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Notes de lecture

Patrick Germain-Thomas et Chantal Lapeyre (dir.), La place de l’artiste dans la classe, revue Le français aujourd’hui, no 219

Armand Colin, 2022, 154 p.
Camille Vorger
Référence(s) :

Patrick Germain-Thomas et Chantal Lapeyre (dir.), La place de l’artiste dans la classe, revue Le français aujourd’hui, no 219, Armand Colin, 2022, 154 p.

Texte intégral

1Ce volume de la revue Le français aujourd’hui, co‑coordonné par Patrick Germain-Thomas et Chantal Lapeyre s’organise en deux mouvements : une première partie vise à aller « À la rencontre des artistes », avant d’envisager plus précisément, dans une perspective didactique, des « pratiques artistiques » illustrant les enjeux énoncés. L’ensemble du volume, outre la préface, comporte cinq contributions.

2Après une mise en perspective historique retraçant la « place accrue des arts dans le système scolaire » (p. 5), il s’agit d’explorer les modalités possibles pour « la rencontre entre les mondes de l’éducation et de la culture, à travers la collaboration entre des enseignants et des artistes ». Sont aussi problématisés les apports et les limites des expériences artistiques à l’école » (p. 6) : si la qualité de la relation entre l’artiste et l’enseignant qui l’accueille s’avère déterminante, la co‑construction de projets implique une réflexion pédagogique sur les rôles dévolus aux différents acteurs et les enjeux d’une telle rencontre, l’école assumant ici pleinement son « aptitude à faire émerger des individus singuliers et auteurs de leur propre parcours existentiel » (p. 10).

3Patrick Germain-Thomas ouvre la réflexion en explorant les arts comme « compagnons de route » de l’éducation nouvelle (p. 13), en vue d’amener l’élève, au travers d’expériences artistiques, à devenir « un acteur à part entière de sa propre éducation et non le simple récepteur de savoirs transmis de l’extérieur » (p. 15). En envisageant l’ouverture de l’école à son environnement culturel, la question se pose en termes de démocratisation (p. 23) et de rencontre avec des univers artistiques. L’article rend compte d’enquêtes menées dès 2013 dont certains extraits sont transcrits, apportant de l’eau au moulin de la réflexion : « Notre outil en tant qu’artistes, c’est la relation : la relation avec les autres, mais aussi la relation avec moi‑même, avec mon corps, l’espace dans lequel je suis » (p. 23). Ainsi la rencontre artistique apporte‑t‑elle un déplacement voire une « transformation du regard que les élèves portent sur les enseignants » (p. 24), les ateliers privilégiant la coopération plutôt que la compétition. Des effets positifs en résultent, influant sur le climat scolaire et les apprentissages (p. 27).

4Laure Soudy-Kazuguel, quant à elle, développe la rencontre entre danse et littérature pour mieux illustrer l’impact fécond d’expériences artistiques et sensibles sur les apprentissages (p. 29). Elle rend compte du projet mis en place dans le cadre d’une classe CHAD (Classe à horaires aménagés Danse), permettant de tresser des liens entre les disciplines, la danse incarnant la liberté et sollicitant la mémoire du corps — la kinesthésie (p. 34). Au‑delà des textes, incorporés par les élèves, l’expérience physique ouvre à un espace de création — voire de co‑création. Il s’ensuit une horizontalisation des relations (p. 39), l’artiste venant « à la rencontre » des élèves, pour mieux leur redonner « confiance et envie » (p. 40).

5L’entretien, mené par Chantal Lapeyre avec Bérangère Bodenan, danseuse, met au jour les passerelles construites par l’artiste-médiatrice en vue de « donner un élan en classe » (p. 51) : celui « de l’émerveillement, du merveilleux, du sensible, de l’expressif ». Là encore, la co‑construction est mise en exergue, le processus créatif émanant d’une « bulle fragile » (p. 53).

6La deuxième partie, intitulée « Des pratiques artistiques », se présente comme un diptyque, avec l’article de Maud Sérusclat Natale, relatant et analysant le bien‑fondé d’expériences artistiques proposées à un public d’EANA (élèves allophones scolarisés en UPE2A) autour du projet « Parlemonde », et l’entretien avec Daniel Dobbels, chorégraphe et « Penseur de la danse », mis en forme par Patrick Germain-Thomas. Dans son article, l’enseignante et chercheuse spécialiste de théâtre développe l’exemple d’un projet plurilingue catalysant l’appropriation d’une langue cible en engageant les corps et en nourrissant la motivation des apprenants (p. 57), et en apprenant enfin à « adresser sa parole », l’aventure s’avérant alors politique (p. 66) : le « je parle et tu m’entends, donc nous sommes » de Francis Ponge, cité en conclusion, illustre parfaitement « cette chorégraphie de la réciprocité que pourrait être l’inclusion » (p. 69).

7Dans l’entretien, au sein duquel Pascal Germain-Thomas cite Paul Ceylan (« Je ne vois pas de différence entre un poème et une poignée de main », p. 74), il est question de la « porosité entre la pédagogie et les moments de poésie » (p. 76), et de comment « la danse travaille la langue » (p. 80). Il s’agit surtout de permettre aux élèves de « trouver une façon de signer leur propre vie, de mettre un paraphe sous leur nom et leur corps » (p. 74). Enjeu crucial, en effet, autour duquel tourne le volume entier — dont on ne peut qu’apprécier la qualité d’une réflexion féconde sur la « sensibilité mise en partage » (p. 69), éclairée, de façon symétrique dans chaque partie, par la voix de l’artiste —, mais dont on regrettera le peu de contributions et, partant, la non-représentativité par rapport à l’éventail des disciplines artistiques : quid des arts visuels ? de la poésie ? Les (futur·e·s) enseignant·e·s auxquel·le·s s’adresse le volume pourraient néanmoins s’en trouver inspiré·e·s, de même que les artistes intervenant en milieu scolaire dont l’horizon pourrait s’enrichir de la confrontation à ces expériences diverses.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Camille Vorger, « Patrick Germain-Thomas et Chantal Lapeyre (dir.), La place de l’artiste dans la classe, revue Le français aujourd’hui, no 219 »Lidil [En ligne], 70 | 2024, mis en ligne le 31 octobre 2024, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/13290 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12lmn

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Auteur

Camille Vorger

UNIL/EFLE, Université de Lausanne
Membre associée LIDILEM, Université Grenoble Alpes
camille.vorger@unil.ch

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