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Manon Masse, Geneviève Petitpierre, La maltraitance en institution. Les représentations comme moyen de prévention

Maud Bernard d'Heilly
La maltraitance en institution
Manon Masse, Geneviève Petitpierre (dir.), La maltraitance en institution. Les représentations comme moyen de prévention, IES/HETS, coll. « Centre de recherche sociale », 2011, 297 p., ISBN : 9782882240927.
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Texte intégral

1La maltraitance dont il est question dans cet ouvrage est celle exercée à l’encontre des personnes présentant une déficience intellectuelle (DI).

  • 1  On pense notamment à Asiles d’Erving Goffman.

2Alors que les pratiques à tendance totalitaire dans les institutions, sur des plans administratifs, symboliques ou physiques, ont été identifiées depuis des décennies1, les recherches actuelles montrent que les personnes en situation de handicap ont une vulnérabilité accrue à la maltraitance, celle-là n’étant cependant pas proportionnelle à la gravité de la DI. Or l’impact de la maltraitance est massif sur la vie psychologique et la vie quotidienne de la personne avec une DI qui en est victime.

  • 2  MASSON, Manon, PETITPIERRE, Geneviève (dir.) (2011), La maltraitance en institution. Les représent (...)

3Cependant, la maltraitance envers les personnes souffrant d’un handicap mental fait encore l’objet de relativement peu de recherches théoriques. Alors qu’elle est complexe de part les nombreux facteurs et les représentations subjectives qui l’influencent, un flou persiste quant à sa définition. De plus, aborder le thème de la maltraitance est perçu comme une menace potentielle pour « l’image et l’identité institutionnelles et/ou personnelles »2.

  • 3  Idem,  p. 27.
  • 4 Idem,  p. 51.

4Ainsi, pour les auteures, la maltraitance n’est pas « une réalité scientifiquement définie ». Se basant sur le concept de représentation sociale d’Abric, elles cherchent dès lors à « déterminer les caractéristiques qui […] contribuent de façon plus ou moins déterminante au noyau représentatif de la maltraitance ainsi qu’à ses éléments périphériques »3, « dans le but de prévenir les violences pouvant survenir dans les interactions éducatives en milieu institutionnel »4.

  • 5 Idem,  p. 13.

5L’équipe de recherche a utilisée une méthodologie participative qui a impliqué trois catégories d’acteurs - des personnes présentant une déficience intellectuelle, des parents, et des professionnels travaillant dans les deux institutions se situant dans les cantons suisses de Vaud et de Genève. Des scénettes vidéos fictives, mais proches de la vie quotidienne en institution et présentant des comportements ambigus, ont permis aux différents groupes, séparément puis en commun, de discuter autour du thème de la maltraitance : les participants ont identifié des critères qui permettent de décrire la maltraitance, exploré des facteurs de risque et de protection et enfin recherché des « mesures concrètes visant à prévenir l’apparition ou à réduire les conséquences de phénomènes de maltraitance »5.

  • 6  L’intérêt des présentations multimédia des recherches scientifiques est manifeste à la lecture de (...)

6L’ouvrage, qui a pour but de présenter cette recherche-action, s’articule autour de quatre grandes parties : les perspectives théoriques dans lesquelles s’inscrit la recherche, la méthode employée, les résultats et les conclusions de la recherche. Les annexes, conséquentes, permettent notamment d’avoir accès à la transcription des scénettes – centrales dans le dispositif de recherche – et à des restitutions de travaux de groupes6.

7La distinction entre la prévention passive (juridique) et active (faisant participer les personnes concernées à leur propre sécurité) et l’exposé des différentes formes de prévention active sont particulièrement intéressants. Mais c’est la présentation même de la recherche-action menée qui éclaire sans doute le mieux le concept de prévention active, dans la mouvance de « l’éducation par le risque », tout comme ses difficultés, ses potentialités et sa complémentarité avec la prévention passive – une analyse juridique des scénettes utilisées est d’ailleurs proposée dans le chapitre sur les résultats.

  • 7  « [L]a définition sur laquelle débouche le groupe de recherche autour des deux initiatrices, corre (...)

8Plus que pour les résultats de la recherche sur la qualification de maltraitance, qui au final corroborent des positions déjà présentes dans la littérature existante7, et dont la présentation exhaustive par différentes entrées (acteurs, thèmes) est parfois répétitive, l’ouvrage est ainsi spécialement intéressant pour la méthodologie de recherche-action de prévention active qu’il présente. D’abord, les différentes étapes nécessaires à une recherche participative avec des personnes en situation de handicap, et sur un thème qui peut facilement être biaisé, tel que la maltraitance, sont détaillées : questions de recherches et hypothèses, paradigmes théoriques sous-tendant la recherche, dispositif choisi pour aborder les représentations et test du dispositif, précautions éthiques, sélection des participants, déroulement de la recherche et analyse qualitative et quantitative du corpus de données. Mais surtout, c’est l’expérience de prévention active avec des personnes en situation de handicap mental qui est particulièrement intéressante alors que les travaux publiés sur le sujet restent peu nombreux.

  • 8  Ibid., p. 233.

9Outre les dispositifs de prévention à renforcer ou développer – la place centrale à accorder à la personne en situation de handicap et à ses ressources couplée à une attention particulière aux accompagnants et aux conditions organisationnelles, les mesures de signalement, les dispositifs d’aide aux victimes et aux personnes ayant commis un acte d’abus, l’implication des différents sous-systèmes potentiellement facteurs de risques ou de protection – cet ouvrage met en lumière les retombées possibles d’une recherche-action dans le cadre de la prévention active : une élaboration des connaissances autour du concept de maltraitance, une certaine modification des pratiques à court terme et la volonté de continuer la réflexion et l’amélioration des mesures de prévention au-delà de la recherche. Il souligne ainsi « les apports et les synergies entre le milieu de la recherche et le milieu des pratiques dans le champ du travail social »8.

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Notes

1  On pense notamment à Asiles d’Erving Goffman.

2  MASSON, Manon, PETITPIERRE, Geneviève (dir.) (2011), La maltraitance en institution. Les représentations comme moyen de prévention, IES Editions, Collection du Centre de Recherche Social, n°8, p. 16.

3  Idem,  p. 27.

4 Idem,  p. 51.

5 Idem,  p. 13.

6  L’intérêt des présentations multimédia des recherches scientifiques est manifeste à la lecture de l’ouvrage. La conception de matériel vidéo-théâtre pour la formation de travailleurs sociaux, évoquée comme une des retombées de la recherche, va dans ce sens.

7  « [L]a définition sur laquelle débouche le groupe de recherche autour des deux initiatrices, correspond aux éléments mentionnés de la définition du Conseil de l’Europe. » Pr Michel Mercier dans la préface de l’ouvrage, p. 7.

8  Ibid., p. 233.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Maud Bernard d'Heilly, « Manon Masse, Geneviève Petitpierre, La maltraitance en institution. Les représentations comme moyen de prévention », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 24 août 2011, consulté le 14 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/6165 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.6165

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