Transhumances I, Construction de savoirs en situations cliniques : dialogues sur le langage en acte, Presses universitaires de Namur, 1999, 429 pages.
Transhumances II, Discours, organisation et souffrance au travail, Presses universitaires de Namur, 2000, 345 pages.
Transhumances V, Actes du colloque de Cerisy 2003, Résistances au sujet – Résistances du sujet, Presses universitaires de Namur, 2004, 603 pages.
Texte intégral
1La collection « Transhumances », qui ouvre des espaces d’échanges interdisciplinaires entre chercheurs et praticiens qui mettent en œuvre leurs disciplines sur divers terrains professionnels, présente les actes de divers colloques, organisés dans un cycle de rencontres, qui a commencé en 1998, entre participants d’un réseau de « recherches en sciences humaines cliniques et épistémologiques ». Il existe cinq tomes qui font acte de ces rencontres interdisciplinaires.
2Le premier tome de « Transhumances » pose le problème de la construction de savoirs en situations cliniques. Le colloque dont ce volume présente les actes comporte six sections. La première partie porte sur « Réalisme et constructivisme : interrogations mutuelles de l’expérimentateur et de l’analyste ». La deuxième section interroge, du point de vue de la psychologie sociale expérimentale, « l’introspection comme pratique sociale et les produits de l’introspection comme ceux d’une réalité sociale ». La troisième section reprend la question des articulations théorico-cliniques par le biais de la transmission sociale et des trajectoires personnelles. La quatrième partie a pour thème « La prise de parole entre motivation, intention et affect : linguistique et psychanalyse ». La cinquième section s’organise autour du thème de la maladie et de la santé éclairée par le rôle des processus culturels dans la définition des structures pathogènes, des souffrances, des pratiques de traitement et des expertises. Enfin, la sixième partie fait référence à l’un des aspects du colloque « l’art des arts ».
3Le deuxième tome de la collection intitulé Discours, organisation et souffrance au travail propose trois perspectives : des confrontations épistémologiques transdisciplinaires, des travaux de recherches et des récits de pratiques et d’interventions de terrain. Elles sont réparties selon trois registres thématiques. La souffrance au travail qui revêt une importance sociale, psychique et éthique considérable. C’est autour des modes d’approche théoriques et méthodologiques de ce phénomène que s’ouvre l’ouvrage. La deuxième partie croise des démarches d’analyse différentes, dont, la psychologie clinique systématique et une analyse des discours dans des organisations de travail, en sous-jacence discrète, l’anthropologie culturelle des pratiques dans divers registres d’activité d’une société. La troisième partie qui clôt ce volume, ouvre des perspectives croisées sur la pratique complexe des soins ou du changement et de leurs représentations.
4Le cinquième tome dont nous proposons ici une plus longue recension, présente les Actes du colloque de Cerisy de Juillet 2003, réunis sous la direction commune de Jean Giot et de Jean Kinable, actes qui mettent un terme au cycle Transhumances.
5La question de l’humain en situation d’extrême désalliance fait l’objet de la première section de l’ouvrage qui s’ouvre sur une très belle contribution d’Alain Parrau : il prend le cas de Robert Anthelme pour développer l’idée que le sujet à l’épreuve des camps est un « sujet non sujet » qui ne peut qu’être recouvert par le régime des discours établis et des opinions, ce qui aboutit à une seule affirmation, celle de l’espèce humaine comme trace communicable. Alice Checki se propose quant à elle de travailler sur l’empêchement de l’élaboration de l’exil psychique chez les personnes prises dans les tourments de l’Histoire coloniale mais aussi chez leurs descendants qui restent enfermés dans une errance psychique à distinguer du sens des moments logiques freudiens : identification au déchet, trouble profond de l’image de soi et recours à une identité originelle. Guy Lafon ne peut que porter le poids des propos précédents en se demandant ce qui nous est arrivé à nous qui avons à penser ces situations d’extrême désalliance.
6La deuxième section, identité personnelle du sujet, donne le point de vue de quatre sociologues parmi les plus éminents chercheurs français qui travaillent sur les questions de l’individu, du sujet et de l’identité personnelle. Robert Castel réfléchit à la question des supports de l’individu. Claude Dubar nous interpelle sur l’identité personnelle et la subjectivité à travers la construction sociale et la production narrative du sujet. Vincent de Gaulejac qui articule ses recherches, dans le souci constant de la formation d’une sociologie clinique rénovée, autour des apports de la sociologie et de la psychanalyse, propose une contribution au titre évocateur : le vif du sujet. Enfin, Jean-Claude Kaufmann, qui renouvelle dans son œuvre les questions du couple et de la sexualité, intervient ici sur l’individu et la réflexivité en apportant une hypothèse novatrice selon laquelle la réflexivité individuelle serait le résultat d’un processus social.
