Notes
La date de publication est, en effet, incertaine – tous les catalogues donnent entre 1499 et 1502 –, et les informations disponibles dans les ouvrages spécialisés demeurant incomplètes, un complément d’enquête, exemplaires en main, reste à faire sur l’histoire éditoriale du texte. Denis Hüe, qui, l’un des tout premiers, s’est intéressé à cette traduction, écrit que « le titre de l’édition Vérard porte Le Jardin de sante, translate du Latin en François, sans donner de nom d’auteur ni de traducteur » (Hüe 1998, 175). Il avait en main l’exemplaire de la bibliothèque municipale d’Alençon, lequel, d’après le catalogage effectué, comporte en page de titre Ortus sanitatis translate de latin en françois, puis en haut du feuillet II, où commence le « Prohesme de l'acteur » : Le jardin de sante translate de latin en françois. D’autres exemplaires identiques sont recensés dans les bibliographies ou les catalogues de bibliothèque, également sans nom, ni lieu, ni date, sous les deux mêmes titres Ortus sanitatis translate de latin en françois puis Jardin de sante […]. C’est le cas de l’exemplaire que nous avons consulté, qui est conservé à la bibliothèque de Neuchâtel. C’est en fait le colophon qui fournit quelques indications : « Cestuy present œuvre treslicitement appellée le jardin de santé translaté de latin en françois la grace de dieu aydant a esté nouvellement imprimé à Paris pour Anthoine Verard marchant libraire demourant à Paris en la rue saint Jacques pres petit pont à l’enseigne saint Jehan l’evangeliste Ou au palais au premier pillier devant la chapelle ou l’en chante la messe de messeigneurs les présidens ». Cependant, l’exemplaire mis en ligne sur Gallica, dont la mise en page est identique, comporte une page de titre toute différente : Jardin de Santé : Herbes, Arbres et Choses qui de iceuly coqueurent et conviennet a l'usage de Medicine. Translaté de latin par Jehan Cuba en françois, Paris, Antoine Vérard. Le catalogue donne la date de 1500, mais nous n’avons pas pu vérifier sur pièce, et ce témoignage doit être manié avec prudence. L’exemplaire numérisé semble être celui qui est conservé à la bibliothèque universitaire d’Uppsala et provient de la collection léguée par Erik Waller en 1950 (Bibliotheca Walleriana, no 75). Or, son titre ne correspond à celui d’aucune des éditions de Vérard à ce jour répertoriées, et la brève notice du catalogue de la Bibliotheca Walleriana indique, sans autre précision, que le premier folio serait manquant. L’histoire éditoriale, en outre, est compliquée par le fait que l’ouvrage se rencontre en deux volumes séparés – dont plusieurs bibliothèques n’ont que l’un ou l’autre, le second étant intitulé Le traictie des bestes. oyseaux poissons. pierres precieuses et orines. du jardin de sante, titre qui figure aussi au début du second traité dans les ouvrages reliés en un seul volume – et, parfois, en un volume de plusieurs parties. On sait par ailleurs qu’il y a eu un tirage sur papier et un sur vélin. La seule certitude est que l’adresse de Vérard « rue Saint Jaques » ou « au palais » indique que l’impression est nécessairement postérieure au 25 octobre 1499, puisque la boutique de Vérard se trouvait jusqu’à cette date sur le pont Notre-Dame – qui s’effondra ce 25 octobre. Et comme on sait également qu’un exemplaire a été acheté par le roi d’Angleterre Henry VII en 1501 ou en 1502 (exemplaire conservé à la British Library et décrit par John Macfarlane 1900, 70), il est logique que l’édition de Vérard ait paru dans l’intervalle.
Paru à Mayence, chez Jacob Meydenbach, en 1491.
Cf. Ortus sanitatis translate… (1501), f. IIrb – IIva.
