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The Anglo-Saxon Model and Higher Education in the United States

L’économie de la connaissance aux États-Unis : concepts, institutions, territoires

The Knowledge Economy in the United States : Concepts, institutions, and territories
Martine Azuelos

Résumés

Mettre en relation la connaissance et la croissance économique n’est pas une idée neuve et parler d’ « économie de la connaissance » témoigne d’une conceptualisation de cette relation qui va de pair avec la reconnaissance de son importance dans le monde contemporain. Un temps présentée comme un enjeu de compétitivité en Europe, puis dans des pays émergents comme la Chine ou le Brésil, elle apparaît en fait, comme de plus en plus mondialisée au milieu de la seconde décennie du XXIe siècle. Pourtant, les États-Unis continuent à y occuper une place singulière. Ce leadership s’explique, nous semble-t-il, par des facteurs d’ordre intellectuel et institutionnel qui s’enracinent dans le temps (l’histoire américaine) et dans l’espace (le territoire états-unien). Pour en rendre compte, cet article revient, dans une première partie, sur la notion d’économie de la connaissance et sur la contribution de plusieurs économistes américains à la conceptualisation du phénomène. La seconde partie analyse comment s’est progressivement mise en place aux États-Unis une architecture institutionnelle qui s’est avérée particulièrement favorable au développement d’une économie de la connaissance fortement territorialisée mais aussi, de plus en plus, « dé-nationalisée ».

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Texte intégral

  • 1 Le rôle du progrès technique dans la croissance économique a été identifié par les économist (...)
  • 2 Voir section 1, infra.
  • 3 Comme on le verra dans la section 1 ci-dessous, ces expressions désignent un même stade de d (...)
  • 4 Voir notamment Dominique Guellec « L’émergence d’une économie fondée sur le savoir », (...)
  • 5 Voir « Conclusions de la Présidence, Conseil européen de Lisbonne 23 et 24 mars 2000 », <htt (...)

1Si mettre en relation la connaissance et la croissance économique n’est pas une idée neuve, parler d’ « économie de la connaissance », voire de « société de la connaissance », témoigne d’une conceptualisation de cette relation qui va de pair avec la reconnaissance de son importance dans le monde contemporain1. Théorisée par des sociologues et par des économistes américains à partir des années 19602, cette relation commence à faire l’objet d’un intérêt plus large, notamment de la part des politiques et des médias, dans les années 1990. C’est alors que des expressions plus ou moins synonymes comme « économie fondée sur le savoir », « capitalisme de la connaissance », « capitalisme cognitif », « immatériel » ou « post-industriel » voient le jour3. La publication en 1996 du rapport de l’OCDE intitulé L’économie fondée sur le savoir marque une étape dans la popularisation du concept, tant parce que l’OCDE y souligne l’importance que revêtent la recherche, l’innovation et leur diffusion dans l’accélération de la croissance économique que parce qu’elle propose un certain nombre d’indicateurs pour quantifier le phénomène et permettre des comparaisons internationales4. Comparer les diverses situations des pays membres, repérer les « meilleures pratiques » est l’objectif affiché de ce rapport dont la publication n’est pas étrangère à la performance remarquable qu’enregistrent les États-Unis dans la seconde moitié des années 1990, au moment où émerge ce que l’on désigne alors par les termes de « nouvelle économie ». Il est d’ailleurs significatif que nombre de travaux publiés à cette époque fassent de la connaissance un enjeu de compétitivité entre chercheurs, centres de recherches, firmes, nations ou régions : alors qu’un fossé semble se creuser entre les États-Unis et l’Europe, cette dernière se fixe pour objectif stratégique de devenir en dix ans « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde », grâce à la mise en œuvre de « réformes structurelles pour renforcer la compétitivité et l’innovation »5.

  • 6 Les moyens dont ils se dotent varient d’un pays à l’autre mais concernent notamment des inve (...)
  • 7 On reviendra plus en détail, ci-dessous, sur ces indicateurs.

2Quelques années plus tard, des pays émergents, tels la Chine ou le Brésil, lui emboîtent le pas en se dotant de moyens visant à leur permettre de devenir les parties prenantes d’une « économie de la connaissance » dont la sphère de développement dépasse désormais largement l’Europe, le Japon et l’Amérique du Nord6. Au milieu de la seconde décennie du XXIe siècle les États-Unis continuent cependant, de fait, à occuper une place singulière au sein de cette économie de la connaissance : mesurée par des indicateurs relatifs à la production de savoir, à sa transmission et à son transfert, ou encore à la performance du système universitaire et du système d’innovation7, cette place reste prépondérante à l’échelle mondiale, même si elle apparaît en retrait relatif lorsqu’on la compare à ce qu’elle était au début des années 1990. Ce leadership s’explique, nous semble-t-il, par des facteurs d’ordre intellectuel et institutionnel qui s’enracinent dans le temps (l’histoire américaine) et dans l’espace (le territoire états-unien). Pour en rendre compte, cet article revient, dans une première partie, sur la notion d’économie de la connaissance et sur la contribution de plusieurs économistes américains à la conceptualisation du phénomène. La seconde partie analyse comment s’est progressivement mise en place aux États-Unis une architecture institutionnelle qui s’est avérée particulièrement favorable au développement d’une économie de la connaissance fortement territorialisée mais aussi de plus en plus « dé-nationalisée ».

1. L’économie de la connaissance : définitions et concepts

  • 8 Peter Drucker, The Age of Discontinuity. Guidelines to our changing society, New York, Har (...)
  • 9 Le choix de traduire “knowledge economy” par « économie de la connaissance », plutôt que p (...)
  • 10 OCDE, L’économie fondée sur le savoir, Paris, OCDE, 1996, 3.
  • 11 Dominique Foray, L’économie de la connaissance, Paris, La Découverte, 2009, 5.
  • 12 Antonelle Corsani, Patrick Dieuaide et Christian Azaïs. Vers un capitalisme cognitif : (...)
  • 13 Benoît Godin évoque un concept parapluie (umbrella concept). Voir Benoît Godin, “The Knowle (...)
  • 14 L’expression est utilisée par Paul A. David et Dominique Foray dans An Introduction to the (...)
  • 15 En plus de Benoît Godin, op. cit., voir notamment Keith Smith, “What is the ‘knowle (...)

3L’expression d’ « économie de la connaissance » semble avoir été utilisée pour la première fois par Peter Drucker en 1969 pour désigner l’ensemble des secteurs activité « intensifs en connaissance »8. L’expression fait ensuite florès9 et donne naissance à un discours nourri, mais force est de constater qu’il n’existe pas de définition de l’économie de la connaissance qui fasse consensus. L’OCDE la caractérise comme « repos[a]nt directement sur la production, la diffusion et l’utilisation du savoir et de l’information »10. Pour Dominique Foray, elle « correspond essentiellement, dans chaque pays, au secteur d’activités de production et de service fondées sur des activités intensives en connaissance », celles-ci étant « habituellement repérées en combinant des indicateurs portant sur la production et la gestion des savoirs, tels que les dépenses de recherche et développement (R&D), le taux d’emploi des travailleurs diplômés et l’intensité de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information »11. Pour d’autres, elle désigne une forme d’organisation économique et sociale dans laquelle la dynamique de développement et de croissance est fondée sur « l’exploitation systématique de la connaissance et des informations nouvelles »12. Certains auteurs soulignent que cette appellation commode recouvre une réalité multiple et multiforme13, une « boîte noire »14, voire un concept flou, fourre-tout, manquant d’assise théorique solide15.

  • 16 Si certains auteurs distinguent entre « connaissance » et « savoir », voire « savoirs », l (...)

4Pour clarifier les termes du débat et évaluer la portée et la pertinence de ces critiques, il apparaît donc indispensable de commencer par préciser de quoi nous parlerons ici. La question se pose avec une acuité particulière car les travaux composant notre corpus sont rédigés en français et en anglais, et que l’appellation française d’« économie de la connaissance », d’ « économie fondée sur le savoir » ou d’ « économie du savoir »16 correspond à deux expressions distinctes en anglais.

5L’appellation française désigne à la fois :

  1. une réalité empirique, à savoir

    1. d’une part l’ensemble des secteurs d’activité « intensifs en connaissance » (knowledge industries) comme la production des connaissances (la recherche scientifique et technique), leur diffusion (l’enseignement, l’édition, les bibliothèques, les technologies de l’information et de la communication, TIC), mais aussi les secteurs dans lesquels l’innovation scientifique et technologique constitue une source importante de la création de valeur (activités de haute technologie mais aussi activités traditionnelles comme l’agriculture ou l’automobile) ;

    2. et d’autre part une forme particulière et historique de structuration des activités économiques, au même titre que, par exemple, l’ « économie industrielle » ; désignée en anglais par les termes de knowledge economy, knowledge-based ou knowledge driven economy, elle doit son nom à ce que la production et la diffusion des connaissances scientifiques et techniques y sont identifiées comme le moteur de la croissance.

    • 17 Voir Dominique Foray, op. cit., chapitre 1.

    une discipline (désignée en anglais par les termes economics of knowledge), ou plutôt sous-discipline de la science économique (au même titre que, par exemple, l’économie du travail, labor economics, ou l’économie monétaire, monetary economics) dont l’objet de recherche, la connaissance, pose des problèmes originaux, d’ordre à la fois théorique et empirique17.

6Il convient de relever que l’émergence de la sous-discipline economics of knowledge (2) est concomitante avec le phénomène historique auquel fait référence l’acception (1b), même si la connaissance a constitué un objet d’étude pour les économistes bien avant. Il est aussi important de souligner que le phénomène historique a lui-même été fortement territorialisé : c’est dans les pays les plus développés, et singulièrement aux États-Unis, qu’il est d’abord apparu, même s’il s’est ensuite étendu à d’autres territoires. Actuellement la production de travaux de recherche dans le champ de la discipline knowledge economics, tout comme le territoire de la knowledge economy, se développe au-delà des frontières nationales dans lesquelles ils ont vu le jour.

De quelle « connaissance » parle-t-on ?

  • 18 Voir la définition donnée par N. Gregory Mankiw dans “The Growth of Nations”, Brookings P (...)
  • 19 Voir Dominique Foray, op. cit.

