Sources archéologiques et sources documentaires. Bilan et perspectives pour une approche pluridisciplinaire d’un cadastre siennois du xive siècle : la Tavola delle possessioni (1316-1320)
Résumés
Sources archéologiques et sources documentaires. Bilan et perspectives pour une approche pluridisciplinaire d’un cadastre siennois du xive siècle : la Tavola delle possessioni (1316-1320)
Ce qu’on appelle communément Tavola delle possessioni est une sorte de cadastre parcellaire, réalisé par la commune de Sienne entre 1316 et 1320. Suivant une approche archéologique, cet article s’interroge sur les domaines de recherche les plus susceptibles d’être concernés par la Tavola et de contribuer à son exploitation comme source pour l’histoire matérielle. Le rapport le plus immédiat est celui avec l’archéologie de l’habitat. Selon une approche plus générale, la Tavola permet aussi la reconstruction d’une image fiable du peuplement du xive siècle. Une intégration plus poussée entre sources documentaires et matérielles peut être atteinte à travers l’archéologie des paysages, compte tenu de la possibilité offerte par la Tavola de mener une prospection analytique des milieux ruraux habités.
archéologie, cadastres, histoire rurale, historiographie, Italie, Sienne, toponymes
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Un bilan historiographique1
- 1 Ce texte s’inspire du rapport présenté au workshop Peuplement et transformation de l’hab (...)
- 2 R. Zangheri, Catasti e storia della proprietà terriera, Turin, 1980 ; A. Rigau (...)
- 3 S. Vitali, Passato digitale. Le fonti dello storico nell’era del computer, Milan, (...)
1On sait qu’à partir des jalons que représentent les recherches de Marc Bloch et de Pierre Toubert, le questionnement géographique à propos des relations entre société et paysage a joué un rôle central dans le domaine des études médiévales, tant sur le plan de la recherche documentaire que de la recherche archéologique. Plus récemment, à la suite des progrès extraordinaires liés à l’application de l’informatique à la reconstruction des contextes médiévaux, des sources documentaires susceptibles d’une approche analytique quantitative ont été mises en valeur, comme c’est le cas de celles de nature fiscale. Dans ce contexte, des documents tels que les livres d’estimes, les compoix et les cadastres constituent un objet de recherche particulièrement privilégié, puisqu’ils apportent une masse gigantesque d’informations produites et organisées à la suite d’un processus de formalisation et de normalisation2. En ce qui concerne les cadastres, ces masses de données sont caractérisées par des références géographiques ponctuelles et peuvent donc être utilement transférées dans des bases de données territoriales3. Il est ainsi possible de mettre en relation ce grand nombre d’informations avec les éléments géographiques (hydrographie, orographie, pédologie, etc.), avec les indications toponymiques (collectées sur le terrain ou déduites de la cartographie historique) et avec des bases de données archéologiques. La collecte des données concerne à la fois les parcelles cadastrales individuelles recensées et leurs références de confins, dont l’utilisation requiert des précautions analytiques particulières aussi bien à la lecture que lors de l’organisation des données.
- 4 Pour une vision générale de la source dans le panorama siennois du début du xi (...)
2Ce qu’on appelle communément la Tavola delle possessioni est une sorte de cadastre parcellaire, réalisé par la commune de Sienne entre 1316 et 1320. Il s’agit probablement d’une opération destinée à donner à voir – dans le domaine fiscal – l’ordre politique, économique et social en voie de consolidation après les convulsions politico-militaires qui ont suivi l’« entreprise » d’Henri VII4. Nous sommes en effet à la veille de la période la plus heureuse du système politique siennois dit des Neuf : un régime populaire, avec au sommet un conseil restreint de neuf membres renouvelé bimestriellement et composé de marchands de niveau intermédiaire (« mercanti di mezzana gente »), soutenu ou du moins accepté par une bonne partie des principales familles de l’aristocratie mercantile et bancaire siennoise (les « casati »), qui en étaient pourtant formellement exclues.
- 5 R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni” come fonte per lo studio del te (...)
- 6 Pour les considérations exprimées ici, voir ibid., p. 213-214 ; R. Farinelli, (...)
- 7 Cf. Siena, Archivio di Stato, Estimo, inventaire de la salle d’étude n. 15, av (...)
