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Dossier thématique : Violences de masse et violences extrêmes en contexte de guerre dans l’Antiquité

Rome à l’épreuve de la guerre civile dans la Pharsale de Lucain (I-III) : des éclaboussures de sang aux stigmates du trauma

Pierre-Alain Caltot
p. 149-172

Résumés

Les guerres civiles de la fin de la République apparaissent dans la Pharsale de Lucain comme le révélateur d’exactions paroxystiques dont le trauma est sensible sur les corps des citoyens comme sur le corps de Rome. Lucain suggère même une empreinte des guerres civiles de la fin de la République dans les grandes réalisations architecturales et urbanistiques de l’époque augustéenne. Le bellum ciuile, répété sur plusieurs générations à la fin du Ier siècle av. J.-C., renverse d’abord les lieux religieux et politiques de Rome, en subvertissant le ius et le fas. Puis Lucain présente Rome comme une cité mythique de tragédie, Thèbes ou Mycènes, espaces paradigmatiques du crime familial. Enfin, selon le principe stoïcien de sympathie universelle, Rome traduit à elle seule l’ébranlement du monde provoqué par les guerres civiles. Au nom d’une métaphore organique de l’histoire de la cité, l’Vrbs porte alors les stigmates de blessures sans précédent.

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Texte intégral

  • 1 Voir les principales conclusions de Jal 1963, 37-42 notamment à ce sujet.
  • 2 Chiesa 2005 souligne les innovations de Lucain dans la représentation du corps épique.
  • 3 Lucain, Pharsale, I, 95.
  • 4 Cf. commune nefas (Lucain, Pharsale, I, 6).

1La guerre civile a ceci de particulier, par rapport au bellum externum, qu’elle déplace à la fois l’identité des ennemis vers les membres d’un même État ou d’une même cité et l’espace du combat vers l’espace urbain. Telle n’est pas la moindre des subversions morales et même anthropologiques du bellum ciuile1. De ce point de vue, plusieurs études ont déjà traité des violences provoquées par les guerres civiles sur la corporalité du soldat et du citoyen2, en miroir de leur insoutenable cruauté. Plus rarement, en revanche, ont été envisagés les effets de la guerre civile sur le corps de la cité. De fait, comme le corps des combattants, celui de la cité est marqué par les blessures, physiques, morales ou symboliques au nom du lien entre la guerre civile et l’espace urbain. D’ailleurs, Lucain formule cette association originelle entre l’assassinat de Rémus et la cité de Rome : Fraterno primi maduerunt sanguine muri (« Nos premières murailles ont été maculées du sang d’un frère »3). Ce uersus aureus distribue autour du verbe l’évocation conjointe du premier fratricide (fraterno […] sanguine), épisode matriciel de toute guerre civile à venir, et la première fondation de la cité (primi […] muri). De ces éclaboussures de sang sur la ville aux cicatrices imprimées sur le corps des citoyens et sur celui de la cité, notre hypothèse est que la Ville constitue un miroir et un révélateur des horreurs paroxystiques propres aux guerres civiles, véritable nefas, comme le dit Lucain dès le proème de l’épopée4.

  • 5 L’article de Croisille 2002 est la principale contribution sur la représentation de Rome chez Lucai (...)
  • 6 Voir les remarques de Bastet 1970, 143-144 à ce propos.
  • 7 Cf. Lucain, Pharsale, III, 43-45.
  • 8 Cf. Lucain, Pharsale, III, 298-303.

2Les évocations de la ville de Rome sont rares dans la Pharsale5 : Lucain y délivre peu de descriptions précises, d’ekphraseis ou de portraits de bâtiments6, mais la présente comme cadre du trauma des guerres civiles dans les trois premiers chants de l’épopée, avant le départ des protagonistes hors de l’Vrbs. De fait, le chant III voit successivement le départ de Pompée hors de Rome pour se rendre en Grèce en janvier 49 av. J.-C.7, puis celui de César pour étendre la guerre civile vers Marseille puis l’Espagne8. Dès lors, Rome n’est presque plus évoquée comme cadre de l’action épique, dans l’état d’inachèvement de l’épopée. Ainsi, les trois premiers chants dessinent une géographie urbaine de Rome significative des renversements provoqués par la guerre civile, associent Rome aux villes maudites des tragédies et présentent les violences endurées par la Ville à travers sa comparaison avec un corps. Ce sont les stigmates laissés par la guerre civile qui apparaissent alors comme autant de cicatrices de l’Vrbs, en mémoire exhibée des violences extrêmes.

La géographie urbaine de Rome dans les guerres civiles

  • 9 Voir l’hypothèse formulée par Schrijvers 1988, 341 et les remarques d’Eigler 2010, 228 sur les cas (...)
  • 10 Voir à ce propos nos remarques dans Caltot 2016a, 230-233.
  • 11 Sur le rapprochement de ce personnage avec un chœur tragique, chargé de révéler de profonds malheur (...)

3Les trois premiers chants de l’épopée présentent une géographie assez imprécise de Rome, à travers de rapides évocations du décor urbain : aussi sont-elles surtout révélatrices de la monstruosité des guerres civiles, dont les exactions se répètent, depuis la lutte entre Marius et Sylla jusqu’à la guerre opposant César et Pompée. Ces effets d’échos dans la chronologie9 aboutissent à une véritable lecture typologique de l’histoire des guerres civiles10. Au chant II, un vieillard anonyme rappelle ainsi la violence débridée qui s’est déchaînée lors de la guerre entre Marius et Sylla dans les espaces sacrés et politiques de Rome, à la manière d’un témoin impuissant et atterré devant leur répétition en 4911 :

  • 12 Lucain, Pharsale, II, 103-104. Le texte cité est celui de la CUF, établi par Bourgery (tome 1) et B (...)

Stat cruor in templisP, multaque rubentia caede
Lubrica saxa madent12.
Le sang stagne dans les temples, leurs pierres rougissant d’un immense massacre sont glissantes et dégoulinent de sang.

4Dans ce passage, les temples sont profanés par le sang des citoyens dans un massacre (multa caede), qui remplace le sang animal des sacrifices. Par cette subversion des espaces sacrés, le bellum ciuile annonce une ruine décisive du fas dans l’organisation spatiale de l’Vrbs.

  • 13 Voir sur cette interprétation les remarques de Fantham 1992, ad loc.
  • 14 Voir les remarques sur ce passage de Galtier 2016, 25 : « quant aux ouilia, lieux essentiels à l’ex (...)

5Plus frappantes encore sont les exactions perpétrées alors dans les espaces civiques et politiques de la cité, gâtés eux aussi par les guerres civiles qui en subvertissent jusqu’à la signification. En novembre 82 av. J.-C., la bataille de Sacriport s’achève sur la prise de Préneste et sur l’assassinat des troupes de Marius le Jeune qui s’y étaient réfugiées : Lucain est le seul à situer ce dernier dans les ouilia sur le Champ de Mars. En déplaçant l’événement dans ces parcs à moutons, où se déroulaient les votes pour les Comices, Lucain souligne que la guerre civile subvertit la légitimité républicaine du ius13. Déjà sacrifié dans les temples, le peuple de Rome devient ironiquement un bétail conduit vers les ouilia comme à l’abattoir, et non plus réuni pour les grandes heures du vote républicain14 :

  • 15 Lucain, Pharsale, II, 196-197.

Tunc flos Hesperiae, Latii iam sola iuuentus
Concidit et miserae maculauit ouilia Romae15.
Alors la fine fleur de l’Hespérie et le reste de la jeunesse du Latium tomba et souilla de son sang les ouilia de Rome éplorée.

  • 16 Cf. Virgile, Énéide, VIII, 499-500.
  • 17 Cette lecture a été initiée par Thierfelder 1935, qui analyse Lucain comme un « Gegen-Vergil ».

