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Un intéressant fragment de cuve baptismale romane à Spiennes

François De Vriendt
p. 8-19

Résumés

L’église Saint-Amand de Spiennes (Mons, Hainaut) renferme un fragment de cuve baptismale romane produite en pierre de Tournai au xiie siècle. Extrait d’un mur du cimetière local en 1952, il a fait alors l’objet d’une attention éphémère, avant d’être longtemps considéré comme perdu. Le présent article entend remettre en lumière cette pièce méconnue, en en donnant une description détaillée. Plus globalement, il s’intéresse à l’histoire de l’église du lieu, très peu documentée, et soulève deux questions précises. Une œuvre sculptée de cette qualité a-t-elle pu être destinée à un village rural aussi modeste ? L’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem (futur ordre de Malte) auquel l’église de Spiennes ainsi que celle, voisine, de Saint-Symphorien furent données en 1177, a-t-il pu jouer un rôle dans la présence de ces fonts baptismaux ?

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Texte intégral

  • 1 Une analyse pétrographique ne laisse aucun doute à ce sujet : voir Tollenaere 1957, p. 165.
  • 2 La Province, 19 juin 1952, p. 10 (consulté à la Bibliothèque centrale de l’Université de Mons).
  • 3 Affirmation dans Ghislain 1974, p. 24.
  • 4 Mons 1953, p. 71, s. n. 6
  • 5 Tournai 1956, p. 39, s. n. 2.
  • 6 Cf. l’analyse pétrographique mentionnée supra, note 1.

1L’église Saint-Amand de Spiennes, au sud-est de Mons (Hainaut), abrite un intéressant fragment de cuve baptismale romane, sculptée en pierre de Tournai1. Si cette pièce n’est pas totalement inconnue, elle n’a que très peu retenu l’attention jusqu’à présent. Pire : à partir des années septante du siècle dernier, comme on le lira ci-dessous, le fragment fut le plus souvent considéré comme perdu par les rares chercheurs qui l’évoquèrent. Dans ce bref article, nous entendons dresser un état des connaissances sur cette curiosité patrimoniale qui n’a jamais suscité davantage qu’une dizaine de lignes de commentaire. Le fragment en question (27 x 40 x 23 cm) [fig. 1] fut extrait à la fin du printemps 1952 du mur sud-est de l’ancien cimetière entourant l’église, avant la destruction de cette enceinte, devenue vétuste. À la date du 19 juin, un entrefilet du journal La Province relate cette « trouvaille », photo à l’appui2. Selon ce bref article, l’extraction de la pierre fut supervisée par « le Musée archéologique de Mons » et le Service national des fouilles de l’État. Il est possible que l’initiative ait émané de Simon Brigode, professeur à l’Université catholique de Louvain et spécialiste d’architecture religieuse3. Déposé dans la maison communale de Spiennes, le bas-relief suscita alors un intérêt certain. En 1953 et en 1956, il fut présenté dans deux expositions successives, à Mons4 et Tournai5, donnant lieu à une première description dans leurs catalogues, et fit l’objet d’une analyse pétrographique6, avant de sombrer dans l’oubli.

[Fig. 1]

[Fig. 1]

Fragment de cuve baptismale, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).

© F. De Vriendt.

  • 7 Ghislain 1974, p. 24 : « ce fragment a disparu depuis l’exposition Scaldis à Tournai en 1956 » ; op (...)
  • 8 Le relief de Spiennes n’est ainsi pas évoqué dans la belle synthèse de Leclercq-Marx 1997, ni dans (...)
  • 9 Jacquemyn 1992, p. 250, où un fragment de cuve baptismale provenant de Lampernisse (Dixmude) est ra (...)
  • 10 Dans ces Actes, la sculpture est en effet correctement localisée à Spiennes, dans l’église Saint-Am (...)
  • 11 Delanois et Bernard 2012, p. 86.
  • 12 Témoignage oral d’Henri Delanois, recueilli le 29 janvier 2022.
  • 13 Jusqu’en mars 2022, le fragment (objet IRPA 10142008) était en effet localisé par la photothèque de (...)

2En 1974, Jean-Claude Ghislain, futur spécialiste des fonts baptismaux romans en Belgique, affirma que le fragment n’était jamais revenu de l’exposition Scaldis à Tournai7. L’absence de celui-ci dans les grands répertoires du dernier quart du xxe siècle, tels que le Patrimoine monumental (1975) et le Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique (1982), ainsi que dans les synthèses sur l’art roman en Belgique8, corrobora cette assertion, suggérant que la sculpture ne se trouvait effectivement pas dans l’église à ce moment. La plupart des chercheurs ultérieurs devaient reproduire cette méprise9. En 2012 cependant, dans les Actes d’un colloque international, Jean-Claude Ghislain évoqua subrepticement le relief, laissant croire qu’il ne le considérait plus comme perdu10. Parallèlement, la même année, l’érudit local Henri Delanois signala la présence de cette sculpture en pierre dans la monographie qu’il consacra au village de Spiennes en y adjoignant une photographie du relief prise après son extraction du mur11. Selon lui12, une fois rapportée de l’exposition de Tournai de 1956, la sculpture aurait été entreposée dans la « maison de l’instituteur » attenante à l’ancienne maison communale de Spiennes, ce qui pourrait expliquer que, longtemps référencée par l’IRPA dans cette dernière13, elle ait été introuvable et dès lors jugée perdue. Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que la sculpture semble avoir été placée dans l’église du village, plus précisément dans le chœur de celle-ci. En 2003, la pièce fut transférée un court temps à l’Institut du Patrimoine wallon, où elle fit l’objet d’une restauration sommaire.

