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Entre passif et anticausatif : étude des formes itCaCaC en arabe du Caire

Between Passive and Anticausative: A Study of itCaCaC Forms in Cairo Arabic
Julie Haslé

Résumés

Cette étude s’intéresse aux interprétations reçues par les verbes de forme t‑I en arabe du Caire, les interprétations passive et anticausative. Dans un premier temps, nous constatons d’une part que les verbes de forme t‑I caractérisés par une transitivité inhérente ne reçoivent qu’une interprétation passive. D’autre part, la forme t‑I n’existe pas lorsque la base de dérivation I est soit intransitive, soit ditransitive. L’interprétation passive est alors prise en charge respectivement par un verbe de forme t‑II ou par une construction impersonnelle de la base de dérivation I. Lorsqu’un verbe de forme t‑I peut recevoir les deux interprétations, passive et anticausative, trois critères sémantiques sont alors à prendre en compte pour appréhender cette alternance : le mode de réalisation du procès, la labilité verbale et la spontanéité du déclenchement de l’action. Enfin, la mise en rapport des verbes de forme t‑I avec la construction analytique du causatif permet de révéler les différentes interprétations qu’ils reçoivent, et les rapports qu’ils entretiennent avec les notions d’agent et de cause.

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Texte intégral

1. Introduction

1Le marquage du passif en arabe du Caire passe par un procédé de dérivation morphologique, la préfixation de it-. La dérivation des langues sémitiques en général, et pas seulement celle des verbes, repose sur une morphologie non concaténative, associée par Watson (2002) au modèle Root-and-Pattern, « racine et schème ».

  • 1 Les consonnes de la racine sont marquées par la lettre C dans cette étude.

2De manière générale, la morphologie non concaténative utilise trois principaux procédés. La transfixation représente le modèle Root-and-Pattern dont le fonctionnement des langues sémitiques est l’archétype. Il s’agit de l’insertion d’une racine, une structure consonantique pour les langues sémitiques1, dans un morphème discontinu, le schème. L’alternance vocalique ou apophonie désigne la dérivation par modification des segments vocaliques qui composent le mot. Enfin, la réduplication produit le redoublement d’un segment ou d’un ensemble de segments. Ces trois procédés sont présents dans la dérivation des formes verbales en arabe.

3Pour l’arabe du Caire, Woidich (2006) désigne cependant les formes verbales dérivées en découpant les préfixes qui sont présents sur des bases de dérivation. Ces bases de dérivation peuvent être la forme verbale simple (I), ou une des deux formes verbales qui en sont dérivées (II ou III). Ainsi, les formes verbales issues d’un second niveau de dérivation par préfixation sont décrites par leur modèle de formation. Trois formes verbales préfixées par it- sont associées à l’interprétation passive en arabe cairote :

Base de dérivation

Formes préfixées

- I (CaCaC)

>

t-I (itCaCaC)

- II (CaCCiC ou CaCCaC)

>

t-II (itCaCCiC ou itCaCCaC)

- III (CaːCiC)

>

t-III (itCaːCiC)

4Une des caractéristiques de ces formes verbales dérivées en arabe du Caire est de présenter une surdétermination, c’est-à-dire le fait pour une forme verbale de prendre en charge différentes interprétations. Concernant les formes t‑I, t‑II et t‑III, il s’agit notamment du passif, de l’anticausatif, du réfléchi et du réciproque.

5Cette surdétermination se joue à deux niveaux. On constate que plusieurs interprétations sont associées à une même forme, c’est-à-dire au modèle morphologique, le schème, qui est le procédé dérivationnel. Cependant, ces différentes interprétations ne se retrouvent pas sur tous les verbes qui sont formés sur ce modèle. Certains verbes admettent plusieurs interprétations, alors que d’autres n’en admettent qu’une.

6Dans les exemples (1) et (2) suivants, le verbe itʔafal reçoit deux interprétations différentes, « être fermé » et « se finir » :

7Ainsi, il semble qu’il faille différencier les valeurs associées au modèle de la manière dont les verbes dérivés les actualisent. L’un des aspects de la surdétermination des formes verbales dérivées en arabe du Caire est que les formes t‑I reçoivent deux types d’interprétation, passive et anticausative.

  • 2 On trouve dans les productions journalistiques en arabe standard la présence d’un groupe prépositio (...)

8Le passif désigne une réorganisation des actants par laquelle l’objet direct du verbe de la diathèse active est promu sujet du verbe de la construction à interprétation passive. Cette configuration entraine par rapport à la diathèse active la perte d’un actant, l’agent du procès, mais son existence est toujours sous-entendue (Rapatel, 2010 ; Hamma, 2020), et il peut être exprimé en fonction oblique par un groupe prépositionnel. En arabe cependant, il est traditionnellement admis que l’agent du procès n’est pas exprimable dans une construction à interprétation passive2.