Cf. Hüe 1998, 174. Il est intéressant de s’arrêter ici un peu plus longuement sur la question posée par Denis Hüe : « Quelle a pu être la stratégie éditoriale de Vérard, qu’est-ce qui l’a poussé à publier un ouvrage qui à ses yeux devait avoir un réel succès, alors que la rareté des exemplaires subsistant, comme le fait qu’il n’en a été effectué qu’un seul tirage au début du XVIe siècle montrent le relatif échec de son entreprise ? ». Si le tirage unique est, en effet, le signe d’un projet peut-être un peu précoce pour le lectorat visé – Ph. Le Noir a ensuite réédité le texte en 1539, alors que la production d’ouvrages en vernaculaire avait déjà considérablement crû en proportion par rapport aux ouvrages latins –, on peut aussi lire différemment le très faible nombre d’exemplaires conservés. On observe en effet que ceux-ci sont en général en très mauvais état – reliures abîmées, pages manquantes –, ce qui peut faire penser que le livre s’est au contraire peut-être bien vendu et a été beaucoup utilisé, conformément aux desseins de l’auteur, ce qui expliquerait à la fois le petit nombre et l’état des exemplaires rescapés.
Voir Hüe 1998 et Gauvin et al. 2011, 3 sq. C’est le cas pour les livres consacrés aux plantes et aux pierres ; les livres consacrés à la zoologie résultent de la compilation du Speculum naturale et du De animalibus d’Albert le Grand.
La traduction de Vérard est, en effet, pour ce qui concerne le fond, absolument conforme à l’original. Il s’agit bien d’une traduction, non d’une adaptation.
Ce système de double indexation est déjà présent dans l’ancêtre direct de l’Hortus sanitatis, le Gart der Gesundheit (Mayence, Peter Schöffer, 1485).
Cf. Ortus sanitatis translate… (1501), f. IIva.
Sur ce point, voir le travail accompli par Gauvin et al. 2011 et 2012.
Pour plus de commodité, nous travaillerons uniquement sur le texte français, qui est une traduction littérale, sauf lorsque la comparaison des deux versions apporte des informations supplémentaires.
Nous le nommons par commodité « index médical », car les remèdes y dominent, même s’il y a aussi des conseils de beauté ou d’hygiène, voire des recettes domestiques sur le traitement de la laine ou autres choses du même genre.
Les diverses entrées concernant les « Testicules » ou le « Sperme » sont, en effet, a priori des entrées indifférenciées, le terme « testicule » et sa variante moins savante « couillons » étant régulièrement utilisés pour désigner les ovaires, de même que « sperme » s’emploie aussi pour la substance fécondante des femmes – puisque l’ovule n’est pas identifié comme tel ; voir, par exemple, l’article « Couillon » du Dictionnaire du moyen français (DMF). Les questions d’excès de sécheresse ou de défaut du sperme féminins font donc partie des interrogations traditionnelles de l’obstétrique, si bien que ces entrées ne peuvent a priori être considérées comme masculines. La question reste de savoir si néanmoins les termes utilisés sans autre précision ne renvoient pas spontanément aux hommes. C’est un point difficile à trancher d’après l’usage lexical, car « couillons » comme « testicules » se rencontrent fréquemment dans les traités de médecine du XVe et du XVIe siècles pour désigner les ovaires (« D’avantage à chasque costé de l’amary [l’utérus] il y a un couillon, auquel les conduicts aboutissent tout ainsi comme aux hommes », Grévin 1569, 18), tout comme testiculi peut avoir ce sens en latin médical médiéval. On note cependant dans le Jardin de santé un point intéressant, qu’il faudrait approfondir à partir d’une étude exhaustive du corpus médical de l’époque : si, dans les entrées de l’index, Vérard traduit testiculi tantôt par « testicules », tantôt par « testicules ou couillons », il le traduit, dans