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La chronique des lectures
Revue des revues

Africa Yearbook. Politics, Economy and Society South of the Sahara, 2004, Andreas Mehler, Henning Melber & Klaas van Walraven (eds)

Leyde, Boston, Brill, 2005, 496 p.
Michel Cahen
p. 221-223
Référence(s) :

Africa Yearbook. Politics, Economy and Society South of the Sahara, 2004, Leyde, Boston, Brill, 2005, 496 p., Andreas Mehler, Henning Melber & Klaas van Walraven (eds), ISBN : 90-0414462-5, ISSN : 1871-2525.

Texte intégral

1L’Africa Yearbook publié à partir de 2005 par les éditions Brill prend la suite de l’Afrika Jahrbuch publié depuis 17 ans par l’IAJK (Institut d’études africaines de Hambourg). La différence, outre la langue, est que la nouvelle série est le fruit de la coopération entre l’IAK, l’ASC (Centre d’études africaines de Leyde) et le NAI (Institut scandinave d’études africaines d’Uppsala). Les trois centres, membres du réseau AEGIS (Africa-Europe Centre for Interdisciplinary Studies), ont par ailleurs bénéficié de nombreuses collaborations prises dans ce réseau et ailleurs. La facture du livre est classique : après deux introductions, l’une sur l’Afrique subsaharienne en général (par les trois éditeurs, p. 1-14) et l’autre sur les relations euro-africaines, qui n’oublie pas le Portugal (par Sven Grimm, p. 15-25), quatre grandes parties abordent successivement l’Afrique occidentale, l’Afrique orientale et l’Afrique australe, chacune étant introduite par un article mettant l’accent sur les organisations et problématiques sub-régionales (respectivement par Klaas van Walraven, p. 27-38, Andreas Melhler, p. 175-184, Rolf Hofmeier, 247-258 et Henning Melber, p. 375-386).

2Les cinq Pays africains de langue officielle portugaise (PALOP) sont traités respectivement par Carlos Lopes (Cap-Vert), Carlos Lopes et Martim Faria e Maia (Guinée-Bissau), Gerhard Seibert (São Tomé e Príncipe), Steve Kibble (Angola) et Joseph Hanlon (Mozambique).

3Dans la fiche « Cape Verde » (p. 55-58), Carlos Lopes insiste sur l’avertissement donné au gouvernement du PAICV par les élections locales de 2004 (ce qui, notons-le, n’a pas empêché le président Pedro Pires d’être réélu en 2006), sur le maintien de liens étroits avec l’ECOWAS et le Portugal, et sur la décision historique prise par l’ONU de retirer le Cap-Vert de la liste des pays les moins développés. Si celui-ci garde une économie au haut degré de vulnérabilité, son revenu moyen per capita et l’indice du développement humain ne justifiait plus cette « catégorisation ». Afin d’éviter que ce progrès ne se concrétise par une aide diminuée, la Banque mondiale et le PNUD ont renouvelé leur soutien au plan de réduction de la pauvreté. Dans un pays paisible, quelques problèmes de sécurité urbaine, dus notamment au trafic de drogue, ont suscité une certaine préoccupation.

4Dans la fiche « Guinea-Bissau » (p. 95-99), Carlos Lopes et Martim Faria e Maia brossent rapidement l’évolution depuis la brève guerre civile de 1998 ayant écarté du pouvoir Nino Vieira et notamment sur la gestion chaotique généralisée du pays sous la présidence de Kumba Yala menant au coup d’État du général Verissimo Seabra du 14 septembre 2003, à la présidence transitoire de Henrique Rosa et enfin aux législatives de mars 2004. Celles-ci instaurèrent un pacte entre le PAIGC et le PRS, fort instable, troublé par la mutinerie du 6 octobre et l’assassinat de Verissimo Seabra par des soldats mécontents face à une hiérarchie corrompue. Les élections présidentielles de 2005 ont commencé à se préparer dans un climat de tension (qui devait mener, en 2005, à la surprenante alliance entre Kumba Yala et Nino Vieira et à la victoire de ce dernier, sept ans après avoir été chassé par la révolte militaire et civile !). L’image internationale du pays reste déplorable, et sa situation économique et sociale désastreuse.

