André kisalu kiala, Le drame angolais
André kisalu kiala, Le drame angolais, Paris, L’Harmattan, 2005, 313 p., ISBN : 2-7475-9485-8 (« Espace Afrique Australe »).
Texte intégral
1L’auteur, André Kisalu Kiala, se présente comme un « journaliste angolais indépendant » et, en tant qu’Angolais, nous fait partager son émotion, dès le titre de l’ouvrage, devant l’histoire des dernières décennies de son pays. De 1961 à 2002, l’Angola aura été un pays en guerre, à l’exception de périodes relativement courtes, d’abord une guerre anticoloniale, à laquelle la Révolution portugaise du 25 avril 1974 a mis fin, puis, une fois rapidement réglé le problème de la décolonisation, et même avant qu’elle ne se termine, une guerre civile prolongée jusqu’à la mort de Jonas Savimbi le 22 février 2002. Depuis, le pays connaît une sorte de non-guerre plutôt qu’une paix véritable. Nul doute qu’André Kisalu Kiala a vécu toute cette période comme un drame profond – ce qu’elle a été assurément. Son livre pourrait à ce titre être un témoignage : pourtant, il ne semble pas que les faits aient été vécus personnellement, puisqu’il ne se situe pas lui-même dans ces événements. Il procède en accumulant, classant et reliant les données et les faits qui contribuent à comprendre ce qu’aura été ce « drame angolais », et il en reste par trop au niveau factuel de la vie des mouvements de libération, des partis et des hommes qui ont été les acteurs et responsables du cours des événements.
2Les sources écrites ne sont pas citées pour tous les faits rapportés, ce qui porte à croire que certains ont été recueillis oralement (mais les sources orales font également défaut…). Signalons l’abondante bibliographie en fin de volume, mais où certaines sources ne figurent pas, alors qu’elles sont mentionnées en bas de page. D’une manière générale, les sources sont utilisées de façon transparente pour ce qui relève du commentaire ou de l’interprétation, alors que ce qui relève des faits, même les moins connus, ne conduit pas André Kisalu Kiala à les indiquer systématiquement (quitte à indiquer qu’une donnée a été recueillie sous anonymat, etc.). Les sources journalistiques secondaires (ou tertiaires…) ont été largement utilisées, si on en croit le nombre des références à Vivant Univers, périodique belge de Namur, et à Jeune Afrique. Est-ce satisfaisant ?
3L’ouvrage se veut curieusement généraliste et consacre environ un tiers de ses pages à des données générales sur le pays, géographiques et historiques, avec carte et chronologie. Cet enrobage – guère problématisé pour autant – a le mérite de situer les deux autres tiers consacrés à la période qui va de la création des mouvements de libération à la fin de la guerre civile, dont certains épisodes sont relatés minutieusement. Le film des événements de 1974 et 1975 est ainsi reconstitué. Les circonstances de la mort de Savimbi sont exposées en détail. Un point de vue parfois extérieur à l’Angola apporte aussi un éclairage inhabituel : l’auteur cite des mouvements peu ou guère cités hors des milieux spécialisés (le PDA, le Ngwizako, le MDIA, l’ARMZ, le Tobako, qui étaient présents au Congo-Kinshasa dans les années 1960). Il fait une description fine de la situation du Congo-Brazza et du Congo-Kinshasa et du rôle qu’y ont joué, dans leurs histoires récentes, le gouvernement angolais et l’Unita (où l’on voit comment l’Angola y a gagné de l’influence par ses aides militaires ciblées). Les rivalités entre le MPLA, le FNLA et l’Unita sont passées au peigne fin avec assez d’objectivité. On pourra cependant noter davantage d’antipathie pour l’Unita sans doute, peu de sympathie pour Roberto Holden et une tendresse discrète pour Daniel Chipenda, transfuge du MPLA.
4Il n’est pas possible de ne pas signaler un élément horripilant dans ce livre : les coquilles et erreurs trop fréquentes. On en trouve environ une par page en moyenne ! Sur les noms propres (« Cassiga » au lieu de Cassinga, « Braia des Tigres » et même « Bohie des Tigres » au lieu de Baia dos Tigres, ou Baie des Tigres) ; sur le vocabulaire pris au portugais (« diamento », ou « diamente » au lieu de diamant), mais aussi sur des mots français (« allumettes » au lieu d’amulettes), sans compter les manques de guillemets, d’accents, les interversions de lettres et autres coquilles, et quelques formes syntaxiquement fautives. Nul doute que le texte a cruellement manqué de la relecture d’experts : cela nuit à la confiance que l’on peut accorder à l’ensemble et questionne le travail de la maison d’édition et du directeur de la collection dans lequel cet ouvrage a été publié.
Août 2006
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Pierre Chavagne, « André kisalu kiala, Le drame angolais », Lusotopie, XIV(2) | 2007, 221-222.
Référence électronique
Jean-Pierre Chavagne, « André kisalu kiala, Le drame angolais », Lusotopie [En ligne], XIV(2) | 2007, mis en ligne le 25 mars 2016, consulté le 24 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lusotopie/1032 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1163/17683084-01402022
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