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Les chroniques
Notes de lecture

Xavier Vatin, Rites et musiques de possession à Bahia

Paris, L’Harmattan (« Recherches Amériques latines »), 2005, 234 p., préface de Simha Arom
Elisabetta Maino
p. 277-278
Bibliographical reference

Xavier Vatin, Rites et musiques de possession à Bahia, Paris, L’Harmattan, 2005, 234 p., préf. de Simha Arom, annexes, bibl., gloss., photos, ISBN : 2-7475-8543-3 (« Recherches Amériques latines »).

Full text

1Cet ouvrage est une version condensée de la thèse doctorale soutenue à l’EHESS de Paris par Xavier Vatin, ethnomusicologue qui mène des recherches à Salvador de Bahia depuis 1992. Trop générique, le titre ne restitue pas la spécificité de cette étude sur le candomblé, religion afro-brésilienne qui a déjà fait l’objet de nombreux travaux.

2En adoptant une approche comparative qui porte plus particulièrement sur les rythmes et les chants utilisés dans les divers terreiros (les lieux de culte afro-brésilien), l’auteur montre pourquoi la prétendue hégémonie de l’« authenticité » ketu (ou yoruba) face aux autres « nations » [terme emic censé recouvrir les appartenances culturelles prédominantes de chaque terreiro], jêje, angola et caboclo, doit être remise en question. Cette idée d’authenticité africaine yoruba remonte aux premières études de Nina Rodrigues, à la fin du xixe siècle ; elle a été ensuite alimentée par Edison Carneiro, Roger Bastide et Pierre Verger et autres, au point d’influer sur les pratiques du candomblé. En effet, les écrits des ethnologues font désormais texte dans les terreiros ketu où ils ont effectué leurs recherches, lieux devenus célèbres grâce à la légitimation du monde scientifique. Le phénomène a été amplifié par le fait que divers chercheurs sont eux-mêmes devenus des membres d’honneur de ces candomblés, contribuant donc à la production d’une orthodoxie au nom d’une continuité avec les réelles traditions africaines.

3Bien qu’introduit dans le monde du candomblé par Pierre Verger, l’auteur s’est éloigné de la lecture figée qu’en avait ce dernier pour s’intéresser aux cultes classés comme plus syncrétiques, moins « africains » et donc délaissés par les chercheurs. À partir de l’analyse des matériaux collectés (enregistrements sonores, documents audiovisuels, entretiens, clichés, et notes sur deux cents cérémonies), Vatin défend l’idée que tous les groupes font l’objet de processus d’interpénétration et de métissage réciproques.

4Ce faisant il s’inscrit dans la ligne critique de Beatriz Dantas, Reginaldo Prandi, Sergio Ferretti, Véronique Boyer-Araujo, Stefania Capone, etc., dont les travaux portent sur les stratégies de ré-africanisation à l’œuvre dans les candomblés brésiliens. En rupture avec la vision monolithique et essentialiste, ils ont constaté que le chercheur est lui-même un instrument de légitimation des « traditions », et donc de certains terreiros, sur un marché religieux concurrentiel en pleine expansion. Soulignons que dans la seule ville de Salvador il y a actuellement plus de deux mille terreiros alors qu’ils n’étaient qu’une centaine en 1937.

5Articulé en deux parties, la première (p. 19-103) est une mise en contexte ethnologique de la problématique. S’appuyant sur les travaux de ces prédécesseurs, Vatin résume le processus historique de marginalisation des candomblés bantou et caboclo, dénigrés au nom d’une idéologie scientifique qui les considérait comme « dégénérés » face à la « pureté » des rituels yorouba. Cette vision duale a aussi construit une fausse opposition entre cultes religieux et sorcellerie (macumba), qui s’est traduite par une stigmatisation, voire répression des adeptes. Ces préjugés ont eu des conséquences indéniables sur les terreiros : nombre d’entre eux ont adopté une appartenance officielle à la tradition ketu, tout en conservant des traits bantous. Divers leaders religieux (pae de santo et mae de santo) ont fondé leur propre terreiro en adoptant une appellation plus conforme au modèle dominant. L’auteur présente ensuite une description du panthéon des candomblés, ainsi que la liturgie mise en œuvre, prenant soin d’inclure des tableaux comparatifs qui illustrent bien les emprunts des diverses nations.

6C’est sûrement dans la deuxième partie sur la perspective ethnomusicologique (p. 105-169), que l’originalité de la démonstration, très technique, met en évidence les liens entre répertoires vocaux, formules rythmiques, langues des chants, instruments et efficacité rituelle. Il en ressort que si les diverses nations se différencient par leurs chants et formules rythmiques, elles ont toutes des caractéristiques structurelles communes, ainsi qu’une perméabilité plus ou moins prononcée. En annexe figure un corpus typologique de chants par nation qui illustre ce chapitre.

7Les nombreuses photographies en noir et blanc de l’auteur, décrites par une légende succincte, auraient certainement gagné à être mises en valeur tant par des liens plus étroits avec le texte que par un index récapitulatif.

Juillet 2007

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References

Bibliographical reference

Elisabetta Maino, Xavier Vatin, Rites et musiques de possession à BahiaLusotopie, XV(2) | 2008, 277-278.

Electronic reference

Elisabetta Maino, Xavier Vatin, Rites et musiques de possession à BahiaLusotopie [Online], XV(2) | 2008, Online since 01 February 2016, connection on 13 February 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/709; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01502027

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