3Au début des opérations, on a procédé d’abord à la mesure de chacun des immeubles à recenser : la mesure linéaire et le calcul de la superficie de la parcelle (mensuratio et tabulatio) et ensuite l’estimation des biens à collecter (extimatio et appretiatio). Les deux premières opérations étaient effectuées sur place par des techniciens spécialisés, tandis que les autres concernaient le travail de notaires sous la supervision des Signori della Tavola, choisis parmi les représentants influents de la classe dirigeante5. La description de chaque parcelle fait expressément référence à l’extension des terrains (fig. 1), à la typologie des immeubles, à l’utilisation des sols (fig. 2) et – dans une certaine mesure – aux modes de gestion, ainsi qu’à l’estimation unitaire (livres, sous, deniers par staioro) (fig. 3) et à l’attribution d’une valeur cadastrale totale à la parcelle6. Comme aucun support cartographique n’était prévu, contrairement à ce qui se passe dans le cas des cadastres modernes, la localisation des biens décrits est effectuée au moyen de références toponymiques précises (loci dicti, contrate, etc.) (fig. 4) et de limites des parcelles (fig. 5), mais aussi – d’une façon indirecte – grâce à un système de références aux cahiers préparatoires (appelés tavolette preparatorie) (fig. 6) rédigés « sur » et « dans le champ » selon un ordre topographique (fig. 7), préalablement à la rédaction des grands registres cadastraux. Ces derniers ont été conçus en vue de regrouper les descriptions des parcelles de chaque propriétaire, puis de rassembler les descriptions des patrimoines fonciers sous le nom de chaque circonscription rurale (curia) ou urbaine (lira), selon la résidence du propriétaire (fig. 8). En ce qui concerne les registres cadastraux d’origine, les Archives d’État de Sienne – en plus des fragments supplémentaires récemment découverts par Michele Pellegrini – n’en conservent aujourd’hui que 94 concernant les propriétaires résidant dans les communautés (curie) du contado et 50 concernant les propriétaires résidant en ville, ces derniers registres étant par ailleurs très riches en références à des biens situés en milieu rural. Seuls 96 cahiers préparatoires initiaux, sur plus de 500, ont été conservés7. Ces cahiers conservés sont inestimables sur le plan du potentiel d’analyse topographique, bien qu’une analyse minutieuse des données contenues dans les grands registres cadastraux puisse permettre – comme nous le verrons – une reconstruction sommaire de plus de 400 registres perdus.
Fig. 1. L’extension des terrains : la mesure des surfaces en staiori et tavole (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v).

Fig. 2. L’utilisation des sols : les types de culture (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v).

Fig. 3. L’estimation des terrains en livres, sous et deniers (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. c. 231r ; Estimo 227, f. 21v).

Fig. 4. La localisation des biens : les vocabuli et les loci dicti (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v).

Fig. 5. La localisation des biens : les limites des parcelles et le voisinage (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v).

Fig. 6. La localisation des biens : références aux cahiers préparatoires (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. couverture).

Fig. 7. Toponymes enregistrés sur la même feuille d’un cahier préparatoire (Siena, Archivio di Stato, Estimo 229, f. 5r).

Fig. 8. Les descriptions des patrimoines de chaque propriétaire dans le registre cadastral de Rocca Tederighi (Siena, Archivio di Stato, Estimo 54, f. Ir, IVr, 199r).

- 8 D. Herlihy et C. Klapisch-Zuber, Les Toscans et leurs familles. Une étude du Catasto flo (...)
- 9 Outre les travaux de Giovanni Cherubini et de Paolo Cammarosano cités supra, n. 2, voir (...)
- 10 Parmi les études d’histoire familiale qui ont utilisé les registres de la Tavola pour (...)
- 11 A. Barlucchi, Il contado senese all’epoca dei Nove. Asciano e il suo territorio tra Due (...)
- 12 M. E. Cortese, L’acqua, il grano, il ferro. Opifici idraulici medievali nel ba (...)
- 13 Sur le projet Tabula, voir [en ligne] https://www.dssbc.unisi.it/it/ricerca/pr (...)
4Une approche sociohistorique et socioéconomique de la Tavola – entreprise dans un contexte similaire à celui qui, à Florence, a vu naître le projet de David Herlihy et de Christiane Klapisch sur le cadastre de 14278 – a offert, au cours d’un demi-siècle, la possibilité de reconstruire l’ampleur, les caractéristiques structurelles et la distribution spatiale des patrimoines immobiliers d’un nombre important de personnes physiques et d’institutions laïques et ecclésiastiques, urbaines et rurales. En particulier, l’analyse minutieuse des enregistrements cadastraux a permis d’évaluer la distribution des différents types de bâtiments ou de cultures, ainsi que des principales formes de gestion dans certaines zones de la ville ou du territoire. Ce type d’approche a donné l’occasion de qualifier les zones de la ville de Sienne et de son territoire en fonction de l’évaluation attribuée aux bâtiments et aux terrains à partir de l’estimation unitaire des immeubles recensés dans le cadastre. Rappelons-nous, à cet égard, les études novatrices de Giovanni Cherubini sur les patrimoines de citoyens et de paysans publiées depuis le milieu des années 1970 (Proprietari, contadini e campagne senesi all’inizio del Trecento), ainsi que les réflexions menées par Paolo Cammarosano sur la base d’analyses approfondies portant sur certaines zones échantillon (Castelmuzio, Monteriggioni)9. Il convient également de rappeler les recherches consacrées ensuite à l’histoire familiale10 ou à l’histoire du territoire siennois11, ainsi qu’à des types particuliers d’habitat rural (thermes, usines hydrauliques)12, jusqu’au projet Tabula coordonné par Michele Pellegrini et auquel nous avons récemment adhéré13.
Perspectives pour une approche pluridisciplinaire de la Tavola delle possessioni
- 14 D. Balestracci, G. Piccinni, Siena nel Trecento...
- 15 R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni”… » ; Id., « Radicondo (...)
- 16 A. Thomas, Garrisoning the Borderlands of Medieval Siena. Sant’Angelo in Colle. Frontier (...)
- 17 C. Felici, Carta archeologica della provincia di Siena, vol. 6 : Pienza, Sienn (...)
- 18 A. Giorgi, S. Moscadelli, Costruire una cattedrale. L’Opera di Santa Maria di (...)