9L’interprétation anticausative présente le même type de construction que le passif puisqu’à nouveau, l’agent du procès n’est pas mentionné. Cependant, l’absence de l’agent est dans ce cas également sémantique, dans la mesure où le sujet est le lieu de réalisation du procès sans en être l’agent, et sans impliquer l’intervention d’un agent extérieur inconnu. Dès lors, le rôle sémantique d’expérienceur est attribué au sujet s’il est animé, afin de rendre compte de la manière dont il vit le procès, et de thème s’il est inanimé, insistant au contraire sur l’absence de sensations. Aussi, aucun agent n’est ni sémantiquement ni syntaxiquement récupérable par un groupe prépositionnel.

10Ainsi, comme le souligne Kulikov (2011), les transformations décausative et passive produisent à priori le même type de constructions :

The anticausative has an important feature in common with the agentless passive: both entail the promotion of the initial Direct Object [patient] and the demotion of the initial Subject [agent], which accounts for their similar morphological marking in many languages. (p. 392)

  • 3 « Kausativ (machen zu, bringen zu, veranlassen zu). »

11Du point de vue morphosyntaxique, les deux constructions auxquelles sont associées ces interprétations sont formellement identiques : un seul argument sujet d’un verbe préfixé par la marque verbale it- (S t-I)3. Les deux constructions sont cependant différentes lorsque l’on prête attention aux rôles sémantiques qui sont associés à l’objet de la construction de la base de dérivation.

12Du point de vue de leur interprétation, les verbes t‑I se classent en trois catégories : ceux qui ne reçoivent qu’une interprétation passive, ceux qui ne reçoivent qu’une interprétation anticausative, et ceux qui peuvent recevoir les deux. Un premier mouvement de cette étude présentera la situation des verbes qui ne reçoivent qu’une interprétation passive, ainsi que les stratégies mises en place pour exprimer le passif lorsque la forme t‑I n’est pas attestée.

13Dans un second temps, nous nous intéresserons au cas dans lesquels la forme t‑I est associée à l’interprétation anticausative, soit en étant la seule interprétation du verbe, soit en cohabitation avec l’interprétation passive. Nous présenterons les configurations dans lesquelles les deux interprétations sont attestées, afin d’identifier les caractéristiques qui orientent la lecture.

14La distinction des deux interprétations se développe dans une troisième partie de l’étude par l’exploration des rapports qu’entretiennent les verbes t‑I avec les notions d’agent et de cause. Nous observerons pour cela l’utilisation des formes t‑I dans la construction analytique du causatif, qui met en avant leurs différences sémantiques, puis les constructions qui s’apparentent à des stratégies de récupération de l’agent.

1.1. Sources des données

15Cette étude est basée sur des données issues d’enregistrements que nous avons réalisés et de notes que nous avons prises au Caire entre 2017 et 2018. À l’occasion de repas, de parties de jeux, de rencontres dans des cafés, ainsi que dans des réunions associatives, nous avons pu enregistrer des informateur.ice.s ayant entre 25 et 35 ans, ayant étudié à l’Université du Caire ou d’Ayn Shams dans des parcours universitaires en arabe. La mention (enr) signale un exemple tiré de nos enregistrements, et la mention (notes) signifie qu’il est issu de notre prise de notes hors enregistrement.

16Un deuxième type d’enregistrement compose nos données orales. Il s’agit d’enregistrements réalisés lors de séances de contes destinées à des enfants. Ces séances s’inscrivent dans un projet de refamiliarisation avec le patrimoine des contes égyptiens. Les exemples tirés des contes sont désignés comme (conte : titre du conte).

  • 4 Cairokee (كايروكي) est un groupe pop-rock de la nouvelle scène musicale alternative cairote. Le gro (...)

17Des données ont également été prélevées dans les chansons du groupe cairote Cairokee4. Les exemples tirés de ces corpus sont indiqués par le nom du groupe, le titre de la chanson dont l’exemple est issu et l’année de parution de l’album.

2. Rapport des formes t‑I avec le passif

18Dans cette première partie de l’étude, nous observons le rapport des formes t‑I avec l’interprétation passive.

2.1. Interprétation passive des formes t‑I

19Un premier groupe de verbes t‑I ne reçoivent que l’interprétation passive. Ainsi, le sujet de ces verbes conserve lors de la transformation syntaxique le rôle sémantique de [patient] qui est celui de l’objet du verbe I dans la diathèse active, ce qui engendre l’interprétation passive de la construction S[patient] t‑I.

