Alexandra Kovacs, Refuser la nourriture carnée. Végétarisme et pratiques civiques en Grèce ancienne
Alexandra Kovacs, Refuser la nourriture carnée. Végétarisme et pratiques civiques en Grèce ancienne, Pessac, Ausonius (Scripta Antiqua ; 164), 2022, 282 p.
Texte intégral
- 14 Si, comme le souligne A. Kovacs, « communément, le végétarisme est défini comme l’abstinence de via (...)
- 15 À ce sujet, voir, par exemple, l’article du Monde, paru le 16 février 2021, sous le titre « “Une te (...)
- 16 À ce sujet, voir l’étude réalisée par S. Mathieu et G. Dorard, « Végétarisme, végétalisme, véganism (...)
1À l’heure de l’Anthropocène, le végétarisme14 est à la mode ! Surtout chez les jeunes qui y voient une possibilité d’action militante15, même si d’autres moteurs, comme l’émancipation (réelle ou symbolique)16, peuvent être derrière ce choix souvent en rupture avec l’environnement familial. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait donné lieu à un sujet de thèse d’histoire (Le végétarisme dans l’Antiquité grecque : norme ou marginalité ?, Université de Bourgogne Franche-Comté, sous la dir. de G. Labarre, soutenue le 20 janvier 2017), publiée, presque à l’identique – la principale modification tenant au titre adopté –, chez Ausonius, en 2022. Son auteure, Alexandra Kovacs, a depuis sa soutenance obtenu, entre autres, un financement post-doctorat par le FWR (Der Fonds zu Förderung der wissenschaftlichen Forschung) pour un projet intitulé « Fish and meat : the economy of animal flesh food in Asia Minor during Hellenistic and Imperial periods. Three case studies : Ephesus, the Kibyratis and Lycia » (FWF-Lise Meitner-M 3141).
- 17 « Le végétarisme dans l’Antiquité grecque. Entretien avec Alexandra Kovacs », propos recueillis pou (...)
- 18 L’ouvrage majeur à ce sujet est bien entendu celui de M. Detienne, J.-P. Vernant, J.-L. Durand et a (...)
- 19 Sur cette expression – rentrée dans le langage courant de l’historiographie, en dépit du fait que l (...)
2Présentant elle-même son travail dans la « continuité des études en histoire de l’alimentation », AK a l’ambition de « participe[r] au renouvellement des études sur la vie civico-religieuse grecque, notamment le sacrifice »17. Il s’agit donc d’une vraie thèse qui défend avec conviction – parfois peut-être avec un certain manque de nuances, ou disons d’humilité, propre aux travaux de jeunesse – une position contre une doxa longtemps établie dans les milieux scientifiques, en l’occurrence l’association posée, en particulier par Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant18, entre le sacrifice sanglant, le partage de la viande entre les citoyens – voire sa consommation – et l’identité / intégration civique. AK conclut son étude sans ambiguïté sur sa position par rapport aux positions soutenues, en la matière, par l’“École de Paris”19 :
Ainsi, cette étude a permis de montrer que le schéma selon lequel l’intégration civique dépendait de la participation au sacrifice sanglant et au banquet qui suit, est davantage un mirage historiographique, construit sur une image déformée voire fantasmée de la Grèce antique. Certes le sacrifice, autrement dit le fait d’honorer les dieux par une offrande, est un devoir civique. Toutefois, la valeur de la citoyenneté ne prend pas effet dans la consommation de la viande. Celle-ci relève davantage de la pratique sociale ou micro-sociale (familiale par exemple) propre à tout repas en commun.
- 20 La cuisine et l’autel : les sacrifices en question dans les sociétés de la Méditerranée ancienne, S (...)
- 21 Le sacrifice antique : vestiges, procédures et stratégies, V. Mehl, P. Brulé (dir.), Rennes, Presse (...)
- 22 V. Pirenne-Delforge, F. Prescendi, « Introduction. “Nourrir les dieux ?” », in Nourrir les dieux ?, (...)
