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Gilles Pinte, La CFTC. CFDT et la formation permanente - Le passage de l'éducation permanente à l'éducation continue

Cédric Frétigné
La CFTC
Gilles Pinte, La CFTC. CFDT et la formation permanente - Le passage de l'éducation permanente à l'éducation continue, L'Harmattan, coll. « Histoire et mémoire de la formation », 2007, 228 p., EAN : 9782296040717.
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Texte intégral

  • 1 Boltanski L., Thévenot L. (1991), De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallima (...)
  • 2 Palazzeschi Y. (1998), Introduction à une sociologie de la formation. Anthologie de textes français (...)

1Comment la CFTC d'abord puis, à partir de 1964 et le mouvement de déconfessionnalisation, la CFDT ensuite, se sont-elles positionnées sur le sujet de la formation des adultes ? Fondé sur une étude documentaire (rapports de congrès, motions, littérature syndicale), l'ouvrage de Gilles Pinte restitue les continuités et ruptures qui ont marqué l'histoire de ces deux confédérations syndicales face à la question de la formation. Pour ce faire, l'auteur opte pour une grille de lecture inspirée des économies de la grandeur promues par Luc Boltanski, Laurent Thévenot puis Ève Chiapello1 et pour une démarche sociohistorique reprenant une partition travaillée par Yves Palazzeschi2. Formulée d'abord en termes conventionnalistes, la thèse maîtresse de Pinte peut s'énoncer ainsi : la CFDT est passée d'une référence, à titre principal, aux cités « civique » et « inspirée » dans les années 70 aux cités « marchande » et « industrielle » dans les années 80 et 90 pour aujourd'hui adhérer à la cité « par projet ». Dit ensuite avec les mots de Palazzeschi, on observe la prééminence progressive, en matière de formation d'adultes, des logiques issues du monde du travail, au détriment de celles promues dans les milieux éducatifs et culturels.

2Cette première chronologie donne à penser que des périodes étanches se succèdent, sans solution de continuité et que des ruptures brutales s'opèrent. Gilles Pinte observe bien des tournants majeurs. La période des années 70 est clairement marquée par le poids des idéologies contestataires, la force des idées autogestionnaires, la promotion d'un « socialisme démocratique » non dénué parfois de flirts avec la pensée marxiste. Les années 80 et suivantes sont, quant à elles, marquées par un grand pragmatisme (reconnaissance du rôle de l'entreprise comme lieu de formation, valorisation de la négociation sociale, insistance sur le réalisme des propositions qui doivent conduire à la réforme). Quant aux années 2000, elles sont, par certains côtés, analysées comme une reprise de certains mots d'ordre patronaux (la logique de la compétence est valorisée au détriment de celle de la qualification par exemple) et la volonté de nourrir une pratique syndicale devant aboutir au consensus.

3En sous-main, la CFDT est néanmoins travaillée par des références qui, de près ou de loin, fondent un socle des valeurs. En dépit du mouvement de déconfessionnalisation observé voici plus de quarante ans, on ne saurait ignorer la prégnance des idéaux empruntés au christianisme social, au personnalisme en particulier, et la valorisation de l'individu inséré dans un collectif qui lui est associé. C'est de ce maillage (des fondamentaux de la pensée cédétiste et des déplacements au fil du temps des positions) que naît l'originalité du propos de la CFDT sur la formation des adultes.

4L'ouvrage de Gilles Pinte donne à voir combien les idées aussi convenues aujourd'hui que celle considérant la formation des adultes comme une panacée universelle propre à résoudre tout un ensemble de maux sociaux a une histoire et qu'elle ne s'est pas imposée sans peine. Singulièrement, le cas de la CFTC atteste d'une valorisation extrême de l'apprentissage des jeunes dans les années 40 et 50 et d'une défiance à l'endroit des premières actions menées en direction des adultes, dites de « formation professionnelle accélérée » (FPA). Il faudra donc un aggiornamento d'importance pour que la formation des adultes s'insinue, sinon comme une priorité confédérale de la future CFDT, comme un sujet à prendre sérieusement en considération.

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Notes

1 Boltanski L., Thévenot L. (1991), De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard coll. « NRF essais », 483p. ; Boltanski L., Chapiello È. (1999), Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard coll. « NRF essais », 843p.

2 Palazzeschi Y. (1998), Introduction à une sociologie de la formation. Anthologie de textes français 1944-1994. Volume 1. Les pratiques constituantes et les modèles, Paris, L'Harmattan coll. « Éducation et formation », 267p.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Cédric Frétigné, « Gilles Pinte, La CFTC. CFDT et la formation permanente - Le passage de l'éducation permanente à l'éducation continue », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 10 février 2008, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/531 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.531

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Rédacteur

Cédric Frétigné

Cédric Frétigné est maître de conférences en sciences de l'éducation à l'Université Paris-XII Val-de-Marne, et membre du laboratoire Genre, Travail et Mobilités (Université Paris-X Nanterre).

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