Présentation de l'éditeur
En 1990, en pleine épidémie de sida, des prostituées interpellent les pouvoirs publics sur leur santé et les conditions d'exercice de leur métier. Leur action conduira à la création du Bus des femmes en 1991. Un document historique rarissime qui témoigne de l'histoire des mobilisations citoyennes, un exemple unique de class action chez les prostituées.
En 1990 à Paris, alors que l'épidémie de sida produit chaque jour plus de ravages, des prostituées se mobilisent et interpellent les pouvoirs publics. Huit grands cahiers jaunes à la couverture toilée circulent rue Saint-Denis et au-delà, sur les boulevards périphériques ou chez les marcheuses des Champs Élysées : les femmes y écrivent des " lettres de confidences " pour témoigner des conditions d'exercice de leur métier.
Cette parole est rare. Fragile, elle fait surgir une réalité diverse et incarnée, violente et ordinaire : bataille du préservatif, peurs et rivalités, mais aussi dignité et revendication d'un statut social et de droits. Car les lettres recèlent aussi la force de l'écrit. C'est un exemple remarquable d'empowerment dans l'histoire des femmes, la naissance d'une conscience collective à l'issue heureuse : la création du Bus des femmes, première association de santé communautaire de prostituées, dirigée par des prostituées.
Bien loin des fantasmes et des débats campés dans l'arbitraire, cet épisode méconnu et contemporain de la création de Act Up témoigne de l'histoire des mobilisations citoyennes. Un document extraordinaire présenté et commenté par des actrices de l'aventure : la sociologue Anne Coppel qui se mit au service de cette recherche-action, Lydia Braggiotti qui en fut la cheffe de projet et Malika Amaouche, héritière de ce combat.
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Auteurs
Anne Coppel est sociologue, militante et féministe, elle a été une actrice de cette aventure (sa rencontre avec des chercheurs de l’École de Chicago à l’université d’Ann Arbor en 1972 en a fait une personne clé pour recueillir la parole des prostituées). Ses travaux expérimentaux ont contribué à l’adoption de la politique de réduction des risques. Elle a présidé l’Association française de réduction des risques liés à l’usage des drogues et est une des fondatrices de l’association féministe « Femmes publiques ». Elle est l’autrice de, entre autres, Le dragon domestique, avec Christian Bachmann (Albin Michel,1989), Peut-on civiliser les drogues ? (La Découverte, 2002), La catastrophe invisible. Histoire sociale de l’héroïne (avec Michel Kokoreff, Éditions Amsterdam, 2018).
Publications du même auteur
Malika Amaouche est anthropologue de formation et féministe, elle travaille sur la question des comportements à risques des personnes en marge de la société avec une approche intersectionnelle. Titulaire d’un master à l’EHESS, elle a ensuite travaillé et milité sur les questions de prostitutions dans le champ associatif. Elle est l’autrice de nombreux articles – dans la revue Vacarme, aux éditions Autrement (Jeunes et sexualités), aux éditions Robert Laffont (entrée « Écologie » dans le Dictionnaire des sexualités sous la direction de J. Mossuz-Lavau), aux éditions Antipodes (« La prostitution des traditionnelles » dans Cachez ce travail que je ne saurais voir, de M. Lieber, J. Dahinden, E. Hertz) – et de plusieurs rapports issus de recherches-actions portant sur l’errance, les comportements addictifs, la prostitution et sur l’économie de la rue. Elle enseigne aujourd’hui dans le secondaire et poursuit ses recherches en science sociales.
Lydia Braggiotti est une militante de la lutte contre le sida et contre l’exclusion dans les différents milieux qu’elle a traversés : usagers de drogues, prostituées, patients et patientes VIH, femmes en grande exclusion. Elle fait partie des premiers patients diagnostiqués VIH, et, dès 1987, elle réalise une vidéo destinée aux usagers de drogues séropositifs, une première en France, où le sida des usagers de drogues était passé sous silence. En 1989, elle propose une recherche-action au centre collaborateur OMS-Sida, et en devient cheffe de projet. La recherche-action débouche sur la création du Bus des femmes, qu’elle anime également comme cheffe de projet, de l’inauguration en 1990 à 1996. Après 1995, Lydia impulse plusieurs actions avec la création de l’association Alternet et Axes cyberfemme pour former des femmes en grande exclusion à l’utilisation de l’informatique. Dernier projet en cours : proposer une aide à la substitution pour que les patients apprennent à gérer leur traitement avec une meilleure connaissance des effets des médicaments.
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