7L’économie de la connaissance, en tant que discipline (economics of knowledge), s’intéresse à l’ensemble des connaissances utilisées dans les activités économiques. Si le terme « connaissance » est utilisé de façon générique, il est souvent employé pour désigner non pas tous les domaines du savoir, mais plus particulièrement la connaissance scientifique et technique qui conditionne le progrès technique, lui-même déterminant pour l’innovation et la performance des secteurs d’activité « intensifs en connaissance »18. La littérature a d’abord donné une place prépondérante aux savoirs technologiques, pour s’intéresser plus récemment à la connaissance « organisationnelle », à l’innovation dans les services, à la connaissance des marchés et au développement des compétences permettant aux individus de mobiliser plus efficacement les savoirs. En conséquence, le champ de la discipline s’est progressivement élargi. Il inclut aujourd’hui l’économie de la recherche et de l’innovation, mais aussi les questions liées à la production, à la diffusion et à la reproduction du savoir ; l’étude des institutions qui rendent possibles ces processus ; le « dilemme » de l’appropriation de la connaissance, sur lequel nous reviendrons ci-dessous ; la territorialisation de l’économie de la connaissance, en lien avec les stratégies des entreprises (et leurs modes d’organisation) et les politiques publiques19.

  • 20 Le Commissariat général au Plan fut créé en 1946 pour définir la planification économiqu (...)
  • 21 Pascal Viginier et alii, La France dans l’économie du savoir : pour une dynamique collect (...)

8Comme le souligne un rapport français commissionné par le Commissariat général du Plan20 en 2002, la contribution de plusieurs économistes américains à la genèse de ce champ disciplinaire et à sa diversification progressive a été essentielle21.

L’apport de la science économique américaine à la conceptualisation de l’économie de la connaissance

  • 22 Né à New York en 1921, Kenneth Arrow est l’un des fondateurs de l’école né (...)
  • 23 Kenneth Arrow, “Economic Welfare and Allocation of Resources for Inventions”, in R. R. (...)
  • 24 Kenneth Arrow, “The Economic Implications of Learning by Doing”, Review of (...)

9Tous les travaux sur la genèse du concept d’économie de la connaissance mettent en effet en avant l’apport fondamental de plusieurs économistes américains, et en premier lieu celui de Kenneth Arrow22, à travers deux articles publiés en 1962. Le premier de ces articles applique les outils de l’analyse économique à une question fondamentale pour le développement de toute économie de la connaissance (knowledge economy), à savoir celle de l’allocation des ressources à l’activité de production des savoirs scientifiques et techniques23. Arrow est ainsi à l’origine d’une première définition économique de la connaissance, qui le conduit à assimiler celle-ci à de l’information : elle est produite par un secteur d’activité spécialisé, à partir d’une fonction de production qui combine du travail qualifié et du capital, et elle est échangée sur un marché. Le second article met en avant le rôle de l’apprentissage par la pratique dans l’acquisition de la connaissance, élément essentiel du processus de formation du capital humain24.

  • 25 Né à Vienne en 1902, élève de Von Mises, Fritz Machlup s’installe en 1933 aux États-Un (...)
  • 26 Fritz Machlup, The Production and Distribution of Knowledge in the United States, (...)

10Dans l’ouvrage où il forge l’expression d’économie de la connaissance, Peter Drucker en attribue la paternité intellectuelle à Fritz Machlup25 dont l’opus magnus, intitulé The Production and Distribution of Knowledge in the United States, publié lui aussi en 1962, constitue la première étude systématique de la connaissance envisagée dans une perspective économique26. Tout en s’attachant à étudier les institutions américaines qui sont parties prenantes de la production et de la diffusion du savoir, Machlup y met en place un cadre analytique qui distingue les différents types de connaissance, les différentes institutions relatives à sa production (université, R&D) et à sa diffusion (édition, médias, bibliothèques), ainsi que le rôle de la connaissance dans la croissance du PIB et dans la structure de l’emploi.

  • 27 Voir notamment Fritz Machlup, Education and Economic Growth, University of Nebraska Pr (...)
  • 28 Voir Gary Becker, Human Capital : A theoretical and empirical analysis, wit (...)
  • 29 Paul M. Romer, né en 1955, est professeur à la New York University.
  • 30 Robert E. Lucas, né en 1937, est professeur à l’Université de Chicago et a reçu le pri (...)
  • 31 Voir Paul M. Romer, “Increasing Returns and Long-run Growth”, Journal of Political (...)
  • 32 Les théories de la croissance exogène expliquent la croissance par le prog (...)

11Ces analyses, qui seront reprises et approfondies dans ses travaux ultérieurs27, sont confortées par la théorie du capital humain qui met en évidence que la diffusion des connaissances permet des rendements croissants et des externalités positives, faisant de l’accumulation de capital humain un facteur essentiel de croissance économique28. Les théories de la croissance endogène, qui sont développées aux États-Unis et restent notamment associées aux noms de Paul M. Romer29 et de Robert E. Lucas30, poussent l’analyse encore plus loin à partir des années 198031. Alors que la théorie néoclassique de la croissance identifiait une seule source de croissance -- l’accumulation du capital physique --, les modèles de croissance endogène retiennent toute une série de facteurs, comme l’investissement en capital physique, en capital public, et en capital humain, mais aussi l’apprentissage par la pratique, la division du travail, ainsi que la recherche et l’innovation technologique32.

  • 33 Voir Dominique Foray, L’économie de la connaissance, op. cit., 13.
  • 34 Ibid.

12Les économistes américains ont enfin joué un rôle pionnier dans l’identification de la connaissance comme un type de bien particulier, distinct des biens ordinaires. L’analyse de Kenneth Arrow dans le premier des deux articles cités ci-dessus est à cet égard essentielle. Arrow part en effet de l’idée que la connaissance est un « bien public », en ce sens qu’elle est difficilement contrôlable et appropriable par l’entité qui le produit. Elle est à l’origine d’externalités positives puisque sa production a un impact positif sur des tiers, sans compensation de leur part. C’est en outre un bien « non rival dans l’usage », puisque l’usage que l’on fait de la connaissance ne la détruit pas, contrairement à ce qui se passe pour un bien ordinaire comme un repas ou une paire de chaussures. Qui plus est, son usage n’a pas de coût additionnel, ce qui implique que l’on soit en présence d’une « forme extrême de coût marginal décroissant »33. La combinaison de ces différentes propriétés pose toutefois un problème d’ « utilisation optimale » : comment, en effet, « concilier un usage sans limite avec la nécessité de doter ceux qui produisent le savoir de moyens pour en contrôler la circulation ? »34. Voilà en quoi consiste le « dilemme de la connaissance ». Dans l’idéal, du point de vue de l’utilisation de la connaissance, il faudrait que celle-ci soit gratuite et accessible à tous. Sa production a en effet un rendement social très élevé et constitue un fondement déterminant de la croissance économique. Mais si l’on se penche sur les conditions de production de la connaissance, on perçoit bien qu’il en va tout autrement. Cette production est en effet coûteuse et, dans une économie régie par les règles du marché, il faut, pour inciter les agents économiques privés à s’engager dans cette activité, trouver le moyen de leur permettre d’être dédommagés. Or ce dédommagement implique de fixer un prix à la connaissance, et donc nécessairement d’en limiter l’accès. Les agents privés ne seront en effet incités à produire des connaissances nouvelles que s’ils peuvent exclure les autres agents de leur utilisation ou les vendre à un prix qui couvre au moins leurs coûts de production.

  • 35 Voir Kenneth Arrow, “Economic Welfare and Allocation of Resources for Inventions”, op. (...)

13Le problème est d’autant plus délicat que la connaissance est un bien cumulatif, ce qui signifie qu’elle n’est pas seulement un bien final mais aussi le principal ingrédient pour la production d’autres connaissances. Il serait donc particulièrement néfaste d’en limiter l’accès. Le marché ne peut ainsi, à lui seul, assurer une production et une utilisation efficiente de la connaissance. On se trouve face à une défaillance du marché qui impose de recourir à des arrangements institutionnels qui permettront aux agents économiques de s’approprier une part significative des bénéfices de leur travail de création tout en maximisant l’accès aux savoirs nouveaux, et donc de développer des incitations à la production de la connaissance mais aussi à sa diffusion35.

14Il existe, de fait, trois types d’arrangements institutionnels permettant de résoudre le dilemme de la connaissance : l’engagement direct de l’État dans la production des connaissances (par la création de laboratoires de recherche nationaux, de type CNRS ou INSERM, pour ne citer que le cas de la France) ; la production de connaissances par des agents privés subventionnés pour leur activité, comme lorsque des subventions publiques sont accordées à des universités de recherche privées ; et le renforcement des dispositifs incitant les agents privés à investir dans la connaissance, qu’il s’agisse de l’octroi de subventions publiques à la R&D privée (sous la forme, par exemple, de crédits d’impôt), des encouragements aux transferts de savoir depuis les universités vers les entreprises (qui constituent, de fait, des subventions indirectes aux entreprises), ou encore de la mise en place d’un régime de protection de la propriété intellectuelle.

  • 36 Voir notamment Giovanni Dosi, “Sources, Procedures, and Microeconomic Effec (...)

15La distinction entre connaissance et information, introduite à partir des années 1980, permet toutefois relativiser le problème de bien public attaché à la connaissance et de mieux comprendre comment s’opèrent les processus de création et de diffusion des savoirs36. Comme le soulignent Viginier et alii,

  • 37 Pascal Viginier et alii., op. cit., 20.

La reproduction de l’information se faisant à un coût quasi nul, le problème économique qui lui est associé est celui de sa révélation et de sa production ; c’est un problème de bien public. En revanche, le principal problème économique associé à la connaissance est celui de sa reproduction, qui passe, même quand elle est sous forme codifiée, par un processus d’apprentissage37.

16Ainsi, alors qu’identifier connaissance et information conduit à considérer qu’une large part des activités économiques n’est pas partie prenante de l’économie de la connaissance, à partir du moment où l’on admet que toutes les activités de production et d’usage des biens et services peuvent être l’occasion d’un apprentissage -- et donc d’une production de connaissance --, on est amené à les intégrer dans l’économie de la connaissance. Les institutions permettant à cet apprentissage de s’opérer jouent donc, à côté des institutions qui protègent la propriété intellectuelle et industrielle et de celles qui facilitent la production et la diffusion des savoirs, un rôle essentiel dans l’émergence d’économies fondées sur la connaissance.