  • 14 Dans les registres paroissiaux, la plus ancienne mention explicite que j’ai repérée d’une inhumatio (...)

3À notre connaissance, la plus ancienne attestation évoquant ce fragment roman se rencontre dans un document administratif de 1941, portant sur la désaffection de l’ancien cimetière entourant l’église et son réaménagement14. L’inventaire des pièces concernant la restauration de l’église de Spiennes conservé dans les archives de la Commission royale des Monuments et des Sites (indicateur n° 2967), à Liège, relate, à propos de la destruction des vieux murs qui menaçaient ruine : 

« Certaines dalles funéraires devront être encastrées dans le mur de l’église. Les 4 bases anciennes de croix seront placées au pied de l’église pour leur conservation. Un pan roman paraissant être un fragment de cuve baptismale sera également encastré dans la muraille intérieur[e] de l’église. Un trottoir sera construit tout autour de l’église ».

4Le projet communal de désaffection de l’ancien cimetière, couplé à celui d’agrandissement de la place du village, n’était pas neuf mais il mit du temps à aboutir. Alors que les inhumations dans ce cimetière avaient cessé depuis 1897, il fallut en effet attendre les années 1950 pour que ses vieux murs soient démolis.

  • 15 La farde (cotée 1.30 Mons Ht) relative à l’église Saint-Amand de Spiennes, conservée dans les Archi (...)
  • 16 Liège, CRMSF, registre (« indicateur ») 2967, Inventaire des pièces concernant la restauration de l (...)
  • 17 Cf. Delanois et Bernard 2012, p. 85-86.
  • 18 Gosseries 1923.

5Est-il possible de conjecturer depuis quand le fragment qui nous intéresse se trouvait dans le mur abattu en 1952 ? Deux indices une photo du mur [fig. 2] et le fait qu’aucune intervention relative à l’enceinte de l’ancien cimetière n’est signalée dans les archives de la Commission royale des Monuments et des Sites15 incitent à croire que ce mur « construit en briques et en moellons, en partie écroulé » et dont la hauteur avoisinait deux mètres16, était antérieur au milieu du xixe siècle. Dans le cas contraire, l’insertion d’une pièce patrimoniale comme le relief roman aurait vraisemblablement été notifiée dans ces archives. On ne peut exclure que le mur soit antérieur à cette date, voire qu’il ait été érigé dans la seconde moitié du xviiie siècle, à la suite de la construction de l’église actuelle en 1753, ou après l’agrandissement du chœur du sanctuaire, en 178017. Notons par ailleurs que le fragment sculpté n’est pas mentionné par Alphonse Gosseries, auteur de la principale monographie sur le village de Spiennes18.

[Fig. 2]

[Fig. 2]

Vue (depuis le sud) de l’église Saint-Amand de Spiennes et des murs de l’ancien cimetière. Photographie des environs de 1920 ? Le bas-relief se trouvait inséré dans le mur de droite, à hauteur du chœur.

© H. Delanois.

  • 19 Ce plan, conservé à Bruxelles (Bibliothèque royale de Belgique), est accessible en lign : https://u (...)
  • 20 Blotti dans le vallon, le village présente peu de détails significatifs et l’église est cachée par (...)
  • 21 Mons, AÉM, Cartes et plans, n° 1401 et n° 738 ; documents consultables en ligne sur le site Cartesi (...)
  • 22 Voir ci-dessous.
  • 23 Gosseries 1923, p. 65. Il est probable qu’il y ait eu alors des escarmouches à Spiennes entre les d (...)

6Peu de données subsistent sur les sanctuaires antérieurs au bâtiment actuel, qui fut érigé vers 1753. La physionomie de l’église précédente nous est toutefois connue par le plan de Pierre Le Poivre dessiné en 1616 : ce document montre, à Espien, à l’emplacement de l’église d’aujourd’hui, un petit édifice à chevet, sans doute en briques, dont le clocher surmonte le chœur19. En revanche, le bâtiment n’apparaît pas sur la gouache des albums de Croÿ réalisée en 159920. L’église est également figurée, mais de manière schématique et dès lors inexploitable, sur deux plans dressés par l’arpenteur Jacques-Joseph Plon du village d’Espienne ou de Spienne, respectivement en 1736 et en 174021. Ce précédent sanctuaire, peut-être érigé dans la première moitié du xvie siècle, à l’instar des fonts baptismaux qui y sont encore conservés aujourd’hui22, subit des vols et des déprédations en 1572, lors du passage des troupes de Guillaume de Nassau23, mais ne fut manifestement pas détruit. Les données manquent totalement sur l’aspect des églises antérieures au xvie siècle.

