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Essais et recherches

Noms et armoiries : succession et héritage dans l’aristocratie portugaise à la fin du Moyen Âge

Names and Coats of Arms: Succession and Transmission in the Portuguese Curial Aristocracy at the End of the Middle Ages
Miguel Aguiar
p. 133-154

Résumés

Cet article a pour objectif d’étudier la transmission des noms et des armoiries de l’aristocratie curiale portugaise à la fin du Moyen Âge. Les noms et les armoiries jouaient un rôle clé en tant que discours symbolique englobant plusieurs éléments importants dans la définition des hiérarchies au sein de l’aristocratie. Le système de transmission des noms et des armoiries prolonge surtout, mais pas exclusivement, les signes paternels, ce qui est parfaitement cohérent face à la prédominance masculine de la société médiévale. Néanmoins, un nombre substantiel de transmissions passe par le côté maternel ou par d’autres ascendants, et elles forment ainsi une partie structurelle du système. Une division s’opère dans les parentèles aristocratiques : les aînés, en tant que successeurs, prolongent noms et armoiries du père, tandis que les cadets, hommes et femmes, peuvent reprendre, transmettre et faire circuler les symboles des autres ascendants, tout en accentuant les rapports avec d’autres lignages de l’espace social curial. L’origine ainsi que les fonctions sociales de ce système sont à mettre en rapport avec l’organisation du pouvoir aristocratique, sa relation avec la Couronne, et la manière dont la parenté a été un cadre de soutien à la reproduction sociale de l’aristocratie.

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Texte intégral

  • 1 L. Hablot, Manuel d’héraldique emblématique médiévale, Tours, 2019, p. 48 et 64-68. Comme l’a rema (...)
  • 2 Il faut toutefois souligner l’importance de l’étude exceptionnelle de M. Nassiet, « Nom et blason. (...)
  • 3 Le caractère cognatique du système de parenté médiévale – au moins si l’on considère la terminolog (...)

1Nous proposons d’étudier ici la transmission des noms et des armoiries de l’aristocratie curiale portugaise à la fin du Moyen Âge, en vue de contribuer à la connaissance des mécanismes de transmission « symboliques » en tant que marqueurs d’identités et des statuts sociaux pour les groupes aristocratiques. Nous recourons à la notion de « symbolique » en considérant que ces éléments font partie d’un discours qui est non seulement déterminant pour l’image de soi du groupe, mais aussi reconnu par le reste de la société1. La majorité des études sur ce sujet s’intéressent surtout à la transmission des éléments qui structurent l’identité des lignages et des maisons, notamment les armoiries portées par les « chefs » de lignages2. Nous nous proposons d’analyser les pratiques symboliques à un niveau plus large, en tenant compte notamment des cadets (tant les hommes que les femmes) et de leurs place et fonction dans l’articulation d’un système de parenté cognatique, système contraint, au niveau de la transmission du pouvoir, par au moins deux facteurs : la domination homme/femme caractéristique d’une société patriarcale, ainsi que la domination aîné/cadet, qui favorise la séniorité de naissance au sein d’une fratrie3.

  • 4 Ce cadre global a été aussi observé par E. Soria Mesa pour la noblesse espagnole de l’époque moder (...)

2Les noms et les armoiries jouaient un rôle clé en tant que discours symbolique englobant plusieurs éléments importants dans la définition des hiérarchies au sein de l’aristocratie, notamment l’ancienneté du lignage, la quantité et la qualité des rapports de parenté (y compris une éventuelle ascendance royale). Nous allons démontrer que le système de transmission des noms et des armoiries prolonge surtout, mais pas exclusivement, les signes paternels, ce qui est parfaitement cohérent face à la prédominance masculine de la société médiévale. Néanmoins, un nombre substantiel de transmissions passe par le côté maternel ou par d’autres ascendants, formant ainsi une partie structurelle du système. Une division est faite dans les parentèles aristocratiques : les aînés, en tant que successeurs, prolongent noms et armoiries du père, tandis que le périmètre formé par les cadets, hommes et femmes, est l’espace préférentiel pour faire circuler les symboles des autres ascendants, tout en accentuant les rapports avec d’autres lignages de l’espace social curial. Dans des circonstances spécifiques, les aînés peuvent porter les armes maternelles ou celles d’autres ancêtres, surtout si ces symboles sont associés aux éléments socialement plus valorisés, tels que les biens de succession comme les seigneuries de la Couronne et les majorats4. L’origine ainsi que les fonctions sociales de ce système – qui correspondent grosso modo aux dynamiques observables jusqu’à la fin de l’Ancien Régime – sont à mettre en rapport avec d’autres points importants, concernant notamment l’organisation du pouvoir aristocratique, sa relation avec la Couronne, et la manière dont la parenté a été un cadre de soutien à la reproduction sociale de l’aristocratie.

  • 5 Les données présentées dans ce travail proviennent essentiellement de notre thèse de doctorat, sou (...)
  • 6 En d’autres termes, l’ascension des structures et institutions monarchiques est indissociable d’un (...)
  • 7 M. S. da Cunha, N. G. Monteiro, « Aristocracia, poder e família em Portugal, séculos xv-xviii », d (...)

3Nous nous concentrerons sur l’aristocratie curiale portugaise à la fin du Moyen Âge (soit entre 1380 et 1530)5. À cette époque – notamment après la crise de 1383-1385 qui marque l’ascension de la dynastie Avis –, il est impossible de dissocier la haute aristocratie seigneuriale de sa dimension curiale. En d’autres termes, l’accès aux formes les plus complètes du pouvoir seigneurial dépend progressivement des concessions royales. Le lien qui s’établit ainsi entre les pouvoirs aristocratique et royal s’exprime notamment dans la concession de titres nobles, en particulier à partir du règne d’Afonso V (1438-1481), qui forme une hiérarchie aristocratique basée sur la perspective royale6. Il se reflète en outre dans les concessions royales de terres, de rentes et de titres, mais aussi dans la manière dont les alliances matrimoniales étaient structurées, densifiant les relations autour de la cour royale7.

4Cette mise au point nous permet également de préciser l’utilisation des concepts de succession et d’héritage utilisés dans le titre de cet article, car la qualité et la nature des biens détenus par les aristocrates (biens matériels ou immatériels, tenus de la Couronne ou non, successoraux ou dotaux, etc.) imposent des modalités de transmissions différentes. Par conséquent, les fonctions sociales attachées au patrimoine déterminent la manière dont les parentèles s’organisent. Ces catégories sont précisées dans les documents, qui distinguent très nettement les biens de la Couronne et les majorats, indivisibles et transmis suivant une logique successorale, et le patrimoine propre des individus, partagé d’une façon équitable entre les héritiers légitimes. Ce fait nous a amené à diviser l’enquête sur la transmission en prenant pour base ces différentes catégories. Dans le cadre de la succession, il s’agit des biens transmis à un successeur spécifique parmi les différents héritiers ; dans cette catégorie entrent, notamment, les seigneuries de la Couronne. Pour ce qui concerne l’héritage, il s’agit de toute la fortune, matérielle et symbolique, qui était partagée entre les membres des parentèles ; nous défendons notamment l’idée que ce partage encadrait un ensemble de rapports sociaux indispensables à la cohésion du groupe, notamment le partage de ce que nous avons appelé la fortune « symbolique », c’est-à-dire la manière dont les noms et les armoiries étaient transmis. D’après ce que nous pouvons constater, la fortune « symbolique » reproduit les dynamiques inscrites dans la transmission des biens. En ce sens, elle s’inscrit au cœur des dynamiques de perpétuation du pouvoir aristocratique, que ce soit par le biais de la prolongation des symboles associés à un « lignage » ou à une « maison » – et donc au pouvoir seigneurial qui y est inscrit – ou par la circulation d’éléments symboliques associés à la parenté cognatique, et qui ont pour effet la réitération des rapports.

