la lettre « L » (« Le rede… »), les notaires à la lettre « S » (« Ser… »), les femmes (responsables fiscales) presque toujours à la lettre « D » (« Donna… »), etc.
27 Pour Città Vecchia, nous n’avons aucun chef de feu correspondant aux lettres « Q » et suivantes ; et ceux dont la désignation commence par la lettre « P » sont peu nombreux. La partie du registre consacrée à ce quartier est donc assurément incomplète.
28 Sur les quelque 3 700 entrées, près de 250 correspondent à des informations inexploitables (nature ou estimation du bien non identifiée ou illisible, information cancellée, ajout postérieur, etc.).
29 Ont ici été exclus de ce dénombrement la dizaine de déclarants correspondant à des ajouts postérieurs à la période considérée.
30 Dans le quartier de Città Nuova, les individus classés alphabétiquement entre A et O représentent 74,4 % des déclarants. En appliquant cette même proportion au quartier Città Vecchia – il est en effet fort peu probable que la distribution des déclarants par lettre de l’alphabet diffère significativement d’un quartier à l’autre – on peut estimer le nombre de déclarants potentiels à 255.
31 On a ici pris appui sur l’enquête du « Catasto » de 1427 pour estimer la taille moyenne des feux (données brutes mises à disposition via L’Atelier du Centre de Recherche Historique, revue électronique du CRH, 2016 [https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/acrh/4971] consulté le 12 janvier 2023). Elle a l’avantage de ne pas limiter la recension aux seuls chefs de feu puisque toutes les « bocche » et les « teste » sont dénombrées. On a retenu le coefficient 4,5 (nombre moyen de personnes par feu) qui correspond peu ou prou à la situation pour les feux ruraux d’Arezzo ou de Pistoia : cf. C. Klapisch, « Fiscalité et démographie en Toscane (1427-1430) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 24/6 (1969), p. 1313-1337 (p. 1331). Pour les feux citadins de Pise ou Volterra en 1429, les coefficients proposés par B. Casini et E. Fiumi sont assez semblables : E. Fiumi, « Il computo della popolazione di Volterra nel Medio Evo secondo il “sal delle bocche », Archivio Storico Italiano, 107 (1949), p. 3-16 ; B. Casini, Aspetti della vita economica e sociale di Pisa dal catasto del 1428-1429, Pise, 1965, p. 9.
32 M. Ginatempo, « La popolazione dei centri minori dell’Italia centro-settentrionale nei secoli xiii-xv. Uno sguardo d’insieme » dans F. Lattanzio, G.-M. Varanini éd., I centri minori italiani nel tardo medioevo. Cambiamento sociale, crescita economica, processi di ristrutturazione (secoli xiii-xvi), Florence, 2018, p. 31-80.
33 C’est par exemple le cas d’Andrea di Allessandro qui est cité comme confront d’une « casa de Iacomo di Lorenzo alias Comuccio », habitant de Città Nuova (ASG, Estimo 285, f. 404v) ; ou de Domenicho di Michele di Lorenzo, confront d’une maison déclarée par « Giuliano di Bernadino di Giuliano », de Città Vecchia (ASG, Estimo 285, f. 324r). Ni l’un ni l’autre ne sont parmi les déclarants ; le premier aurait dû être classé à la lettre « A » et le second à la lettre « D », lettres pour lesquelles les déclarations sont a priori complètes pour les deux quartiers. Il est fort peu probable qu’ils soient considérés comme résidant en dehors de l’enceinte, car les habitats ruraux sont inexistants.
34 B. Cillerai, R. Gambazza, M. Sozzi éd., Statuta Comunis et Populi Civitatis Masse A.D. 119. Il comune e la città di Massa Marittima all’inizio del Quattocento, Pitigliano, 2007, p. 54.
35 Seules ont été retenues pour cette analyse des fortunes les 393 déclarations (sur 420) que l’on peut supposer complètes et pour lesquelles on disposait de tous les éléments utiles.