  • 24 La paroisse de Spiennes releva ensuite du doyenné de Sainte-Élisabeth de Mons.
  • 25 Vos 1902, p. 122-125.
  • 26 Voir ci-dessous. Sur la hiérarchie des églises durant le haut Moyen Âge, voir Dierkens 1998, p. 21- (...)
  • 27 Devroey 1986, p. 33.

7Jusqu’en 1801, l’église de Spiennes fut un « secours » de celle de Saint-Symphorien, dépendant du décanat de Binche24, dont la collation appartenait à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem25. Cette position subalterne s’observe déjà en 1177, lors de la cession à l’ordre de Saint-Symphorien et de ses églises « médianes » (Spiennes, Vellereille-le-Sec) par l’évêque Alard de Cambrai26. Cet acte recèle la plus ancienne mention de l’église du lieu, même si le toponyme Splienas apparaît déjà en 889 dans la liste courte des biens de Lobbes du polyptyque de cette abbaye27. Du xiie au xviiie siècles, sauf exception, un seul curé dessert les deux églises.

  • 28 Sur les cuves baptismales romanes en général, cf. l’aperçu des pièces les plus emblématiques dans B (...)
  • 29 Voir l’excellente mise au point dans Ghislain 2012, p. 219, qui décrit le « canon » des fonts bapti (...)
  • 30 Objet IRPA 10073133. Sur cette pièce (81 cm de côté, 30 cm de haut), qu’il date des environs de 114 (...)
  • 31 Cf. l’analyse pétrographique mentionnée supra, note 1.
  • 32 Nous ne parlons ici que du domaine des fonts baptismaux. La pierre de Tournai sera encore souvent t (...)
  • 33 Le mètre cube de pierre bleue équivaut approximativement à 2,7 tonnes.
  • 34 Ghislain 2012, p. 219 et 223 (pour la datation associée au relief de Spiennes).

8Le fragment conservé provient d’une cuve baptismale de type carré28, soit la catégorie prédominante dans l’école tournaisienne29. Il présente l’un des angles de la margelle de cette cuve (écoinçon), avec son bandeau, et une partie de deux des faces latérales de celle-ci. En se fondant sur les mesures du fragment (27 × 40 × 23 cm) et de la courbe circulaire du bandeau de palmettes, on peut estimer approximativement les dimensions de la cuve [fig. 3]. Celle-ci mesurait environ 80 cm de côté, le diamètre de son bassin avoisinant 60 cm. Les dimensions de la cuve baptismale, notons-le, se rapprochent sensiblement de celles de Soignies30 et sont analogues à celles de Lichtervelde (80 × 80 × 23 cm). Toutes trois ont été produites en pierre de Tournai31, pierre calcaire appréciée pour sa dureté et abondamment exportée depuis les années 1140 jusqu’à la fin du xiie siècle32. Le poids de la seule cuve, dans son format originel, devait approcher les 400 kg33. La chronologie de notre pièce, qui ne repose que sur des comparaisons stylistiques avec d’autres fonts, est difficile à établir avec précision. Le spécialiste du domaine, Jean-Claude Ghislain, la date du « milieu du xiie siècle » comme nombre de fonts tournaisiens, qu’il juge produits dans le contexte du chantier de la cathédrale de Tournai34. Les fichiers de l’IRPA et les notices des expositions mentionnées ci-dessus se montrent plus prudents, en rattachant le relief au xiie siècle dans sa globalité.

[Fig. 3]

[Fig. 3]

Essai de restitution des dimensions de la cuve baptismale, à partir du fragment conservé.

  • 35 Objet IRPA 50381.
  • 36 Objet IRPA 48240.

9Les trois côtés gravés de la pierre présentent chacun une iconographie spécifique. L’écoinçon de la margelle [fig. 4] est orné de deux colombes affrontées s’abreuvant à un vase. Ce motif fréquent, au symbolisme polyvalent, exprime vraisemblablement le baptême comme source de vie éternelle. Les trois palmettes conservées de l’écoinçon montrent d’indéniables similitudes avec celles qui décorent la belle cuve baptismale de l’église Sainte-Catherine de Zillebeke, près de Ypres35, avec celle de l’église Saint-Jacques de Lichtervelde36, voire avec celle, jugée plus précoce, de la cathédrale de Châlons-en-Champagne consacrée à l’automne 1147.

