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Notes de lecture

Bucheton Dominique (avec la contribution de Danielle Alexandre et Monique Jurado), Refonder l’enseignement de l’écriture. Vers des gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée

Paris, Retz, 2014, 304 p.
Marie-Hélène Lachaud
p. 207-209
Référence(s) :

Dominique Bucheton (avec la contribution de Danielle Alexandre et Monique Jurado), Refonder l’enseignement de l’écriture. Vers des gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée, Paris, Retz, 2014, 304 p.

Texte intégral

1À l’heure où l’écriture et le travail sur l’écrit occupent une place de second choix dans l’enseignement initial comme en formation d’adultes, l’ouvrage de Dominique Bucheton, Danielle Alexandre et Monique Jurado prend la forme d’un manifeste. L’objet principal est de remettre l’écriture au centre des apprentissages, tant du point de vue des programmes que de celui des pratiques. Cette synthèse rassemble près de vingt ans de travaux de recherche menés sur l’apprentissage de l’écriture, du primaire au lycée. L’écriture est envisagée dans sa complexité et dans une perspective interdisciplinaire à partir d’études de cas, de productions d’élèves et de situations scolaires. Le livre est organisé en quatre parties. La première partie est consacrée aux savoirs qui sous-tendent l’écriture et son apprentissage, du primaire au collège. L’évaluation des productions écrites ainsi que le regard porté par les élèves sur l’activité d’écriture constituent les éléments centraux de la seconde partie. Les deux dernières parties s’intéressent à l’enseignement de l’écriture, au métier d’enseignant et présentent des pistes didactiques concrètes.

2Le préambule donne le ton du livre et rappelle la prédominance des écrits et des situations d’écriture dans les pays occidentaux. Le premier chapitre examine l’activité d’écriture en insistant sur la mobilisation de savoirs pas toujours enseignés de manière explicite. Observable au fil de la réécriture, l’épaississement du texte présenté dans le second chapitre rend compte de l’articulation des dimensions cognitive, identitaire, culturelle et linguistique mises en œuvre. Le troisième chapitre montre l’impact de la réécriture dans la mise à distance et l’évolution de l’estime de soi. Des éléments pour étayer la réécriture jalonnent les chapitres de cette partie. La synthèse rassemble des grands principes d’enseignement qui sous-tendent cet ouvrage.

  • 1 Cf. sur ce point les travaux fondateurs de Christine Barré-De Miniac.
  • 2 D. Bucheton & J.-C. Chabanne, Écrire en ZEP, un autre regard sur les écrits des élèves, Paris, Dela (...)

3La deuxième partie est consacrée à l’évaluation et s’intéresse au processus d’écriture pour éclairer échecs et réussites. Les auteures rappellent l’imbrication de l’évaluation avec les représentations sociales et le rapport au savoir, à l’écrit et à l’écriture1. L’analyse des résultats de trois études (chap. 5) menées auprès d’élèves de primaire et de collège apportent des précisions quant à la construction du rapport à et se prolonge dans le chapitre 6 par une définition du concept de postures (« modes de penser – parler – lire – écrire – agir ») et une description fine des « logiques d’écriture ». Ces postures évoluent au cours de la réalisation de la tâche d’écriture (chap. 7). Partant du postulat qu’il est nécessaire d’augmenter la fréquence des mises en situation d’écriture ainsi que le recours aux écrits intermédiaires, dans le chapitre suivant, les auteures proposent des indicateurs — en partie linguistiques — qui permettent l’évaluation des productions2. Ils permettent la mise en relief d’aspects textuels et sémantiques ainsi que l’évolution du rapport aux normes qui s’effectue au fil des productions. Le processus d’écriture est donc envisagé à partir de savoirs à acquérir conjointement à la dimension plus personnelle du « rapport à », dans une approche interdisciplinaire (chap. 9).

4L’enseignement de l’écriture et le métier d’enseignant se trouvent au cœur de la troisième partie. Si l’écriture ne se trouve plus au centre des apprentissages (chap. 10) ni de la formation des enseignants, le chapitre 11 et les suivants proposent de nouvelles pistes pour refonder une didactique de l’écriture. Ces repères sont établis à partir des principaux modèles théoriques : types de textes et processus rédactionnels, ateliers d’écriture et recherche de la créativité, scripteur envisagé comme auteur inscrit dans une culture. Communication et réflexivité sous-tendent le travail d’écriture, qui devient objet et support d’apprentissage.

5La quatrième partie de l’ouvrage fournit des pistes concrètes pour enrichir et modifier les pratiques d’enseignement de l’écriture. Les 6 principes d’enseignement de l’écriture présentés en préambule des sept derniers chapitres sont un prolongement des apports théoriques et didactiques des trois premières parties. Nous en retenons trois qui illustrent particulièrement ses dimensions réflexive et communicationnelle. La première situation (chap. 16) met en relief l’intégration d’apports culturels dans les productions écrites. La description d’une séquence d’arts plastiques (chap. 17) montre le travail d’écriture dans ses liens avec l’oral et la lecture. Enfin, l’engagement progressif du scripteur se trouve au centre des productions écrites longues présentées au chapitre 19.

  • 3 Cf. Pratiques, no 105-106, 2000.

6Réaffirmer la place de l’écriture dans les apprentissages, dans un ouvrage à la fois théorique et pratique, était un projet ambitieux. Les auteures ont tenu leur engagement d’un regard nouveau associé à l’apport d’éléments de formation, dans la lignée des années 1990 où Michel Dabène, Catherine Frier, ou Christine Barré-De Miniac3 par exemple avaient ouvert la voie de la réflexion sur l’écriture comme acculturation.

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Notes

1 Cf. sur ce point les travaux fondateurs de Christine Barré-De Miniac.

2 D. Bucheton & J.-C. Chabanne, Écrire en ZEP, un autre regard sur les écrits des élèves, Paris, Delagrave, 2002.

3 Cf. Pratiques, no 105-106, 2000.

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Pour citer cet article

Référence papier

Marie-Hélène Lachaud, « Bucheton Dominique (avec la contribution de Danielle Alexandre et Monique Jurado), Refonder l’enseignement de l’écriture. Vers des gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée »Lidil, 54 | 2016, 207-209.

Référence électronique

Marie-Hélène Lachaud, « Bucheton Dominique (avec la contribution de Danielle Alexandre et Monique Jurado), Refonder l’enseignement de l’écriture. Vers des gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée »Lidil [En ligne], 54 | 2016, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/4128 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.4128

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Auteur

Marie-Hélène Lachaud

LIDILEM, Université Grenoble Alpes

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