Marie-Paule Jacques et Agnès Tutin (dir.), Lexique transversal et formes discursives des sciences humaines
Marie-Paule Jacques et Agnès Tutin (dir.), Lexique transversal et formes discursives des sciences humaines, Londres, ISTE Éditions, 2018, 306 p.
Texte intégral
1L’ouvrage a été dirigé par Marie-Paule Jacques et Agnès Tutin, enseignantes-chercheures à l’Université Grenoble Alpes et membres du laboratoire LIDILEM. Toutes deux sont spécialistes de linguistique de corpus et travaillent spécifiquement sur les écrits scientifiques. Les chapitres de l’ouvrage ont été rédigés par des chercheurs confirmés et de jeunes chercheurs. Plusieurs chapitres de l’ouvrage rendent compte de recherches menées dans le projet ANR ThermITH (Terminologie et indexation de textes en sciences humaines), mené au sein du LIDILEM.
2Le livre s’intéresse au lexique du discours scientifique des sciences humaines, à travers un genre assez codifié, celui de l’article de recherche. Dans la continuité de recherches précédentes, c’est spécifiquement le lexique scientifique transdisciplinaire qui est objet d’étude. Il s’agit du lexique non terminologique, composé d’unités lexicales qui ne désignent pas véritablement des éléments techniques, mais qui renvoient essentiellement à la démarche et aux activités scientifiques, au raisonnement et à l’écriture scientifique. Il ne s’agit donc pas du lexique de la science, de la discipline en question, mais du discours scientifique. En ce sens, le lexique scientifique transdisciplinaire constitue un lexique de genre. C’est sur cet aspect que l’ouvrage est le plus novateur, notamment pour la langue française, car si de nombreuses recherches avaient déjà été menées sur le lexique transdisciplinaire en langue anglaise, les recherches sur le français étaient pour certaines datées (voir le Vocabulaire général d’orientation scientifique d’André Phal, 1971).
3Les recherches menées dans le cadre du projet ont pris appui sur un corpus de 500 articles répartis dans dix disciplines de sciences humaines, avec l’objectif d’élaborer une liste du lexique scientifique transdisciplinaire, assorti d’un classement sémantique des différentes acceptions des unités retenues. L’accent est mis sur la phraséologie des écrits scientifiques, car c’est à travers la combinatoire que le fonctionnement sémantique du lexique scientifique transversal peut être observé. Dès le début de l’ouvrage on perçoit l’intérêt didactique des recherches relatées, notamment pour l’élaboration d’outils d’aide à la rédaction scientifique ou académique, que ce soit à destination de chercheurs novices, ou du public non natif. Il est à noter que les auteurs des différents chapitres se positionnent très clairement par rapport à d’autres recherches sur le même thème, les références sont nombreuses, précises et toujours éclairantes, ce qui fournit au lecteur un panorama très riche du domaine.
4L’ouvrage se présente en deux parties. La première partie se situe dans le cadre de la linguistique descriptive : le mode de sélection, d’analyse, et les résultats du travail d’élaboration du lexique scientifique transdisciplinaire y sont détaillés. L’aspect très descriptif des quatre premiers chapitres rend la lecture parfois ardue, mais on doit souligner la rigueur avec laquelle le travail a été effectué, ainsi que les résultats très pertinents pour la caractérisation du genre (les chapitres portant sur les patrons verbaux ou les adverbes sont très éclairants et constituent une excellente base de construction d’outils didactiques).
5La deuxième partie présente l’usage des corpus et du lexique scientifique transdisciplinaire pour des applications didactiques, notamment pour l’aide à la rédaction scientifique. Cette partie applicative est plus accessible et particulièrement intéressante (remarquons toutefois que les exploitations de corpus à visée didactique ne sauraient exister sans une étape de description). Les perspectives didactiques du lexique scientifique transdisciplinaire sont nombreuses, et celles relatées dans l’ouvrage s’adressent notamment au public d’étudiants non natifs en position de production du genre discursif en question, l’écrit scientifique/académique. La maitrise des collocations (comme « émettre une hypothèse ») est effectivement souvent problématique chez les non-natifs, et l’ouvrage offre des perspectives particulièrement fructueuses et novatrices dans le champ de la didactique du français sur objectifs universitaires (FOU). On peut donc en conseiller la lecture aux linguistes intéressés par le genre des écrits scientifiques et ses caractéristiques, mais aussi aux enseignants intervenant auprès de publics natifs ou non natifs dans des cours d’aide à la rédaction.
Pour citer cet article
Référence électronique
Catherine Carras, « Marie-Paule Jacques et Agnès Tutin (dir.), Lexique transversal et formes discursives des sciences humaines », Lidil [En ligne], 61 | 2020, mis en ligne le 02 mai 2020, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/7531 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.7531
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