[Fig. 4]

[Fig. 4]

Fragment de la margelle de la cuve, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).

© Bruxelles, IRPA, B149824.

  • 37 Pubben 2019, p. 34.

10Un des côtés latéraux de la cuve présente deux personnages en buste et de face, aux yeux en amande, vêtus d’une toge [fig. 5] : un apôtre ou un évangéliste, tenant un livre, et un évêque ou un abbé reconnaissable à sa crosse. Rien ne permet, faut-il le préciser, d’identifier cet évêque à saint Amand, auquel l’église de Spiennes semble avoir été dédiée depuis le Moyen Âge. Ces deux religieux, exécutés avec soin jusque dans le traitement de leur chevelure, se trouvent figurés sous des arcatures soutenues par des colonnettes au chapiteau tronconique bifolié. La présence de plusieurs personnages accostés est rare dans les fonts baptismaux d’origine tournaisienne37 et constitue l’originalité principale de notre sculpture.

[Fig. 5]

[Fig. 5]

Face latérale de la cuve baptismale, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).

© Bruxelles, IRPA, B149825.

  • 38 Iconographie fréquente sur les fonts baptismaux, inspirée de Gn 2, 10-14.
  • 39 Ghislain 2012, p. 224.

11Quant à la seconde face latérale, au rendu plus sommaire, elle montre une décoration faite de palmettes et de rinceaux concentriques, qui évoquent peut-être les ondes des fleuves du Paradis38 ou de l’eau baptismale [fig. 6]. Des parallèles significatifs avec les fonts baptismaux en pierre de Meuse issus des églises de Heer et Cousolre ont été proposés par Jean-Claude Ghislain39.

[Fig. 6]

[Fig. 6]

Face latérale de la cuve baptismale, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).

© Bruxelles, IRPA, B149826.

  • 40 La rivière ne semble pas avoir été navigable en amont de Mons, mais permettait peut-être un transpo (...)
  • 41 La population aurait été de 305 habitants en 1801 selon Piérard 1980, p. 1402 ; de 439 habitants en (...)
  • 42 En 1424, il y a 18 feux (fiscaux) à Spiennes et en 1469, 19 feux : Gosseries 1923, p. 13.
  • 43 Sans pouvoir en estimer l’ampleur, on ne peut douter qu’un village existe à Spiennes au Moyen Âge, (...)
  • 44 Dans l’église voisine de Saint-Martin d’Hyon, par exemple.
  • 45 Objet IRPA 10054772.

12Une question vient naturellement à l’esprit : un village rural, a priori peu peuplé et pauvre, a-t-il pu héberger des fonts baptismaux en pierre aussi singuliers ? Ou faut-il plutôt penser que le fragment aboutit tardivement à Spiennes, à la suite du démantèlement d’un autre sanctuaire, ou d’un transfert ? Bien que la proximité de la route ancestrale reliant Mons à Beaumont, et celle de la Trouille40, aient pu favoriser un éventuel transport, la première option me semble à privilégier. Avant le xviiie siècle, l’évolution démographique du village nous échappe presque complètement41. Tout au plus peut-on avancer qu’au xve siècle, le nombre de feux fiscaux est d’une petite vingtaine42, ce qui équivaut grosso modo à une centaine de personnes. Avant la construction de l’édifice actuel au milieu du xviiie siècle, très peu de mentions du village de Spienas ou d’Espienes43 et de son église subsistent dans les sources. Comme c’est régulièrement le cas44, les fonts baptismaux qui s’observent aujourd’hui dans l’église, datés du xvie siècle45, constituent la pièce la plus ancienne du sanctuaire. Un canevas, certes invérifiable en l’absence de documents écrits, peut être imaginé : à savoir que ces fonts gothiques remplacèrent au xvie siècle leurs devanciers romans, à l’esthétique jugée démodée, et qu’ils continuèrent ensuite à servir dans la nouvelle église de 1753. Quant aux fonts baptismaux romans, ils furent déclassés mais conservés, sans doute d’abord dans l’église, puis en dehors de celle-ci.

  • 46 Objets IRPA 10054598 et 10051046.

13Une autre possibilité, elle aussi très conjecturale, serait que ce fragment provienne d’une église voisine dépendant de la même commanderie, à savoir Saint-Symphorien ou Vellereille-le-Sec, qui renouvelèrent également leurs fonts baptismaux à l’époque moderne46.

  • 47 Cette pauvreté est néanmoins une réalité dans la seconde moitié du xixe et dans la première moitié (...)
  • 48 Ghislain 2009, p. 48-49.
  • 49 Ibidem, p. 55.
  • 50 Tollenaere 1957, p. 211.