le corps des articles, par « genitoires ». Or l’usage de ce terme pour les femmes est très rarement attesté (une attestation dans le DMF ; Richelet le donne comme exclusivement employé au masculin, mais nous en connaissons pour notre part une attestation contemporaine du Jardin de santé, dans les Annotations sur le Guidon – c’est-à-dire sur la Chirurgie de Guy de Chauliac – du médecin montpelliérain Jean Falco : « Il est à noter, que nonobstant que les Genitoires soient aussi bien trouvez aux femmes, comme aux hommes : neantmoins il y ha entre eux plusieurs différences […] Ceux des femmes… », Notabilia supra Guidonem scripta […] ab […] Domino Ioanne Falcone […], Lyon, Jean de Tournes, 1514, p. 241). La traduction par « génitoires » peut-donc apparaître comme l’indice qu’il s’agirait plutôt des organes masculins, ce que confirment, quand elles sont mentionnées, les méthodes d’application de certains remèdes, qui renvoient à un usage de toute évidence externe (par exemple « avec huile sur les apostumes des testicules et genitoires », Ortus sanitatis translate… (1501), f. LXVIIb, Op. M). Ajoutons qu’une recommandation comme « pour empescher que les genitoires des jeunes enfans ne croissent » ne semble pouvoir s’appliquer qu’à de petits garçons, et elle est confirmée par une entrée présente dans le Traictie des pierres : « Pour empescher de croistre les mammelles aux jeunes filles / et les testicules aux jeunes filz ».
La mention de la « bourse des couillons » signale, en effet, qu’il s’agit bien des testicules masculins, ceux de la femme n’ayant, selon les descriptions anatomiques, nul besoin d’être protégés puisqu’ils sont à l’intérieur du corps. Par ailleurs « qui est apostume ou mal en la bourse des couillons » est une glose du traducteur, l’entrée latine s’intitulant plus sobrement « Hernia ».
Cf. « Pour préserver l’homme de la froideur du lait », où le latin emploie homo et non vir.
Pour un état des lieux sur la question à l’aube du XVIe siècle et une synthèse historique, voir Berriot-Salvadore 1993, 9-31.
« Les grands anatomistes du passé, qu’il s’agisse des médecins de l’Antiquité, des Arabes ou des chirurgiens du Moyen Âge, avaient, sans doute, étudié les spécificités du corps féminin, mais leur curiosité était circonscrite dans une téléologie ; aussi les premiers écrits médicaux consacrés à la femme étaient-ils surtout des traités obstétricaux où l’anatomie n’intervenait que pour décrire les organes nécessaires à la fonction procréatrice » (ibid., 9).
Sur ce point, voir ibid., 9.
« D’ailleurs, les médecins qui les premiers s’inquiètent de l’amélioration des connaissances en obstétrique et en gynécologie définissent fort bien l’obstacle : la pratique est abandonnée aux sages-femmes qui ne bénéficient guère des avancées théoriques, tandis que, de leur côté, les médecins ne recueillent pas le fruit de la longue expérience des praticiennes, qui, oralement, se transmettent les principes de l’art » (ibid., 10).
Il faut en outre souligner la date tardive, relativement à la publication du Jardin de santé, des premières éditions en vernaculaire français : « Il existait des versions françaises de manuels qui constituaient les vade mecum des chirurgiens (la plupart de ceux-ci n’étant pas censés lire les tomes latins destinés aux médecins), et qui traitaient, entre autres choses, de certains aspects de la grossesse et de l’accouchement. L’exemple le mieux connu, qui continuait à circuler au cours de la Renaissance, était La Chirurgie de Guy de Chauliac, dont la première édition de la traduction française (réalisée par Symphorien Champier) remonte à 1503 ; le grand vulgarisateur médical, Jean Canappe, en a ensuite proposé une deuxième version dès 1538 » (Worth-Stylianou 2007, 22).
