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Notes de lecture

Jean-François de Pietro, Amelia Lambelet, Jeanne Pantet et Zorana Sokolovska (dir.), Le français en Suisse… 20 ans après, revue Babylonia, 2020/1

Colette Noyau
Référence(s) :

Jean-François de Pietro, Amelia Lambelet, Jeanne Pantet et Zorana Sokolovska (dir.), Le français en Suisse… 20 ans après, revue Babylonia, 2020/1, Comano, Fondazione Lingue e Culture, 120 p. <http://babylonia.ch/fileadmin/user_upload/documents/2020-1/Babylonia_2020_1_complet-reduit.pdf>.

Texte intégral

1La revue Babylonia, fondée en 1991, est une revue plurilingue qui accueille des articles rédigés dans les quatre langues officielles de la Suisse et du point de vue de ses différentes régions linguistiques, pour un public d’enseignants, de formateurs d’enseignants et de chercheurs en didactique des langues. Les numéros trimestriels thématiques présentent des apports de chercheurs, de professionnels des langues ou d’enseignants sur les usages sociaux du plurilinguisme en Suisse, sur les politiques linguistiques, l’enseignement des langues ou en langues, les dispositifs ou activités d’apprentissage linguistique, associés à des ressources en ligne. Le tout est ponctué par des témoignages et des productions artistiques de domaines variés de la culture, dans une mise en page élégante, hommage joyeux au plurilinguisme.

220 ans après, ce sous-titre renvoie au précédent numéro de Babylonia consacré au français : Français.ch – langue, littérature et culture en Suisse (1999/3, disponible sur <http://new.babylonia.ch>), qui évoquait les spécificités du français romand en contact avec les langues voisines, les patois romans, la place du français dans les autres régions linguistiques de la Suisse, et le français de Suisse dans l’enseignement. En effet, les questions posées alors ont été considérablement approfondies, et de nouvelles réponses sont proposées aux besoins éducatifs. C’est la ligne que suit cette note, qui ne pourrait pas rendre justice individuellement à chacun des 24 textes de 33 contributeurs au total, organisés en trois volets : « Découvrir », « Agir », « S’immerger ».

3Après un éditorial proposé en 4 langues, et une introduction générale au numéro en 2 langues, les autres contributions alternent entre articles de fond : 15 dont 9 en français, 3 en italien, 3 en allemand, témoignages d’acteurs de la vie culturelle romande sur leur plurilinguisme, et une poignée de dessins humoristiques sur ce vécu plurilingue. L’équipe éditoriale du numéro associe Jean-François de Pietro, un linguiste confirmé de l’IRDP en acquisition et didactique du français et sociolinguistique du plurilinguisme scolaire, qui participait au précédent numéro spécial, et 3 jeunes chercheuses des universités de Fribourg, Lausanne et Lucerne.

4Le volet « Découvrir » développe successivement la situation du français en Suisse, les représentations des Romands sur les accents du français, le français tel qu’il est présenté dans les manuels de Suisse alémanique, l’outil récent OFROM qui donne accès à un vaste corpus informatisé et transcrit de français parlé romand pour des visées de recherche ou d’enseignement, et le dictionnaire d’un patois enclavé du Valais en danger de disparition, fondé sur l’enquête sur les patois romands menée de 1900 à 1910 et des attestations de mots allant de 1820 à nos jours, « témoignage de la vie alpine de la première moitié du vingtième siècle » dans ses aspects techniques et culturels.

5La situation du français en Suisse (p. 14‑23) est décrite en exploitant la première enquête fédérale sur les langues (2014), qui chiffre les locuteurs de chacune des langues comme langue principale ou langue secondaire, dans leur territoire et hors de leur territoire, canton par canton : le français, s’il est en tant que langue principale langue minoritaire face à l’allemand, est la langue la plus diffusée hors de son territoire et dans son territoire la langue qui compte le plus de locuteurs plurilingues ; il constitue une langue d’assimilation et une langue à haut potentiel de communication.

6Les accents du français et leur valorisation par les Romands (p. 24‑31) montre que l’accent de Genève est le plus valorisé chez les jeunes générations car le plus international, mais ambivalent car déclencheur d’insécurité linguistique. Dans les manuels de FLE pour les cantons alémaniques (p. 34‑43), les mots du lexique romand sont davantage présents et donnés à apprendre dans les séries de manuels récentes et pour les élèves les plus jeunes (8‑15 ans). Enfin, le corpus oral romand OFROM ouvre de vastes perspectives au linguiste grâce aux fonctions souples du moteur de recherche, et à l’enseignant de français qui peut télécharger des extraits à transcription alignée pour sa classe et préparer des exploitations didactiques dont l’article donne une riche palette.

7Le volet « Agir » s’ouvre par une réflexion sur la façon de bien conduire une politique linguistique : définir des objectifs, s’assurer l’adhésion de la population par un accompagnement pédagogique, et ajuster objectifs et moyens. Sont exposés ensuite diverses actions de promotion d’un plurilinguisme équilibré : celle de la fondation Helvetia Latina, qui entend promouvoir les trois langues officielles romanes en synergie face à l’allemand majoritaire, le réseau international FrancophonieS pour les échanges d’enseignants de français en formation initié par la Haute école pédagogique de Lucerne mettant l’accent sur un français pluricentrique, et deux articles sur la formation des enseignants au Tessin italophone, l’un sur le rôle du français romand pour passer d’un enseignement du français langue étrangère à un enseignement du français langue seconde, l’autre sur les besoins en formation des enseignants du Tessin face à l’enseignement obligatoire de 3 langues étrangères, suggérant d’opter pour une didactique intégrée et des modalités d’apprentissage communes à toutes les langues.

8Le volet « S’immerger » développe le rôle du français langue‑pont dans le répertoire plurilingue de langues romanes de la Suisse pour les apprenants alémaniques, puis traite des multiples modèles d’échanges scolaires entre régions linguistiques de la Suisse, et enfin expose la façon de construire des compétences culturelles d’insertion dans la vie d’étudiant chez les étudiants internationaux en échange à Fribourg.

9Ce bref aperçu devrait inciter les lecteurs concernés par tous types de sociétés multilingues à se plonger dans cet ouvrage ; ils y trouveront une grande richesse de points de vue et de pratiques pour encourager le plurilinguisme dans les contextes multilingues.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Colette Noyau, « Jean-François de Pietro, Amelia Lambelet, Jeanne Pantet et Zorana Sokolovska (dir.), Le français en Suisse… 20 ans après, revue Babylonia, 2020/1 »Lidil [En ligne], 64 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/9338 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.9338

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Auteur

Colette Noyau

CNRS MODYCO, Université Paris Nanterre

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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