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1. Tomoa / Tome 1
Articles / Artikuluak

À propos de la littérature en moyen-breton : littérature et société

Hervé Le Bihan
p. 201-218

Entrées d’index

Thèmes :

littérature
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Texte intégral

1. Les prémices d’une littérature savante ? De la littérature écrite à la littérature populaire

An guen heguen am louenas
an hegarat an lagat glas

« La blanche/bénie souriante m’a réjoui,
l’aimable/aimante à l’œil bleu

...

Mar ham guorant va karantit
da vout in nos oh e costit
uam garet, nep pret... etc.

Si mon amour me le garantit
d’être la nuit à son côté,
femme aimée, à chaque moment, etc. »

1Ces vers attribués à un certain Ivoned Omnes, un étudiant breton qui recopiait un exemplaire du Speculum Historiale de Vincent de Beauvais, à Paris vers 1350, sont sans doute le premier acte littéraire breton connu.

2Le thème n’est pas religieux, le texte est en forme de lai, et c’est aussi le premier à nous donner des rimes internes :

/an wεn hewεn am lawεnas an hegarad an lagad glas

...

mar am gwarant va kharantidh da vut en nos okh he khostidh, wam garεt nep prεt.../

3La question est de savoir si l’on a l’acte premier d’une littérature émergente ou bien le dernier acte d’une littérature ancienne finissante ? Les choses sont sans doute plus subtiles.

4Nous avons en réalité affaire à un écrit plus ancien de langue que celle du copieur : la forme, la langue donc et surtout sa manière d’être produit. Ce texte, court, copié de manière maladroite est incomplet. Il est directement lié à l’ancienne société, celle que l’on avait en Irlande ou en Galles, et sans doute en Cornwall. Il y a de nombreux éléments qui confortent l’idée d’une société celtique en Bretagne, qui s’est maintenue, par endroits, jusque vers la première moitié du XVIIe siècle.

  • 1 Voir, par exemple Mikhaïl Bakhtine, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen  (...)

5On regrette bien sûr que ce texte soit un texte isolé, un hapax… tandis qu’une autre littérature influencée par la dévotion, la religion apparaît… mais aussi influencée par la culture classique, les traditions populaires, et les anciennes croyances des Bretons. Une littérature pleine de paradoxes. C’est aussi une littérature témoin de la circularité entre culture savante et culture orale – mais est-il pertinent de les différencier ?1 Selon que l’on veuille pointer un élément plus qu’un autre on insistera sur le côté religieux, classique, ou autre, ou encore sur l’influence de la civilisation française et de sa langue. La littérature bretonne de ces siècles n’est pas isolée, bien au contraire.

6J’ai donc insisté sur le fait que ces quelques vers soient isolés. Cette amorce littéraire opérée par eux n’a pas laissé de trace écrite postérieure. Cependant, ces mêmes vers ont des descendants qui ne peuvent que remonter à la même source. Ils sont attestés dans la tradition chantée recueillie par Hersart de la Villemarqué dans la première partie du XIXe siècle. Un exemple de plus de cette circularité écrit-oral. Bien entendu il reste à comprendre le processus de transmission, avec une question essentielle : quel est le rapport entre culture savante et culture orale ?

  • 2 Donatien Laurent, Aux sources du Barzaz-Breiz – La mémoire d’un peuple, ArMen, 1989, p. 180 ( = p.  (...)

7Voici le texte d’après les carnets de collecte de la Villemarqué (travail de transcription opéré par Donatien Laurent)2 :

  • 3 C’est le mot que je lis, mais les carnets de collectes de La Villemarqué sont assez difficiles à dé (...)

Son

1.

Me meus eur vestres me mignon,
ha lak le(ve)nez em c’halon ;
Eun daou lagad a zo nni fenn
Evel d’ann dour enn eur weren.

J’ai une maîtresse mon ami,
Qui me met joie au cœur.
Elle a des yeux
Comme l’eau dans un verre.

5.

He diouchot ru evel d’ar roz,
Me gar kousko ganti enn noz.
Ma dousik koant ma care(e)t3
kousko genor enn ho kosté
Mar doufé din-mé dré ho léz

Des joues rouges comme la rose,
J’aime coucher la nuit avec elle.
- Ma douce jolie, si vous m’aimez
Coucher avec vous à vos côtés
- Si vous me juriez par votre serment

10.

ha c’hwi sao dihun ken ann dé,
Ma dousik koant saet ann ansé,
kanet ar c’houg prest eo ann dé,
ho gaou a laré ar c’hos koug zé,
ann ter geton me vo dé.

Que vous vous lèverez avant le jour.
Mon doux joli, levez-vous :
Le coq a chanté, le jour s’apprête,
- Il a menti, ce sale coq-là,
( ) qu’il soit jour !

15.

al loar a bar war ann alé.
hag ar c’houg-zé gan ken ma dé.

La lune brille sur l’allée
Et ce sale coq-là chante avant le jour.

  • 4 Herve Le Bihan, Les vers en moyen-breton de Lignol (1619 ?-1624 ?) sont-ils vannetais, in Buron, Le (...)