3“En vérité”, pour reprendre une expression chère à l’auteure, AK n’est pas la première à vouloir revenir sur les affirmations qui ont pu être posées certes de manière peut-être un peu trop catégorique par Marcel Detienne, Jean-Pierre Vernant et tous ceux qui gravitaient autour d’eux dans les années 1960-1980, dans un climat de stimulation qui a permis à la science historique – en particulier à ce que l’on appelle désormais, sans forcément se rendre compte de la révolution que cela représentait à l’époque, l’anthropologie historique – d’aborder des sujets nouveaux, de manière novatrice et stimulante, au point de “faire école” jusqu’à l’international. La recherche évolue, comme il se doit, en posant aux sources de nouvelles questions, issues aussi de nos propres questionnements sociétaux, et il est heureux que mêmes les travaux des plus grands parmi les historiens des précédentes générations puissent être revus et nuancés, tout en gardant en mémoire l’importance de leurs apports, replacés dans leur contexte historiographique. C’est ainsi qu’en 2005, sans doute parce qu’elle était elle-même attachée à la fameuse “École de Paris”, Stella Georgoudi, associée à Renée Koch Piettre et à Francis Schmidt, a osé ouvrir une brèche dans le paradigme du sacrifice alimentaire de type hésiodique prôné en particulier par la Cuisine du sacrifice, avec la publication des actes d’un colloque visant à redonner leur place, « au-delà des seuls sacrifices sanglants, [à] d’autres types d’offrandes, à commencer par les offrandes végétales »20. De même, en 2008, Véronique Mehl et Pierre Brulé proposaient de rouvrir le dossier du sacrifice antique21, qu’on avait cru clos. Enfin, pour ne pas allonger trop la liste, citons juste encore l’ouvrage collectif de 2011, dirigé par Vinciane Pirenne-Delforge et Francesca Prescendi, lesquelles soulignent dans leur introduction commune « la variété des procédures » de la thusia, même s’il est possible d’en « dessiner une trame sacrificielle plus ou moins cohérente » et posent comme hypothèse « que la nature des aliments et leur mise en scène en contexte sacrificiel livrent des informations qui permettent d’interpréter aussi l’identité des protagonistes du rituel et les messages véhiculés par l’opération »22. Les deux chercheuses abordent du reste la question de l’alimentation végétarienne qui peut, selon elles, « être favorisée par le geste de l’offrande. Même si notre documentation est davantage saturée de références au sacrifice sanglant, l’offrande non sanglante faisait elle aussi partie des codes sacrificiels ».
- 23 Notons toutefois quelques remarques en partie fautives – ou tout au moins maladroites – concernant (...)
- 24 Pour une vue récente de la question, voir P. Ismard, L’événement Socrate, Paris, Flammarion (Au fil (...)
- 25 « La leçon de méthode de Carlo Ginzburg », L’Histoire, janvier 2011 (entretien avec Carlo Ginzburg. (...)
