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Innovation, espace et culture dans le monde anglo-saxon

La traduction de l’innovation dans l’espace urbain en Amérique du Nord

Urban Space and Innovation in North America
Laurence Gervais-Linon
p. 234-254

Résumé

A certain number of issues related to the effects of technological and economic innovation on urban sociology have arisen in the United States. The spatial concentration of innovation activities in the US and in Canada has created a “geography of innovation”. Technological, but also social, artistic and cultural innovations can have repercussions on urban space. What is called innovation may be hard to define but its symptoms are usually found in big urban centers and allow certain regions to stand out. This paper proposes to study three important aspects of the effects of economic innovation on urban space: firstly, urban decline and reinvestment processes linked to the gentrification of inner-cities; secondly, the role played by new social classes arising from the transformation of the economy; and lastly, the concept of metropolisation related to the concentration of tertiary activities.

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Entrées d’index

Index de mots-clés :

espace urbain, États-Unis, innovation, marketing

Index chronologique :

20th century / XXe siècle
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Texte intégral

1Dans le paysage urbain actuel aux États-Unis, se posent les questions de la traduction de l’innovation dans l’espace, du lien entre innovation et métropolisation, et enfin de la création d’une nouvelle sociologie urbaine.

  • 1  Yves Guermond, « Y a-t-il des territoires innovants ? », Réalités Industrielles, Ed. Annales des M (...)
  • 2  Gunnar Törnqvist, « La Créativité, une perspective géographique », inMichel Chevalier, La géograph (...)

2Différents types d’innovation peuvent avoir des répercussions sur l’espace géographique. On entendra ici le concept d’innovation non seulement au sens d’innovation technologique, mais aussi sociale, artistique, culturelle. Ce que l’on appelle « innovation » est un phénomène insaisissable selon Yves Guermond1 mais dont les symptômes se retrouvent le plus souvent dans les plus grandes métropoles. L’apparition d’innovations diverses individualise certaines régions, dont la Côte Ouest des États-Unis. Guermond rappelle que Gunnar Törnqvist2 décrit le processus innovateur comme une série de processus cycliques, résultant d’une interaction entre les réseaux régionaux, nationaux et globaux.

  • 3  Ce mode de lecture nous est proposé par Jean-Paul Lacaze, Président du Comité d'orientation du pro (...)

3L’intérêt d’un tel sujet dépasse sans doute la simple démonstration des effets de l’innovation technologique, économique et culturelle sur l’espace urbain. En effet, à étudier les villes on se rend compte qu’elles sont à la fois le lieu et le produit des évolutions qu’elles accueillent alors même que ces évolutions se développent dans des temps différents. Il existe un «temps des villes», différent du temps des entreprises ou du temps des citoyens ou de celui des élus. Ainsi, si l’espace urbain est une trace du passé pétrifié (industriel, post-industriel), il nous donne à voir dans la superposition de ses strates, les causes de l’évolution urbaine3. Cette évolution n’est jamais linéaire et prend en compte des processus simultanés, tels ceux qui nous intéressent ici : déclin urbain, réinvestissement, innovation technologique, mobilité du capital, métropolisation. Or aujourd’hui, les notions de « déclin ou de réinvestissement urbain », et de « métropolisation », sont relativement récentes et sont au centre des débats des chercheurs et des politiques sur l’évolution des villes.

  • 4  Neil Smith, «Gentrification, the Frontier and the Restructuring of Urban Space», in N. Smith et P. (...)

4La notion de déclin urbain est liée au ralentissement de la croissance des populations urbaines, aux mouvements de périurbanisation (suburbanisation), à la transformation et à l’abandon des quartiers centraux dans les années 1960, tels que décrits par Neil Smith4 : perte démographique, dégradation du foncier et du patrimoine, vieillissement et transformation qualitative de la population. Mais la notion de déclin urbain est également associée à certaines transformations économiques et innovations technologiques actuelles, notamment en matière de communication, ainsi qu’à la tertiairisation de l’économie américaine à partir des années 1970. La notion de « réinvestissement urbain » est plus récente et renvoie aux évolutions des quartiers centraux des agglomérations.

5Il est intéressant de se poser la question du rôle que joue une nouvelle classe sociale appelée « creative class » dans ces phénomènes aux États-Unis. Est-elle porteuse ou motrice de ces phénomènes ? Comment les modes de vie sont-ils liés à la fois à l’innovation technologique et économique et à la reconquête des centres-villes par ceux qui font l’innovation ?

