Frédéric Vidal, Les habitants d’Alcântara. Histoire sociale d’un quartier de Lisbonne au début du 20e siècle
Frédéric Vidal, Les habitants d’Alcântara. Histoire sociale d’un quartier de Lisbonne au début du 20e siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2006, 489 p., ISBN : 2-85939-935-6.
Texte intégral
1Version légèrement remaniée d’une thèse de doctorat d’histoire soutenue en 2003, Les habitants d’Alcântara constitue un texte très dense de près de 500 pages consacré à l’étude d’un quartier ouvrier et industriel de Lisbonne, entre la fin du xixe siècle et les années 1940. Le titre de l’ouvrage résume à lui seul les deux ambitions problématiques de l’auteur, à savoir d’une part contribuer, à travers l’exemple d’Alcântara, à une histoire sociale du processus d’industrialisation du Portugal, et d’autre part interroger les formes de structuration sociale, c’est-à-dire les types de relations interindividuelles, les proximités et les distances entre des individus et des groupes sociaux, qui se réalisent au sein d’un tel quartier.
2Dès l’introduction, F. Vidal montre bien que le choix d’un tel sujet peut apparaître doublement marginal : il s’agit en effet de se concentrer sur des questions urbaines et industrielles dans un pays alors majoritairement rural, mais aussi de raisonner à partir de l’échelle locale alors que l’historiographie portant sur l’industrialisation du Portugal s’est toujours placée à l’échelle nationale. À partir de cette double marginalité, l’auteur revendique un positionnement historiographique. En abordant Lisbonne comme « une ville de l’âge industriel » et non comme « une ville industrielle où domine une activité organisée autour de la grande industrie », F. Vidal prône, à l’opposé de l’historiographie classique, un degré de « banalisation » de l’expérience portugaise. Par ailleurs, quand il défend une entrée par le quartier entendu comme « milieu social et espace de relations », il postule que des dimensions peu connues de l’industrialisation portugaise peuvent être observées à ce niveau, mais se démarque en même temps de certaines approches monographiques qui tendent trop souvent à réifier leur objet.
3La posture méthodologique est elle aussi donnée rapidement. F. Vidal, inspiré par les travaux de B. Lepetit, adopte une histoire de type expérimental où « l’objet historique se construit en fonction de l’avancée de la recherche ». L’objet, à savoir l’étude des liens sociaux entre les individus et entre les groupes dans un quartier industrialisé d’une grande ville, s’est construit progressivement, par « tâtonnements et hésitations ». L’auteur précise en outre que cette démarche expérimentale s’est aussi imposée du fait des lacunes des sources sur la société lisboète des xixe et xxe siècles. Concrètement, le système d’investigation élaboré consiste en un « bricolage » à partir d’une documentation hétérogène et dispersée et de l’analyse intensive d’une source unique, les registres de l’état civil. Une telle posture méthodologique est devenue assez répandue dans les travaux de recherche en sciences sociales.
4La première des quatre parties de l’ouvrage, intitulée « Un espace social, un cadre de vie », offre une double mise en contexte. Le chapitre I (« Peuplement et industrialisation d’un espace lisboète ») représente un « détour écologique » dont l’objectif est de reconstituer le cadre de vie quotidien des habitants d’Alcântara. De manière finalement assez classique (et un peu longue), F. Vidal aborde les questions géographiques du site, de la croissance urbaine et de la délimitation du quartier, décrit la population d’un point de vue démographique grâce aux données de recensements et à la production d’indicateurs, enfin dépeint les principales activités du quartier à travers une brève histoire des entreprises locales. Pour chacune de ces thématiques, l’auteur interroge la singularité d’Alcântara par rapport à d’autres quartiers de la ville. Ainsi, par exemple, il montre bien comment le régime démographique d’Alcântara se banalise progressivement au cours du début du xxe siècle.