14Selon nous, l’aspect modeste du village ou sa pauvreté apparente47 n’est pas un argument rédhibitoire à la présence d’une cuve baptismale de qualité. L’église rurale d’Asquillies48 un village à 4 km de Spiennes, qui paraît avoir été encore moins peuplé –, celles de Blaregnies49 et de Blaugies50 abritaient elles aussi des cuves baptismales, taillées dans une pierre calcaire mosane et contemporaines de notre fragment. Nombre de cuves baptismales fabriquées en pierre de Tournai que nous conservons proviennent en outre de villages à la population jadis modeste.

  • 51 Pour mémoire, l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, reconnu par le pape en 1113, fut comm (...)
  • 52 Devillers 1860, p. 447 ; Devillers 1865 ; Devillers 1876, p. 25 (n° 114).
  • 53 Devillers 1876 (n° 115).
  • 54 Ibidem, respectivement p. 27 (n° 119) et 28 (n° 121 et 122, bulle d’Innocent III confirmant à l’ord (...)
  • 55 Voir Devillers 1860, p. 448 et Devillers 1865, p. 49 et suiv.
  • 56 La chapelle fut rebâtie en 1661 à la suite d’un incendie : cf. Mannier 1872, p. 722 ; des dessins e (...)
  • 57 Devillers 1865, p. 60.
  • 58 Cartulaire de l’ordre de Malte ou de Saint-Jean de Jérusalem : Mons, AÉM, Collection des cartulaire (...)
  • 59 Devillers 1875, p. 410-415.

15Le fragment de pierre qui nous intéresse apparaît contemporain des premières attestations écrites de l’église et, en particulier, de la donation de celle-ci en 1177 à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem51. Deux actes – le premier de l’évêque Alard de Cambrai, le second du pape Alexandre III à titre de confirmation cèdent à l’ordre les ecclesias de Sancto Simphoriano, de Spieneis et de Verelolli cum earum appenditiis et pertinentiis suis52. Un an plus tard, en 1178, les droits fonciers liés à ces églises furent arrentés au seigneur Godin de Saint-Symphorien à la condition que le terrage, des portions de dîme et un cens continuent à être perçus par les Hospitaliers53. Après la mort de Godin, l’accord fut renouvelé en 1199 avec sa veuve Ide et ses trois fils, avant d’être confirmé en 1202 par Baudouin V, comte de Hainaut, pour aplanir des litiges survenus entre les deux parties54. Plusieurs actes55 montrent qu’entre 1216 et 1233, l’ordre acquit de nombreuses portions de dîmes sur le territoire de Saint-Symphorien, et de Spiennes, mais aussi de nouvelles terres et les droits de justice haute, moyenne et basse. Dotée d’une chapelle56, la commanderie de Saint-Symphorien, attestée comme telle en 1286 au plus tard57, semble avoir été l’une des plus anciennes implantations de l’ordre en Hainaut-Cambrésis. Si la collation des églises appartint à l’ordre depuis 1177, les contestations juridiques en matière territoriale et fiscale entre le commandeur de l’ordre et les seigneurs de Saint-Symphorien eurent la vie longue, comme l’illustrent un jugement rendu en 1359 contre le seigneur de Spiennes « pour avoir levé aucuns droits sur les manants de la Religion à Espiennes »58 ou un différend survenu lors de la ducasse de Saint-Symphorien en 1626 et jugé par la Cour souveraine de Hainaut59.

  • 60 Objet IRPA 10054588. Pour une présentation sommaire, voir Labilloy 2002. La configuration générale, (...)

16Notre sculpture est aussi proche sur le plan chronologique, et par certains éléments stylistiques, de la châsse de saint Symphorien, une belle pièce d’orfèvrerie en partie romane datée des environs de 1160 [fig. 7]. Conservée dans l’église du village éponyme, à deux kilomètres de Spiennes60, elle est entre autres ornée de figures d’apôtres placées, elles aussi, sous des arcatures.

[Fig. 7]

[Fig. 7]

Face latérale de la châsse de saint Symphorien, vers 1160 (41 × 65 × 25 cm), cuivre, laiton, émail et chêne (Saint-Symphorien, église éponyme).

© Bruxelles, IRPA, X018188.

  • 61 Voir https://www.diplomata-belgica.be/, chartes n° 2185 et 2792.
  • 62 Serait-ce le fils de Godin, prénommé comme son père et cité dans un acte de 1199 ? : cf. Devillers (...)
  • 63 Cf. Bruwier et Gysseling 1956, p. 297. Attestées à partir de la seconde moitié du xiie siècle (1171 (...)
  • 64 Mons, AÉM, Collection des cartulaires, 16.003 – 36 (en ligne).