5Dans la perspective qui caractérise cette contribution et dans une approche archéologique, il faut d’abord se demander quels sont les domaines de recherche susceptibles d’être les plus concernés par les données offertes par la Tavola et par l’étude de ses potentialités pour l’histoire matérielle. Le domaine le plus immédiat est celui de l’archéologie de l’habitat – ou, si l’objet d’étude ne s’est pas complètement effondré, de l’archéologie de l’architecture – étant donné que la Tavola permet d’enquêter sur le tissu urbain jusqu’au niveau de détail de chaque bâtiment. Après l’étude pionnière de Duccio Balestracci et Gabriella Piccinni sur la structure urbaine de Siena nel Trecento14, le potentiel de la Tavola sur le plan de l’histoire de l’« urbanisme paysan » a également fait l’objet de plusieurs études de notre part, portant sur certaines communautés rurales du territoire siennois (Castelnuovo dell’Abate près de Montalcino, Montecurliano près de Grosseto : fig. 9 et 10)15, ainsi que de travaux menés par Anabel Thomas à Sant’Angelo in Colle près de Montalcino16, par Cristina Felici à Fabbrica près de Pienza17, et, toujours pour le milieu urbain, à l’aire de la cathédrale et au Borgo Nuovo di Santa Maria18. Cette perspective constitue l’un des objectifs de recherche dans le cadre dudit projet Tabula.
Fig. 9. Le castrum de Castelnuovo dell’Abate, dans la vallée de l’Orcia, vers 1320 (R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni” come fonte per lo studio del territorio… », carta III).

Fig. 10. Le castrum de Montecurliano (Moscona), en Maremme près de Grosseto (R. Farinelli, A. Giorgi, Il Tino di Moscona…, p. 13).

- 19 Voir, en particulier, les données contenues dans V. Passeri éd., Gli insediame (...)
- 20 À propos de cet argument, voir les réflexions développées dans P. Cammarosano, Italia (...)
- 21 M. Ginatempo, Crisi di un territorio… ; Ead., « Il popolamento del territorio volterrano (...)
- 22 A. Giorgi, « Aspetti del popolamento del contado di Siena tra l’inizio del Duecento e i (...)
- 23 R. Farinelli, I castelli nella Toscana delle « città deboli ». Dinamiche del popolamento (...)
- 24 Voir, par exemple, celles contenues dans le manuscrit Piante ed armi della città e caste (...)
- 25 Comparer le cadre rapporté par A. Giorgi, « Aspetti del popolamento del contad (...)
6Dans une approche plus générale, à l’aide des données de la Tavola, il est possible de contribuer à la reconstruction d’une image fiable du peuplement du xive siècle fondée aussi bien sur le nombre de maisons (domus) que sur celui des propriétaires recensés. Notre source fait donc partie intégrante de celles qui peuvent être utilisées à des fins démographiques19. Tout cela rend possible une comparaison entre la Tavola et d’autres sources qui recensent des hommes ou des foyers, afin de placer les données dans un contexte diachronique plus large : des plus anciennes listes de jurés ou des foyers qui étaient soumis au paiement des impôts per massaritiam, disponibles dès le début du xiiie siècle, aux impositions directes des xive-xve siècles (alliramenti), et aux plus récents relevés de bouches (bocche) ou d’âmes (anime) produits à partir du début de l’âge moderne20. En se référant aux études consacrées par Maria Ginatempo à la crise démographique du territoire siennois à la fin du Moyen Âge et à la plus ancienne histoire du peuplement du territoire de Volterra21, dans la perspective d’évaluer l’importance et la distribution du peuplement dans une zone très vaste de la Toscane du Sud, Andrea Giorgi a mis en rapport, dans sa thèse de doctorat, les données du cadastre siennois du xive siècle avec certaines sources d’ordre fiscal, qui remontent aux dernières décennies du xiiie siècle, et avec les plus anciennes listes de jurés22. Plus récemment, ces mêmes données ont été mises en relation par Roberto Farinelli avec l’extension des surfaces urbanisées ou ceintes par des remparts23. En particulier, pour l’âge préindustriel, tous les centres concernés atteignirent leur plus grande expansion démographique avant la Peste noire du milieu du xive siècle. Le tableau topographique offert par les cartes du début de l’âge moderne24, et même par les photos aériennes contemporaines, ne semble donc pas anachronique. Ce même tableau apparaît significatif – même s’il faut user de beaucoup de prudence sur le plan documentaire et s’il faut aussi acquérir les éléments archéologiques nécessaires sur le terrain – étant donné qu’il reflète une situation se rapportant au même horizon chronologique que le cadastre siennois du xive siècle. La cohérente vue d’ensemble résultant de l’analyse comparée qui concorde avec les différents types de sources évoquées ci-dessus présente un territoire clairement articulé en deux zones : l’une caractérisée par la prédominance de villages ouverts ou dispersés tout autour de la ville de Sienne, l’autre constituée par un cercle concentrique de villages fortifiés de grande dimension (castra), entre lesquels sont intercalés de nombreux hameaux (poderi) ou de plus rares villages ouverts (ville)25.
- 26 Voir, supra, le texte correspondant à la n. 5.
- 27 R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… », p. 369.
- 28 R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni”… » ; Id., « Camigliano, Argiano (...)
- 29 R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… » ; Id., « “Castellum reficere vel aed (...)
- 30 A. Giorgi, « Tra la Massa e il Vescovado. Il piviere di Corsano tra la fine del secolo x (...)
