Éric Morier-Genoud, The Vatican vs Lisbon. The Relaunching of the Catholic Church in Mozambique, ca.1875-1940
Éric Morier-Genoud, The Vatican vs Lisbon. The Relaunching of the Catholic Church in Mozambique, ca.1875-1940, Bâle, Basler Afrika Bibliographien, 2002, 16 p., ISSN : 1422-8769 (« BAB Working Paper », 5)
Texte intégral
1C’est très bien pour le Basler Afrika Bibliographien, mais cet opuscule, qui en est donc resté à l’état de « working paper », aurait pu faire un bel article dans une revue de référence. Voyons plutôt.
2Contrairement à ce qui a souvent été écrit, l’Église catholique au Mozambique n’était pas dans un état lamentable avant 1926. La situation était bien plus complexe. Après sa croissance jusqu’en 1759, elle déclina effectivement à l’époque du marquis de Pombal, puis des révolutions libérales, jusque vers 1859 (ce fut le « long siècle anticlérical ») du fait de l’expulsion des Jésuites et des Dominicains. En 1859, il restait… quatre prêtres catholiques au Mozambique. En fait, à partir de 1859 (notamment sous le gouvernement de Saldanha), l’Église a commencé à se renforcer, cette croissance s’accélérant fortement après 1880 et le Congrès de Berlin. En effet, dans le nouveau contexte international, elle fut utilisée, comme « preuve d’occupation », pour revendiquer des territoires (Manicaland, Vale do Shire). En 1901, elle avait atteint un développement plus fort que jamais auparavant. Ensuite, la République reprit, certes, une politique anticléricale, mais celle-ci fut bien moindre aux colonies du fait de la liberté d’activité reconnue dans le traité de Berlin, qu’en métropole. Cependant, si les Jésuites à nouveau expulsés furent ainsi remplacés par des Allemands et Autrichiens, ceux-ci furent internés, puis expulsés du fait de la Première Guerre mondiale. La Seconde République, suite à la chute de Sidónio País, utilisa ensuite les ordres religieux qui lui semblèrent stratégiquement utiles à la portugalisation, en particulier les franciscains portugais. Mais les Jésuites revinrent, ainsi que les Montfortins hollandais au Niassa et les Italiens de la Consolata en Zambézia. Le Concordat exprima en fait un triangle d’influence et non une soumission de l’un aux autres entre Lisbonne, l’Église catholique portugaise et le Vatican.
3L’argumentation et les sources sont largement convaincantes, même si elles n’effacent pas qu’il a été de l’intérêt de l’Église catholique de jouer la carte de la portugalisation comme moyen d’évangélisation. Cependant, si cette analyse nuance utilement des idées par trop simples sur l’état de l’Église au Mozambique avant Salazar, elle ne saurait faire oublier le reste du christianisme : l’Église catholique certes se renforce dès 1859, et surtout 1880, et jusqu’en 1910, mais il n’en reste pas moins qu’autour de 1900, il y avait plus de baptêmes protestants que catholiques au Mozambique. Cela veut dire que l’Église se renforçait, mais au sein d’un contexte global du christianisme colonial où sa position relative était encore en difficulté : elle n’était pas hégémonique, et c’est bien à partir de 1926 qu’elle le deviendra.
4Décembre 2002/Novembre 2005
Pour citer cet article
Référence papier
Michel Cahen, « Éric Morier-Genoud, The Vatican vs Lisbon. The Relaunching of the Catholic Church in Mozambique, ca.1875-1940 », Lusotopie, XIII(1) | 2006, 205-206.
Référence électronique
Michel Cahen, « Éric Morier-Genoud, The Vatican vs Lisbon. The Relaunching of the Catholic Church in Mozambique, ca.1875-1940 », Lusotopie [En ligne], XIII(1) | 2006, mis en ligne le 10 avril 2016, consulté le 06 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/1534 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01301020
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