17Pour les historiens en manque de données, la tentation est grande de chercher des liens entre ces trois éléments – le vestige des fonts baptismaux, la châsse de saint Symphorien et l’implantation de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Saint-Symphorien et Spiennes qui renvoient grosso modo aux années 1160-1180. S’il nous paraît légitime de souligner cette simultanéité relative et d’esquisser cette hypothèse de travail, aucun élément objectif ne permet de ratifier cette dernière. La datation même des fonts baptismaux et de la petite châsse, basée sur de seuls critères stylistiques, reste très relative. Des questions viennent cependant à l’esprit. La famille de Godin de Saint-Symphorien (décédé ca 1197-1199), seigneur du village éponyme, qui apparaît dans des chartes du châtelain de Mons (1195) et du comte de Hainaut (1197)61, et dont un homonyme sans doute apparenté62 fut doyen de Binche entre 1186 et 119763, a-t-elle pu jouer un rôle dans la présence de ces deux œuvres, ou de l’une des deux, au sein de cette région rurale ? Ou, plus encore, le puissant ordre de Saint-Jean de Jérusalem, en plein essor à cette époque, dont releva à partir de 1177 la collation des cures de Spiennes et Saint-Symphorien ? Le cartulaire de la commanderie dite du Piéton64, incluant celle de Saint-Symphorien et compilant les privilèges et immunités de l’ordre en Hainaut et Cambrésis de 1139 à 1756, ainsi que l’absence de comptes pour cette haute époque, ne permettent pas de dépasser ici le stade des spéculations.

18Réduit par la taille, attrayant par sa qualité technique, difficile à dater précisément, le fragment sculpté de Spiennes mérite néanmoins d’être pleinement « réintégré » aux recherches sur la production de fonts baptismaux romans, massive dans nos régions, et soulève quelques problématiques intéressant l’histoire locale et celle des ordres religieux.

Je remercie, pour leur aide et conseils, Étienne Pourbaix, président de la Fabrique d’église de Spiennes, Henri Delanois (Spiennes), Ludovic Nys (Université Polytechnique Hauts-de France, Valenciennes), Bernard Petit et Elisabeth Van Eyck (IRPA).

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Bibliographie

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Bruwier et Gysseling 1956 M. Bruwier et M. Gysseling, Les revenus, les biens et les droits de Sainte-Waudru à Mons à la fin du xiie siècle, dans Bulletin de la Commission royale d’histoire, 121, 1956, p. 239-330.

Darquenne 1968-1970 R. Darquenne, La conscription dans le département de Jemappes (1789-1813), dans Annales du Cercle archéologique de Mons, 67, 1968-1970, p. 1-425.

De Keyzer 2020 W. De Keyzer, À propos du transfert de la terre de Spiennes à la fin du xiiie siècle, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, 85, 2020, p. 67-83.

Découvertes faites à Mons 1869 Découvertes faites à Mons, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, 9, 1869, p. 331-335.

Delanois et Bernard 2012 H. Delanois et V. Bernard, Spiennes (À la découverte de ma commune), Mons, 2012.

Devillers 1860 L. Devillers, Possessions de l’ordre de Malte à Saint-Symphorien, à Spiennes, à Vellereille-le-Sec, à Ciply et à Ville-sur-Haine, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, 2, 1860, p. 447-448.

Devillers 1865 L. Devillers, Cartulaire des possessions de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem dans le Hainaut et le Cambrésis, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, 6, 1865, p. 13-91.

Devillers 1875 L. Devillers, Quelques chartes concernant les possessions de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem dans le Hainaut, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, 12, 1875, p. 384-425.

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Notes

1 Une analyse pétrographique ne laisse aucun doute à ce sujet : voir Tollenaere 1957, p. 165.

2 La Province, 19 juin 1952, p. 10 (consulté à la Bibliothèque centrale de l’Université de Mons).

3 Affirmation dans Ghislain 1974, p. 24.

4 Mons 1953, p. 71, s. n. 6

5 Tournai 1956, p. 39, s. n. 2.

6 Cf. l’analyse pétrographique mentionnée supra, note 1.

7 Ghislain 1974, p. 24 : « ce fragment a disparu depuis l’exposition Scaldis à Tournai en 1956 » ; opinion répétée dans Ghislain 1986-1987, p. 98.

8 Le relief de Spiennes n’est ainsi pas évoqué dans la belle synthèse de Leclercq-Marx 1997, ni dans son récent guide, Leclercq-Marx 2022.

9 Jacquemyn 1992, p. 250, où un fragment de cuve baptismale provenant de Lampernisse (Dixmude) est rapproché de « een verdwenen fragment van een Doornikse doopvont uit Spiennes » ; voir également Pubben 2019, annexe 1.

10 Dans ces Actes, la sculpture est en effet correctement localisée à Spiennes, dans l’église Saint-Amand : Ghislain 2012, p. 223-224.

11 Delanois et Bernard 2012, p. 86.

12 Témoignage oral d’Henri Delanois, recueilli le 29 janvier 2022.

13 Jusqu’en mars 2022, le fragment (objet IRPA 10142008) était en effet localisé par la photothèque de l’IRPA dans cette ancienne maison communale.