4L’étude d’AK se place donc dans le sillage de ces nouveaux questionnements en partant non pas du sacrifice proprement dit, mais du rapport de l’Homme – entendons, en fait, essentiellement le philosophe, voire tel ou tel philosophe – à l’alimentation carnée, prise au sens large, c’est-à-dire en y incluant les poissons. Après une introduction (p. 15-29) dans laquelle l’auteure présente l’historiographie du sacrifice sanglant de type alimentaire, puis la notion de végétarisme et ses différentes pratiques, ainsi que les sources sur le sujet et les enjeux de son travail, AK déroule sa réflexion en six chapitres de nature différente, suivis par une copieuse bibliographie et d’utiles index (des sources littéraires, des termes en français, des termes en grec) : « les cinq premiers chapitres, organisés comme un corpus raisonné des sources textuelles, exposent l’évolution des arguments sur l’abstinence de viande. Le sixième et dernier chapitre est une synthèse réflexive sur la notion de norme et de marginalité civico-religieuse » (p. 29). Le premier chapitre (p. 31-52) commence donc l’exploration des pratiques antiques du végétarisme à partir des témoignages les plus anciens, en lien avec la croyance en la métempsychose, qui concernent essentiellement les Orphiques et les Pythagoriciens, sans oublier Empédocle, en essayant de démêler ce qui appartenait aux “motifs primitifs” de ces courants et ce qui peut être plus probablement considéré comme des ajouts ultérieurs, comme c’est vraisemblablement le cas des thèmes de la frugalité et de l’ascèse alimentaire, notamment chez Pythagore. Ces deux questions sont au centre du deuxième chapitre (p. 53-75), qui montre qu’à « partir du Ve siècle av. J.-C., le thème de la modération se développe dans la littérature philosophique, dont sa forme la plus stricte est l’ascétisme. Adoptant une alimentation frugale, s’étendant jusqu’à l’abstinence de viande, le philosophe s’impose comme un être mesuré pouvant accéder à la sagesse » (p. 53). AK y scrute tout à la fois les préceptes prônés par la diététique (δίαιτα) et les considérations de Socrate et de Platon en la matière, avant de développer en quoi la question du bonheur a des répercussions sur le rapport à l’alimentation des Cyniques et des Épicuriens. Le chapitre s’achève par une analyse de la pensée des philosophes plus tardifs, en particulier Sénèque, le Pseudo-Phocylide et Musonius Rufus. Il ressort de ces investigations que « l’abstinence [de viande] – ou du moins sa consommation mesurée – affirmée par les philosophes permet à la fois de les définir et de les distinguer des autres individus. Elle n’est donc qu’une conséquence des pratiques philosophiques prônant un ascétisme, et non une cause » (p. 75). Toutefois, si la viande est globalement perçue par les philosophes envisagés comme un aliment lourd à digérer et non nécessaire, peu compatible avec l’activité philosophique, il n’est pas encore question d’en prôner de manière catégorique une abstinence totale. À ce stade de la réflexion, AK fait un détour par la question de la « place de l’animal dans la pensée des Grecs » (titre du chapitre 3, p. 77-99), qui est en effet importante dans les discussions des philosophes antiques. Elle revient ainsi un peu en arrière, sur le plan chronologique, en étudiant d’abord l’ontologie aristotélicienne, puis l’οἰκείωσις des Stoïciens, avant de présenter le débat sur la raison animale, essentiellement à partir des propos de Philon d’Alexandrie et de Plutarque. La suite du chapitre pose dans un premier temps le débat qui a pu agiter les philosophes sur la question de la relation que les Hommes doivent entretenir avec les autres animaux, et par conséquent de leur place : « alors que les stoïciens justifient la prééminence des Hommes sur les animaux, Plutarque envisage les rapports Homme-animal sous l’angle de la morale » (p. 84). Les positions des uns et des autres sur cette question ont de fortes répercussions sur leurs pratiques alimentaires, en particulier en ce qui concerne la consommation de viande. Si les Épicuriens et les Stoïciens s’accommodent fort bien d’une alimentation carnée, en raison d’une approche utilitariste de l’animal, des voix dissonantes se font entendre et la pratique du végétarisme semble se développer à partir du Ier siècle – c’est le cas par exemple de Sénèque –, répondant essentiellement à « une pratique philosophique visant à accéder à la sagesse » (p. 90-91). Après avoir développé les arguments de l’obscur Claudius de Naples, tels que l’on peut essayer de les reconstituer à travers les propos de Porphyre, AK s’étend ensuite plus longuement sur la pensée originale de Plutarque qui condamne la consommation de viande, celle-ci étant pour lui « une pratique contre nature (παρὰ φύσιν), conséquence de la perversion des Hommes », même s’il reconnaît qu’il n’est plus possible de l’empêcher totalement au tout-venant. Le végétarisme est donc pour lui, comme le souligne AK, une « pratique idéale, mais irréalisable » (p. 97). Le quatrième chapitre (p. 101-147) s’étend longuement sur la pensée du seul véritable philosophe antique végétarien assumé – en dehors de Sénèque –, à savoir Porphyre, que l’auteure connaît bien23 puisqu’elle lui avait déjà consacré son mémoire de recherche de Master (Le végétarisme dans l’œuvre de Porphyre, Université de Franche-Comté, 2007-2009). Ce philosophe tardif – il naît en 233 / 234 apr. J.-C. à Tyr et meurt à une date postérieure à 301 – consacre à cette question un traité entier, De l’abstinence, dans lequel il défend sa pratique, qu’il réserve toutefois aux “vrais” philosophes, en réfutant – avec plus ou moins de bonne foi – les arguments des adversaires de l’abstinence de viande, faisant, selon lui, partie eux aussi de la “masse” (οἱ πολλοί) : Épicuriens, Stoïciens, Péripatéticiens et Claudius de Naples (qu’il range parmi les “érudits” – les φιλολόγοι). Le végétarisme de Porphyre pose la question de sa place dans la cité et de la tentation qui pourrait exister de le qualifier d’impie, dans la mesure où il se distingue des pratiques de la masse, mais, « selon lui, il est possible de se contenter d’offrandes simples et non sanglantes, permettant au philosophe de remplir à la fois son rôle civique sans contrevenir à ses convictions personnelles, et garantir ainsi la pureté (καθαρός) “à tous points de vue” » (p. 121). AK en déduit que Porphyre ne se place donc pas en marge de la cité, mais critique la “piété dévoyée”, constituée selon lui par les sacrifices sanglants, thématique qui constitue l’objet de son cinquième chapitre (« Le sacrifice en question », p. 149-161). Dans cette partie, assez courte, l’auteure présente d’abord l’opposition de Jamblique à la position de Porphyre sur le sacrifice, avant d’aborder d’une part la réhabilitation des sacrifices sanglants opérée par Julien au cours de son bref règne (361-363) et soutenue dans un traité par Saloustios, et, d’autre part, la résurgence, avec Proclus, de l’idéal philosophique de la vie ascétique, sans qu’il y ait pour autant rejet de la consommation de viande quand elle est en lien avec les rites sacrificiels, dans un contexte pourtant totalement défavorable au sacrifice, puisque ce dernier est même puni de mort à partir de 435, ce qui contribue justement à le revaloriser auprès de certains : « lorsque le sacrifice sanglant est légalement interdit, sa pratique devient le seul point de ralliement d’un groupe restreint qui affirme une identité communautaire en même temps qu’elle conteste le système en place. De ce groupe, se dégagent des individus, à l’instar de Proclus, dont l’abstinence de viande participe de la construction de l’autorité philosophique que lui alloue la communauté plus large qu’est la société qui exclut les pratiques païennes » (p. 161). Le parcours de l’auteure à travers la réflexion philosophique antique, du VIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., sur l’abstinence de viande prend donc fin avec le triomphe despotique du christianisme. L’ouvrage se poursuit toutefois, puisqu’un dernier chapitre (p. 163-211) cherche à dresser une synthèse générale sur la place du végétarisme dans la société grecque. Une fois encore, contrairement au titre adopté (du chapitre, comme du reste de l’ouvrage), la réflexion dépasse en fait la simple question de la pratique alimentaire du végétarisme, qui, somme toute, n’est en fait réellement attestée que pour Sénèque et Porphyre, pour se porter sur la position des philosophes, d’une part, vis-à-vis de la consommation de viande, en se demandant en outre si celle-ci est forcément inhérente au sacrifice sanglant, et, d’autre part, vis-à-vis de la communauté civique, avec comme interrogation sous-jacente : « le sacrifice civique est-il la norme et le végétarisme la marge ? » (p. 180). Sous cette question, un brin provocante, l’auteure entend affirmer avec