8Les vers d’Ivoned Omnes sont de 8 syllabes comme ceux de cette chanson. Le thème des deux poèmes est le même, jusqu’à utiliser un vocabulaire très proche, alors que 5 siècles les séparent. On pense bien sûr à d’autres exemples connus, comme la gwerz de Skolan et son pendant le Ysgolan des Gallois, proches par le thème et éloignés par le temps. Le thème luimême fait penser à une autre chanson, les vers de Lignol (1619-1624)4 :

Ha sihiet am es ha sihiet a da dinff
ne on men ema an dour hac a ray vat dinff
douric a funten ar gorlen a rahe vat dinff
ma vihie a(n) nep a garan an dicace dinff

Et j’ai soif et la soif me vient
je ne sais où est l’eau qui me fera du bien
l’eau de la fontaine qui me ferait du bien
si celui/celle que j’aime me l’apportait

  • 5 Jorj Belz, Ar poz-kan adkavet / Le chant retrouvé, Mein ha Tud, n° 23, décembre 2005, pp. 3037.

9Ces vers sont encore chantés en pays vannetais, dans plusieurs versions très proches5.

  • 6 Vers donnés ici d’après l’édition de 1608.

10Un peu plus tôt dans le temps on trouve une chanson populaire insérée dans la Vie de sainte Barbe (1557-1608-1647), la chanson des maçons (§ 79)6 :

Euelhenn eu gonit gloat hac ebataff,
Euelhenn eu gonit gloat,
Mar da moues dan marchat
Ha caffout compaignun mat,
Hac he reo da euaff,
Euelhenn eu gonit gloat hac ebataff.

C’est ainsi qu’on gagne de largent et qu’on s’amuse,
C’est ainsi qu’on gagne de l’argent,
Quand la femme va au marché
Et qu’elle trouve un bon compagnon
Qui la mènera à boire,
C’est ainsi qu’on gagne de l’argent et qu’on s’amuse.

11Il est intéressant de noter que l’imprimé de 1557 a été amputé du folio où se trouve cette chanson : le poids de la morale, sans doute, a fait que la censure ait été radicale… détruire.

12On remarque que cette chanson est basée sur des vers de 7 syllabes (à l’exception du premier et du dernier, de 11 syllabes, et qui comportent des rimes internes). Ces vers de 7 syllabes sont spécifiques à ce genre de tradition populaire.

2. Une littérature dans son monde et son temps

13Ainsi, le but de ces quelques lignes n’est pas de rechercher une réponse à tout, ce serait un autre travail. Il ne s’agit pas non plus de recenser toutes les rimes internes. Il ne s’agit pas, non plus, de replacer cette littérature, en Bretagne, dans la société qui la produit, ou encore dans ses rapports avec la littérature française qui est contemporaine. Non, il faut examiner de plus près le contexte historique, socioéconomique, linguistique, et ce à compter des périodes plus anciennes, pour obtenir un regard général sur une littérature ouverte, qui se situe des deux côtés de la Manche, et qui a son ouverture à l’Est.

14Il ne s’agit pas d’aller jusqu’au pays de Galles. Il suffit de s’arrêter en Cornwall.

15En Cornwall, comme en Bretagne, on ne trouve pas de nombreux manuscrits restituant les poèmes attribués à Nerin (Aneirin), ou à Taliesin, ni encore une saga semblable à celle de Lywarch Hen. Il y a bien des traces tangibles de cette littérature mais elle plutôt passée par le médium du latin médiéval. Ce qui n’est pas négligeable cependant.

16Mais, en Cornwall comme en Bretagne une autre littérature a vu le jour, au cours des XIVe, XVe et XVIe siècles, alors que les deux langues étaient bien séparées depuis le XIIe siècle. Deux dialectes de la lingua britannica, devenus deux langues à part entière.

  • 7 Oliver J. Padel, Oral and literary culture in medieval Cornwall, in Fulton, Helen (editor), Medieva (...)

17Peu de scientifiques ont mis en lumière les rapports évidents qu’il y a entre la littérature en moyen-breton et la littérature en moyen-cornique, si ce n’est Oliver J. Padel7.

  • 8 L’imprimerie s’est installée en Bretagne très tôt, comme le montre les nombreux travaux de Gwennole (...)

18On peut comparer les deux corpus. D’emblée on peut voir que le corpus cornique est constitué de manuscrits alors que celui du breton est manuscrit et imprimé (plusieurs fois parfois)8. Mais le corpus cornique est clairement plus ancien.

  • 9 Thomas, Graham & Williams, Nicholas (editors), Bewnans Ke / The Life of St Kea – A Critical Edition (...)

19Ainsi celui du moyen-cornique : Resurrectio Domini (1450), Passio Christi (1450), Origo Mundi (1450), Passyon agan Arluth (1450), Beunans Meriasek (1504), Beunans Ke (c.1500)9, Gwreans an Bys (1611).

20Celui du moyen-breton : Passion, Resurrection et les trois poèmes (1530, imprimé), Buhez Barba (1557, imprimé), Buhez Nonn (c.1480, manuscrit), Buhez Gwenole (1580, manuscrit recopié au XVIIIe siècle), Dismantr Jerusalem (c.1480, extraits d’un manuscrit recopié au XVIIIe siècle), Melezour ar Marv (manuscrit terminé en 1519, imprimé en 1575), Buhez Katell (imprimé en 1576).

