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Les relations économiques extérieures des États-Unis

Une évaluation de l’impact des politiques de l’administration Bush sur les exportations canadiennes dans le contexte de l’Accord de libre-échange nord-américain

An Assessment of Bush Administration Policies on Canadian Exports in the Context of the North American Free Trade Agreement
Michaël Lambert-Racine, Pierre Martin et François Vaillancourt
p. 168-194

Résumés

Du point de vue du Canada, qui dépend des États-Unis pour 70-80 % de son commerce extérieur, l’évolution des échanges commerciaux est une dimension majeure d’un bilan des années Bush. Notre étude vise à évaluer l’impact du libre-échange sur les exportations canadiennes vers les États-Unis et en particulier l’impact des mesures prises sous la présidence Bush. Nous commençons par un survol de l’évolution des flux de commerce entre le Canada et ses partenaires nord-américains. La deuxième section porte sur la mise en place de l’Accord de libre-échange canado-américain (ALE) et de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). La troisième section traite de la plus récente période, qui s’amorce au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Nous évaluons les effets des politiques américaines de sécurité adoptées suite à ces événements, qui ont semblé reléguer le partenariat économique de la région au second plan. La dernière section présente les résultats de notre modélisation économétrique des impacts des accords de libre-échange et du resserrement des politiques de sécurité à la frontière sur les exportations canadiennes vers les États-Unis. Dans l’ensemble, nous observons que l’ALENA a eu un impact positif important sur les exportations canadiennes et que cet impact bénéfique s’est maintenu pendant les années Bush. Toutefois, le resserrement des contrôles à la frontière des États-Unis a représenté l’équivalent d’un tarif sur les exportations vers ce pays et un fardeau non négligeable pour les entreprises canadiennes.

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Texte intégral

1L’entente de libre-échange (ALE) avec les États-Unis est entrée en vigueur en janvier 1989 et devait s’étendre cinq ans plus tard à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui inclut le Mexique. Les trois partenaires ont misé sur l’intégration économique afin d’assurer un marché plus vaste et plus sûr à leurs producteurs respectifs. Cette période a donné lieu à une augmentation marquée du commerce entre les trois partenaires et à une période de croissance économique impressionnante dans les années 1990, suivie d’épisodes plus difficiles depuis quelques années. Alors que, à la fin de la présidence de Bush, les trois pays faisaient face à des difficultés économiques considérables et que des pressions politiques se font sentir, notamment aux États-Unis, pour remettre en question l’ALENA, il était d’autant plus pertinent d’en faire le bilan et d’en évaluer les divers impacts. Notre étude vise donc à évaluer l’impact du libre-échange sur les exportations canadiennes vers les États-Unis et en particulier l’impact des mesures prises sous la présidence de Bush.

2Nous commençons par un survol de l’évolution des flux de commerce entre le Canada et ses partenaires nord-américains. La deuxième section porte sur la mise en place de l’ALE et de l’ALENA. La troisième section traite de la plus récente période, qui s’amorce au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Nous évaluons les effets des politiques américaines de sécurité adoptées suite à ces événements, qui ont semblé reléguer le partenariat économique de la région au second plan. La dernière section présente les résultats de notre modélisation économétrique des impacts des accords de libre-échange et du resserrement des politiques de sécurité à la frontière sur les exportations canadiennes vers les États-Unis.

Évolution des principaux indicateurs économiques internationaux

3Comme l’indique la figure 1, le commerce a pris beaucoup d’importance pour le Canada au cours des trente cinq dernières années. Qu’en est-il de la composition des échanges ? Le pays a-t-il dû se spécialiser dans un secteur particulier pour accroître ses volumes d’échanges ? En 1980, 38 % des exportations provenaient du secteur primaire et 51 % du secteur secondaire. Quinze ans plus tard, ces proportions passaient à 26 % et 61 %, pour s’établir à 30 % et 56 % en 20051. Il n’est pas surprenant que l’importance du secteur primaire ait d’abord diminué au profit du secteur secondaire, car la libéralisation des décennies précédentes a surtout touché les industries manufacturières. La recrudescence du secteur primaire qu’on remarque en 2005 pourrait être attribuable à l’essor du secteur pétrolier de l’Ouest canadien. Malgré la libéralisation des services qui était un élément distinctif de l’ALE/ALENA, sa part est restée relativement constante au fil du temps.

Figure 1 : Exportations totales en proportion du PIB : Canada, États-Unis et Mexique, 1971-2007

Figure 1 : Exportations totales en proportion du PIB : Canada, États-Unis et Mexique, 1971-2007

Source : données de l’OCDE

  • 2  Idem.

4Pour ce qui est des importations canadiennes, elles ont été durant la même période nettement dominées par les produits manufacturés (66 % des importations en 1980, 74 % en 1995 et 70 % en 2005). Le secteur qui a le plus fluctué est le secteur primaire (18 % en 1980, 8 % en 1995 et 13 % en 2005)2, notamment en raison de la variation des importations pétrolières (le Canada est à la fois un exportateur et un importateur de pétrole, car l’est du pays importe une part substantielle du pétrole qu’il consomme).

5Globalement, pour caractériser le commerce canadien, on peut dire qu’il mise beaucoup sur l’exportation de ressources naturelles ainsi que sur l’importation de produits manufacturés. Il ne semble pas y avoir de tendance particulière dans l’évolution de sa composition. Grâce aux exportations pétrolières, le secteur primaire demeure un élément clé tandis que les deux autres restent relativement stables au fil du temps.

Destination et provenance des échanges commerciaux du Canada

6Les États-Unis ont toujours été le principal partenaire du Canada et, depuis 1971, ceux-ci prennent de plus en plus de place. Cette tendance s’est accélérée au début des années 1990, à la faveur des accords commerciaux, jusqu’au point où le commerce avec les Américains comptait pour 80 % du total (figure 2).

Figure 2 : Répartition du commerce canadien (Exportations+Importations par marché/ PIB) ; États-Unis, UE, Japon et autres, 1971-2007

Figure 2 : Répartition du commerce canadien (Exportations+Importations par marché/ PIB) ; États-Unis, UE, Japon et autres, 1971-2007

Source : Statistiques Canada —Tableau 228-0003

7Par contre, on note qu’au début du XXIe siècle cette tendance s’est inversée et que les proportions du commerce sont en train de regagner leur niveau de 1971. Ce phénomène peut, à notre avis, être attribué à l’attrait réduit que représentent les échanges avec les États-Unis. La troisième section examine l’effet sur les relations commerciales avec les États-Unis des politiques de sécurité à la frontière adoptées par l’administration Bush au lendemain du 11 septembre 2001.

8Tout compte fait, pendant ces quatre dernières décennies d’intégration, on a surtout assisté à une forte intensification des flux économiques avec les États-Unis et le reste du monde. Dans le cas du commerce, sa structure et son orientation ne semblent pas avoir changé fondamentalement.