force sa thèse principale, à savoir d’une part que « la consommation de viande et le sacrifice sanglant ne sont pas inextricablement liés, ce dernier étant l’un des contextes de consommation » et que « la vision d’une mise en marge civique volontaire de la part des végétariens est largement biaisée par une description idéalisée qui ferait du sacrifice sanglant l’élément fédérateur ». Or, pour AK, « non seulement, et les sources le démontrent, il n’est pas le seul moyen de suivre les normes civico-religieuses, mais surtout il n’implique pas l’obligation d’une participation stricte » (p. 215). C’est peut-être cette partie qui me semble à la fois la plus intéressante, par les questions qu’elle pose, et la plus délicate à mettre en œuvre sans se heurter à deux écueils induits par le plan général de l’ouvrage, mêlant un cheminement chronologique dans ses grandes lignes à une réflexion plus globale : le problème des répétitions (difficile d’y échapper) et, surtout, celui, par moments, de la tentation d’étendre à l’ensemble de l’Antiquité et de la société des conclusions largement déduites de sources philosophiques – donc émanant d’un milieu très restreint – et, qui plus est, souvent tardives (par exemple Plutarque ou Porphyre). Si je suis entièrement d’accord avec l’auteure sur le fait que « les normes se construisent […] en permanence » (p. 200), il me semble que, de même, la marginalité peut aussi se construire en permanence, en lien avec l’élaboration de nouvelles normes. Peut-on donc étendre au Ve siècle av. J.-C. ce qui peut être posé par les sources du IIIe siècle apr. J.-C. ? Même en considérant, comme le fait AK, que « le sacrifice, tout en intégrant des particularismes, reste une institution relativement uniforme tout au long de la période antique, qui ne connaît pas de changement profond » (p. 215), cela n’empêche pas que les mentalités peuvent évoluer et, avec elles, les regards sur les pratiques ou les discours de groupes qui – à tort ou à raison – peuvent être considérés comme cherchant à se distinguer de la masse. Après tout, Socrate a bien été condamné pour impiété alors qu’il ne se considérait certainement pas en dehors de la communauté civique d’Athènes et, quelques décennies plus tard, le même Socrate faisait figure de citoyen idéal24 ! Mais, comme le souligne très finement Carlo Ginzburg, dans un entretien, « l’anomalie inclut la norme, alors que l’inverse n’est pas vrai. Dès lors, si vous entreprenez d’étudier une société à partir d’un cas anormal, vous avez une chance de saisir à la fois la règle et l’écart à la règle »25, mais encore faut-il reconnaître qu’il peut y avoir des écarts à la règle.
5Ces quelques remarques ne doivent toutefois pas masquer tout l’intérêt de l’ouvrage d’AK sur un sujet passionnant. Au contraire même, elles prouvent que les questions posées par l’auteure – tout comme ses réponses – vont assurément susciter des réflexions au sein de la communauté scientifique, pour le plus grand bénéfice de la recherche historique.
Notes
14 Si, comme le souligne A. Kovacs, « communément, le végétarisme est défini comme l’abstinence de viande » (p. 22), la définition précise de ce terme n’est pas si simple car elle masque une gradation importante des pratiques. Ainsi, dans notre société occidentale, « le végétarisme se caractérise par une alimentation sélective allant de la suppression de certains produits d’origine animale à l’exclusion totale de ces derniers […]. L’alimentation végétarienne exclut la consommation de produits carnés (viande rouge, volaille et poisson) et peut inclure ou non la consommation d’autres aliments d’origine animale tels que les produits laitiers ou les œufs (sous toutes leurs formes) » (S. Mathieu, G. Dorard, « Végétarisme, végétalisme, véganisme : des comportements (alimentaires) au service de l’identité ? Une étude qualitative en population française », Psychologie française, t. LXVI, 2021, p. 273-288, p. 274 pour la citation). Voir aussi C.A. Forestell, A.M. Spaeth, S.A. Kane, « To eat or not to eat red meat. A closer look at the relationship between restrained eating and vegetarianism in college female », Appetite, t. LVIII, n° 1, 2012, p. 319-325 et S.R. Hoffman, S.F. Stallings, R.C. Bessinger, G.T. Brooks, « Differences between health and ethical vegetarians. Strength of conviction, nutrition knowledge, dietary restriction, and duration of adherence », Appetite, t. LXV, 2013, p. 139-144.