6Enfin, la notion de « métropolisation », si elle est directement liée à celle de la « globalisation » ou de l’« internationalisation », est aussi liée à la polarisation de certaines activités principalement tertiaires et issues de l’innovation technologique (centres d’affaires, technopoles, parcs scientifiques), voire culturelle (parcs d’animation de type Disneyland, ou au contraire parcs à thème au centre des villes) qui créent un nouvel urbanisme.

Rôle de la proximité et de l’espace dans les processus d’innovation

Les notions de territoires, de déclin urbain, de réinvestissement aux Etats-Unis

7Certains travaux mettent l’accent sur l’ancrage territorial des activités d’innovation à travers la concentration spatiale de la recherche/développement, on trouve en effet un certain nombre d’analyses en termes de réseaux qui ont trait à la géographie de l’innovation.

  • 5  Joel Kotkin, The New Geography, New York : Random House, 2000, 3-6.

8 L’espace a plus d’importance que jamais5. Les choix des entreprises en matière de localisation dépendent de l’attractivité de tel ou tel lieu. Le bouleversement qu’a été l’avènement de l’ère digitale, fut aussi un bouleversement des règles géographiques qui font qu’une ville ou une région est développée. Nombre de chercheurs voient ici un parallèle avec l’avènement du chemin de fer et du télégraphe.

  • 6 Ibidem, 5.

9J. Kotkin définit les gagnants et les perdants de ces changements dans les règles de distribution de l’espace. Ce qu’il appelle les « nerdistans » à la périphérie des grandes villes sont, grâce à la grande concentration de personnel qualifié, les gagnants de cette nouvelle donne. La croissance économique ne dépendant plus des facteurs traditionnels et physiques tels que l’accès aux matières premières, à l’énergie ou aux transports, mais plutôt des préférences d’entrepreneurs individuels pour tel ou tel lieu et de la présence du personnel qualifié, on a vu se développer des régions rurales autrefois désertiques grâce à l’industrie de l’information et aux nouvelles technologies. Aujourd’hui aux États-Unis, là où se trouve l’intelligence, « dans les petites ou les grandes villes, en tout lieu géographique, c’est là où les richesses s’accumulent »6.

  • 7  Manuel Castells, The Rise of the Network Society, New York : Blackwell, 2000 [1996], 417.
  • 8  John Mollenkopf et Manuel Castells (Dir.), Dual City : Restructuring New York, New York: Russell S (...)

10Certains chercheurs, tel Manuel Castells, ont tenté de définir le « nouvel espace industriel »7 créé par les technologies de l’information. Selon lui, la combinaison des nouvelles technologies et de la restructuration socio-économique (création de nouvelles classes sociales « créatives », augmentation de la rémunération des savoirs) a transformé l’espace des villes et des régions, creusant le fossé entre développement et exclusion sociale, développant les phénomènes de ségrégation. La ville créée par l’innovation technologique et l’économie de l’information est une ville duale. Cet espace basé sur l’économie du savoir et de l’information fonctionnant en réseaux, a donné naissance à un système urbain socialement et spatialement polarisé8.

11À l’inverse, Kotkin explique l’existence du redressement de nombre de quartiers urbains, expliquant que certaines  villes ont su adapter leur culture et leur identité à l’émergence de la nouvelle économie. Selon lui certaines villes industrielles du XIXe siècle ont vécu une véritable «renaissance» au sens propre du terme. Pour lui, les centres-villes de Houston, Baltimore et Boston devront dans un proche avenir leur renaissance à la redécouverte de leur rôle pré-industriel de centre des arts, des loisirs, du commerce de proximité et de l’innovation en termes de services spécialisés et d’artisanat. C’est l’attirance d’une certaine classe sociale issue de l’économie de l’innovation qui fait des quartiers centraux des anciennes villes industrielles une expérience différente de celle de « small town America ». La gentrification qui accompagne la transformation sociale de ces quartiers, c’est-à-dire la reconquête de certains quartiers centraux anciens dégradés par une classe sociale plus élevée que les résidents du moment, est elle-même le fait de jeunes adultes ayant des spécificités professionnelles et culturelles.