21Il est important d’en examiner la typologie. Dans les deux corpus on a des pièces de théâtre ou de longs poèmes. Les deux coprus montrent une influence des dévotions qui avaient cours dans toute l’Europe de ces époques : Passion et autres. Mais aussi des œuvres qui mettent en exergue des vies de saints locaux – on peut dire nationaux. Mais, surtout, ce sont des saints communs aux deux côtés de la Manche : Meriadeg (Meriasek), Nonn, Gwenole, Ke, etc.

  • 10 Herve Le Bihan, Arthur in Earlier Breton Traditions, in Lloyd-Morgan, Ceridwen & Poppe, Erich (Edit (...)

22Et lorsqu’on les examine de plus près encore, on découvre des éléments liés à la tradition arthurienne. Des éléments qui finalement font écho à la tradition portée, de leur côté, par les Gallois. Sans entrer dans les détails : la Vie de Nonn (Buhez Nonn) en Bretagne a son pendant gallois avec Buchedd Dewi. La pièce bretonne cite Nonn, Dewi, mais aussi Merlin, Padrig, Gweltaz (Gildas)10.

  • 11 Elmar Ternes, (Ed.) Brythonic Celtic – Britannisches Keltisch – From Medieval British to Modern Bre (...)
  • 12 Voir J.R.F. Piette (Arzel Even), French Loanwords in Middle Breton, Cardiff, 1973.

23Nous pensons qu’il faut considérer les deux corpus, breton et cornique, comme un seul corpus. Il y a sans doute là des raisons historiques qui restent à définir. On sait également que le cornique et le breton appartiennent au même dialecte de la lingua britannica, le dialecte du Sud-Ouest, le gallois étant le représentant du dialecte du Nord-Ouest11. Une piste de travail est celle qui consistera à étudier les emprunts romans communs au breton et au cornique (un fait linguistique qui remonte sans doute au XIIe siècle). Un monde celtique, brittonique, bien plus complexe qu’on ne le pense12.

  • 13 BNF Rés. Yn 11.

24On se doit donc de considérer la genèse des œuvres en moyen-breton, autant que peut se faire. Ainsi la Passion a été imprimée (à Paris) en 1530, d’après un manuscrit perdu, et bien plus ancien13. L’auteur est aussi inconnu. Ce que l’on sait c’est qu’il avait utilisé la Passion écrite par Jean Michel (c.1435-1501), jouée à Angers en 1486, une Passion qui dérive de celle d’Arnoul Gréban, jouée à Abbeville en 1455. Une influence directement venue de l’Est, du Royaume de France. Mais cette Passion bretonne porte les marques habituelles des écrits de cette époque : en relation avec un écrit français, mais sans en être une traduction, et sans être une adaptation. Donc un écrit autonome par rapport à son « modèle ». Nous allons en voir quelques éléments.

  • 14 Pierre-Yves Lambert, Linguistique et philologie celtiques, in « École pratique des hautes études. 4(...)

25On se doit de noter que la Passion n’est pas le seul texte de l’ouvrage de 1530 : il y a également une Résurrection et trois poèmes. Certains de ces textes supplémentaires sont plus anciens que la Passion – une analyse linguistique fine permet de le démontrer. Cet ensemble montre en réalité ce que l’on nomme un Livre d’Heures14. Ce théâtre n’est pas joué mais lu, les poèmes pouvaient être lus mais plus probablement chantés.

  • 15 John Morris-Jones, Cerdd Dafod sef Celfyddyd Barddoniaeth Gymraeg, Rhydychen, Gwasg y Brifysgol, 19 (...)

26L’œuvre est aussi composée sur le système de la rime interne. Le début du texte commence par les paroles du Test (le prologue si l’on préfère) sous une forme versifiée ancienne où les vers peuvent être pris trois par trois (un peu comme le traenog gallois)15 ou encore six par six, une fois rétablis. Voici les premiers vers tels qu’ils sont imprimés :

1.

Dre compassion
Ouz an passion
On roe deboner
Ez dle pep heny

Par pitié
pour la passion
de notre bon Roi,
chacun doit

5.

Goelaff a deury
Nac eu mar fier
Rac dre e douczder
Euit hon saluder
Dez guener an croas

pleurer de tout son cœur
si superbe qu’il soit ;
Car, dans sa clémence
pour notre salut,
le vendredi de la Croix,

10.

Heb ober nep drouc
Na breig oar e chouc
Hon drouc a dougas.

sans avoir fait aucun mal,
ni causé aucun trouble, sur ses épaules
il porta nos maux.

  • 16 Ifor Williams, Canu Aneirin gyda Rhagymadrodd a Nodiadau, Caerdydd, 1978 (première impression en 19 (...)

27Disposés ainsi on ne trouve que des rimes externes à des vers de 5 syllabes. Ce qui rappelle justement le vieux système gallois présent dans des poèmes comme le Gododdin (cf. les n° XVII et XVIII, p. 8 de l’édition d’Ifor Williams)16. Ce Test ou Prologue intervient en introduction de chaque nouvelle partie de la Passion, un procédé inconnu des versions françaises précédemment mentionnées.