36 863,9/815,2 = 1,06.
37 L’estimation est ici faite sur la base d’un florin correspondant à 4 livres (ASS, Concistoro 592, f. 22v) : 4×650 = 2600 et 2 600/330 000 = 8 ‰.
38 Cf.infra p. 136.
39 C’est le cas par exemple de Baldaccio d’Antonio, habitant de Città Vecchia, qui compte parmi les Massétans les plus fortunés. Il déclare « 80 bestie vaccine grosse, 40 bestie buffaline in soccio con Michele di Iusto, 1 cavallo et 1 sommiera et 8 buffali domati », pour une valeur cumulée de 1 150 £ qui représente un peu moins de la moitié de sa fortune (ASG, Estimo 285, f. 290-297v avec double numérotation).
40 ASG, Estimo 285, f. 410v-411r.
41 Ibid., f. 336v-337r.
42 Sur les 360 déclarants mentionnant au moins une maison, 168 habitent à Città Nuova et 192 à Città Vecchia : la part des propriétaires de maison(s) dans chacun des quartiers est donc la même que celle des déclarants.
43 En effet, parmi les individus mentionnés comme confronts dans l’Estimo sans être déclarants – il s’agit sans doute d’individus qui ne sont pas « citoyens et habitants » –, peu émargent parmi les acteurs politiques de la cité. C’est le cas par exemple des deux individus déjà signalés supra n. 33 : Andrea di Alessandro, mais il n’est que tubicene et trombetto à plusieurs reprises entre 1473 et 1492 ; et Domenicho di Michele di Lorenzo, qui est membre du consilium adjunte pour Città Vecchia en 1500, mais peut-être est-il devenu 15 ans plus tard membre de plein droit de la communauté.
44 Comme il apparaît dans le statut établi en 1419-1420, cf. B. Cillerai, R. Gambazza, M. Sozzi éd, Statuta Comunis…, p. 37-49, 179-229.
45 Les dispositions sont consignées comme ajouts dans le volume des statuts de Massa Marittima, conservé à Sienne : cf. ASS, Statuti dello Stato 64, f. 134v-138r.
46 ASS, Statuti dello Stato 64, f. 134v.
47 Ibid., f. 135r. L’usage de composer le conseil d’un homme par foyer était assez répandu dans le territoire siennois : cf. A. Dani, I. Comuni dello Stato di Siena e le loro assemblee (secc. xiv-xviii). I caratteri di una cultura giuridico-politica, Sienne, 1998, p. 50.
48 « si dovesse fare el bossolo, o trenta mesi o più o meno come parà al consiglio », ASS, Statuti dello Stato 64, f. 135r. La procédure est esquissée dès 1419-1420 : cf. B. Cillerai, R. Gambazza, M. Sozzi, Statuta Comunis…, p. 202.
49 D’après les statuts, pour être citoyen, ils devaient avoir payé leurs impôts et résider à Massa depuis au moins 20 ans : cf. B. Cillerai, R. Gambazza, M. Sozzi, Statuta Comunis…, p. 202-203.
50 « Dando prima al collegio di Signori priori e a tucti il consiglio sagramento in sul messale e di rendare li loro lupini a cuscienzia a chi lo merita, posta da parti ogni malivolentia et passione » (ASS, Statuti dello Stato 64, f. 135rv).
51 T. Ilaria, « Le système politique florentin au xve siècle », dans J. Boutier, S. Landi, O. Rouchon, Florence et la Toscane xive-xve siècles. Les dynamiques d’un État italien, Rennes, 2004, p. 39-64. Une analyse du processus dans D. Herlihy, R. B. Litchfield, A. Molho, R. Barducci éd., Florentine Renaissance Resources: Online Tratte of Office Holders 1282-1532 [https://cds.library.brown.edu/projects/tratte/] (consulté le 12 janvier 2023) ; voir aussi J. Boutier, Y. Sintomer, « La République de Florence (xiie-xvie siècle) », Revue française de science politique, 64/6 (2014), p. 1055-1081 ; L. de Angelis, « La classe dirigeante de Florence au tournant du xive et xve siècle », Revue française de science politique, 64/6 (2014), p. 1123-1137.
