Navigation – Plan du site

AccueilNuméros15RecensionsTranshumances I, Construction de ...

Recensions

Transhumances I, Construction de savoirs en situations cliniques : dialogues sur le langage en acte, Presses universitaires de Namur, 1999, 429 pages.
Transhumances II, Discours, organisation et souffrance au travail, Presses universitaires de Namur, 2000, 345 pages.
Transhumances V, Actes du colloque de Cerisy 2003, Résistances au sujet – Résistances du sujet, Presses universitaires de Namur, 2004, 603 pages.

Sébastien Gury

Texte intégral

1La collection « Transhu­man­ces », qui ouvre des espaces d’é­changes interdisciplinaires entre chercheurs et praticiens qui met­tent en œuvre leurs disciplines sur divers terrains professionnels, pré­sente les actes de divers col­loques, organisés dans un cycle de ren­contres, qui a commencé en 1998, entre participants d’un ré­seau de « recherches en sciences hu­mai­nes cliniques et épistémolo­gi­ques ». Il existe cinq tomes qui font acte de ces rencontres inter­disciplinaires.

2Le premier tome de « Trans­humances » pose le problème de la construction de savoirs en si­tuations cliniques. Le colloque dont ce volume présente les actes comporte six sections. La pre­mière partie porte sur « Réalisme et constructivisme : interrogations mutuelles de l’expérimentateur et de l’analyste ». La deuxième sec­tion interroge, du point de vue de la psychologie sociale expérimen­tale, « l’introspection comme pra­tique sociale et les produits de l’introspection comme ceux d’une réalité sociale ». La troisième section reprend la question des ar­ticulations théorico-cliniques par le biais de la transmission so­ciale et des trajectoires person­nelles. La quatrième partie a pour thème « La prise de parole entre motiva­tion, intention et affect : linguis­tique et psychanalyse ». La cin­quième section s’organise au­tour du thème de la maladie et de la santé éclairée par le rôle des pro­cessus culturels dans la défini­tion des structures pathogènes, des souffrances, des pratiques de traitement et des expertises. En­fin, la sixième partie fait référence à l’un des aspects du colloque « l’art des arts ».

3Le deuxième tome de la col­lection intitulé Discours, organisa­tion et souffrance au travail propose trois perspectives : des confronta­tions épistémologiques transdisci­plinaires, des travaux de recher­ches et des récits de prati­ques et d’interventions de terrain. Elles sont réparties selon trois registres thématiques. La souf­france au travail qui revêt une importance sociale, psychique et éthique con­sidérable. C’est autour des modes d’approche théoriques et méthodologiques de ce phé­no­mène que s’ouvre l’ouvrage. La deuxième partie croise des dé­mar­ches d’analyse différentes, dont, la psychologie clinique sys­téma­tique et une analyse des dis­cours dans des organisations de travail, en sous-jacence discrète, l’anthro­pologie culturelle des pratiques dans divers registres d’activité d’une société. La troi­sième partie qui clôt ce volume, ouvre des perspectives croisées sur la pra­tique complexe des soins ou du changement et de leurs représen­tations.

4Le cinquième tome dont nous proposons ici une plus longue recension, présente les Actes du colloque de Cerisy de Juillet 2003, réunis sous la direction commune de Jean Giot et de Jean Kinable, actes qui mettent un terme au cycle Transhumances.

5La question de l’humain en si­tuation d’extrême désalliance fait l’objet de la première section de l’ouvrage qui s’ouvre sur une très belle contribution d’Alain Par­rau : il prend le cas de Robert Anthelme pour développer l’idée que le sujet à l’épreuve des camps est un « sujet non sujet » qui ne peut qu’être recouvert par le ré­gime des discours établis et des opinions, ce qui aboutit à une seule affirmation, celle de l’espèce humaine comme trace communi­cable. Alice Checki se propose quant à elle de travailler sur l’em­pêchement de l’élaboration de l’exil psychique chez les per­sonnes prises dans les tourments de l’Histoire coloniale mais aussi chez leurs descendants qui restent enfermés dans une errance psy­chique à distinguer du sens des moments logiques freudiens : identification au déchet, trouble profond de l’image de soi et re­cours à une identité originelle. Guy Lafon ne peut que porter le poids des propos précédents en se demandant ce qui nous est arrivé à nous qui avons à penser ces situations d’extrême désalliance.

6La deuxième section, identité personnelle du sujet, donne le point de vue de quatre socio­logues parmi les plus éminents chercheurs français qui travaillent sur les questions de l’individu, du sujet et de l’identité personnelle. Robert Castel réfléchit à la ques­tion des supports de l’individu. Claude Dubar nous interpelle sur l’identité personnelle et la subjec­tivité à travers la construction sociale et la production narrative du sujet. Vincent de Gaulejac qui articule ses recherches, dans le souci constant de la formation d’une sociologie clinique rénovée, autour des apports de la sociolo­gie et de la psychanalyse, propose une contribution au titre évoca­teur : le vif du sujet. Enfin, Jean-Claude Kaufmann, qui renou­velle dans son œuvre les ques­tions du couple et de la sexualité, inter­vient ici sur l’individu et la ré­flexivité en apportant une hypo­thèse novatrice selon la­quelle la réflexivité individuelle serait le résultat d’un processus social.