6Le renversement politique s’accompagne d’un renversement poétique puisque Lucain remodèle ici une citation virgilienne16 (O Maeoniae delecta iuuentus, / flos ueterum uirtusque uirum), soulignant la force et la vigueur du peuple étrusque des origines, allié à Énée, pour mieux traduire sa ruine dans les guerres civiles. La Pharsale, épopée de la destruction, constitue ainsi une réécriture inversée de l’Énéide, épopée de la fondation17.

  • 18 Cf. Appien, Guerres civiles, I, 11, 95 ; Sénèque, De la providence, 3, 7 ; Valère-Maxime, IX, 2, 1. (...)

7Après son retour d’Asie à Rome en 82 av. J.-C., Sylla se fait nommer dictateur et procède aux proscriptions au mois de novembre suivant : le forum devient alors le lieu d’exhibition des têtes tranchées, conformément à ce que rapportent aussi les sources historiographiques18 :

  • 19 Lucain, Pharsale, II, 160-162.

Colla ducum piloP trepidamH gestata per urbem DSDS-DS
Et medioT congestaF foroH ; cognoscitur illic DSDS-DS
Quicquid ubique iacet
19.
On porta les têtes des chefs sur une pique à travers la ville tremblante et on les entassa au milieu du forum : on y reconnaît ce qui gît çà et là.

  • 20 Voisin 1984.
  • 21 Sur la catégorie esthétique de l’obscène dans la Pharsale, participant d’une division des matières (...)
  • 22 Cf. Quintus Cicéron, Commentariolum petitionis, 1, 2 ; 11, 43 ; 14, 54.
  • 23 Voir les remarques d’Akar 2013, 37-52 sur l’importance de cette notion à la période républicaine.
  • 24 D’ailleurs César assimile le forum à un camp (Lucain, Pharsale, I, 319-320. Quis castra timenti / n (...)
  • 25 Voir notamment les remarques d’Estèves 2010, 205 : « la décapitation / décollation n’est plus synon (...)
  • 26 Cf. Lucain, Pharsale, VIII, 663-675.
  • 27 Voir les remarques de Galtier 2018, 303-306 à ce propos : « la reconnaissance s’oppose ainsi au pro (...)
  • 28 Exposita rostris capita caesorum patres / Videre maesti, flere nec licuit suos, / Non gemere dira t (...)

8De fait, la décapitation connut une grande faveur durant les proscriptions républicaines, selon Jean‑Louis Voisin20 : chez Lucain, l’action de ces « chasseurs de tête » est généralisée par des expressions au pluriel (colla ducum) et par la paronomase gestata / con-gesta, dont la composition démultiplie le procès. L’anonymat des victimes est de plus rendu évident avec le neutre quicquid qui réifie les (parties d’) individus21. Et Lucain situe significativement ce charnier sur le forum. Caractérisé, selon Varron, par sa dignité (forensis dignitas), le forum constitue le cadre privilégié des grands épisodes de la Res publica22 et des discours qui ont unifié le populus Romanus. C’est même le lieu où il fut décidé, peut-être par Camille, d’édifier un temple dédié à la Concordia du peuple romain, sans doute dès 367 av. J.-C.23 : à rebours de cette tradition, il abrite chez Lucain les crimes les plus sauvages de la guerre civile, dans une parfaite discordia24. Relèvent précisément de cette dis-cordia, dans un jeu étymologique, les nombreuses décapitations qui, se multipliant, deviennent un motif signifiant et structurel de la narration de la Pharsale25 et culminent avec l’assassinat de Pompée26. Dès lors, les guerres civiles inversent le principe électif et qualifiant de la démarche républicaine où le forum apparaît comme un espace de la promotion politique, pour le présenter au contraire comme un lieu témoignant de « la crise du processus de reconnaissance » propre aux guerres civiles27 : d’ailleurs, la mémoire des duces, dont les corps sont décapités, y est devenue impossible. D’espace de la mémoire citoyenne, le forum se mue en un lieu d’amnésie collective, devant l’impossibilité de reconnaître (cognoscitur) ses concitoyens. L’Octavie du pseudo-Sénèque présente un tableau similaire du forum dans les guerres civiles, où sont entreposées des têtes, maculant les rostres d’une immonde sanie28.

  • 29 Voir les remarques de Collart 1974, 210 et Dangel 1999, 76-77 sur la structure métrique DSDS-DS, co (...)
  • 30 Sur cette question, voir Dangel 2000, 177.

9À ce renversement paradoxal, Lucain ajoute l’ironie dans la mise en forme stylistique du passage : il recourt à un distique formulé sur la même cadence rythmique, DS-DS-DS, apte à dire le grand chant solennel de la cité, par la triple reprise de la clausule hexamétrique (DS)29. Ce faisant, il souligne le décalage accusé entre la forme métrique employée et la subversion du forum républicain en charnier. D’ailleurs, le terme foro est significativement placé au centre du vers (II, 162), sous la césure féminine (notée F), dont Jacqueline Dangel a bien souligné l’effet d’étrangeté qu’elle provoque à la lecture par la mise en tension des lectures ad metrum et ad sensum30 : de fait, la césure féminine implique une pause métrique entre les deux voyelles brèves du dactyle troisième, qui doivent paradoxalement être réunies rythmiquement à la lecture. Lucain traduit ainsi rythmiquement et métriquement le caractère problématique de la nouvelle fonction dont le forum est investi par les guerres civiles.

  • 31 Lucain, Pharsale, II, 99-100. Il n’est pas exclu que ce passage constitue une référence à la prise (...)
  • 32 Cf. Lucain, Pharsale, III, 90.
  • 33 Cf. Lucain, Pharsale, II, 160 : trepidam […] per urbem.
  • 34 Cf. Lucain, Pharsale, I, 676 : attonitam […] per urbem ; III, 97-98 : urbem / attonitam terrore ; I (...)
  • 35 Cf. Lucain, Pharsale, I, 513 : […] facilem uenturo Caesare praedam.
  • 36 Cf. Lucain, Pharsale, II, 655-656 : bellorum maxima merces, / Roma capi facilis.

10Cette double ruine des valeurs sacrée et politique de Rome, pendant la guerre entre Marius et Sylla, se rejoue lors de la guerre entre César et Pompée. D’ailleurs, les retours vers Rome de Marius depuis l’Afrique en 87 av. J.-C. (Dies, Marius quo moenia uictor / corripuit. « Le jour où Marius victorieux s’empara des remparts »31) et de César après le franchissement du Rubicon en avril 4932 sont rapprochés lorsqu’ils assaillent les remparts de Rome. Selon un leitmotiv porté par des expressions consacrées, Marius33 et César34 y provoquent la même panique. De fait, l’assaut de César contre Rome permet à Lucain de développer une triple image, associant l’Vrbs à une proie de César35, à un bien à vendre36 ou à une ville assiégée et pillée par un ennemi extérieur :

  • 37 Lucain, Pharsale, I, 481-484.

Hunc inter Rhenum populos Alpemque iacentes,
Finibus arctois patriaque a sede reuolsos,
Pone sequi, iussamque feris a gentibus Vrbem
Romano spectante rapi37.
On dit que des peuples habitant entre le Rhin et les Alpes, arrachés à leurs confins nordiques et à leur demeure paternelle, le [sc. César] suivent et on ordonne à ces peuples barbares de piller, sous le regard des Romains, la Ville.

  • 38 Lucain, Pharsale, III, 98-100.

Namque ignibus atris
Creditur ut
captae rapturus moenia Romae
Sparsurusque deos38.
Et on croit que, par ses sombres brandons, il [sc. César] vient piller les remparts de Rome, après l’avoir prise, et en disperser les dieux.

  • 39 Voir Martin 2010, 245-246 sur le recours aux troupes gauloises par César.
  • 40 Cf. Lucain, Pharsale, III, 91.

