La panne
- Compte rendu de Nadia Veyrié
Publié le 08 avril 2013
Présentation de l'éditeur
Quarante ans que Christophe Dejours propose une approche différente du travail, qui s’intéresse à la souffrance qui s’y joue et aux stratégies que les gens construisent pour s’en protéger. Des années donc qu’il s’oppose aux partisans de la fin du travail et s’inquiète au contraire de sa disparition au profit de la gestion. Longtemps minoritaire, sa démarche est apparue seule à pouvoir donner une lecture rationnelle des suicides qui ont frappé le monde du travail ces dernières années.
Lui qui a commencé ses enquêtes dans le monde ouvrier a bientôt vu les cadres et les patrons eux-mêmes lui demander de réfléchir avec eux à une organisation du travail qui les mettrait à l’abri de ces passages à l’acte. C’est ce constat qui est à l’origine de ce livre d’entretien : nous sommes dans un moment charnière, d’extrême domination d’un côté, imposée par les méthodes gestionnaires comme l’évaluation individuelle des performances qui a détruit toute solidarité et a plongé les travailleurs dans une solitude terrible ; mais un moment de résistance aussi, où les réalisateurs, les romanciers, les metteurs en scène, les journalistes donnent de plus en plus à voir les dégâts des organisations du travail héritées des années 80, où les avocats gagnent des procès contre de puissantes entreprises, où l’ensemble des salariés doutent de l’efficacité d’un modèle qui les détruit au quotidien.
Au-delà de cet état des lieux, Christophe Dejours propose ici d’en reconstruire l’histoire afin de montrer la centralité du travail et la manière dont nous pouvons tous ensemble le réformer aujourd’hui. Avec une certitude : le système ne fonctionne que grâce à notre consentement et notre zèle, nous pouvons le mettre en panne et en construire un tout autre.