Introduction
Texte intégral
1Il convient de distinguer, dans les pratiques, les usages de drogues qui sont culturels, rituels ou thérapeutiques des usages qui obéissent à une logique pulsionnelle et incontrôlable. On peut prendre des drogues par plaisir, par goût, par curiosité, par souci de créativité littéraire ou artistique, dans un esprit de convivialité… Par ailleurs, il existe divers types de drogues dont il convient de prendre la mesure de la nocivité ou/et de la violence. On ne saurait, par conséquent, assimiler celui qui prend des drogues, pour ces diverses raisons, au toxicomane. De même, on se tromperait à croire qu’il existe une fatalité qui fait nécessairement passer l’usager de certaines drogues douces d’une logique du goût à une logique de la catastrophe.
2Ce sont ces préliminaires trop souvent négligés que les organisateurs du colloque souhaitent analyser. Ils commandent aussi bien les questions relatives à la dépénalisation que celles qui sont relatives au traitement du toxicomane. Il s’agit, finalement, de questionner le « désir » du preneur de drogues et celui du toxicomane. On pourrait avancer l’idée que l’un comme l’autre recourent à la drogue pour voir. Pour voir quoi ?, dira-t-on. Chacun des deux ne voit probablement pas la même chose, selon qu’il est usager occasionnel ou toxicomane : les paradis artificiels ne sont pas les mêmes pour ceux qui les traversent et pour ceux qui s’y installent.
3Les discours sur la drogue relèvent, dans leur grande majorité, des registres de la médecine, de l’hygiène sociale, du droit, voire de la morale. Ces discours concernent donc précisément la « toxicomanie » en tant qu’elle désigne à la fois une pathologie, un délit et un fait social. On s’interroge alors justement sur la dépendance, sur la pertinence ou non d’un classement des drogues en fonction de leur nocivité (« drogues dures et drogues douces »), sur la distinction, aussi, entre simple usager, consommateur occasionnel et petits et gros vendeurs. Il est beaucoup plus rare qu’on s’interroge sur le plaisir spécifique des « paradis artificiels ».
Pour citer cet article
Référence électronique
Benoît Goetz et Jean-Paul Resweber, « Introduction », Le Portique [En ligne], 10 | 2002, mis en ligne le 06 juin 2005, consulté le 08 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/leportique/646 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/leportique.646
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