L’application des accords de libre-échange dans les années 1990

  • 3  Voir Michaël Lambert-Racine, Pierre Martin et François Vaillancourt, « Bilan économique du libre-é (...)

9L’avènement de l’ALE le 1er janvier 1989 puis de l’ALENA cinq ans plus tard allait marquer une nouvelle ère dans l’histoire des relations économiques de l’Amérique du Nord. En plus d’abaisser les barrières au commerce, ces accords poussaient plus loin la libéralisation en cherchant à réduire les entraves sur le commerce des services et de l’énergie et sur les flux d’investissements. De plus, ces accords comprennent l’établissement d’un organe de règlement des différends. Dans l’ensemble, on souhaitait aussi que les accords améliorent la productivité et offrent de meilleures perspectives d’emplois pour toutes les parties impliquées. Toutefois, des effets adverses étaient aussi à craindre avec la mise en place de tels accords à cause notamment des coûts d’ajustements à supporter. Cette section décrit l’impact sur le volume des échanges ; nous négligeons les effets sur les IDE, sur l’emploi et les coûts d’ajustement et l’impact sur l’écart de productivité entre le Canada et les États-Unis3.

10Les échanges commerciaux du Canada ont donc augmenté depuis l’entrée en vigueur de l’ALE/ALENA. À première vue, il semble aisé de conclure que ces accords sont directement responsables de cette accélération des échanges internationaux. Toutefois, parmi les facteurs qui peuvent mettre en doute ce constat, le plus évident est sans aucun doute l’évolution de la valeur du dollar canadien, surtout pendant les années 1990. En effet, le dollar canadien s’est déprécié continuellement pendant cette période, atteignant 0,67 $US en 2001 (voir la figure 3). Cela a certes contribué à l’essor des exportations canadiennes vers les États-Unis. Outre l’augmentation des exportations, on aurait aussi dû assister à une chute notable des importations suite à la dévaluation du dollar mais, comme l’indique la figure 4, cela ne s’est pas produit.

Figure 3 : Évolution du taux de change du dollar canadien ($US/$Can), 1971-2007

Figure 3 : Évolution du taux de change du dollar canadien ($US/$Can), 1971-2007

Source : Statistiques Canada – Tableau 176-0064

  • 4  Mohsen Bahmani-Oskooee & Taggert J. Brooks, “Cointegration Approach to Estimating Bilateral Trade (...)
  • 5  PNB = PIB + produit net des activités provenant de l’étranger.
  • 6  Cette élasticité est plutôt mesurée avec l’inverse du taux de change $US/$CAN, soit la valeur exte (...)

11La demande d’importation n’a pas beaucoup chuté à cause des différentes élasticités qui la caractérisent. Plus précisément, le comportement de cette demande dépend de sa sensibilité face aux fluctuations de différents facteurs comme les prix au États-Unis, le taux de change ou le revenu. Pour la période de 1973 à 1996, Bahmani-Oskooee et Brooks4estimentl’élasticité-revenu de la demande d’importation canadienne à long terme à 2,02, ce qui signifie que si le PNB5 augmente de 1 % alors la demande d’importation connaîtra une hausse de 2,02 %. La même étude évalue l’élasticité du taux de change à 0,456. La période suivant la mise en place de l’ALE, de 1989 à 1994, a vu le PNB augmenter de 16 % tandis que le dollar canadien a subi une dévaluation de 13 %. En combinant ces élasticités, l’effet net sur la demande d’importations serait donc une hausse de 27 %, impliquant que l’effet du taux de change est limité. En réalité, cette demande a augmenté de 59 %, ce qui laisse un écart de 32 points de pourcentage, possiblement attribuable à l’ALE et à la croissance du commerce intra-firme.

Figure 4 : Évolution du commerce avec les États-Unis en proportion du PIB canadien, 1986-2000

Figure 4 : Évolution du commerce avec les États-Unis en proportion du PIB canadien, 1986-2000

Source : Statistiques Canada – Tableau 228-0003 et 380-0017

12L’autre réserve que l’on peut apporter sur les effets des accords porte sur la variation du degré d’ouverture qu’ils ont permis. Comme nous l’avons vu auparavant, l’économie canadienne avait déjà subi une libéralisation progressive dans la période précédant l’ALE/ALENA, de sorte que les tarifs étaient déjà peu élevés en 1989. De plus, il ne faut pas oublier que certains secteurs importants, comme l’automobile, étaient déjà soumis au libre-échange. La figure 5 illustre cette baisse progressive des tarifs.

Figure 5 : Évolution du tarif effectif canadien moyen, 1971-2006

Figure 5 : Évolution du tarif effectif canadien moyen, 1971-2006

Sources des données: Statistiques Canada – Tableaux 228-0003 et 380-0034

Note : Calculs des auteurs – Valeurs obtenues en divisant les recettes de droits de douanes par le total des importations canadiennes.

13Les tarifs ont chuté en moyenne de 0,7 point de pourcentage par année pour la décennie précédant l’ALE, de sorte qu’en 1988 le taux effectif se situait à 14 %. Pour les dix années suivantes, la baisse des tarifs s’est accélérée, passant en moyenne à 1,0 point de pourcentage annuellement. Le tarif effectif s’est ensuite stabilisé entre 3 et 3,5 %. Si on peut mettre en doute l’importance de l’ouverture qui s’est produite, il ne faut toutefois pas sous-estimer son impact potentiel.

  • 7  Daniel Trefler, « L’essentiel sur l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis ». Industrie Canada, (...)

14En tenant compte de ces deux facteurs, il ressort que les accords ont probablement eu un impact important sur les secteurs protégés mais qu’en général, vu l’ouverture préexistante du Canada, l’impact fut beaucoup plus modéré. Trefler constate que la baisse des tarifs canadiens de l’ALE sur les importations provenant des États-Unis explique la totalité de l’augmentation des échanges pour les industries qui étaient les plus protégées, mais il constate aussi que la plus grande part de la croissance des échanges provient de secteurs qui étaient déjà sans protection7.

15L’ALE et l’ALENA ont donc stimulé le commerce non seulement avec les baisses tarifaires, mais aussi avec la croissance des niveaux d’IDE qu’ils ont aussi provoquée. En somme, les accords nord-américains de libre-échange ont eu un impact significatif sur le volume des échanges, mais ils expliquent une partie seulement de la croissance des échanges. La complémentarité du commerce et des IDE a accentué l’expansion des échanges entre partenaires. Toutefois, ces accords d’intégration régionale n’ont pas seulement eu des effets sur l’ampleur des flux de commerce, mais aussi sur leur direction, pouvant ainsi occasionner des gains ou des pertes de bien-être.

  • 8  Paul R. Krugman & Maurice Obstfeld, Économie internationale, Paris : Pearson Education, 2006, 245.