28On peut aussi proposer une autre organisation des mêmes vers, une organisation plus proche du rythme du texte et proche aussi de l’ancienne tradition galloise. On a alors des vers de 10 + 5, avec des sizains devenus des quatrains :

Dre compassion ouz an passion
On roe deboner
Ez dle pep heny goelaff a deury
Nac eu mar fier

Rac dre e douczder euit hon saluder
Dez guener an croas
Heb ober nep drouc na breig oar e chouc
Hon drouc a dougas.

  • 17 Émile Ernault, L’ancien Vers breton, Paris, Champion, 1912, p. 11.

29Emile Ernault avait fait remarquer que toutes les interventions du Test, tout au long du texte, porte souvent une rime en -as, tout en insistant sur le niveau élevé du système de versification17.

  • 18 Joseph Loth, La métrique galloise, Tome II (2e partie), Fontemoing éditeur, Paris, 1902. Voir p. 19 (...)

30Une autre solution est de regrouper tous les vers, mais cette solution amène plus de problèmes, notamment sur le rythme donné au texte. Il s’agit de les regrouper 3 à 3 comme cela avait été proposé par Joseph Loth (1902)18, qui suivait l’argumentaire d’Emile Ernault. Cette présentation nous donne des vers de 15 syllabes. On remarque ainsi que les rimes finales des deux premiers vers donnent la rime interne du troisième :

  • 19 Prononcé /salvder/.

Dre compassion ouz an passion on roe deboner
Ez dle pep heny goelaff a deury nac eu mar fier
Rac dre e douczder euit hon saluder19 dez guener an croas Heb ober nep drouc na breig oar e chouc hon drouc a dougas.

  • 20 Texte qui est à la suite de la Passion. Les deux textes ne sont pas du même auteur.

31On a le même système dans le second texte du même ouvrage, la Résurrection20, comme par exemple les paroles du Test :

Goude an passion Hon autrou guiryon Dre ezoa raeson bras
Ez sauas an bez Ha dan trede dez En em Discuezas Dan mam en ganas Goude hiruout bras Ha gloas ha casty Ha dan Magdalen Ha de disquiblyen Ha da pep heny.

« Après sa Passion, notre généreux Seigneur sortit du tombeau, comme cela devait être, et, le troisième jour, il se montra / D’abord à la mère qui l’avait mis au monde, et avait tant gémi, tant souffert pour lui ; puis à la Madeleine et à ses disciples et à chacun. »

  • 21 British Library C.40.b.49.

32Ainsi que dans la Buhez Barba (1557)21, toujours le Test :

Breman pobl an bet Gant fez euezhet Hac ez guelhet huy
Ystoar hon cares Barbara guerches Leun a courtesy Merch dan roe voe hy A ycomedy Den malicius Leuna disenor Ha guerch ac error Roe Dioscorus.

« A présent, peuple du monde, soyez attentif avec foi et vous verrez l’histoire de notre chère Barbe, vierge pleine de courtoisie. Elle était fille du roi de Nicomédie, du roi Dioscore, méchant homme rempli de félonie, de violence et d’erreurs. »

33En ce qui concerne les paroles du Test, dans les trois textes, il n’est pas certain qu’il faille les rendre comme des vers longs. Ils étaient scandés, peut-être chantés, et le rythme mettait son importance sur les derniers vers (à chaque fois le troisème vers principal). C’est pour cette raison que l’on doit les regrouper 2 + 1, tout comme précédemment. Ceci montre un écart entre forme et emploi.

34Cette tradition qui consiste à donner 15 syllabes n’est pas rare. On la trouve aussi dans les Nouelou (imprimé en 1650, mais bien plus ancien ; probablement c.1550, comme démontré par Paul Widmer). Sauf que l’on ne trouve pas 5 x 3 mais 8 + 7. Comme dans le Noël XVII avec une rime externe en -ur :

  • 22 Il faut lire fez /fedh/ comme le montre la rime. Voir Loth, ibidem, p. 184, qui donne une analyse p (...)

Qvenomp Nouel da Ro’uen Aelez / Gant feiz22, ha carantez pur,
Ganet eo sur gant eur mat, / Hegarat vn crouadur,
Gant vn merch scler so preseruet, / A pep pechet, bezet sur.

« Chantons Noël au roi des anges, / avec foi et pur amour. / Il est enfanté certainement avec bonheur, / aimablement, une créature, / par une fille brillante qui est préservée / de tout péché, soyez sûrs. »

35Dans ce cas ce sont des vers de 8 + 7 bien plus que de 15 syllabes.

36Quoi qu’il en soit le changement de statut donné aux textes a conditionné la manière de présenter le système de versification utilisé. Dans la Passion et autres écrits le Test « témoin, prologue, etc » est utilisé pour donner du rythme et de la force pour impliquer les auditeurs (puisqu’il s’agit sans doute de texte à écouter, plus qu’à jouer). Mais, toujours en ce qui concerne la Passion, nous avons la quasi certitude que les différentes pièces sont de plusieurs auteurs différents, et les vers du Test n’y échappent pas.

  • 23 Jacques Chocheyras, L’invective contre la Croix dans la Passion bretonne, in « Revue de littérature (...)

37L’extrait suivant est toujours tiré de la Passion de 1530. Il s’agit d’un passage célèbre : l’invective à la croix par Marie la mère de Jésus. Elément qui a été étudié par Jacques Chocheyras23. Il a montré que cette partie du texte a été inspirée par un texte latin du XIIIe siècle, Lamentatio beate Marie ad crucem, d’après l’œuvre de Philippe de Grève (1165-1236). Episode que l’on ne trouve pas dans les versions françaises.