- 31 O. Redon, « Des maisons et des arbres. Note sur la Montagnola siennoise entre (...)
- 32 C. Saffioti, « Monticiano e il bosco : un castello e il suo territorio agli in (...)
7Une intégration plus poussée entre sources documentaires et matérielles peut être atteinte à travers l’archéologie des paysages, compte tenu de la possibilité offerte par la Tavola de contribuer à la réalisation d’une prospection analytique des milieux ruraux habités. Pour illustrer la méthode suivie dans la conduite de ces micro-analyses historico-territoriales, il faut rappeler brièvement certains éléments qui caractérisent la structure de la source et sa rédaction. En particulier, il convient de garder à l’esprit que les cahiers préparatoires (ou tavolette preparatorie) – point d’appui fondamental pour toute considération de nature topographique – étaient remplis par des spécialistes : arpenteurs (mensuratores) et notaires parcouraient chaque parcelle pour en effectuer une mesure et une estimation correctes ; accompagnés de représentants de la communauté locale qui les aidaient, ils indiquaient le nom du propriétaire et son lieu d’origine, décrivaient ensuite le terrain et sa localisation (fig. 4), notaient les limites (y compris les rues [vie] et les cours d’eau) (fig. 5), le type de culture (fig. 2), la forme de gestion, la mesure des surfaces (en staiori et tavole) (fig. 1) et enfin ils écrivaient l’estimation26 (fig. 3). Les toponymes enregistrés sur la même feuille d’un cahier préparatoire (fig. 7) – l’un des 96 originaux ou l’un de ceux qui ont été reconstitués grâce aux renvois dans les grands registres récapitulatifs – doivent normalement être considérés comme contigus dans la réalité aussi, comme d’ailleurs cela est souvent confirmé par les confinements des immeubles ; nous devons en effet supposer que le groupe des arpenteurs et notaires ne parcourut pas la campagne « par sauts successifs », mais en décrivant un certain nombre de champs voisins entre eux (fig. 11)27. En reconstituant le parcours des estimateurs grâce aux toponymes subsistants ou aux éléments morphologiques du territoire clairement identifiables, il est possible de placer dans l’espace avec une bonne approximation une grande partie des toponymes attestés dans la Tavola – en général, quatre à cinq fois plus nombreux que la cartographie actuelle – et d’implanter sur le territoire toutes les informations relatives aux biens décrits dans le cadastre, en dessinant ainsi non seulement les contours, mais aussi la matière d’un paysage agricole autrement resté dans l’ombre. Nous avons expérimenté cette méthode sur certaines communautés de la zone de Montalcino soumises à la juridiction siennoise (Castelnuovo dell’Abate, Camigliano, Argiano e Poggio alle Mura)28, sur les deux grands castra de Radicondoli dans la vallée du Cecina (fig. 12) et de Castiglione en Val d’Orcia – cas exceptionnel dans lequel tous les cahiers préparatoires sont conservés29 –, ainsi que pour le petit château de Campriano et pour le village ouvert de Villa al Piano (fig. 13)30, tous deux situés dans la zone périurbaine caractérisée par l’absence de grandes agglomérations, zone qui a fait l’objet d’une étude d’Odile Redon, « Des maisons et des arbres », concernant certaines communautés de la Montagnola siennoise31. Plus récemment, le territoire du grand castrum de Monticiano a été analysé par Chiara Saffioti selon des modalités analogues32.
Fig. 11. Le parcours des tabulatores à Radicondoli, décrivant un certain nombre de champs voisins entre eux (R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… », p. 355, tav. 107).

Fig. 12. L’utilisation des sols à Radicondoli, dans la vallée du Cecina (R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… », p. 364, tav. 109).

Fig. 13. L’utilisation des sols à Campriano et Villa al Piano, près de Sienne (A. Giorgi, « Tra la Massa e il Vescovado… », p. 223, carta XI).

- 33 R. Francovich, M. Ginatempo éd., Castelli. Storia e archeologia…
- 34 E. Conti, La formazione della struttura agraria moderna nel contado fiorentino, I : Le c (...)
- 35 R. Farinelli, A. Giorgi, « Fenomeni di sinecismo e accentramento demico-insediativo pian (...)
8Une synthèse entre les différentes approches et les différentes sources décrites ci-dessous a été tentée – avec des finalités historiographiques évidentes – à l’occasion du projet Castelli. Storia e archeologia del potere nella Toscana medievale, coordonné par Riccardo Francovich33. À la suite des suggestions suscitées par les travaux d’Elio Conti34 et de certains propos du même R. Francovich, nous avons essayé d’étendre lesdites réflexions relatives à l’articulation du territoire siennois du bas Moyen Âge à une zone périurbaine caractérisée par la prédominance de villages ouverts ou dispersés (« zone des petits villages ») et à une zone concentrique riche en villages castraux (castra) de grandes dimensions (« zone des grands castra »). Nous avons ainsi abordé des thèmes caractérisant plus nettement l’histoire de l’habitat villageois, selon une approche rétrospective, valorisant à la fois les informations relatives au début du xive siècle et celles – notamment toponymiques – relatives à des époques plus anciennes, afin de permettre des réflexions sur un aménagement antérieur de l’habitat et du peuplement35. En particulier, grâce à la comparaison avec d’autres sources documentaires et archéologiques, nous avons proposé une deuxième phase de « castralisation » (ou « deuxième castralisation ») datant des xiie-xiiie siècles et caractérisée – comme pour les fondations communales mieux connues – tant par des phénomènes de centralisation de l’habitat autour de sites précédemment non peuplés (Castelnuovo dell’Abate, Radicondoli) ou de plus anciens châteaux de la « première phase » (Castiglione d’Orcia), que par une réorganisation globale du terroir de nature à altérer profondément et irréversiblement un paysage rural plus ancien.
