Navigation – Plan du site

AccueilLireLes comptes rendus2014Thierry Nélias, Histoire de la na...

Thierry Nélias, Histoire de la nationale 7 : de l’Antiquité à la route des vacances

Etienne Faugier
Histoire de la nationale 7
Thierry Nélias, Histoire de la nationale 7. De l'Antiquité à la route des vacances, Pygmalion, 2014, 415 p., ISBN : 978-2-7564-0993-1.
Haut de page

Texte intégral

1L’objet de cet ouvrage concerne un sujet connu et méconnu ; car si la nationale 7 appelle à de nombreuses images et divers paysages mentaux (hormis peut-être chez les très jeunes générations), très peu d’entre nous ont réellement expérimenté la nationale 7 de bout en bout.

2Pour faire rejaillir clairement l’histoire de cette route désormais mythique, l’auteur, journaliste de formation, a recours à diverses sources. La bibliographie se compose de travaux d’universitaires, de sources gouvernementales, d’articles de périodiques, de ressources électroniques, de l’iconographie, d’une filmographie et de sources littéraires. Non mentionné en bibliographie, il faut tout de même ajouter qu’il inclut la retranscription d’entretiens qu’il a pu avoir.

3S’appuyant sur cette riche et éclectique documentation, il découpe son ouvrage en deux parties. La première, très courte, fait l’histoire de la Nationale 7, bien avant qu’elle soit appelée la nationale 7, en remontant aussi loin que l’Antiquité jusqu’à son déclassement et sa subdivision en routes départementales par les pouvoirs publics en 2006. La seconde propose littéralement le compte-rendu d’un voyage en automobile depuis le kilomètre 0 de la nationale 7 devant le parvis de la cathédrale Notre-Dame à Paris jusqu’à son terminus, Menton. Dans cette dernière partie, le voyage est agrémenté d’anecdotes historiques et d’interviews qui montrent la richesse économique et culturelle de cette route.

4Un des atouts de ce travail est la volonté de ne pas rester concentré sur la route. Il s’agit aussi de regarder les bords de route. Dès lors, rejaillit, toute l’économie automobile dans sa richesse : l’art culinaire (de grands noms issus du domaine culinaire tels Chabran, Troisgros, Pic) et la gastronomie (les vins tels le Condrieu, le Croze-Hermitage, le nougat de Montélimar), l’hôtellerie pour les classes aisées (Hôtel Château Perrache) comme pour les classes populaires (le relais les 200 bornes), les ouvrages architecturaux et touristiques ainsi que les accidents de la route. Par son analyse, l’auteur expose ainsi la civilisation automobile, civilisation qui s’inscrit profondément au sein de l’histoire de la nation française et participe à la construction de son identité.

5Ce carnet de voyage, aussi carnet de route, a l’avantage de faire aussi l’éloge de la lenteur et du mouvement. Il égraine quasiment une à une les villes rencontrées tout au long de la nationale 7 : il ne s’agit certainement pas d’aller d’un point A à un point B, mais bien de voir les points A1, A2, A3, etc. L’auteur, en position de pilote, et le lecteur en position de copilote voyagent ensemble à travers la France sur la nationale 7. Ce livre se présente donc comme un bon substitut au GPS, faisant l’éloge de la lenteur ; la bonne lenteur, celle qui permet d’apprécier le paysage de la route à sa juste valeur.

6Ces déplacements motorisés incluent à la fois un constant mouvement d’aller-retour entre le présent et le passé. Le présent se matérialise sous la forme des touristes étrangers – anglais, allemands, italiens, etc. –, d’artistes – Michel Polnareff, Laurent Gerra, Richard Gere, Yves Montand et Simone Signoret, et bien d’autres – qui parcourent la route en s’arrêtant aux différents établissements d’accueil situés à proximité. Le passé surgit quant à lui au détour de la route, d’une stèle, d’une infrastructure, d’un élément environnant. Il est question du passé de la nation française, celui qui évoque le mouvement de fuite durant les débuts de la Seconde Guerre mondiale, les voitures anciennes des clubs de collectionneurs qui refont la route et les embouteillages, les papes, les rois et l’empereur l’ont emprunté, les cyclistes du tour de France de 1903, et d’autres.

  • 1 On peut en consulter le programme ici : http://calenda.org/241402, consulté le 26/03/14.
  • 2 Marie-Sophie Chabres, Jean-Paul Naddéo, Eternelle Nationale 7 : au cœur de la France, Paris, Gründ, (...)
  • 3 Mathieu Flonneau, Les cultures du volant : essai sur les mondes de l’automobilisme XX-XXIe siècles, (...)

7Le récit de Nélias contient plusieurs faiblesses. Pour être totalement rigoureux, le titre présente un paradoxe, car si l’histoire de la route nationale 7 débute dès la fin du XIXe siècle et se termine à l’aube du XXIe siècle, l’auteur produit néanmoins l’histoire de l’axe Paris-Menton depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. L’histoire de la RN7 à proprement parler est donc quelque peu effacée devant l’histoire de France. Plusieurs références sont manquantes. Si l’on peut raisonnablement ne pas critiquer l’auteur pour méconnaître la journée d’étude dédiée à la nationale 7 organisée à Grenoble par Anne-Marie Granet-Abisset en mars 20131, il est plus difficile de ne pas trouver de références aux publications de Thierry Dubois (hormis une note en bas de page), spécialiste de la nationale 7, l’ouvrage de Jean-Paul Naddeo et Marie-Sophie Chabres2 publié en 2010 ou encore les travaux universitaires de Mathieu Flonneau3. Quelques documents iconographiques occupent l’encart central de l’ouvrage, même si on aurait aimé en avoir plus, notamment une carte routière positionnant les différents lieux traversés aurait aidé à créer un paysage géographique de la nationale 7. Si l’auteur met en valeur les différentes infrastructures qu’il rencontre au cours de son voyage, il n’en ressort pas, à son encontre, une poétique du voyage en automobile : a-t-il pris du plaisir à conduire ? A-t-il été subjugué par les paysages qu’il a observés depuis le pare-brise ? Quel est son avis sur la beauté des fameuses allées de platanes chères à Pompidou qui bordent la route aux alentours de la vallée du Rhône ? Enfin, peut-être en guise de conclusion, on aurait souhaité en apprendre plus sur les mesures de patrimonialisation qui ont eu lieu entourant la nationale 7 avec l’essor de groupes tels que l’association Route Nationale 6, 7, 86 Historique née en 2011, à l’initiative de Gilbert Bouchet, maire de Tain l’Hermitage.

8On peut saluer l’initiative de Thierry Nélias pour proposer une étude sur la nationale 7. Travail sur un sujet peu abordé au sein de l’historiographie universitaire ou de vulgarisation. Il conviendra aux passionnés d’automobilisme – les usages des véhicules à moteur –, tandis que pour les universitaires, il constitue la première étape d’un travail qui doit aller plus avant pour trouver l’essence et la culture de la nationale 7.

Haut de page

Notes

1 On peut en consulter le programme ici : http://calenda.org/241402, consulté le 26/03/14.

2 Marie-Sophie Chabres, Jean-Paul Naddéo, Eternelle Nationale 7 : au cœur de la France, Paris, Gründ, 2010.

3 Mathieu Flonneau, Les cultures du volant : essai sur les mondes de l’automobilisme XX-XXIe siècles, Paris, Autrement, 2008.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Etienne Faugier, « Thierry Nélias, Histoire de la nationale 7 : de l’Antiquité à la route des vacances », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 26 mars 2014, consulté le 21 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lectures/14089 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/lectures.14089

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search