Mesure du phénomène et leadership américain

  • 38 Sur ce débat, voir par exemple “The New Economy. Myth and Reality,” Monthly Review, vol. (...)
  • 39 Comme le souligne Dominique Foray, « l’avènement de l’économie fondée sur la c (...)

17Comment une économie de la connaissance au sens de la réalité empirique évoquée plus haut (définition 1b) peut-elle voir le jour ? Comment mesurer ce phénomène ? Comme nous l’avons vu, le développement de l’économie de la connaissance est indissociable de la mise en place d’institutions permettant de protéger la propriété intellectuelle et industrielle, de faciliter la production et la diffusion des savoirs, et de faciliter les processus d’apprentissage par la pratique. La mise en place de ces institutions ne pouvant s’effectuer que dans la durée, on comprend que même si certains auteurs ont suggéré l’idée que l’émergence de la « nouvelle économie » des années 1990 témoignait d’une rupture dans les modes d’organisation économique et dans les processus de croissance38, la plupart s’accordent pour penser que l’avènement de l’économie de la connaissance ne résulte pas d’une « révolution » comme ce fut le cas pour la révolution industrielle. Ainsi, pour Dominique Foray, le développement de l’économie de la connaissance est à envisager comme un processus de long terme plutôt que comme la marque d’une discontinuité brutale. Il résulterait d’une accélération et d’une intensification de phénomènes antérieurs à la faveur du choc technologique majeur qu’a constitué l’essor des TIC, qui a modifié les conditions de production et de diffusion des savoirs39.

  • 40 C’est pourquoi certains auteurs désignent l’économie de la connaissance par l’expression (...)
  • 41 Moses Abramovitz et Paul A. David, “Technological Change and the Rise of Intang (...)
  • 42 Voir OCDE, “A New OECD Project. New sources of growth : intangible assets,” 20 (...)

18L’un des indicateurs utilisés pour mesurer la transformation des économies industrielles en économies de la connaissance est la valeur relative du capital tangible et du capital intangible, ou « immatériel » parmi les facteurs de production40. Par opposition au capital « tangible » -- le capital physique, fixe ou matériel -- le terme « capital intangible » désigne à la fois les investissements qui portent sur les capacités de production et de diffusion des savoirs (éducation, formation, R&D) et ceux qui sont destinés à améliorer l’état physique du capital humain. L’augmentation de la part du capital intangible aux États-Unis a été mise en évidence par Moses Abramovitz et Paul David41 qui montrent que si le progrès technique a été déterminant pour la croissance américaine au cours des XIXe et XXe siècles, il s’est d’abord traduit (au cours du XIXe siècle) par une augmentation de la part du capital matériel ; et qu’à partir des années 1920 cette part a diminué alors que celle du capital intangible augmentait. Ainsi, alors que les deux tiers de la croissance de la productivité du travail étaient dus à la croissance du capital physique par heure travaillée dans la seconde moitié du XIXe siècle, cette part tombe à un quart ou un cinquième au XXe siècle. Les chiffres cités par l’OCDE, relatifs à la part respective du capital intangible et du capital tangible dans le PIB, vont dans le même sens. En 1929 la valeur du capital intangible représentait à peu près la moitié de celle du capital tangible. En 1972, le capital intangible représentait 8% du PIB, contre 12 % pour le capital tangible. En 1990 les deux valeurs étaient à peu près équivalentes, à 11 % du PIB. En 2011 le capital intangible représentait près de 16 % du PIB, contre 8 % pour le capital tangible42.

  • 43 On rappelle que, selon la distinction devenue classique établie par Joseph Schumpeter, l (...)
  • 44 Voir Daniel E. Atkins et alii, Revolutionizing Science and Engineering through (...)

19Un second indicateur utilisé pour mesurer le développement de l’économie de la connaissance en tant que réalité empirique est la diffusion et le progrès des TIC. Ces technologies sont en effet un facteur d’accélération du rythme de l’innovation de procédé et de produit dans l’ensemble de l’économie43. Qui plus est, elles apportent un soutien à une production plus collective et plus interactive du savoir44. Enfin, elles sont à l’origine d’externalités positives dans la mesure où elles permettent une baisse des coûts de transmission, de stockage et de codification des savoirs.

20Certains indicateurs concernent la performance du système scientifique qui, comme le souligne l’OCDE,

  • 45 OCDE, L’Économie fondée sur le savoir, op. cit., 21.

joue un rôle dans les fonctions clés de : i) la production de savoir (développer et fournir des connaissances nouvelles) ; ii) la transmission du savoir (éduquer et valoriser les ressources humaines) ; et iii) le transfert du savoir (diffuser les connaissances et fournir les éléments requis pour résoudre les problèmes)45.

  • 46 Ibid., 31.
  • 47 Ibid., 32-33.

21La création de savoir est elle-même mesurée des indicateurs comme les dépenses de R&D, le nombre d’ingénieurs et de techniciens, le nombre de dépôts de brevets, ou encore les balances internationales de paiements relatifs à la technologie46. Des indicateurs portant sur les flux interindustriels de R&D incorporée dans des biens intermédiaires ou des biens d’équipement permettent de mesurer la diffusion et l’utilisation de technologies spécifiques dans divers secteurs de l’économie47. Un autre indicateur fréquemment utilisé concerne la part du PIB réalisée par les secteurs à degré d’intensité technologique élevée, elle-même mesurée en fonction de leurs dépenses relatives de R&D ou de leur intensité de R&D.

  • 48 Voir la page dédiée du site de la Banque mondiale, “Knowledge Assessment Methodology 201 (...)

22L’indice composite KEI (Knowledge Economy Index) développé par la Banque mondiale au début des années 1990 vise à mesurer le potentiel dont dispose un pays pour générer, adopter et diffuser la connaissance, et à évaluer si les conditions cadre sont en place pour que ce pays utilise efficacement cette connaissance pour se développer. Construit à partir de quatre sous-catégories d’indicateurs (le régime économique et institutionnel, l’innovation et l’adoption des technologies, l’enseignement et la formation, l’infrastructure des TIC) il permet aussi des comparaisons internationales.48

  • 49 OCDE, L’Économie fondée sur le savoir, op. cit., voir notamment tableaux 1, 4 et 6. En (...)
  • 50 Sur la mesure du leadership américain dans l’économie de la connaissance, voir ci-dessus (...)

23Quels que soient les indicateurs utilisés, tous soulignent l’avance prise, historiquement, par les États-Unis sur le reste du monde jusque dans les années 1990. L’étude publiée par l’OCDE en 1996, qui se réfère largement aux différents indicateurs évoqués ci-dessus, fait largement ressortir l’avance des États-Unis sur le Japon et l’Europe occidentale49. Elle ne se propose cependant pas d’en rendre compte, ce qui est l’un des objectifs visés par le présent article. Pour ce faire, il nous semble utile de faire référence à la fois à l’histoire des États-Unis et à leurs institutions. L’hypothèse que nous formulons ici est en effet que c’est parce que les États-Unis se sont dotés, bien avant les autres pays, d’institutions répondant au triple objectif identifié ci-dessus -- protéger la propriété intellectuelle et industrielle, faciliter la production et la diffusion des savoirs, et faciliter les processus d’apprentissage par la pratique -- qu’ils ont devancé le reste du monde dans la mise en place de cette forme particulière de structuration des activités économiques qu’est l’économie fondée sur la connaissance, confortant leur leadership dans l’économie mondiale50.

2. La construction d’une architecture institutionnelle favorable au développement de l’économie fondée sur le savoir

24L’histoire des États-Unis fait en effet apparaître combien ce pays a su mettre en place des arrangements institutionnels particulièrement efficaces pour sortir du dilemme de la connaissance analysé ci-dessus.

La protection de la propriété intellectuelle et industrielle

  • 51 Cette prise de conscience de l’ « utilité » de la connaissance, et en particulier (...)
  • 52 Congress shall have the power (…) to promote the progress of science and useful arts by (...)
  • 53 Voir Martine Azuelos, « Innovation et système des brevets aux États-Unis : un (...)
  • 54 Ibid, §12, voir notes 17 et 18.

25Un premier arrangement institutionnel a donné très tôt aux États-Unis les moyens de remédier à la défaillance du marché en matière de financement de l’économie de la connaissance : dès l’adoption de la Constitution, en 1787, l’État fédéral est doté du pouvoir de « promouvoir les progrès de la science et des arts utiles », ce qui témoigne du fait que c’est dès la création de la jeune République que la connaissance y est perçue comme un enjeu de développement économique51. L’inscription du principe de la protection de la propriété intellectuelle et industrielle dans ce texte, qui donne au Congrès le pouvoir d’assurer « pour un temps limité, aux auteurs et inventeurs les droits exclusifs sur leurs écrits ou inventions respectifs »52, constitue, historiquement, le premier arrangement institutionnel par lequel la nation s’engage dans la voie de l’encouragement de l’innovation scientifique et technique. Nous en avons déjà fait l’étude et n’y reviendrons pas en détail ici53. Ce qui est significatif, c’est que le dilemme de la connaissance ait alors été fermement tranché en faveur d’une marchandisation de la connaissance au profit d’agents économiques privés encadrée par les pouvoirs publics de façon à servir, aussi, l’intérêt général. Et ce en dépit du débat qui avait opposé les Pères fondateurs dont certains, et en premier lieu Jefferson, récusaient l’idée de propriété intellectuelle ou industrielle54.

  • 55 Sur l’analyse de la réponse des États-Unis à la crise des années 1970 et 1980, voir nota (...)
  • 56 Voir Rosa Grimaldi, Martin Kenney, Donald S. Siegel et Mike Wright, “30 years (...)
  • 57 Voir Benjamin Coriat, « Le nouveau régime américain de la propriété intellectuelle. Cont (...)