14 Dans les registres paroissiaux, la plus ancienne mention explicite que j’ai repérée d’une inhumation dans ce cimetière de Spiennes ne remonte qu’à 1776 (elle concerne Thérèse Bautier ; Mons, Archives de l’État de Mons (AÉM), Registres paroissiaux. Province du Hainaut. Arrondissements de Charleroi et Mons, doc. 0697_001_00977_000_0_0169, p. 155, consulté en ligne), même s’il ne fait aucun doute que les alentours de l’église servirent de cimetière depuis le Moyen Âge.

15 La farde (cotée 1.30 Mons Ht) relative à l’église Saint-Amand de Spiennes, conservée dans les Archives de la Commission royale des Monuments et des Sites (CRMSF) (Liège), renferme des documents de 1861 à 1974 sur l’édifice et le presbytère, principalement sur les restaurations à y effectuer.

16 Liège, CRMSF, registre (« indicateur ») 2967, Inventaire des pièces concernant la restauration de l’église de Spiennes, doc. 9 ; le texte attribue une hauteur de 2 m au mur.

17 Cf. Delanois et Bernard 2012, p. 85-86.

18 Gosseries 1923.

19 Ce plan, conservé à Bruxelles (Bibliothèque royale de Belgique), est accessible en lign : https://uurl.kbr.be/1044562/p21.

20 Blotti dans le vallon, le village présente peu de détails significatifs et l’église est cachée par un repli du terrain : cf. Piérard 1990.

21 Mons, AÉM, Cartes et plans, n° 1401 et n° 738 ; documents consultables en ligne sur le site Cartesius.

22 Voir ci-dessous.

23 Gosseries 1923, p. 65. Il est probable qu’il y ait eu alors des escarmouches à Spiennes entre les deux armées belligérantes comme en témoigne la découverte, en 1869, d’une belle rapière espagnole du xvie siècle sur les berges de la Trouille : cf. Découvertes faites à Mons 1869, p. 335.

24 La paroisse de Spiennes releva ensuite du doyenné de Sainte-Élisabeth de Mons.

25 Vos 1902, p. 122-125.

26 Voir ci-dessous. Sur la hiérarchie des églises durant le haut Moyen Âge, voir Dierkens 1998, p. 21-48.

27 Devroey 1986, p. 33.

28 Sur les cuves baptismales romanes en général, cf. l’aperçu des pièces les plus emblématiques dans Barral i Altet 1989, p. 387-390 et ill.

29 Voir l’excellente mise au point dans Ghislain 2012, p. 219, qui décrit le « canon » des fonts baptismaux de style tournaisien comme suit : « une base et une cuve carrées, reliées par cinq supports cylindriques, c’est-à-dire un fût central (…) cantonné par quatre colonnettes d’angle ». Sur les fonts baptismaux en Belgique, voir surtout Ghislain 2009 et Toussaint 2012.

30 Objet IRPA 10073133. Sur cette pièce (81 cm de côté, 30 cm de haut), qu’il date des environs de 1145-1150, cf. Ghislain 2003.

31 Cf. l’analyse pétrographique mentionnée supra, note 1.

32 Nous ne parlons ici que du domaine des fonts baptismaux. La pierre de Tournai sera encore souvent travaillée à l’époque gothique comme l’a montré Nys 1993.

33 Le mètre cube de pierre bleue équivaut approximativement à 2,7 tonnes.

34 Ghislain 2012, p. 219 et 223 (pour la datation associée au relief de Spiennes).

35 Objet IRPA 50381.

36 Objet IRPA 48240.

37 Pubben 2019, p. 34.

38 Iconographie fréquente sur les fonts baptismaux, inspirée de Gn 2, 10-14.

39 Ghislain 2012, p. 224.

40 La rivière ne semble pas avoir été navigable en amont de Mons, mais permettait peut-être un transport partiel de matériaux par radeaux ou petites barges à fond plat, souvent utilisées pour le transport des pierres.

41 La population aurait été de 305 habitants en 1801 selon Piérard 1980, p. 1402 ; de 439 habitants en 1806 d’après Darquenne 1968-1970, p. 215.

42 En 1424, il y a 18 feux (fiscaux) à Spiennes et en 1469, 19 feux : Gosseries 1923, p. 13.

43 Sans pouvoir en estimer l’ampleur, on ne peut douter qu’un village existe à Spiennes au Moyen Âge, comme l’indique une charte du 21 décembre 1300, où il est question de le vile et ou terroir de Espienes : De Keyzer 2020, p. 81-82. Le plus ancien acte conservé de l’échevinage de Spiennes date du 8 février 1343 : Gosseries 1923, p. 64.

44 Dans l’église voisine de Saint-Martin d’Hyon, par exemple.

45 Objet IRPA 10054772.

46 Objets IRPA 10054598 et 10051046.

47 Cette pauvreté est néanmoins une réalité dans la seconde moitié du xixe et dans la première moitié du xxe siècle, comme l’atteste une lettre de 1891, où l’on lit : « La fabrique est sans ressources ainsi que la commune, cette dernière qui demande à l’État la plus large part de subside possible » (lettre du 26.I.1891, Liège, CRMSF, dossier 2967). En mars 1939, la commune sollicitera encore, mais sans succès, un subside de l’État destiné aux communes pauvres (Mons, AÉM, 01.128, Inventaire des archives de la commune de Spiennes. Registres des délibérations, vol. 1, p. 127).

