La crise du Covid vue par le monde de la recherche
Présentation de l'éditeur
À l’initiative de Ségolène Marbach, directrice éditoriale des PUG, l’opération « Le Virus de la recherche », coordonnée par Alain Faure (Science Po Grenoble), est le fruit d’une démarche collective d’auteurs. Elle rassemble des textes courts, grand public, écrits par des chercheurs, toutes disciplines confondues, sur la pandémie Covid-19.
- Les enjeux économiques de la résilience urbaine, Magali Talandier, économiste
La notion de résilience pour qualifier la capacité d’une ville à affronter un choc, y compris économique, n’est pas nouvelle, mais elle revêt, en pleine crise du coronavirus, une dimension toute particulière. Les villes, en tant que systèmes urbains, ont toujours été au cœur des bouleversements que les sociétés ont connus. Pour autant, les fondements du paradigme économique qui gouverne les villes sont restés les mêmes. L’essor des capacités productives exportatrices et l’accroissement des valeurs ajoutées guident encore l’action locale en matière d’économie. Corollaire d’un monde globalisé qui atteint ses limites, la crise sanitaire ébranle ces fondamentaux et en demande une révision profonde. Ainsi, au cœur de la crise, les ambitions de relocalisation industrielle, de souveraineté économique, d’autonomie alimentaire semblent avoir remplacé (au moins temporairement) celles liées à la croissance et à la compétitivité.
- Avec le coronavirus, des Européens plus solidaires ou plus individualistes ?, Pierre Brechon, politiste
Les valeurs évoluent lentement et ne sont pas forcément remodelées durablement quand la vie quotidienne reprend ses droits et que les vieilles habitudes se réinstallent. Avec la crise du coronavirus, les Européens vont‑ils se montrer plus solidaires des autres et plus ouverts sur leur entourage ou au contraire plus individualistes et plus centrés sur leur intérêt personnel ? La réponse à cette question n’est pas simple. On sait qu’en période de guerre, on observe des évolutions contrastées. Les événements amènent certains à se mobiliser pour défendre le pays et soigner les blessés, pour s’entraider dans la vie quotidienne, alors que d’autres peuvent surtout penser à profiter de la situation et à spéculer sur les pénuries de produits pour faire des affaires.
- Aider la presse à lutter contre le virus des fake news, Pauline Amiel, journaliste, chercheure en science de l’information et de la communication
Les médias restent plus que jamais un refuge pour obtenir des informations fiables dans cette période troublée. Depuis le début de la pandémie, la consommation d’informations en ligne, télévisée et radiophonique augmente. Et même si la défiance envers les médias s’exprime toujours dans les sondages, ils restent plus que jamais un refuge pour obtenir des informations fiables dans cette période troublée. Le public cherche à comprendre, à lire des analyses pour appréhender la pandémie et à préparer le monde d’après.
- Signes annonciateurs d’une relève de transformation, Sylvie Blanco, Stéphane Malka et Agnès Braize, chercheurs en science de gestion et en innovation
La crise du COVID‑19 met en lumière l’urgence de questionner les modes de préparation de la relève, en portant une attention spécifique à l’intégration des jeunes dans les entreprises. D’un côté, comme l’affirme J. Rifkin dans son ouvrage Le New Deal vert mondial, il est attendu d’eux qu’ils transforment le monde dans les vingt ans à venir, les plus anciens en étant incapables. De l’autre, on peut lire dans une dépêche AEF du 15 avril 2020, qu’ils sont une « génération sacrifiée » sur le marché du travail, l’emploi s’écroulant pour une durée inconnue. Face à ce dilemme, n’y aurait‑il pas une voie d’intégration professionnelle propice à l’épanouissement d’une relève de transformation ?
- L’accessibilité, véritable enjeu de société, Serge Ebersold, sociologue
La distanciation sociale fait de l’accessibilité un enjeu de premier plan dans un contexte de confinement généralisé. Cet enjeu est celui de l’accès aux droits et aux formes de protection qui l’accompagnent. L’inaccessibilité des soins restreint le droit aux soins, au risque d’aggraver l’état de santé des personnes. De la même manière, l’inaccessibilité des sites numériques (ou de l’information) rend plus délicat l’accès aux prestations sociales ou aux aides et limite l’accès aux droits sociaux, dans un contexte où le nombre de personnes qui en auraient besoin augmente. L’absence de suivi à domicile ou l’inaccessibilité des modalités d’accompagnement proposées aux personnes vulnérables restreint leurs droits individuels et renforce leur exposition à la vulnérabilité.