26Significatif aussi est le fait que deux siècles plus tard, à un moment où la compétitivité des États-Unis se trouvait fortement érodée par l’Europe occidentale et le Japon55, l’adoption du Bayh-Dole Act (1980) ait accentué les effets de ce choix initial56. En autorisant les universités à breveter les produits de leurs recherches, même si celles-ci avaient été subventionnées par les pouvoirs publics, puis à céder ces brevets à des acteurs privés sous forme de licences exclusives ou dans le cadre d’accords de partenariat public-privé57 ; en étendant le domaine brevetable aux logiciels et au vivant, secteurs dans lesquels l’avance de la recherche américaine était alors incontestée, le gouvernement des États-Unis visait à conforter l’avantage compétitif national. Mais la mise en œuvre de ces mesures ne manqua pas de susciter de vives critiques, tant à l’étranger que sur le sol américain.

  • 58 Sur la conception de la connaissance comme « bien commun » voir notamment Elinor Ostrom, (...)
  • 59 Cet enjeu de puissance nationale était déjà au cœur de la doctrine Truman, comme le (...)
  • 60 Pour un état de littérature très complet sur la question, voir Bronwyn H. Hall et Dietma (...)

27Les questions posées par ces choix politiques restent largement d’actualité et sont de nature à la fois philosophique et éthique. Est-il acceptable de protéger la diffusion de la connaissance scientifique et technique pour en réserver l’usage exclusif à certaines entreprises qui en commercialiseront éventuellement les fruits à des prix inabordables pour certains ? De telles pratiques n’entravent-elles pas les progrès de la connaissance et ne vont-elles pas à l’encontre des intérêts de l’humanité tout entière ? La référence à la notion de « bien-être général » (“general welfare”) inscrite dans la Constitution des États-Unis ne doit-elle pas être étendue au reste du monde dès lors que la connaissance est un « bien commun »58 ? On relève que la voie choisie par le gouvernement des États-Unis a consisté à privilégier l’enjeu de puissance nationale par rapport à toute autre considération59, alors même que la littérature économique la plus récente porte un regard plus nuancé sur l’intérêt de la protection de la propriété intellectuelle et industrielle que celle qui avait largement prévalu jusque dans les années 198060.

La production et la diffusion de la connaissance : le rôle du système universitaire

  • 61 La fondation de la première d’entre elles, celle de Harvard, remonte à 1636, e (...)
  • 62 Les Land-Grant Colleges furent créés par les Morrill Acts de 1862 et 1890. Ces lois, dont (...)
  • 63 Anne Ollivier-Mellios, « L’Université américaine entre 1865 et 1920 : un monde à part ?  (...)

28Les premières universités américaines furent créées pendant la période coloniale61, et la prise de conscience de l’intérêt de la production et de la diffusion de la connaissance scientifique et technique remonte, comme nous l’avons vu, à la naissance de la nation américaine. Mais jusqu’à la création des Land-Grant Colleges62, l’enseignement dispensé par les universités reste classique, fondé sur l’enseignement des humanités, du droit et de la médecine. L’adoption du Morrill Act de 1862, qui constitue le premier jalon du développement d’un enseignement scientifique sanctionné par les universités, marque une étape importante de l’intervention de l’État fédéral dans la création d’un système fédéral de financement de l’université. Qui plus est, à la mission traditionnellement dévolue à l’université de diffusion du savoir s’ajoute celle de sa production, c’est-à-dire de la recherche, à la fin du XIXe siècle. Le modèle allemand, qui a fortement impressionné plusieurs centaines d’étudiants américains partis faire leur thèse dans ce pays, fait école aux États-Unis. Les quatre décennies qui suivent la fin de la Guerre de Sécession voient donc à la fois le nombre d’universités s’accroître substantiellement, le contenu de leurs enseignements se diversifier -- pour inclure l’enseignement scientifique et technologique -- et leur mission évoluer. Ainsi, dès avant la Première Guerre mondiale il était « communément admis que le rôle de l’université était triple, et qu’au rôle traditionnel de transmission de la culture s’ajoutait, d’une part, une mission de recherche et de l’autre, une conception utilitariste qui mettait l’université au service des besoins de la société »63.

  • 64 Voir <http://www.nasonline.org/about-nas/history>, consulté en octobre 2015.
  • 65 National Resources Committee, Research: A National Resource, Washington, D.C. : Governmen (...)
  • 66 Sur ce rapport voir notamment Taoufik Djebali, op. cit., section 2.
  • 67 Ibid.
  • 68 L’expression a été forgée par le journaliste Henry Luce. Voir “The American Ce (...)
  • 69 Sur le débat qui se développe alors sur la compétitivité nationale, voir notamment (...)
  • 70 Le système universitaire américain est un système complexe et hybride qui voit cohabiter (...)
  • 71 Selon l’OCDE, les dépenses totales des États-Unis en R&D se sont élevées à 397,3 (...)

29Le rôle des conflits armés est par ailleurs essentiel pour comprendre l’engagement croissant de l’État fédéral dans le financement et l’orientation de la recherche scientifique et technique. C’est pendant la Guerre de Sécession que le congrès crée la National Academy of Sciences, dont le champ de compétences s’élargit en 1916 avec la fondation du National Research Council (NRC) qui vise à associer la recherche scientifique à l’engagement américain en Europe64. Les considérations économiques ne sont néanmoins jamais absentes de cet engagement de l’État fédéral. Ainsi, pendant la Grande Dépression, l’administration Roosevelt commande un rapport sur l’état de la recherche aux États-Unis, qui conclut que celle-ci constitue une « ressource » de nature à sortir le pays de la crise65. Cette conclusion se vérifie pendant la Deuxième Guerre mondiale, à une époque où l’utilisation de la recherche à des fins militaires dans le cadre du National Defense Research Committee (NDRC) conduit à un niveau sans précédent d’investissement public dans la recherche. Le complexe militaro-industrialo-universitaire qui voit alors le jour et qui sera pérennisé dans la période d’après-guerre et pendant toute la durée de la Guerre froide doit beaucoup à la publication du rapport Science : The Endless Frontier, dont l’auteur, Vannevar Bush, avait dirigé le NDRC66. Ainsi, « les changements qui ont eu lieu pendant la guerre ont lié pour longtemps les universités au complexe militaro-industriel et l’État fédéral est alors devenu le pourvoyeur de fonds des universités à vocation de recherche »67. Dans ce contexte, la triple dimension -- idéologique, géopolitique et économique – du conflit Est-Ouest fait de la connaissance scientifique un enjeu déterminant de l’affirmation de la puissance des États-Unis dans la seconde moitié du « siècle américain »68. Cela conduit l’État fédéral à augmenter ses financements à la recherche fondamentale et appliquée, dont il estime qu’elle aura des incidences militaires. Ce soutien bénéficie en premier lieu aux universités de recherche qui sont par ailleurs incitées à mettre en place des partenariats avec le secteur privé. Pour l’essentiel concentré dans les secteurs susceptibles de développer des applications militaires, ce financement public et ces partenariats s’élargissent à partir des années 1980, à partir du moment où le concept de « compétitivité nationale » occupe le devant de la scène dans les débats politiques, économiques et médiatiques69 et plus encore après l’effondrement de l’Union soviétique, dès lors que les enjeux économiques supplantent les enjeux militaires dans la stratégie mise en œuvre par le gouvernement américain. La prise de conscience de ces enjeux par les universités de recherche elles-mêmes70, dans un contexte de forte concurrence entre ces établissements, les conduit à s’engager dans une course à la levée de fonds qui creuse le fossé entre les ressources dont elles disposent et celles dont peuvent disposer leurs homologues étrangères, renforçant d’autant le leadership des États-Unis dans la production de la connaissance71.

Les partenariats public-privé et la territorialisation de l’économie de la connaissance

  • 72 Ce concept trouve son origine dans une série de travaux pionniers publiés au début des (...)
  • 73 OCDE, Dynamiser les systèmes nationaux d’innovation, Paris, OCDE, 2002, 8.
  • 74 Voir Jacques-Henri Coste, « La dynamique de la recherche et développement aux États-Un (...)

30Le concept de « système national d’innovation », développé au début des années 1990, a permis de rendre compte du réseau d’interactions facilitant le développement d’une économie de la connaissance dans un cadre national72. Les travaux publiés sur ce thème renvoyaient à l’action de différents acteurs privés et publics (entreprises, universités, pouvoirs publics) et à la façon dont les relations qui s’établissent entre eux peuvent favoriser l’innovation dans un cadre national donné, le processus d’innovation étant envisagé selon un modèle interactif « qui met l’accent sur les transactions marchandes et non marchandes de connaissances entre les différents acteurs », les performances d’une économie en matière d’innovation dépendant de l’intensité et de l’efficacité de ces transactions73. La référence à ce concept et l’étude des transformations de système national d’innovation américain à travers l’histoire sont utiles pour comprendre comment l’interaction entre entreprises, universités et pouvoirs publics a permis la genèse d’une « économie de la connaissance » aux États-Unis74.

  • 75 Voir Loet Leydesdorff et Henry Etzkowitz, « Le "Mode 2" et la globalisation (...)
  • 76 Martine Azuelos, Jean-Baptiste Velut et Caixia Tan, « Splendeurs et misères (...)
  • 77 Voir Peter K. Eisinger, The Rise of the Entrepreneurial State, Madison, Th (...)
  • 78 Voir Andrew Metrick et Ayako Yasuda, Venture Capital and the Finance of In (...)
  • 79 Sa mise en place remonte à la création, en 1946, de l’American Research and Developmen (...)
  • 80 Cet essor s’explique à la fois par l’augmentation de la demande de finance (...)
  • 81 Après un reflux lié à l’éclatement de la bulle internet, puis à la crise financière déc (...)
  • 82 Contrairement à un prêt pour lequel l’emprunteur doit s’engager à verser d (...)
  • 83 L’entrepreneur souhaitant obtenir un financement doit soumettre son projet (business (...)