- 36 Par exemple, dans le cas de l’échantillon constitué par le territoire de Caste (...)
9Quelques années après ces derniers travaux, l’Université de Sienne a lancé le projet de recherche déjà mentionné, intitulé Tabula, dans le cadre duquel Michele Pellegrini a effectué la numérisation des registres cadastraux relatifs à la ville de Sienne et la création d’une base de données sur les patrimoines des citoyens siennois. Plus récemment, grâce à la participation de l’université de Trente, de l’université de Tours, des Archives d’État et de la Bibliothèque communale des Intronati de Sienne, le projet Tabula a été élargi dans le but de compléter la numérisation des registres de la Tavola delle possessioni et de créer une base de données contenant la totalité des enregistrements cadastraux, au niveau de chaque parcelle. Parallèlement aux potentialités d’enquête sur le paysage agricole à l’échelle micro et macro, il sera ainsi possible de réaliser un inventaire complet du patrimoine toponymique, dans le but de recenser les signes des transformations de l’habitat et du peuplement36. L’objectif est aussi d’utiliser ces recherches lors de la préparation des interventions de planification urbanistique, dans le cadre général des actions d’archéologie préventive.
10À cet égard, si l’on considère également l’importance des différentes formes des toponymes pour une enquête linguistique, il convient de tenir compte des difficultés considérables liées à la translittération de la microtoponymie, qui est parfois rendue différemment par le même notaire selon les occasions et qui est susceptible d’être modifiée lors du passage des cahiers préparatoires aux registres fiscaux.
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- 37 Comme l’a expliqué Stefano Vitali, « [l]’approche la plus équilibrée pour aborder l’ense (...)
11Tout bien considéré, notre projet de recherche prévoit donc une reproduction photographique systématique à haute résolution des documents utilisés, afin de permettre un contrôle ponctuel de la lecture et de préserver autant que possible le contexte documentaire d’origine, à partir duquel la base de données numérique a été créée. Sur la base du débat scientifique des dernières décennies, il a été jugé opportun de construire une base de données permettant d’expliciter de manière critique les critères de fichage du matériel documentaire original. En tout état de cause, ce matériel est utilisé en tenant compte du contexte archivistique de référence et la possibilité d’en faire une consultation simultanée au moyen de reproductions photographiques est assurée37.
12Avoir à disposition des données analytiques pour une époque très ancienne pourra permettre – en plus des recherches traditionnelles du domaine historico-social et historico-économique – le développement d’enquêtes de nature topographique et archéologique visant à la reconstruction globale du paysage agricole d’une partie très importante de la Toscane méridionale, de l’ordre de quelques milliers de kilomètres carrés. Enfin, comme le montrent certaines expériences évoquées ci-dessus, la Tavola delle possessioni – si elle est insérée dans un plus vaste contexte documentaire, cartographique et aérophotographique, depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours – peut être utilisée comme outil de diagnostic archéologique, associé aux outils de détection à distance employés pour l’évaluation du potentiel archéologique des différents sites.
Notes
1 Ce texte s’inspire du rapport présenté au workshop Peuplement et transformation de l’habitat en Europe dans les sources écrites et la documentation archéologique (xie-xive s.), tenu à Prague du 7 au 9 novembre 2019. La rédaction de « Un bilan historiographique » et des conclusions est due à Andrea Giorgi et celle des « Perspectives pour une approche pluridisciplinaire de la Tavola delle possessioni » à Roberto Farinelli. Les auteurs remercient Florence Tellini pour la relecture attentive du texte.
2 R. Zangheri, Catasti e storia della proprietà terriera, Turin, 1980 ; A. Rigaudière, « Connaissance, composition et estimation du moble à travers quelques livres d’estimes du Midi français (xive-xve siècles) », dans J.-L. Biget, J.-C. Hervé, Y. Thébert éd., Les Cadastres anciens des villes et leur traitement par l’informatique, Rome, 1989, p. 41-81 ; F. Bocchi, F. Lugli, « Méthode informatique utilisée pour l’analyse et la reconstruction graphique du plan cadastral de Carpi (1472) », dans J.-L. Biget, J.-C. Hervé, Y. Thébert éd., Les Cadastres anciens des villes…, p. 229-254. Francesca Bocchi distingue les cadastres, qui ont un accrochage topographique au territoire, des livres d’estimes (« estimi »), qui ne font qu’énumérer les biens ruraux. Pour un aperçu de ces sources, voir A. Grohmann, « Il documento perugino nel panorama degli estimi italiani del secolo xiii », dans G. Albini éd., Le scritture del comune. Amministrazione e memoria nelle città dei secoli xii e xiii, Turin, 1998, p. 141-154.
3 S. Vitali, Passato digitale. Le fonti dello storico nell’era del computer, Milan, 2004, p. 35-47 ; S. Vitali, « Dal documento alla risorsa : qualche riflessione metodologica sulle fonti storiche nell’era digitale », dans M. Panzeri, A. Farruggia éd., Fonti, metafonti e GIS per l’indagine della struttura storica del territorio, Turin, 2009, p. 13-18.
