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Josiane Stoessel-Ritz et Maurice Blanc (dir.), Comment former à l’économie sociale et solidaire ?

Florian Barès
Comment former à l'économie sociale et solidaire ?
Josiane Stoessel-Ritz, Maurice Blanc (dir.), Comment former à l'économie sociale et solidaire ?, Rennes, Presses universitaires de Rennes, col. « Économie, gestion et société », 2020, 354 p., préf. Marguerite Mendell, post. Jean-Louis Laville, ISBN : 9782753579163.
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1Cet ouvrage collectif, le premier à notre connaissance à traiter du sujet, est issu des contributions présentées lors du forum international de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui s’est déroulé à Marrakech en mai 2017. Événement coorganisé par l’université de Marrakech et l’université de Haute Alsace, rassemblant quatre réseaux d’enseignants chercheurs (le réseau de recherche développement durable et lien social, le Réseau inter-universitaire de l’ESS, le Réseau marocain de l’ESS et le Réseau africain de l’ESS). Ces rencontres ont vu se dérouler en parallèle un forum d’acteurs ESS originaires de 22 pays du Nord et du Sud et un événement académique : la 17e édition des rencontres inter-universitaires de l’ESS. L’ambition donnée au forum par les organisateurs est de « trouver un langage commun pour décloisonner, coconstruire et transmettre les savoirs de l’ESS ». Les acteurs et chercheurs qui se sont succédé pour présenter une centaine de contributions étaient invités à répondre à la question qui donne son titre à l’ouvrage : « comment former à l’économie sociale et solidaire ? ».

2Josiane Stoessel-Ritz et Maurice Blanc ont choisi 20 contributions, organisées en trois parties. La majorité sont des monographies présentant des dispositifs ou des expériences de formation à l’ESS en France, en Afrique et en Amérique latine, où les contributeurs ont eu un rôle actif. En effet, l’ensemble des contributions s’inscrit dans une approche épistémologique associant les différentes parties prenantes dans la construction de la recherche, recherche qui doit permettre la transformation du réel. La préface de Marguerite Mendell, la postface de Jean-Louis Laville ainsi que la contribution de Laurent Fraisse viennent appuyer et argumenter cette démarche. La volonté de positionner l’ESS comme porteuse d’« utopies concrètes » se retrouve dans les contributions de Frédéric Caille et Tom Store, réunies dans la première partie.

3L’introduction et la première contribution affinent la question de départ en nous proposant une réflexion sur les enjeux de la formation à l’ESS et sur l’approche pédagogique la plus à même de résoudre les contradictions que porteraient les projets d’ESS :promouvoir les intérêts financiers contre les valeurs humanistes, l’utilité à court terme face à l’utilité à long terme, et favoriser l’individuel contre le collectif. Josiane Stoessel-Ritz et Maurice Blanc affirment l’inadaptation des pédagogies institutionnelles axées sur l’individu et la concurrence dans l’apprentissage nécessaire à la gestion de ces paradoxes. Pour eux, les pédagogies coopératives inspirées de Freinet, Montessori et Freire, axées sur le collectif et la coopération entre individus, sont les plus efficientes que les pédagogies dites « institutionnelles ». Les auteurs poursuivent leurs propos en pointant les freins à la diffusion de ces pratiques : lourdeur administrative et évaluation individuelle des formations institutionnelles, réticence aux changements des apprenants et des enseignants, entre autres. Pour dépasser ces conflits, les auteurs proposent de mettre en place des « transactions sociales » entre ces deux modèles, ce qui rendrait possible « l’utopie concrète ». Pour étayer leurs propos, Blanc et Stoessel-Ritz décrivent l’expérience du master ESS dont ils sont les fondateurs à l’Université de Haute Alsace, lequel met en œuvre des pédagogies coopératives. Quatre contributions de l’ouvrage proviennent d’ailleurs d’enseignants et d’intervenants qui présentent les outils et pratiques développés au sein de cette formation.

4La co-construction des apprentissages par les parties prenantes et l’utilisation des pédagogies coopératives sont les deux axes poursuivis dans la seconde et la troisième partie. Celles-ci regroupent la majorité des contributions présentant des monographies de pratiques pédagogiques. La seconde partie développe des pratiques hors des institutions scolaires et universitaires, la troisième en présente d’autres qui se déroulent à l’université. Ces expériences concernent des formations pour adultes ou adolescents : étudiants français et marocains, agriculteurs du Chili, vendeuses de Côte d’Ivoire, jeunes membres des Coopératives Jeunes de Services. Au travers de ces contributions, les auteurs décrivent comment l’utilisation des pédagogies coopératives permet d’acquérir les « compétences citoyennes » nécessaires au fonctionnement démocratique des collectifs porteurs d’initiatives ESS. Ces compétences viennent compléter les compétences techniques et gestionnaires nécessaires au fonctionnement économique des projets ESS. Cependant, les auteurs ne cantonnent pas l’apprentissage des compétences citoyennes à un module spécifique. En effet, plusieurs contributions décrivent la mobilisation de ces pédagogies dans l’ensemble des apprentissages présents dans une formation à l’ESS, par exemple : la gestion des ressources humaines, évoquée par Monique Combes-Joret, et l’anglais, abordé par Brett Johnson.

5L’argumentaire sur la mobilisation des pédagogies coopératives dans la formation à l’ESS et plus globalement dans les formations universitaires apparaît convaincant. Cependant, l’ouvrage ne présente qu’une partie de la formation ESS. En effet, nous ne retrouvons aucune contribution traitant des pratiques de formations portées par l’économie sociale institutionnelle (coopérative agricole et bancaire, mutuelle d’assurance et de santé, association gestionnaire, …), les écoles de commerce et l’entrepreneuriat social. À notre sens, deux questions complémentaires auraient mérité des contributions dédiées : pourquoi doit-on former à l’ESS et quelles sont les compétences spécifiques à transmettre dans une formation à l’ESS ?

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Referencia electrónica

Florian Barès, « Josiane Stoessel-Ritz et Maurice Blanc (dir.), Comment former à l’économie sociale et solidaire ? », Lectures [En línea], Reseñas, Publicado el 24 agosto 2020, consultado el 11 diciembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/43222 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.43222

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Redactor

Florian Barès

Doctorant en sociologie à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ).

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