Skip to navigation – Site map

HomeNuméros56Notes de lectureStéphanie Roussel et Daniel Gaona...

Notes de lecture

Stéphanie Roussel et Daniel Gaonac’h, L’apprentissage des langues

Paris, Retz, coll. « Mythes et réalités », 2017, 143 p.
Fabio Arismendi
Bibliographical reference

Stéphanie Roussel et Daniel Gaonac’h, L’apprentissage des langues, Paris, Retz, coll. « Mythes et réalités », 2017, 143 p.

Full text

1Cet ouvrage porte un regard sur neuf mythes très répandus concernant l’apprentissage des langues apprises en seconde position (désormais L2), expérience que tout le monde a vécue à un moment donné de son parcours scolaire, familial ou professionnel. Les auteurs abordent chacun des mythes à partir des lieux communs circulant au sein de la société. Ensuite, ils font une revue de la littérature scientifique associée à chacun de ces mythes et en fournissent quelques exemples. Chaque chapitre s’achève par une conclusion qui fait le point sur les réalités associées à chaque mythe.

2Le mythe le plus répandu dit qu’« il faut apprendre une langue étrangère le plus tôt possible ». Les auteurs se penchent sur la question de l’enseignement d’une L2 à l’école élémentaire et en concluent que c’est en privilégiant la communication orale que l’apprentissage d’une L2 peut être favorisé pendant l’enfance. Un autre mythe concerne la croyance commune du don des langues : « Les langues, on est doué ou pas. » Afin de démythifier cette idée, il nous est rappelé qu’il existe une multitude de facteurs qui jouent dans l’apprentissage d’une L2 et qu’il est possible pour chacun de développer des stratégies d’apprentissage qui facilitent l’accès à la nouvelle langue.

3Un intérêt particulier est porté aux habitants de l’Hexagone et au mythe populaire qui dit que « les Français sont nuls en langues ». Les auteurs affirment que les mauvais résultats des Français dans des épreuves en langues étrangères à l’échelle européenne seraient liés au monolinguisme d’État et aux politiques linguistiques qui en sont le corollaire. Le numérique fait aussi partie de ces croyances sur les bénéfices de l’innovation pour l’apprentissage. Cependant, les auteurs nous rappellent que le numérique implique aussi des investissements de la part de l’apprenant. En effet, l’outil en soi n’est pas innovant, mais c’est l’exploitation que l’apprenant peut en faire pour ses objectifs d’apprentissage qui peut l’être, ce qui ne va pas toujours de soi.

4Les films et les séries en version originale ainsi que l’utilisation des sous-titres sont également passés en revue. D’après les études citées, ces supports ont un fort potentiel pédagogique qui faciliterait l’apprentissage des langues chez certains élèves et dans certaines conditions. Regarder des films n’est pas un acte « magique » qui permettrait d’apprendre une L2 sans effort. L’apprenant doit être capable de traiter l’image et le son en même temps. Quant au sous-titrage, il implique que l’apprenant soit capable d’associer correctement les sons avec leur forme graphique.

5Le séjour à l’étranger est aussi analysé. Souvent présenté comme le meilleur moyen d’apprendre une langue, il doit être nuancé par ses conditions de réalisation et l’investissement de la part de l’apprenant. De meilleurs résultats seraient obtenus par ceux qui ont déjà une certaine maitrise de la langue avant le séjour. En s’appuyant sur les travaux de Grosjean et du Conseil de l’Europe, les auteurs remettent en question l’idée d’un bilinguisme équilibré et proposent le développement d’une compétence plurilingue, objectif plus réaliste et atteignable.

6Les approches EMILE (Enseignement d’une matière intégré à une langue étrangère) sont comptées dans les mythes de l’apprentissage des langues : « L’enseignement d’un contenu disciplinaire en L2 permet de faire d’une pierre deux coups. » Les auteurs confrontent des recherches montrant des résultats divergents et concluent qu’une analyse de l’efficacité de cette approche doit se faire en prenant en compte les processus cognitifs en jeu, par exemple, par la théorie de la charge cognitive. Enfin, les neurosciences sont considérées comme une révolution pédagogique pour l’apprentissage des langues, mais les auteurs remettent en question certains résultats de neuro-éducation eu égard à la complexité des phénomènes étudiés et des techniques utilisées.

7Cet ouvrage a le mérite d’analyser tous ces mythes à la lumière de diverses recherches menées dans des contextes variés. Roussel et Gaonac’h recensent une grande quantité d’études, classiques et récentes, principalement francophones et anglo-saxonnes. Si certains mythes ne sont pas complètement démentis, ils sont au moins nuancés à partir des études ou des exemples. Ainsi, cet ouvrage, par son langage simple et son caractère synthétique, constitue un excellent outil non seulement pour les enseignants mais aussi pour le grand public ; chacun peut y trouver des bases solides fondées sur des études scientifiques pour répondre aux questions que l’on se pose souvent sur l’apprentissage des langues.

Top of page

References

Electronic reference

Fabio Arismendi, “Stéphanie Roussel et Daniel Gaonac’h, L’apprentissage des languesLidil [Online], 56 | 2017, Online since 01 November 2017, connection on 11 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/4713; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.4713

Top of page

About the author

Fabio Arismendi

Université Grenoble Alpes, LIDILEM
Escuela de Idiomas, Universidad de Antioquia

By this author

Top of page

Copyright

The text and other elements (illustrations, imported files) are “All rights reserved”, unless otherwise stated.

Top of page
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search