4 Pour une vision générale de la source dans le panorama siennois du début du xive siècle, on peut encore se référer à W. Bowsky, The Finance of the Commune of Siena, Oxford, 1970, p. 87-97 ; G. Cherubini, « Proprietari, contadini e campagne senesi all’inizio del Trecento », dans Id. éd., Signori, contadini, borghesi. Ricerche sulla società italiana del basso medioevo, Florence, 1977, p. 231-311 ; D. Balestracci, G. Piccinni, Siena nel Trecento. Assetto urbano e strutture edilizie, Florence, 1977 ; P. Cammarosano, « Le campagne senesi dalla fine del secolo xii agli inizi del Trecento : dinamica interna e forme del dominio cittadino », dans Contadini e proprietari nella Toscana moderna, Florence, 1979, t. I, p. 153-222 ; P. Cammarosano, Monteriggioni. Storia, architettura, paesaggio, Milan, 1983, p. 114-115, 155.
5 R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni” come fonte per lo studio del territorio : l’esempio di Castelnuovo dell’Abate », dans A. Cortonesi éd., La Val d’Orcia nel medioevo e nei primi secoli dell’età moderna, Rome, 1990, p. 213-256 (p. 214, n. 2).
6 Pour les considérations exprimées ici, voir ibid., p. 213-214 ; R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli : società e territorio in una curia attraverso la “Tavola delle possessioni” », dans C. Cucini éd., Radicondoli. Storia e archeologia di un comune senese, Rome, 1990, p. 353-391 et 461-464 (p. 369-370).
7 Cf. Siena, Archivio di Stato, Estimo, inventaire de la salle d’étude n. 15, avec les données recueillies dans V. Passeri éd., Gli insediamenti della Repubblica di Siena nel catasto del 1318-1320, Sienne, 1994.
8 D. Herlihy et C. Klapisch-Zuber, Les Toscans et leurs familles. Une étude du Catasto florentin de 1427, Paris, 1978.
9 Outre les travaux de Giovanni Cherubini et de Paolo Cammarosano cités supra, n. 2, voir aussi les travaux des élèves de Cherubini parus dans G. Cherubini éd., « La proprietà fondiaria in alcune zone del territorio senese all’inizio del Trecento », Rivista di storia dell’agricoltura, 14/2 (1974), p. 1-176, et Id. éd., « I proprietari di beni immobili e di terre a Siena intorno al 1320 (dalla Tavola delle possessioni) », Ricerche storiche, 5 (1975), p. 355-510.
10 Parmi les études d’histoire familiale qui ont utilisé les registres de la Tavola pour reconstruire la structure et les caractéristiques des patrimoines immobiliers de certaines familles de magnats siennois, voir A. Giorgi, « Il conflitto magnati/popolani nelle campagne : il caso senese », dans Magnati e popolani nell’Italia comunale, Pistoie, 1997, p. 137-211, se référant à Id., I « casati » senesi e la terra. Definizione di un gruppo di famiglie magnatizie ed evoluzione dei loro patrimoni immobiliari (fine sec. xi-inizio sec. xiv), thèse de doctorat en histoire médiévale (sous le direction du prof. Giovanni Cherubini), Université de Florence, a.a. 1992-1993 ; R. Mucciarelli, I Tolomei banchieri di Siena. La parabola di un casato nel xiii e xiv secolo, Sienne, 1995 ; Ead., Piccolomini a Siena, xiii-xiv secolo. Ritratti possibili, Pise, 2005 ; A. Carniani, I Salimbeni quasi una signoria. Tentativi di affermazione politica nella Siena del Trecento, Sienne, 1995.
11 A. Barlucchi, Il contado senese all’epoca dei Nove. Asciano e il suo territorio tra Due e Trecento, Florence, 1997 ; Id., « Alle soglie della crisi trecentesca », dans M. Ascheri, M. Borracelli éd., Monticiano e il suo territorio, Sienne, 1997, p. 127-140 ; Id., « Strutture produttive industriali di proprietà comunale. Fornaci, fabbriche e gualchiere nel contado della Toscana interna (secoli xiii-xv) », dans G. V. Parigino éd., Beni comuni e strutture della proprietà. Dinamiche e conflitti in area toscana fra basso Medioevo ed età contemporanea, Florence, 2017, p. 99-129 ; Id., « Dalla Tavola delle Possessioni alla Lira : la società ascianese nella crisi trecentesca », dans Asciano e le sue terre fra Tre e Quattrocento. Per i 650 anni della cittadinanza senese, Asciano, 2019, p. 25-49 ; Id., « Popolamento, ambiente sociale e paesaggio agrario intorno a Monte Oliveto all’epoca della fondazione », dans G. Andenna, M. Tagliabue éd., Bernardo Tolomei e le origini di Monte Oliveto, Cesène, 2020, p. 229-252.
12 M. E. Cortese, L’acqua, il grano, il ferro. Opifici idraulici medievali nel bacino Farma-Merse, Florence, 1997 ; D. Boisseuil, Le Thermalisme en Toscane à la fin du Moyen Âge. Les bains siennois de la fin du xiiie siècle au début du xvie siècle, Rome, 2002.
13 Sur le projet Tabula, voir [en ligne] https://www.dssbc.unisi.it/it/ricerca/progetti-di-ricerca/progetto-tabula [consulté le 9 septembre 2021].