5Dans la fiche « São Tomé and Príncipe » (p. 241-246) Gerhard Seibert signale la persistance des scandales de corruption et l’instabilité, que la découverte du pétrole n’a évidemment pas amoindrie. Malgré le Forum national pour la réconciliation (ouvert le 16 juin 2004), les accusations de corruption, atteignant le Premier ministre Maria das Neves lui-même, démis par le Président Menezes… Une nouvelle loi sur les revenus du pétrole a été votée, sous la pression du FMI. Les États-Unis accordent une attention croissante à São Tomé, stratégiquement placé au cœur du Golfe de Guinée. Les 26 et 27 juillet, le pays reçut le VIe Sommet de la CPLP, en présence du président Obiang de Guinée équatoriale, invité d’honneur malgré ses atteintes aux droits de l’homme. La perspective du pétrole stimule les investissements touristiques haut de gamme et la multiplication des banques. Il n’est pas précisé si cela est de l’intérêt des paysans des anciennes roças…

6Dans la fiche « Angola » (p. 387-431), Steve Kibble souligne qu’en 2004, l’Angola jouissait seulement de sa deuxième année de paix, après la défaite militaire de l’Unita. il considère que l’Angola est un bon exemple du « désordre comme instrument politique » au service de l’accumulation au profit de l’élite. Le président José Eduardo dos Santos a gardé tous les pouvoirs, y compris sur le parti. L’Unita, maintenant parti civil légal, a réussi sa réunification et a fait quelques tentatives de lien avec la société civile. le FNL souffre de ses luttes internes. Le 2 juillet, le leader d’un petit parti, le Partido democrático para o progresso, Mfulumpinga Lando Victor, a été assassiné, alors qu’il avait dénoncé des… assassinats préalables d’opposants. L’opposition a boycotté la commission de révision constitutionnelle, dont le pouvoir s’est servi pour repousser les élections (ces dernières devant se tenir après la révision). De son côté le PNUD a poursuivi son programme de déminage, même si le retour des réfugiés sur leurs terres d’origine ne se fait pas à la hauteur voulue. On signale toujours des violations des droits humains à Cabinda, et contre certaines sections de l’Unita. Cela n’empêche pas les États-Unis d’Amérique de renforcer leurs liens avec le pays en raison de leur intérêt géostratégique pour le Golfe de Guinée. Les relations financières internationales du pays restent freinées par le manque de transparence. Le taux de diffusion du SIDA est très sous-estimé (de 5 à 10 %) et, d’une manière générale, les services de santé et sociaux restent à des années lumière des besoins…

7Dans la fiche « Mozambique » (p. 434), Joseph Hanneton note évidemment que le fait marquant de l’année a été l’élection d’un nouveau président de la République, Armande Gueuler (1-2 décembre). La Renamo a perdu plus d’un million de voix (sans que, notons-le même si J. Hanlon ne fait pas la remarque, le Frelimo n’en gagne de son côté) dans un contexte d’abstentionnisme croissant. Une tentative de troisième force a complètement échoué. J. Hanlon note que le Mozambique est devenu « un État de parti unique élu ». Auparavant, les municipalités élues en nombre 2003 ont été intronisées les 5 et 10 février 2004. La Constitution a été révisée, même si la Justice reste une préoccupation constante. En 2002 et 2003, le principal suspect du meurtre de Carlos Cardoso, « Anibalzinho », réussit à s’échapper deux fois de suite de la prison de… haute sécurité [il n’a été ramené dans le pays, expulsé du Canada, qu’en 2005]. En dépit de cela, le Mozambique reste un pays considéré comme bon élève par les donateurs internationaux. Le Mozambique garde une politique étrangère éclectique (Portugal, Brésil, Chine, Afrique du Sud, Zimbabwe). Les investissements extérieurs restent concentrés dans les secteurs énergétique et des minerais, ainsi que dans le sucre (Maurice). Le chômage continue de croître et le sida touche 15 % des personnes de 15 à 49 ans. Même si le PIB augmente, la consommation per capita diminue.

8Est-ce qu’un annuaire tel que Africa Yearbook est une bonne solution pour suivre l’actualité africaine ? Si l’on en croît les éditeurs, chaque volume contiendra des analyses entièrement renouvelées chaque année. Mais une année n’est pas, bien souvent, une unité de temps satisfaisante pour comprendre des phénomènes politiques. Les fiches pays ressemblent de ce fait à de simples chroniques assez peu analytiques. Une périodicité par exemple tri-annuelle ne serait-elle pas plus féconde ? Je laisse ici la suggestion. En attendant, profitons de ce nouvel outil, écrit par des chercheurs en direction d’un public élargi.

921 mai 2006

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Pour citer cet article

Référence papier

Michel Cahen, « Africa Yearbook. Politics, Economy and Society South of the Sahara, 2004, Andreas Mehler, Henning Melber & Klaas van Walraven (eds) »Lusotopie, XIII(2) | 2006, 221-223.

Référence électronique

Michel Cahen, « Africa Yearbook. Politics, Economy and Society South of the Sahara, 2004, Andreas Mehler, Henning Melber & Klaas van Walraven (eds) »Lusotopie [En ligne], XIII(2) | 2006, mis en ligne le 10 avril 2016, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/1539 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01302030

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Auteur

Michel Cahen

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