16Les accords d’intégration régionaux peuvent entraîner des variations dans l’importance relative des partenaires commerciaux. Si l’on suppose que les tarifs imposés au reste du monde demeurent constants, l’ALE devrait avoir conduit à une intensification du commerce canadien avec son voisin du sud par rapport à celui avec le reste du monde. Théoriquement, le commerce interprovincial devrait aussi avoir diminué au profit de l’axe nord-sud. Ces altérations dans les courants d’échanges peuvent engendrer soit de la création, soit du détournement de commerce. Plus spécifiquement, on parle de détournement de commerce lorsqu’un accord régional génère des pertes en entraînant « la substitution d’importations bon marché provenant de l’extérieur de la zone par des produits moins compétitifs produits par un autre membre »8.

  • 9  Daniel Schwanen, “Trading Up: The Impact of Increased Continental Integration on Trade, Investment (...)

17En examinant la croissance du commerce des secteurs libéralisés, Schwanen remarque que de 1985 à 1995, le commerce canadien de ces secteurs avec les États-Unis a augmenté de 139 % comparativement à 35 % pour le reste du monde9. Cette concentration des courants commerciaux vers les États-Unis pourrait être le signe qu’il y a eu détournement de commerce, mais il est souvent difficile de comparer avec précision l’ampleur du détournement de commerce à celui de la création de commerce. Il est certain que le commerce canado-américain s’est accru grâce à l’ALE, mais il convient de déterminer empiriquement si cela s’est fait aux dépens du reste du monde.

  • 10  John McCallum, “National Borders Matter: Canada-U.S. Regional Trade Patterns”, The American Econom (...)
  • 11  Source : Institut Statistique du Québec, Le Commerce international du Québec, 1999. <http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/comm_ext/comm-international.htm>, consulté en </http> (...)
  • 12  J. F. Helliwell, F. C. Lee & H. Messinger, op. cit.

18On se retrouve dans une situation similaire en ce qui concerne l’effet du libre-échange sur le commerce interprovincial. Plusieurs études ont fait état d’un important effet frontière sur le commerce nord-sud10. Par exemple, le commerce du Québec avec l’Ontario était à peu près 5,5 fois plus développé que celui avec la Nouvelle-Angleterre en 1988. À partir de l’entrée en vigueur de l’ALE, les échanges entre ces deux provinces ont diminué d’environ 6,5 points de pourcentage, tandis que le commerce avec la Nouvelle-Angleterre a progressé, et le ratio n’était plus que de 2,67 en 199811. Outre l’ALE/ALENA, la dépréciation du dollar canadien des années 1990 est un autre facteur susceptible d’avoir amoindri l’effet frontière étant donné que le taux de change est fixe entre les provinces, ce qui rend les exportations vers les États-Unis plus avantageuses. Dans une étude plus globale du phénomène, Helliwell, Lee et Messinger concluent que l’ALE/ALENA aurait entraîné une augmentation des échanges avec les États-Unis et une diminution relative des échanges interprovinciaux12.

  • 13  Serge Coulombe, “Intranational Trade Diversion, the Canada-United States Free Trade Agreement, and (...)
  • 14  Taxe de vente sur les fabricants, qui se chiffrait à 13,5 %, remplacée par la TPS en 1991.
  • 15  S. Coulombe, op. cit., 16.

19Toutefois, comme l’observe Coulombe, dans les années 1980, la part des échanges entre provinces sur le PIB était déjà sur le déclin13. De plus, la part du commerce extérieur a pris de l’expansion, d’abord à cause de l’ALE, puis en raison de l’abolition de la TVF14 sur les exportations. En se fondant sur des données couvrant la période allant de 1981 à 1998, Coulombe soutient que le commerce externe a un léger impact positif sur les flux internes, mettant ainsi à jour une relation de complémentarité entre les deux15. L’auteur explique cette relation positive par le fait que l’essor du commerce intra-industrie implique une augmentation des échanges à travers toute la chaîne de production.

20En somme, on dénote deux effets contradictoires du libre-échange sur le commerce interprovincial. Le retrait des filiales américaines signifie la substitution d’importations aux échanges provinciaux, mais le commerce intra-industrie a pour effet de lier positivement échanges internes et externes. Comme il n’y a pas de tarifs imposés sur les échanges interprovinciaux, toute déviation de flux commercial vers les États-Unis peut être considérée comme une création de commerce, ce qui, en théorie, est bénéfique pour l’économie canadienne, dans la mesure où elle suppose la substitution d’importations à meilleur prix au lieu des productions domestiques moins efficientes. Les consommateurs devraient donc bénéficier de prix plus bas, mais les industries touchées devront assumer des coûts d’ajustement, détaillés ci-dessous.

21Pour faire un court résumé des impacts des accords de libre-échange nord-américains, on peut affirmer que la plupart des effets escomptés se sont produits, ceux-ci étant limités par l’ampleur de la libéralisation mise en place. Les volumes de commerce et d’IDE ont fortement progressé, à cause en partie des accords mais aussi par plusieurs autres facteurs qu’il ne faut pas négliger. Il a aussi été démontré que le commerce s’est concentré d’avantage avec les États-Unis, mais étant donné que ce pays était déjà le principal partenaire du Canada, les impacts de cette concentration sont plutôt négligeables. En d’autres termes, l’ALE et l’ALENA ont représenté un pas important vers l’intégration nord-américaine, mais ces accords n’ont fait que poursuivre ce qui était déjà bien entamé. Cette tendance allait toutefois subir un ralentissement apparent à l’aube du XXIe siècle. Les causes ne sont pas encore très bien définies, mais l’une retient particulièrement notre attention.

L’impact du resserrement de la frontière après le 11 septembre 2001 et des politiques de l’administration Bush

22Avec la mise en place de l’ALE/ALENA, la dernière décennie du XXe siècle aura été caractérisée par une intensification de l’ouverture des frontières et une intégration économique accélérée. Néanmoins, cette tendance semble s’être essoufflée quelque peu depuis 2001. Après avoir atteint un sommet en 2000, les exportations vers les États-Unis ont adopté une tendance à la baisse. On pourrait attribuer cette situation à l’appréciation du dollar canadien face au billet vert. Le dollar canadien a, en effet, quitté son creux historique de 2002 pour atteindre une valeur moyenne de 0,93 $US pour l’année 2007.

23Une autre explication plausible est l’apparition d’une nouvelle barrière au commerce. Suite aux attaques du 11 septembre 2001, le gouvernement américain s’est concentré sur le problème apparent de la sécurité du pays. De nombreuses initiatives ont été lancées afin de contrer le terrorisme. Cela s’est traduit, entre autres, par un durcissement marqué des contrôles aux frontières terrestres. Ainsi, plusieurs nouvelles restrictions sur le mouvement des personnes et des marchandises sont apparues. Celles-ci ont des coûts économiques pour les membres de l’ALENA et nuisent au commerce.

  • 16  Peter Andreas, “Border Security in the Age of Globalization”, Regional Review, 3e trimestre 2003, (...)
  • 17  US Department of State, Agents Added to US-Canada Border to Enhance Homeland Security, Press Relea (...)
  • 18  Ontario Chamber of Commerce, Borders and Trade Development Committee, Cost of Border Delays to Ont (...)