14 D. Balestracci, G. Piccinni, Siena nel Trecento...
15 R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni”… » ; Id., « Radicondoli… » ; F. Angelini et R. Farinelli, Il Tino di Moscona. Guida archeologica al castello di Montecurliano, Sienne, 2013.
16 A. Thomas, Garrisoning the Borderlands of Medieval Siena. Sant’Angelo in Colle. Frontier Castle under the Government of the Nine (1287-1355), Farnham, 2011.
17 C. Felici, Carta archeologica della provincia di Siena, vol. 6 : Pienza, Sienne, 2004.
18 A. Giorgi, S. Moscadelli, Costruire una cattedrale. L’Opera di Santa Maria di Siena tra xii e xiv secolo, Munich, 2005, p. 82-91, 421-431 ; G. Piccinni, Nascita e morte di un quartiere medievale. Siena e il borgo nuovo di Santa Maria a cavallo della peste del 1348, Pise, 2019.
19 Voir, en particulier, les données contenues dans V. Passeri éd., Gli insediamenti della Repubblica di Siena…, les références présentes dans R. Farinelli, A. Giorgi, « Fenomeni di accentramento insediativo nella Toscana meridionale tra xii e xiii secolo : il ‘secondo incastellamento’ in area senese », dans R. Francovich, M. Ginatempo éd., Castelli. Storia e archeologia del potere nella Toscana medievale, Florence, 2000, t. I, p. 239-284 (p. 247), ainsi que la cartographie remaniée et le commentaire offerts dans L. Deravignone, V. La Carrubba, F. Olivelli, « Il popolamento nelle campagne senesi tra Arbia e Orcia : integrazione delle fonti per uno studio dal medioevo all’età moderna », Trame nello spazio, 3 (2007), p. 71-81.
20 À propos de cet argument, voir les réflexions développées dans P. Cammarosano, Italia medievale. Struttura e geografia delle fonti scritte, Rome, 1991, p. 184-190, et M. Ginatempo, A. Giorgi, « Le fonti documentarie per la storia degli insediamenti medievali in Toscana », Archeologia Medievale, 23 (1996), p. 7-52, mais aussi, en référence à Sienne et à son territoire, celles qui sont contenues dans A. Cortonesi, « Demografia e popolamento nel contado di Siena : il territorio montalcinese nei secoli xiii-xv », dans R. Comba, G. Piccinni, G. Pinto éd., Strutture familiari, epidemie, migrazioni nell’Italia medievale, Naples, 1984, p. 153-181 ; G. Catoni, G. Piccinni, « Famiglie e redditi nella lira senese del 1453 », dans R. Comba, G. Piccinni, G. Pinto éd., Strutture familiari, epidemie, migrazioni nell’Italia medievale, Naples, 1984, p. 291-304 ; M. Ginatempo, Crisi di un territorio. Il popolamento della Toscana senese alla fine del Medioevo, Florence, 1988.
21 M. Ginatempo, Crisi di un territorio… ; Ead., « Il popolamento del territorio volterrano nel basso medioevo », Rassegna volterrana, 70 (1994), p. 19-73.
22 A. Giorgi, « Aspetti del popolamento del contado di Siena tra l’inizio del Duecento e i primi decenni del Trecento », dans R. Comba, I. Naso éd., Demografia e società nell’Italia medievale (secoli ix-xiv), Cuneo, 1994, p. 253-291.
23 R. Farinelli, I castelli nella Toscana delle « città deboli ». Dinamiche del popolamento e del potere rurale nella Toscana meridionale (secoli vii-xiv), Florence, 2007 (p. 199-206) ; R. Farinelli, M. Ginatempo, « I centri minori della Toscana senese e grossetana », dans G. Pinto, P. Pirillo éd., I centri minori della Toscana nel Medioevo, Florence, 2013, p. 137-197 (p. 148-159).
24 Voir, par exemple, celles contenues dans le manuscrit Piante ed armi della città e castelli dello Stato di Siena (Firenze, Biblioteca Nazionale Centrale, ms. Palatini E.B.15.6).
25 Comparer le cadre rapporté par A. Giorgi, « Aspetti del popolamento del contado di Siena… », p. 263, avec celui proposé par R. Farinelli, M. Ginatempo, « I centri minori… », p. 158. De manière plus générale, sur le rapport entre sources documentaires et sources matérielles pour l’histoire des implantations médiévales, consulter les références contenues dans M. Ginatempo, A. Giorgi, « Le fonti documentarie… ».
26 Voir, supra, le texte correspondant à la n. 5.
27 R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… », p. 369.
28 R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni”… » ; Id., « Camigliano, Argiano e Poggio alle Mura (secoli xii-xiv) », dans A. Cortonesi éd., Poggio alle Mura e la bassa Val d’Orcia nel medioevo e in età moderna, Poggio alle Mura, 1996, p. 9-57.
29 R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… » ; Id., « “Castellum reficere vel aedificare” : il secondo incastellamento in area senese. Fenomeni di accentramento insediativo tra la metà del xii e i primi decenni del xiii secolo », dans M. Marrocchi éd., Fortilizi e campi di battaglia nel Medioevo attorno a Siena, Sienne, 1998, p. 157-263 (p. 195-208, 212-214, 217-229).