11En soulignant le caractère étranger (finibus arctois) et même barbare (feris a gentibus) des troupes césariennes, quitte à rejouer le metus Gallicus39, Lucain présente César comme un ennemi extérieur prêt à infliger une double vexation à sa propre ville, dans ses dimensions politique, morale – avec l’insistance sur le pillage que portent les verbes capere au passif et rapere – et sacrée (sparsurus deos). D’ailleurs César est résolu à marcher contre Rome, qu’il nomme la deum sedes40. Les lieux de Rome où s’immisce la guerre civile consacrent une nouvelle fois la double ruine du fas et du ius à l’arrivée de César :

  • 41 Lucain, Pharsale, II, 30-35.

Hae lacrimis sparsere deos, hae pectora duro
Adfixere solo lacerasque in limine sacro
Attonitae fudere comas uotisque uocari
Adsuetas crebris feriunt ululatibus aures.
Nec cunctae summi PtemploH iacuere Tonantis :
Diuisere deos, et nullis defuit aris41.

Elles [sc. les matrones] arrosèrent les dieux de leurs pleurs, elles plongèrent leur poitrine sur le sol dur [des temples], stupéfaites, elles répandirent leurs cheveux arrachés sur leur seuil sacré et voilà qu’elles frappent de leurs hurlements répétés les oreilles habituées à entendre des prières. Et elles ne girent pas toutes dans le temple du Maître des dieux, le Tonnant : elles se répartirent les dieux et il ne leur manqua aucun autel.

  • 42 Voir Sannicandro 2010, 108-109 sur la lamentation féminine dans la Pharsale.
  • 43 Sur l’importance des personnages anonymes chez Lucain, voir Estèves 2009.
  • 44 Cf. Iliade, VI, 237-241.

12La lamentation terrifiée des Romaines42, elles aussi anonymes43, remotive le topos épique de l’émotion témoignée par les femmes aux guerriers44 et infléchit ce dernier, car leurs prières visent à empêcher la guerre civile, tant elle est néfaste. Plusieurs vers répètent l’entrelacement du lexique religieux et du lexique de la supplication, caractérisée par une puissante violence (lacrimis sparsere deos ; pectora duro / adfixere solo ; la tournure encadrante laceras in limine sacro / comas).

13Religieuses, les conséquences de la rivalité entre César et Pompée sont aussi politiques, comme en témoigne l’évocation de la Curie à l’entrée de César dans Rome en avril 49 :

  • 45 Lucain, Pharsale, III, 103-109.

Phoebea palatia complet
Turba patrum TnulloP cogendi iure senatus
E latebris educta suis ; Hnon consule sacrae
Fulserunt sedes, Pnon proxima lege potestas,
Praetor adestT, uacuaequeF locoH cessere curules :
Omnia Caesar eratP ; priuatae curia uocis
Testis adest45.

La foule des Pères, chassée de ses retraites, remplit le palais de Phébus bien qu’il ne soit pas autorisé à réunir le Sénat ; les sièges consacrés ne brillèrent pas de la présence d’un consul ; le préteur, l’autorité le plus proche selon la loi, n’est pas présent et on retire les sièges curules, vides : César était tout ; la curie accueille la voix d’un simple particulier.

  • 46 Sur l’importance du précédent de Marius et Sylla dans l’affirmation d’une « idéologie impératoriale (...)
  • 47 Sur ce procédé, voir les remarques d’Esposito 2004, 50-51 (« negazione per antitesi ») et Masters 1 (...)
  • 48 Voir Ducos 2010, 143 sur cette analyse et sur la subversion du Sénat qui « représente la stabilité (...)

14Ce passage évoque la personnalisation du pouvoir à l’époque des imperatores46, par la négation des principes fondamentaux du ius (nullo […] iure) et de la lex (non proxima lege potestas, / praetor adest). De manière générale, tout ce passage est caractérisé par une accumulation de négations (nullo / non) ou de termes négatifs (uacuae)47, situés à des points stratégiques du vers, pour traduire que la Curie s’est vidée de ses sénateurs, partis pour la plupart en Grèce depuis le 17 janvier 49 avec Pompée. Comme le montre bien Michèle Ducos, ce passage nie même le fonctionnement habituel du Sénat : les sénateurs restés à Rome sont présentés comme une foule indistincte et désorganisée (turba patrum), réunis sans consul ni préteur, c’est-à-dire sans magistrat titulaire de l’imperium48. Fait remarquable, la Curie est vidée non seulement de ses sénateurs, mais aussi de ses symboles, comme les chaises curules, pour abriter César, en unique priuatus. Dans la formule omnia Caesar erat, la syllepse provoquée par l’écart entre le collectif (omnia) et le singulier (Caesar) traduit ce bouleversement politique de manière fulgurante.

  • 49 Voir sur ce constat Brisset 1964, 172 et Rudich 1997, 150-151.
  • 50 Cf. Lucain, Pharsale, II, 35 : nullis defuit aris.
  • 51 Cf. Lucain, Pharsale, II, 34 : summi templo […] Tonantis.
  • 52 Voir Fantham 1992, ad II. 34 : « a poetic metonymy for Jupiter as patron of Rome, lord of the Capit (...)
  • 53 Cf. RGDA 20. À ce sujet, voir les remarques de Zanker 1988, 108.
  • 54 Cf. Suétone, Auguste, 29, 5.
  • 55 Voir Grandazzi 2017, 614.
  • 56 Sur cette anecdote, voir Suétone, Auguste, 91, 3.

15Alors que la période d’Auguste n’est presque jamais évoquée explicitement dans la Pharsale49, les deux derniers passages cités renvoient cependant à la Rome augustéenne, encore virtuelle lors du récit des événements de 49, dans un anachronisme délibéré, adressé aux lecteurs-auditeurs néroniens. Lucain ne cite pas tous les temples investis par les matrones50, mais seulement celui de Jupiter51 : s’il s’agit peut-être du temple de Jupiter Capitolin52, surprenante est cependant l’épiclèse Tonantis. Elle renvoie, au moins implicitement, au temple de Jupiter Tonnant, dont Auguste présida la dédicace le 1er septembre 22 av. J.-C., dans le prolongement du temple de Jupiter Capitolin53. Ce temple commémorait un présage, lorsqu’Auguste avait manqué d’être foudroyé54, après sa campagne contre les Cantabres en 26. Alexandre Grandazzi voit dans ce projet « une manière d’inscrire dans l’espace de la Ville, et dans le langage de la religion, le caractère providentiel de la mission » d’Auguste55, d’autant que ce temple constitue une preuve de son élection divine, à travers un songe le liant à Jupiter56.

  • 57 Cf. Lucain, Pharsale, III, 103.
  • 58 Cf. Suétone, Auguste, 29, 4 : quo loco iam senior saepe etiam senatum habuit.
  • 59 Voir sur ce point les remarques de Properce, Élégies, II, 31, 11-14.

16Le second passage cité révèle la ruine du Sénat républicain, qui abandonne la Curie pour se réunir dans les Phoebea palatia à l’arrivée de César à Rome57 : ces derniers désignent, au prix d’un nouvel anachronisme délibéré, le temple d’Apollon Palatin, achevé en août 29 av. J.-C. Selon Suétone, en effet, Auguste âgé réunit souvent le Sénat dans les portiques du complexe du temple d’Apollon Palatin58. Promis après la bataille de Nauloque et légitimé de nouveau après Actium, le temple d’Apollon, construit à côté de la résidence d’Auguste sur le Palatin, commémore la paix retrouvée en rejetant dans l’oubli le spectre de la guerre civile, conjurée par la représentation des ennemis d’Auguste comme des Barbares59.

  • 60 Voir à ce propos Croisille 2002, 152-154.
  • 61 Voir le principe de « distruzione dei miti augustei » élaboré par Narducci 1979.