24Cette section recense les différents coûts engendrés par les nouvelles contraintes liées à la sécurisation de la frontière depuis le 11 septembre 2001. L’année 2002 voit la mise en place d’un bon nombre d’initiatives liées à la sécurité du pays, notamment la création du Department of Homeland Security. Celle qui retient notre attention est la US Customs and Border Protection Agency (CBP), qui s’occupe de la surveillance des frontières. Comme tout ce qui a trait aux questions de sécurité, cette agence gagnera en importance, comme en témoigne la hausse de 36 % allouée à son budget en 2003 par rapport à 200216. Ainsi, les effectifs patrouillant la frontière canado-américaine ont atteint des sommets, passant de 334 à 1 000 agents en quelques années17. Ce déploiement d’effectifs s’est traduit par une forte intensification des contrôles aux postes frontaliers, de sorte que les temps d’attente ont grimpé. Le commerce par voie terrestre, qui représente 70 % du commerce avec les États-Unis, se trouve donc affecté significativement par ces délais18.

Coûts assumés par le secteur d’exportation

Ex post

  • 19  John C. Taylor, Douglas R. Robideaux & Georges C. Jackson, “U.S.-Canada Transportation and Logisti (...)
  • 20  Pierre Martin, “The Mounting Costs of Securing the ‘Undefended’ Border”, Policy Options, juillet-a (...)
  • 21  DAMF Consultants/L.P. Tardif & Associates, “The Cumulative Impact of US Import Compliance Programs (...)
  • 22  Ontario Trucking Association, voir DAMF Consultants, op.cit.
  • 23  Linda Lee, Pierre Martin, Estelle Ouellet & François Vaillancourt, “American Border Security Measu (...)
  • 24  Dans l’étude de la DAMF, on rapporte que 83 % des camions transitant vers les États-Unis étaient c (...)
  • 25  DAMF, op. cit., 32.

25Ce sont d’abord les exportateurs et transporteurs canadiens qui doivent composer avec ces nouvelles contraintes imposées par les États-Unis et absorber les coûts des politiques de sécurité. Traverser la frontière avait toujours représenté un coût, évalué à 10,3 milliards pour les deux économies, et depuis septembre 2001, ce coût semble avoir grimpé19. Les inspections plus rigoureuses et plus fréquentes ont l’effet d’un goulot d’étranglement à la frontière générant de longues files d’attente. Une fois pris dans l’engorgement, un camionneur va mettre en moyenne 32 minutes à atteindre la frontière20. Pour chacun de ces délais, des heures de travail et du carburant sont gaspillés. Plusieurs études ont estimé le coût horaire encouru. L’une les évalue à 60 $21, une autre à 75 $22 et une troisième à 100 $23. Sachant qu’en 2006, il y avait en moyenne 5,48 millions24 de livraisons de marchandises par camion destinées aux États-Unis, les pertes annuelles pour le secteur canadien de l’exportation oscillent entre 175,36 et 292,25 millions de dollars25, et ce seulement pour les délais d’attente aux postes frontaliers.

  • 26  J. C. Taylor, D. R. Robideaux & G. C. Jackson, op. cit., 11.

26Une fois que le camionneur atteint finalement la limite le séparant de sa destination, il doit encore passer la douane. Dans 20 à 40 % des cas, il doit transiter par les postes frontaliers secondaires où il devra compléter certaines démarches administratives ou subir des inspections26. Dans le meilleur des cas, cela ne prend que quelques minutes, mais une inspection minutieuse peut prendre plusieurs heures. Cela pose particulièrement problème aux exportateurs de produits alimentaires périssables, particulièrement sensibles aux délais prolongés.

  • 27  Alan D. MacPherson, “The Impact of the US Bio-Terrorism Act upon Canadian Exporters of Food Produc (...)
  • 28 Ibid. 29.
  • 29 Idem.

27Le Bioterrorism Act de 2002 donne à la Food and Drug Administration (FDA) le droit d’inspecter toute marchandise jugée suspecte et de la détenir aussi longtemps que souhaité sans avoir à invoquer de raisons27. La fréquence et le temps alloués à ces inspections ont gagné en intensité. Un sondage mené auprès d’un échantillon de 144 firmes canadiennes exportatrices de produits alimentaires a montré que la probabilité pour une firme de subir une saisie pendant une année est passée de 25 % en 2001 à 70 % en 2004, tandis que le délai moyen de détention des marchandises passait d’un jour et demi à quatre jours28, ce qui entraîne inévitablement des pertes de denrées périssables. Pour le même groupe d’exportateurs, les chiffres sont révélateurs. Les coûts annuels moyens encourus par exportateur suite aux détentions des marchandises par la FDA ont atteint 55 000 $ en 2004 alors qu’ils se chiffraient à 14 000 $ en 200129.

  • 30 Ibid., 31.

28Finalement, avec le temps additionnel que prennent les marchandises en provenance du Canada pour arriver à bon port, les importateurs américains peuvent imposer des pénalités de retard de livraison30. Il est difficile de savoir quelle est l’ampleur de ce coût, mais ce n’est pas ce qui importe le plus ici. Cette situation illustre plutôt les nouvelles difficultés auxquelles doivent faire face commerçants et transporteurs dans la planification de leurs livraisons. Des mesures doivent être prises avant d’atteindre la frontière afin de s’adapter aux nouvelles réalités. Que cette adaptation passe par une planification moins efficace ou par des investissements en sécurité, il y aura des coûts à supporter.

Ex ante

  • 31  J. C. Taylor, D. R. Robideaux & G. C. Jackson, op. cit., 12.
  • 32  David J. Andrea & Brett C. Smith, “The Canada-US Border: An Automotive Case Study”, Center for Aut (...)

29Étant directement exposée aux retards, l’industrie du transport doit redéfinir ses horaires. En fonction de l’estimation des délais qu’elle fait, une firme de transport de marchandises va naturellement planifier quelques heures de plus pour ses livraisons. Si l’attente subie est moins longue que ce qui était anticipé, il y a tout même une perte de temps à assumer. Étant donné que l’on alloue plus de temps pour chaque voyage, il faudra en réduire le nombre31. L’industrie du transport n’est pas la seule à être affectée de cette manière. Le secteur manufacturier est aussi touché d’une manière semblable, mais dans ce cas-ci les coûts sont dus à un remaniement du processus de production. Face aux retards dans l’arrivée d’inputs essentiels, ces firmes n’ont d’autre choix que d’augmenter les stocks de leur inventaire. Dans le contexte de la logistique Just-in-Time (JIT), ce problème prend des proportions démesurées. Une firme opérant dans ce système maintient ses stocks d’inventaire au minimum pour économiser sur les coûts d’entreposage. L’efficacité du JIT est fortement affectée par les délais aux frontières, et pour une industrie comme l’automobile qui dépend particulièrement de ce système, les coûts liés aux risques de retard sont importants. Sachant qu’en 2000, il y avait pour 3 600 000 $US de pièces canadiennes acheminées quotidiennement vers les usines d’assemblage américaines et que le coût du capital tourne autour de 12 %, cela implique un coût de 432 000 $US pour avoir en inventaire une heure de production supplémentaire32. Une usine d’assemblage américaine qui importe des pièces du Canada devra donc assumer ces coûts vu les risques liés au franchissement de la frontière.