31La métaphore de la « triple hélice » utilisée par Loet Leydesdorff et Henry Etzkowitz permet par ailleurs de conceptualiser la dynamique complexe de ces interactions dans un contexte local ou régional75. C’est en effet à partir de « pôles » (knowledge clusters) comme la Silicon Valley, la Route 128 à Boston, le Research Triangle de Caroline du Nord que l’économie de la connaissance s’est développée sur le sol américain. Caractérisés par « la concentration géographique de la matière grise, […] la mise en relation rapide des connaissances et des compétences et […] la facilité de l’accès au financement de la R&D et de l’innovation »76, ces pôles sont en effet autant de « plaques tournantes » à partir desquelles les savoirs vont ensuite se diffuser nationalement et internationalement. Cette territorialisation de l’économie de la connaissance aux États-Unis bénéficie de sources de financement diversifiées et assez facilement mobilisables : en plus des soutiens accordés par l’État fédéral à la recherche universitaire ou aux partenariats de recherche universités - entreprises et de l’aide apportée par les États fédérés77, le rôle du capital-risque dans la fondation d’entreprises dont l’activité est « intensive en connaissance » doit être souligné78. Né dans l’immédiat après-guerre79, même si son véritable essor ne se produit qu’à partir de la fin des années 197080, le capital-risque accompagne le développement d’un très grand nombre de « jeunes pousses » dans les années 1980 et 1990 – au point de financer en 2000 un tiers des dépenses de recherche-développement réalisées aux États-Unis, contre 3 % seulement au début des années 198081. Son intérêt principal au regard du développement de l’économie de la connaissance est double. Il permet d’abord de mettre à la disposition des « jeunes pousses » des financements que celles-ci auraient du mal à se procurer par le biais des canaux traditionnels (réseaux personnels et banques), compte tenu du risque élevé que comporte leur projet82. En ce sens, il favorise l’innovation. Qui plus est, les capital-risqueurs appartiennent eux-mêmes généralement au même secteur d’activité que la jeune pousse et, le plus souvent, sont déjà implantés dans l’économie locale. Ils sont ainsi en mesure de conseiller efficacement l’entrepreneur en herbe. Proximité et fonctionnement en réseau facilitent la diffusion de la connaissance par le biais de l’apprentissage, participant d’une forme de développement du capital humain83.

  • 84 A. L. Saxenian, Regional Advantage, Culture and Competition in Silicon Val (...)
  • 85 Voir Jacques-Henri Coste, op. cit.

32La dynamique relationnelle qui se développe au sein des knowledge clusters entre firmes, universités, pouvoirs publics et capital-risqueurs repose sur des économies d’agglomération, mais aussi sur une culture propre facilitant la mise en commun de ressources et de savoirs dans des espaces relativement concentrés. Dans le même temps, les acteurs intervenant dans cette mise en commun sont eux-mêmes de plus en plus fortement internationalisés. Les knowledge clusters implantées sur le sol des États-Unis attirent en effet chercheurs et ingénieurs étrangers, elles drainent des investissements dont l’origine est de plus en plus « trans-frontière ». Évolution induite par l’accélération de la mondialisation à partir des années 1980 et surtout 1990, l’économie de la connaissance, telle qu’elle se développe aujourd’hui aux États-Unis, apparaît ainsi « glocalisée », au sens où elle est affectée par un double mouvement de « localisation » et de « dé-nationalisation »84. Signe de l’attractivité des États-Unis, cette évolution implique aussi que les cerveaux et le capital qui sont les agents de la vitalité des knowledge clusters américaines sont susceptibles de migrer vers l’étranger si l’environnement s’y révèle aussi, voire plus, propice85.

  • 86 Voir Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, « Hausse du nombre de deman (...)
  • 87 Voir Banque mondiale, “Knowledge Economy Index (KEI) 2012 Rankings”, op. cit. Comme no (...)
  • 88 Voir Soumitra Dutta, Bruno Lanvin et Sacha Wunsch-Vincent, The Global Innovation Index (...)
  • 89 Voir Executive Office of the President, National Economic Council, Office of Science an (...)

33Cette « dé-nationalisation » explique en fin de compte que, dans un contexte où l’économie de la connaissance, à défaut d’être « mondialisée » au sens strict du terme, voit néanmoins son ancrage territorial s’étendre de plus en plus en dehors du sol des États-Unis, le leadership américain puisse apparaître contesté. Ainsi les États-Unis sont-ils désormais détrônés par la Chine pour les dépôts de brevets86. Ils n’occupent plus que le douzième rang dans le classement KEI publié en 201287. Ils ne figurent plus qu’en sixième place dans le classement des pays les plus innovants du monde mesuré par le Global Innovation Index88. Ces indicateurs sont de nature à frapper les esprits et expliquent l’appel au sursaut lancé par Barack Obama dès l’automne 2009, au moment où il lance sa Stratégie pour l’innovation américaine89 :

  • 90 Barack Obama, 17 novembre 2009, discours cité sur le site de la Maison Bla (...)

The key to our success – as it has always been – will be to compete by developing new products, by generating new industries, by maintaining our role as the world’s engine of scientific discovery and technological innovation. It’s absolutely essential to our future.90

  • 91 Barack Obama, “Remarks by the President in State of Union Address”, 25 jan (...)

34Le lancement s’inscrit dans ce contexte, la rhétorique utilisée dans le discours sur l’état de l’Union de janvier 2011 visant à convaincre le peuple américain de l’ampleur de l’enjeu pour l’avenir : “We need to out-innovate, out-educate, and out-build the rest of the world.91

35D’autres indicateurs suggèrent cependant que le leadership américain reste bien réel. Les États-Unis devancent ainsi très largement tous les autres pays du monde pour les dépenses intérieures brutes en R&D : 453,5 milliards de dollars en 2012, contre 341,5 milliards pour l’Union européenne à 28 et 293,5 milliards pour la Chine92. Ils sont aussi très loin devant leurs concurrents si l’on prend en compte leur part du stock des brevets en vigueur dans le monde (26%, contre 19% pour le Japon)93. Leurs universités restent très largement en tête du classement de Shanghai94 et leurs centres de recherche continuent à exercer un puissant attrait sur les meilleurs chercheurs de la planète. Ces indicateurs portent la trace de l’avance prise par les États-Unis dans le développement de l’économie de la connaissance. Comme nous l’avons montré dans la seconde partie de cet article, cette avance peut largement s’expliquer par la mise en place d’institutions essentielles à la protection de la propriété intellectuelle et industrielle, au développement de la production et de la diffusion des savoirs, mais aussi des processus d’apprentissage par la pratique. Un modèle américain de l’économie de la connaissance s’est ainsi progressivement constitué. Ce modèle, si fortement ancré dans l’histoire et dans les institutions des États-Unis, est-il exportable ou transposable à l’extérieur des États-Unis ? Force est de constater qu’à l’heure où ces lignes sont écrites la taille de l’économie américaine et sa puissance financière – qui conditionne largement sa capacité à investir dans la R&D – mais aussi l’excellence du système universitaire et la vitalité des partenariats public – privé constituent un « écosystème » qui reste sans équivalent. D’autres modèles, ancrés dans une autre histoire, d’autres institutions, un autre écosystème – en somme une autre culture – pourront-ils rivaliser en efficacité avec le modèle made in USA ? De la réponse à cette question dépendra largement la capacité des États-Unis à conserver leur leadership dans une économie de la connaissance de plus en plus mondialisée dans les décennies à venir.

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Notes

1 Le rôle du progrès technique dans la croissance économique a été identifié par les économistes classiques, et comme le rappelle Dominique Guellec, il « remonte à Adam Smith (1776) au moins, […] est plus clair chez Karl Marx (1864) et Joseph Schumpeter (1911) » (Dominique Guellec, Économie de l’innovation, Paris, La Découverte, collection Repères, 2e édition, 2009, 56). Mais ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que son importance grandissante dans les sociétés contemporaines a été reconnue. Voir Bruno Amable et Philippe Askénazy, « Introduction à l’économie de la connaissance », Contribution pour le rapport UNESCO Construire des sociétés du savoir, 2002, <http://www.jourdan.ens.fr/~amable/unesco final.pdf>, consulté en janvier 2014.

2 Voir section 1, infra.

3 Comme on le verra dans la section 1 ci-dessous, ces expressions désignent un même stade de développement du capitalisme caractéristique de la période contemporaine, dans laquelle la croissance et le développement sont tirés par la production de connaissances.

4 Voir notamment Dominique Guellec « L’émergence d’une économie fondée sur le savoir », in Jean-Philippe Touffut (Dir.), Institutions et innovation. De la recherche aux systèmes sociaux d’innovation, Paris, Albin Michel, 2002, 131-156.

5 Voir « Conclusions de la Présidence, Conseil européen de Lisbonne 23 et 24 mars 2000 », <http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressData/fr/ec/00100-r1.f0.htm>, consulté en janvier 2014. Les objectifs de la stratégie de Lisbonne ont été confirmés en 2005, puis en 2010, avec le lancement de la stratégie Europe 2020 dont l’objectif affiché est de permettre à l’Europe de « devenir une économie intelligente, durable et inclusive ». Voir <http://ec.europa.eu/europe2020/index_fr.htm>, consulté en octobre 2015. Le choix de promouvoir une « croissance intelligente » passe par le soutien au développement du numérique et de l’innovation.

6 Les moyens dont ils se dotent varient d’un pays à l’autre mais concernent notamment des investissements publics et privés dans le système d’enseignement supérieur et de recherche et des réformes destinées à favoriser l’émergence d’un système national d’innovation. Sur la « mondialisation » de l’économie de la connaissance, voir John H. Dunning, Regions, Globalization, and the Knowledge-based Economy, Oxford, Oxford U. P., 2002.

7 On reviendra plus en détail, ci-dessous, sur ces indicateurs.

8 Peter Drucker, The Age of Discontinuity. Guidelines to our changing society, New York, Harper & Row, 1965, chapitre 12.

9 Le choix de traduire “knowledge economy” par « économie de la connaissance », plutôt que par « économie du savoir » ou « économie fondée sur le savoir » n’a pas été dicté ici par des considérations d’ordre théorique – car les expressions semblent être employées comme synonymes dans les travaux publiés en français – mais par la prise en compte de l’usage. En français, l’expression « économie de la connaissance » semble en effet plus fréquemment employée que celle d’ « économie du savoir ». Une recherche via le moteur de recherche Google effectuée en février 2015 a permis d’identifier 356 000 occurrences pour la première de ces expressions, contre 330 000 pour la seconde.

