David Porchy Rhapsodie
Texte intégral
1Contrairement à d’autres artistes fascinés par un sujet iconographique spécifique qu’ils n’ont de cesse d’explorer, le représentant sous tous les angles et dans toutes les configurations possibles, David Porchy est un plasticien touche-à-tout. Cette tendance se lit dans la façon dont il manipule son matériau, procédant par pliage, collage et assemblage pour conjuguer au sein d’une même composition différents angles de vue. Le tracé ne semble suivre aucune règle préétablie et produit pour cette raison une collision de plans et de figures géométriques qui atteste de la place incontournable du graphisme dans sa culture visuelle. Essayer de circonscrire son iconographie ne suffirait d’ailleurs sans doute pas à renseigner sur la nature exacte de sa démarche, étant donné qu’elle ne se concentre sur aucun motif de prédilection hormis peut-être le drapé, dont la représentation trahit son intérêt pour la notion de pli. La place qui lui est impartie doit être corrélée à la méticulosité accordée au traitement de l’image, qui concourt largement au désarroi voire au malaise que le regard éprouve devant les aberrations, spatiales notamment, affectant le réel tel qu’il s’incarne dans les réalisations de David Porchy. Ce dernier prend acte du fait que la réalité intérieure de l’individu impose au monde son propre relief. Si bien que d’une certaine façon, avec le dessin s’engage une exploration de ce qui se dissimule dans les plis et les anfractuosités d’une expérience intime du monde.
Il est vrai que les distorsions plastiques auxquelles sont soumises les formes contribuent à en entraver la lisibilité et l’appréhension. Les effets d’éclairage aménagent des angles morts, des fonds indistincts et autres zones de l’image intrigantes, en ce qu’elles ne contiennent pas le moindre indice qui nous permettrait de savoir ce qui s’y trame. Au spectateur de s’interroger indéfiniment, ou plutôt d’extrapoler sur ce qui peut se tenir tapi dans les recoins inquiétants de ces espaces brisés s’encastrant les uns dans les autres. Précisons par ailleurs que l’attention portée aux textures apparaît comme une condition du vertige optique propre à son univers, qu’il se décline sous forme de dessins ou de photographies retouchées. Ces deux moyens d’expression témoignent pareillement du caractère relativement peu décisif du sujet et de la place essentielle accordée aux expérimentations plastiques. Distordre le réel, le manipuler afin de créer des anomalies et des dysfonctionnements qui mettent à mal les repères et certitudes qui conditionnent l’image que chacun peut s’en faire, est une façon d’en révéler l’étrangeté.
2Né en 1976 à Lyon, David Porchy vit et travaille à Paris. Après des études de graphisme et quatre ans de direction artistique, il intègre durant trois ans l’atelier Taller Milans de Barcelone où il commence à développer ses recherches personnelles, interrogeant par le dessin et la photographie la limite entre réel et imaginaire. Ses recherches l’ont conduit à la croisée des techniques digitales les plus avancées et de procédés photographiques anciens, tel que le cyanotype. De retour à Paris, il collabore avec la galerie ALFA, participe à l’Armory Show, mais aussi à Drawing Now. Son travail a été présenté par la galerie Bacqueville à Art Paris, et dernièrement à la Progress Gallery. En 2019, il fonde le studio de création visuelle Studio Parrhasios.
Table des illustrations
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Pauline Nobécourt, « David Porchy Rhapsodie », Marges, 30 | 2020, 134-151.
Référence électronique
Pauline Nobécourt, « David Porchy Rhapsodie », Marges [En ligne], 30 | 2020, mis en ligne le 02 janvier 2023, consulté le 20 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/marges/2067 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/marges.2067
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