17La référence anachronique à ces deux pièces maîtresses du programme architectural de rénovation augustéenne permet à Lucain d’inscrire dans la pierre de Rome la mémoire indélébile des guerres civiles. En tissant des liens entre l’époque des guerres civiles et les réalisations architecturales de la période julio-claudienne60, Lucain sape les références à la Res publica restituta rêvée par Auguste pour en dénoncer le caractère artificiel. Au contraire, elle est indissolublement associée aux guerres civiles, que le pouvoir avait cherché à faire oublier. Cette volonté, omniprésente chez Lucain, de détruire les mythes de la période augustéenne a bien été soulignée par les travaux d’Emanuele Narducci61.

  • 62 Cf. Properce, Élégies, IV, 1 ; Tibulle, Élégies, II, 5, 21-44.
  • 63 Cf. Virgile, Énéide, VIII, 314-365. Voir à ce propos l’article de Grimal 1948 et notre article Calt (...)

18La réforme urbanistique de Rome, sous la main d’Auguste, qui apparaissait chez ses contemporains comme un accomplissement téléologique vers lequel toute l’histoire de la cité était tendue, selon le motif de « Rome avant Rome »62, par exemple dans le discours d’Évandre à Énée63, est violemment empreinte des stigmates des guerres civiles dans la Pharsale. Lucain exhibe, sous le marbre augustéen de Rome, les cicatrices profondes laissées par les guerres civiles et dénonce le discours qui a voulu les faire oublier, pour en réécrire l’histoire présentée a posteriori comme fallacieuse.

La transfiguration de Rome en cité mythique par le trauma des guerres civiles

  • 64 Cf. Hésiode, Travaux, 176-201.
  • 65 Voir Hésiode, Travaux, 182-184. Οὐδὲ πατὴρ παίδεσσιν ὁμοίιος οὐδέ τι παῖδες, / οὐδὲ ξεῖνος ξεινοδόκ (...)

19Une autre stratégie rhétorique, le rapprochement entre Rome et les espaces mythiques des villes tragiques, permet à Lucain de souligner le traumatisme des guerres civiles. Rome dans les proscriptions de 82 av. J.-C. est ainsi assimilée successivement à l’Âge de fer puis à des villes mythiques. L’Âge de fer, dernière phase du mythe des Âges64, est décrit par Hésiode selon la topique du mundus inuersus65, qui est remodelée par Lucain à l’échelle de la maisonnée puis de la cité :

  • 66 Lucain, Pharsale, II, 147-151.

Sed fecit Tsibi quisque FnefasH. Semel omnia uictor
IusseratD1. Infandum domini per uiscera ferrum
Exegit famulusP ; nati maduere paterno
SanguineD1 ; certatum est cui ceruix caesa parentis
CederetD1 ; in fratrum ceciderunt praemia fratres66.

Chacun réalisa son propre sacrilège. En une seule fois le vainqueur avait donné tous ses ordres. Le serviteur plongea son fer sacrilège dans les entrailles de son maître ; les enfants se souillèrent du sang de leur père ; on combattit pour savoir à qui reviendrait la tête tranchée d’un parent ; les frères tombèrent en récompense pour leurs frères.

  • 67 Dangel 1985 parle à ce sujet d’enjambements compacts.

20Le désordre de la maisonnée se rejoue aux niveaux de la familia, entre dominus et famulus, puis de la gens, corrompue par le nefas, dont l’évocation est ensuite prolongée par l’infandum ferrum. Cette inversion de la pietas familiale provoque un déchaînement de violence en gradation pour atteindre le vertige, avec les syntagmes per uiscera ; maduere […] sanguine ; certatum est cui ceruix caesa parentis cederet uni par des assonances gutturales et le polyptote fratrum / fratres qui traduit, comme dans le modèle hésiodique, la faillite des relations familiales. Au désordre familial constitutif du mundus inuersus répond un désordre poétique, sensible dans la multiplication des rejets d’un vers sur l’autre, provoquant de fortes disjonctions au sein de syntagmes cohérents syntaxiquement (paterno / sanguine)67 et la réalisation de la diérèse de premier pied (notée D1), pause métrique peu courante dans l’hexamètre, surtout quand elle est répétée sur plusieurs vers.

21S’en suit une description du mundus inuersus élargi à la cité :

  • 68 Lucain, Pharsale, II, 152-156.

Busta repleta fugaP, permixtaque uiua sepultis
CorporaD1, nec populum Platebrae cepere ferarum.
Hic laqueo fauces elisaque guttura fregit,
Hic se praecipiti iaculatus pondere dura
Dissiluit percussus humo68.

Les fuyards remplirent les bûchers, les corps en vie se mêlèrent aux ensevelis et les cachettes des bêtes ne purent accueillir tout le peuple. L’un se brisa le cou dans un lacet et étrangla sa gorge, l’autre, s’étant jeté de tout son poids la tête la première, sauta sur le dur sol pour se fracasser.

  • 69 L’angoisse du chaos est sous-jacente dans de tels passages (cf. Lucain, Pharsale, I, 74). Voir les (...)
  • 70 Cf. Lucain, Pharsale, II, 152-159.

22De fait, la guerre civile a pour conséquence immédiate de tout confondre (permixta)69 au point de nier les grands universaux anthropologiques, comme la différence entre les vivants et les morts (uiua sepultis / corpora), puis entre l’animal et l’humain (populum / ferarum). Le motif du suicide, développé dans un long catalogue70, prolonge ensuite cette thématique en décrivant, comme un non-sens, le fait de tourner son arme contre soi-même.

23La violence des proscriptions syllaniennes est aussi suggérée par une triple comparaison mythique :

  • 71 Lucain, Pharsale, II, 162-165.

[…] PScelerum Hnon Thracia tantum
Vidit Bistonii stabulis pendere tyranni,
Postibus Antaei Libye, Hnec Graecia maerens
Tam laceros artus Pisaea fleuit in aula71.

La Thrace ne vit pas tant de criminels pendre dans les étables du tyran de Bistonie, ni la Libye aux portes d’Antée et la Grèce affligée ne pleura pas tant de membres mutilés dans la cour de Pisa.

  • 72 Sur l’identification et l’analyse de ces passages, voir Fantham 1992, ad loc. et Barrière 2016, 70- (...)
  • 73 Le personnage est évoqué par Lucain, Pharsale, IV, 593-660 : voir à ce propos les remarques de Grim (...)
  • 74 Cf. Sénèque, Agamemnon, 844 : tyrannus ; 845 : stabulis.
  • 75 Cf. Sénèque, Hercule furieux, 482 : Antaeus Libys.
  • 76 Cf. Sénèque, Thyeste, 123 : Pisaeasque domus curribus inclitas.

24Chacune des trois vignettes présente une référence érudite, voire hermétique, consistant en un faire-valoir de la violence des proscriptions syllaniennes, notamment grâce aux négations répétées (non […] nec). Chacune se concentre sur un personnage monstrueux72 : d’abord, Diomède, roi des Bistoniens (Bistonii tyranni), qui nourrissait ses cavales anthropophages de chair humaine avant d’être tué par Hercule ; puis Antée, nommé explicitement (Antaei), géant et monstre exemplaire dans la Pharsale73, qui terrorisait la Libye avant d’être éliminé par le même Hercule. Enfin, la dernière vignette se concentre sur Œnomaüs, roi de Pisa en Élide (Pisaea […] in aula), qui défiait les prétendants de sa fille à la course de char, les décapitait et exposait leur tête. Ces trois comparaisons dialoguent grâce à une référence intertextuelle avec les tragédies de Sénèque : Diomède est mentionné en des termes proches dans Agamemnon74, Antée dans Hercule furieux75 et Œnomaüs dans Thyeste76. Cet intertexte invite donc le lecteur à opérer une transfiguration de la Rome historique au rang de cité tragique.