5Le chapitre II (« L’image d’un quartier : les trois Alcântara ») constitue une description stimulante du contexte discursif de l’époque. Il s’agit pour l’auteur de présenter les principales représentations associées à Alcântara et les pratiques sociales qui ont pu susciter de telles représentations. En questionnant l’influence de la diffusion de ces représentations sur le quotidien des habitants, F. Vidal affiche son souhait de « rester encore une fois du côté des habitants » : il s’agit finalement de présenter quelques « repères identitaires autour desquels a pu s’ordonner l’infinie diversité des postures individuelles ». Trois principales représentations, obtenues suite au croisement de regards issus de cercles différents, les uns proches du quartier, les autres plus éloignés, sont décrites par l’auteur : Alcântara comme quartier industriel et faubourg ouvrier, comme bastion républicain, et comme quartier populaire. Ces trois figures, qui peuvent se superposer dans le temps, révèlent en définitive plusieurs représentations du quartier dans sa relation avec la ville. Si l’analyse proposée s’avère à l’évidence très intéressante, elle soulève aussi plusieurs questionnements. Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas ainsi choisi d’étudier une seule source (par exemple, des articles de presse) sur l’ensemble de la période et d’y déceler les changements de traitement du quartier ? On peut aussi regretter que, pourtant sensible à privilégier le point de vue des habitants, il n’insiste pas suffisamment sur le fait que les trois figures évoquées correspondent in fine à des représentations issues des classes dirigeantes ou de certaines « élites » locales. S’il considère avec justesse la construction de la figure du « quartier populaire » dans le contexte de l’Estado Novo comme un acte de pouvoir (modifier l’image du quartier pour insuffler des dynamiques urbaines et sociales), on aurait en effet aussi souhaité un regard plus critique sur la production des deux autres représentations.
6Au total, cette première partie est utilisée par l’auteur pour justifier les bornes chronologiques de son étude. La période 1900-1940 correspond précisément à une étape de transition dans la trajectoire urbaine du quartier ; transition qui marque le passage d’un faubourg ouvrier et industriel à un quartier urbain.
7La question des sources et de la méthode utilisées ouvre la seconde partie de l’ouvrage intitulée « Les relations interpersonnelles dans deux rues d’Alcântara : la Rua da Cruz et la Rua Feliciano de Sousa ». L’étude repose sur l’exploitation d’une archive unique, celle de l’état civil de Lisbonne, choix que l’auteur dit avoir fait par défaut puisqu’il n’a pas trouvé d’autres sources nominatives susceptibles de lui permettre d’approcher l’espace social d’Alcântara. Cette justification peut apparaître un peu rapide, d’autant plus qu’il n’explique pas pourquoi il n’a pas cherché à compléter cette source qu’il qualifie pourtant de « pauvre » par des sources orales, devenues depuis les travaux de J.P. Burdy sur Saint-Étienne ou de M. Gribaudi sur Turin un recours fréquent dans les monographies de quartier.
8Le chapitre III (« L’usage d’une source pauvre ») ressaisit donc la méthode et les apports des travaux qui ont fait une utilisation intensive des archives d’état civil dans les domaines français et portugais. L’auteur prend soin de se démarquer de ces précédents en invoquant la particularité du terrain et du contexte culturel sur lesquels il travaille. Cela l’amène à énoncer de manière très précise le cadre expérimental qui oriente sa propre analyse et qu’il a forgé au contact de la source. Ainsi, a-t-il préféré parmi les actes ceux de naissance et de baptême. Les actes de décès se sont révélés en effet trop lapidaires et ceux de mariage peu adaptés à l’étude d’une population ouvrière qui fréquemment vivait en concubinage, leur importance étant tronquée, de plus, par la tradition de célébrer les noces dans le village de la mariée. Pour des raisons pratiques, F. Vidal restreint son étude à deux rues, la Rua da Cruz et la Rua Feliciano de Sousa, qu’il juge représentatives du quartier car fortement peuplées. Il procède aussi à deux coupes temporelles, 1900-1910 puis 1930-1939, justifiées par l’état lacunaire et instable des archives entre ces deux périodes. Il souligne enfin une piste d’investigation permise par la nature particulière de son archive. Puisqu’elle consiste en des déclarations effectuées par les parents et parrains, elle est susceptible de fournir des indications sur la manière dont se percevait et se représentait la société d’Alcântara.
9Le chapitre IV (« Les liens avec la ville ») s’attache à l’exploitation des mentions des lieux de naissance et de mariage des parents dans les actes de baptême. En cherchant à retracer un véritable parcours migratoire, dont il ne perçoit finalement que quelques étapes, F. Vidal veut interroger les liens qu’entretiennent les populations qu’il étudie avec la ville, selon leur origine individuelle. Il repère ainsi deux groupes importants : les natifs de Lisbonne et les habitants issus du courant migratoire dominant (Beira intérieure) et utilise le choix du partenaire comme indice d’intégration à la ville. Pendant la période étudiée, le nombre de mariages célébrés à Alcântara et la part des couples où au moins un des deux partenaires est né à Lisbonne augmentent, ce que l’auteur interprète comme une stabilisation du quartier et un renforcement du lien à la ville. Il semble cependant difficile de conclure avec F. Vidal à l’existence ou non de « liens forts » ou « faibles » avec Lisbonne à partir de la seule origine des membres du couple. Les habitants issus du courant migratoire dominant ont certes tendance à privilégier dans le choix de leur partenaire la relation à leur région d’origine, mais la prise en compte de l’ancienneté de leur présence à Lisbonne et de leur pratique quotidienne de la ville pourrait permettre de réévaluer le rapport qu’ils entretiennent avec elle et de corriger l’assimilation discutable faite par l’auteur entre mariage avec un lisboète de souche et lien fort avec la ville.
