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La crise du Covid vue par le monde de la recherche

La crise du Covid vue par le monde de la recherche

Volet V
Dir. : Alain Faure
Alain Faure (dir.), « La crise du Covid vue par le monde de la recherche. Volet V », Le virus de la recherche, 2020, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble.
Notice publiée le 08 juin 2020

Présentation de l'éditeur

À l’initiative de Ségolène Marbach, directrice éditoriale des PUG, l’opération « Le Virus de la recherche », coordonnée par Alain Faure (Science Po Grenoble), est le fruit d’une démarche collective d’auteurs. Elle rassemble des textes courts, grand public, écrits par des chercheurs, toutes disciplines confondues, sur la pandémie Covid-19.

- Un moment décisif pour se réapproprier la métropole ?, Cynthia Ghorra-Gobin, géographe
La pandémie de Covid-19 qui a débuté en France au début de l’année 2020 peut être perçue comme un risque inhérent à la mondialisation et certains n’ont pas hésité à en profiter pour dénoncer les processus d’urbanisation et de métropolisation, en les qualifiant de creusets de la crise sanitaire. Cette critique acerbe de l’urbain ne date pas vraiment de cette période de confinement, partagée avec plus de 3 milliards de personnes dans le monde. Elle s’inscrit dans la lignée de la polémique soulevée par la mobilisation sociale des « Gilets jaunes » dès l’automne 2018. Elle se traduit par une opposition entre les métropoles et les territoires non‑métropolitains, les premiers incarnant le développement économique national et recevant toute l’attention des pouvoirs publics au détriment des seconds.

La prospective au temps du coronavirus, Martin Vanier, géographe
La science de la catastrophe ne fait pas la politique de la catastrophe, pas plus que la prévision ne fait le futur. Le XXe siècle a inventé la prospective, le XXIe l’enterrera‑t‑il ? Deux constats expliquent cette interrogation : le poids croissant de la science dans l’acte politique (autrement dit le primat de la prévision sur la prospective) et la fonction majeure prise par la catastrophe (crise globale, collapsus, effondrement) dans l’imaginaire du futur. Deux constats qui ont triomphé avec le Covid‑19, événement prévu par les experts, qui aura pourtant surpris et bouleversé l’immense majorité des pays et des sociétés.

L’Europe sanitaire et sociale à l’épreuve du virus, Olivier Giraud, Nikola Tietze et Camille Noûs, politiste, sociologue et scientifique
La crise du Covid-19 rappelle que l’européanisation des relations sociales dépasse de loin les échanges marchands. Pour les spécialistes de la comparaison des systèmes d’action publique dans le domaine sanitaire et social en Europe que nous sommes, la dimension transnationale et européenne des phénomènes est devenue une évidence. Les informations ancrées dans le cadre national qui nous parviennent à l’occasion de la crise du Covid‑19 ont modifié nos points de repère. Pourtant, dans un monde si densément interconnecté et tout spécialement dans l’Union européenne (UE), la gestion des conséquences de la pandémie requiert des coordinations entre États qui sont précisément appuyées sur des connaissances produites à l’échelon international et européen.

- Les logiques psychosociales du tri des patients, Lionel Dany, Barthélémy Tosello et Léa Restivo, chercheurs en psychologie sociale
La question du tri des patients au sein des services de réanimation s’est imposée assez vite dans l’actualité du coronavirus en France. À partir de mi‑mars, plusieurs médias nationaux se sont fait l’écho de cette pratique qui se retrouve dans une multiplicité de contextes médicaux, des plus extrêmes (médecine humanitaire, catastrophes, pandémies) aux plus classiques (greffe d’organes, essais cliniques en cancérologie). Dans l’espace social, le tri est appréhendé comme une impossibilité d’accéder à des soins que, bien souvent, les citoyens envisagent comme relevant d’un droit.

- Sortie de crise : l’expérience de 2008, Pascal Petit, économiste
L’ampleur que va prendre cette crise en 2020 tient beaucoup à la façon très imparfaite dont nous sommes sortis de la crise financière globale de 2008. Partir de l’idée que la crise du coronavirus est un choc exogène nous fait courir le risque de mal en préparer la sortie. Cela est d’autant plus inquiétant que ce choc « insidieux » va entraîner des interventions de l’État à des niveaux dépassant ceux de la crise financière globale de 2008, voire de la crise de 1929 qui auront des conséquences durables. Selon l’hypothèse la plus communément admise, l’origine de la crise sanitaire du Covid‑19 est liée aux dégâts provoqués par une déforestation et une urbanisation croissante, multipliant les contacts entre souches de virus et milieux humains. La mobilité accrue des personnes et des biens dans le contexte actuel de mondialisation facilite la diffusion de la contamination avec une rapidité qui rend illusoire toute tentative d’isolement.