  • 24 Ces deux vers ont été remis en ordre par moi. Ce faisant on retrouve les rimes internes.

Croas garu maruel criminel fell
Da den estrenua ha trauell
Adle meruell dre e dellit
Perac ezux te quemeret
Hep abec pur nac vsurpet
An frouez nac euquet dleet dit

« O croix rude, mortelle, déshonorante, infâme ; ô exil et tourment de l’homme condamné à mort, pourquoi, contre toute loi et tout droit, pourquoi porter un fruit qui ne t’appartient pas ?

Anfroez courtes ha me guerches
Ameux ganet flour hep exces
E doen ez gres ne dlehes tam
Bout enode ne dlehe quet
An heny dre bech a pechet
Nen deueux quet dellezet blam.

[Me guerches ameux hep exces /esses/ Ganet flour an froez courtes]24 /frou-eth/

Un fruit exquis dont, vierge toujours pure, j’ai donné la fleur ? Tu ne devais pas le porter sur ton sein ; il ne devait pas être suspendu à toi, celui que le péché n’a jamais chargé ni rendu digne de blâme.

Eguyt ma bezaf me e mam
Ne dlee netra da adam
Touchant an tam maz voe blamet
Rac em corff a guerchdet net pur E maes ann holl stat a natur
Am goat mat pur ez voe furmet.

Quoique je fusse sa mère, il n’avait rien de commun avec Adam, en ce qui regarde le morceau reproché ; car dans mon sein pur et virginal, il fut formé, pur aussi, de mon sang, contre les lois naturelles.

Allas perac ezeu staguet
En croas nep na dellezas quet
A tra en bet nedeux quet dout
Na petra voe dezaf affet
Na quemeras orreur meurbet
Enot consideret nedout

Hélas ! pourquoi, lui, l’innocence même, est-il attaché à toi, ô croix ? Et comment a-t-il pu ne pas avoir une horreur invincible pour toi, qui n’offres rien,

Nemet cas lastez hac ezout
Iayn ha martyr ha hiruout
Ha mez e pep rout deboutet
Dan re criminel dimelit
Adle meruell dre ho dellit
Ha dre merit disheritet

Rien que d’exécrable et de vil, rien que tourments, martyre, gémissements et honte, partage des criminels infâmes, dignes de mort et indignes d’égards !

Na perac hoaz voe dit lazaf
Nep are buhez ha bezaf
Da beuaf goude gouzaf glan
An maru na quempret ez metou
Santelaez na madelelaezou
Entren viczou leun a souzan

Et pourquoi encore fallait-il que tu donnasses la mort à celui qui donne la vie, à celui qui doit ressusciter après avoir souffert le dernier supplice ? Pourquoi as-tu pris dans tes bras la Sainteté, la Bonté même, épouvantée de s’y trouver en compagnie de tous les vices ?

Dre bezout ingrat en stat man
Eguyt douczder ez renter poan
Ha hirder ha doan dann oan pur
En lech carantez ha fez mat Afuy ha cas eguyt noassat
Da guyr mab doen tat a natur.

O ingratitude ! en retour de ses bienfaits, on a accablé l’Agneau sans tache de peines, d’ennuis t de tourments ; en retour de sa charité et de sa bonne foi, les traits de l’envie et de la haine ont percé le vrai Fils de Dieu, Père de la Nature.

Ach doe roe an styr so guyryon
Maz eu cuzet an teyr ytron
Iusticc / raeson / ha guyryonez
Na mazeu techet equite Pan eu pignet iniquite
Oar nep da pep re are dez.

Ah ! Dieu, roi des astres, vous qui êtes juste ! où sont-elles cachées les trois Dames,

Justice, Raison et Vérité ? Où s’est enfuie la loyauté, quand l’injustice opprime celui qui donne la lumière à tout ?

Graet eu quement gant falsentez
Mazeu a pep tu an buhez
Ha guyryonez en diuez yen
Ma emeux quement esfreiz dreizaf
Naonn en nouar pez agraf
Ret eu gouzaf ne gallaf quen

Le mensonge a tant fait que la Vie et la Vérité trouvent partout la mort. Il me cause une telle frayeur que je ne sais plus ce que je fais : il faut souffrir ; je ne puis autre chose. »

38Les rimes internes donnent ici une force peu commune aux paroles de Marie. Ce sont des vers de 8 syllabes.

3. Quelle culture ?

39Dans cette production d’influence religieuse les marqueurs classiques ne sont pas rares, au contraire. Le fait de mentionner Hector (dans les trois poèmes de 1530) indique une culture savante. Des marqueurs d’une culture classique que l’on retrouve dans bien d’autres textes comme la Vie de Gwenole qui cite Hector, Hélène, Troie, Hercule, Samson, Alexandre, etc… Nous avons aussi un poème officiel de 1536 qui donne nombre de ces noms sous influence du troianisme ambiant25. Une tradition qui remonte aux origines des Bretons et à leur fréquentation des traditions classiques (comme l’œuvre de Virgile par exemple)26.