  • 8 L’apposition du patronyme se raréfie cependant au cours du xve siècle.
  • 9 I. Gonçalves, « Do uso do patronímico na baixa Idade Média portuguesa », dans M. J. Barroca éd., C (...)
  • 10 L. Távora, Introdução ao estudo da heráldica, Lisbonne, 1992, p. 41-45.

5Avant de poser les principales questions et de présenter les méthodes qui structurent notre approche, il importe de commencer par résumer les principaux faits de l’onomastique et de l’héraldique au Portugal à l’époque étudiée. Le système dominant au niveau de l’aristocratie est organisé autour d’un nom de baptême, puis d’un patronyme formé à partir du nom du père (par exemple : Fernandes = fils de Fernando)8, et finalement d’un nom de famille, habituel à partir de la seconde moitié du xiiie siècle, qui trouve majoritairement son origine dans un toponyme. Dans ce système, c’est le nom de famille qui devient l’élément spécifique de l’aristocratie, car la majorité de la population adopte le nom de baptême, le patronyme et, parfois, un surnom9. Selon nos connaissances actuelles, l’héraldique se présente aussi comme un élément tendanciellement – mais pas exclusivement – aristocratique10.

  • 11 L. Hablot, Manuel d’héraldique…, p. 48 et 64-68.
  • 12 É. Haddad, « Qu’est-ce qu’une “maison” ? De Lévi-Strauss aux recherches anthropologiques et histor (...)

6L’articulation entre noms de famille et armoiries est donc propre au groupe aristocratique. Leur transmission a fait l’objet d’une enquête spécifique, son usage relevant d’un ensemble de pratiques et de choix orientés vers le profit d’une certaine « fortune symbolique », déterminante dans les rapports sociaux de cette aristocratie curiale11. Car, et ainsi que nous l’avons déjà souligné, aux noms et armoiries peuvent être associés quelques éléments fondamentaux dans la logique identitaire et même compétitive du groupe, comme l’ancienneté ou un lien de parenté avec le roi. Ces choix ne se résument pas uniquement aux logiques de la filiation : à certains moments, ils sont bel et bien le signe des usages et choix qui essayent de profiter d’un lien, de réitérer un rapport social reconnu important. À partir notamment du milieu du xve siècle, leur transmission se trouve aussi soumise à une logique de continuité d’une « maison »12, d’un ensemble de biens et de propriétés matérielles et immatérielles ; en somme, la continuité de la maison se superpose progressivement aux choix individuels. Ces deux phénomènes se croisent, leur articulation étant fondamentale pour comprendre l’évolution des rapports sociaux et de l’organisation du pouvoir aristocratique.

  • 13 Il s’agit d’une question historiographique à résoudre, mais selon notre enquête la notion de « mai (...)
  • 14 Devant limiter la longueur de cette étude, nous laisserons de côté dans cet article la question de (...)

7Quelques questions nous ont donc intéressé dès le début : comment armoiries et noms étaient-ils transmis à l’intérieur des parentèles ? Comment une conception cognatique de la parenté s’articulait-elle avec les contraintes qui poussaient à la transmission des symboles paternels, puisqu’ils étaient associés au « lignage » ou à la « maison »13 ? Existait-il des différences à l’intérieur des parentèles, entre aînés et cadets ? Et entre les hommes et les femmes ? Quels rapports peut-on établir entre ces éléments et d’autres questions plus générales, comme la construction d’un groupe aristocratique curial hiérarchisé par des titres, le fonctionnement du système d’alliances, les modalités de transmission des seigneuries, des majorats, du patrimoine aristocratique – bref, les bases du pouvoir du groupe et de sa domination14 ?

Méthodologie

  • 15 M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale…, vol. 1, p. 474-503.
  • 16 M. M. de Seixas, « Bibliografia de heráldica medieval portuguesa », dans M. M. de Seixas, M. de L. (...)
  • 17 Dans ce sens, il faut souligner l’importance des travaux de Maria do Rosário Morujão, en particuli (...)

8La transmission des noms a été étudiée en identifiant les noms utilisés par les individus dans les documents, et en signalant leur provenance : le père, la mère ou un autre ancêtre. Le même principe a été appliqué aux armoiries15. Il faut toutefois souligner les difficultés qui se posent pour une étude de ce type. Car, contrairement à ce qui se passe dans d’autres régions de l’Occident médiéval, il manque au Portugal un corpus systématisé des vestiges héraldiques, comme l’a déjà souligné Miguel Metelo de Seixas16 ; en outre, les armoriaux, dont les plus anciens qui nous sont parvenus datent du début du xvie siècle, correspondent à des commandes royales qui enregistrent surtout les « armoiries-chefs » (c’est-à-dire les écus portés par les « chefs de lignage »), ce qui nous empêche d’observer les usages pratiques des éléments héraldiques, principalement au niveau des cadets. Les sceaux de l’aristocratie laïque qui ont survécu jusqu’à nos jours ne sont pas si nombreux17 et, par conséquent, pour reconstituer les pratiques héraldiques nous dépendons surtout des écus placés sur les plaques tombales. Pour ces raisons, la construction d’un corpus héraldique, au niveau qui nous intéresse, s’avère très parcellaire.

9Pour ce qui concerne l’étude de la transmission des noms, la méthode a été plus simple et pratique. Il s’agissait d’inscrire dans un tableau le nom de famille porté par les individus et de déterminer leur provenance à travers les tableaux généalogiques. Dans ce travail, on a considéré préférentiellement les noms utilisés dans les documents de la pratique. Les deux cent quarante références correspondent donc aux individus répertoriés dans la documentation, composée essentiellement de chartes royales et d’actes notariaux.

10S’il permet d’aborder certains points importants pour comprendre l’articulation entre parenté et identité et reproduction sociale de l’aristocratie, le corpus documentaire ne permet pas d’étudier d’autres éléments éclairants, par exemple la transmission des armoiries chez les bâtards. Même s’il existe une différence quantitative entre ces éléments (données sur la transmission des noms et des symboles héraldiques), nous croyons que la combinaison des documents permet de formuler des hypothèses raisonnablement solides, puisque, comme nous l’avons souligné, ces dynamiques s’inscrivent aussi dans les façons de transmettre les différents types de biens possédés par l’aristocratie.

11Commençons donc par une description des données : tout d’abord les noms, puis l’héraldique. Ensuite, nous émettrons des hypothèses en établissant des rapports avec d’autres questions plus générales sur l’aristocratie portugaise, en espérant que ces réflexions, même si elles sont fondées sur un cas concret, puissent susciter des questions générales ayant un intérêt global pour l’étude de l’aristocratie et de la parenté.

Les noms de famille

12Dans un ensemble de 240 individus enregistrés dans un tableau créé pour l’étude de la transmission des noms, 177 portent le nom du père (44 femmes et 133 hommes), 34 le nom de la mère (7 hommes et 27 femmes), 11 de la grand-mère paternelle (7 hommes et 4 femmes), 5 de la grand-mère maternelle (1 homme et 4 femmes), 5 de l’arrière-grand-mère paternelle (2 hommes et 3 femmes), et une femme a utilisé le nom de son arrière-grand-mère maternelle (Fig. 1 et 2).

Fig. 1. Distribution des noms par ancêtre

Fig. 1. Distribution des noms par ancêtre

D’après M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale au Portugal à la fin du Moyen Âge, dir. J. A. de Sottomayor-Pizarro, J. Morsel, Universidade do Porto/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne [https://repositorio-aberto.up.pt/​handle/​10216/​135875].

Fig. 2. Distribution de la transmission du nom

Fig. 2. Distribution de la transmission du nom

D’après M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale au Portugal à la fin du Moyen Âge, dir. J. A. de Sottomayor-Pizarro, J. Morsel, Universidade do Porto/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne [https://repositorio-aberto.up.pt/​handle/​10216/​135875].

  • 18 N. G. Monteiro, « Os nomes de família em Portugal : uma breve perspectiva histórica », Etnográfica(...)