7La troisième partie de l’ouvrage pose la question du sujet épargné par l’homo œconomicus. Thomas Périlleux défend une critique romantique dans l’examen des prises du capitalisme sur l’expérience subjective contre l’oppression suscitée par les logiques du marché. Christian Arnspergen peut ainsi mettre le doigt sur la subjectivisation économique factice afin de délimiter les enjeux et les limites de la figure de l’homo œconomicus. Philippe Corcuff traite du néo capitalisme en partant du nouvel esprit du capitalisme et d’empire. La présentation de Matthieu de Nanteuil-Miribel souhaite repérer les traces d’une autre économie qui serait au centre de l’activité économique en indiquant ce que la subjectivité éprouve et réinvente dans l’espace même du travail. Pierre Demeulenaere, qui se pose la question de la subjectivité et de l’objectivité de l’Homo œconomicus, nous rappelle, enfin, que la formation de ce concept n’est pas directement liée à celle du sujet.
8La quatrième section : « subjectivation et surdité : quand les mains prennent la parole » où interviennent Yvette Thoua et Marie-Thérèse L’Huillier s’ouvre sur un texte d’André Meynard qui nous invite à une réflexion sur l’altérité qui dépasse bien évidemment la surdité et concerne en fait ce que nous faisons de ce qui nous dérange dans la rencontre avec l’étrangeté intérieure que certains sujets peuvent venir réactualiser à leur insu.
9Jean-Paul Resweber, qui introduit la cinquième partie de cette rencontre intitulée « présence/absence du sujet dans le champ social », insiste sur la question du sujet, un sujet divisé entre son inconscient et ce dont il a conscience, entre ce qu’il est et le langage qu’il tient. Jean-Christophe Weber insiste quant à lui sur la question des présences et des absences du sujet dans le discours et la pratique de la médecine actuelle. Le propos de Dominique Weil est tout autre et tente, en effet, en se référant à quelques œuvres du xxe siècle, de développer un aspect spécifique de la création esthétique comme acte signifiant dans le registre restreint de la peinture. Delphine Merlin-Zimmer poursuit le débat en interrogeant l’expérience de la pratique artistique depuis le champ de réflexion psychanalytique.
10Comme l’écrit Anne Juranville, au début de la sixième section intitulée « Logiques et représentations du féminin », « la post-modernité constitue incontestablement un espace ouvert pour la créativité féminine » ; c’est pourquoi elle axe sa contribution autour de l’écriture de soi dans la littérature féminine contemporaine. Alors qu’Éliane Allouch développe le thème des destins pathologiques du féminin originaire. Aline Tauzin en partant de données anthropologiques recueillies pour l’essentiel auprès de l’ethnie maure pose la question du traitement de la jouissance dans les sociétés arabes.
11La septième partie, présentée par Jean Kinable, situe l’adolescence comme symptôme social et dramatique « subjectificatrice ». Antoine Masson considère l’adolescence comme le moment où l’enfant se trouve écarté de lui-même et doit se reconnaître dans son étrangeté afin d’advenir à lui-même et de soutenir son présent. Dans leur contribution commune, Patrick Genvresse et Didier Drieu rapportent les difficultés de subjectivation à l’adolescence qui font l’essentiel de leur pratique clinique auprès d’adolescents et de familles et ils se demandent si ce problème ne serait pas le reflet d’un malaise dans la culture.
12La huitième section, traitant des variations culturelles de l’être-sujet, pose pour Jean-Luc Brackelaire une question fondamentale : comment est-on sujet dans l’autrement de l’ailleurs ? Pour L. Nshimirimana, apparaît ici la question de l’exilé qui oscille entre histoire et psychose.
13La neuvième partie traite des pathologies de l’émergence du sujet, avec pour unique contribution celle de J.-P. Lebrun qui, constatant que l’organisation actuelle de notre société pose des difficultés particulières pour ce qu’il en est des sujets, se demande s’il nous faut réinventer la vie collective.
14La partie suivante revient sur le langage comme passibilité et possibilité du sujet. Philippe Scheppens parle du sujet à partir du phénomène linguistique de l’injure. Jean-Jacques Rassial traite du premier véritable don d’une mère à son enfant, à savoir la langue, non pas le langage mais une parole « linguaphore » où se livre le monde et les objets.
15La dixième section pose le problème d’une transmission scolarisable car, comme le rappelle Jean Giot : « la transmission s’accomplit à notre insu, chargée par qui l’accueille et par qui la propose de valeurs auxquelles il n’avait pas été pensé. ». Patrick Anderson, en traitant de l’enseignement et de l’apprentissage des langues vivantes, plus particulièrement du français langue étrangère propose une tentative de délimitation de la dégradation progressive qui touche les sciences du langage. Quoi qu’il en soit, pour J. Marchioni Eppe, l’école ne va pas bien, tant elle est dominée par la violence et l’échec ; peut elle donc avoir, encore, une fonction de transmission ?
16L’ouvrage se clôt alors sur une étude consacrée à deux figures du travail créateur : José Luis Borges et Henri Michaux.
Pour citer cet article
Référence électronique
Sébastien Gury, « Transhumances I, Construction de savoirs en situations cliniques : dialogues sur le langage en acte, Presses universitaires de Namur, 1999, 429 pages.
Transhumances II, Discours, organisation et souffrance au travail, Presses universitaires de Namur, 2000, 345 pages.
Transhumances V, Actes du colloque de Cerisy 2003, Résistances au sujet – Résistances du sujet, Presses universitaires de Namur, 2004, 603 pages. », Le Portique [En ligne], 15 | 2005, mis en ligne le 11 mai 2005, consulté le 01 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/leportique/500 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/leportique.500
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