40Jusque vers la première moitié du XVIIe siècle les poètes bretons resteront fidèles au système de la rime interne. Rares, très rares sont les œuvres non versifiées sur ce schéma (comme par exemple un Noël de 1625).

41Mais rester fidèle à cette versification ne disait pas rester prisonnier d’une forme traditionnelle. On a ainsi la production d’un sonnet par un certain Moeam en 1554 (poème étudié par Gwennole Le Menn)27. C’est un sonnet qui a tous les éléments d’une production purement profane. Dieu n’est pas invoqué, ni Marie, ni Jésus, ni directement ni par métaphore. Par contre les Nymphes sont convoquées. Finalement un poème assez banal au premier regard. Mais Moeam y met tout de même quelque chose de particulier : son système de rimes internes est différent de celui que l’on trouve d’ordinaire, et il en utilise un qui est plus complexe. La rime interne n’apparaît pas à l’avant dernière place des vers, le plus souvent28.

  • 29 Voir l’édition de Roparz Hemon qui en a décelé de nombreux exemples.

42Ce système se retrouve parfois dans d’autres œuvres plus anciennes comme dans les Trois Poèmes (1530) ou encore la Destruction de Jérusalem (c.1480)29. Des textes qui montrent nombre d’archaïsmes. Ce qui pose la question de leur transmission, dans toute sa complexité.

43Ce sonnet a été écrit dans des circonstances particulières : poème créé en l’honneur de la naissance du futur roi de France Henry IV (1553). Le recueil où se trouve ce poème contient d’autres poèmes dans d’autres langues. Une volonté d’intégrer l’art poétique breton à la poésie contemporaine en prenant en compte le vieux système de rimes mais avec une forme nouvelle : le sonnet.

SONNET é BREZONEC

1.

Pan voa’n map man ganet hol Nymphennét an üro
Cazr, vil, bras, ha bihan so deut en on canaff
Da guichén é cauell, éguit é lusquellaff,
Hac int dézraouét oll da goroll voar é dro :

5.

Mérchet ( émé vnan pan voa achu an dro )
Mé dong éz vézo r voar pl haff ha gouziaff,
Ez dalcho én é vos deiz ha nos dindanhaff
Hol corf an douar crenn penn dabenn voar vn dro
Ni ( ém’en ré arall ) cré ha fall a féll déomp

10.

Ez chomhé é galon ( rac raeson eo ) guéneomp Eguit disqui squiant, hol hoant an rouanéz.
Varsé éz vézo eff béde’n eff gorröét
Dreist péphéni mar béz squiant dezaff röét,
Ha mar béz roé hép gaou é pép tnaou ha ménéz.

« 1.

Quand fut né cet enfant, toutes les nymphes du pays
Belles, laides, grandes et petites, sont venues en chantant
Près de son berceau, pour le bercer
Et toutes de commencer à danser autour de lui

5.

Femmes, dit l’une d’elles, quand fut terminée la danse,
Je prédis qu’il sera roi sur terre, été et hiver,
Qu’il tiendra dans le creux de sa main, jour et nuit, sous son empire Assurément tout le corps de la terre, entièrement, complètement.
Nous, disent d’autres, fortes et faibles, nous voulons

10.

Que son cœur reste, car c’est naturel, avec nous Pour apprendre la sagesse, tout le désir des rois.
Sur cela il sera jusqu’au ciel élevé
Au-dessus de tous si la science lui est donnée
Et s’il est roi, sans mensonge, dans chaque vallée ou montagne. »

44C’est donc un poème entre nouveauté et tradition. C’est probablement le représentant véritable de la poésie bretonne de cette époque. Une littérature enracinée dans la culture européenne et gardant les vieux marqueurs celtiques. Comme une évidence on peut dire que le système de rimes internes est l’identité même de cette littérature.

45Cette forme, ce système de rimes internes permettaient aux poètes de ciseler, de forger une langue magnifique mais qui ne devait sans doute pas reflèter la langue quotidienne des brittophones du XVIe siècle.

46Le texte en prose de la Buhez Cathell (1576) donne une langue assez différente, alors qu’il s’agit d’une langue contemporaine aux autres œuvres. Cependant le peu de corpus en prose ne permet pas d’en tirer trop de conclusions. Nous avons d’autres témoignages à travers les écrits laissés ici et là par des étudiants bretons exilés à Paris, Orléans, Rome, etc… Ils n’ont pas tous été étudiés et il est probable qu’une étude d’ensemble pourra donner une image plus fidèle de la réalité et des usages linguistiques de l’époque.

  • 30 La gwerz « complainte » est basée sur un fait historique (au sens large du terme) et présente une f (...)

47On note, cependant, qu’une grande partie de cette langue et de ses marqueurs linguistiques sont toujours présents dans la langue des gwerzioù30 : par exemple, la plupart de leurs vers sont construits sur le schéma sujet + objet + forme verbale (toujours à la fin des vers). Ce schéma n’était pas rare en moyen-breton. Et on fera remarquer que ces constructions de chants populaires sont absentes de la langue quotidienne de ceux qui les chantent. Ceci montre bien la variété des niveaux de langue en breton.

4. Le mécanisme de la transmission

48Le dernier point à aborder dans cet exposé est celui posé par la transmission : comment le système traditionnel de rimes internes a-t-il pu être transmis et aussi pourquoi a-t-il été stoppé ?

