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Notes de lecture

Marta Saiz-Sánchez, Amalia Rodríguez Somolinos et Sonia Gomez‑Jordana Ferary, Marques d’oralité et représentation de l’oral en français

Presses universitaires Savoie Mont Blanc, 2020, 378 p.
Iris Fabry
Référence(s) :

Marta Saiz-Sánchez, Amalia Rodríguez Somolinos et Sonia Gomez‑Jordana Ferary, Marques d’oralité et représentation de l’oral en français, Presses universitaires Savoie Mont Blanc, 2020, 378 p.

Texte intégral

1L’ouvrage est une collection de 18 articles de recherche sur le sujet « des marques linguistiques caractéristiques de la langue orale ainsi que l’étude de la représentation des phénomènes oraux dans des supports écrits » (Saiz-Sánchez, p. 7). Il s’adresse à un public spécialiste, aborde une large panoplie d’objets de recherches dans des disciplines variées (sociolinguistique, psycholinguistique, sémiologie), le tout dans une double perspective synchronique et diachronique.

2Le premier chapitre, « L’oral à l’écrit aujourd’hui », aborde la notion de la représentation de l’oral dans l’écrit en perspective synchronique. Les textes qui le composent présentent le fait que les phénomènes tirés du langage oral et leurs représentations en langage écrit, en littérature, comme dans les écrits numériques d’aujourd’hui, n’ont que peu en commun. Cela est démontré par une suite d’articles nous menant peu à peu de l’étude de l’oral à sa représentation en discours direct dans les textes littéraires. On note une entrée en matière de Martinot et Stabarin tout à fait adéquate pour appréhender la complexité de l’oral face à l’écrit en reprenant et adaptant les mises en grille du langage parlé de Blanche-Benveniste et de ses collaborateurs, travaux pionniers sur la langue orale.

3Dans le deuxième chapitre, « Les marqueurs du discours », sept articles analysent de multiples marqueurs discursifs dont l’une des éditrices, Rodríguez Somolinos (dans Langages, no 184, 2011), a exposé les intérêts de la mise en étude, en français particulièrement. À la simple lecture des titres, les différents marqueurs étudiés montrent la diversité formelle de cette partie du discours : « vrai » (adjectif et adverbe), « je ne te le fais pas dire ! », « je sais » (syntagme verbal), « euh/heu », « hélas », « wesh » (interjection), « voilà » (verbe et préposition). L’ensemble des travaux souligne l’importance du contexte pour l’analyse des marqueurs du discours : la situation dialogale est invariablement énoncée comme un facteur significatif de leurs apparitions et de la sémantique qu’ils vont revêtir. La contribution de Verine et Panckhurst démontre cette nécessité : dans leur ambitieux corpus de SMS, 88milSMS, l’absence des réponses de l’interlocuteur ne permet pas de mener à leur terme les recherches sur l’interjection « euh/heu ». On relève dans cette partie également l’article de Guérin en sociolinguistique et celui de Col, Knutsen et Danino en psycholinguistique apportant des éclairages pluridisciplinaires à la notion.

4Enfin, la troisième et dernière collection de textes, dénommée « La représentation de l’oral en diachronie » regroupe des travaux riches sur de multiples aspects abordant la question d’étude sur des formes anciennes du français. On reconnait ici l’influence des trois éditrices, toutes trois chercheuses à l’Universidad Complutense de Madrid au sein du Groupe de recherche en pragmatique historique du français, dont les recherches en linguistique diachronique sont considérables. Cette nouvelle perspective met en évidence un traitement différent du sujet : s’il est possible de parler d’« oral » face à l’écrit en synchronie, on ne peut parler que de sa « représentation » en diachronie. Ceci est évidemment dû à l’impossibilité d’avoir accès à la langue orale de ces périodes. Le chapitre discute l’évolution des représentations de l’oral et révèle des indices écrits sur différents niveaux dont les formes se distinguent de celles d’aujourd’hui, mais dont les fonctions restent similaires.

5Ces descriptions sont importantes pour comprendre les évolutions et les émergences pragmatiques dans la langue. On note dans cette partie l’article de Soutet, un travail en sémiolinguistique qui raisonne sur les implications du passage à la langue vernaculaire en parole liturgique lue. De même, en fin d’ouvrage, la contribution de Badiou-Monferran et Capin, sur le marqueur de relance « et » offre la joie de pouvoir terminer la lecture sur la notion intéressante de transcatégorisation. Celle‑ci se présente comme un modèle dynamique proposant un processus linguistique original, différent de celui de la grammaticalisation déjà très étudié, en diachronie, et permettant d’inclure la pragmaticalisation au processus d’évolution. Ce développement final éveille l’intérêt du lecteur et donne envie d’aller encore plus loin.

6En somme, l’ouvrage propose un tour d’horizon de l’état des recherches sur l’oral et de ses représentations. Les travaux présentés sont d’actualité (écrits connectés, processus de création des marqueurs discursifs, linguistique de corpus, etc.), et prolongent les études fondatrices (Blanche-Benveniste, Koch et Oesterreicher, entre autres). Le tout donne au lecteur une vision d’ensemble des possibilités de recherches sur la thématique grâce à l’inclusion de textes dans des domaines variés et permet, par la cohérence de l’ouvrage, au lecteur moins aguerri de s’exercer peu à peu aux problématiques en lien. Par la suite, les riches références proposées tout le long des articles guideront le lecteur vers une étude plus approfondie de ces objets de recherche.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Iris Fabry, « Marta Saiz-Sánchez, Amalia Rodríguez Somolinos et Sonia Gomez‑Jordana Ferary, Marques d’oralité et représentation de l’oral en français »Lidil [En ligne], 64 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/9363 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.9363

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Auteur

Iris Fabry

Univ. Grenoble Alpes, LIDILEM, 38000 Grenoble, France

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