- Religion et sécularisme au temps du coronavirus, Alexis Artaud de la Ferrière, sociologue
Au temps du coronavirus, l’individu est dépourvu de sa souveraineté sur son corps : sa santé personnelle n’est plus un simple attribut privé, mais devient un bien commun. Alors que de nombreux États cherchent à endiguer la pandémie du Covid‑19 en interdisant réunions publiques et activités collectives, les conséquences de telles interdictions sur le domaine du religieux suscitent des interrogations fondamentales relevant du droit, du sens social et de l’autonomie morale des individus. En effet, si l’épidémiologie ne distingue pas entre la promiscuité des corps dans une salle de classe, une réunion de travail, ou une assemblée religieuse, ces lieux ne sont pas moins investis, chacun, de systèmes de sens et de valeurs symboliques distincts.
- Faire face à la désorientation stratégique des entreprises, Thomas Gauthier, chercheur en stratégie, docteur en médecine et ingénieur en informatique
Malgré la désorientation stratégique qui touche leurs dirigeants, de nombreuses entreprises ont néanmoins déjà commencé à se transformer en renonçant à certaines activités et en en réinventant d’autres. La catastrophe sanitaire sans précédent que nous vivons en France, en Europe et dans le monde depuis plusieurs semaines ne cesse de faire de nouvelles victimes et pousse les systèmes publics de santé dans leurs retranchements. À cette première crise vient s’ajouter une seconde, économique celle‑là. Chaque jour, chaque heure, apporte son lot de nouvelles au sujet des difficultés auxquelles font face les entreprises. Et pourtant, force est de constater que la plupart des travaux, propositions, et contributions intellectuelles sur le sujet depuis plusieurs semaines s’adressent soit aux dirigeants publics nationaux et internationaux (l’échelle macro), soit aux individus (l’échelle micro).
- La confiance politique en temps de crise, Fanny Lalot, Alain Quiamzade et Dominic Abrams, chercheurs en psychologie sociale
Même des mesures adéquates d’un point de vue sanitaire ne seront pas forcément efficaces sur le terrain in fine. Elles doivent également être acceptées et suivies par la population. Alors que nous écrivons ces lignes, le monde fait face à la pandémie de Covid‑19. Si la situation relève avant tout d’une crise sanitaire, elle est également une crise politique. En effet, les décisions concernant les mesures à suivre sont généralement prises par les gouvernements. Elles doivent également être acceptées et suivies par la population. Interviennent donc des facteurs psychologiques relatifs au rapport entre l’autorité et la population qu’elle vise à convaincre. Nous allons nous concentrer sur un facteur : la confiance politique, définie comme la « foi que les individus placent dans leur gouvernement ».
- Un Carême connecté, Bénédicte Rigou-Chemin, anthropologue
Ce qui s’est joué pour la messe dominicale pouvait-il s’appliquer également à la période du Carême ? Cette période singulière présentait l’opportunité d’observer à chaud, en ethnographe, la capacité de la communauté catholique de développer de nouveaux usages en l’absence de lieux de culte accessibles. Avec le confinement, toutes les célébrations religieuses, à l’exception des funérailles, ont été suspendues. Une grande majorité de pratiquants se sont alors tournés vers la messe télévisée de France 21. D’autres ont opté pour des célébrations maison, recréant ainsi des microchapelles domestiques. Comment dans le temps de Carême particulier qu’ils ont traversé, les catholiques ont‑ils repensé leur pratique ?
- Le stade d’après, Jean-Michel Roux, Natalia De Melo, Cristiane Duarte et Elson Pereira, urbanistes et géographes
À partir d’études comparatives menées entre la France et le Brésil, ce texte imagine les effets potentiels de la pandémie sur le football en 2050. Trente ans déjà avant le coronavirus, qui a tant bouleversé nos vies, nos villes et nos stades, la tragédie d’Hillsborough en Angleterre et le rapport du juge Taylor qui s’était ensuivi avaient engendré un profond mouvement de construction et de rénovation de stades prenant en compte les nouvelles normes de sécurité, souvent en s’éloignant des centres‑villes. Il en était ressorti une nette amélioration de la qualité construite des stades, une attention nouvelle pour l’expérience client (confort de vision et d’assise, restauration, connectivité, etc.) en contrepartie d’un appauvrissement certain des ambiances.
Notes de la rédaction
Cette collection d'ouvrages, disponible sur https://www.pug.fr/collection/113/le-virus-de-la-recherche, est consultable au format numérique. Seule cette version numérique de la publication est disponible pour la rédaction d'un compte rendu. Les rédacteurs et rédactrices peuvent concentrer leur compte rendu sur quelques titres seulement.
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