Langage et Société, no 145, « Enjeux sociaux des mouvements de revitalisation linguistique »
Langage et Société, no 145, « Enjeux sociaux des mouvements de revitalisation linguistique », dirigé par James Costa, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2013
Texte intégral
1Dans ce numéro, James Costa et les auteur-e-s qu’il a réuni-e-s s’attaquent courageusement à la question des langues minorées, victimes trop souvent de discours répétitifs et donc contre-productifs. En effet, comme l’écrit ce chercheur, « bien souvent, le débat autour de ces problématiques se résume à des prises de position passionnées “pour” ou “contre” ces langues ». Les textes rassemblés veulent renouveler le regard et donc le discours sur ces langues, appelées aussi « régionales » ou « minoritaires », sans qu’aucune appellation soit jamais satisfaisante.
2Et ils renouvellent ce discours à plusieurs titres :
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d’abord en portant sur les mouvements qui les ont fait connaitre un regard résolument sociolinguistique qui « s’interrog(e) sur le sens social des demandes qu’expriment les militants qui les défendent » ;
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ensuite en choisissant d’observer des mouvements de « revitalisation » plutôt que de développer, comme à l’ordinaire, des discours de « mise en danger » et de « sauvetage urgent » de ces langues ;
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enfin en préférant approfondir quelques cas peu connus (vision historique sur les « renaissantismes en Provence », textes sur la « promotion institutionnelle de l’irlandais », et sur une langue du Nicaragua).
3Loin de tomber dans le particularisme ou l’anecdote, ces exemples, par les méthodes d’observation qu’on leur applique et les problématiques qu’ils illustrent, ouvrent des perspectives de recherche sur d’autres langues et contextes possibles.
4Ils sont d’ailleurs encadrés par deux textes théoriques éclairants : l’introduction de James Costa (« Enjeux sociaux de la revitalisation linguistique ») qui donne son titre au numéro, et le texte en anglais de Jane Freeland (« Linguistic Revitalization: Social Stakes and New Research Directions »), orientés nettement vers l’avenir, à la fois des langues et des recherches sur ces langues. Le texte ajouté en « Varia », « L’officialisation de la langue basque en France », vient compléter avec bonheur cet éventail, à propos d’une langue dont on a souvent tendance à ne voir que le côté « sud », à savoir ce qui se passe en Espagne.
5Chemin faisant, les auteurs soulignent quelques points importants :
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le poids des politiques linguistiques sur les langues dites « minoritaires » ;
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les liens différents entretenus par leurs locuteurs avec les cultures qu’elles sous-tendent ;
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les possibles évolutions historiques, passées et à venir ;
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la nécessaire rencontre de plusieurs champs scientifiques pour rendre compte des phénomènes qui les animent.
6Les auteurs soulèvent aussi les questions de rapports aux savoirs et aux pouvoirs, posées par la diversification des langues dans des sociétés tournées vers la modernité. En d’autres termes, parler des droits linguistiques à travers le monde et d’éventuelle revitalisation de ces langues, c’est s’arroger une liberté de penser et de dire, c’est « parler d’autre chose que de langues » (J. Costa, introduction, p. 7).
Pour citer cet article
Référence papier
Marielle Rispail, « Langage et Société, no 145, « Enjeux sociaux des mouvements de revitalisation linguistique » », Lidil, 49 | 2014, 197-198.
Référence électronique
Marielle Rispail, « Langage et Société, no 145, « Enjeux sociaux des mouvements de revitalisation linguistique » », Lidil [En ligne], 49 | 2014, mis en ligne le 25 novembre 2015, consulté le 31 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/3527 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.3527
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