12Aux États-Unis,  le processus n’est pas limité aux grandes villes. Alors que beaucoup d’économies urbaines dans le monde capitaliste faisaient l’expérience du déclin des emplois manufacturiers et de l’essor des emplois dans le tertiaire (explosion des emplois « FIRE » : finance, insurance, real estate) c’est toute leur géographie urbaine qui subissait une restructuration. Dans les années 1980, à New York, San Francisco ou à Chicago les transformations des quartiers centraux en habitat de luxe faisaient partie, d’une série de changements plus large. Mais des villes plus isolées ou plus petites ont aussi expérimenté ces changements, telles Denver, San Diego, Oklahoma City ou Wichita. Pour Kotkin, c’est l’économie du savoir et sa nouvelle sociologie (personnes célibataires sans enfant travaillant dans la publicité, le graphisme, les loisirs, la e-économie…) qui crée ce nouvel urbanisme concentré dans les centres des villes, tout comme à la Renaissance, la culture, l’individualisme et les richesses y étaient concentrées.

13Toutefois toutes les villes américaines ne rentrent pas dans ce schéma. Une grande ville décentralisée comme Los Angeles n’est pas suffisamment compacte. Il a fallu y réinventer les fonctions du centre-ville ailleurs qu’au cœur de la ville, dans des « ex-centres » tels Beverly Hills, West L.A., Santa Monica ou Pasadena.

Métropolisation : le rôle de la globalisation de l’économie

  • 9  Ibidem.

14Un certain nombre de chercheurs prennent position contre l’hypothèse d’un affaiblissement du rôle de la proximité géographique9.

15D’une part, l’étude des stratégies d’entreprises en matière d’organisation spatiale de leurs activités d’innovation, montre des limites dans l’usage des nouvelles technologies.

  • 10  Claude Manzagol, Table ronde du Festival international de géographie de St Dié des Vosges, octobre (...)

16D’autre part, l’innovation est un phénomène métropolitain. L’innovation technologique est mesurable par les dépenses en recherche-développement (50% dans les 10 plus grandes villes de plus de 3 millions d’habitants) et le nombre de brevets déposés. Les métropoles sont le lieu où les informations, les savoirs et les compétences se trouvent, et favorisent la créativité et la prise de risque : les facteurs en sont la concurrence, l’innovation dans un territoire où les acteurs sociaux sont en interrelation, et de multiples relations sociales, une certaine proximité. La métropole a donc les avantages de l’« économie d’agglomération » et d’« urbanisation », aujourd’hui on peut dire qu’en général aux États-Unis, les métropoles sont des technopoles10. Claude Manzagol cite en exemple Detroit, base de l’innovation technologique devenue une base de l’innovation scientifique ; Phoenix, où l’innovation est venue de Chicago depuis laquelle la firme Motorola installa un petit laboratoire est devenue aujourd’hui une métropole capable d’innover de façon autonome ; et enfin bien sûr la Silicon Valley et la route 128. Les métropoles sont constituées en réseaux, qui contrôlent et concentrent les fonctions stratégiques et mettent au point de nouveaux produits, lancent les nouvelles modes.

  • 11  Saskia Sassen, Cities in a Global Economy, Thousand Oaks, CA : Pine Forge Press, 1994 ; Saskia Sas (...)
  • 12  Neil Smith, op.cit., 1994.
  • 13  De globalisation et localisation, importance du local.

17Cette idée de métropolisation est liée au concept de « ville globale » inventé par Saskia Sassen11. Dans Cities in a Global Economy12, Saskia Sassen décrit très bien la nature du nouveau système global des grandes métropoles, qui a donné lieu au concept aujourd’hui très usité de « glocalisation »13. Sassen explique que les villes globales (où les banques, les sièges des grandes entreprises, et d’autres sièges de commandes stratégiques se trouvent ainsi que les entreprises de services de haut niveau comme les cabinets d’avocats et les agences de publicité travaillant sur le marché mondial), sont devenues des sites stratégiques dans l’économie mondiale. Grâce à l’innovation technologique, les décisions prises à Londres, New York, Tokyo ou Sydney affectent les emplois, les salaires et la santé économique d’endroits aussi éloignés de ces villes que Kuala Lumpur, ou Santiago du Chili. Contrairement à l’idée auparavant très répandue que l’expansion des télécommunications et de l’Internet rendraient obsolètes les villes-nœuds décisionnels et diminueraient l’importance du lieu, grâce aux effets décentralisants des nouvelles technologies, Sassen démontre que c’est en fait l’inverse qui s’est produit avec l’émergence de villes globales qui sont récemment devenues plus et non moins denses. Ces villes grandissent en richesse et en pouvoir alors que des villes qui ont traditionnellement servis de centres manufacturiers en Europe comme aux États-Unis, sont sur le déclin pendant que la production manufacturière se déplace vers l’Asie, l’Amérique Centrale et du Sud et vers d’autres pays en voie de développement.

