Davantage encore que tout autre dispositif de la sécurité sociale, l’assistance publique incarne la solidarité sociale dans une société nationale, car elle est basée sur la clause du besoin. Mais l’assistance change : le consensus d’une époque se transforme pour en faire apparaître un nouveau, fonction de l’esprit du temps. L’analyse de ces transformations permet de comprendre, à partir du passé qui l’habite, pourquoi l’assistance est ce qu’elle est.
La première partie de cet ouvrage fait une sociogenèse des politiques d’assistance publique en Suisse, c’est-à-dire révèle le travail social de définition et de délimitation qui a permis l’émergence de la législation sur l’assistance publique et a motivé ses réformes de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui. Les principales questions que nous nous posons sont les suivantes : pourquoi les lois d’assistance publique ont-elles émergé ? Sur quelles conceptions de la solidarité reposent-elles ? Pourquoi ces lois ont-elles été réformées ? Quelles sont les populations constituées comme « problème » et cible d’intervention publique ? Quels sont les registres interprétatifs mobilisés dans l’analyse de ces problèmes (éthico-moral, psychologique, médical, socio-économique) et en quoi varient-ils ?
C’est, en un mot, la genèse des lois d’assistance qui nous intéresse. Elle permet de comprendre, à partir du passé qui les habite, pourquoi les lois d’assistance sont ce qu’elles sont.
La seconde partie de ce livre porte sur la période actuelle et repose sur le discours d’acteurs et d’actrices de l’assistance publique, responsables politiques et administratifs, personnel de l’assistance et bénéficiaires.
Ce livre permettra au lecteur ou à la lectrice de saisir une partie des réalités de l’assistance publique, de ses fondements comme de sa pratique, en montrant comment elle est produite, appliquée, ressentie, et la représentation que l’on s’en fait.