49Emile Ernault (1912, 14) pensait que le système des rimes internes était hérité de la période où les différents peuples bretons étaient encore en relation linguistique et culturelle.

  • 31 Système qui a été bien vivant assez tardivement au Pays-de-Galles : Peredur I. Lynch, Court Poetry, (...)

50Il est évident qu’il y a eu une fonction de transmission liée à la cour des différents princes, devenus plus tard de petits nobles ruraux, au fur et à mesure que la société celtique ancienne disparaissait. Par la suite ces nobles n’eurent plus les moyens d’entretenir des poètes. Cependant ce système a perduré par le biais d’écoles dont on ne sait que peu de choses31.

51Il me faut mentionner ici un toponyme, skoldi (scoldy en moyen-breton) qui pourrait

  • 32 Herve Le Bihan, Notennoù diwar-benn al lec’hanv krBr. Scoldy, ar varzhed ha dibenn arver ar c’hlote (...)

52être le représentant de ces écoles de transmission32. Il est possible que ces écoles fonctionnaient sur le modèle connu en Irlande, que leur définition pourrait être « école bardique » ? Fait notable : ces écoles sont toutes situées en dehors des centres urbains, au mieux dans une périphérie éloignée.

53Toujours est-il que ces lieux ont été désertés à partir de 1650 environ, tout comme le système de la rime interne était subitement délaissé. Il y a une coïncidence que l’on doit étudier.

54Le mot barzh est resté vivant en breton, tout en ayant différents sens suivant les périodes : « ménestrel, celui qui joue d’un instrument », « baladin, saltimbanque », « poète », « barde ».

55En dehors des lexiques ou des dictionnaires, certains anciens écrits donnent des témoignages intéressants comme dans un manuscrit de la fin XIVe-début du XVe siècle (ms 436 Marseille) « Et vocabatur Alanus Mimi, britonice Barz » « Et on l’appelle Alan le créateur de musique et de poésie, Barz en langue bretonne », ou encore un nom donné par le Cartulaire de Quimperlé en 1131-1139 « Riuallonus filius an Bard » « Riuualon fils du Poète ».

56D’autres témoignages sont issus de la tradition orale, comme celui mentionné dans le dictionnaire imprimé de Le Pelletier (1752, colonne 44) : « Nos Bretons ont un dictum fondé sur la fable d’un joueur, poëte ou chanteur qui tomba avec un loup dans une trape. Birvik, birviken Riwal Varz ne c’hourz’ out den (lire : na c’hoarz ouz den) ». Hersart de la Villemarqué, dans son premier carnet de collecte (1834-1840), donne aussi une forme intéressante : « Ne peus ket da gahout aoen bet / Melin vars ne ziuno ket » « vous n’avez pas à avoir peur, Merlin le poète ne se réveillera pas ».

57En outre le linguiste remarquera la lénition après les deux derniers noms donnés.

Conclusion

58Les œuvres en moyen-breton sont toutes plus ou moins accessibles, dans différentes éditions depuis la fin du XIXe siècle. Certaines sont aujourd’hui obsolètes, mais d’autres, surtout celles opérées par Emile Ernault, sont toujours précieuses, malgré quelques tentatives pour les renouveler.

59Peu d’études ont pris ce corpus dans son ensemble, et c’est dommage car la mise en perspective de cette littérature est nécessaire. Une mise en perpective à l’interne (opérer la critique interne de ces textes) mais surtout une mise en perspective externe : on constate alors que l’on a affaire à une littérature bien plus complexe qu’on ne le pense. Elle est à la fois l’héritière des traditions celtiques anciennes, des traditions classiques et aussi des contacts et des échanges qu’elle a pu avoir avec d’autres langues ou civilisations (celles du français notamment, ou de l’anglo-normand partagé avec le cornique). Cette littérature montre aussi des routes à la fois économiques, sociales, littéraires, linguistiques, le tout dans un écosystème ouvert, mais avec une forte identité (comme le montre la persistance du système de rimes internes).

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Notes

1 Voir, par exemple Mikhaïl Bakhtine, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, Gallimard, 1982.

2 Donatien Laurent, Aux sources du Barzaz-Breiz – La mémoire d’un peuple, ArMen, 1989, p. 180 ( = p. 219 du ms). Voir aussi : http://chrsouchon.free.fr/chants/kilhog.htm.

3 C’est le mot que je lis, mais les carnets de collectes de La Villemarqué sont assez difficiles à déchiffrer, de par leur nature de matériau de terrain.

4 Herve Le Bihan, Les vers en moyen-breton de Lignol (1619 ?-1624 ?) sont-ils vannetais, in Buron, Le Bihan & Merdrignac (dir.), À travers les îles celtiques / A-dreuz an inizi keltiek / Per insulas scotticas, Britannia Monastica 12 / Klask, Rennes, 2008, pp. 365-383.

5 Jorj Belz, Ar poz-kan adkavet / Le chant retrouvé, Mein ha Tud, n° 23, décembre 2005, pp. 3037.

6 Vers donnés ici d’après l’édition de 1608.

7 Oliver J. Padel, Oral and literary culture in medieval Cornwall, in Fulton, Helen (editor), Medieval Celtic Literature and Society, Four Court Press, 2005, pp. 95-116.