Les effets visibles : la territorialisation et le réinvestissement urbain

Le lieu, le choix du lieu

  • 14  Neil Smith, «Gentrification, the frontier and the restructuring of urban space», in N. Smith et P. (...)

18Au cœur du travail de Sassen, on retrouve les effets de l’innovation économique sur les villes. Sassen explique que la ville est considérée comme un territoire, objet de conflits « pour les opérations concrètes de l’économie ». Pour Smith, dans ces nouvelles mégalopoles, les changements économiques furent accompagnés de changements politiques à mesure que ces villes se retrouvaient en concurrence avec la déréglementation, la privatisation du logement et des services urbains et le désengagement de l’État. C’est dans ce contexte que la gentrification devint la marque de fabrique de la « ville globale »14.

  • 15  Peter Hall, lauréat du prix Vautrin Lud 2001, conférence plénière au douzième festival internation (...)

19Peter Hall15donne trois déterminants des territoires de l’innovation dans le temps et dans l’espace : l’innovation artistique, l’innovation technologique et industrielle, et l’innovation dans la culture populaire. Les villes innovantes ont en commun d’être riches, puissantes dans leur territoire, d’avoir une large aire d’influence, d’être un pôle d’immigration et d’attirer les artistes car les bourgeois achètent leurs œuvres.

20L’exemple de Silicon Valley montre l’importance de la présence de populations jeunes et du travail collectif dans l’innovation technologique et industrielle. En ce qui concerne l’innovation culturelle Peter Hall cite Los Angeles pour le cinéma et Memphis pour la musique soulignant le fait que cette dernière est au centre d’une aire de pauvreté rurale,  a une nombreuse communauté noire pauvre et des immigrés récents pour illustrer l’idée que l’innovation culturelle peut aussi provenir d’une forme de marginalité sociale. À New York comme à Chicago, le secteur multimédia est très développé, on parle de Silicon Valley de NY, à propos du quartier situé sous la 41ème rue comprenant Wall Street et Chelsea. Or à NY se trouve un fort milieu innovateur, ainsi dans la publicité sur Madison Avenue ; les publicistes  se sont installés dans Chelsea parce que c’était moins cher qu’ailleurs et à cause de la proximité des novateurs.

Une nouvelle classe sociale ?

21A son tour la restructuration globale due à l’innovation a induit l’expansion rapide d’une nouvelle classe sociale.

  • 16  Richard Florida, The Rise of the Creative Class, and How it's Transforming Work, Leisure, Communit (...)

22Selon Richard Florida, la « classe créative » inclut des scientifiques, des ingénieurs, des architectes, des enseignants, des écrivains, des artistes, des personnes travaillant pour les médias, etc. Les membres de cette classe ont pour fonction économique la création de nouvelles idées, de nouvelles technologies et de nouveaux contenus. Ils ont en commun la créativité, l’individualité, la diversité et le mérite. Cette classe sociale représenterait plus de 38 millions aux États-Unis soit 30% de la main-d’œuvre du pays. Il s’agit d’un groupe qui a transformé et continue de transformer les modes de vie et les valeurs américaines. Cette catégorie sociale est définie de façon économique comme les autres et tient son identité propre du rôle joué par ses membres en tant que pourvoyeurs d’innovation économique et culturelle. En effet, pour Florida, la créativité est source de croissance économique, et en termes d’influence, la creative class est devenue la classe dominante de la société américaine16.

23Liée à la concentration des fonctions clés financières, juridiques et autres, cette nouvelle classe sociale se retrouve dans un nombre relativement restreint de grandes villes telles que New York, Paris et Londres et dans nombre d’autres grandes agglomérations comme Vancouver, Toronto, Sydney et San Francisco. C’est dans ces villes que la gentrification a été la plus marquée avec la construction d’immeubles de bureaux modernes abritant des milliers de cadres supérieurs tous à la recherche d’un endroit où habiter. C’est là encore, au sein et entre les capitales nationales et internationales,  que l’on retrouve une frontière globale, une ségrégation sociale, qui rappelle celle évoquée par Castells.