  • 33  Ce traitement préférentiel prend généralement la forme d’une voie réservée pour éviter les bouchon (...)

30À la lumière des dérangements causés par l’étanchéité accrue de la frontière, on constate que les entreprises liées à l’exportation doivent supporter un nouveau fardeau. Toutefois, plutôt que de subir des délais, les firmes qui opèrent dans ce secteur ont la possibilité d’adhérer aux programmes de gestion de risques mis sur pied par le gouvernement américain, dont le Customs-Trade Partnership Against Terrorism (C-TPAT)est la principale incarnation. Du côté des transporteurs, une initiative similaire existe : le programme FAST (Free and Secure Trade). Ces programmes permettent à leurs membres d’être considérés peu risqués par les douanes américaines, le but ultime étant la sécurisation de toute la chaîne de production. Appliqués conjointement, ils confèrent à leurs adhérents un traitement préférentiel qui accélère le passage à la frontière33.

  • 34  10 000 $ pour les dispositifs physiques et 40 000 $ pour le personnel supplémentaire.
  • 35  L. Lee, P. Martin, E. Ouellet & F. Vaillancourt, op. cit., 7-8.
  • 36  Abdoulaye Diop, David Hartman & Deborah Rexrode, “CT-PAT Partners Cost Benefit Survey”, Center for (...)
  • 37  A. D. MacPherson, op.cit., 32.

31Pour être certifiée C-TPAT, une firme doit s’assurer qu’elle respecte, ainsi que tous ses fournisseurs, les normes de sécurité du programme, ce qui entraîne des déboursés importants. Une étude québécoise estime les coûts moyens annuels du C-TPAT à 50 000$34 pour les exportateurs de la province35. Une étude américaine recense les coûts à assumer pour respecter le programme, qui varient de 739 à 43 718 $36. Il reste difficile de savoir s’il vaut la peine pour un exportateur canadien de se conformer à ces pratiques sécuritaires. Le choix va dépendre de l’évaluation qu’il fera des bénéfices que rapporte le programme. On peut nommer quelques autres coûts potentiels qui ne sont pas directement en lien avec l’attente à la frontière. Ces dépenses concernent entre autres l’expertise légale supplémentaire ou des primes d’assurances plus importantes exigées des exportateurs de produits périssables37.

32En bout de ligne, il ne fait pas de doute qu’une nouvelle barrière au commerce entre les États-Unis et ses partenaires s’est érigée depuis le 11 septembre. Sans être un tarif à l’importation, cette barrière de sécurité a des impacts qui sont semblables. Toutefois, ceux-ci sont potentiellement plus néfastes pour l’ensemble de l’économie canadienne à cause de la nature des restrictions en question.

Répercussions globales

33Suite au dénombrement de tous ces coûts que les exportateurs et transporteurs canadiens doivent assumer, on peut se demander quels seront les impacts pour l’ensemble de l’économie canadienne. Il reste difficile de quantifier l’incidence exacte des ennuis encourus à la frontière, mais on peut procéder à quelques estimations. La barrière de sécurité à la frontière agit un peu comme un tarif à l’importation. En utilisant les estimations des études mentionnées ici, on peut calculer l’équivalent en tarif effectif à l’importation de la barrière de sécurité. Les estimations de ce tarif effectif sont résumées au tableau 1 pour l’ensemble des exportations et pour les exportations de produits alimentaires.

Tableau 1 : Estimations de l’équivalent tarif des coûts engendrés par les mesures de sécurité aux frontières

Tableau 1 : Estimations de l’équivalent tarif des coûts engendrés par les mesures de sécurité aux frontières

Source : calcul des auteurs

  • 38  Alan D. MacPherson, The impact of the US Bioterrorism Act (BTA) upon Canadian exporters of food pr (...)

34L’effet direct sera que des importateurs de part et d’autres de la frontière vont se tourner vers des fournisseurs domestiques. Dans une étude envisageant cette possibilité, MacPherson rapporte que 28 % des importateurs canadiens la considèrent, tandis que cette proportion se chiffre à 15 % du côté américain38. Bref, on aura un cas classique de détournement de commerce sauf qu’ici le gouvernement américain ne pourra pas collecter de droits de douane.

  • 39  Ontario Chamber of Commerce, op. cit., 18.

35Un autre élément qui distingue la barrière sécuritaire d’un tarif d’importation classique est l’incertitude qui l’entoure pour ce qui est des délais et des coûts encourus. Cette incertitude est particulièrement dommageable pour les secteurs relativement plus sensibles aux retards, en d’autres mots, ceux qui reposent sur le JIT. Dans le cas de l’industrie automobile des grands lacs, cette perturbation du JIT va inciter davantage les usines d’assemblage américaines ayant besoin de pièces canadiennes à se tourner vers d’autres fournisseurs39. Ainsi, l’incertitude causée par les délais à la frontière s’attaque directement au commerce intra-industrie qui est un élément clé de l’intégration économique nord-américaine. En somme, cette barrière de sécurité, comme toutes les restrictions aux échanges, provoque des pertes de commerce et d’investissements.

36Pour résumer, il est évident que le commerce dans le cadre de l’ALENA a pris un certain recul avec les nouvelles politiques sécuritaires de l’administration Bush. Le point commun de ces mesures est qu’elles imposent toutes des restrictions sur le mouvement des marchandises ou des personnes, ce qui nuit aux économies de ce partenariat régional. Les entreprises du secteur de l’exportation doivent maintenant faire avec des engorgements plus volumineux et des contrôles plus rigoureux aux frontières. En théorie, cela les contraint à planifier leurs productions et leurs livraisons d’une manière moins efficace. Alternativement, elles peuvent se conformer aux programmes américains de gestion du risque. Mais dans les deux cas, les coûts à supporter sont significatifs. Toutefois, selon nos estimations, les pertes totales dues à l’attente supplémentaire à la frontière comptent pour moins de 1 % du total des exportations.

Modélisation économétrique40

  • 40  On retrouve les résultats économétriques dans M. Lambert-Racine, P. Martin & F. Vaillancourt, op. (...)

37Pour compléter notre bilan de l’ALE/ALENA, nous avons procédé à nos propres estimations de l’impact du libre-échange canado-américain. L’objectif est de modéliser le commerce avec les États-Unis afin de mesurer les effets de l’ALE/ALENA et celui de la barrière de sécurité sur les exportations canadiennes vers les États-Unis. Pour ce faire, nous avons utilisé un modèle de demandes d’exportations en séries temporelles ayant cette forme :

  • X: cette variable représente les exportations réelles canadiennes destinées aux États-Unis. Elles sont mesurées en CAD réels pour nous permettre d’isoler l’effet des prix canadiens.

