Benoît Meyer, Dictionnaire du football. Le ballon rond dans tous ses sens

Texte intégral
1Sous le regard bienveillant des spotters, les kopites déploient le tifo bariolé des Reds dans le Spion kop d’Anfield Road et entament le You’llneverwalkalone. Pendant ce temps, les tifosi, dignes héritiers du pila paganica montrent que le 2e homme est bien là, supporter des rossoneri, en soufflant dans leurs vuvuzelas, faisant vibrer l’enceinte. Les teppisiti sont restés à la maison, écartés des tribunes pour la phase finale, afin d’éviter l’affrontement avec les hooligans. Ils pourront toujours suivre la retransmission en multiplex, en tripotant leurs paninis vintages…
2Assurément, si vous coincez sur plusieurs mots, et que vous êtes un fan de foot, ce dictionnaire du football peut vous convenir. Benoît Meyer découpe son ouvrage en quatre parties quantitativement inégales, conciliant une partie, la plus importante, un peu plus des 2/3 du livre, au dictionnaire lui-même, et trois autres parties, qui ont un caractère plus encyclopédique, consacrées aux clubs de football, aux stades et aux équipes nationales.
3La première partie, donc, est consacrée au dictionnaire lui-même, de 1-1-8 à zone technique. Vous pouvez ainsi apprendre, en début d’ouvrage, à mieux connaître les tactiques de jeu : de l’antique 1-2-7 aux plus récents 3-4-3 et au 4-3-2-1 utilisé par l’équipe de France en 1998. Vous pouvez savoir également à quelles équipes sont attribués des noms, par exempleles Aigles, les Aiglons, les Merengues, les Roja, les Galactiques, la Celeste, les BafanaBafana… Vous pouvez découvrir que les animaux sont très présents dans le football : l’aile de pigeon, le hérisson, le renard des surfaces, les crocodiles, le coup du crapaud, le corbeau, les condors, le bourrin, les fennecs, le ouistiti ou encore la panthère noire. Vous naviguez au sein de plusieurs langues : le pasuckuakohowog amérindien, le soccer d’Amérique du Nord, le cuju chinois, les torcidores brésiliens, le capocannoniero italien, l’asqaqtuk inuit, la bronca espagnole, la clericuscup du Vatican, la Mannschaft allemande, le penalty anglais… Vous y trouverez peut-être la poésie de certains termes comme la feuille morte, la flèche blonde, le major galopant, les sang et or, le pibe d’oro ou le pichichi. Évidemment, les mots d’argot sont également expliqués : pion, attentat, mine, manchot, balayeur, café-crème… et les antonomases comme une arconada, une panenka, une papinade. Il y a une petite place laissée au football féminin : avec un extrait d’une chanson de Mickey 3D pour définir la footballeuse : « Avec son petit chignon sur la tête/Et son petit short un peu serré/Ses chaussures blanches et ses chaussettes/Jusqu’auxgenoux bien remontées/La petite footballeuse de Sherbrooke/Avait les jambes un peu musclées », ou avec l’entrée par la coupe du monde féminine. Cette place peut être considérée comme insuffisante, notamment au regard du succès du football féminin au cours des jeux olympiques de 2012 et de son importance dans certains pays comme les États-Unis et le Japon.
4La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée aux 80 pays qui ont participé, au moins une fois, à une phase de la Coupe du Monde de football entre 1930 et 2010. Une fiche est précisée pour chaque pays. On y trouve entre autres le nombre d’habitants, de licenciés, le nom de l’équipe nationale, la description de la tenue, les participations à la Coupe du Monde, l’hymne, ainsi qu’un historique.
- 1 Bastien Drut, Économie du football professionnel, 2011. http://lectures.revues.org/5825
5La troisième partie s’intéresse aux clubs de football. L’auteur a sélectionné les clubs en fonction de leur notoriété : clubs français qui ont joué au moins une saison parmi l’élite depuis 1932, clubs européens africains sud-américains ayant gagné des coupes. En tout, 170 clubs sont présentés, avec leur origine, leur fondation, leur tenue, le nom de l’équipe, leur stade et leur palmarès. On trouve là également un petit historique pour chacun des clubs. Dommage qu’on ne trouve pas d’autres indications, plus économiques, sur leur statut juridique, leurs propriétaires… Éléments que l’on trouve dans l’ouvrage de Bastien Drut, « L’économie du football professionnel »1, par exemple.
6Enfin, la quatrième partie est consacrée aux stades, de l’Allianz Arena de Munich au temple du football, le stade de Wembley. On y trouve une courte présentation de 35 stades : emplacement, historique, capacité…
7On ne trouve pas d’entrées dédiées aux joueurs dans ce dictionnaire. L’auteur justifie ce choix par la difficulté de sélectionner des footballeurs parmi les nombreux joueurs de renom, et aussi par le fait que le football est avant tout un jeu collectif.
8Ce dictionnaire comprend un nombre relativement modéré d’entrées. Il apporte, par conséquent, des informations utiles pour les amateurs de football peu éclairés, mais s’avère plutôt décevant pour ceux qui possèdent déjà une connaissance, même non encylopédique, de ce sport. Il peut être un support pour des étudiants ou des chercheurs qui aborderaient de façon occasionnelle ce domaine sportif. Il ne s’agit pas non plus d’un dictionnaire critique. Ainsi, on ne trouvera pas d’entrée correspondant au racisme, malgré l’existence de nombreuses associations dans le football comme « non-au-racisme » en France, ou kick out racism en Angleterre, l’organisation du MondialiAntirazzisti qui existe depuis 14 ans ou encore le network Fare. On ne trouvera rien également sur l’homophobie, bien qu’il existe, là aussi, de nombreuses associations, comme Paris Foot Gay, ou l’opération Carton Rouge à l’Homophobie qui a le soutien de clubs comme le PSG ou de la LFP. Reconnaissons toutefois qu’il existe une entrée « corruption » et que le terme est évoqué à l’occasion de l’entrée « FIFA ».
Notes
1 Bastien Drut, Économie du football professionnel, 2011. http://lectures.revues.org/5825
Haut de pagePour citer cet article
Référence électronique
Jacques Ghiloni, « Benoît Meyer, Dictionnaire du football. Le ballon rond dans tous ses sens », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 17 août 2012, consulté le 26 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/8959 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.8959
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page