Cela devient un réel souci – au moins en théorie – au XVIe siècle, comme l’explique le traducteur français du traité de Rösslin, en 1536 : « la commodité et utilité, au mieulx diray je necessité de ce petit livret, nous a esmeuz le faire traduyre et convertir en langue vulgaire : affin que les saiges femmes et gardes d’accouchées : mesmement aussi toutes femmes en general : peussent avoir desormais quelque moyen de mieulx pourveoir à leur affaires que elles n’ont de coustume » (Des divers travaulx et enfantemens des femmes […], Paris, Jean Fouché, 1536, f. LXXXVIIr, cité dans Worth-Stylianou 2007, 66). Sur la question de la langue et de l’obstétrique à la Renaissance, voir ibid., chap. 5 : « L’emploi de la langue française : enjeux et querelles », p. 63-75.
Voir Berriot-Salvadore 1993, 215 ; Worth-Stylianou 2007, 22.
Voir Berriot-Salvadore 1993, 207, qui analyse en particulier le Voulum du Regime des Dames, manuscrit du XVe siècle qui se présente comme « une des très nombreuses versions de Trotula » tout en le développant, et l’une des versions manuscrites du livre Des Secrez des Dames. Voir aussi et surtout Green 2001.
Berriot-Salvadore 1993, 211, en signale, par exemple, trois copies différentes datant du XVe siècle, conservés à la Bibliothèque nationale de France : « Ce sont les secres des femmes translates de latin en françois mais ils sont deffendus de reveler as femes par nostre saint père le pape sur peine descomuniement en la decretale ad meam doctrinam » (ms. 631) ; « Li sont les secres aux femmes deffendus a reveler sus paine de escommuniement de la drecretale ad meam doctrinam » (ms. 2027) et « Cy commance le livre des Secrez des dames lequel est deffendu a reveler sur peine d’escomuniement en la clementine a nulle feme ne a nul home se il n'est de l'office de sururgie » (ms. 19994).
Le traité de Liébault (cf. Liébault 1582b) est une adaptation de l’italien. Sur tous ces points, voir Worth-Stylianou 2007, 23.
Experimentarius medicinae, continens Trotulae curandarum aegritudinum muliebrium, ante, in et post partum lib. unicum, […], Strasbourg, J. Schott, 1544.
Cf. n. 20.
Cf. Worth-Stylianou 2007, 24.
Ibid., 34 sq. Voir aussi, pour le début du XVIIe siècle, les intéressants relevés qui montrent que « Mattioli reste la bible des apothicaires, et qu’un ouvrage mi-populaire, mi-savant comme l’Agriculture et la maison rustique se maintient » (ibid., 39).
Voir Zemon Davis 1975, 262-283.
Cf. Worth-Stylianou 2007, 35.
Berriot-Salvadore 1993, 10, écrit ainsi que, « à la lumière des grands médecins arabes, des expériences des maîtres salernitains et des premières dissections humaines, s’est élaborée une science dont le De humani corporis fabrica de Vésale et La dissection des parties du corps humain de Charles Estienne illustrent bien le prodigieux cheminement », mais nuance immédiatement son propos en ajoutant que « ces connaissances nouvelles, faut-il le préciser, n’ont pas été immédiatement assimilées par les praticiens peu soucieux encore de science anatomique ».
Pour la démonstration du fait que, au Moyen Âge, la médecine obstétricale et gynécologique demeure dans la dépendance directe du Corpus hippocratique ainsi que sous l’influence d’Aristote et de son traité Sur la génération, voir Laurent 1989.
Le tresor des povres selon maistre Arnoult de Ville nove et maistre Girard de Sollo docteur en medecyne de Montpellier, Paris, s. d. [vers 1510]. Ce célèbre ouvrage est également un vecteur important du savoir médical. Voir le colophon : « Cy finist le tresor des povres La pratique en medicine. Composé par maistre Arnoul de Ville neufve et maistre Gyrard de Sollo docteurs de Montpellier. Lesquelz le composerent par charité, et translante nouvellement de latin en françoys pour l'amour de Dieu ».