  • PIB : c’est le produit intérieur brut réel américain. Comme pour les exportations, il est mesuré en USD réels pour l’isoler de l’effet des prix américains. Cette variable sert à mesurer l’impact du revenu américain sur les exportations canadiennes. On s’attend donc à une augmentation des exportations face une augmentation de PIB.

  • TCH : cette variable est le taux de change nominal mesuré en CAD/USD. Étant donné que sous cette forme, une dépréciation du dollar canadien équivaut à une augmentation du taux de change, on s’attend à un impact positif de cette variable sur les exportations canadiennes.

  • PCAN et PE-U : ce sont les prix domestiques et étrangers. Pour les prix canadiens, l’indice implicite de prix des exportations est utilisé tandis que pour les prix américains, on utilise l’indice implicite de prix du PIB. Les indices de prix américains et canadiens nous permettent de tenir compte de l’évolution du prix relatif des exportations canadiennes pour les importateurs américains. Toute chose étant égale par ailleurs, ceux-ci importent moins du Canada lorsque les prix y augmentent, de là le signe négatif attendu. Inversement, ces mêmes importateurs vont se tourner d’avantage vers le Canada lorsque les prix domestiques américains vont croître relativement aux prix canadiens.

  • ALENA : c’est une variable spline qui prend la valeur 0.1 pour 1990, 0.2 pour 1991 et ainsi de suite jusqu’à 0.9 pour 1998. Avant 1990, elle prend la valeur 0 et à partir de 1999, elle prend la valeur 1 jusqu’à 2008. Elle est utilisée pour mesurer l’impact progressif du libre-échange sur les exportations. Cette variable devrait avoir un effet positif sur les exportations canadiennes.

  • t est une variable de tendance linéaire et ut est le terme d’erreur.

38Sous chaque variable sont inscrits les signes attendus entre parenthèses. Pour estimer ce modèle, nous utiliserons des données trimestrielles qui couvrent la période du premier trimestre de 1971 au premier trimestre de 2008 pour un total de 149 observations. Le choix de la période reflète la disponibilité des données sur les exportations canadiennes vers les États-Unis publiées par Statistiques Canada.

  • 41  Une variable dichotomique ou binaire prend la valeur 0 ou 1. Avec des séries temporelles, elle nou (...)

39Ce modèle sera d’abord estimé sous la forme présentée ci-dessus puis ré-estimé avec des variables dichotomiques pour chaque année suivant les attentats du 11 septembre (de 2002 à 2008q1)41. Une dichotomique supplémentaire, 9/11, sera incluse pour le troisième trimestre de 2001, soit la période des attentats. Ainsi, il sera possible d’évaluer l’effet du durcissement de la frontière sur les exportations tel que discuté auparavant. Nous nous attendons donc à des signes négatifs pour l’ensemble de ces variables.

40Les deux modèles sont estimés en forme log-linéaire avec des erreurs standards de type Newey-West afin de corriger pour l’hétéroscédasticité et l’autocorrélation des erreurs. Le choix de la forme du modèle à employer s’est fait selon des résultats des tests de stationnarité, de co-intégration et de changements structurels.

41Nous présentons de façon synthétique nos résultats au tableau 2. Afin de mesurer les parts dans la croissance totale des exportations canadiennes de nos variables indépendantes, de 1990q1 à 2001q2, on prend la variation du log de notre variable indépendante pour cette période et on multiplie par la valeur du coefficient β estimé : ∆ln(X)i = ∆ln(var. ind.)i X βi. On divise ensuite ces variations de ln(X)i par la variation de ln(X) qui s’est réellement produite : ln(X)i/ ln(X)Tot X 100 = Part de la croissance totale. Pour obtenir ces variations en dollars, on multiplie les parts obtenues par la variation réelle des exportations annuelles (X) = 45349,69 millions de dollars de 1971. Cette méthode n’assure pas que la somme des effets soit égale à 100 % mais permet de comparer la taille de chacun des effets sur la période donnée.

42Pour calculer l’impact du durcissement de la frontière, on utilise soit le modèle avec variables annuelles en prenant le coefficient maximum, soit celui de 2003, soit celui avec une variable pour toute la période. On compare ces impacts à celui de l’ALE/ALENA. Ainsi, avec notre valeur de β2003, on calcule β2003/∆ln(X)5 X 100, ce qui nous donne l’ampleur de l’impact de la barrière de sécurité par rapport au libre-échange. On connaît déjà l’impact en dollars du libre-échange pour la période de 1990q1 à 2001q2 = 46 trimestres. On peut donc estimer l’effet de la barrière de sécurité pour la période pertinent, soit de 200q4 à 2008q1 = 26 trimestres, par une simple règle de trois. Finalement, pour estimer le tarif effectif équivalent à la barrière de sécurité, on prend le rapport des pertes totales de cette période sur les exportations totales vers les États-Unis pour la même période.

43L’effet du durcissement de la frontière américaine provoqué par les attentats du 11 septembre varie d’une année à l’autre. La variable 9/11 a évidemment un impact négatif pour le troisième trimestre de 2001 sans doute dû à la fermeture temporaire de la frontière en réponse immédiate aux attentats. Les effets négatifs les plus importants sont enregistrés en 2002 et 2003, période qui coïncide avec la création du Department of Homeland Security et l’expansion du CBP. Il y a ensuite un relâchement en 2004, 2005 et 2006, puis un durcissement en 2007 et début 2008. On présente au tableau 3 l’impact de la barrière de sécurité pour l’année 2003 avec le modèle 2 et pour l’ensemble de la période avec le modèle 3.

Tableau  2

Tableau  2

Source : calculs des auteurs

Tableau  3

Tableau  3

Source : calcul des auteurs

44Il ressort qu’en moyenne l’ALE/ALENA a compté pour 23,5 % de la croissance totale des exportations canadiennes vers les États-Unis pour la période précédant les attentats de septembre 2001. En comparaison, la part moyenne de l’effet du taux de change se chiffre à 19.5%, ce qui nous suggère que l’impact du libre-échange avec les Américains a été d’une envergure similaire à celle de la dépréciation du dollar dans les années 1990. En ce qui concerne l’impact des politiques de sécurité de l’administration Bush, on évalue qu’elles ont en moyenne un effet équivalent à celui d’une surcharge sur les exportations de 0,60% de leur valeur.