20Pour justifier l’existence de verbes qui ne reçoivent que l’interprétation passive, Kulikov (1998) avance l’idée de verbes pour lesquels le sens de la base de dérivation, c’est-à-dire la diathèse active du verbe, implique nécessairement une transitivité (inherently transitives) :

There is no need to argue that some transitive verbs can be both passivized and anticausativized (decausativized) (cf. (la-c), while some other verbs (which can be labeled inherently transitive) only allow for passivization. (p. 142)

21Ainsi, le verbe itħaka « être raconté » est la forme préfixée par it- du verbe transitif ħaka « raconter qqch ».

22Ce verbe illustre l’idée d’une transitivité contenue dans l’activité décrite par le procès. En effet, lorsque le fait de raconter est rapporté, ce qui en est l’objet, l’histoire, participe nécessairement de la réalisation du procès.

2.2. Expression du passif en l’absence de forme t‑I

23Dans certains cas, cependant, la construction de la forme I ne permet pas la formation d’un verbe dérivé t‑I. Le passif de la forme I ne peut pas être construit avec la forme t‑I. Ces verbes n’ont pas de procédé morphologique pour construire la voix passive, ce qui amène à recourir à des procédés alternatifs.

2.2.1. Forme I ditransitive

  • 5 La notion de ditransitivité renvoie au schéma syntaxique d’un verbe qui peut être construit avec de (...)

24Les verbes qui ont une base de dérivation I ditransitive5 n’ont pas de forme t‑I attestée. Le passif de ces verbes est alors exprimé par une construction impersonnelle de la diathèse active, c’est-à-dire une construction qui correspond formellement à la diathèse active, mais pour laquelle le sujet n’a pas de référent.

25L’interprétation passive de ces verbes est alors construite par l’utilisation de la base de dérivation avec un sujet à la troisième personne du singulier ou du pluriel, le patient étant construit en objet direct. Si cette construction est formellement identique à la construction de la diathèse active, son sujet n’a pas de référent, en ce sens qu’il ne renvoie pas à une entité définie, ni à un contenu sémantique particulier.

26Nous avons constaté une exception avec la construction ditransitive du verbe saʔal « demander qqch à qqn ». La transformation passive est admise avec les deux objets directs de la construction de la base de dérivation.

27La ditransitivité de ce verbe est cependant à nuancer. En effet, en dehors de la personne à laquelle s’adresse la question, le rôle d’objet ne peut être rempli que par un élément qui a justement pour référent cette question, comme suwaːl « question », ou ħaːga « chose », comme l’illustre l’exemple (6). Ainsi, la nature de cet objet est liée à la réalisation du procès, et ne peut pas être librement attribuée.

2.2.2. Forme I intransitive

28Nous avons pour l’instant mentionné les formes t‑I itCaCaC formées sur des bases de dérivation I CaCaC. Il existe également des verbes de forme I, à vocalisation i‑i (CiCiC) intransitifs qui reçoivent une interprétation anticausative. Dans ce cas, aucune forme t‑I n’est attestée. L’interprétation anticausative bloque la dérivation d’une forme t‑I à interprétation passive. À travers le rapport de dérivation, la construction du passif se fait également entre des formes par l’intermédiaire d’autres verbes dérivés sur la même racine.

29Nous constatons en effet que lorsque la forme I est intransitive, l’interprétation passive que l’on aurait observée avec une forme t‑I est alors associée à la forme t‑II dérivée sur la même racine. À partir de la forme I intransitive, une forme II (CaCCaC ou CaCCiC) est dérivée avec une interprétation agentive. La forme t‑II en est alors le passif :

I

hirib

« s’enfuir »

II

harrab

« évader qqn »

t-II

itharrab

« être évadé »

I

ʕitʕil

« tomber en panne »

II

ʕatʕtʕal

« entraver, faire tomber en panne »

t-II

itʕatʕtʕal

« être entravé »

I

wisiʕ

« s’élargir, s’agrandir »

II

wassaʕ

« élargir »

t-II

itwassaʕ

« être élargi »

30La formation du passif par l’intermédiaire de la dérivation d’une autre forme permet d’illustrer la manière dont le système verbal de l’arabe du Caire s’organise. Cette organisation révèle des frontières poreuses entre les formes, au sein desquelles les verbes tirent leurs interprétations de l’existence des autres formes verbales sur la même racine. Dans le cas de l’absence d’une forme t‑I, le verbe t‑II reçoit une des interprétations possibles du modèle sur lequel il est formé, et cette interprétation est sélectionnée en conséquence de l’absence de la forme t‑I.

3. Du passif à l’anticausatif

31La forme verbale t‑I est également associée à l’anticausatif.