  • 77 Voir la définition thématique qu’Aristote donne de la tragédie dans la Poétique, 1453b : Ποῖα οὖν δ (...)
  • 78 Cf. Lucain, Pharsale, I, 552 : Thebanos […] rogos. À ce sujet, voir Ambühl 2005.

25De fait, soumise au déchaînement passionnel des guerres civiles, la Rome de César et Pompée est comparable aux cités de la tragédie sénéquienne. Comme dans la tragédie, le bellum ciuile situe le conflit dans l’univers domestique contre un parent ou un proche77. Ainsi, Lucain mythifie Rome à travers l’exemplum de deux cités tragiques : Rome est d’abord associée explicitement à Thèbes78, où se joue la lutte fratricide entre les fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, consacrée par les Sept contre Thèbes :

  • 79 Lucain, Pharsale, I, 550-552.

Ignis et ostendens confectas flamma Latinas
Scinditur in partes geminoque cacumine surgit
Thebanos imitata rogos79.

Indiquant la fin des Féries latines, la flamme se fend en deux et elle s’élève en un double sommet, à l’imitation des bûchers thébains.

  • 80 Voir à ce sujet les remarques d’Arico 1972.
  • 81 Voir Ripoll 2009, 90.

26La hantise de la division apparaît dans les prodiges à Rome annonçant la guerre entre César et Pompée, comme la flamme du sacrifice qui, divisée en deux, constitue depuis la poésie hellénistique une référence intertextuelle à la lutte entre Étéocle et Polynice80. Comme l’écrit François Ripoll, « le mythe sert alors de précédent à l’histoire »81.

  • 82 Cf. Lucain, Pharsale, I, 544 : Thyestae […] Mycenae. Sur ce rapprochement, voir notre article Calto (...)

27En outre, Rome est associée à la ville tragique de Mycènes, cadre d’une autre lutte intestine au sein d’une fratrie, entre Thyeste et Atrée. Lucain transfère le motif du soleil qui refuse de se lever sur Mycènes après le festin anthropophage de Thyeste, à Rome au début de la guerre civile dans une autre comparaison explicite82 :

  • 83 Lucain, Pharsale, I, 540-544.

Ipse caput medio PTitanH cum ferret Olympo
Condidit ardentes PatraH caligine currus
Inuoluitque orbem PtenebrisH gentesque coegit
Desperare diem ; PqualemH fugiente per ortus
Sole Thyesteae PnoctemH duxere Mycenae83.

Alors que Titan lui-même portait la tête au milieu de l’Olympe, il voila son char brillant de noires nuées, entoura la terre de ténèbres et força les peuples à ne plus espérer le jour : ainsi, alors que le soleil fuyait à son lever, la Mycènes de Thyeste plongea dans la nuit.

28Selon un parcours du sens bien défini que tissent les termes mis en valeur au pivot des hexamètres successifs, Lucain focalise l’attention du lecteur sur le soleil (Titan), caractérisé par son association aux ténèbres (atra puis tenebris), justifiant la comparaison (qualem) avec la nuit de Mycènes (noctem), suite à l’épisode où Thyeste mange ses propres enfants.

29Nouvelle Mycènes et nouvelle Thèbes, Rome se transfigure en cité mythique et tragique, pour signifier le caractère insupportable des violences perpétrées en guerre civile. Les Romains deviennent ainsi des héritiers des Labdacides ou des Atrides, dans une généalogie mythique. D’ailleurs, l’Érinys, figure consacrée par la tragédie depuis les Euménides d’Eschyle, prend possession de Rome lors des guerres civiles :

  • 84 Lucain, Pharsale, I, 572-573.

[…] Ingens urbem cingebat Erinys
Excutiens pronam flagranti uertice pinum84.

Immense, l’Érinys entourait la cité, en ébranlant un pin courbé au sommet enflammé.

  • 85 Franchet d’Espèrey 2003 sur l’association entre la Furie et les guerres civiles.

30Allégorie du crime irréparable perpétré en famille, l’Érinys transfère son potentiel tragique en prenant possession de Rome, comme le suggère la structure encadrante (Ingens urbem cingebat Erinys). Ce faisant, elle invite, comme la Furie85, à une lecture tragique du bellum ciuile, supposant aussi de tourner ses armes contre sa propre famille.

Lecture analogique : la ville comme symptôme de la brisure des kosmoi

  • 86 Sur ce principe, voir Gourinat 2009, 76-77.
  • 87 Cf. Lucain, Pharsale, I, 573. Cité supra.

31Profondément analogique, la poésie de Lucain repose sur la mise en relation des différents kosmoi, entre le macrocosme universel et le microcosme organique, selon le principe de la sympathie universelle, dans la meilleure tradition de la physique stoïcienne86. Dès lors, Rome apparaît comme un kosmos intermédiaire, reflétant l’état troublé de l’un comme de l’autre dans les guerres civiles. D’ailleurs, pour décrire l’emprise de l’Érinys sur Rome, Lucain recourt au lexique excutiens87. Ce faisant, il décrit le profond ébranlement de la guerre civile par un terme récurrent dans toute sa famille lexicale (percutere ; excutere ; concutere) sur la ville :

  • 88 Lucain, Pharsale, I, 303-305.

Non secus ingenti bellorum Roma tumultu DSSS-DS
Concutitur quam si Poenus transcenderit Alpes DSSS-DS
Hannibal88.

Rome est autant ébranlée par l’immense fracas des guerres que si le Carthaginois Hannibal traversait les Alpes.

32et sur ses habitants :

  • 89 Lucain, Pharsale, I, 486-487.

[…] Nec solum uulgus inani
PercussumT terroreF pauetH, sed curia […]89.

Non seulement le peuple est effrayé, ébranlé par un effroi immense, mais aussi la Curie.

  • 90 Voir les remarques de Narducci 2002, 207-209 sur le portrait de César en Hannibal chez Lucain.

33Après le franchissement du Rubicon et l’arrivée de César, Rome n’est pas moins ébranlée (concutitur) qu’à la venue d’Hannibal ad portas, après la bataille de Cannes en 216 av. J.-C. La reprise d’un même schéma métrique sur les deux vers successifs (DSSS-DS) associe le général carthaginois à César, traduisant la perversion propre aux guerres civiles90. La répétition de la même famille lexicale concutitur / percussum, cette fois appliquée au peuple de Rome, est renforcée par la position métrique identique, en tête de vers et par son emploi au passif pour traduire la peur des Romains (terrore pauet) : de fait, l’expression voit la réalisation d’une nouvelle césure féminine, propre à traduire, par l’effet d’étrangeté qu’elle suscite à la lecture, le scandale d’un Romain déferlant sur Rome.

  • 91 Cf. Lucain, Pharsale, I, 69 et 77.

34La récurrence de ce lexique élargit les effets délétères de la guerre civile à Rome au monde entier91, selon l’emploi programmatique du terme dans la propositio du proème :

  • 92 Lucain, Pharsale, I, 5-6.

(canimus…) Certatum totis Pconcussi uiribus orbis SSSS-DS
In commune nefas92.

(Nous chantons) le combat au moyen de toutes les forces de la terre ébranlée pour un sacrilège collectif.

35L’ébranlement du monde (concussi […] orbis) dans les guerres civiles (in commune nefas) est formulé dans un hexamètre à cadence spondaïque (SSSS-DS), particulièrement solennelle, où le terme concussi occupe une place centrale, pour annoncer son importance dans la suite du poème.

  • 93 Lucain, Pharsale, I, 185-192.
  • 94 Voir par exemple Plutarque, César, 32, 9 ; Suétone, César, 32, 2.

36En outre, l’ébranlement de Rome se traduit à travers une imagerie organique, qui est encore favorisée par l’anthropomorphisation et la prosopopée de la patrie qui apparaît à César sous les traits de la Ville personnifiée, lors du franchissement du Rubicon93. Ce faisant, Lucain s’inscrit dans une tradition94, mais s’en démarque en personnifiant l’abstraction de Rome dans son poème sous des traits physiques et avec le don de la parole. Un tel passage prépare ainsi le catalogue des présages survenus autour de la Ville, qui prolonge la même image :

  • 95 Lucain, Pharsale, I, 535.