Cf. Worth-Stylianou 2007, 69 : « Comme dans d’autres domaines scientifiques ou intellectuels, le passage du latin au français ne s’accomplit donc pas sans controverse. Et certains débats se révèlent d’autant plus aigus qu’il s’agissait de thèmes impudiques que ne pouvait guère éviter la médecine obstétricale. Dans un premier temps les auteurs se souciaient de justifier l’emploi de la langue vulgaire qui risquait de livrer les secrets de la médecine au peuple, voire aux femmes. Mais à partir des années 1570-1580, nous constatons un débat plus vif encore autour des notions de la pudeur ou de la honte », en particulier l’idée que « de tels sujets sont plus immodestes lorsqu’on en parle en langue vulgaire ».
Voir, par exemple, le Kalendayr of the Shyppars, publié en 1503.
Paris, 1493.
Sydrack. La fontaine de toutes sciences, Paris, 1486, qui reparaît, probablement en 1496, sous le titre La fontaine de toutes sciences du philozophe Sydrach.
Nicolas de la Chesnaye, La Nef de santé, avec le Gouvernail du corps humain et la Condamnacion des bancquetz a la louenge de diepte et sobriete, et le Traictié des passions de l'ame […], Paris, 1507 (mais l’édition date de 1508 n. st.). Il est publié de nouveau par A. Vérard et par Michel Le Noir en 1511.
[Barthélemy l’Anglais,] Le Proprietaire en françoys, [Barthélemy de Glanville] ; [trad. en français par Jean Corbichon] ; [trad. revue par Pierre Ferget], Lyon, Mathieu Husz, 1485.
C’est la forme utilisée par l’édition Vérard, peut-être parce que plus proche du matrix latin, alors que la graphie la plus fréquente à l’époque est l’« amarry ».
Cette idée, venue d’Aristote, est renforcée par l’arrivée dans le monde médiéval de la médecine arabe : « Les textes arabes véhiculés par les traductions tolédanes de la fin du XIIe siècle reprennent avec force l’idée aristotélicienne et galénique d’une similitude inverse des organes mâles et femelles. […] Le parallélisme est conduit à tous les niveaux de l’appareil génital, qu’il s’agisse des conduits spermatiques, des membranes protectrices, des muscles sustenteurs ; les attributs féminins sont affectés, dans cette perspective, d’une taille ou d’un nombre inférieurs. L’analogie entre les organes des deux sexes sera désormais systématique dans la littérature médicale médiévale » (Jacquart & Thomasset 1985, 50).
Dans l’Anatomie universelle du corps humain d’Ambroise Paré, l’appareil génital féminin est décrit en deux temps. D’abord, « De l’amarry, et parties appartenantes à icelle » (f. LXIIv), puis « De l’amarry particulierement » (f. LXIIIIr). Abordant la question « des parties honteuses de la femme », ce médecin explique « qu’elles despendent du col, et propre corps de l’amarry ». Il établit d’abord que les « vaisseaux spermatiques » des femmes ne diffèrent de ceux des hommes que par « leur quantité et distribution » ; et il ajoute : « quant aux Testicules ilz ne different de ceux des hommes presque en rien, sinon à raison de plus et de moins ».
Paré 1561, f. LXIIIIv.
Cf. Berriot-Salvadore 1993, 20 : « Les médecins qui affirment la spécificité anatomique de chaque sexe ouvrent la porte à une véritable révolution mentale. La femme, lorsqu’elle n’est plus l’envers imparfait du mâle, devient un être humain à part entière. Et il est certain que, dans un premier temps, l’accent mis sur les différences suscite des recherches nouvelles et un progrès de la médecine opératoire. Désormais la médecine féminine n’a plus besoin de se justifier pour être ; tout au long du XVIe siècle, la multiplication des ouvrages en langue vulgaire concernant la gynécologie, l’obstétrique, l’hygiène et l’esthétique attestent une autre prise en considération de la condition féminine ».
Le tresor des povres, 1510, f. a. iiiv.