3.1. Interprétation anticausative des formes t‑I

32Ainsi, un second groupe de verbes ne reçoivent que l’interprétation anticausative. L’objet de la base de dérivation I n’est alors pas associé au rôle sémantique [patient], mais à celui de [expérienceur]. Ce groupe concerne les verbes dont le procès relève de la sphère psychologique. Le référent du sujet est dès lors nécessairement animé.

33Le verbe t‑I itkasaf « se sentir embarrassé » est dérivé du verbe I kasaf « embarrasser quelqu’un », pour lequel le sujet n’est pas vu comme un agent, mais comme le stimulus d’un processus interne. Dans l’exemple (12), notre informatrice précise que la présence imprévue d’une autre personne lors d’un rendez‑vous a embarrassé le garçon qu’elle rencontrait.

34Ainsi, dans ce cas comme dans celui des verbes qui ne reçoivent que l’interprétation passive, la conservation des rôles sémantiques des objets de la base de dérivation indique le lien avec la forme préfixée.

3.2. Cohabitation des deux interprétations

35Ce lien entre construction de I et construction de t‑I est moins visible dans le cas des verbes t‑I qui entrent dans les deux constructions, à interprétation passive et à interprétation anticausative. À nouveau, les deux constructions sont formellement identiques.

36Trois critères éclairent les modalités de cohabitation des deux interprétations : (1) le mode de réalisation du procès (physique/métaphorique) ; (2) les caractéristiques syntaxiques des verbes I et la spontanéité associée au procès.

3.2.1. Mode de réalisation du procès

37Dans certains cas, la construction à interprétation anticausative est issue de la modification du mode de réalisation du procès par rapport à celui de la forme t‑I à interprétation passive. Nous parlons dans ce cas de réalisation métaphorique du procès, dans la mesure où t‑I à interprétation anticausative emprunte les traits sémantiques de la réalisation physique du procès. Cependant, l’action s’effectuant avec des actants ou dans des conditions qui ne permettent pas sa réalisation dans son acception première, celle‑ci est alors réalisée par analogie avec la situation proposée par I.

38Bybee (2013) note qu’une construction peut changer de sens dans l’usage, et dériver vers une nouvelle construction :

The conventionalization of implicature (or from the hearer’s point of view, inference) is also well-known from grammaticalization research (Bybee, 1988b; Traugott, 1989; Bybee et al., 1994; Traugott and Dasher, 2002). It is thought that the frequent co-occurrence of an inference with a particular construction can lead to that inference being taken as part of the meaning of the construction. The originally inferential meaning can even replace the earlier meaning. (p. 5)

39Ainsi, c’est par l’usage métaphorique d’un verbe que celui‑ci vient à prendre progressivement un sens nouveau, qui dénote alors également un mode de réalisation différent du procès.

40La situation de l’exemple (11) fait écho à celle de l’exemple (1). L’histoire qui y est racontée a resurgi après un temps d’oubli.

41On peut dès lors parler pour ces verbes de glissement sémantique, qui s’effectue par l’intermédiaire de la construction à interprétation passive de t‑I. Comme le propose Bybee, il semble que l’usage par métaphore de la forme passive ait entrainé sa lecture anticausative. Ce glissement arrive jusqu’à la base de dérivation. Dans certains cas, celle‑ci décrit également un mode de réalisation métaphorique du procès. Ainsi, la lecture anticausative du procès n’est plus uniquement un dérivé sémantique de l’interprétation passive, mais a une base correspondante dans le procédé de dérivation.

42Le verbe xanaʔ signifie d’abord « étrangler qqn ». En est dérivé le verbe itxanaʔ « être étranglé » qui reçoit une interprétation passive. On trouve cependant également un usage métaphorique de itxanaʔ qui signifie alors « étouffer, se sentir oppressé ».

43La base de dérivation xanaʔ est alors elle aussi réinterprétée sur ce mode de réalisation : « donner à qqn le sentiment d’étouffer ».

44D’autres verbes proposent également les deux types de modes de réalisation de la base de dérivation :

 

I

t-I

réalisation physique

ʔafal : « fermer qqch »

>

itʔafal : « être fermé »

réalisation métaphorique

ʔafal : « déprimer qqn »
 

>
 

itʔafal : « déprimer »
 

réalisation physique
 

ħaʃar fi : « insérer qqch dans qqch »

>
 

itħaʃar fi : «être inséré dans qqch »

réalisation métaphorique

ħaʃar fi : « immiscer qqch dans qqch »

>
 

itħaʃar fi : « s’immiscer dans qqch »

45Dans ce cas, il semble que le mode de réalisation par métaphore se soit imposé à titre égal de la réalisation première du procès, au point que la base de dérivation soit elle aussi réinterprétée avec une alternative métaphorique.

