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Les chroniques
Notes de lecture

Miguel Montenegro, Un culte thérapeutique au Portugal. Entre Moïse et Pharaon

Paris, L’Harmattan (« Mondes lusophones »), 2006, 221 p.
Elisabetta Maino
p. 275-276
Référence(s) :

Miguel Montenegro, Un culte thérapeutique au Portugal. Entre Moïse et Pharaon, Paris, L’Harmattan, 2006, 221 p., bibl., ISBN : 2-296-01146-2 (« Mondes lusophones »).

Texte intégral

1Cet ouvrage poursuit la recherche antérieure sur les pratiques thérapeutiques traditionnelles au Portugal (cf. supra) – mais peut se lire de façon autonome –, tout en s’intéressant aux séances collectives, moins courantes que les consultations individuelles avec un guérisseur (bruxo). Le terrain d’étude est centré sur l’activité d’un médium qui exerce dans les environ de la ville de Porto. La spécificité de ce guérisseur, qui peut recevoir également individuellement les clients dans son herboristerie, est d’organiser des cultes collectifs qui ont généralement lieu le samedi après-midi dans un entrepôt industriel. Les participants y sont invités tant par le guérisseur lui-même que par d’autres assistants habituels qui en apprécient les bienfaits.

2Après un bref rappel du rôle « divinatoire » du bruxo, où l’on explique comment il est orienté par un « guide », sont définies quatre catégories-type de raisons qui motivent les clients à s’adresser à lui : une maladie que la médecine classique n’arrive pas à diagnostiquer ou à soigner, l’envoûtement (enconsto), la malchance et enfin les difficultés dans les relations affectives.

3Ensuite, l’auteur se consacre à la description d’une « session », cérémonie qui peut réunir entre 300 et 500 participants dans laquelle le bruxo, aidé par des acolytes, opère sous l’emprise de l’identité d’emprunt de son guide, qui peut être autant un saint que l’esprit d’une personne décédé. Le premier chapitre s’attache à analyser la mise en scène du rite à travers l’usage des chants, passages de chansons religieuses et populaires repris par les assistants, dont la fonction est de créer tant du sens pour chacun qu’une cohésion entre les présents ; les manipulations, attouchements et interpellations parfois violentes des individus qui font l’objet d’une caractérisation singularisée face collectif ; la théâtralisation de la cérémonie, où le bruxo/Moïse est possédé par l’esprit guide qui « devine les choses » au moyen de phrases ou de passages bibliques (dont celui sur le Pharaon qui figure dans le titre) que chacun interprète en fonction de sa situation.

4L’analyse des interactions au cœur du deuxième chapitre déchiffre, à partir de quelques cas, des principes rituels ou règles qui régissent toutes les sessions, dont la dimension thérapeutique est hétérogène et imprévisible car soumise aux diagnostics individuels des clients présents. Le bruxo est une sorte de médiateur avec « l’invisible », il établit une communication verbale ou gestuelle entre le « souffrant » et un esprit (souvent un membre décédé de sa famille) qui provoque une expérience souvent traumatique chez l’individu confronté à son « mal ». Ce vécu est partagé par les participants à travers le sens collectif de la dramatisation, mise en scène par des symboles généralement empruntés à la religiosité chrétienne et donc connus de tous.

5S’appuyant sur les acquis de l’ethnométhodologie et l’ethnopsychiâtrie, l’auteur constate que le transfert qui s’opère entre le bruxo et les clients revêt « la forme de la croyance » qui, tout en n’étant pas univoque, joue un rôle essentiel dans l’efficacité thérapeutique. Le bouleversement ressenti dans les moments de tension est vécu par les participants comme une preuve de la véracité de l’inexplicable médiatisé et signifié par le bruxo et donc de l’efficacité de l’action du bruxo/esprit. D’autant plus que les consultations ou la participation à une session sont gratuites et la source de revenu du guérisseur est son herboristerie où les clients achètent les remèdes prescrits.

6Outre les récits de certains clients habituels, l’auteur a aussi basé son étude sur sa propre assistance aux sessions et lors de consultations. Sa conclusion est que la diversité de perceptions possibles qui ressort de l’enquête, est un élément constitutif de l’hétérogénéité d’expériences engendré par la session.

Juillet 2007

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Pour citer cet article

Référence papier

Elisabetta Maino, « Miguel Montenegro, Un culte thérapeutique au Portugal. Entre Moïse et Pharaon »Lusotopie, XV(2) | 2008, 275-276.

Référence électronique

Elisabetta Maino, « Miguel Montenegro, Un culte thérapeutique au Portugal. Entre Moïse et Pharaon »Lusotopie [En ligne], XV(2) | 2008, mis en ligne le 01 février 2016, consulté le 11 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/707 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01502026

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Auteur

Elisabetta Maino

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