30 A. Giorgi, « Tra la Massa e il Vescovado. Il piviere di Corsano tra la fine del secolo xi e l’inizio del secolo xiv », dans M. Ascheri, V. De Dominicis éd., Tra Siena e il Vescovado : l’area della Selva. Beni culturali, ambientali e storici di un territorio, Sienne, 1997, p. 117-232.
31 O. Redon, « Des maisons et des arbres. Note sur la Montagnola siennoise entre xiiie et xive siècles », Archeologia Medievale, 14 (1987), p. 369-393.
32 C. Saffioti, « Monticiano e il bosco : un castello e il suo territorio agli inizi del Trecento », Bullettino senese di storia patria, 105 (1998), p. 411-465. La même méthodologie est utilisée par D. Focardi, La curia di Pernina nella tavola delle possessioni del 1316-1320. Ricostruzione preliminare di un paesaggio agrario nella Montagnola senese, thèse de maîtrise (rapporteur prof. Duccio Balestracci), Université de Sienne, a.a. 2018-2019.
33 R. Francovich, M. Ginatempo éd., Castelli. Storia e archeologia…
34 E. Conti, La formazione della struttura agraria moderna nel contado fiorentino, I : Le campagne nell’età precomunale, III/2 : Monografie e tavole statistiche (secoli xv-xix), Rome, 1965.
35 R. Farinelli, A. Giorgi, « Fenomeni di sinecismo e accentramento demico-insediativo pianificato : il ‘secondo incastellamento’ nella Toscana dei secoli xii e xiii », dans G. Volpe, P. Favia éd., V Congresso nazionale di Archeologia medievale, Florence, 2009, p. 406-411.
36 Par exemple, dans le cas de l’échantillon constitué par le territoire de Castelnuovo dell’Abate (R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni” come fonte per lo studio del territorio… », p. 235), une comparaison montre comment la Tavola compte un nombre de toponymes presque double (6,4 par km2) par rapport à ceux recensés sur les cartes à l’échelle 1:25 000 de l’Institut géographique militaire italien ou dans les cadastres modernes (3,5 toponymes par km2).
37 Comme l’a expliqué Stefano Vitali, « [l]’approche la plus équilibrée pour aborder l’ensemble de ces difficultés méthodologiques ambitionne de construire, par le traitement informatique des documents, une nouvelle source (ou, comme on l’appelle souvent aujourd’hui, une métasource) » (S. Vitali, « Dal documento alla risorsa… », p. 16). Sur la définition de métasource (“metafonte”), voir A. Zorzi, « Documenti, archivi digitali, metafonti », Archivi & computer, 10 (2000), p. 274-291.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Fig. 1. L’extension des terrains : la mesure des surfaces en staiori et tavole (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v). |
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Titre | Fig. 2. L’utilisation des sols : les types de culture (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v). |
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Titre | Fig. 3. L’estimation des terrains en livres, sous et deniers (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. c. 231r ; Estimo 227, f. 21v). |
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Titre | Fig. 4. La localisation des biens : les vocabuli et les loci dicti (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v). |
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Titre | Fig. 5. La localisation des biens : les limites des parcelles et le voisinage (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. 21v). |
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Titre | Fig. 6. La localisation des biens : références aux cahiers préparatoires (Siena, Archivio di Stato, Estimo 51, f. 231r ; Estimo 227, f. couverture). |
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Titre | Fig. 7. Toponymes enregistrés sur la même feuille d’un cahier préparatoire (Siena, Archivio di Stato, Estimo 229, f. 5r). |
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Titre | Fig. 8. Les descriptions des patrimoines de chaque propriétaire dans le registre cadastral de Rocca Tederighi (Siena, Archivio di Stato, Estimo 54, f. Ir, IVr, 199r). |
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Titre | Fig. 9. Le castrum de Castelnuovo dell’Abate, dans la vallée de l’Orcia, vers 1320 (R. Farinelli, A. Giorgi, « La “Tavola delle possessioni” come fonte per lo studio del territorio… », carta III). |
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Titre | Fig. 10. Le castrum de Montecurliano (Moscona), en Maremme près de Grosseto (R. Farinelli, A. Giorgi, Il Tino di Moscona…, p. 13). |
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Titre | Fig. 11. Le parcours des tabulatores à Radicondoli, décrivant un certain nombre de champs voisins entre eux (R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… », p. 355, tav. 107). |
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Titre | Fig. 12. L’utilisation des sols à Radicondoli, dans la vallée du Cecina (R. Farinelli, A. Giorgi, « Radicondoli… », p. 364, tav. 109). |
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Titre | Fig. 13. L’utilisation des sols à Campriano et Villa al Piano, près de Sienne (A. Giorgi, « Tra la Massa e il Vescovado… », p. 223, carta XI). |
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Pour citer cet article
Référence papier
Roberto Farinelli et Andrea Giorgi, « Sources archéologiques et sources documentaires. Bilan et perspectives pour une approche pluridisciplinaire d’un cadastre siennois du xive siècle : la Tavola delle possessioni (1316-1320) », Médiévales, 81 | 2022, 141-160.
Référence électronique
Roberto Farinelli et Andrea Giorgi, « Sources archéologiques et sources documentaires. Bilan et perspectives pour une approche pluridisciplinaire d’un cadastre siennois du xive siècle : la Tavola delle possessioni (1316-1320) », Médiévales [En ligne], 81 | automne 2021, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/medievales/11907 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/medievales.11907
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