7La troisième partie de l’ou­vrage pose la question du sujet épargné par l’homo œconomi­cus. Thomas Périlleux défend une cri­tique romantique dans l’examen des prises du capita­lisme sur l’ex­périence subjective contre l’op­pression suscitée par les logiques du marché. Christian Arnsper­gen peut ainsi mettre le doigt sur la subjectivisation éco­nomique fac­tice afin de délimiter les enjeux et les limites de la fi­gure de l’homo œconomicus. Phi­lippe Corcuff traite du néo capitalisme en par­tant du nouvel esprit du capitalis­me et d’empire. La présentation de Matthieu de Nanteuil-Miribel souhaite repérer les traces d’une autre économie qui serait au centre de l’activité économique en indiquant ce que la subjectivité éprouve et réin­vente dans l’espace même du travail. Pierre Demeu­le­naere, qui se pose la question de la subjecti­vité et de l’objectivité de l’Homo œconomicus, nous rap­pelle, enfin, que la formation de ce con­cept n’est pas directement liée à celle du sujet.

8La quatrième section : « subjec­tivation et surdité : quand les mains prennent la parole » où intervien­nent Yvette Thoua et Marie-Thé­rèse L’Huillier s’ouvre sur un texte d’André Meynard qui nous invite à une réflexion sur l’altérité qui dépasse bien évidemment la surdité et concerne en fait ce que nous faisons de ce qui nous dé­range dans la rencontre avec l’é­trangeté intérieure que certains sujets peuvent venir réactualiser à leur insu.

9Jean-Paul Resweber, qui in­troduit la cinquième partie de cette rencontre intitulée « pré­sence/absence du sujet dans le champ social », insiste sur la question du sujet, un sujet divisé entre son inconscient et ce dont il a cons­cience, entre ce qu’il est et le lan­gage qu’il tient. Jean-Christophe Weber insiste quant à lui sur la question des présences et des ab­sences du sujet dans le discours et la pratique de la médecine ac­tuelle. Le propos de Dominique Weil est tout autre et tente, en effet, en se référant à quelques œuvres du xxe siècle, de dévelop­per un aspect spécifique de la création esthétique comme acte signifiant dans le registre restreint de la peinture. Delphine Merlin-Zimmer poursuit le débat en in­terrogeant l’expérience de la pra­tique artistique depuis le champ de réflexion psychanalytique.

10Comme l’écrit Anne Juran­ville, au début de la sixième sec­tion intitulée « Logiques et représen­tations du féminin », « la post-modernité constitue in­contesta­blement un espace ouvert pour la créativité féminine » ; c’est pour­quoi elle axe sa contri­bution au­tour de l’écriture de soi dans la littérature féminine contempo­raine. Alors qu’Éliane Allouch développe le thème des destins pathologiques du féminin origi­naire. Aline Tauzin en par­tant de données anthropologiques re­cueillies pour l’essentiel auprès de l’ethnie maure pose la question du traitement de la jouissance dans les sociétés arabes.

11La septième partie, présentée par Jean Kinable, situe l’adoles­cence comme symptôme social et dramatique « subjectifi­catrice ». Antoine Masson consi­dère l’ado­lescence comme le moment où l’enfant se trouve écarté de lui-même et doit se re­connaître dans son étrangeté afin d’advenir à lui-même et de soutenir son présent. Dans leur contribution commune, Patrick Genvresse et Didier Drieu rap­portent les difficultés de sub­jecti­vation à l’adolescence qui font l’essentiel de leur pratique clini­que auprès d’adolescents et de familles et ils se demandent si ce problème ne serait pas le reflet d’un malaise dans la culture.

12La huitième section, traitant des variations culturelles de l’être-sujet, pose pour Jean-Luc Brac­kelaire une question fondamen­tale : comment est-on sujet dans l’autrement de l’ailleurs ? Pour L. Nshimirimana, apparaît ici la question de l’exilé qui oscille en­tre histoire et psychose.

13La neuvième partie traite des pathologies de l’émergence du sujet, avec pour unique contribu­tion celle de J.-P. Lebrun qui, constatant que l’organisation ac­tuelle de notre société pose des difficultés particulières pour ce qu’il en est des sujets, se demande s’il nous faut réinventer la vie col­lective.

14La partie suivante revient sur le langage comme passibilité et possibilité du sujet. Philippe Scheppens parle du sujet à partir du phénomène linguistique de l’injure. Jean-Jacques Rassial traite du premier véritable don d’une mère à son enfant, à savoir la langue, non pas le langage mais une parole « linguaphore » où se livre le monde et les objets.

15La dixième section pose le problème d’une transmission sco­larisable car, comme le rap­pelle Jean Giot : « la transmission s’ac­complit à notre insu, chargée par qui l’accueille et par qui la pro­pose de valeurs auxquelles il n’avait pas été pensé. ». Patrick Anderson, en traitant de l’ensei­gnement et de l’apprentissage des langues vivan­tes, plus particuliè­rement du fran­çais langue étran­gère propose une tentative de délimitation de la dégradation progressive qui tou­che les sciences du langage. Quoi qu’il en soit, pour J. Marchioni Eppe, l’école ne va pas bien, tant elle est dominée par la violence et l’échec ; peut elle donc avoir, encore, une fonction de transmis­sion ?

16L’ouvrage se clôt alors sur une étude consacrée à deux figures du travail créateur : José Luis Borges et Henri Michaux.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Sébastien Gury, « Transhumances I, Construction de savoirs en situations cliniques : dialogues sur le langage en acte, Presses universitaires de Namur, 1999, 429 pages.
Transhumances II, Discours, organisation et souffrance au travail, Presses universitaires de Namur, 2000, 345 pages.
Transhumances V, Actes du colloque de Cerisy 2003, Résistances au sujet – Résistances du sujet, Presses universitaires de Namur, 2004, 603 pages. »
Le Portique [En ligne], 15 | 2005, mis en ligne le 11 mai 2005, consulté le 01 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/leportique/500 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/leportique.500

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search