52 ASS, Concistoro 1691, f. 14.
53 Le 14 décembre 1473, « li quali debino intervenire con li Sei Massani da chiamarsi per voi ; li quali tucti insieme eleghino et scontinino quelli nostri citadini che sieno più idonei et degni ad risedere et diemo complemento et perfectione ad essi bossoli » (ASS, Concistoro 1660, f. 201v-202).
54 ASS, Concistoro 1691, f. 25-25v.
55 ASS, Statuti dello Stato 64, f. 145r.
56 Le 29 juin 1481, ASS, Statuti dello Stato 64, f. 149r-150.
57 L’identification précise de ces officiers n’est pas simple. Ces quelque 450 individus correspondent au total à plus de 1 700 formes anthroponymiques distinctes. Le travail de standardisation (ou lemmatisation) des noms est ici compliqué par le passage du latin à l’italien et vice versa.
58 « Quello o quelli che nel detto consiglio obterranno per le più vociture, più lupini bianchi,a voci segrete, rimanghi in luogho del vacante, observate le vacationi et parentele consuete » (ASS, Statuti dello Stato 64, f. 135v).
59 Sur l’ensemble de la période étudiée, la documentation exploitée ne fait néanmoins explicitement état que de quinze décès (« mortus est » ou « defunctus est »), ce qui paraît assez peu. On peut imaginer que certaines « substitutions » ont été réalisées en cours de charge et n’ont pas été consignées ; ou qu’elles nous ont échappé…
60 BCMM, AS-PU, reg. 17, f. 193v.
61 Ces substitutions ne sont pas justifiées, à l’exception de celle de Michael Angelus Andree Pieri, qui est appelé « loco eius fratris [Antonius Andree Pieri] ».
62 Lettre du Concistoro de Sienne à ses représentants à Massa Marittima du 19 janvier 1476 : « Item perché quello governo e in pochi homini et molti Massetani necessariamente ne senno exclusi, opernino di fare riformare et redurre decto governo ad maggiore numero, in tale modo che ognuno che merita ne participi e pacificamente et iustamente li loro officii sieno distributi » (ASS, Concistoro 1691, f. 14).
63 Le 29 juin 1481, ASS, Statuti dello Stato 64, f. 149r-150. En 1479, le médecin Antonio di Lodovico da Mantova est payé 30 livres par mois et la Commune lui verse en tout 140 livres, ce qui laisse soupçonner une épidémie de plusieurs semaines (BCMM, AS-PU 6, f. 185v).
64 Sur les 61 semestres de l’enquête, ce sont au total 61×6 = 366 « couples » qui ont été désignés par le sort pour exercer la charge de prieur. Sur ces 366 couples, 33 – soit un peu moins de 10 % – correspondent à des appariements identiques : le contenu de l’urne était remanié lors de la réfection des bossoli, mais certaines pallocte pouvaient rester identiques : Paganellus Iacobi et Iacobus Barnabei Chelucci sont ainsi prieurs ensemble (au cours du même mois) à trois reprises : en 1492-1, 1496-2 et 1499-1 (correspondant aux trois derniers bossoli de la période). On peut supposer qu’il s’agit d’un choix délibéré des accopiatori qui ont privilégié certains couples fiables ou assurés d’être fonctionnels (voire à l’inverse pour neutraliser deux protagonistes en les obligeant à travailler ensemble).
65 Cf. supra.
66 Sont concernés : Fatius Baldi Nicolai ; Iohannes Tomme Galli ; Michael Angelus Pieri Gerii ; Michael Luce Arduini ; et Nicolaus ser Antoni Pieri.