46Dès lors, ce type de verbe constitue un troisième groupe de verbes t‑I, pouvant recevoir soit une interprétation passive, soit une interprétation anticausative. Dans ces deux cas, les rôles sémantiques de la construction de I sont conservés, puisqu’il y a deux versions de I, qui se différencient par leurs modes de réalisation.

47Ainsi, il y a des cas dans lesquels la lecture anticausative de t‑I a une forme I, et d’autres dans lesquelles elle n’en a pas.

3.2.2. Labilité verbale

48Le passage de l’interprétation passive à l’interprétation anticausative a également lieu dans un second cas de figure. Certaines bases de dérivation I appartiennent à la catégorie des verbes labiles, qui peuvent être construits de manière transitive ou intransitive. Creissels (2006) décrit le comportement syntaxique de ces verbes labiles :

On désigne parfois comme labiles les verbes transitifs dont l’emploi intransitif implique que le rôle sémantique du sujet soit modifié de la même façon qu’auprès d’une forme verbale passive, ou auprès d’une forme moyenne de sens décausatif. Avec les verbes transitifs prototypiques, dont le sujet représente un agent, ce type de comportement signifie qu’en l’absence d’un objet, le sujet reçoit le rôle de patient ou de siège du procès. Le français a ainsi un nombre relativement élevé de verbes comme baisser, dont l’emploi dans Le prix des tickets de bus a baissé peut être qualifié de décausatif par rapport à l’emploi transitif illustré par La compagnie de transport a baissé le prix des tickets de bus. (p. 4)

49L’objet du verbe non préfixé peut aussi en être le sujet, sans modifier le mode de réalisation du procès. Woidich (2006) note déjà cette caractéristique de certains verbes I transitifs en arabe du Caire :

  • 6 « Bei einer Reihe von transitiven Verben vom I. und II. Stamm kann die Objektsergänzung wegglassen (...)

Dans le cas d’un certain nombre de verbes transitifs des formes I et II, le complément d’objet peut être omis, ce qui entraine un sens médio-passif. Le sujet n’est plus un agent mais un expérienceur, i.e. quelque chose lui arrive. Un bāʕ, yibīʕ ḥ ʻvendre quelque choseʼ signifie alors bāʕ, yibīʕ ʻse vendreʼ, par exemple : il ʔusṭuwāna bāʕit kitīr ʻle disque s’est bien venduʼ [SB]. Et tant d’autres verbes, y compris ceux de la forme II6. (p. 255)

50On constate que lorsqu’un verbe I a cette caractéristique, alors la forme t‑I peut avoir une lecture passive et également une lecture anticausative sans modification du mode de réalisation du procès. Dès lors, il existe un rapport de concurrence entre I et t‑I, puisque les deux formes semblent synonymes dans leurs emplois anticausatifs. Nous proposons d’illustrer ce cas avec les exemples du verbe I ʔafal « fermer » et de la forme t‑I itʔafal qui en est dérivée.

51I transitif : ʔafal : « fermer qqch »

52I intransitif : ʔafal : « fermer »

53t-I passif : itʔafal : « être fermé »

54t-I anticausatif : itʔafal : « se fermer »

55Cependant, la concurrence entre les formes I et t‑I n’est dans certains cas qu’apparente. Nous relevons en effet par exemple une différence d’usage entre les formes I et t‑I des exemples (18) et (20) Si les deux décrivent la fermeture du magasin, avec le verbe I intransitif il s’agit de la fermeture quotidienne, alors que la forme t‑I annonce la fermeture définitive.

3.2.3. Spontanéité du déclenchement de l’action

56Il existe enfin un dernier cas de figure dans lequel une forme t‑I peut recevoir les deux interprétations. Le mode de réalisation n’est pas en cause, puisqu’il s’agit bien dans ces acceptions de la réalisation physique du phénomène.

57La spontanéité du déclenchement de l’action désigne l’absence d’une cause externe, sans impliquer la volonté du sujet dans la réalisation du procès, qui en est cependant le lieu de réalisation. Cette spontanéité est illustrée par l’exemple (22), qui s’oppose alors à l’exemple (21) dans lequel une cause externe est sous-entendue.

58À notre connaissance, les verbes I à partir desquels sont dérivés ces verbes t‑I à lecture anticausative n’ont pas la caractéristique de labilité observée pour certains verbes I dans la section précédente. Il est cependant notable que ces verbes décrivent des procès auxquels peut être associée une notion de spontanéité du déclenchement de l’action, en l’absence de cause externe.