15 À ce sujet, voir, par exemple, l’article du Monde, paru le 16 février 2021, sous le titre « “Une tendance forte chez les jeunes” : le végétarisme, nouveau marqueur générationnel et social » [accessible en ligne : https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/02/16/une-tendance-forte-chez-les-jeunes-le-vegetarisme-nouveau-marqueur-generationnel-et-social_6070070_4401467.html].
16 À ce sujet, voir l’étude réalisée par S. Mathieu et G. Dorard, « Végétarisme, végétalisme, véganisme : des comportements (alimentaires) au service de l’identité ? Une étude qualitative en population française », Psychologie française, t. LXVI, 2021, p. 273-288.
17 « Le végétarisme dans l’Antiquité grecque. Entretien avec Alexandra Kovacs », propos recueillis pour la Revue des études anciennes par Séverine Garat, le 4 / 9 / 2017 : https://reainfo.hypotheses.org/9209.
18 L’ouvrage majeur à ce sujet est bien entendu celui de M. Detienne, J.-P. Vernant, J.-L. Durand et al., La cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, Gallimard, 1979. De M. Detienne, il faut citer également : Dionysos mis à mort, Paris, Gallimard (Les Essais), 1977 ou Apollon le couteau à la main. Une approche expérimentale du polythéisme grec, Paris, Gallimard, 1998. Quant à J.-P. Vernant, distinguons sur le sujet au sein d’une bibliographie abondante : « Le mythe prométhéen chez Hésiode », in Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, F. Maspero (Textes à l’appui. Histoire classique), 1974, p. 177-194 ; « Théorie générale du sacrifice et mise à mort dans la θυσία grecque », in Le sacrifice dans l’Antiquité (27e entretiens sur l’Antiquité classique, Vandœuvres – Genève, 25-30 août 1980), O. Reverdin, B. Grange (dir.), Genève, Fondation Hardt (Entretiens sur l’Antiquité classique ; 27), 1981, p. 1-39, ou encore (avec P. Vidal-Naquet) « Mythes sacrificiels », in La Grèce ancienne, I : Du mythe à la raison [1965], Paris, Points (Essais), 2011, p. 139-146.
19 Sur cette expression – rentrée dans le langage courant de l’historiographie, en dépit du fait que les “membres” de cette dite École la récusaient – et ce qu’elle recouvre, voir F. de Polignac, « Qu’est-ce que faire école ? Regards sur “l’école de Paris” – Introduction », Cahiers Mondes anciens, 13, 2020 [en ligne : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/mondesanciens.2867].
20 La cuisine et l’autel : les sacrifices en question dans les sociétés de la Méditerranée ancienne, S. Georgoudi, R. Koch Piettre, F. Schmidt (dir.), Turnout, Brepols, 2005, p. V.
21 Le sacrifice antique : vestiges, procédures et stratégies, V. Mehl, P. Brulé (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire), 2008.
22 V. Pirenne-Delforge, F. Prescendi, « Introduction. “Nourrir les dieux ?” », in Nourrir les dieux ?, V. Pirenne-Delforge, F. Prescendi (dir.), Liège, Presses universitaires de Liège, 2011, p. 7-14 [en ligne : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pulg.1673].