67 Si l’on considère que la période étudiée (30 ans) correspond à une grosse génération et que la population de Massa est d’environ 2 000 habitants (cf. supra), près de 10 % (180/2000 = 9 %) des habitants sont prieurs à un moment ou un autre de leur vie.
68 C’est le cas par exemple de Paolus Pieri Antonii de Pansechis, prieur en 1485-1 pour Città Vecchia, absent dans l’Estimo mais qui devait être classé à la lettre « P » pour laquelle des déclarations sont manquantes. C’est le cas aussi de Taddeus Salvatoris et de ser Cerbonius Bandini, de Città Vecchia, qui correspondent à des noms classés après la lettre « P ». Meius Justi est prieur loco qui a absans, à savoir Michael Justi Michaelis, son probable frère, dont la déclaration est bien dans l’Estimo. Lucas Arduini Luce, habitant de Città Vecchia, n’est certes pas dans le registre, mais la déclaration d’Arduinus Luce Arduini, possiblement son père, est bien présente. Il en est de même pour Nicolaus ser Leonardi, habitant de Città Nuova, dont la déclaration est manquante mais celle de son probable frère, Tosino di ser Leonardo, est bien présente (ainsi que celle de Leonardus Iohannis ser Leonardi).
69 Cf. supra.
70 L. Tanzini, « Il fantasma della rappresentanza : sorteggio e rotazione delle cariche nelle città comunali (secc. xiii-xiv) », dans S. Menzinger éd., Cittadinanze medievali. Dinamiche di appartenenza a un corpo comunitario, Rome, 2017, p. 145-174 ; H. Keller, « Formes électorales et conception de la communauté dans les communes italiennes (xiie-xive siècles) », Revue française de science politique, 64/6 (2014), p. 1083-1107.
71 Cf. supra.
72 Il peut s’agir soit de Franciscus Ludovici Andree, prieur en 1491-2, 1496-2, et 1498-2, soit de Franciscus Ludovici Nannis, prieur en 1472-1, 1474-2, 1477-2, 1480-1, 1486-1, 1488-2 et 1494-1. Le premier ne semble pas être déclarant dans l’Estimo (dont la rédaction est toutefois antérieure à ses charges de prieur) ; le second est déclarant et appartient au quintile Q5.
73 Iustus Michaelis est manquant dans l’Estimo de 1485 mais Michael Iusti Michaelis, habitant de Città Nuova, possiblement son fils, est présent et dans le quintile Q5. Il a exercé sept mandats de prieur (sans interruption de b6 à b12), alors que Iustus Michaelis, très certainement son père, a été prieur en 1475-1.
74 Il peut s’agir soit de Nerius Guardini Nierii, prieur en 1471-1, 1473-1, 1475-1, 1477-2, 1481-1 et 1483-1, soit de Nerius Dini Nierii – on est certain qu’il s’agit bien de deux individus distincts –, prieur en 1478-2, 1480-1, 1485-1, 1485-2 et 1490-1. Le premier ne semble pas être déclarant dans l’Estimo (dont la rédaction est postérieure à ses charges de prieur) ; le second est déclarant et appartient au quintile Q3.
75 Il peut s’agir soit de Franciscus Iacobi Iohannis, prieur en 1474-1 et 1477-1, soit de Franciscus Iacobi Megrechri, prieur en 1476-2. Aucun d’entre eux n’a pu être identifié dans l’Estimo (dont la rédaction est néanmoins postérieure à leurs charges).
76 Si Antonius Andree Pieri n’est pas dans l’Estimo, ses enfants (Bernardinus Andree Pieri, Giovanni Battista d’Andrea di Piero e suo fratello Iacopo Filipo et Michelagnolo d’Andrea di Piero) sont bien déclarants.