(tacitum fulmen…) Percussit Latiare caput95 […]

La foudre, sans bruit, ébranla la tête du Latium.

  • 96 Sur l’importance de Tite-Live comme source historiographique pour Lucain, voir Pichon 1912, 51-58 e (...)
  • 97 Voir en particulier Alonso-Nuñez 1982 et Bessone 2008, 31-87.
  • 98 Cf. e.g. Lucain, Pharsale, II, 136 et 655. Sur ces passages, voir les remarques de Dinter 2012, 19- (...)
  • 99 Varron, De uita populi romani, fr. 114 Riposati. Voir à ce propos les remarques de Wiseman 2010, 26 (...)

37Dans la liste des présages, signifiante est l’association entre le lexique percutere et la chute de la foudre sur le Latiare caput, qui désigne Rome comme la tête du Latium. Lucain emprunte ici l’image du caput mundi, consacrée depuis la période augustéenne et affirmée notamment par l’historiographie livienne96 dès le prologue de l’Ab Vrbe condita (Praef. 4), dans une lecture organiciste de la cité97, et l’utilise à plusieurs reprises98. À cette image qui associe la capitale d’un empire à la tête d’un corps, s’ajoute une seconde référence, empruntée à Varron : dans sa biographie du peuple romain, il explique l’origine des guerres civiles par les deux têtes de la cité, ou biceps ciuitas (bicipitem ciuitatem […], discordiarum ciuilium fontem)99. S’il choisit une autre épithète (anceps) formée à partir du même radical que biceps (caput), Lucain souligne la dette varonienne, en associant dans le même vers l’anceps Vrbs et le principe de discordia :

  • 100 Lucain, Pharsale, I, 266-267.

Expulit ancipiti Pdiscordes Vrbe tribunos
Victo iure minax Piactatis Curia Gracchis100.

Les tribuns porteurs de discorde furent chassés de la Ville à deux têtes par la Curie qui les menaçait malgré le droit, en rappelant le sort des Gracques.

  • 101 Voir les remarques de Carcopino 1965, 250-251 à propos de cet épisode.
  • 102 L’image est rendue explicite dans le passage d’extispicine où Arruns découvre deux capita sur le fo (...)

38À l’origine du conflit entre Pompée et César, Lucain évoque le départ des tribuns césariens, Marc Antoine et Q. Cassius Longinus, sous la pression du Sénat, acquis à la cause de Pompée, se rendant ainsi coupable d’outrepasser le droit (uicto iure) le 7 janvier 49 av. J.-C.101. Dans un vers (I, 266) à la facture peu habituelle, Lucain disjoint les deux syntagmes nominaux pour faire converger de part et d’autre de la coupe penthémimère les deux adjectifs porteurs de l’image organique : l’anceps Vrbs présente Rome comme un corps monstrueux, doué de deux têtes, chacune renvoyant à l’un des imperatores102, et les discordes tribuni, dont l’adjectif remotive le sens étymologique de la discordia à valeur organique (aux cœurs divisés).

39L’analogie organique entre Rome et un corps humain permet de décrire les effets du bellum ciuile à la manière d’une maladie :

  • 103 Lucain, Pharsale, II, 140-143.

Ille quod exiguum Prestabat sanguinis Vrbi
Hausit ; dumque nimisP iam putria membra recidit,
ExcessitT medicinaF modumH, nimiumque secuta est,
Qua morbiT duxereF, manusH103.

[Sylla] vida le peu de sang qui restait à la Ville et, en tranchant plus qu’il ne faut ses membres corrompus, le remède dépassa la mesure et la main outrepassa le chemin des maladies.

  • 104 Cf. Lucain, Pharsale, I, 2-3 : populumque potentem / in sua uictrici conuersum uiscera dextra.
  • 105 Cf. Lucain, Pharsale, I, 23 : in te uerte manus (« [Rome] tourne ta main contre toi »).

40L’image du sang et des membres de la cité, abimés par les crises de la fin du premier siècle (exiguum […] sanguinis et putria membra), traduit l’horreur des crimes perpétrés durant la dictature de Sylla, qu’expriment les verbes hausit et recidit. Dans une attitude fondée sur l’excès, que signifient les expressions placées à des jalons remarquables du vers (nimis, nimium ou le verbe excessit), Sylla dépasse la mesure et, pour régler la discordia maladive du corps civique, tente de la guérir selon un remède inadapté car trop radical. Formulées à deux reprises au moyen de la coupe féminine, créant un effet de tension entre les lectures ad metrum et ad sensum, l’action de Sylla, qui relève d’une médecine problématique (medicinaF), et les maladies de la cité (qua morbiT duxereF) sont renvoyées dos à dos. Lucain reprend l’image de la cité malade, employée par Platon au livre IV de la République (444c-444e) mais, à la différence de ce dernier qui recourait à une image psychopolitique, associant l’âme et la cité, il lui préfère une image organique, associant le corps et la cité. Alors que la maladie était due chez Platon à la lutte intestine entre les trois parties constitutives de l’âme ou de la cité, Lucain remotive cette image dans le motif de la lutte du corps (organique ou civique) contre lui-même, selon la métaphore programmatique du suicide de Rome dans les guerres civiles, employée dès le proème104 et ensuite répétée105. La métaphore du suicide participe ainsi de l’anthropomorphisation de la ville.

  • 106 Voir à ce propos les témoignages de Plutarque, César, 35, 3-4 et Appien, Guerres civiles, II, 41, 1 (...)

41Cette anthropomorphisation de l’Vrbs révèle les violences de la guerre civile dans un dernier passage : à peine arrivé à Rome en avril 49 av. J.-C., César se rend au temple de Saturne pour en piller le trésor. Seul le tribun Lucius Metellus, qui opposa son veto à César106, s’adresse à lui en ces termes dans la Pharsale :

  • 107 Lucain, Pharsale, III, 123-125.

« Non nisi per nostrum Puobis percussa patebunt
Templa latus, nullasque feres, nisi sanguine sacro
Sparsas, raptor, opes »107.

« Ces temples ébranlés ne s’ouvriront pas pour vous sinon à travers notre flanc, tu n’extrairas aucune richesse, pillard, sans avoir répandu un sang sacré ».

  • 108 Cf. Lucain, Pharsale, III, 145-147. Voir Due 1970, 218-219 sur l’argumentation de Cotta.

42Pour défendre Rome devant l’assaut de César, Metellus s’associe à sa cité, et en particulier au temple de Saturne, au point de faire corps avec elle, dans une association reformulée entre la cité et le corps d’un citoyen. L’effet des guerres civiles sur le temple est exprimé par une nouvelle occurrence du verbe percutere (percussa […] / templa). De fait, l’ouverture du temple est conçue comme un transpercement du corps de Metellus, ce que suggère la structure encadrante per nostrum […] percussa […] / templa latus. Et l’aerarium de Rome ne peut être saisi que maculé de son propre sang, comme le traduit la continuité phonique en sifflantes (sanguine sacro / sparsas opes). Cet engagement du tribun implique alors de redéfinir le rôle des ennemis dans la guerre civile, qu’il distribue de part et d’autre de la coupe penthémimère du vers II, 123, entre lui-même, Metellus (nostrum), seul à rester à Rome pour en protéger l’intégrité, et les Césariens (uobis). La condamnation de César est sans appel, en le réduisant au statut dégradant de pilleur (raptor). Finalement, fléchi par Cotta108, Metellus renonce et laisse avancer César prêt à dépouiller le temple :

  • 109 Lucain, Pharsale, III, 154-159.