8 L’imprimerie s’est installée en Bretagne très tôt, comme le montre les nombreux travaux de Gwennole Le Menn. Il faut bien remarquer que la date d’impression n’est pas la date réelle du texte. Ainsi les Novelov Ancien ha Devot imprimé en 1650 montre en réalité une langue de c.1550 (cf. Paul Widmer, A so and so in Middle and Early Modern Breton : a quantitative approach, hor Yezh, N° 270, 2012, pp. 31-39).

9 Thomas, Graham & Williams, Nicholas (editors), Bewnans Ke / The Life of St Kea – A Critical Edition with Translation, University of Exeter Press/The National Library of Wales, 2007.

10 Herve Le Bihan, Arthur in Earlier Breton Traditions, in Lloyd-Morgan, Ceridwen & Poppe, Erich (Edit.), Arthur in the Celtic Languages – The Arthurian Legend in Celtic Literatures and Traditions, University of Wales Press, Cardiff, 2019, pp. 281-303.

11 Elmar Ternes, (Ed.) Brythonic Celtic – Britannisches Keltisch – From Medieval British to Modern Breton, Münchner Forschungen zur historischen Sprachwissenschaft, Band 11, Bremen, 2011. 12 Voir J.R.F. Piette (Arzel Even), French Loanwords in Middle Breton, Cardiff, 1973.

12 Voir J.R.F. Piette (Arzel Even), French Loanwords in Middle Breton, Cardiff, 1973.

13 BNF Rés. Yn 11.

14 Pierre-Yves Lambert, Linguistique et philologie celtiques, in « École pratique des hautes études. 4e section, sciences historiques et philologiques, livret 11 (1997). Année 1995-1996, p. 262.

15 John Morris-Jones, Cerdd Dafod sef Celfyddyd Barddoniaeth Gymraeg, Rhydychen, Gwasg y Brifysgol, 1925, pp. 312-313 ; Pierre-Yves Lambert, op. cit.

16 Ifor Williams, Canu Aneirin gyda Rhagymadrodd a Nodiadau, Caerdydd, 1978 (première impression en 1938).

17 Émile Ernault, L’ancien Vers breton, Paris, Champion, 1912, p. 11.

18 Joseph Loth, La métrique galloise, Tome II (2e partie), Fontemoing éditeur, Paris, 1902. Voir p. 195.

19 Prononcé /salvder/.

20 Texte qui est à la suite de la Passion. Les deux textes ne sont pas du même auteur.

21 British Library C.40.b.49.

22 Il faut lire fez /fedh/ comme le montre la rime. Voir Loth, ibidem, p. 184, qui donne une analyse précise de ces vers.

23 Jacques Chocheyras, L’invective contre la Croix dans la Passion bretonne, in « Revue de littérature comparée », tome XI, 1966, pp. 606-612.

24 Ces deux vers ont été remis en ordre par moi. Ce faisant on retrouve les rimes internes.

25 Herve Le Bihan, Le poème officiel en moyen-breton de 1532, Études celtiques, tome 42, 2016, pp. 219-247.

26 Voir Bernard Merdrignac : https://www.persee.fr/doc/ecelt_0373-1928_1983_num1_1739

27 https://www.persee.fr/doc/ecelt_0373-1928_1981_num_18_1_1688

28 Anders Richardt Jørgensen, A New Rule of Middle Breton Internal Rhyme, Handout une présentation à Rennes 2 en novembre 2013, 14 p.

29 Voir l’édition de Roparz Hemon qui en a décelé de nombreux exemples.

30 La gwerz « complainte » est basée sur un fait historique (au sens large du terme) et présente une forme bien particulière.

31 Système qui a été bien vivant assez tardivement au Pays-de-Galles : Peredur I. Lynch, Court Poetry, Power and Politics, in T. M. Charles-Edwards, Morfydd E. Owen & Paul Russel (Ed.), The Welsh King and his Court, University of Wales Press, Cardiff, 2000, pp. 167-190 ; Rhian M. Andrews, Welsh Court Poems, The Library of Medieval Welsh Literature, University of Wales Press, 2007. Et en Irlande : J.E. Caerwyn Williams, Y Beirdd Llys yn Iwerddon, Llên Cymru, Cyfrol III, Rhifyn I, Bwrdd Gwybodau Celtaidd Prifysgol Cymru, 1954, pp. 1-11.

32 Herve Le Bihan, Notennoù diwar-benn al lec’hanv krBr. Scoldy, ar varzhed ha dibenn arver ar c’hlotennoù diabarzh, hor Yezh 275, 2013, pp. 37-39 ; An Dialog etre Arzur Roe d’an Bretounet ha Guynglaff – Le dialogue entre Arthur roi des Bretons et Guynglaff, Texte prophétique breton en vers (1450) édité et présenté avec commentaires et notes, Tir, Rennes, 2013, pp. 17-18.

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Pour citer cet article

Référence papier

Hervé Le Bihan, « À propos de la littérature en moyen-breton : littérature et société »Lapurdum, 24 | 2023, 201-218.

Référence électronique

Hervé Le Bihan, « À propos de la littérature en moyen-breton : littérature et société »Lapurdum [En ligne], 24 | 2023, mis en ligne le 01 juillet 2024, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/lapurdum/4278 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/127th

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