10 OCDE, L’économie fondée sur le savoir, Paris, OCDE, 1996, 3.

11 Dominique Foray, L’économie de la connaissance, Paris, La Découverte, 2009, 5.

12 Antonelle Corsani, Patrick Dieuaide et Christian Azaïs. Vers un capitalisme cognitif : entre mutation du travail et territoires, Paris, L’Harmattan, 2001, 10.

13 Benoît Godin évoque un concept parapluie (umbrella concept). Voir Benoît Godin, “The Knowledge-Based Economy : Conceptual Framework or Buzzword ?” Journal of Technology Transfer, Vol. 31, 2006, 17-30.

14 L’expression est utilisée par Paul A. David et Dominique Foray dans An Introduction to the Economy of the Knowledge Society, University of Oxford, Department of Economics, Discussion Papers Series, n° 84, décembre 2001, 7.

15 En plus de Benoît Godin, op. cit., voir notamment Keith Smith, “What is the ‘knowledge economy’? Knowledge-intensive industries and distributed knowledge bases”, Paper prepared as part of the project “Innovation Policy in a Knowledge-Based Economy” commissioned by the European Commission, May 2000 <http://www.ebusinessforum.gr/old/content/downloads/WorkingPapera54.pdf>, consulté en octobre 2015. Keith Smith estime qu’il n’existe aucune définition cohérente de l’économie de la connaissance, qu’elle souffre d’un manque de conceptualisation, et que c’est, au mieux, une métaphore. Robert Boyer exprime lui aussi de sérieuses réserves vis-à-vis de ce « concept ». Voir Robert Boyer, La croissance début de siècle, Paris, Albin Michel, 2002.

16 Si certains auteurs distinguent entre « connaissance » et « savoir », voire « savoirs », le ou les savoir(s) relevant d’une connaissance codifiée, d’autres emploient les termes de façon indifférenciée. C’est le choix qui est fait ici.

17 Voir Dominique Foray, op. cit., chapitre 1.

18 Voir la définition donnée par N. Gregory Mankiw dans “The Growth of Nations”, Brookings Papers on Economic Activity, 1995, n°1, 298 : “Knowledge refers to society’s understanding about how the world works […] Put it crudely, knowledge is the quality of society’s textbooks.”

19 Voir Dominique Foray, op. cit.

20 Le Commissariat général au Plan fut créé en 1946 pour définir la planification économique de la France. Il a été supprimé en 2006 et remplacé par le Centre d’analyse stratégique.

21 Pascal Viginier et alii, La France dans l’économie du savoir : pour une dynamique collective, Commissariat général du plan, Paris, La Documentation française, 2002, chapitre 1 « L’économie de la connaissance : quelle définition pour quel phénomène ? ».

22 Né à New York en 1921, Kenneth Arrow est l’un des fondateurs de l’école néoclassique moderne. Professeur à l’Université de Chicago, puis à l’Université de Stanford et enfin à Harvard, il reçut le prix Nobel d’économie en 1972 pour sa « contribution pionnière à la théorie de l’équilibre général et à la théorie du bien-être ».

23 Kenneth Arrow, “Economic Welfare and Allocation of Resources for Inventions”, in R. R. Nelson (Dir.), The Rate and Direction of Inventive Activity, Princeton, Princeton U. P., 1962, 609-626.

24 Kenneth Arrow, “The Economic Implications of Learning by Doing”, Review of Economic Studies, vol. 29, 1962, 155-173. Ce concept d’apprentissage par la pratique, qui permet d’expliquer l’amélioration de la productivité des facteurs de production dans le temps, sera repris par Romer et est à la base des théories de la croissance endogène. Voir infra.

25 Né à Vienne en 1902, élève de Von Mises, Fritz Machlup s’installe en 1933 aux États-Unis, où il fera tout le reste de sa carrière universitaire. Dans les années 50 il commence à travailler sur le système américain des brevets, puis élargit ses intérêts à la production et à la diffusion de la connaissance.

26 Fritz Machlup, The Production and Distribution of Knowledge in the United States, Princeton, Princeton U. P., 1962.

27 Voir notamment Fritz Machlup, Education and Economic Growth, University of Nebraska Press, 1970 et Fritz Machlup, Knowledge and Knowledge Production, Princeton, Princeton U. P., 1980.

28 Voir Gary Becker, Human Capital : A theoretical and empirical analysis, with special reference to education, New York, National Bureau of Economic Research / Columbia University Press, 1964. La distinction introduite par N. Gregory Mankiw entre « connaissance » et « capital humain » mérite ici d’être mentionnée : si la connaissance doit être comprise comme la somme de toutes les découvertes technologiques et scientifiques, le capital humain correspond aux ressources dépensées pour transmettre la connaissance à la population active. En dernière analyse, c’est la connaissance, et non le capital humain, qui est source de croissance économique. Voir N. Gregory Mankiw, op. cit., 298 : It is worthwhile to distinguish here between knowledge and human capital. Although the two terms are sometimes treated as synonyms, there is an important difference. Knowledge refers to society’s understanding about how the world works. Human capital refers to the resources expended transmitting this understanding to the labor force. Put crudely, knowledge is the quality of society’s textbooks; human capital is the amount of time that has been spent reading them. Even if the accumulation of knowledge does not encounter diminishing returns, it seems likely that the accumulation of human capital does. The best case for endogenous growth, therefore, relies on knowledge rather than human capital as the source of perpetual growth.

29 Paul M. Romer, né en 1955, est professeur à la New York University.

30 Robert E. Lucas, né en 1937, est professeur à l’Université de Chicago et a reçu le prix Nobel en 1995 pour son travail sur les anticipations rationnelles et « pour avoir transformé de fond en comble l’analyse macroéconomique et la vision de la politique économique ».

31 Voir Paul M. Romer, “Increasing Returns and Long-run Growth”, Journal of Political Economy, 1986, 1002-1037 ; Robert E. Lucas, “On the Mechanics of Economic Development,” Journal of Monetary Economics, vol. 22, juillet 1988, 3-42.

32 Les théories de la croissance exogène expliquent la croissance par le progrès technique (qui dépend lui-même de l’accumulation du capital physique) mais n’expliquent pas l’origine de ce progrès technique. Au contraire, les théories de la croissance endogène prennent en compte toute une série de facteurs. Pour une synthèse en français sur le développement des théories de la croissance endogène, voir Patrick Artus, « Croissance endogène : revue des modèles et tentatives de synthèse ». Revue économique, 1993, 189-227. Voir aussi Dominique Guellec et Pierre Ralle, Les nouvelles théories de la croissance, Paris, La découverte, collection Repères, 5e édition, 2003, chapitre 3.

33 Voir Dominique Foray, L’économie de la connaissance, op. cit., 13.

34 Ibid.

35 Voir Kenneth Arrow, “Economic Welfare and Allocation of Resources for Inventions”, op. cit.

36 Voir notamment Giovanni Dosi, “Sources, Procedures, and Microeconomic Effects of Innovation”, Journal of Economic Literature, n° 26, septembre 1988, 1120-1171.

37 Pascal Viginier et alii., op. cit., 20.

38 Sur ce débat, voir par exemple “The New Economy. Myth and Reality,” Monthly Review, vol. 52, n° 11, avril 2001 <http://monthlyreview.org/2001/04/01/the-new-economy> ; Alan Greenspan, “Question: Is There a New Economy?”, Remarks by Chairman Alan Greenspan at the Haas Annual Business Faculty Research Dialogue, University of California, Berkeley, California September 4, 1998 <http://www.federalreserve.gov/boarddocs/speeches/1998/19980904.htm>, consulté en octobre 2015; Robert J. Gordon, “Does the ‘New Economy’ Measure Up to the Great Inventions of the Past?”, Journal of Economic Perspectives, vol. 14, n° 4 , automne 2000, 49-74.

39 Comme le souligne Dominique Foray, « l’avènement de l’économie fondée sur la connaissance a été préparé par l’augmentation lente mais ininterrompue depuis plus d’un siècle des ressources que les sociétés développées allouent aux investissements de connaissance et plus généralement au capital intangible. Cet avènement a ensuite été précipité par un choc technologique majeur – l’ordinateur puis les réseaux électroniques – et s’est cristallisé dans un certain nombre de secteurs où l’impératif de l’innovation a déterminé l’expansion d’activités intensives en connaissances » (Dominique Foray, L’économie de la connaissance, op. cit., 20).

40 C’est pourquoi certains auteurs désignent l’économie de la connaissance par l’expression de « capitalisme immatériel ».

41 Moses Abramovitz et Paul A. David, “Technological Change and the Rise of Intangible Investments: the US Economy’s Growth-path in the Twentieth Century,” in Dominique Foray et Bengt-Åke Lundvall (Dir.), Employment and Growth in the Knowledge-based Economy, OECD Documents, Paris, OCDE, 1996.

42 Voir OCDE, “A New OECD Project. New sources of growth : intangible assets,” 2011 <http://www.oecd.org/dataoecd/60/40/46349020.pdf>, consulté en janvier 2014. Voir aussi OCDE, Supporting Investment in Knowledge Capital, Investment and Innovation, décembre 2013 <http://www.oecd.org/sti/inno/newsourcesofgrowthknowledge-basedcapital.htm>, consulté en janvier 2014.

43 On rappelle que, selon la distinction devenue classique établie par Joseph Schumpeter, l’innovation consiste fondamentalement en « l’exécution de nouvelles combinaisons » et peut prendre cinq formes : « 1. la fabrication d’un bien nouveau, 2. l’introduction d’une nouvelle méthode de production, 3. l’ouverture d’un débouché nouveau, 4. la conquête d’une source nouvelle de matières premières et 5. la réalisation d’une nouvelle organisation ». Voir Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique [1926], Paris : Dalloz, 1999, 95.

44 Voir Daniel E. Atkins et alii, Revolutionizing Science and Engineering through Cyberinfrastructure. Report of the National Science Foundation Blue-ribbon Advisory Panel on Cyberinfrastructure, 2003 <http://www.nsf.gov/cise/sci/reports/atkins.pdf>, consulté en décembre 2014.