  • 17  David Ley, «Liberal Ideology and the Post-Industrial City», Annals of the Association of American (...)
  • 18  David Ley, op. cit.; Rose Daniel, «Rethinking Gentrification: Beyong the Uneven Development of Mar (...)

24De nombreux auteurs ont développé des théories liées à l’existence d’une nouvelle classe sociale issue de la globalisation de l’économie américaine et de la création d’une « économie de l’innovation » et de la création. A l’opposé des marxistes structuralistes : les humanistes libéraux, comme David Ley17, critiquant Neil Smith et sa théorie de la mobilité du capital, mettent en avant le rôle-clé du choix et de la culture, de la consommation et de la demande de consommation. Leur argument met l’accent sur la production des membres de cette nouvelle classe sociale et sur leurs orientations en matière de culture, de consommation et de reproduction18.

  • 19  David Ley, op.cit., 239.
  • 20 Ibidem, 242-243.

25En1980, D. Ley estimait qu’une nouvelle idéologie du développement urbain était en train de se constituer. On reconnaissait moins le nouveau libéralisme à ses rythmes de production qu’à ses styles de consommation19. Ley liait cela au passage d’une société productrice de biens à une société productrice de services, il avançait qu’au niveau socioculturel, on pouvait remarquer que le rôle de l’individualité s’était à nouveau renforcé et que s’était développée une philosophie plus sensuelle, plus esthétique, parmi les représentants de plus en plus nombreux de la nouvelle classe moyenne issue de l’économie de l’innovation résidant sur la côte ouest.Selon Ley : « il y a une géographie de la société postindustrielle... qui doit mieux correspondre aux caractéristiques de San Francisco ou de Londres, qu’à celles de Glasgow ou de Cleveland »20. C’est un point central qui a des conséquences importantes sur la détermination des lieux où se produit l’innovation.

Innovation culturelle et nouvel urbanisme

  • 21  Maria Gravari-Barbas et Philippe Violier (Dir.), Lieux de culture, culture des lieux. Production(s (...)
  • 22  Maria Gravari-Barbas et Philippe Violier (Dir.), op. cit.

26Un exemple de cette « géographie de la société post-industrielle » est sans doute à trouver dans la place nouvelle accordée au loisir dans la ville contemporaine. Maria Gravari-Barbas21 pense que ceci met en évidence les transformations techniques qui ont affecté le monde du travail et qui ont été à l’origine de la modification profonde des rapports entre travail et loisirs. Elle explique qu’aujourd’hui, parce qu’on travaille moins, différemment, et que le travail n’est plus une fin en soi, l’organisation de la vie a changé, donnant plus de place au loisir.  Sa théorie sur les facteurs d’évolution de la gestion du temps « non productif » qui lie une sensibilité plus prononcé pour le tourisme, la culture à un certain nombre de progrès technologiques, n’est pas sans rappeler celle de David Ley de la consommation de biens et services culturels influant sur l’espace. Elle démontre comment les grandes sociétés du spectacle et du divertissement ont voulu se positionner sur le marché familial et de proximité. La génération des Américains élevés dans les banlieues riches et désertes des années 1970 étant à la recherche de nouveaux loisirs situés hors domicile et créatrices de lien social, les loisirs « de proximité » se sont développés dans les centres-villes, devenus eux-mêmes des centres d’attraction potentiels soit à cause d’une architecture spécifique ou d’un passé culturel, soit grâce à la création de nouveaux parcs d’attraction « en ville » pour la nouvelle classe moyenne. Ces tendances ont des répercussions sur l’urbanisme. La culture, les loisirs s’emparent d’espaces jusque là dévolus à la production industrielle, des ports se transforment en promenades, les corons deviennent des destinations touristiques, les usines se transforment en parcs de loisirs ou en centres commerciaux, les lieux patrimoniaux sont mis en valeur22. Il s’agit non seulement d’attirer les touristes mais aussi cette nouvelle classe sociale qui sont de potentiels habitants des quartiers « réhabilités », « réaménagés », « revitalisés », « réinvestis » par les municipalités. C’est un mouvement qui s’accentue ; d’industrielle, la ville devient consommatrice et consommée. Elle devient une destination, au prix d’une « esthétisation » (plans de mise en lumière, création de nouveaux métiers de  city managers). Il s’y crée des zones entières dédiées aux loisirs, incluant mini-parc à thème, cafés, restaurants, commerces (exemple de Navy Pier à Chicago), qui attirent les investisseurs alléchés par la revalorisation des valeurs foncières des ces anciennes zones  à l’abandon tels qu’ils sont évoques par Neil Smith dans sa théorie de la mobilité du capital.

