Jaime Pinho, Isabel Duarte, Alberto Lopes et al., Mano preto, Mano branco : Direitos humanos em Angola e Moçambique (1950-1974)
Jaime Pinho, Isabel Duarte, Alberto Lopes et al., Mano preto, Mano branco : Direitos humanos em Angola e Moçambique (1950-1974), Setúbal, Estuário Publicações, 2004, 110 p.
Texte intégral
1120 élèves de l’école secondaire D. João II de Setúbal, et six professeurs d’histoire, sont les auteurs de ce petit livre, en portugais, qui est donc l’aboutissement d’une démarche pédagogique. Le matériel analysé a été constitué par les interviews de 50 personnes habitant aujourd’hui à Setúbal et qui ont vécu en Angola ou au Mozambique pendant la période 1950-1974. Ces témoins sont Blancs, Noirs ou Métis et un minimum de données biographiques figurent dans le texte à la suite de citations de leur témoignage. La courte préface de l’écrivain angolais Pepetela souligne le caractère honteusement caché de certains aspects de ces dernières décennies de l’époque coloniale, et Mónica Frechaut, dans une seconde préface, inscrit ce travail dans l’histoire du racisme au XXe siècle.
2Les jeunes enquêteurs ont procédé à des interviews semi guidées à l’aide d’un questionnaire commun qui figure dans l’ouvrage. C’est la structure de ce questionnaire qui a servi de base à l’organisation du livre en chapitres : habitations, droits civiques, éducation, santé, femmes, travail, culture et religions, guerre coloniale, police coloniale. Chaque chapitre est donc une synthèse de ce que les intéressés ont vécu et de ce qu’ils savent de ce temps qu’ils ont traversés. Le texte est illustré d’extraits pertinents des interviews et aussi de poèmes et de chansons que cette époque a inspirés. On y lit ainsi José Craveirinha, António Jacinto, Noémia de Sousa et José Afonso.
3Les témoignages cependant n’ont pas toujours force de documents et peuvent contenir des erreurs. Nous en avons relevé une dans la citation d’un témoin qui donne une présence blanche en Angola de 800 000 à 1 million en 1974 quand on sait qu’il y avait un peu plus de 400 000 habitants d’origine européenne en Angola en 1974, ce qui était déjà un record.
4Ce livre s’adressant manifestement à un large public, les enseignants qui ont encadré ce travail ont pris soin, pour combler le manque de références constaté dans le domaine de l’histoire coloniale, de faire inclure dans les divers chapitres des indications utiles sur le contexte, telles que des informations sur l’indigénat et sur le travail forcé, sur la situation linguistique, sur les principaux repères en ce qui concerne la lutte armée. Ces indications n’en font pas pour autant un livre d’histoire.
5Ce petit livre est somme toute une contribution à une histoire de la vie quotidienne au temps colonial en Angola et au Mozambique. La méthode a sans doute permis de contourner un tabou pour sensibiliser des élèves du secondaire, mais elle a aussi permis de donner aux témoins de ce temps une occasion rare d’en parler. L’intention avouée des éducateurs, au-delà de la sensibilisation à des faits réels, était aussi de contribuer à la justice mais aussi à la réconciliation, démontrant que ce qui se passait dans les colonies ressemblait beaucoup, même si c’est à un degré moindre, à ce qui se passait dans le Portugal fasciste de la même époque, en matière de privation de libertés et de droits.
6Mai 2005
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Pierre Chavagne, « Jaime Pinho, Isabel Duarte, Alberto Lopes et al., Mano preto, Mano branco : Direitos humanos em Angola e Moçambique (1950-1974) », Lusotopie, XII(1-2) | 2005, 282.
Référence électronique
Jean-Pierre Chavagne, « Jaime Pinho, Isabel Duarte, Alberto Lopes et al., Mano preto, Mano branco : Direitos humanos em Angola e Moçambique (1950-1974) », Lusotopie [En ligne], XII(1-2) | 2005, mis en ligne le 30 mars 2016, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/1310 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-0120102028
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