13Première observation : dans ce corpus (mais c’est aussi une affirmation valable pour les pratiques onomastiques portugaises jusqu’à la fin de l’Ancien Régime), l’alliance n’impose pas le nom du mari à la femme18. Les hommes et femmes de l’aristocratie s’identifient donc toujours par les noms qu’ils ont reçus ou qu’ils ont choisi d’adopter. En outre, malgré la préférence pour la transmission du nom du père, un ensemble significatif de cas (63) passe par la transmission du nom de la mère ou d’un autre ancêtre de la parentèle paternelle ou de la parentèle maternelle. Nous pensons qu’il faut approfondir l’enquête de ces cas, dans la mesure où ils sont nombreux (26 %), pour essayer de reconstituer la logique qui les organise.

Nom de la mère

  • 19 Joana et Mécia de Castro, filles d’Álvaro Gonçalves d’Ataíde et de Guiomar de Castro (Monumenta He (...)
  • 20 On le voit notamment dans son contrat de mariage, célébré en 1504 (Lisboa, AN Torre do Tombo, Chan (...)

14Le nom de la mère passe surtout par les femmes (27 cas sur 34). Ce qui est remarquable, c’est que ces noms renvoient fréquemment à un groupe de parentèles situé au niveau le plus élevé de l’aristocratie curiale portugaise. Deux filles du comte d’Atouguia, Álvaro Gonçalves d’Ataíde, portent le nom de leur mère, tandis que l’aîné et successeur dans le comté prolonge le nom du père19. La même situation est présente dans la parentèle du comte de Penamacor, Lopo de Albuquerque : sa fille Guiomar prend le nom de la mère20 et son fils aîné celui du père.

  • 21 Sur les majorats, ainsi que sur les devoirs et les figures des successeurs, voir M. de L. Rosa, (...)
  • 22 M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale…, vol. 1, p. 448-455 et 567-585.

15Le fait que les femmes portent souvent le nom de leur mère avait certainement un rapport avec les rôles qu’elles jouaient au niveau de la transmission. Dans les cas présentés, elles n’étaient pas non plus des successeurs, dans la mesure où elles avaient des frères qui allaient assurer la succession dans les seigneuries et les majorats formant l’essentiel des biens du « lignage » ou de la « maison ». Comme nous l’avons indiqué, à cette époque, les biens de l’aristocratie se divisent principalement entre les biens de succession et les biens d’héritage. La succession comprenait notamment les biens donnés par la Couronne, indivisibles, comme les seigneuries, villes et terres où l’aristocratie exerçait un ensemble significatif de pouvoirs au nom du roi, et dont la transmission se faisait à travers le fils aîné. Quand il n’y avait que des filles dans une parentèle, la seigneurie devait retourner à la Couronne, qui pouvait la donner à un autre aristocrate ou à la fille du dernier seigneur à travers une nouvelle donation. Parallèlement aux biens de la Couronne, l’aristocratie pouvait aussi créer des majorats, une institution où un ensemble de biens était fixé, et dont les successeurs ne pouvaient ni vendre ni soustraire aucun élément. Les majorats étaient créés à partir du tiers disponible pour les testaments, et le fondateur définissait les « lois » internes de l’institution. Celles-ci comprenaient les règles de succession, qui bénéficiaient aux fils aînés, mais qui permettaient, en l’absence d’héritiers masculins, la succession par les femmes21. L’héritage consistait en biens propres des individus, immeubles et meubles, partagés entre tous les héritiers légitimes, hommes et femmes. Un ensemble significatif de documents montre que les dots fournies aux femmes étaient formées à partir des biens d’héritage22.

16Les femmes qui portent les noms de leur mère s’insèrent en principe seulement dans cette seconde catégorie. Elles étaient héritières du patrimoine partagé à chaque génération après le décès des parents (dont une partie substantielle était partagée à travers les dots de mariages), tandis que leurs frères aînés garantissaient le maintien du lignage ou maison grâce à la succession des biens socialement plus valorisés. Aucune contrainte n’existait donc pour imposer le prolongement d’un certain nom aux femmes si elles n’étaient pas successeurs. Voici le schéma que nous trouvons régulièrement, visible également dans les armoiries : le périmètre formé par les cadets, hommes et femmes, était l’espace préférentiel pour transmettre les éléments symboliques (noms et armoiries) associés soit à la mère et à ses ancêtres, soit à quelques ancêtres du père, tandis que l’aîné, en tant que successeur, était soumis à un cadre beaucoup plus rigide (pour des raisons que nous évoquerons plus loin). Le résultat de cette dynamique est qu’un ensemble de noms circulait constamment, se répétant dans plusieurs parentèles, et la même parentèle pouvait rassembler plusieurs noms. Cette dynamique aboutit donc à une certaine cristallisation autour d’un réservoir de noms répétés et considérés spécifiques de cette aristocratie curiale. Les rapports de parenté s’en trouvaient réaffirmés, ainsi que les rapports sociaux à l’intérieur d’un réseau de pouvoir, produisant donc, selon notre hypothèse, une conscience de groupe et d’appartenance à un certain espace social.

  • 23 M. de L. Rosa, « Elementos para o estudo dos usos da heráldica a partir da produção documental fam (...)
  • 24 M. Nassiet, « Nom et blason… » ; C. Maurel, « Un artifice contre l’extinction des familles ? La su (...)
  • 25 A. Sousa, Provas da história genealógica da Casa Real Portuguesa, Coimbra, 1946-1954, t. 6, 1ª par (...)
  • 26 Plusieurs chartes d’institution des majorats soulignent que leur création répond au besoin de « fa (...)

17Toutefois, sept hommes ont porté le nom de leur mère. Dans quelles conditions cela est-il arrivé ? Ces hommes possèdent tous une caractéristique commune : leur père a épousé une « héritière », c’est-à-dire une femme sans frère successeur. Dans ces circonstances, les contrats de mariage prévoient fréquemment l’hypothèse que la fille devienne successeur, et imposent la transmission du nom et des armoiries à ses enfants. Parfois, les règles de succession des majorats imposent un nom ou des armoiries23. Le nom des mères peut dès lors être porté par les enfants, tout particulièrement par les aînés, dans la mesure où elles sont le pivot de la transmission seigneuriale24. Le contrat de mariage, célébré en 1467, entre Joana de Castro, fille des comtes de Monsanto, et João de Noronha, mentionne explicitement l’obligation de transmettre le nom de la mère25. L’aîné adopte le nom de la mère tandis que ses frères prennent celui du père, ou celui de la mère. Ces cas sont des exceptions ayant un rapport direct avec les modalités de transmission du pouvoir seigneurial de l’aristocratie, mais aussi avec les questions concernant la mémoire des morts (et le soin de leurs âmes) et la continuité symbolique organisée par les majorats autour de la mémoire du fondateur26.

  • 27 Gonçalo de Albuquerque, mentionné dans une charte de confirmation de la seigneurie de Vila Verde d (...)

18Dans quelques situations, principalement avant le milieu du xve siècle, le nom de la mère semble se prolonger grâce à son prestige. Par exemple, les enfants de João Gonçalves Gomide, homme lié à l’appareil bureaucratique de la Couronne, et de Leonor de Albuquerque, préfèrent le nom de leur mère27. Nous reparlerons de ce cas lorsque nous discuterons des armoiries, mais nous pouvons d’ores et déjà mentionner que ce choix devait certainement répondre au fait que Leonor était descendante du roi Denis du Portugal.

  • 28 M. de L. Rosa, O Morgadio…, p. 108-110. Une dynamique semblable est observée, par exemple, dans le (...)