77 Il peut s’agir soit de (Dominus) Nicolaus ser Antonii Pieri, prieur sans interruption sur l’ensemble de la période (appelé comme prieur à onze reprises sur douze possibles), soit moins probablement de Nicolaus Antonii Bartali, prieur en 1491-2 ; ou de Nicolaus Antonii de Pansechis, prieur en 1479-1, 1480-1 et 1484-1 ; ou encore de Nicolaus Antonii Francesci, prieur en 1471-1, 1475-1, 1486-1 et 1488-1. Le deuxième est déclarant dans l’Estimo et appartient au quintile Q4 ; le quatrième est déclarant et appartient au quintile Q5. Le premier est absent de l’Estimo (mais était possiblement classé à la lettre « S » comme ser Nicolaus ser Antonii Pieri) et le troisième est manquant (mais l’Estimo est postérieur à l’exercice de ses charges).
78 Sans qu’il soit possible d’établir si cette fortune attestée en 1485 vient de l’activité industrielle ; en tout cas, rien dans la structure de leur fortune ne les distingue de tous les autres déclarants.
79 L’idée même de faction est suggérée par le fait que rares sont les délibérations du conseil qui soient adoptées à l’unanimité des voix, les votes comportant toujours une opposition minoritaire.
80 Cf. supra, p. 128.
81 En mars 1476, Sienne est même obligée de les menacer de trouver une issue : « habiamo deliberato che la vostra comunità con li quindici da una parte et Arduino et li compagni dal’altra debiate havere facto compromesso di tucta la lite et chiamati li arbitri sobto la pena di cento fiorini per ognuna dele parti se in tempo di octo di dala presentatura » (ASS, Concistoro 1691, f. 60v).
82 BCMM, AS-PU, 18, f. 263-264. Le 10 avril 1485.
83 Début avril 1485 : « Modo et forma […] eligendi civis ad faciendum novam libram fuerunt in dicto consilio electi et scruptinati infrascripti videlicet : C.V. (40/17), Nicolaus Antonii Francisci, Alexander Tomassi, Andreas Bartoli, Regulus Antonii Cechi, Lodovicus Johannis Cerboni, Micael Luce Arduini ; C.N. (45/12) Ser Cerbonus Bandini, Nicolas Marci, Lodovicus Reguli, Vannis Andree, Silvester Juliani, Michael Justi, cives ad faciendum novem libram » (BCMM, AS-PU, 18, f. 261v). Ce sont les mêmes noms (à l’exception d’un manque, une omission) qui figurent en préambule du registre, cf. ASG Estimo 285, f. 363r.
84 Frère d’Arduino Luce Arduini.
85 Fils de Iusti Michael.
86 Possiblement frère de Nerius Guardini.
87 On paraît loin des ambitions de Niccolò di Donato Barbadoro, qui assurait que l’entreprise cadastrale de Florence de 1427 avait pour but « d’éclairer les fortunes » (comme le rapportent D. Herlihy, C. Klapish-Zuber, Les Toscans…, p. 33).