  • 23  Joseph Schumpeter, Economic Theory and Entrepreneurial History, Change and the Entrepreneur, New B (...)

27On rejoint ici la définition de l’innovation de Schumpeter23 laquelle est aussi « création de nouveaux marchés ». Non seulement la ville remodelée par les innovations technologiques et les innovateurs eux-mêmes devient en elle-même un marché nouveau, mais l’innovation créée une nouvelle sociologie urbaine qui se perpétue. Encore une fois, on remarque que la ville est à la fois le lieu et le produit des évolutions qui s’y développent. La modification des espaces urbains, la transformation des anciens espaces industriels et leur consommation sous une nouvelle forme esthétisée de parc de loisirs ou de boutique de souvenirs par une nouvelle classe sociale, se font là où l’innovation artistique, technologique et industrielle sont présentes. L’innovation technologique a bouleversé la société urbaine qui à son tour bouleverse les structures urbaines pour qu’elles soient en phase avec les modes de consommation.

28Reste que la polarisation qu’implique ce nouvel urbanisme de l’innovation met de côté tant les anciennes villes minières du Sud et de l’Ouest par exemple, que certains quartiers des grandes villes où s’élargit le fossé entre riches et pauvres, où le réinvestissement ne se passe pas, où la classe créative n’habite pas, où l’innovation culturelle, artistique n’a pas choisi de s’établir.

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Notes

1  Yves Guermond, « Y a-t-il des territoires innovants ? », Réalités Industrielles, Ed. Annales des Mines,  février 2001.

2  Gunnar Törnqvist, « La Créativité, une perspective géographique », inMichel Chevalier, La géographie de la créativité et de l'innovation, Paris : Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1990.

3  Ce mode de lecture nous est proposé par Jean-Paul Lacaze, Président du Comité d'orientation du programme mutations économiques et urbanisation, consultation lancée par la Direction de l'architecture et de l'urbanisme, Plan Urbain, Commissariat général du Plan, Délégation à l'Aménagement du territoire et à l'action régionale. Il s'inspire des travaux d'Ilya Prigogine et de René Thom qui ont inspiré la recherche économique urbaine

4  Neil Smith, «Gentrification, the Frontier and the Restructuring of Urban Space», in N. Smith et P. Williams (Dir.), Gentrification of the City, Londres : Unwin Hyman, 1986, 15-34.

5  Joel Kotkin, The New Geography, New York : Random House, 2000, 3-6.

6 Ibidem, 5.

7  Manuel Castells, The Rise of the Network Society, New York : Blackwell, 2000 [1996], 417.

8  John Mollenkopf et Manuel Castells (Dir.), Dual City : Restructuring New York, New York: Russell Sage Foundation, 1991 ; Manuel Castells, The Informational City : Information Technology, Economic Restructuring and the Urban-Regional Process, Oxford : Blackwell, 1989.

9  Ibidem.

10  Claude Manzagol, Table ronde du Festival international de géographie de St Dié des Vosges, octobre 2001.

11  Saskia Sassen, Cities in a Global Economy, Thousand Oaks, CA : Pine Forge Press, 1994 ; Saskia Sassen, Globalization and itsDiscontents, New York : New York Press, 1998.

12  Neil Smith, op.cit., 1994.

13  De globalisation et localisation, importance du local.

14  Neil Smith, «Gentrification, the frontier and the restructuring of urban space», in N. Smith et P. Williams, op. cit., 15-34 ; Robert A. Beauregard, «Politics, Ideology, and Theories of Gentrification», Journal of Urban Affairs, vol. 7, 1985, 51-62 ; «The Chaos and Complexity of Gentrification», in Neil Smith et P. Williams, op. cit. ; «Trajectories of Neighborhood Change : The Case of Gentrification», Environment and Planning, vol. 22, 855-874  ; Manuel Castells, «Cultural Identity, Sexual Liberation and Urban Structure : the Gay Community in San Francisco», in Manuel Castells, The City and the Grassroots : A Cross-Cultural Theory of Urban Social Movements, Londres : Edward Arnold, 1983, 138-170 ; «European Cities, the Informational Society, and the Global Economy», Journal of Economic and Social Geography, 1993, 28-39.