19Il semble toutefois important de mettre en évidence que, même avant cette période, les noms des mères pouvaient se prolonger sans que, pour autant qu’on le sache, un instrument contractuel ne l’impose. Des raisons comme le prestige associé au nom, dans le cadre d’un mariage liant deux parentèles de niveau social inégal, expliquent probablement ce choix. Cela prouve cependant que les différentes formes de transmission intègrent bel et bien le fonctionnement du système, et que la transmission préférentielle (paternelle via le fils aîné) s’articule constamment avec un cadre de solutions plus vaste et adaptable à des contextes spécifiques. Mais, à mesure que l’on avance dans la chronologie – surtout à partir de la seconde moitié du xve siècle –, cette flexibilité qui rendait possible la construction d’un récit symbolique appuyé sur les armoiries et les noms les plus prestigieux, tend à s’estomper, principalement dans les cas des aînés. Un profil plus rigide s’impose, répondant au besoin de reproduire une certaine image du successeur, dans un cadre où les « techniques successorales » se développent progressivement et, surtout, alourdissent la visibilité et l’importance sociale de la succession. Ainsi que nous l’avons souligné, ces choix « hors norme » (c’est-à-dire, le prolongement des noms des mères chez les aînés) sont de plus en plus associés à des contextes spécifiques (la mère en tant qu’héritière et successeur d’une base importante de pouvoir seigneurial), appuyés sur des clauses contractuelles qui règlent l’accord entre les parentèles. En outre, ils peuvent aussi s’imposer si, par exemple, les individus accèdent par succession à la tête d’un majorat où le fondateur avait prescrit l’obligation de porter son nom ou ses armoiries28, un phénomène qui d’ailleurs s’observe plus régulièrement aux xvie et xviie siècles.

Les noms des grands-parents et des arrière-grands-parents

  • 29 L’un de ces cas sera repris lors de la présentation des données sur l’héraldique, dans la mesure o (...)

20Dans le cas des noms des grands-parents et des arrière-grands-parents, nous constatons tout d’abord la domination des ancêtres paternels et une association entre les grand-mères maternelles et les petites-filles, et entre les grands-mères paternelles et les petits-fils. Nous avons aussi détecté quelques cas dans lesquels les fils aînés prolongent le nom de la grand-mère paternelle29. La situation dominante reste malgré tout le prolongement de ces noms par des cadets, hommes et femmes, et nous pouvons une fois de plus constater qu’un certain nombre de parentèles mélangent dans une même descendance plusieurs noms, provenant de la mère ou d’ancêtres plus éloignés.

  • 30 1472, dans son contrat de mariage : Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 29, (...)
  • 31 Charte de 1454 : Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 10, f. 38.
  • 32 Charte de donation de 1468 : Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 28, f. 122v
  • 33 Pedro de Sotomaior est mentionné fils de Leonel de Lima et « moço fidalgo da casa do rei » dans un (...)

21Cette dynamique est parfaitement visible dans la descendance du premier vicomte de Vila Nova da Cerveira, Leonel de Lima. Le fils aîné et successeur, João de Lima, prolonge le nom et les armoiries du père30, tandis que la dynamique de circulation des noms d’autres ancêtres est visible chez les cadets : Beatriz da Silva reprend le nom de sa grand-mère paternelle (Teresa Gomes da Silva)31 ; Rodrigo de Melo, abbé du monastère de Pombeiro, porte le nom de sa grand-mère maternelle (Leonor de Melo)32 ; Inês et Pedro de Sotomaior celui de leur arrière-grand-mère paternelle (Inês Fernandes de Sotomaior)33.

22La dynamique dominante reste donc la même, et peut être insérée dans un principe général : les noms des pères se prolongent préférentiellement surtout par les hommes, et tout particulièrement par les aînés en tant que successeurs, tandis que les noms de la mère ou d’autres ancêtres se transmettent surtout aux cadets, hommes et femmes. Ils sont adoptés par les aînés dans des circonstances spécifiques, particulièrement dans les moments où les femmes sans frère deviennent le point nodal de la transmission d’une base importante et socialement valorisée (seigneuries, majorats) du pouvoir seigneurial, sans que l’on puisse déterminer, en fonction de nos connaissances actuelles, si leur transmission aux cadets s’accompagne ou non de l’héritage d’un quelconque patrimoine.

Les armoiries

23Au Portugal, faute de témoignages tels que des sceaux, et en raison de l’existence très tardive (et plutôt indicative) de compilations d’armoiries commandées par la Couronne, nous dépendons surtout de l’héraldique funéraire. Par conséquent, la formation du corpus a été soumise à un certain hasard. Commençons par présenter les données dont nous disposons (Fig. 3) :

Fig. 3. La transmission des armoiries

Armoiries paternelles Armoiries combinées
Père et mère Père
et mari (alliance)
Père
et oncle maternel
Mère
et grand-mère paternelle
Père
et grand-mère paternelle
Père, mère
et arrière-grand-mère maternelle
Total 8 4 4 1 1 2 1
5 2 X 1 1 2 X
3 2 4 X X X 1

D’après M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale au Portugal à la fin du Moyen Âge, dir. J. A. de Sottomayor-Pizarro, J. Morsel, Universidade do Porto/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne [https://repositorio-aberto.up.pt/​handle/​10216/​135875].

  • 34 Sur ce sujet, voir aussi notamment l’étude de J. Morsel, « Dénomination et représentation sigillai (...)

24Même si ces données ne sont pas aussi nombreuses que celles qui ont été utilisées pour la transmission des noms, elles permettent néanmoins d’établir des points importants. Tout d’abord, on constate que le nombre d’écus combinant des armoiries est supérieur à ceux qui transmettent seulement l’écu paternel. Une partie de ces écus représente l’alliance, associant les armoiries du père et du mari, et on remarque que cette union symbolique est une spécificité d’écus féminins34. Contrairement à ce qui se passait au niveau des noms, la seule transmission de l’écu maternel ou d’un autre ascendant par le côté maternel est absente. Il a donc fallu élargir l’enquête afin de vérifier s’il s’agissait d’un fait structurel ou d’un simple aléa résultant de la formation du corpus.

  • 35 Ordenações Manuelinas (edição fac-similada da edição feita em Coimbra, Real Imprensa da Universida (...)
  • 36 Sur cette question, voir notamment l’étude de M. M. de Seixas, J. Galvão-Telles, « “E tragam as ar (...)

25Au total, le poids des armoiries combinées semble indiquer un discours héraldique construit sur le partage de la fortune symbolique de plusieurs ascendants. Les données ne permettent pas de savoir si à ces choix étaient associés la transmission de certains biens spécifiques ou des rapports de proximité particuliers (dans les cas où, par exemple, l’enfant aurait été élevé par un grand-parent). Pour l’instant, la réitération des symboles socialement puissants semble l’hypothèse la plus solide pour expliquer ces récurrences. Même si la législation produite par la Couronne à propos des règles héraldiques semble toujours avoir été à l’écart des pratiques, les ordonnances royales établissent, à la fin du xve et au début du xvie siècle, la division de l’utilisation des armoiries entre les « chefs de lignage » et leurs frères35. Les premiers ont théoriquement l’obligation de reprendre intégralement les armoiries du « lignage », et ils peuvent associer plusieurs armoiries dans un écu écartelé s’ils deviennent successeurs de plusieurs seigneuries ou majorats à travers un mariage ou l’héritage maternel. En revanche, les cadets doivent en principe avoir un élément qui différencie leurs armes de celles de leur aîné (selon cette législation, ils pouvaient porter jusqu’à quatre armoiries écartelées de leurs ascendants, paternels ou maternels). Toutefois, il est à souligner que les ordonnances royales revêtent un caractère plutôt indicatif, car les pratiques héraldiques semblent avoir été très diversifiées36.

26Ce qui nous semble important de souligner est la coïncidence entre la rigidité de la transmission progressivement imposée aux aînés et le cadre plus flexible alloué aux cadets : ce périmètre devient l’espace préférentiel pour faire circuler les éléments de plusieurs ancêtres, et c’est là que se produit aussi l’effet de répétition du réservoir de noms de famille qui marque la distinction aristocratique, et qui participe vraisemblablement à la formation d’un groupe curial. Par principe, les aînés représentent la chaîne de continuité des pouvoirs seigneuriaux, tandis que, dans le fonctionnement de ce système, les cadets incarnent la cohésion du groupe aristocratique par le biais de la réitération des rapports sociaux.