Tunc rupes TTarpeiaF sonatH magnoque reclusas SSDS-DS
Testatur TstridoreF foresH ; tunc conditus imo SSDS-DS
Eruitur templo PmultisH non tactus ab annis
Romani census PpopuliH, quem Punica bella,
Quem dederat PersesP, quem uicti praeda Philippi,
Quod tibi, Roma, fuga PPyrrhusH trepidante reliquit109.

Alors la roche Tarpéienne résonne et témoigne dans un grand fracas de l’ouverture des portes (du temple) ; alors on en arrache le trésor du peuple romain, placé tout au fond du temple, sans avoir été touché depuis de nombreuses années ; trésor qu’avaient constitué les guerres puniques, Persée, le butin de Philippe vaincu et que Pyrrhus te laissa, Rome, dans sa fuite apeurée.

  • 110 Sur ce passage, voir Schindler 2016, 47-48.
  • 111 Voir Grandazzi 2017, 196 : « faites de bloc de 300 kg chacun, [les assises du temple de Saturne] pr (...)

43L’anthropomorphisation de Rome est filée dans ce passage par le gémissement de la cité : les deux termes qui désignent ce son, sonat et stridore, sont associés dans des vers de même cadence rythmique (SSDS-DS), par leur position commune sous la césure féminine (notée F). Ce fait métrique traduit l’étrangeté et la force du cri de la cité. De fait, en pillant l’aerarium publicum, César subvertit le sens de toute une histoire républicaine des exploits militaires de la romanité, en particulier à Zama contre Carthage (Punica bella) en 202, à Pydna contre Persée (Perses) en 168 et à Cynocéphales contre Philippe V (uicti praeda Philippi) en 197 lors des Guerres macédoniennes et enfin contre Pyrrhus entre 280 et 275 av. J.-C. Associé par une allitération en [p], ce catalogue des grands ennemis de la Rome républicaine rappelle l’époque révolue du bellum externum : en portant la guerre civile à Rome, César nie le sens civique du trésor accumulé au cours de cette grande histoire de la Rome héroïque110. Enfin, l’assaut contre le temple de Saturne, dédié entre 501 et 497 av. J.-C., est symbolique de la subversion que César réalise par rapport à une mémoire républicaine de l’Vrbs : si les Tarquins semblent l’avoir placé sur le forum, c’est la toute jeune République qui choisit d’y déposer l’aerarium publicum, qui n’était, dès lors, plus la possession du seul roi mais celle du peuple111. En annulant cette mémoire républicaine, les intentions de César sont rattachées implicitement à un modèle royal. La guerre civile, non contente de traumatiser les corps des citoyens et de la cité, implique aussi un choc psychologique, en niant la tradition républicaine, ses valeurs, son histoire et son inscription dans une géographie urbaine.

44Les références géographiques ou urbanistiques à la ville de Rome ont beau être fugaces et dispersées dans la Pharsale, elles n’en constituent pas moins un révélateur des pires exactions provoquées par la guerre civile. Tout d’abord s’inscrivent dans Rome des crimes répétés de générations en générations, associant la lutte entre Marius et Sylla à celle qui oppose Pompée et César par leur commun mépris du ius et du fas, valeurs fondamentales de l’Vrbs. De fait, la guerre civile s’immisce dans les temples comme dans les grands lieux de la cité, le forum ou la Curie, au point d’en subvertir la signification républicaine. Cette répétition de la guerre civile sur plusieurs générations rapproche Rome des grandes cités mythiques ou tragiques, notamment inspirées par les tragédies de Sénèque, contemporaines de la Pharsale. Mieux même, ces références au mythe renforcent encore la violence historique de la guerre civile. Enfin, Rome apparaît comme un miroir des guerres civiles, au nom de la sympathie universelle : la Ville rejoue l’ébranlement du monde dû au bellum ciuile et, selon une métaphore organique, en porte les stigmates.

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Notes

1 Voir les principales conclusions de Jal 1963, 37-42 notamment à ce sujet.

2 Chiesa 2005 souligne les innovations de Lucain dans la représentation du corps épique.

3 Lucain, Pharsale, I, 95.

4 Cf. commune nefas (Lucain, Pharsale, I, 6).

5 L’article de Croisille 2002 est la principale contribution sur la représentation de Rome chez Lucain.

6 Voir les remarques de Bastet 1970, 143-144 à ce propos.

7 Cf. Lucain, Pharsale, III, 43-45.

8 Cf. Lucain, Pharsale, III, 298-303.

9 Voir l’hypothèse formulée par Schrijvers 1988, 341 et les remarques d’Eigler 2010, 228 sur les cas de « Geschichte hinter der Geschichte » chez Lucain.

10 Voir à ce propos nos remarques dans Caltot 2016a, 230-233.

11 Sur le rapprochement de ce personnage avec un chœur tragique, chargé de révéler de profonds malheurs, voir Conte 1968, 244-249.

12 Lucain, Pharsale, II, 103-104. Le texte cité est celui de la CUF, établi par Bourgery (tome 1) et Bourgery et Ponchont (tome 2). Sauf mention contraire, les traductions sont personnelles.

13 Voir sur cette interprétation les remarques de Fantham 1992, ad loc.

14 Voir les remarques sur ce passage de Galtier 2016, 25 : « quant aux ouilia, lieux essentiels à l’expression citoyenne, ils sont transformés en immenses abattoirs ».

15 Lucain, Pharsale, II, 196-197.

16 Cf. Virgile, Énéide, VIII, 499-500.

17 Cette lecture a été initiée par Thierfelder 1935, qui analyse Lucain comme un « Gegen-Vergil ».

18 Cf. Appien, Guerres civiles, I, 11, 95 ; Sénèque, De la providence, 3, 7 ; Valère-Maxime, IX, 2, 1. Sur ce point, voir Barrière 2016, 69.

19 Lucain, Pharsale, II, 160-162.

20 Voisin 1984.

21 Sur la catégorie esthétique de l’obscène dans la Pharsale, participant d’une division des matières organiques, voir les remarques de Bartsch 1997, 24 notamment.

22 Cf. Quintus Cicéron, Commentariolum petitionis, 1, 2 ; 11, 43 ; 14, 54.

23 Voir les remarques d’Akar 2013, 37-52 sur l’importance de cette notion à la période républicaine.

24 D’ailleurs César assimile le forum à un camp (Lucain, Pharsale, I, 319-320. Quis castra timenti / nescit mixta foro […] ? « Qui ignore qu’on fit un camp militaire du forum effrayé […] ? ») pour accuser les menées pompéiennes sur le forum au moment du procès de Milon en avril 52.

25 Voir notamment les remarques d’Estèves 2010, 205 : « la décapitation / décollation n’est plus synonyme d’horreur barbare, mais devient emblématique de l’horreur propre à la guerre civile ».

26 Cf. Lucain, Pharsale, VIII, 663-675.

27 Voir les remarques de Galtier 2018, 303-306 à ce propos : « la reconnaissance s’oppose ainsi au processus d’anonymisation qu’engendre la volonté prêtée à Sylla d’empêcher l’inhumation des proscrits ».

28 Exposita rostris capita caesorum patres / Videre maesti, flere nec licuit suos, / Non gemere dira tabe polluto foro, / Stillante sanie per putres uultus graui (« Les parents affligés virent les têtes exposées sur les rostres de leurs enfants morts, sans pouvoir les pleurer ni gémir sur le forum souillé par une sanie infecte, le sang pourrissant dégoulinant des visages putréfiés »), Ps.-Sénèque, Octavie, 510-513. La datation de cette pièce fait débat, même si un consensus se forme en faveur d’une date plus tardive que la période néronienne, sans doute sous Othon : voir Galimberti-Biffino 2001, 48.

29 Voir les remarques de Collart 1974, 210 et Dangel 1999, 76-77 sur la structure métrique DSDS-DS, conférant « une grande solennité » à des descriptions grandioses ou à des tableaux de grande ampleur.