15  Peter Hall, lauréat du prix Vautrin Lud 2001, conférence plénière au douzième festival international de géographie "Géographie de l'innovation", Saint Dié des Vosges, 4-7 octobre 2001.

16  Richard Florida, The Rise of the Creative Class, and How it's Transforming Work, Leisure, Community and Everyday Life, New York : Basic Books, 2002.

17  David Ley, «Liberal Ideology and the Post-Industrial City», Annals of the Association of American Geographers, vol. 70, 1980, 238-258 ; «Inner-city revitalization in Canada: a Vancouver Case Study», Canadian Geographer, vol. 25, 1981, 124-148 ; «Alternative Explanations for Inner-City Gentrification : a Canadian Assessment», Annals of the Association of American Geographers, vol. 76, n° 4, 1986, 521-535 ; «The Rent-Gap Revisited», Annals of the Association of American Geographers, vol. 77, 1987, 465-468 ; «Gentrification in Recession : Social Change in Six Canadian Inner-Cities, 1981-1986», Urban Geography, vol. 13, n° 3, 1992, 230-256 ; «Gentrification and the Politics of the New Middle-class», Environment and Planning D : Society and Space, vol. 12, 1994, 53-74 ; The New Middle-Class and the Remaking of the Central City, Oxford : Oxford University Press, 1996.

18  David Ley, op. cit.; Rose Daniel, «Rethinking Gentrification: Beyong the Uneven Development of Marxist Urban Theory», Environment and Planning D : Society and Space ,vol. 1, 1984, 47-74 ; Paul Williams, «Class Constitution Through Spatial Reconstruction? A Re-evaluation of Gentrification in Australia, Britain and the United States», in Neil Smith and Paul Williams, op. cit. ; Robert A. Beauregard , «Politics, Ideology, and Theories of Gentrification», Journal of Urban Affairs , vol. 7 , 1985, 51-62 ; «The Chaos and Complexity of Gentrification», in Neil Smith and P. Williams (Dir.), Gentrification of the City, op. cit. ; «Trajectories of Neighborhood Change : The Case of Gentrification», Environment and Planning , vol.22, 855-874 , 1986.

19  David Ley, op.cit., 239.

20 Ibidem, 242-243.

21  Maria Gravari-Barbas et Philippe Violier (Dir.), Lieux de culture, culture des lieux. Production(s) culturelle(s) locale(s) et émergence des lieux, Rennes : Presses Universitaires de Rennes [Collection Espaces et Territoires], 2003.

22  Maria Gravari-Barbas et Philippe Violier (Dir.), op. cit.

23  Joseph Schumpeter, Economic Theory and Entrepreneurial History, Change and the Entrepreneur, New Brunswick, N.J.: Transaction Publishers, 1989 [1949], 231-253.

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Pour citer cet article

Référence papier

Laurence Gervais-Linon, « La traduction de l’innovation dans l’espace urbain en Amérique du Nord »Revue LISA/LISA e-journal, Vol. IV - n°1 | 2006, 234-254.

Référence électronique

Laurence Gervais-Linon, « La traduction de l’innovation dans l’espace urbain en Amérique du Nord »Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], Vol. IV - n°1 | 2006, mis en ligne le 26 octobre 2009, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lisa/2303 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lisa.2303

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Auteur

Laurence Gervais-Linon

Dr. (Paris VIII, France)
Laurence Gervais-Linon est maître de conférences en civilisation américaine à l’Université de Paris VIII-Saint Denis et titulaire d’une thèse de doctorat de l’université Paris III portant sur « Aspects des relations interraciales aux États-Unis : le cas des communautés latino et africaine-américaine dans la région métropolitaine de Chicago », soutenue le 10 mai 1997. Ses domaines de recherche sont la sociologie urbaine, les minorités, les communautés urbaines aux États-Unis et l’immigration.

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