  • 37 L. F. Pontes, Do mundo da corte ao mundo da memória – subsídios para o estudo da mentalidade caval (...)
  • 38 Livro do Armeiro-Mor, p. 59.
  • 39 Cf. L. Távora, O Estudo da Sigilografia Medieval Portuguesa, Lisbonne, 1983, p. 108-110; M. Santos(...)
  • 40 Livro do Armeiro-Mor, p. 59.

27L’exemple en est la descendance de Lopo de Almeida, comte d’Abrantes. L’aîné et successeur porte le nom et les armes de son père37. Parallèlement, un autre fils, Diogo Fernandes de Almeida, supérieur de l’ordre de Saint-Jean, garde le nom du père ainsi que ses armes, reprises par l’aîné, mais en y introduisant une croix pour les distinguer38. D. Jorge de Almeida, évêque de Coimbra, a aussi gardé le nom du père, mais son écu associe les armes du père et de la mère, d’après plusieurs témoignages épigraphiques et sigillographiques39. Finalement, Pedro da Silva a repris le nom de la mère, tout en associant dans son écu les armes paternelles et maternelles40. Cet exemple suggère aussi un rapport double entre noms et armoiries, surtout au niveau des cadets : l’évêque de Coimbra et Pedro da Silva portent les mêmes armoiries, mais utilisent des noms différents, évoquant le père et la mère. Il faudra élargir l’enquête pour disposer de données parallèles entre armoiries et noms, afin d’établir une relation plus solide entre ces deux éléments dans l’espace des parentèles où ces symboles ont circulé d’une manière plus dynamique, c’est-à-dire au niveau des cadets. Pour l’instant, le seul fait que l’on peut établir est que la transmission des armoiries du père est parallèle à la transmission de son nom, mais des exceptions ne sont pas à exclure.

28Les choix des femmes s’orientent dans le même sens : elles reprennent les armes paternelles, maternelles, ou une combinaison des deux. L’écu de Maria de Lima, placé sur son tombeau à Ponte de Lima, est un écartelé composé des armes du père et de la mère. Celui de Maria de Castro, gravé sur une plaque tombale au monastère de Santa Clara de Coimbra, présente un écu avec les armes du père (elles-mêmes un écu qui articule les armes du père et de la mère) en position supérieure, et un autre composé des armes maternelles (Fig. 4)41.

Fig. 4. Plaque tombale de Vasco Fernandes Coutinho (à droite) et de Maria de Lima (à gauche) au monastère de Santo António (Ponte de Lima)

Fig. 4. Plaque tombale de Vasco Fernandes Coutinho (à droite) et de Maria de Lima (à gauche) au monastère de Santo António (Ponte de Lima)

L’écu écartelé de Maria de Lima présente les armoiries de son père en I et IV (Leonel de Lima) et de sa mère en II et III (Filipa da Cunha)

© Museu dos Terceiros, Município de Ponte de Lima

  • 42 La distinction du type de biens détenus par l’aristocratie, ainsi que les différentes manières de (...)
  • 43 L’importance de la « maison » comme cadre de référence et de discipline individuel autour d’une en (...)

29Les contraintes extérieures à la parenté semblent s’imposer progressivement. Comme pour les noms, ce phénomène a certainement un rapport direct avec le poids croissant de la succession dans l’organisation et la transmission du pouvoir aristocratique. Nous l’avons déjà mentionné, mais il faut insister sur le fait qu’entre 1380 et 1530 les biens de succession sont de plus en plus importants42 ; ils constituent en fait une partie essentielle de la structuration d’un système fondé sur la maison, qui « substantialise » un groupe de parenté défini et constamment structuré autour d’une identité matérielle et symbolique subsumée et réifiée dans la représentation de la casa (« maison »)43. L’unité de la maison, formée par l’agrégation des biens de succession et des symboles (comme les armoiries et les noms), explique que les aînés soient soumis à un cadre beaucoup plus strict lors de la transmission des noms et des armoiries. Parallèlement, les biens d’héritage circulaient parmi les cadets, ainsi que la fortune symbolique des parentèles qui, elle, provenait de plusieurs branches, soit de l’ascendance paternelle, soit de l’ascendance maternelle.

30Il est néanmoins intéressant d’observer comment quelques écus désormais réservés aux aînés et associés à une certaine seigneurie et/ou majorats ont été formés. Ces cas, qui normalement précèdent la consolidation du système à maisons, démontrent l’articulation entre la parenté et les logiques sociales avec lesquelles elle s’articule. L’exemple le plus probant est probablement celui des Albuquerque.

Fig. 5. La transmission du nom et des armoiries des Albuquerque

Fig. 5. La transmission du nom et des armoiries des Albuquerque

Généalogie simplifiée.

© M. Aguiar

  • 44 A. B. Freire, Brasões da sala de Sintra, Lisbonne, 1996, vol. 1, p. 166-167. Une photo de l’écu de (...)

31Tout d’abord, nous savons que le nom Albuquerque est passé au moins deux fois par des femmes. L’un de ces couples, formé par Teresa de Albuquerque et Vasco Martins da Cunha, a eu plusieurs enfants. L’aîné devient l’évêque de Guarda et garde le nom du père, mais il conserve aussi, dans un écu écartelé, ses armoiries et les armoiries du Portugal provenant de sa mère, descendante en quatrième génération du roi Denis44. Son frère Pêro Vasques garde aussi le nom du père, mais sa descendance prend plutôt le nom de sa grand-mère maternelle. Son fils aîné, João de Albuquerque, porte un écu écartelé qui place les armes du Portugal en I et IV, qui proviennent du roi Denis, les fleurs de lys en III, provenant d’un fils du roi Denis qui était seigneur de la ville d’Albuquerque, et finalement les armes du père en II. Même si ces choix s’opèrent toujours dans l’ascendance paternelle de João de Albuquerque, la partie la plus substantielle et la plus honorable, puisqu’associée à la Couronne portugaise, provient de sa grand-mère (Fig. 5 et 6).

Fig. 6. Écu écartelé avec les armoiries de João de Albuquerque dans son tombeau

Fig. 6. Écu écartelé avec les armoiries de João de Albuquerque dans son tombeau

Les armes du Portugal en I et IV, et les fleurs de lys en II, proviennent de sa grand-mère paternelle, Teresa de Albuquerque. En III se trouvent les armoiries de son père, Pêro Vasques da Cunha.

© Museu d’Aveiro

Fig. 7. Losange de Helena Pereira, épouse de João de Albuquerque

Fig. 7. Losange de Helena Pereira, épouse de João de Albuquerque

Dans la partie droite de l’écu se trouvent les armoiries de son mari, João de Albuquerque ; à gauche, les armoiries de son père.

© Museu d’Aveiro

  • 45 R. C. Gomes, A corte dos reis de Portugal no final da Idade Média, Lisbonne, 1995, p. 145 ; A. Pel (...)
  • 46 L’écu est notamment visible dans le portrait commandé par le vice-roi João de Castro, dans le fron (...)

32La descendance de l’autre couple, Leonor de Albuquerque et João Gonçalves Gomide, reprend aussi les fleurs de lys et les armes du Portugal. Dans ce cas, les armoiries du père sont abandonnées, probablement à cause de la condamnation de João Gonçalves pour fraude en tant qu’officier du prince Duarte45. D’après plusieurs témoignages, un des petits-enfants de ce couple, Afonso de Albuquerque, gouverneur d’Inde, a utilisé un écu écartelé avec les armoiries du Portugal et les cinq fleurs de lys46.

  • 47 Des photos prises dans le paço de Giela, à Arcos de Valdevez, peuvent être consultées sur le blog (...)

33Le cas des armes des vicomtes de Vila Nova de Cerveira est similaire. Leonel de Lima, le premier vicomte, associe les armes paternelles du côté droit de l’écu, tandis que dans l’écartelé placé à gauche il associe les armes de sa mère et celles de sa grand-mère paternelle. À partir de ce moment-là, cet écu devient l’armoirie des vicomtes de Vila Nova de Cerveira, placé successivement dans les lieux les plus symboliques, comme dans le paço de Giela, ou sur le monument funéraire du petit-fils du premier vicomte, Francisco de Lima47. Parallèlement, et tel que déjà décrit, les cadets – comme Maria de Lima – portent plusieurs armoiries et les noms des ascendants. D’autres exemples pourraient être ajoutés, mais le principe structurant est le même et il correspond en tous points à celui des noms.