Conclusion

45En bout de ligne, nous pouvons résumer ainsi les principales étapes qui ont mené à la réalité économique nord-américaine que nous connaissons. D’abord, dans les années 1970 et 1980, le type d’intégration de la région s’est défini avec la mise en place de structures de production faisant abstraction des frontières, permettant l’essor d’un important commerce intra-industrie. Avec l’ALE et l’ALENA dans les années 1990, ces flux de commerce se sont fortement intensifiés avec la disparition de nombreuses restrictions non seulement sur le commerce, mais aussi sur l’investissement. Toutefois, en écho aux événements tragiques de 2001, une barrière de sécurité au commerce s’est mise en place aux frontières, occasionnant de nouveaux coûts aux industries exportatrices et au tourisme. Après vingt ans de libre-échange, deux questions s’imposent donc : quels sont les gains de commerce engendrés par le libre-échange (ALE/ALENA) et quel est l’impact du durcissement de la frontière américaine ? Les principaux résultats sont résumés dans le tableau 4 :

Tableau  4

Tableau  4

Source : les auteurs

46D’après nos estimations, l’ALE et l’ALENA ont eu un impact positif sur le commerce qui a été d’une importance semblable à celui qu’a eu la dépréciation du dollar canadien. Ce commerce accru est en partie responsable de l’amélioration de la productivité canadienne grâce à l’allongement des cycles de production en lien avec l’essor de la spécialisation intra-industrielle et à la diffusion technologique par les importations et l’IDE entrant. Le chapitre 19 de l’ALE/ALENA semble aussi avoir amélioré le climat d’entente dans le commerce canado-américain quoique certains conflits comme le bois d’œuvre demeurent inévitables. Les coûts de cette libéralisation furent principalement les pertes d’emplois du secteur manufacturier dues à la rationalisation provoquée.

47Pour ce qui est de la barrière de sécurité, nos estimations de l’équivalent en tarif effectif à l’importation demeurent sous la barre de 1 %. Il y a certes des coûts supplémentaires à supporter pour traverser la frontière, mais ceux-ci demeurent limités. Étant donné ce faible effet sur l’ensemble du commerce, on peut aussi supposer que les répercussions sur les chaînes de production seront d’envergure similaire quoique ces coûts demeurent plus difficiles à quantifier. Les effets sur le commerce de cette barrière pourraient s’aggraver étant donné la croissance soutenue du prix des carburants mais jusqu’à maintenant, le libre-échange dans le cadre de l’ALE/ALENA semble peu menacé. D’après nos résultats, le durcissement de la frontière semble toutefois avoir récemment repris de la vigueur. Il est donc souhaitable que l’on continue à suivre l’évolution des impacts de la frontière sur les échanges commerciaux entre Canada et États-Unis.

Annexe économétrique

Données

  • Exportations et Importations canadiennes : Statistiques Canada - Tableau 228-0002

  • PIB américain : Statistiques Canada – Tableau 451-0010

  • Taux de change: Statistiques Canada – Tableau 176-0049

  • Indice implicite des prix canadiens : Statistiques Canada–Tableau 380-0003

  • Indice implicite des prix américains : Bureau of Economic Analysis

Résultats

Tableau A 1 : Résultats du modèle avec ALENA (1)

Tableau A 1 : Résultats du modèle avec ALENA (1)

*** veut dire significatif à 1 %, ** à 5 % et * à 10 %

Tableau A 2 : Résultats du modèle post-9/11 avec ALENA

Tableau A 2 : Résultats du modèle post-9/11 avec ALENA

*** veut dire significatif à 1 %, ** à 5 % et * à 10 %

Tableau A3 : Résultats du modèle post-9/11 alternatif (Bush=1 de 2001q1 à 2008q1) avec ALENA

Tableau A3 : Résultats du modèle post-9/11 alternatif (Bush=1 de 2001q1 à 2008q1) avec ALENA

*** veut dire significatif à 1 %, ** à 5 % et * à 10 %

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Notes

1  Source : Statistiques Canada – Tableau 380-0027 <www.dfait-maeci.gc.ca/.../BOP_FRA_Real_EX-IM_Goods_by_Major_Groups.pdf>, consulté en août 2008.

2  Idem.

3  Voir Michaël Lambert-Racine, Pierre Martin et François Vaillancourt, « Bilan économique du libre-échange nord-américain après vingt ans : une perspective canadienne », Chaire d’études politiques et économiques américaines, CÉRIUM, Université de Montréal, Notes & Analyses, n° 23, 19 mars 2009 <http://www.cerium.ca/Bilan-economique-du-libre-echange>, consulté en janvier 2010.

4  Mohsen Bahmani-Oskooee & Taggert J. Brooks, “Cointegration Approach to Estimating Bilateral Trade Between US and her Trading Partners”, International Economic Journal,vol. 13, n° 4, 1999, 119-128.

5  PNB = PIB + produit net des activités provenant de l’étranger.

6  Cette élasticité est plutôt mesurée avec l’inverse du taux de change $US/$CAN, soit la valeur externe, de là le signe positif.

7  Daniel Trefler, « L’essentiel sur l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis ». Industrie Canada, Perspectives sur le libre-échange nord-américain, document de travail n° 6, 1999, 35.

8  Paul R. Krugman & Maurice Obstfeld, Économie internationale, Paris : Pearson Education, 2006, 245.

9  Daniel Schwanen, “Trading Up: The Impact of Increased Continental Integration on Trade, Investment, and Jobs in Canada”, C.D. Howe Institute Commentary, vol. 89, mars 1997, 8.

10  John McCallum, “National Borders Matter: Canada-U.S. Regional Trade Patterns”, The American Economic Review, vol. 85, n° 3, juin 1995, 615-623 ; John F. Helliwell, Frank C. Lee & Hans Messinger, « Incidence de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis sur le commerce interprovincial », Industrie Canada, Perspectives sur le libre-échange nord-américain, document de travail n° 5, 1999, 5.

11  Source : Institut Statistique du Québec, Le Commerce international du Québec, 1999. <http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/comm_ext/comm-international.htm>, consulté en août 2008.

12  J. F. Helliwell, F. C. Lee & H. Messinger, op. cit.

13  Serge Coulombe, “Intranational Trade Diversion, the Canada-United States Free Trade Agreement, and the L Curve”, Topics in Economic Analysis & Policy, vol. 4, n° 1, 2004, 1-21.

14  Taxe de vente sur les fabricants, qui se chiffrait à 13,5 %, remplacée par la TPS en 1991.

15  S. Coulombe, op. cit., 16.

16  Peter Andreas, “Border Security in the Age of Globalization”, Regional Review, 3e trimestre 2003, 5.

17  US Department of State, Agents Added to US-Canada Border to Enhance Homeland Security, Press Release, 3 juillet 2003, <http://www.america.gov/st/washfile-english/2003/July/20030703121004rellims0.10133.html>, consulté le 11 août 2008. Voir aussi P. Andreas, op. cit.

18  Ontario Chamber of Commerce, Borders and Trade Development Committee, Cost of Border Delays to Ontario, Ontario: Ontario Chamber of Commerce, 2004, 5.

19  John C. Taylor, Douglas R. Robideaux & Georges C. Jackson, “U.S.-Canada Transportation and Logistics: Border Impacts and Costs, Causes, and Possible Solutions”, Transportation Journal, automne 2004, 10.