10Dans la troisième partie de son ouvrage, nommée « Identités et représentations professionnelles » F. Vidal change d’angle d’approche de sa source, qu’il considère désormais dans sa dimension qualitative. Rappelant, dans le chapitre V (« Les modes de déclaration ») qu’elle est le produit de déclarations faites par les parents et les parrains, il s’interroge sur ce qu’elle révèle des identités professionnelles et de leurs représentations. Les actes mentionnent rarement une profession pour les femmes et lorsqu’ils le font, c’est la plupart du temps le terme de « domésticas » (au foyer) qui apparaît. Selon l’auteur il faut y lire non pas le reflet d’une réalité, mais plutôt la manière dont le travail féminin est perçu à l’époque : dénigré voire nié dans le système de valeurs qui se met en place sous l’Estado Novo. C’est d’ailleurs à cette période que le recours au terme « domésticas » se systématise. Pour ce qui est des pères et des parrains, le relevé des déclarations met à jour un paysage social très diversifié, qui recense près de 166 professions différentes, même si les secteurs ouvriers y dominent largement.
11Dans son chapitre VI (« Quelques remarques sur les identités professionnelles au Portugal durant la moitié du xxe siècle »), F. Vidal choisit de faire un détour par d’autres sources afin d’analyser les mécanismes sociaux de construction des identités professionnelles sous-jacentes aux déclarations des hommes d’Alcântara. Les travaux effectués dans le champ de l’histoire sociale de l’industrialisation du Portugal ayant peu abordé cette question, il a recours à des sources primaires : enquêtes effectuées sur certaines professions par l’Institut d’Orientation Professionnelle et bribes documentaires concernant la compagnie de tramways Carris installée dans le quartier. L’auteur montre à partir de ces exemples que ce n’est pas tant la nature du métier qui définit la position sociale, mais le statut de l’emploi occupé. Être employé de la Carris – ce qui signifie jouir de droits sociaux et de salaires plus élevés – est ainsi particulièrement valorisé.
12Si ce chapitre peut apparaître assez mal relié aux développements qui le précèdent, ses acquis permettent cependant à l’auteur de se détacher de la vision de l’historiographie traditionnelle qui a tendance à surévaluer l’importance des métiers dans la construction des identités professionnelles et des solidarités dans les milieux populaires. Il dispose désormais d’une grille de lecture plus complexe pour l’analyse des comportements relationnels.
13Objet de la dernière partie intitulée « Proximités et distances sociales », l’analyse de ces comportements traduit la volonté de l’auteur d’étudier non plus une pluralité de « trajectoires » mais plutôt des « formes de convergence » sociales. Dans le chapitre VII (« Les liens père/parrain »), F. Vidal explique comment l’étude des relations père/parrain offre une entrée pertinente pour analyser les formes de stratifications sociales d’un milieu populaire urbain structuré selon le modèle de la communauté. Les liens avec les parrains apparaissent en effet comme des axes d’ouverture vers l’extérieur, qui dépassent les oppositions traditionnelles entre les groupes sociaux. Pour l’auteur, l’utilisation des catégories de recensement s’avère vite décevante pour l’analyse de tels liens sociaux. Le recours à la classification employée par W.H. Sewell à propos du cas marseillais offre d’autres perspectives qui signalent le rôle du niveau de qualification dans la formation des liens. Les résultats de l’analyse de F. Vidal montrent par exemple que les ouvriers non qualifiés apparaissent comme le groupe le plus dévalorisé : même s’ils parviennent à se rapprocher d’autres groupes sociaux, peu de catégories sociales cherchent à tisser des liens avec eux. Les ouvriers qualifiés bénéficient quant à eux d’une forte cohésion à l’intérieur de leur propre groupe. Enfin, les employés, autre catégorie marquée par une certaine cohésion, sont très recherchés comme parrains par les membres des autres groupes sociaux. Dans une lecture critique de ces résultats, F. Vidal précise que le niveau de qualification ne peut expliquer en totalité l’organisation des relations interpersonnelles à Alcântara : d’autres facteurs doivent être pris en compte, comme l’origine des pères, la nature de l’emploi qu’ils exercent, ou encore les caractéristiques des liens qu’ils entretiennent avec la ville et le quartier.