Hypothèses

34En prenant une image métaphorique, les éléments présentés suggèrent donc l’articulation entre une dimension verticale et une autre horizontale : l’une surtout associée à la succession, l’autre à l’héritage. Le principe vertical pousse au prolongement des éléments appartenant aux ancêtres paternels, et se manifeste de façon de plus en plus rigide chez les aînés. C’est aussi une conséquence d’un cadre beaucoup plus strict de la transmission des seigneuries données par la Couronne, qui constituent justement la partie la plus substantielle du pouvoir seigneurial exercé par l’aristocratie, et qui est aussi l’élément socialement le plus valorisé. Le principe est le même pour les majorats fondés par les aristocrates, dont les chartes d’institution fixent souvent l’obligation de la transmission du nom et des armoiries puisqu’ils incarnent, en parallèle avec les biens matériels, la substance d’un corps familial prolongé dans l’avenir. On y voit vraisemblablement l’embryon d’un système à « maisons », d’une succession d’héritiers qui associent terres, noms et armoiries, résultat du poids de plus en plus élevé de la succession dans la reproduction d’une partie substantielle du pouvoir aristocratique. Dans ce processus, la rigidité de la transmission matérielle et symbolique aux aînés devient logique, bien qu’elle ne montre qu’une partie des rapports sociaux fondamentaux pour la reproduction sociale du groupe.

  • 48 J. Morsel, « Le médiéviste, le lignage et l’effet de réel. La construction du Geschlecht par l’arc (...)
  • 49 M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale…, vol. 1, p. 417-461 et 538-671.

35À l’ombre des représentations structurées par les rapports entre père et aînés, que l’on peut considérer comme écrasantes dans la mesure où une grande quantité des documents produits et conservés répondent à cette logique48, coexiste une multitude de pratiques sociales encadrées par un principe de circulation et de partage, mettant en valeur les rapports cognatiques de parenté. Le schéma démontre alors une transmission qui englobe tous les membres des parentèles, organisée cependant par une hiérarchie résultant des contraintes sociales associées au maintien des principes de pouvoir du groupe. La circulation d’un réservoir de noms associé aux hiérarchies les plus élevées de l’aristocratie laïque, ainsi que nous l’avons vu, va de pair notamment avec plusieurs aspects impossibles à analyser en détail ici, mais que nous voudrions tout de même énoncer car ils sont issus d’une approche globale menée dans notre thèse de doctorat49. D’abord, une pratique de transmission de l’héritage qui touche tous les enfants, et normalement sous la forme de dots pour les femmes. D’ailleurs, l’alliance joue un rôle essentiel dans l’intégration sociale de ces parentèles, visible également dans les écus féminins. Un système d’alliances organisé par l’endogamie sociale, cependant tendanciellement exogame (c’est-à-dire évitant d’épouser des consanguins proches), densifiait les rapports sociaux entre les différentes parentèles de l’aristocratie curiale. Une partie de la cohésion du groupe était ainsi bâtie sur la quantité de rapports entre ses membres, dans un espace social progressivement fermé, mais simultanément dynamique. À notre avis, cette logique éclaire le fait qu’un nombre substantiel de noms et d’armoiries circulait parmi les cadets, aboutissant à une logique de répétitions qui, selon notre hypothèse, aurait pour conséquence la réitération des rapports sociaux et de parenté au niveau curial.

36La combinaison de ces éléments renforçait et reproduisait la cohésion du groupe, et une sorte de distinction tendait à se construire à partir d’une identité commune, fondée sur le partage de l’appartenance au cercle royal, sur la possession des bases seigneuriales de pouvoir, et sur la répétition assez fréquente d’un réservoir de noms et de symboles. Il s’agit de l’un des processus à l’origine de la construction du groupe des « Grandes » qui formeront, en Castille ainsi qu’au Portugal, le sommet de l’aristocratie laïque. Tout au moins dans le cas portugais, une partie essentielle des pratiques sociales qui ont rendu possible la reproduction du groupe se manifeste à travers un principe de partage et de circulation établi sur la densification des rapports. Malgré le discours lignager et vertical dominant, cette circulation, essentielle à la cohésion du groupe, passait par des rapports sociaux combinant verticalité et horizontalité, qui articulaient, dans la diachronie ainsi que dans la synchronie, une notion d’appartenance et possiblement de distinction face aux couches moins élevées de l’aristocratie laïque.

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Notes

1 L. Hablot, Manuel d’héraldique emblématique médiévale, Tours, 2019, p. 48 et 64-68. Comme l’a remarqué P. Bourdieu (« Sur le pouvoir symbolique », Annales, 32/3 (1977), p. 410-411, ici p. 410), « [l]e pouvoir symbolique comme pouvoir de constituer le donné par l’énonciation, de faire voir et de faire croire, de confirmer ou de transformer la vision du monde et, par là, l’action sur le monde, donc le monde, pouvoir quasi magique qui permet d’obtenir l’équivalent de ce qui est obtenu par la force (physique ou économique), grâce à l’effet spécifique de mobilisation, ne s’exerce que s’il est reconnu, c’est-à-dire méconnu comme arbitraire ».

2 Il faut toutefois souligner l’importance de l’étude exceptionnelle de M. Nassiet, « Nom et blason. Un discours de la filiation et de l’alliance (xive-xviiie siècle) », L’Homme, 34/129 (1994), p. 18-20, dont l’approche n’a pas été suivie aussi régulièrement que souhaitable. En effet, ses travaux ont inspiré un nombre substantiel de questions évoquées dans cet article. Pour ce qui concerne la péninsule Ibérique, il faut mentionner comme référence les travaux de F. Menendez Pidal de Navascués, notamment « El linaje y sus signos de identidad », En la España Medieval, n° extra 1 (2006) (M. Á. Ladero Quesada éd., Estudios de genealogía, heráldica y nobiliaria), p. 12-28.

3 Le caractère cognatique du système de parenté médiévale – au moins si l’on considère la terminologie adoptée par l’anthropologie pour l’étude des systèmes de parenté dans le monde –, ainsi que les rapports avec les contraintes sociales mentionnées, a été maintes fois souligné par A. Guerreau-Jalabert depuis les années 1980 : « Sur les structures de parenté dans l’Europe médiévale », Annales, 36/6 (1981), p. 1028-1049 ; « La parenté dans l’Europe médiévale et moderne : à propos d’une synthèse récente », L’Homme, 29/110 (1989), p. 69-93.

4 Ce cadre global a été aussi observé par E. Soria Mesa pour la noblesse espagnole de l’époque moderne : La nobleza en la España moderna : cambio y continuidad, Madrid, 2007, p. 284-287.

5 Les données présentées dans ce travail proviennent essentiellement de notre thèse de doctorat, soutenue en juin 2021 : M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale au Portugal à la fin du Moyen Âge, dir. J. A. de Sottomayor-Pizarro, J. Morsel, Universidade do Porto/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en ligne [https://repositorio-aberto.up.pt/handle/10216/135875]. Nous nous sommes intéressé à l’étude des rapports de parenté de sept lignages de l’aristocratie curiale portugaise, entre 1380 et 1530, notamment leurs pratiques de transmission et d’alliance.

6 En d’autres termes, l’ascension des structures et institutions monarchiques est indissociable d’une logique plus profonde dans laquelle l’existence de groupes aristocratiques dominants – aussi classifiés soient-ils – est une évidence. Sur ce sujet, voir notamment J. Morsel, L’Aristocratie médiévale. La domination sociale en Occident (ve-xve siècle), Paris, 2004, p. 289-295.

7 M. S. da Cunha, N. G. Monteiro, « Aristocracia, poder e família em Portugal, séculos xv-xviii », dans M. S. da Cunha, J. Hernández Franco éd., Sociedade, família e poder na Península Ibérica : elementos para uma história comparativa/Sociedad, familia y poder en la Península Ibérica : elementos para una historia comparada, Évora, 2010, p. 47-75.