48 Ghislain 2009, p. 48-49.

49 Ibidem, p. 55.

50 Tollenaere 1957, p. 211.

51 Pour mémoire, l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, reconnu par le pape en 1113, fut communément appelé ordre de Malte, après son installation en 1530 dans cette île ; cf. Wienand 1988 et Galimard Flavigny 2010.

52 Devillers 1860, p. 447 ; Devillers 1865 ; Devillers 1876, p. 25 (n° 114).

53 Devillers 1876 (n° 115).

54 Ibidem, respectivement p. 27 (n° 119) et 28 (n° 121 et 122, bulle d’Innocent III confirmant à l’ordre la possession de l’église de Saint-Symphorien).

55 Voir Devillers 1860, p. 448 et Devillers 1865, p. 49 et suiv.

56 La chapelle fut rebâtie en 1661 à la suite d’un incendie : cf. Mannier 1872, p. 722 ; des dessins et plans, réalisés en 1682, en conservent la physionomie : Mons, AÉM, Collection des cartes et plans, 14.001.451.

57 Devillers 1865, p. 60.

58 Cartulaire de l’ordre de Malte ou de Saint-Jean de Jérusalem : Mons, AÉM, Collection des cartulaires, 16.003-106, fol. 15 (en ligne).

59 Devillers 1875, p. 410-415.

60 Objet IRPA 10054588. Pour une présentation sommaire, voir Labilloy 2002. La configuration générale, les émaux et plusieurs figures en relief comme celles du Christ et de la Vierge, sont antérieurs à 1177, date à laquelle le reliquaire apparaît dans une charte, d’autres éléments furent ciselés au milieu et à la fin du xiiie siècle.

61 Voir https://www.diplomata-belgica.be/, chartes n° 2185 et 2792.

62 Serait-ce le fils de Godin, prénommé comme son père et cité dans un acte de 1199 ? : cf. Devillers 1876, p. 27.

63 Cf. Bruwier et Gysseling 1956, p. 297. Attestées à partir de la seconde moitié du xiie siècle (1171), deux chanoinesses de Mons – Élisabeth et Clarisse, qui étaient sœurs – paraissent également appartenir à cette même famille (ibid., p. 281).

64 Mons, AÉM, Collection des cartulaires, 16.003 – 36 (en ligne).

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Table des illustrations

Titre [Fig. 1]
Légende Fragment de cuve baptismale, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 287k
Titre [Fig. 2]
Légende Vue (depuis le sud) de l’église Saint-Amand de Spiennes et des murs de l’ancien cimetière. Photographie des environs de 1920 ? Le bas-relief se trouvait inséré dans le mur de droite, à hauteur du chœur.
Crédits © H. Delanois.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 272k
Titre [Fig. 3]
Légende Essai de restitution des dimensions de la cuve baptismale, à partir du fragment conservé.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 154k
Titre [Fig. 4]
Légende Fragment de la margelle de la cuve, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 365k
Titre [Fig. 5]
Légende Face latérale de la cuve baptismale, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 411k
Titre [Fig. 6]
Légende Face latérale de la cuve baptismale, 2e moitié du xiie siècle (27 × 40 × 23 cm), pierre calcaire (Spiennes, église Saint-Amand).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 314k
Titre [Fig. 7]
Légende Face latérale de la châsse de saint Symphorien, vers 1160 (41 × 65 × 25 cm), cuivre, laiton, émail et chêne (Saint-Symphorien, église éponyme).
Crédits © Bruxelles, IRPA, X018188.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/docannexe/image/479/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 391k
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Pour citer cet article

Référence papier

François De Vriendt, « Un intéressant fragment de cuve baptismale romane à Spiennes »Bulletin de l’Institut royal du Patrimoine artistique / Bulletin van het Koninklijk Instituut voor het Kunstpatrimonium, 38 | 2023, 8-19.

Référence électronique

François De Vriendt, « Un intéressant fragment de cuve baptismale romane à Spiennes »Bulletin de l’Institut royal du Patrimoine artistique / Bulletin van het Koninklijk Instituut voor het Kunstpatrimonium [En ligne], 38 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023, consulté le 09 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kikirpa/479 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/kikirpa.479

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Auteur

François De Vriendt

Docteur en Histoire, Histoire de l’art et Archéologie (UNamur), François De Vriendt est membre de la Société des Bollandistes, à Bruxelles, depuis 2000. Ses recherches portent, principalement, sur l’hagiographie et l’histoire religieuse de l’ancien comté de Hainaut.

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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