20  Pierre Martin, “The Mounting Costs of Securing the ‘Undefended’ Border”, Policy Options, juillet-août 2006, 16.

21  DAMF Consultants/L.P. Tardif & Associates, “The Cumulative Impact of US Import Compliance Programs at the Canada/US Land Border on the Canadian Trucking Industry”, Ottawa: Transport Canada, 2005.

22  Ontario Trucking Association, voir DAMF Consultants, op.cit.

23  Linda Lee, Pierre Martin, Estelle Ouellet & François Vaillancourt, “American Border Security Measures: Potential Economic Impacts and Policy Responses from a Quebec Perspective”, Chaire d’études politiques et économiques américaines, CÉRIUM, Université de Montréal, 2005.

24  Dans l’étude de la DAMF, on rapporte que 83 % des camions transitant vers les États-Unis étaient chargés. En 2006, 6,6 millions de camions ont traversé vers les États-Unis, ce qui nous donne 5,48 millions de livraisons.

25  DAMF, op. cit., 32.

26  J. C. Taylor, D. R. Robideaux & G. C. Jackson, op. cit., 11.

27  Alan D. MacPherson, “The Impact of the US Bio-Terrorism Act upon Canadian Exporters of Food Products to the United States: A Firm-Level Analysis”, The International Trade Journal, vol. XXII, n° 1, 2008, 19.

28 Ibid. 29.

29 Idem.

30 Ibid., 31.

31  J. C. Taylor, D. R. Robideaux & G. C. Jackson, op. cit., 12.

32  David J. Andrea & Brett C. Smith, “The Canada-US Border: An Automotive Case Study”, Center for Automotive Research, Altarum Institute, 2002, 18.

33  Ce traitement préférentiel prend généralement la forme d’une voie réservée pour éviter les bouchons et des inspections moins rigoureuses.

34  10 000 $ pour les dispositifs physiques et 40 000 $ pour le personnel supplémentaire.

35  L. Lee, P. Martin, E. Ouellet & F. Vaillancourt, op. cit., 7-8.

36  Abdoulaye Diop, David Hartman & Deborah Rexrode, “CT-PAT Partners Cost Benefit Survey”, Center for Survey Research, Weldon Cooper Centre for Public Service, University of Virginia, 2007, 42.

37  A. D. MacPherson, op.cit., 32.

38  Alan D. MacPherson, The impact of the US Bioterrorism Act (BTA) upon Canadian exporters of food products to the United States: a statistical analysis of proprietary Canadian government survey data, Canadian Embassy, Washington, DC, 2005, 273.

39  Ontario Chamber of Commerce, op. cit., 18.

40  On retrouve les résultats économétriques dans M. Lambert-Racine, P. Martin & F. Vaillancourt, op. cit.

41  Une variable dichotomique ou binaire prend la valeur 0 ou 1. Avec des séries temporelles, elle nous permet de détecter la présence de changements structurels ou d’événements dans le temps, une guerre par exemple. Ici, on les utilise pour mesurer le durcissement de la frontière suspecté et l’entrée en vigueur du libre-échange avec les États-Unis, la variable spline étant une variante d’une dichotomique.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Exportations totales en proportion du PIB : Canada, États-Unis et Mexique, 1971-2007
Crédits Source : données de l’OCDE
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Titre Figure 2 : Répartition du commerce canadien (Exportations+Importations par marché/ PIB) ; États-Unis, UE, Japon et autres, 1971-2007
Crédits Source : Statistiques Canada —Tableau 228-0003
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Titre Figure 3 : Évolution du taux de change du dollar canadien ($US/$Can), 1971-2007
Crédits Source : Statistiques Canada – Tableau 176-0064
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Titre Figure 4 : Évolution du commerce avec les États-Unis en proportion du PIB canadien, 1986-2000
Crédits Source : Statistiques Canada – Tableau 228-0003 et 380-0017
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Titre Figure 5 : Évolution du tarif effectif canadien moyen, 1971-2006
Crédits Sources des données: Statistiques Canada – Tableaux 228-0003 et 380-0034
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Titre Tableau 1 : Estimations de l’équivalent tarif des coûts engendrés par les mesures de sécurité aux frontières
Crédits Source : calcul des auteurs
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Titre Tableau  2
Crédits Source : calculs des auteurs
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Titre Tableau  3
Crédits Source : calcul des auteurs
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Titre Tableau  4
Crédits Source : les auteurs
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Titre Tableau A 1 : Résultats du modèle avec ALENA (1)
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Titre Tableau A 2 : Résultats du modèle post-9/11 avec ALENA
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Titre Tableau A3 : Résultats du modèle post-9/11 alternatif (Bush=1 de 2001q1 à 2008q1) avec ALENA
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Pour citer cet article

Référence papier

Michaël Lambert-Racine, Pierre Martin et François Vaillancourt, « Une évaluation de l’impact des politiques de l’administration Bush sur les exportations canadiennes dans le contexte de l’Accord de libre-échange nord-américain »Revue LISA/LISA e-journal, Vol. VIII - n°1 | -1, 168-194.

Référence électronique

Michaël Lambert-Racine, Pierre Martin et François Vaillancourt, « Une évaluation de l’impact des politiques de l’administration Bush sur les exportations canadiennes dans le contexte de l’Accord de libre-échange nord-américain »Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], Vol. VIII - n°1 | 2010, mis en ligne le 04 mars 2010, consulté le 06 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lisa/3700 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lisa.3700

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Auteurs

Michaël Lambert-Racine

Michaël Lambert-Racine est étudiant à la maîtrise en sciences économiques à l’Université de Montréal et chercheur étudiant à la Chaire d’études politiques et économiques américaines de cette même université.

Pierre Martin

Pierre Martin (Ph.D., Northwestern, 1991) est professeur titulaire de science politique et directeur de la Chaire d’études politiques et économiques américaines à l’Université de Montréal. En 1999-2000, il a été professeur invité Mackenzie King et chercheur Fulbright à l’Université Harvard. En 2008, il a été chercheur invité au Wilson Center à Washington et professeur invité à l’Université des langues étrangères de Pékin. Ses travaux et enseignements portent entre autres sur les États-Unis, l’économie politique internationale et l’analyse de l’opinion publique. Il a signé une cinquantaine d’articles dans des revues ou des ouvrages spécialisés et il a dirigé ou co-dirigé quatre ouvrages.

Articles du même auteur

François Vaillancourt

François Vaillancourt(Ph.D., Queen’s, 1978) est professeur titulaire de sciences économiques et chercheur à la Chaire d’études politiques et économiques américaines à l’Université de Montréal. Il a publié de nombreuses études dans le champ des politiques publiques, notamment le fédéralisme fiscal, l’imposition et les politiques linguistiques. Depuis 2006, il a été chercheur ou professeur invité à FUCaM (Belgique), l’École Normale Supérieure (Cachan, France), l’Andrew Young School of Policy Studies (Atlanta) et, à titre de chercheur Fulbright, à Kennesaw State University (Atlanta). Il a aussi agi à titre de consultant pour des organismes canadiens et internationaux, dont l’OCDE, le PNUD et la Banque mondiale.

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