8 L’apposition du patronyme se raréfie cependant au cours du xve siècle.

9 I. Gonçalves, « Do uso do patronímico na baixa Idade Média portuguesa », dans M. J. Barroca éd., Carlos Alberto Ferreira de Almeida : In memoriam, Porto, 1999, vol. 1, p. 347-363.

10 L. Távora, Introdução ao estudo da heráldica, Lisbonne, 1992, p. 41-45.

11 L. Hablot, Manuel d’héraldique…, p. 48 et 64-68.

12 É. Haddad, « Qu’est-ce qu’une “maison” ? De Lévi-Strauss aux recherches anthropologiques et historiques récentes », L’Homme, 212 (2014), p. 109-138.

13 Il s’agit d’une question historiographique à résoudre, mais selon notre enquête la notion de « maison » comme un ensemble de biens matériels et immatériels qu’il faut transmettre et qui se superpose aux « choix individuels » s’affirme de plus en plus à partir de la seconde moitié du xve siècle. Du point de vue des pratiques de transmission onomastique et héraldique, ce changement se perçoit principalement dans le cadre de plus en plus strict qui régit la transmission des armoiries des aînés, et que nous allons détailler dans cet article. Étant donné que l’extension chronologique de ce travail englobe cette transformation, nous préférons mentionner ensemble les notions de « lignage » et de « maison ».

14 Devant limiter la longueur de cette étude, nous laisserons de côté dans cet article la question de l’alliance, qui se matérialise surtout dans les écus féminins, associant les armoiries paternelles et maternelles.

15 M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale…, vol. 1, p. 474-503.

16 M. M. de Seixas, « Bibliografia de heráldica medieval portuguesa », dans M. M. de Seixas, M. de L. Rosa éd., Estudos de heráldica medieval, Lisbonne, 2012, p. 521-522.

17 Dans ce sens, il faut souligner l’importance des travaux de Maria do Rosário Morujão, en particulier A. Saraiva, M. Morujão, M. M. de Seixas, « L’héraldique dans les sceaux du clergé séculier portugais (xiiie-xve siècles) », dans Y. Loskoutoff éd., Héraldique et numismatique II : Moyen Âge – Temps modernes, Mont-Saint-Aignan, p. 54-179.

18 N. G. Monteiro, « Os nomes de família em Portugal : uma breve perspectiva histórica », Etnográfica, 12/1 (2008), p. 45-58 (p. 50).

19 Joana et Mécia de Castro, filles d’Álvaro Gonçalves d’Ataíde et de Guiomar de Castro (Monumenta Henricina, Coimbra, 1960-1974, vol. 12, p. 42 ; et Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 11, f. 8).

20 On le voit notamment dans son contrat de mariage, célébré en 1504 (Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Manuel, L. 19, f. 24v-26).

21 Sur les majorats, ainsi que sur les devoirs et les figures des successeurs, voir M. de L. Rosa, O Morgadio em Portugal – sécs. xiv-xv, Lisbonne, 1995 ; Ead., « Preventing Household Failure : Figures of Authority in Familial Corporate Bodies (The Portuguese Morgadio System from the Fourteenth to the Seventeenth Century) », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 22 (2020), [https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/acrh/11096].

22 M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale…, vol. 1, p. 448-455 et 567-585.

23 M. de L. Rosa, « Elementos para o estudo dos usos da heráldica a partir da produção documental familiar (Portugal, sécs. xiv-xvi) », dans M. M. de Seixas, M. de L. Rosa éd., Estudos de heráldica medieval..., p. 333-353.

24 M. Nassiet, « Nom et blason… » ; C. Maurel, « Un artifice contre l’extinction des familles ? La substitution de nom et d’armes à Marseille (fin xive-fin xve siècles) », Médiévales, 19 (1990), p. 29-35.

25 A. Sousa, Provas da história genealógica da Casa Real Portuguesa, Coimbra, 1946-1954, t. 6, 1ª parte, p. 202-212. Parmi d’autres documents, une charte de donation datée de 1519 démontre que le fils aîné du couple, successeur du comté de Monsanto, a porté le nom de la mère (Lisboa, AN Torre do Tombo, Leitura Nova, L. 3 da Beira, f. 141v-142v), tandis que certains de ses frères ont adopté le nom du père.

26 Plusieurs chartes d’institution des majorats soulignent que leur création répond au besoin de « faire vivre » leurs fondateurs, non seulement à travers la répétition du nom de famille (les prénoms ne sont pas mentionnés dans le corpus que nous avons travaillé), mais aussi par le biais des dépenses annuelles concernant le soin des âmes. La dimension rituelle et répétitive de ces pratiques avait pour objectif de conserver la mémoire présente du fondateur. Voici un exemple donné par le chroniqueur Rui de Pina dans la charte de fondation de son majorat : « Porque desta prouidencia de que assy vsaram nom soomente pareçe que estes tiraram aa morte seu grande poder pois per esta dina memoria nas memoreas dos homeens viuem pera sempre », dans C. Radulet, A. Saldanha, E. Nunes éd., Instituição de Capela e Morgado do cronista Rui de Pina – Códice quinhentista iluminado atribuído a António de Holanda, Lisbonne, 1989, p. 12.

27 Gonçalo de Albuquerque, mentionné dans une charte de confirmation de la seigneurie de Vila Verde de Francos en tant que fils aîné et légitime de João Gonçalves Gomide et de Leonor de Albuquerque (1456, Lisboa, AN Torre do Tombo, Leitura Nova, L. 5 de Místicos, f. 168). Son frère Pedro de Albuquerque est aussi mentionné avec ce nom de famille dans une charte de 1466 (Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 29, f. 60).

28 M. de L. Rosa, O Morgadio…, p. 108-110. Une dynamique semblable est observée, par exemple, dans les fidéicommis fondés en France : A. Solignat, « Fidéicommis et hégémonie politique de la noblesse auvergnate au xvie siècle », Mélanges de l’École française de Rome – Italie et Méditerranée modernes et contemporaines, 124/2 (2012), en ligne [https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/mefrim/734].

29 L’un de ces cas sera repris lors de la présentation des données sur l’héraldique, dans la mesure où il constitue une occurrence particulière et bien documentée.

30 1472, dans son contrat de mariage : Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 29, f. 163-163v.

31 Charte de 1454 : Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 10, f. 38.

32 Charte de donation de 1468 : Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 28, f. 122v.

33 Pedro de Sotomaior est mentionné fils de Leonel de Lima et « moço fidalgo da casa do rei » dans une charte de 1465 (Lisboa, AN Torre do Tombo, Chancelaria de D. Afonso V, L. 9, f. 65v). Le nom Sotomaior pour Inês est aussi mentionné dans deux nobiliaires : C. Morais, Pedatura Lusitana, Porto, 1943-1948, t. 1, vol. 1, p. 435 ; F. Gayo, Nobiliário das Famílias de Portugal, Braga, 1938-1940, t. 17, p. 121.

34 Sur ce sujet, voir aussi notamment l’étude de J. Morsel, « Dénomination et représentation sigillaire de l’identité féminine (xiiie-xive siècles) », dans id., Noblesse, parenté et reproduction sociale à la fin du Moyen Âge, Paris, 2017, p. 91-110.

35 Ordenações Manuelinas (edição fac-similada da edição feita em Coimbra, Real Imprensa da Universidade, 1797), Lisbonne, 1984, lv. 2, t. 37, p. 197-200 ; M. A. Norton, « Evolução na ordenação dos brasões de família », Armas e Troféus, IX série (2002/2003), p. 497-512.

36 Sur cette question, voir notamment l’étude de M. M. de Seixas, J. Galvão-Telles, « “E tragam as armas dos Costa direitas em todos os lugares e peças”. O património armoriado de D. Álvaro da Costa e de sua descendência : uma estratégia de comunicação ? », dans M. de L. Rosa éd., D. Álvaro da Costa e a sua descendência, séculos xv-xvii : Poder, Arte e Devoção, Lisbonne, 2013, p. 319-342.