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1. Déclaration de « Pellegrino di Cecho al[ias] el pelle di quello di Pistoia »(ASG, Estimo di Massa Marittima 285, f. 430v) |
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Titre | Tableau 1. Nombre de déclarants selon leur catégorie (par quartier) |
Légende | * dont religieux, institutions, etc. |
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Titre | Tableau 2. Nombre de déclarants avec une déclaration supposée complète35, nombre cumulé de biens déclarés et valeurs des déclarations complètes (par quartier) |
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Titre | Figure 2. Distribution des fortunes des déclarants (par quartier) |
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Titre | Tableau 3. Nombre et valeur cumulée des différents types de biens dans les déclarations (hors capitation) |
Légende | * Cette catégorie correspond à des biens dont la nature précise n’a pas pu être déterminée ou à des évaluations composites (correspondant à plusieurs des autres types). |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12618/img-5.jpg |
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Titre | Tableau 4. Composition de la fortune des Massétans selon leur quintile d’appartenance |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12618/img-6.jpg |
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Titre | Tableau 5. Déclarants dont la composition de la fortune est significativement différente de celle observée pour le profil marginal* |
Légende | * Les cellules du tableau qui correspondent à des valeurs significativement supérieures (resp. inférieures) à celles du profil marginal – celui de la ligne « total général » – sont surlignées en gris foncé (resp. en gris clair). Ainsi, 98 % de la fortune déclarée de Benedetto di Domenico di Salvolino est constituée par ses terres (alors que ces dernières représentent en moyenne 47 % seulement de la fortune des Massétans). Pour Baldo di Lanciotto delle Montagne di Pistoia, les terres ne représentent que 11 % de sa fortune quand le poids du bétail est de 54 %. |
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Titre | Figure 3. Les prieurs du premier semestre 1470 (BCMM, AS-PU, reg. 16, f. 64r) |
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Titre | Tableau 7. Caractéristiques des différents bossoli |
Légende | * La colonne D indique le nombre de Massétans qui ont été soit tirés au sort pour exercer la charge de prieur, soit appelés en remplacement d’un individu tiré au sort mais dans l’incapacité de siéger. ** La colonne E indique le nombre de substitutions (ou remplacements) dûment signalés (loco…) ou déduits par comparaison des deux états qui sont dressés l’un juste avant le début d’un nouveau semestre (en décembre et en juin), l’autre juste après (en janvier et en juillet). *** La colonne G indique le nombre de prieurs qui apparaissent deux fois sur la période de validité du « bossolo » (aucun n’apparaissant trois fois ou plus), qu’ils aient été tirés au sort ou appelés pour remplacer un prieur « défaillant ». **** Sur l’ensemble de la période, on dénombre 180 prieurs différents. |
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Titre | Tableau 8. Prieurs selon le nombre d’itérations de leur charge |
Légende | * Sont ici recensés les individus qui ont été soit appelés par le sort (tirage d’une « pallocta » avec leur nom), soit appelés pour remplacer un individu tiré au sort mais dans l’incapacité de siéger (quelle qu’en soit la raison). De sorte que la somme 41×1+29×2+21×3+…+5×10+5×11 = 760 est supérieure au nombre réel de mandats de prieurs sur la période (61×2 = 732). |
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Titre | Tableau 9. Prieurs (dont le nom figure dans l’Estimode 1485) selon leur quintile de fortune déclarée |
Légende | * Nicola di Marco di Luca est bien présent dans l’Estimo du quartier de Città Nuova, mais sa déclaration (ASG, Estimo 285, f. 423v) est incomplète. On dispose également d’une déclaration pour Benedetto di ser Antonio, quartier de Città Vecchia (ASG, Estimo 285, f. 343v), mais celle-ci est cancellée et n’a donc pas été prise en compte pour l’établissement des fortunes. Il est indiqué « posta a Antonio di messer Benedetto di ser Antonio e li fratelli » (ASG, Estimo 285, f. 290-4r) et la fortune déclarée des fils les rangent dans le groupe Q5. |
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Titre | Tableau 10a. Acteurs du conflit de l’alunière de Massa. Les preneurs initiaux7273747576 |
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Titre | Tableau 10b. Acteurs du conflit de l’alunière de Massa. Les concurrents77 |
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Titre | Tableau 11. Les citoyens élus pour l’élaboration de l’Estimo848586 |
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Pour citer cet article
Référence papier
Didier Boisseuil et Pascal Chareille, « Considérations sur la fortune des habitants de la cité de Massa Marittima (prov. Grosseto) à la fin du Moyen Âge », Médiévales, 83 | 2023, 125-154.
Référence électronique
Didier Boisseuil et Pascal Chareille, « Considérations sur la fortune des habitants de la cité de Massa Marittima (prov. Grosseto) à la fin du Moyen Âge », Médiévales [En ligne], 83 | automne 2022, mis en ligne le 01 janvier 2025, consulté le 21 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/12618 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/medievales.12618
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