45 OCDE, L’Économie fondée sur le savoir, op. cit., 21.

46 Ibid., 31.

47 Ibid., 32-33.

48 Voir la page dédiée du site de la Banque mondiale, “Knowledge Assessment Methodology 2012,” <http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/WBI/WBIPROGRAMS/KFDLP/EXTUNIKAM/0,,menuPK:1414738~pagePK:64168427~piPK:64168435~theSitePK:1414721,00.html>. Voir aussi Banque mondiale, “Knowledge Economy Index (KEI) 2012 Rankings,” <http://siteresources.worldbank.org/INTUNIKAM/Resources/2012.pdf>. Pages consultées en janvier 2015.

49 OCDE, L’Économie fondée sur le savoir, op. cit., voir notamment tableaux 1, 4 et 6. En revanche, dans le premier classement KEI publié par la Banque mondiale en 1995, les États-Unis ne figurent qu’en sixième place, après des pays de taille beaucoup plus modeste (Danemark, Finlande, Pays-Bas, la Norvège et Suisse) et qui n’étaient donc nullement en mesure de leur ravir leur leadership. Voir <http://siteresources.worldbank.org/KFDLP/Resources/461197-1170257103854/KEI.pdf>, page consultée en février 2015.

50 Sur la mesure du leadership américain dans l’économie de la connaissance, voir ci-dessus, section 1, sous section « Mesure du phénomène et leadership américain ». Sur la mesure du leadership américain dans l’économie mondiale, voir par exemple Martine Azuelos, Jean-Baptiste Velut et Caixia Tan, « Splendeurs et misères du modèle compétitif américain : au-delà du déclinisme », Outre-Terre, n° 3, 2013, 175-188.

51 Cette prise de conscience de l’ « utilité » de la connaissance, et en particulier de la connaissance scientifique, pour le progrès de l’agriculture et du commerce, est largement antérieure à l’indépendance, comme le montre Meyer Reinhold (“The Quest for ‘Useful Knowledge’ in Eighteenth-Century America,” Proceedings of the American Philosophical Society, vol. 119, n°2, avril 1975, 108-132). C’est cependant avec l’adoption de la Constitution des États-Unis qu’elle se traduit par un acte politique qui engage l’avenir de la nation.

52 Congress shall have the power (…) to promote the progress of science and useful arts by securing for limited times to authors and inventors the exclusive right to their respective writings and discoveries.” Constitution des États-Unis, Article 1, Section 8, Clause 8.

53 Voir Martine Azuelos, « Innovation et système des brevets aux États-Unis : un modèle en question (s) », Revue LISA/LISA e-journal. Littératures, Histoire des Idées, Images, Sociétés du Monde Anglophone–Literature, History of Ideas, Images and Societies of the English-speaking World, 2006, vol. 4, no 1, 29-50 <http://lisa.revues.org/2132>.

54 Ibid, §12, voir notes 17 et 18.

55 Sur l’analyse de la réponse des États-Unis à la crise des années 1970 et 1980, voir notamment Martine Azuelos, « Les États-Unis et la mondialisation : de l’ébranlement de la puissance nationale à l’émergence d’un nouveau défi américain » in Marie-Claude Esposito et Martine Azuelos (Dir.), Mondialisation et domination économique. La dynamique anglo-saxonne, Paris : Economica, 1997, 143-167.

56 Voir Rosa Grimaldi, Martin Kenney, Donald S. Siegel et Mike Wright, “30 years after Bayh–Dole: Reassessing academic entrepreneurship,” Research Policy, vol. 40, n° 8, 2011, 1045-1057.

57 Voir Benjamin Coriat, « Le nouveau régime américain de la propriété intellectuelle. Contours et caractéristiques clés », Revue d’économie industrielle, n° 99, 2e trimestre 2002, 17-32.

58 Sur la conception de la connaissance comme « bien commun » voir notamment Elinor Ostrom, Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge U. P., 1990 ; Charlotte Hess et Elinor Ostrom, Understanding Knowledge as a Commons, Cambridge, Mass., MIT Press, 2006 ; Joseph E. Stiglitz, “Knowledge as a Global Public Good,” in Inge Kaul, Isabelle Grunberg et Marc A. Stern (Dir.), Global Public Goods, New York, United Nations Development Program / Oxford U.P., 1999. Sur la conception de la connaissance comme « bien commun » et la résistance à sa marchandisation, voir Geneviève Azam, « La connaissance, une marchandise fictive », Revue du MAUSS, n° 29, 2007, 110-126.

59 Cet enjeu de puissance nationale était déjà au cœur de la doctrine Truman, comme le soulignait le président dans son discours d’investiture du 20 janvier 1949, en proposant de mettre la connaissance scientifique américaine au service du développement des jeunes nations du Tiers-Monde devenues un enjeu capital dans l’affrontement Est-Ouest : “we must embark on a bold new program for making the benefits of our scientific advances and industrial progress available for the improvement and growth of underdeveloped areas. More than half the people of the world are living in conditions approaching misery. Their food is inadequate. They are victims of disease. Their economic life is primitive and stagnant. Their poverty is a handicap and a threat both to them and to more prosperous areas. For the first time in history, humanity possesses the knowledge and skill to relieve the suffering of these people. The United States is pre-eminent among nations in the development of industrial and scientific techniques. The material resources which we can afford to use for assistance of other peoples are limited. But our imponderable resources in technical knowledge are constantly growing and are inexhaustible. I believe that we should make available to peace-loving peoples the benefits of our store of technical knowledge in order to help them realize their aspirations for a better life.” (Harry S. Truman, Inaugural Address, January 20, 1949 <https://www.trumanlibrary.org/whistlestop/50yr_archive/inagural20jan1949.htm>, consulté en janvier 2014.

60 Pour un état de littérature très complet sur la question, voir Bronwyn H. Hall et Dietmar Harhoff, Recent Research on the Economics of Patents, National Bureau of Economic Research, Working Paper n°17773, 2012.

61 La fondation de la première d’entre elles, celle de Harvard, remonte à 1636, et huit des universités ou “colleges” les plus cotés en ce début de XXIe siècle existaient déjà au moment de la déclaration d’indépendance (1776) : fondés sur le modèle anglais d’Oxford et de Cambridge, ils comprenaient outre Harvard, le College of William and Mary, Yale, Princeton, l’Université de Pennsylvanie, Columbia, Brown et Dartmouth College. Tous étaient situés dans les treize colonies à l’origine de la création des États-Unis, c’est-à-dire sur la côte Est et étaient des établissements privés.

62 Les Land-Grant Colleges furent créés par les Morrill Acts de 1862 et 1890. Ces lois, dont l’ambition était de diffuser de la connaissance scientifique à l’ensemble du pays, mettaient gratuitement à la disposition des États fédérés des terrains pour leur permettre de construire des établissements publics d’enseignement supérieur, accessibles au plus grand nombre. Comme le souligne Anne Ollivier-Mellios, « [c]ette démocratisation est, bien sûr, toute relative si on la mesure à l’aune des chiffres récents, mais l’évolution entre 1870 et 1920 est très nette. On comptait 63 000 étudiants dans les établissements de l’enseignement supérieur en 1869-1870, 238 000 en 1899-1900 et 598 000 en 1919-1920 (le million sera dépassé en 1927-1928). » (Anne Ollivier-Mellios, « L’Université américaine entre 1865 et 1920 : un monde à part ? », Revue LISA/LISA e-journal, Vol. II, n°1, 2004, note 18). Par ailleurs, comme le montre Taoufik Djebali, ces lois « posaient les bases d’un transfert technologique des universités vers le secteur privé et forgeaient un partenariat durable entre l’État fédéral, l’État fédéré, l’université et le secteur économique. » (Taoufik Djebali, « Recherche et développement dans les universités américaines : quel rôle pour les pouvoirs publics ? Revue LISA/LISA e-journal, vol. 4, no 1, 2006, note 2).

63 Anne Ollivier-Mellios, « L’Université américaine entre 1865 et 1920 : un monde à part ? », op. cit., §6.

64 Voir <http://www.nasonline.org/about-nas/history>, consulté en octobre 2015.

65 National Resources Committee, Research: A National Resource, Washington, D.C. : Government Printing Office, 1938, <http://www.questia.com/PM.qst?a=o&d=100159567>. Consulté en janvier 2014.

66 Sur ce rapport voir notamment Taoufik Djebali, op. cit., section 2.

67 Ibid.

68 L’expression a été forgée par le journaliste Henry Luce. Voir “The American Century”, Life Magazine, 17 février 1941.

69 Sur le débat qui se développe alors sur la compétitivité nationale, voir notamment Martine Azuelos, « Les États-Unis et la mondialisation : de l’ébranlement de la puissance nationale à l’émergence d’un nouveau défi américain », op. cit.

70 Le système universitaire américain est un système complexe et hybride qui voit cohabiter des établissements privés et des établissements publics (dont les autorités de tutelle se situent au niveau des États fédérés et non de l’État fédéral), de très nombreux établissements principalement spécialisés dans l’enseignement (et ce jusqu’au niveau Licence) et dont l’activité de recherche est marginale, voire inexistante, et des universités « de recherche », relativement peu nombreuses. Sur plus de 7 000 établissements d’enseignement supérieur dénombrés par le Département de l’Education en 2011, moins de 100 jouissaient du statut d’université de recherche (voir National Center for Education Statistics <http://nces.ed.gov> et Center for Measuring University Performance, The Top American Research Universities 2012 <http://mup.asu.edu/research2012.pdf> consulté en novembre 2014. La plupart des établissements d’enseignement supérieur américains participent ainsi à l’économie de la connaissance par le biais de la diffusion des savoirs, la production de ces savoirs étant concentrée dans un petit nombre d’établissements dont certains sont « publics » (c’est le cas des universités membres du University of California (UC) system, telles UC Berkeley ou UCLA), d’autres (les plus nombreux) privés. Mais qu’elles soient publiques ou privées, ces universités de recherche et reçoivent une grande partie de leur financement des pouvoirs publics (État fédérés et État fédéral) une part croissante de ce financement étant assuré par le privé. Comme le souligne l’OCDE, les États-Unis diffèrent largement de la moyenne des pays de l’OCDE où l’enseignement supérieur est financé, en moyenne, à 69,2% par des fonds publics. Au contraire, le financement de l’enseignement supérieur américain est assuré pour 65,2% par des fonds privés, les fonds publics ne lui fournissant que 34,8% de ses ressources. Voir OCDE, Education at a Glance 2014, OECD Indicators, Paris, OCDE, 2014, 247 <http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/education/education-at-a-glance-2014_eag-2014-en - page0>, consulté en novembre 2014.