37 L. F. Pontes, Do mundo da corte ao mundo da memória – subsídios para o estudo da mentalidade cavaleiresca da nobreza portuguesa : 1400-1521, mémoire de master, Universidade Nova de Lisboa, 2008, p. 153-154 et 207 ; Livro do Armeiro-Mor, Lisbonne, 2007, p. 58.

38 Livro do Armeiro-Mor, p. 59.

39 Cf. L. Távora, O Estudo da Sigilografia Medieval Portuguesa, Lisbonne, 1983, p. 108-110; M. Santos, « Entre o báculo e o brasão : uma aproximação à heráldica de D. Jorge de Almeida (1482-1543) », Armas e Troféus, série IX (2013), p. 405-420. Une photo d’une plaque de céramique avec les armes de l’évêque peut être vue sur le blog Solares e Brasões, [http://solaresebrasoes.blogspot.com/2019/03/placa-ceramica-com-as-armas-do-bispo-de.html]. Outre le tombeau, son écu se trouve aussi dans les fonts baptismaux de la cathédrale de Coimbra, [http://solaresebrasoes.blogspot.com/2017/08/pia-baptismal-na-se-velha-de-coimbra.html]. Sur l’héraldique ecclésiastique au Portugal, voir M. M. Seixas, « A heráldica dos bispos de Lisboa », dans J. L. I. Fontes éd., Bispos e Arcebispos de Lisboa, Lisbonne, 2018, p. 691-701. Sur l’héraldique dans les sceaux du clergé portugais, voir A. Saraiva, M. Morujão, M. M. de Seixas, « L’héraldique dans les sceaux du clergé séculier portugais… ».

40 Livro do Armeiro-Mor, p. 59.

41 Une photo peut être vue sur le blog Solares e Brasões, [http://solaresebrasoes.blogspot.com/2015/12/mosteiro-de-santa-clara-velha-coimbra.html].

42 La distinction du type de biens détenus par l’aristocratie, ainsi que les différentes manières de les transmettre, est un fait bien établi dans la bibliographie concernant cette période (voir notamment D. W Sabean, S. Teuscher, « Kinship in Europe. A New Approach to a Long-Term Development », dans D. W. Sabean, S. Teuscher, J. Mathieu éd., Kinship in Europe. Approaches to Long-Term Development (1300-1900), New York/Oxford, 2007, p. 1-32).

43 L’importance de la « maison » comme cadre de référence et de discipline individuel autour d’une entité collective et, d’une certaine manière, transcendante car incarnée par des morts et des vivants, a été soulignée par les historiens ibériques travaillant sur les xvie et xviie siècles : M. S. da Cunha, N. G. Monteiro, « Aristocracia, Poder… » ; J. Hernández Franco, R. A. Rodríguez Pérez, « Estrategias, prácticas y actores : avances en los estudios sobre linajes castellanos, a partir de la sociohistoria », Magallánica. Revista de Historia Moderna, 1/2 (2015), p. 7-29.

44 A. B. Freire, Brasões da sala de Sintra, Lisbonne, 1996, vol. 1, p. 166-167. Une photo de l’écu de l’évêque, gravé sur la façade de la cathédrale de Guarda, peut être consultée sur le blog Solares e Brasões, [http://solaresebrasoes.blogspot.com/2015/08/exterior-da-se-catedral-da-guarda.html].

45 R. C. Gomes, A corte dos reis de Portugal no final da Idade Média, Lisbonne, 1995, p. 145 ; A. Pelúcia, Afonso de Albuquerque : Corte, Cruzada e Império, Lisbonne, 2016, p. 50-61.

46 L’écu est notamment visible dans le portrait commandé par le vice-roi João de Castro, dans le frontispice des Comentários do Grande Afonso de Albuquerque, ouvrage composé par le fils d’Afonso en 1576, et dans le livre de Lisuarte Pereira (cependant, ce dernier témoignage change l’ordre des armoiries dans l’écu). Voir : A. Reis, A Galeria dos Vice-Reis e Governadores da Índia Portuguesa : percurso para a definição de uma metodologia de intervenção, mémoire de master, Universidade Católica Portuguesa, 2014, p. 69-83 (p. 71) ; F. Azevedo, « Nota heráldica sobre a página de rosto dos Commentarios de Afonso Dalboquerque », Hidalguía, 331/2 (2008), p. 817-825. Le frontispice des commentaires peut être consulté dans la collection digitale de la Bibliothèque nationale du Portugal : [https://purl.pt/12116].

47 Des photos prises dans le paço de Giela, à Arcos de Valdevez, peuvent être consultées sur le blog Solares e Brasões, [http://solaresebrasoes.blogspot.com/2019/09/paco-de-giela-arcos-de-valdevez.html]. Voir aussi J. A. de Sottomayor-Pizarro, « A família Lima entre a Galiza e Portugal (séculos xii a xvi) », dans J. A. de Sottomayor-Pizarro, M. J. Barroca éd., Paço de Giela : história de um monumento, Arcos de Valdevez, 2015, p. 64 ; Livro do Armeiro Mor, p. 60.

48 J. Morsel, « Le médiéviste, le lignage et l’effet de réel. La construction du Geschlecht par l’archive en Haute-Allemagne à partir de la fin du Moyen Âge », Revue de Synthèse, 125 (2004), p. 83-110.

49 M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale…, vol. 1, p. 417-461 et 538-671.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Distribution des noms par ancêtre
Crédits D’après M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale au Portugal à la fin du Moyen Âge, dir. J. A. de Sottomayor-Pizarro, J. Morsel, Universidade do Porto/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne [https://repositorio-aberto.up.pt/​handle/​10216/​135875].
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12495/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Titre Fig. 2. Distribution de la transmission du nom
Crédits D’après M. Aguiar, Aristocratie, parenté et reproduction sociale au Portugal à la fin du Moyen Âge, dir. J. A. de Sottomayor-Pizarro, J. Morsel, Universidade do Porto/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne [https://repositorio-aberto.up.pt/​handle/​10216/​135875].
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12495/img-2.jpg
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Titre Fig. 4. Plaque tombale de Vasco Fernandes Coutinho (à droite) et de Maria de Lima (à gauche) au monastère de Santo António (Ponte de Lima)
Légende L’écu écartelé de Maria de Lima présente les armoiries de son père en I et IV (Leonel de Lima) et de sa mère en II et III (Filipa da Cunha)
Crédits © Museu dos Terceiros, Município de Ponte de Lima
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12495/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 139k
Titre Fig. 5. La transmission du nom et des armoiries des Albuquerque
Légende Généalogie simplifiée.
Crédits © M. Aguiar
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12495/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 48k
Titre Fig. 6. Écu écartelé avec les armoiries de João de Albuquerque dans son tombeau
Légende Les armes du Portugal en I et IV, et les fleurs de lys en II, proviennent de sa grand-mère paternelle, Teresa de Albuquerque. En III se trouvent les armoiries de son père, Pêro Vasques da Cunha.
Crédits © Museu d’Aveiro
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12495/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Titre Fig. 7. Losange de Helena Pereira, épouse de João de Albuquerque
Légende Dans la partie droite de l’écu se trouvent les armoiries de son mari, João de Albuquerque ; à gauche, les armoiries de son père.
Crédits © Museu d’Aveiro
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/docannexe/image/12495/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 262k
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Pour citer cet article

Référence papier

Miguel Aguiar, « Noms et armoiries : succession et héritage dans l’aristocratie portugaise à la fin du Moyen Âge »Médiévales, 84 | 2023, 133-154.

Référence électronique

Miguel Aguiar, « Noms et armoiries : succession et héritage dans l’aristocratie portugaise à la fin du Moyen Âge »Médiévales [En ligne], 84 | printemps 2023, mis en ligne le 02 janvier 2025, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/12495 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/medievales.12495

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Auteur

Miguel Aguiar

Instituto de Estudos Medievais – NOVA FCSH

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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