4. Rapport à la cause

59La différence fondamentale entre les deux interprétations passive et anticausative est leur rapport à la cause. Dans le cas du passif, bien que la cause ne soit pas exprimée, son existence est sous-entendue. Au contraire, l’anticausatif s’applique à des procès internes auxquels aucune cause externe n’est associée. Ainsi, cette différence se retrouve dans les constructions dans lesquelles elles sont utilisées, ce qui permet à nouveau de les distinguer dans l’usage.

60Cette dernière partie propose deux manières de regarder l’implication d’une cause dans la réalisation du procès, à travers le rôle du sujet de la construction analytique du causatif, et en observant la nature des compléments introduits par les prépositions min et bi.

4.1. Construction analytique du causatif

61La construction analytique du causatif permet d’identifier et de distinguer les deux types d’interprétations reçues par les verbes t‑I. Le causatif désigne une construction dans laquelle le sujet cause par l’intermédiaire d’un autre actant, souvent associé à l’objet de la construction, la réalisation d’un procès.

62DeLancey (1984) présente deux types de constructions causatives : une construction causative par intermédiaire (mediated causation), et une construction causative directe (direct causation). La construction causative directe est marquée morphologiquement sur la forme verbale ou sur les désignations casuelles des actants. La construction causative par intermédiaire est quant à elle prise en charge par un élément syntaxique :

Typically, mediated causation is coded by a periphrastic construction with a distinct causative verb, while direct causation is coded by a morphologized or even lexicalized distinction. (p. 182)

63L’arabe du Caire présente les deux types de constructions. D’une part, le modèle morphologique II (CaCCaC / CaCCiC) a une valeur causative qui en fait le procédé de causation directe en arabe du Caire et en arabe de manière générale. Parmi les valeurs de forme II, Woidich (2006) relève celle de « causatif (faire, amener, causer) » (p. 72).

64En parallèle, il est possible d’avoir recours à la construction analytique du causatif, qui correspond à la construction causative par intermédiaire (mediated causation). Celle‑ci utilise le verbe xalla, qui a pour sens premier « laisser ».

65Lorsqu’elle est utilisée avec un verbe t‑I qui ne peut être utilisé qu’avec une construction à interprétation passive, elle modifie la manière dont l’implication de l’agent du verbe I dans le procès est perçue. En effet, contrairement au sujet du verbe I, celui du verbe xalla est perçu comme la cause externe mais peut ne pas avoir eu de rapport direct avec la réalisation du procès. La construction peut alors se traduire ‘il a été fait en sorte que…’.

66Dans l’exemple (24), le verbe iddafaʕ « être payé », utilisé avec la construction analytique du causatif, ne permet pas d’affirmer si le sujet de xalla a lui‑même ou non remboursé la dette dont il est question, ou s’il a chargé quelqu’un de le faire.

67Ainsi, cette phrase n’a pas le même sens que l’utilisation du verbe de forme I, dans laquelle le sujet est effectivement celui qui réalise le procès.

68Au contraire, lorsqu’un verbe t‑I reçoit une interprétation anticausative, alors la construction analytique du causatif est en concurrence avec l’utilisation de la base de dérivation de forme I, ici le verbe raʕab « effrayer qqn » :

69Les deux phrases sont interprétées de la même façon, car les sujets du verbe de forme I et celui de l’auxiliaire du causatif xalla sont considérés comme ayant le même rôle de cause externe.

70Ainsi, une différence observable lorsqu’une forme t‑I à lecture anticausative est utilisée avec la construction analytique du causatif ne porte pas sur l’implication du sujet dans la réalisation du procès, mais sur l’intentionnalité qui lui est conférée. La nature du sujet de l’auxiliaire du causatif peut créer une ambigüité sur l’intentionnalité à réaliser le procès.

71Quand on suppose une volonté du sujet, la construction analytique peut expliciter ou intensifier l’intentionnalité de l’agent à réaliser le procès :

72Le contexte de l’enregistrement nous indique qu’il s’agit ici d’une accusation visant l’intention du sujet. Mais d’après nos informateur.ice.s, dans d’autres contextes, elle pourrait signifier que ce n’était pas l’intention du sujet, mais que celui‑ci n’a pas fait ce qu’il fallait pour que le poulet ne brule pas.

73Cette ambigüité dépend notamment de la possibilité d’attribuer une volonté au sujet. Dans le cas de l’exemple (26), l’interprétation volontaire est possible parce que le sujet est humain. Dans le cas d’un sujet non humain, comme c’est le cas dans l’exemple (25), le doute ne subsiste cependant pas.

74Le vent est identifié comme la cause, mais aucune volonté de réaliser l’action ne peut lui être associée.

75Ainsi, l’observation de l’utilisation des formes t‑I dans la construction analytique du causatif permet de soulever deux manières de distinguer les interprétations passive et anticausative. En d’autres termes, les deux interprétations de t‑I nous permettent de voir les sujets de xalla de deux manières différentes.