23 Notons toutefois quelques remarques en partie fautives – ou tout au moins maladroites – concernant la religion égyptienne (p. 131-135), il faut dire assez difficile à appréhender, surtout quand l’on n’en est pas spécialiste. D’une part, AK ne distingue pas suffisamment l’évolution concernant la place des prêtres dans la société égyptienne entre l’époque pharaonique et celle de Porphyre (à ce propos, voir par exemple S. Bussi, « Entre codification et diversification : le clergé égyptien d’époque gréco-romaine et sa prétendue identité », DHA, t. XLII, n° 2, 2016, p. 41-58). Plutôt que de s’appuyer sur des études, en outre assez anciennes, concernant le Nouvel Empire (soit une période qui prend place dans la deuxième moitié du deuxième millénaire av. J.-C.), il faudrait renvoyer plus précisément au contexte de l’Égypte romaine, y compris concernant la question des interdits alimentaires (sur cette question, voir par exemple l’article de synthèse de Y. Volokhine, « À propos des “interdits alimentaires” en Égypte ancienne », in Regards sur l’interculturalité. Un parcours interdisciplinaire, P. Suter, N. Bordessoule-Gilliéron, C. Fournier Kiss [dir.], Genève, Métis Press, 2016, p. 91-108, qui rappelle, entre autres, qu’« en aucun cas, un dogme général sur l’alimentation et ses interdits n’est proféré par la classe sacerdotale : tout dépend des circonstances, de la nature des personnes concernées [les prêtres sont en effet les premiers visés], ainsi que celle des lieux. Car c’est bien le temple qui est le lieu par excellence des interdits » [p. 104] ; voir aussi, sur la question des règles qui devaient guider la conduite morale et le comportement des prêtres à l’époque gréco-romaine – et même antérieurement –, la thèse récente de N. Leroux, Les recommandations aux prêtres dans les temples ptolémaïques et romains : esquisse d’un héritage culturel et religieux, thèse de doctorat d’histoire ancienne, Université de Lille 3, 2016, 2 vol., 981 p., dactyl.). D’autre part, l’auteure ne semble pas bien interpréter le passage d’Hérodote (II, 38) concernant la sélection des taureaux qui peuvent être sacrifiés. Cette sélection n’a en effet rien à voir avec des tabous alimentaires, mais vise à s’assurer que la bête sacrifiée ne soit pas un Apis, soit l’hypostase du dieu Ptah (pour une interprétation de ce passage, voir T. Haziza, Le kaléidoscope hérodotéen. Images, imaginaire et représentations de l’Égypte à travers le livre II d’Hérodote, Paris, Les Belles Lettres [Études anciennes, série grecque ; 142], 2009, en particulier p. 257). Bien entendu, il s’agit de quelques points de détail qui ne retirent rien à l’argumentation générale sur la position de Porphyre.
24 Pour une vue récente de la question, voir P. Ismard, L’événement Socrate, Paris, Flammarion (Au fil de l’histoire), 2013, qui montre en particulier que l’impiété, à l’époque du procès du philosophe tout au moins, ne correspond pas à une catégorie juridique définie précisément, mais davantage à un ensemble de pratiques et de comportements que l’on estime condamnables. Or, si Socrate a pu paraître à ce moment-là comme coupable d’impiété, il devint quelques décennies seulement plus tard la figure du citoyen idéal. Les mentalités ont, entre-temps, changé. Voir aussi, en dernière intention, P. Brulé, Socrate l’Athénien. Un essai, Paris, Les Belles Lettres, 2022.
25 « La leçon de méthode de Carlo Ginzburg », L’Histoire, janvier 2011 (entretien avec Carlo Ginzburg. Propos recueillis par Patrick Boucheron et Séverine Nikel, consultable en ligne : https://lepetitlexiquecolonial.wordpress.com/2017/01/06/la-lecon-de-methode-de-carlo-ginzburg/).
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Référence papier
Typhaine Haziza, « Alexandra Kovacs, Refuser la nourriture carnée. Végétarisme et pratiques civiques en Grèce ancienne », Kentron, 39 | 2024, 222-229.
Référence électronique
Typhaine Haziza, « Alexandra Kovacs, Refuser la nourriture carnée. Végétarisme et pratiques civiques en Grèce ancienne », Kentron [En ligne], 39 | 2024, mis en ligne le 13 décembre 2024, consulté le 14 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kentron/7994 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12ypc
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