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« L'essor de la formation continue », Regards Sociologiques, n° 41/42, 2011

Myriam Cholvy
L'essor de la formation continue
« L'essor de la formation continue », Regards Sociologiques, n° 41/42, 2011, Association Regards sociologiques.
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Texte intégral

1Véritable invitation à la réflexion, ce double numéro de la revue Regards Sociologiques vise à mettre en perspective le développement et l’usage de la formation continue, véritable outil des professionnels des Ressources Humaines au service des entreprises et, du moins en théorie, des salariés. Loin de se contenter d’une approche exclusivement sociologique, comme pourrait le laisser penser le titre de la revue, ces publications offrent une vision plus complète empreinte de psychologie, de politique et d’histoire.

2La diversité des approches et la complémentarité des sujets sont deux grands points forts de cette publication. Si ce numéro interroge le lien entre formation continue et sciences sociales, il n’en délaisse pas pour autant certaines thématiques liées comme la politique, l’histoire, la psychologie, la sociologie et le management. L’essor de la formation continue a notamment été influencé par la diffusion en France des principes de la psychologie sociale américaine d’après-guerre et par l’évolution des techniques de management. Le présent numéro montre alors comment ont évolué les pratiques en matière de formation, ainsi que les problématiques qu’elles soulèvent désormais.

3Institutionnalisée au sein des entreprises pour accroître notamment la productivité de la main-d’œuvre (article « Les sciences humaines et sociales dans l’import-export de l’éducation permanente » de Philippe Fritsch), la formation est devenue dans les années 80 un outil au service de l’individu ; son objectif étant de développer les qualifications de chacun afin de promouvoir la participation, la délégation et la responsabilisation pour tous (article « De l’intervention psychosociologique au développement personnel dans l’entreprise » d’Hélène Stevens).

4Souhaitant faire du salarié le principal acteur de son parcours professionnel, le législateur a adopté dans les années 2000 un véritable arsenal juridique (DIF, VAE, RNCP…) censé favoriser l’équité sociale et sécuriser les parcours. Mais les pratiques actuelles trahissent l’apparition d’une formation à deux vitesses qui laisse bien souvent à l’écart les moins diplômés, les moins informés, les plus réticents et les plus précaires (articles « Les salariés des grandes entreprises face à l’individualisation de la formation » d’Emmanuel Quenson et « La certification professionnelle pour tous comme instrument de la flexicurité » de Fabienne Maillard).

5Les exigences des salariés en matière de formation ont, elles aussi, évolué au fil des décennies. Ceux qui y accèdent se montrent aujourd’hui plus exigeants et tendent à privilégier des formations reconnues (par l’État, les entreprises…) offrant une réelle valeur ajoutée sur le marché du travail. Nous pouvons d’ailleurs nous demander comment font les « abandonnés » de la formation pour acquérir de nouveaux savoir-faire, et quel objectif sert la formation dans pareille organisation.

6L’exemple de l’usine de Flins, qui privilégie pour son personnel temporaire un apprentissage sur le terrain basé sur le partage des connaissances sans aucune formation continue, est à ce titre particulièrement intéressant. La formation continue, traditionnellement érigée en outil au service de la mobilité et de l’employabilité, ne sert plus ici son dessein premier : l’appropriation de savoirs indispensables à la tenue d’un poste de travail. Réservée aux salariés permanents, elle est devenue un rite initiatique, précurseur d’une évolution professionnelle (article « S’approprier des savoir-faire dans l’entreprise » d’Ariel Sevilla).

7Le dernier texte de ce numéro traite, quant à lui, d’un sujet sans relation avec le thème de la revue : le lien entre sociologues et journalistes. L’auteur s’appuie ainsi sur sa « double casquette » – de chercheur et de journaliste – pour montrer l’origine des différends entre ces deux professions et souligner leurs points de divergence et de convergence ; ces derniers étant souvent inavoués d’un côté comme de l’autre. Sous l’effet de l’évolution des médias et de l’émergence d’une société de consommation basée sur le « toujours plus, toujours plus vite », ces deux professions ont suivi une même tendance dont les conséquences devraient aujourd’hui nous alarmer. L’impossibilité, qui touche tant les sociologues que les journalistes, de présenter de manière brute le fruit de leur travail les contraint à synthétiser et à tirer par eux-mêmes des conclusions quant aux témoignages et aux données recueillis. Selon l’auteur, le principal risque en est une déformation, voire une manipulation, de l’information. Par ailleurs, ces problèmes de méthode font encore de nos jours l’objet de débats tant dans les milieux sociologiques que journalistiques. L’auteur invite donc les sociologues et les journalistes à surmonter leur rivalité et à travailler main dans la main pour défendre les valeurs qui leur sont chères (article « De faux frères ennemis » de Christophe Hanus).

8Si le contenu de la revue a été, à la lecture, tout à fait convaincant, quelques points négatifs sont à relever. Réalisée à l’image d’un plan de métro, la première de couverture promet un numéro moderne. Plusieurs photographies représentant le « Bischenberg » (centre d’études et de formation du Crédit Mutuel d’Alsace-Lorraine et de Franche-Comté) viennent illustrer les différentes contributions mais, au vu de la qualité des images, il aurait également été appréciable de les compléter par des clichés plus récents. Les textes présentent en outre des coquilles glissées çà et là, venant irriter l’œil du lecteur. Il aurait enfin été profitable que les différents auteurs fassent l’objet d’une courte présentation biographique présentant leur(s) domaine(s) de spécialité.

9Pour conclure, il faut souligner l’excellent travail des contributeurs qui, dans un souci de précision, appuient leurs propos sur de nombreux rappels historiques, références bibliographiques et citations. Ce numéro, par la diversité des sujets traités, intéressera bien entendu les universitaires, mais également les professionnels des Ressources Humaines, curieux d’en savoir plus sur la formation continue.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Myriam Cholvy, « « L'essor de la formation continue », Regards Sociologiques, n° 41/42, 2011 », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 25 septembre 2012, consulté le 23 avril 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/9300 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.9300

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Rédacteur

Myriam Cholvy

Diplômée en traduction et en ressources humaines. Actuellement en poste dans les ressources humaines au sein d'une société internationale

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