71 Selon l’OCDE, les dépenses totales des États-Unis en R&D se sont élevées à 397,3 milliards de dollars en 2012, contre 281,9 pour l’Union européenne, 256,8 milliards pour la Chine et 133 milliards pour le Japon. La part de l’enseignement supérieur dans ces dépenses était de 13,8 % (soit 54,8 milliards de dollars) aux États-Unis contre 23,7 % en Europe (66,8 milliards de dollars) et 18,1 % pour la moyenne OCDE. (OCDE, Main Science and Technology Indicators, Gross Domestic Expenditure on Research and Development <http://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=MSTI_PUB>, consulté en novembre 2014.

72 Ce concept trouve son origine dans une série de travaux pionniers publiés au début des années 1990 à la suite desquels l’OCDE a lancé un programme de recherche dont les résultats ont été publiés à partir de 1997. Voir Bengt-Åke Lundvall (Dir.) National Innovation Systems : Towards a Theory of Innovation and Interactive Learning, Londres, Pinter, 1992 ; Richard N. Nelson (Dir.), National Innovation Systems, A Comparative Analysis, Londres, Oxford U. P., 1993 ; Chris Freeman, “The National System of Innovation in Historical Perspective”, Cambridge Journal of Economics, vol. 19, n° 1, 1995, 5-24 ; Charles Edquist, Systems of Innovation : Technologies, Institutions, and Organizations, Londres, Pinter, 1997 ; OCDE, Dynamiser les systèmes nationaux d’innovation, Paris, OCDE, 2002.

73 OCDE, Dynamiser les systèmes nationaux d’innovation, Paris, OCDE, 2002, 8.

74 Voir Jacques-Henri Coste, « La dynamique de la recherche et développement aux États-Unis : origines et évolution du système d’innovation américain », Revue LISA/LISA e-journal, vol. 4, n°1, 2006, 10-28 <http://lisa.revues.org/2117>, consulté en janvier 2014.

75 Voir Loet Leydesdorff et Henry Etzkowitz, « Le "Mode 2" et la globalisation des systèmes d’innovation "nationaux" : le modèle hélice des relations entre université, industrie et gouvernement » (Traduction de Suzanne Mineau), Sociologie et sociétés, vol. 32, n°1, 2000, 135-156, disponible sur <http://0-www-erudit-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue/socsoc/2000/v32/n1/001434ar.pdf>, consulté en novembre 2014.

76 Martine Azuelos, Jean-Baptiste Velut et Caixia Tan, « Splendeurs et misères du modèle compétitif américain : au-delà du déclinisme », op. cit., 181-182.

77 Voir Peter K. Eisinger, The Rise of the Entrepreneurial State, Madison, The University of Wisconsin Press, 1988.

78 Voir Andrew Metrick et Ayako Yasuda, Venture Capital and the Finance of Innovation, 2e édition, 2011.

79 Sa mise en place remonte à la création, en 1946, de l’American Research and Development Corporation (ARDC) par un physicien alors président du Massachusetts Institute of Technology (MIT), un professeur à la Harvard Business School, et un ingénieur en mécanique alors président de la Banque fédérale de Réserve de Boston et une poignée de chefs d’entreprises implantées dans la région de Boston. En 1958, une seconde étape importante dans le développement est franchie lorsqu’un groupe d’investisseurs s’organise en société à responsabilité limitée (limited liability partnership), entité juridique dans laquelle des investisseurs (limited partners) confient la gestion de fonds à des gérants (general partners ou venture capitalists) qu’ils chargent de les investir dans des projets entrepreneuriaux innovants. Cette innovation organisationnelle va devenir la règle et aujourd’hui la plupart des sociétés de capital-risque ont entre 2 et 30 « associés ». Voir Isin Guler et Mauro F. Guillén, “Institutions and the Internationalization of US Venture Capital Firms”, Journal of International Business Studies, vol. 41, n°2, 2010, 185-205 ; et Josh Lerner et Joacim Tåg, “Institutions and Venture Capital”, Industrial and Corporate Change, vol. 22, n°1, 2013, 153-182.

80 Cet essor s’explique à la fois par l’augmentation de la demande de financements et par la forte rentabilité des investissements en capital-risque, qui favoriser l’offre. Selon une étude publiée en 1997, le rendement du capital-risque s’élevait à 16 % sur la période 1975-1995, soit de 7 à 10 % de plus que le rendement d’actions présentant le même niveau de risque. Voir Michael J. Mandel, The Coming Internet Depression, New York, Basic Books, 2000, 19. L’adoption de l’ERISA (Employment Retirement Income Security Act) en 1974 conduit à un essor des actifs gérés par les fonds de pension qui deviennent progressivement la principale source de capital-risque, fournissant près de la moitié du financement total en 1996. Voir OCDE, Economic Surveys : United States, Paris, 1997, 161.

81 Après un reflux lié à l’éclatement de la bulle internet, puis à la crise financière déclenchée en 2008, il connut un nouvel essor, au point qu’en 2013 les fonds investis s’élevaient à 29,4 milliards de dollars, niveau certes bien inférieur aux 100 milliards investis en 2000 mais néanmoins plus élevé que les 21,5 milliards atteints en 1998.

82 Contrairement à un prêt pour lequel l’emprunteur doit s’engager à verser des intérêts et à rembourser le capital, le capital-risque est en quelque sorte fourni gratuitement, la seule contrepartie en étant l’ouverture à l’investisseur d’un droit à percevoir, à l’avenir, les dividendes que pourra lui verser la société nouvellement– à condition bien sûr qu’elle réalise des bénéfices.

83 L’entrepreneur souhaitant obtenir un financement doit soumettre son projet (business plan) aux capital-risqueurs dont il sollicite le concours. Ceux-ci étudient attentivement ce projet car ils souhaitent tout à la fois minimiser leur propre risque et de maximiser le rendement futur de leur investissement.

84 A. L. Saxenian, Regional Advantage, Culture and Competition in Silicon Valley and Route 128, Cambridge: Harvard University Press, 1994.

85 Voir Jacques-Henri Coste, op. cit.

86 Voir Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, « Hausse du nombre de demandes de titres de propriété intellectuelle dans le monde en 2013 : la Chine en tête des demandes de brevet », 16 décembre 2014 <http://www.wipo.int/pressroom/fr/articles/2014/article_0018.html>, consulté en février 2015. Il faut toutefois relativiser ces données car une grande partie des brevets déposés en Chine ne sont pas le fait d’acteurs chinois mais d’acteurs internationaux. Ces chiffres reflètent donc plutôt l’attractivité de la Chine (du fait de la taille de son marché et du dynamisme de sa croissance) que la performance chinoise en matière de production de connaissances et d’innovation.

87 Voir Banque mondiale, “Knowledge Economy Index (KEI) 2012 Rankings”, op. cit. Comme nous l’avons vu ci-dessus, la valeur de ce classement doit lui aussi être relativisé. Pour performants qu’ils soient intrinsèquement, les pays classés avant les États-Unis (Suède, Finlande, Danemark, Pays-Bas, Norvège, Nouvelle- Zélande, Canada, Allemagne, Australie, Suisse et Irlande) sont de taille trop modeste pour véritablement rivaliser avec eux.

88 Voir Soumitra Dutta, Bruno Lanvin et Sacha Wunsch-Vincent, The Global Innovation Index 2014, Fontainebleau, Ithaca et Genève, Cornell University, INSEAD et Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, 2014 <https://www.globalinnovationindex.org/userfiles/file/reportpdf/GII-2014-v5.pdf>, consulté en février 2015.

89 Voir Executive Office of the President, National Economic Council, Office of Science and Technology Policy, A Strategy for American Innovation. Driving towards Sustainable Growth and Quality Jobs, Washington, D.C., septembre 2009 ; et National Economic Council, Council of Economic Advisers, and Office of Science and Technology Policy, A Strategy for American Innovation: Securing Our Economic Growth and Prosperity, février 2011. < http://www.whitehouse.gov/innovation/strategy>. Sources consultées en février 2015.

90 Barack Obama, 17 novembre 2009, discours cité sur le site de la Maison Blanche <http://www.whitehouse.gov/innovation/strategy/introduction>, consulté en février 2015.

91 Barack Obama, “Remarks by the President in State of Union Address”, 25 janvier 2011 <http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2011/01/25/remarks-president-state-union-address>, consulté en février 2015.

92 OCDE, Main Science and Technology Indicators 2014, Paris, OCDE, 2014, 20.

93 Voir Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, op. cit.

94 Voir <http://www.shanghairanking.com/fr/ARWU2014.html>. En 2014 16 universités américaines figuraient parmi les 20 premières mondiales (et 56 parmi les 100 premières).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Martine Azuelos, « L’économie de la connaissance aux États-Unis : concepts, institutions, territoires »Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], vol. XIV-n°1 | 2016, mis en ligne le 31 mai 2016, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lisa/8838 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lisa.8838

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Auteur

Martine Azuelos

Martine Azuelosest professeur émérite de civilisation anglo-américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris III. Après avoir fondé le CERVEPAS (Centre d’études et de recherches sur la vie économique des pays anglo-saxons), elle a principalement orienté ses recherches vers l’étude de l’évolution contemporaine de l’économie américaine et de l’économie britannique et leur rôle dans le processus de mondialisation. En témoignent la publication de Mondialisation et domination économique : la dynamique anglo-saxonne (Paris, Economica, 1998), ou de Intégration dans les Amériques : dix ans d’ALENA (Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2004). À noter également sa participation à la coordination de deux numéros de la Revue LISA : L’économie de l’innovation dans le monde anglo-saxon : ressorts, enjeux, influences (vol. IV, n° 1, 2006) et Les années Bush : l’héritage socio-économique (vol. VIII, n° 1, 2010).

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