76Sur le plan sémantique, on constate une différence de traitement des deux interprétations du point de vue de l’implication directe du sujet dans la réalisation de l’action. Si celle‑ci est remise en cause dans le cas de l’utilisation des formes t‑I à interprétation passive, elle ne l’est pas lorsque la forme t‑I reçoit une lecture anticausative. Seule une différence dans l’intentionnalité du procès peut être décelée. Ainsi, la construction analytique du causatif n’est pas en concurrence avec la forme I de la même manière en fonction de la lecture de la forme t‑I qui y est utilisée. Si le verbe t‑I a une interprétation passive, on n’observe pas de concurrence, alors que s’il reçoit une interprétation anticausative, il existe une concurrence avec la base de dérivation.

77Cette différence de valeur associée à la construction analytique du causatif en fonction de l’interprétation de la forme t‑I s’explique par le rapport qu’entretiennent passif et anticausatif aux notions d’agent et de cause. Dans le cas des verbes qui reçoivent une lecture anticausative, le sujet du verbe I et celui de l’auxiliaire du causatif ont le même statut vis-à-vis du procès, à savoir celui de cause externe. Dans les deux cas, ils ne sont pas agent du procès, déclencheurs d’un procès interne. En revanche, dans le cas des verbes qui reçoivent une lecture passive, la cause externe de la construction causative ne correspond pas forcément à l’agent de la diathèse active, puisque contrairement à l’anticausatif, le passif a un agent, une cause externe non exprimée mais sous-entendue.

4.2. Récupération de l’agent

78On considère traditionnellement qu’il n’existe pas de stratégie de récupération de l’agent en arabe. Cependant, Brahim (1996) nuance ce postulat au vu des usages en arabe littéral moderne :

Enfin, l’agent étant par définition non spécifié, toute expansion agentive équivalente à celle du « complément d’agent » de la grammaire française est, en principe, exclue, même si l’arabe littéral moderne tend à faire usage de groupes plus ou moins calqués sur les syntagmes agentifs français ou anglais. (p. 13)

79Nous avons observé la situation en arabe du Caire. Grâce à la comparaison des constructions à interprétations passive et anticausative, il est possible de rejeter l’idée d’un complément d’agent. En effet, deux constructions font penser à un moyen de récupérer l’agent avec un verbe à interprétation passive. Il s’agit de syntagmes nominaux introduits par les prépositions min et bi.

80De manière générale, la préposition min indique notamment la source du procès ; dans le cas de l’exemple (28), il s’agit du matériau utilisé dans la confection du vêtement.

81Le syntagme prépositionnel avec min introduit également le stimulus des verbes psychologiques.

82Ainsi, dans l’exemple (29), le pronom -u introduit par la préposition min renvoie à la personne à partir de laquelle le dégout a été déclenché.

83Cette utilisation de la préposition min est ambigüe, car il pourrait s’agir d’un procédé de récupération de l’agent, qui correspondrait au sujet de la forme I. Cependant, des verbes I intransitifs à lecture anticausative sont utilisés dans la même construction. Le verbe zihiʔ fait partie des verbes I de forme CiCiC intransitifs qui reçoivent une lecture anticausative. On le trouve construit avec le syntagme prépositionnel introduit par min.

84On en déduit que lorsque le verbe t‑I itʔaraf est utilisé avec un groupe prépositionnel introduit par min comme dans l’exemple (29), alors de la même manière son objet est considéré comme la source d’un procès interne au sujet du verbe, qui s’accomplit donc sans cause externe.

85La préposition bi met également le procès en relation avec un élément extérieur, mais celle‑ci est cette fois comprise comme l’instrument de sa réalisation. L’exemple (31) illustre la valeur instrumentale de la préposition bi, utilisée avec le participe passif marbuːtʕ, introduisant l’instrument, l’élastique, par lequel sont attachés les cheveux.

86Ainsi, les verbes préfixés suivants utilisent cette même valeur instrumentale pour exprimer un élément qui participe au procès. Celui‑ci intervient avec des verbes à lecture passive comme le verbe itʃaġal : « être occupé ».

87À nouveau, c’est la comparaison avec la construction à lecture anticausative qui permet de déduire que l’élément introduit par la préposition bi n’est toujours pas identifié comme la cause. En effet, ce syntagme intervient également avec des verbes à lecture anticausative, comme c’est le cas du verbe ithabal « devenir fou », qui peut être construit avec un syntagme prépositionnel introduit par bi : ithabal bi « devenir fou à cause de qqn ou qqch ».

88Tout comme avec la préposition min, l’utilisation du syntagme introduit par bi avec un verbe recevant une lecture anticausative empêche de considérer l’objet introduit par ce syntagme comme l’agent du procès.