- L’attitude prospective en période pandémique, Sylvaine Mercuri Chapuis, chercheure en science de gestion
2020. Le temps s’est accéléré, mon environnement a changé. Sans savoir ce qui va se passer demain, il faut continuer à lâcher prise pour pouvoir anticiper. Vendredi 13 mars 2020 : « Jusqu’à nouvel ordre, l’école est fermée. Prenez vos ordinateurs et rentrez chez vous, le télétravail, lorsqu’il est possible, est généralisé ! » Le mot d’ordre étant donné, s’ensuit une incertitude profonde. Que va‑t‑il se passer ? Suis‑je contaminée, l’ai‑je été ? Qui, dans mon environnement direct a été, est ou sera touché ? Pourrais‑je l’accompagner dignement si un membre de ma famille, un collègue succombe ? Est‑ce que je vais perdre mon emploi ? Est‑ce que je dois tout de même y aller ? Va‑t‑il falloir que je me reconvertisse ? Ai‑je les moyens de le faire ? Tout ce que j’avais planifié tombe à l’eau. Je ne peux plus sortir, les lieux de rencontres sont fermés, l’espace public n’est plus autorisé et je reste entre quatre murs.

Tintamarre et Bulalakaw : parer au Covid par le rituel, Frédéric Laugrand, Anthropologue
La gestion de la crise sanitaire du Covid-19 en Europe peut elle-aussi se lire comme un vaste rite occasionnel dont les séquences se télescopent. L’africaniste Luc de Heusch, l’un des plus grands anthropologues belges du XXe siècle, définissait les rites comme « un projet d’ordre pour défendre ou restaurer l’être dégradé, accroître son potentiel vital ou, inversement, détruire l’être‑de‑l’autre ».Il proposait de distinguer trois types d’action : des rites cycliques de l’ordre de la structure (les fêtes de Noël, par exemple) ; des rites de passage ou transitifs liés à un temps irréversible (comme l’initiation des jeunes ou les anniversaires) ; et des rites occasionnels qui offrent une parade aux dérèglements historiques de l’ordre collectif et cyclique. Avec la crise du Covid‑19, ces derniers ont le vent en poupe. Ils s’observent dans plusieurs régions de la planète. 

Le savoir profane et les promesses de la démocratie technique, Sylvie Brochot, Ingénieure honoraire des corps techniques de l’État, diplômée en science politique (UGA)
La crise du Covid‑19 touche un tel enchevêtrement d’enjeux scientifiques, économiques et sociaux que les seuls savoirs scientifiques et techniques ne sauraient en venir à bout. Les gouvernants doivent faire face à une intense complexité, à une grande incertitude, à l’instabilité des phénomènes. Face au risque sanitaire généré en cette fin d’hiver 2020 par l’irruption du virus Covid‑19, l’action publique s’exerce au sein de configurations marquées par la complexité et l’incertitude. Dans ce contexte, la mobilisation des savoirs et leur articulation à la décision politique sont cruciales. Au cours des dernières décennies, cette question des savoirs a suscité des recherches en sciences sociales, principalement autour de l’expertise et du possible avènement d’une « démocratie technique ». À partir de ces travaux, des préconisations et bonnes pratiques ont été élaborées. De nombreux secteurs de l’action publique, aux différentes échelles territoriales, s’en sont progressivement emparés (environnement, nouvelles technologies, etc.).

Covid-19, cagnottes et marchandisation, Amélie Artis et Virginie Monvoison, Économistes
Au‑delà de la simple innovation technologique, les plateformes de dons et autres cagnottes contribuent à une transformation plus profonde de la société et interrogent les principes du don, de la solidarité et de la redistribution. La crise sanitaire actuelle révèle et accélère des transformations en cours dans notre société. Dans ce contexte, les cagnottes et autres initiatives financières alternatives se multiplient et mobilisent une foule d’individus pour tenter de répondre aux problématiques économiques et sociales qui commencent à se poser. Elles proviennent de particuliers ou d’entreprises, pour soutenir une association ou une activité marchande. Elles se déclinent par territoire (Gard, Quimper, Amiens, etc.), elles s’articulent autour d’activités spécifiques (sport, aide alimentaire, personnels soignants CHU Montpellier, etc.) et elles sont initiées par des communautés variées (sportifs, habitants, métiers, réseaux sociaux, etc.).               

Le funéraire, une autre « première ligne », Pascale Trompette et Victor Potier, Sociologues
La crise sanitaire provoquée par le Covid‑19 a fait sortir bon nombre de « premières lignes » dans l’espace public : éboueurs, caissie·res, agent·es d’entretiens, routiers, personnels soignants, surveillant·es pénitentiaires… mais aussi professionnels du secteur funéraire. En effet, l’entrée en scène du virus a entravé et transformé les conditions de traitement des défunts et la prise en charge des familles. Partout les opérateurs funéraires se sont préparés à la survenue d’un pic de mortalité et ont inventé en situation des protocoles techniques pour gérer le risque lié à la menace de contamination. Mais le coronavirus n’a pas seulement révélé les contraintes quotidiennes d’un métier opérant en coulisse. En contrepoint, certaines évolutions initialement inscrites dans la lente temporalité de la sociologie du funéraire s’accélèrent, comme la dématérialisation de la relation de service, la personnalisation de l’hommage, ou encore la hausse de la crémation.

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Notes de la rédaction

Cette collection d'ouvrages, disponible sur https://www.pug.fr/collection/113/le-virus-de-la-recherche, est consultable au format numérique. Seule cette version numérique de la publication est disponible pour la rédaction d'un compte rendu. Les rédacteurs et rédactrices peuvent concentrer leur compte rendu sur quelques titres seulement. 

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