Cf. Jacquart & Thomasset 1985, 237. Sur cette question, voir ibid., 236-242, et Berriot-Salvadore 1993.
Cf. Jacquart & Thomasset 1985, 240.
Dans le DMF, les seules occurrences données sont ces deux emplois du Jardin de santé.
Cf. Ortus sanitatis translate… (1501), f. XIIIra, Op. P.
Ibid., f. XXIVrb, Op. C.
Mais il ne dit pas laquelle. On devine simplement, si c’est bien là le sens qu’il entend lui donner, que ce ne peut être la même que la secondine.
Cf. Jacquart & Thomasset 1985, 35.
Cf. Liébault 1582a, 488.
Cf. Ortus sanitatis translate… (1501), f. XXIVrb, Op. A.
On peut comparer deux passages du chapitre consacré à l’armoise. L’Hortus latin : Diascorides : […] Elixatura eius causas mulieris mitigat, menstruis imperat, secundinas excludit, mortuos infantes ex utero deponit, constrictiones matricis resoluit, omnes tumores spargit, accepta calculos frangit, urinam prouocat. Herba ipsa tunsa et in umbilico posita menstruis imperat (ch. 39). Le Jardin : « Dyascorides : […] Sa decoction beue appaise et oste les causes des maladies des femmes. Elle fait fluyr et provocque les fleurs et menstrues d'icelles. Elle attire les secundines (ce sont les petites pellicules qui viennent avec l’enfant quand il naist). Elle laisse yssir et expelle les enfans mors du ventre de leurs meres. Elle espart et amollist la durté et constrictions de la marris et aussi toutes les enfleures. Quand elle est prinse et beue, elle derompt et despiece les pierres qui viennent en la vecie et si provocque l’urine et faict pisser. L’herbe mesme broyee et mise sur le nombril de la femme faict fluyr les fleurs et menstrues » (f. XXXIVrb).
Voir Berriot-Salvadore 1993, 124-127.
Cf. Le tresor des povres (1510), f. LVIII.
Ibid., f. LIX.
Berriot-Salvadore 1993, 138, identifie d’ailleurs comme un souci assez tardif l’attention réelle portée à la femme enceinte, qui se manifeste en particulier à travers les régimes de santé.
Voir les chapitres « Les causes pourquoy le flux menstrual est retenu aux femmes » (ch. 59, p. 257) ; « Les signes et pronosticq que les menstrues sont retenuës, et les maladies et accidens qui en aduiennent » (ch. 60, p. 260).
Ibid., p. 257 sq.
Ibid., p. 264.
« […] pareillement l’application des sansues au col de la matrice est utile, aussy pessaires, principalement au [sic] femmes et non aux filles : onguens, linimens, emplastres, huilles, cataplasmes aposés au col de la matrice, ligatures, frictions aux cuisses et aux iambes, ventouses appliquées prés les aines, et sus le plat des cuisses, clisteres, parfuns pris per embotum, faicts de choses aromatiques, fomentations, sternutations, equitation, sauter, cheminer, et autre grand exercice : aussy sur tout la compagnee de leurs maris, s’ils ne sont maleficiés. Les herbes et autres choses qui prouoquent les mois, ut folia et flores ipericonis, endiuia, cichor. radices fœniculi, asparagi, brusci, petrosel. berula, basilic. melissa, bethonica, alia, cepe, crista marina, cortex cassiæ fistulæ, calament. orig. puleg. artemisia, tymus, hissop. salvia maiorana, rosmar. marrubium, ruta, sabina, tintimallus, crocus, agaricus, flores sambuci, baccar. laur. hedera, scammo. cantarid. piret. euphor [et suivent encore toutes les herbes aromatiques !] » (ibid., p. 265 sq.).
