Écrire dans le social
Presentación del editor
La thématique de ce centième numéro s’est imposée comme une évidence : l’écrit dans le social. Un titre qui réunit deux terrains d’action qui, chaque trimestre, mobilisent nos énergies, suscitent notre curiosité, confirment nos convictions à être, à exister comme revue, espace démocratique d’information et d’expression à usage des acteurs du Social à entendre au sens large.
L’Observatoire, qui, année après année, numéro après numéro, thématique après thématique, scrute le Social à travers les écrits des acteurs de terrain, souhaitait ici les convier à réfl’écrire à leurs écrits du quotidien. Quels sont ces écrits professionnels ? Pourquoi les travailleurs sociaux écrivent-ils ? Est-ce une obligation, une corvée administrative, un outil au cœur de leur pratique ? Quels sont les enjeux de l’écrit ? Avérés, sous-jacents, sous-estimés, sont-ils tous bien cernés ? Et, enfin, cet exercice de la mise en mots ne mérite-t-il pas davantage d’attention, de prise en main, de prise en conscience ?
De ce dossier, il ressort que les écrits professionnels représentent une dimension incontournable du travail social. Ce sont des enquêtes, des rapports, des compte-rendus d’entretien, des anamnèses, des notes de suivi, des cahiers de communication, des journaux de bord informatisés, des projets individualisés, des PV de réunion, des projets d’institution, des écrits collectifs, des argumentaires dans des dossiers de demande de subsides, des rapports d’activités quand il faut les justifier, et encore des courriers, des courriels, en interne, vers l’externe, à destination des bénéficiaires, ou encore de leur famille, ...
Toutefois, à y regarder de plus près, ces écrits, qui semblent tant aller de soi, posent parfois question. Pointons sans être exhaustifs : une certaine difficulté à écrire quand le pour qui et le pour quoi ne sont pas suffisamment clairs, quand le temps manque car écrire nécessite un temps long, une mise en pensée avant une mise en mots, et que ce temps n’est pas toujours prévu, reconnu ; un certain malaise parce qu’écrire, c’est s’exposer, exposer ses compétences, ses failles, mais aussi s’engager, prendre des responsabilités ; la peur de trop écrire et de ne pas être lu jusqu’au bout ; la peur de ne pas assez dire, de ne pas suffisamment bien traduire l’urgence, la gravité, la complexité de la situation ; la nécessité de peser ses mots ; la frustration à devoir rendre des comptes plutôt que rendre compte, à devoir cocher des cases plutôt qu’écrire ; la question de la place de la subjectivité, des émotions, des ressentis ; enfin, celle de la place de l’usager, de son rapport à l’écrit, de l’accès et de la place qui lui sont donnés, ...
On le voit, la thématique peut être largement explorée, interrogée. Et ce dossier ne suffira pas à épuiser le sujet, d’où l’idée de prolonger la réflexion lors d’une matinée début 2020. On vous tient au courant !
Sommaire
- Écrire pour métamorphoser la pratique – Joseph Rouzel
- Travailleurs sociaux et écrits professionnels – Véronique Bodin
- Former à une écriture efficace qui fait sens – Cristos Stamatopoulos (interview)
- L’écriture professionnelle, un genre littéraire mal aimé – Claire Frédéric, Dominique Godet et Marjorie Paternostre
- Écrire pour résister – Geneviève Lacroix et Frédéric Abaigar
- Écritures à côté – Claire Lecoeur
- Écrits professionnels en travail social : décalage de perception et moyens d’y remédier – Jacques Riffault
- Écrire avec sa tête, écrire avec son coeur. Qu’est-ce qui lie écriture et apprentissage de la méthodologie du travail social ? – René Beaulieu
- Écrire dans sa pratique & sur sa pratique. Quels freins chez l’éducateur spécialisé ? – Christophe Rémion
- Écrire, un pas de côté ? D’une pratique pédagogique dans la formation des éducateurs spécialisés – François Coppens
- Les assistants sociaux et l’écrit. Le point de vue de l’UFAS (union professionnelle francophone des assistants sociaux) – Liliane Cocozza & Irène Balcers (interview)
- L’écrit au coeur du travail social de CPAS – Bernard Antoine
- Le droit d’accès – SPP Intégration sociale
- Écrire sur... ou avec les personnes en situation de précarité. Par-delà la méfiance – Christine Mahy et Anne-Françoise Janssen (interview)
- Des mots qu’on pèse aux mots qui pèsent : quand la relation se joue dans la mise en écriture du travail d’acteurs de justice – Alice Jaspart, Alexia Jonckheere et Séverine Steuve
- Écrire au juge. Une pratique située ; le contexte de la protection judiciaire de la jeunesse en France – Céline Matuszak et Pierre Delcambre
- Quand les psychologues s’adressent à la justice : le rapport d’expertise psycho-judiciaire – Séverine Louwette et Adélaïde Blavier
- Écrire pour garder en mémoire, améliorer sa pratique, construire une approche clinique – Anne Jacob et Céline Kowal (interview)
- Comment faire de l’écrit un outil support de l’accompagnement psychososial ? – Luc Mertens et Valérie Ceny (interview)
- Écrire (ou ne pas écrire) pour garder trace – Christian Meulders (interview)
- L’écrit, outil de communication et d’adhésion à Horizons Neufs – Grégory de Wilde (interview)
- La place et le rôle de l’écrit dans la collaboration entre parents et professionnels autour de la personne en situation de polyhandicap – Laurence Bosselaers