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Les chroniques
Notes de lecture

António Barreto (ed.), Globalização e migrações

Lisbonne, Imprensa de Ciências Sociais, 2005, 289 p.
Victor Pereira
p. 229-231
Référence(s) :

António Barreto (ed.), Globalização e migrações, Lisbonne, Imprensa de Ciências Sociais, 2005, 289 p., ISBN : 972-671-150-9.

Texte intégral

1Cet ouvrage, dirigé par António Barreto, rassemble les communications présentées par douze chercheurs lors d’un colloque international tenu à Vila Real en 2002, sur le thème de la globalisation et des migrations. Après l’introduction théorique de Robin Cohen sur les concepts de globalisation et de cosmopolitisme, dix études abordent le phénomène migratoire de différents points de vue théoriques, à plusieurs époques et dans différents contextes géographiques.

2Parmi ces études, cinq concernent le Brésil ou le Portugal. Dans sa contribution, Blanca Sánchez-Alonso décrit et compare les politiques d’immigration du Brésil, de l’Argentine et de Cuba de la seconde moitié du xixe siècle aux années 1930. Elle met en avant la politique d’ouverture de ces pays vis-à-vis des migrants provenant d’Europe (au détriment, dans le cas brésilien, des travailleurs du Nordeste), la concurrence que se livrèrent ces pays entre eux mais aussi avec les autres pays d’immigration (États-Unis surtout) pour capter les travailleurs européens. Sánchez-Alonso pointe également les motivations économiques et politiques de ces mesures (la volonté de substitution de la main-d’œuvre servile dans les exploitations caféières dans le cas brésilien).

3Teresa Sales étudie l’immigration brésilienne vers les États-Unis. S’appuyant sur une étude de terrain menée dans le Massachusetts et dans une ville brésilienne ayant fourni d’importants contingents d’immigrants, l’auteur énumère les causes économiques, sociales et politiques de cette migration qui commença dans les années 1980. Elle montre également comment s’est opérée la construction de l’image du Brésilien aux États-Unis, image construite par les migrants eux-mêmes et par la société américaine englobante. Les Brésiliens apparaissent et se revendiquent comme des hardworkers : ils accumulent les heures de travail, donnent satisfaction à leurs employeurs et se révèlent prêts à occuper les emplois les plus difficiles, notamment ceux liés à la construction civile, à la restauration et aux travaux domestiques. Cette représentation ne s’explique pas seulement en fonction des qualités intrinsèques de ces migrants. Elle est renforcée par la « mauvaise réputation » dont pâtissent les hispaniques, décrits comme paresseux et abusant de l’État-providence.

4L’article de Russell King et de Natalia Ribas-Mateos se penche sur l’immigration en Europe du Sud (Portugal, Espagne, Italie, Grèce), pays fortement marqués par l’émigration jusque dans les années 1970. Les auteurs replacent les mouvements migratoires de ces quatre pays dans le cadre du développement économique rapide que ces nations connurent depuis les années 1950. En quelques décennies, ces pays sont passés de sociétés à dominante agricole à des sociétés postindustrielles. Les populations qui immigrent dans ces pays sont de deux types bien distincts. Il y a d’une part une migration de personnes riches ou aisées du centre de l’Europe qui viennent dans ces régions profiter du climat et, d’autre part, une immigration composée par des personnes issues des pays du Sud (Afrique, Asie, Amérique latine) et d’Europe de l’Est. Pour ces derniers, les pays méditerranéens constituent souvent une porte d’entrée pour atteindre les nations les plus développées d’Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, France, etc.). Ces migrants profitent de la moindre possibilité pour atteindre et résider (illégalement) dans ces pays. Les auteurs expliquent les causes de cette immigration par trois paramètres étroitement liés. D’abord, les structures économiques de ces pays sont dominées par le tertiaire et nécessitent de nombreux travailleurs peu qualifiés qui sont maintenus dans le secteur informel. Les migrants trouvent des places dans le secteur de la domesticité, de la construction civile ou de la restauration, emplois que les autochtones ne veulent pas exercer. Ceci explique du reste que ces flux d’immigration existent alors que certains pays, comme l’Espagne, connaissent d’importants taux de chômage. Cette immigration est également expliquée par la faiblesse structurelle de l’État-providence dans ces pays. L’État ne prenant pas en charge certains services liés à la garde des enfants ou à l’accompagnement des personnes âgées, des centaines d’emplois informels sont disponibles pour les travailleurs immigrés et, en l’occurrence, pour des femmes. Ces emplois sont d’autant plus nombreux que ces sociétés se singularisent encore par l’importance de la famille. En somme, les auteurs montrent que cette immigration est nécessaire à la perpétuation de ces sociétés (d’un point de vue démographique notamment) et au maintien, à court terme, de la compétitivité de ces économies qui pallient leur manque d’innovation par l’usage d’une main-d’œuvre peu rémunérée et démunie de droits, car maintenue dans un statut d’illégalité.

5Dans sa contribution, Jorge Macaísta Malheiros décrit l’insertion du Portugal dans trois systèmes migratoires et analyse les dynamiques passées, présentes et futures de ces systèmes migratoires. Le premier s’est formé à la fin des années 1950, avec le départ d’émigrants portugais vers l’Europe occidentale mais aussi vers l’Amérique du Nord. Ce flux, bien qu’il déclinât après 1974 (conjonction de la crise des économies occidentales et de l’instauration de la démocratie au Portugal) n’a cependant pas cessé et continue encore aujourd’hui (sous la forme de séjours temporaires par exemple). Il implique notamment des va-et-vient de population et des transferts monétaires. Le second système est étroitement lié au passé colonial portugais. Il prend la forme de la venue au Portugal de migrants provenant des anciennes colonies africaines (Cap-Vert dès la fin des années 1960 et Angola surtout) et aussi du Brésil, depuis les années 1990. Enfin le troisième, le plus récent, représente la migration de citoyens de différents pays de l’Est européen.

6Le dernier article de cet ouvrage est signé par Jorge Vala. À partir d’enquêtes sur la perception des individus noirs au Portugal, Jorge Vala décrit l’« hétéro-ethnicisation » que partagerait une grande partie de la population portugaise. Cette « hétéro-ethnicisation » assigne aux individus noirs des différences culturelles par rapport à la population non noire, différences souvent assimilées à une infériorité. Vala montre que cette hétéro-ethnicisation est une forme voilée du racisme aujourd’hui stigmatisé et uniquement revendiqué par une minorité de la population. D’après un questionnaire concernant un échantillon limité de personnes, Vala indique également que cette hétéro-ethnicisation implique que les membres du groupe majoritaire ne veulent pas que les individus appartenant à une minorité ethnique acquièrent les traits et les habitudes culturels du groupe majoritaire. Au contraire, les premiers désirent que les seconds conservent les caractéristiques qui leur sont assignées, ce qui conduit alors à une volonté de ségrégation et d’exclusion.

7Ces diverses contributions reflètent donc parfaitement les différentes approches développées sur les phénomènes migratoires et notamment celles étudiant les contextes lusotopes.

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Pour citer cet article

Référence papier

Victor Pereira, « António Barreto (ed.), Globalização e migrações »Lusotopie, XV(1) | 2008, 229-231.

Référence électronique

Victor Pereira, « António Barreto (ed.), Globalização e migrações »Lusotopie [En ligne], XV(1) | 2008, mis en ligne le 09 mars 2016, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/863 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01501021

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Auteur

Victor Pereira

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