14Le chapitre VIII (« Des manières de créer des groupes »), en présentant les univers relationnels observés auprès de représentants de trois professions différentes (manœuvres, chaudronniers et serruriers, employés de commerce), puis en se situant au niveau des couples, confirme qu’aucun facteur de différenciation entre les individus n’agit séparément pour fixer les degrés de distance ou de proximité sociale entre les groupes. La grande complexité des pratiques relationnelles observée au sein de chaque groupe d’habitants témoigne en effet que la seule qualification des pères ne peut déterminer à elle seule les positions relationnelles des couples. À l’aide de représentations graphiques de type radar très parlantes – quoique parfois mal reliées au texte –, l’auteur montre bien comment la ville apparaît au début du siècle comme « un champ des possibles », c'est-à-dire comment face au statut professionnel, la relation à la ville s’avère être un facteur essentiel de différentiation des pratiques individuelles et de distinction entre les groupes d’habitants. A contrario, dans les années 1930, c’est véritablement le niveau de qualification qui « donne le ton » de la définition des positions individuelles et sociales : la ville devient en effet un lieu où les opportunités se font plus rares, les choix migratoires et résidentiels, tout comme leurs combinaisons à l‘échelle du couple, apparaissant alors moins déterminants.
15L’ouvrage de F. Vidal apparaît comme une contribution notable à l’histoire du Portugal contemporain. Il propose en effet à la fois pistes de réflexion et jalons dans un champ de recherche peu exploré qu’est celui de la transformation de la société portugaise par l’industrialisation. À plusieurs reprises apparaît ainsi dans le texte la mention de fonds d’archives restés relativement inédits (association de la Promotora, de la société Carris, etc.) qui sont autant d’entrées possibles pour poursuivre cette exploration.
16La très grande réflexivité avec laquelle l’auteur mène sa démonstration, prenant soin de ressaisir les travaux l’ayant précédé, d’interroger sans cesse la nature de ses sources et de déconstruire les catégories communément utilisées, représente l’autre point fort de l’ouvrage. Il est possible de le lire comme une véritable réflexion sur les méthodes de l’histoire sociale et sur les possibilités offertes par une archive particulière que sont les registres de l’état civil.
17Ce discours permanent de la méthode finit cependant par avoir des travers. Si le recours à « l’histoire expérimentale » s’avère fructueux et créatif dans le processus de recherche, son rendu détaillé alourdit parfois la lecture, rompt le fil du raisonnement, voire pousse quelquefois à une trop grande relativisation des résultats.
18Un autre problème se situe au niveau de la mise en contexte de l’analyse. L’auteur perd en effet de vue dans son approche micro-historique des deux rues, qui occupe la majeure partie de l’ouvrage, à la fois l’échelle de la ville, mais aussi les évolutions politiques et sociales du Portugal durant la période considérée (la crise économique, la mise en place de l’Estado Novo, le développement des modes de transport qui reste totalement absent du texte, etc.). Ces éléments sont regroupés dans une première partie finalement trop peu rattachée au reste – puisqu’un certain nombre des thématiques qui y sont abordées, comme l’attachement du quartier au régime républicain, ne sont pas exploitées par la suite – et dans la conclusion. Pourquoi ne pas les avoir répartis au fur et à mesure du développement, donnant ainsi plus de profondeur à l’analyse détaillée ?
19On peut enfin déplorer le côté parfois désincarné de l’étude. La démarche modélisatrice de l’auteur se fait au détriment de l’épaisseur de son terrain. Les rares reconstitutions de vies permettent de redonner un peu de chair au discours général et peut-être aurait-il été souhaitable de leur accorder une place plus importante. Une remarque similaire peut être formulée à propos de l’espace du quartier. En effet, même si la problématique de l’auteur se situe plus du côté de l’histoire sociale que de l’histoire urbaine, ces groupes dont il analyse les relations évoluent dans espace matériel avec lequel ils interagissent. Or, ce dernier ne nous est pas suffisamment redonné : aucune image des rues étudiées n’est fournie et la notion de voisinage est en définitive très peu mobilisée. Une telle iconographie – dont l’absence relève peut être d’exigences éditoriales ? – aurait sans doute encore mieux permis de positionner le lecteur au niveau des habitants et de leur vie quotidienne.
6 mars 2008
Pour citer cet article
Référence papier
Vanessa R. Caru et Matthieu Giroud, « Frédéric Vidal, Les habitants d’Alcântara. Histoire sociale d’un quartier de Lisbonne au début du 20e siècle », Lusotopie, XVI(1) | 2009, 236-241.
Référence électronique
Vanessa R. Caru et Matthieu Giroud, « Frédéric Vidal, Les habitants d’Alcântara. Histoire sociale d’un quartier de Lisbonne au début du 20e siècle », Lusotopie [En ligne], XVI(1) | 2009, mis en ligne le 22 novembre 2015, consulté le 23 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/488 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01601028
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