Voir les exemples précis analysés par Riddle 1991, 7 : « A variety of plant substances have been used as oral contraceptives, and an even larger number as early-terms abortifacients. Although ancient and medieval people distinguished between contraception and abortion, the difference is not always clear, as we shall observe in the cases of ferula and the pomegranate ». Il rappelle (p. 11) : « the words for emmenagogues and abortifacients were also interchangeable. For example, the words of abortifacients in the Greek text of Oribasius were translated into Latin as emmenagogues. The Latin version of Dioscorides, made in or around the sixth century, translates Dioscorides’ phrase “drives out the menses” (agōgas emmēnōn) as “it causes an abortion” (abortum facit). In part this confusion of terms may reflect increased medieval sensitivity to the issue of abortion, but this was not universal, since throughout the Middle Ages there were medical writers giving prescriptions explicitly for birth control ».
Comment, en effet, être certain des causes d’une aménorrhée dans les premières semaines d’une grossesse, en l’absence de toute possibilité de dosage hormonal ?
Ortus sanitatis translate… (1501), f. VIIra, Op. H.
Ibid., f. IIIra-b, Op. D.
Ibid., f. VIIIrb, Op. A.
Ibid., f. XIIIva, Op. D.
Ibid., f. XLVIIIvb, Op. B.
Ibid., f. LXVIIIvb, Op. O.
Ibid., f. LXXXVIIvb, Op. G.
Voir la table. L’entrée De dispositione matricis recouvre une première entrée, intitulée Ad menstrua provocanda, à la suite de laquelle se trouve une liste impressionnante de plantes, dans laquelle on reconnaît la source de l’Hortus. L’entrée suivante concerne la régulation du flux menstruel trop abondant, puis ce qui concerne le fœtus et la secondine, enfin les « prefocations » de la matrice, puis on retrouve les douleurs et les apostumes.
Voir les cinquante-six recettes censées améliorer la fertilité données dans Le trésor des pauvres attribué à Pierre d’Espagne.
Cf. Jacquart & Thomasset 1985, 125. La dernière remarque vaut également parfaitement pour l’Hortus, qui repose sur un principe identique.
Ibid., 125 sq.
Ibid., 126 sq.
Voir Riddle 1994 et 1997 ; Jacquart & Thomasset 1985.
On sait que les médecins et les herboristes médiévaux ont parfois même complété le savoir transmis par les textes antiques dans ce domaine : « Inexplicably, Dioscorides had failed to discuss rue’s anti-fertility properties, so a medieval scribe in or before the fourteenth century added the phrase : “it discharges the menses and abort the fœtus / embryo” » (Riddle 1991, 23).
Il est bien trop tôt, évidemment, pour qu’arrive vraiment sur le marché l’usage thérapeutique des plantes du nouveau monde.
Les études toxicologiques de ces dernières décennies tendent à montrer que certaines de ces plantes pourraient s’être révélées plus efficaces que les historiens des sociétés et de la médecine ne l’ont longtemps pensé ; certaines produisent même des substances proches des hormones féminines ; voir le rappel des études scientifiques probantes dans Riddle 1991, 5.
Par exemple, Jacquart & Thomasset 1985, 128, ont relevé dans Le tresor des pauvres attribué à Pierre d’Espagne que, sur cent seize recettes relatives à la fécondité et à la sexualité, « trente-quatre sont des aphrodisiaques, vingt-six des anticonceptionnels, alors que cinquante-six sont relatives au moyen de procurer la fécondité. Il faut ajouter à cela les nombreuses recettes qui, destinées à provoquer les menstrues, pouvaient être lues comme des prescriptions abortives ».
Cf. Ortus sanitatis translate… (1501), f. LXXIIIvb, Op. D.
Ibid., f. LXXXXIIIIvb, Op. D et F.
Voir n. 72.
Ibid., f. CLXXIIIra, Op. A.
À la différence de l’« ysope », l’« ysope moiste est quasi comme l’ordure et jus de la laine nouvelle tondue qui est lavée laquelle est en ceste manière concueillie […] » (Ortus sanitatis translate… (1501), f. CXXvb).
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