Tatiana Taous, « Combattre » dans les épopées latines (‑IIIe s. - +Ier s.). Étude sémantique
Tatiana Taous, « Combattre » dans les épopées latines (-IIIe s. - +Ier s.). Étude sémantique, Paris, L’Harmattan, 2020, 341 p.
Texte intégral
1L’ouvrage de Tatiana Taous est un remaniement de la thèse qu’elle a soutenue en 2013, dont elle a gardé l’organisation principale « fondée sur une argumentation linguistique » (p. 7). Dans une perspective sémasiologique, l’autrice décide d’analyser tous les verbes latins qui possèdent dans leur sémème le signifié « combattre » et réunit 18 lexies (sans compter les préverbées), dont voici quelques exemples : certāre, pugnāre, bellāre, bellum gerere (pour les plus fréquents), ou encore belligerāre, licitārī, dimicāre (pour les hapax). Son corpus d’œuvres épiques est constitué des textes écrits par six auteurs (Ennius, Virgile, Lucain, Valérius Flaccus, Silius Italicus et Stace) : le plus ancien d’entre eux écrivait au iie siècle av. J.‑C. et les plus récents au ier siècle apr. J.‑C.
2L’ouvrage est organisé en six chapitres. Après une justification du choix du corpus de verbes, l’autrice organise son étude en deux parties majeures : la première partie (chapitres I à III) traite de l’analyse morphosémantique, et la seconde (chapitres IV à VI) de l’analyse sémantico-syntaxique. Elle étudie l’influence de la morphologie puis de la syntaxe sur le sémantisme de ces verbes. Dans la première partie, la chercheuse choisit de discuter du radical des verbes, puis de la désinence, et enfin des préverbes. Dans la seconde partie, le chapitre IV est consacré aux formes nominales de ces verbes et aux valeurs modale et aspectuelle du « terme-régent ». Le chapitre V traite du groupe sujet autrement nommé le contrôleur des verbes signifiant « combattre ». Enfin, le chapitre VI examine la complémentation de ces verbes. Tout au long de l’ouvrage, l’ensemble des verbes du corpus est analysé à l’aune des critères choisis précédemment : pour chaque chapitre est établi un classement de tous ces verbes selon l’élément morphologique ou syntaxique étudié, auquel sont ajoutés des exemples en guise d’illustration. Un bilan clôt chacun de ces chapitres, et permet de prendre du recul sur les analyses, à l’aide d’un résumé et d’une reprise des points les plus importants. Le livre se clôt par la conclusion générale, qui est le point d’orgue de l’étude : l’autrice établit une synthèse de l’ensemble des sémèmes des verbes « combattre ». Elle a rassemblé ces verbes dans une figure qui permet de visualiser les distinctions et les groupes. Elle présente ensuite la liste des verbes, en exposant les deux traits sémantiques fondamentaux (à savoir « Σg = /entité X faire preuve d’hostilité1/ /contre entité assaillante Y2/ », p. 301), et en expliquant les sèmes spécifiques de chacun d’entre eux. L’ouvrage se conclut par une succession d’index.
3Cette analyse très méthodique a des prétentions exhaustives sur la question sémantique des verbes « combattre ». Une lecture linéaire se révèle un peu lourde et fastidieuse : il faut plutôt envisager cet ouvrage comme un manuel sur ce sujet précis. Le traducteur, ou même l’enseignant, trouvera dans ce livre des informations très complètes et précises sur ces verbes dans les épopées. En effet, le premier index est la liste de tous les verbes ou syntagmes verbaux étudiés, avec leurs « traits sémantiques les plus notoires » (p. 329), et dans la conclusion générale, le lecteur peut trouver quelques précisions sur leurs sémèmes : c’est une porte d’entrée très utile et suffisante pour le lecteur qui cherche un éclaircissement rapide sur un verbe. Les autres index aideront le lecteur qui a une recherche précise, car ils le guideront vers les pages ou les parties concernées. Par ailleurs, le lecteur qui désire entrer en profondeur sur l’un ou l’autre de ces verbes pourra se diriger vers les analyses présentes dans chacun des chapitres selon l’angle d’attaque voulu. Les analyses dans le cœur du livre sont très riches et précises : face à un problème de traduction, le traducteur trouvera sans nul doute des éléments de réponse, que ce soit pour la valeur sémantique des morphèmes ou pour l’apport sémantique de l’environnement syntaxique du verbe.
4Il subsiste tout de même une limite à cet ouvrage. Dans une logique didactique, il aurait été intéressant de présenter de manière plus visuelle les bilans des chapitres. La synthèse de la conclusion générale est très claire, car elle est visuelle et listée. Dans chaque chapitre, le bilan est une suite de paragraphes, qui a certes le mérite de bien permettre de prendre du recul et de comprendre les résultats des analyses de la partie, mais une présentation avec un tableau ou un schéma, à l’instar de celui de la conclusion générale, aurait permis de saisir les différences précises de chaque verbe, les mécanismes globaux de cette classe sémantique de verbe, et de synthétiser les résultats des analyses pour le chapitre en question. Malgré cet élément, l’ouvrage reste dans l’ensemble très abouti.
Pour citer cet article
Référence électronique
Timothée Celeyron, « Tatiana Taous, « Combattre » dans les épopées latines (‑IIIe s. - +Ier s.). Étude sémantique », Lidil [En ligne], 69 | 2024, mis en ligne le 01 mai 2024, consulté le 09 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lidil/12393 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lidil.12393
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