89Ainsi, par comparaison des usages qui sont faits de ces deux syntagmes prépositionnels avec des verbes recevant les lectures passive et anticausative, on constate qu’il ne s’agit pas d’un procédé de récupération de la cause, dans la mesure où il est impossible de récupérer une cause pour un procès à valeur anticausative.

5. Conclusion

90Deux lectures possibles des formes t‑I intransitives ont été identifiées. Une lecture passive, issue de la transformation passive de la construction de I, conserve le rôle sémantique patient de l’objet de la construction active correspondante ; et une lecture anticausative, issue de la transformation décausative de la construction de I, modifie en expérienceur le rôle sémantique patient de l’objet de la construction active correspondante.

91Ainsi, malgré leurs similarités syntaxiques, deux points principaux séparent ces deux lectures : l’existence d’une cause externe, et la modification du rôle du sujet. Il a été vu que certaines formes t‑I qui reçoivent une lecture anticausative sont dérivées d’une base I qui ne présente pas le même mode de réalisation. La transformation syntaxique modifie le mode de réalisation.

92Ces deux lectures des formes t‑I permettent donc d’illustrer les deux types de transformations syntaxiques prises en charge par le préfixe t- lorsqu’il est utilisé avec une base de dérivation I.

93Un dernier point porte sur les conditions de dérivation des formes t‑I. Nous avons en effet constaté qu’aucune forme t‑I n’existe en l’absence de la base de dérivation I correspondante. Dès lors, il semble qu’un rapport de dérivation fonctionnel existe bien entre les deux formes. Notre hypothèse est que le lien particulier entre base de dérivation I et forme t‑I tient à la transformation passive marquée par le procédé de dérivation par préfixation. En effet, le procédé de dérivation est alors l’aspect morphologique de l’interface morphosyntaxique de la lecture passive. Elle décrit alors un rapport syntaxique actif lorsque le préfixe it- est utilisé sur une base de dérivation I.

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Bibliographie

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Woidich, Manfred. (2006). Das Kairenisch-Arabische. Eine Grammatik. Otto Harrassowitz Verlag.

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Annexe

Abréviations de la glose

1

première personne

dem

démonstratif

neg

négation

2

deuxième personne 

fem

féminin

pa

participe actif (forme I)

3

troisième personne

fut

futur

pass

passif

adv

adverbe

imp

impératif

pfv

perfectif

antic 

anticausatif

ind

indicatif

pl

pluriel

art

article

indf 

indéfini

pp

participe passif (forme I)

caus

causatif

int

interrogatif

prep

préposition

cond

conditionnel

ipfv

imperfectif

ptcp

participe

conj

conjonction

loc

locution

rel

relatif

cop

copule

m

masculin

sg

singulier

d

duel

md

marqueur discursif 

 

 

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Notes

1 Les consonnes de la racine sont marquées par la lettre C dans cette étude.

2 On trouve dans les productions journalistiques en arabe standard la présence d’un groupe prépositionnel introduit par la préposition min, qui rappelle le complément d’agent du français introduit par par ou de l’anglais introduit par by. Nous adressons cette question pour l’arabe du Caire dans la section 4.2 de cette étude.

3 « Kausativ (machen zu, bringen zu, veranlassen zu). »

4 Cairokee (كايروكي) est un groupe pop-rock de la nouvelle scène musicale alternative cairote. Le groupe a gagné en notoriété en produisant des chansons contestataires lors de la révolution de janvier 2011.

5 La notion de ditransitivité renvoie au schéma syntaxique d’un verbe qui peut être construit avec deux objets directs. En termes sémantiques, ces deux objets directs peuvent renvoyer par exemple au thème et au destinataire de l’action décrite par le procès.

6 « Bei einer Reihe von transitiven Verben vom I. und II. Stamm kann die Objektsergänzung wegglassen werden, wodurch ein medio-passivischer Sinn eintritt. Das subject is nicht mehr Agens sonder Experiencer, d.h. ihm widerfährt etwas. Einem bāʕ, yibīʕ ḥ ʻetwas verkaufenʼ steht so ein bāʕ, yibīʕ ʻs. verkaufenʼ gegenüber: il ʔusṭuwāna bāʕit kitīr ʻdie Plate hat sich gut verkauftʼ [SB]. Und so viele andere Verben, auch solche im II. Stamme. »

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Pour citer cet article

Référence électronique

Julie Haslé, « Entre passif et anticausatif : étude des formes itCaCaC en arabe du Caire »Lidil [En ligne], 64 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/9613 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.9613

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Auteur

Julie Haslé

CERMOM-INALCO

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Droits d’auteur

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