30 Sur cette question, voir Dangel 2000, 177.

31 Lucain, Pharsale, II, 99-100. Il n’est pas exclu que ce passage constitue une référence à la prise d’Ostie par Marius et ses hommes en 87 av. J.-C. Voir sur cet événement Plutarque, Marius, 42 ; Florus, II, 9, 12.

32 Cf. Lucain, Pharsale, III, 90.

33 Cf. Lucain, Pharsale, II, 160 : trepidam […] per urbem.

34 Cf. Lucain, Pharsale, I, 676 : attonitam […] per urbem ; III, 97-98 : urbem / attonitam terrore ; III, 298 : trepidantis moenia Romae.

35 Cf. Lucain, Pharsale, I, 513 : […] facilem uenturo Caesare praedam.

36 Cf. Lucain, Pharsale, II, 655-656 : bellorum maxima merces, / Roma capi facilis.

37 Lucain, Pharsale, I, 481-484.

38 Lucain, Pharsale, III, 98-100.

39 Voir Martin 2010, 245-246 sur le recours aux troupes gauloises par César.

40 Cf. Lucain, Pharsale, III, 91.

41 Lucain, Pharsale, II, 30-35.

42 Voir Sannicandro 2010, 108-109 sur la lamentation féminine dans la Pharsale.

43 Sur l’importance des personnages anonymes chez Lucain, voir Estèves 2009.

44 Cf. Iliade, VI, 237-241.

45 Lucain, Pharsale, III, 103-109.

46 Sur l’importance du précédent de Marius et Sylla dans l’affirmation d’une « idéologie impératoriale », voir notamment Assenmaker 2014, 17-20.

47 Sur ce procédé, voir les remarques d’Esposito 2004, 50-51 (« negazione per antitesi ») et Masters 1992, 122 (« negative enumeration »).

48 Voir Ducos 2010, 143 sur cette analyse et sur la subversion du Sénat qui « représente la stabilité et la permanence par opposition à la succession des magistratures annuelles : c’est le consilium sempiternum dont parle Cicéron ».

49 Voir sur ce constat Brisset 1964, 172 et Rudich 1997, 150-151.

50 Cf. Lucain, Pharsale, II, 35 : nullis defuit aris.

51 Cf. Lucain, Pharsale, II, 34 : summi templo […] Tonantis.

52 Voir Fantham 1992, ad II. 34 : « a poetic metonymy for Jupiter as patron of Rome, lord of the Capitoline temple itself ».

53 Cf. RGDA 20. À ce sujet, voir les remarques de Zanker 1988, 108.

54 Cf. Suétone, Auguste, 29, 5.

55 Voir Grandazzi 2017, 614.

56 Sur cette anecdote, voir Suétone, Auguste, 91, 3.

57 Cf. Lucain, Pharsale, III, 103.

58 Cf. Suétone, Auguste, 29, 4 : quo loco iam senior saepe etiam senatum habuit.

59 Voir sur ce point les remarques de Properce, Élégies, II, 31, 11-14.

60 Voir à ce propos Croisille 2002, 152-154.

61 Voir le principe de « distruzione dei miti augustei » élaboré par Narducci 1979.

62 Cf. Properce, Élégies, IV, 1 ; Tibulle, Élégies, II, 5, 21-44.

63 Cf. Virgile, Énéide, VIII, 314-365. Voir à ce propos l’article de Grimal 1948 et notre article Caltot 2018, 93-98.

64 Cf. Hésiode, Travaux, 176-201.

65 Voir Hésiode, Travaux, 182-184. Οὐδὲ πατὴρ παίδεσσιν ὁμοίιος οὐδέ τι παῖδες, / οὐδὲ ξεῖνος ξεινοδόκῳ καὶ ἑταῖρος ἑταίρῳ, / οὐδὲ κασίγνητος φίλος ἕσσεται, ὡς τὸ πάρος περ (« Le père ne sera plus uni à son fils, ni le fils à son père, ni l’hôte à son hôte, ni l’ami à son ami ; le frère, comme auparavant, ne sera plus chéri de son frère ; les enfants mépriseront la vieillesse de leurs parents »).

66 Lucain, Pharsale, II, 147-151.

67 Dangel 1985 parle à ce sujet d’enjambements compacts.

68 Lucain, Pharsale, II, 152-156.

69 L’angoisse du chaos est sous-jacente dans de tels passages (cf. Lucain, Pharsale, I, 74). Voir les remarques de Tarrant 2002 sur la menace d’un retour au chaos ovidien dans la Pharsale.

70 Cf. Lucain, Pharsale, II, 152-159.

71 Lucain, Pharsale, II, 162-165.

72 Sur l’identification et l’analyse de ces passages, voir Fantham 1992, ad loc. et Barrière 2016, 70-71.

73 Le personnage est évoqué par Lucain, Pharsale, IV, 593-660 : voir à ce propos les remarques de Grimal 1949.

74 Cf. Sénèque, Agamemnon, 844 : tyrannus ; 845 : stabulis.

75 Cf. Sénèque, Hercule furieux, 482 : Antaeus Libys.

76 Cf. Sénèque, Thyeste, 123 : Pisaeasque domus curribus inclitas.

77 Voir la définition thématique qu’Aristote donne de la tragédie dans la Poétique, 1453b : Ποῖα οὖν δεινὰ ἤ ποῖα οἰκτρὰ φαίνεται τῶν συμπιπτόντων, λάβωμεν […] Ὅταν δ’ ἐν ταῖς φιλίαις ἐγγένηται τὰ πάθη, οἷον εἰ ἀδελφὸς ἀδελφὸν ἢ υἱὸς πατέρα ἢ μήτηρ υἱὸν ἢ υἱὸς μητέρα ἀποκτείνει ἢ μέλλει ἤ τι ἄλλο τοιοῦτον δρᾷ, ταῦτα ζητητέον. (« Voyons donc parmi les événements lesquels sont effrayants et lesquels pitoyables […] mais le surgissement de violences au cœur des alliances – comme un meurtre ou un autre acte de ce genre accompli ou projeté par le frère contre le frère, par le fils contre le père, par la mère contre le fils ou le fils contre la mère – voilà ce qu’il faut rechercher », trad. Dupont-Roc & Lallot 1980).

78 Cf. Lucain, Pharsale, I, 552 : Thebanos […] rogos. À ce sujet, voir Ambühl 2005.

79 Lucain, Pharsale, I, 550-552.

80 Voir à ce sujet les remarques d’Arico 1972.

81 Voir Ripoll 2009, 90.

82 Cf. Lucain, Pharsale, I, 544 : Thyestae […] Mycenae. Sur ce rapprochement, voir notre article Caltot 2016b, 90-91.

83 Lucain, Pharsale, I, 540-544.

84 Lucain, Pharsale, I, 572-573.

85 Franchet d’Espèrey 2003 sur l’association entre la Furie et les guerres civiles.

86 Sur ce principe, voir Gourinat 2009, 76-77.

87 Cf. Lucain, Pharsale, I, 573. Cité supra.

88 Lucain, Pharsale, I, 303-305.

89 Lucain, Pharsale, I, 486-487.

90 Voir les remarques de Narducci 2002, 207-209 sur le portrait de César en Hannibal chez Lucain.

91 Cf. Lucain, Pharsale, I, 69 et 77.

92 Lucain, Pharsale, I, 5-6.

93 Lucain, Pharsale, I, 185-192.

94 Voir par exemple Plutarque, César, 32, 9 ; Suétone, César, 32, 2.

95 Lucain, Pharsale, I, 535.

96 Sur l’importance de Tite-Live comme source historiographique pour Lucain, voir Pichon 1912, 51-58 et ses principales conclusions réaffirmées par Radicke 2004, 39-43.

97 Voir en particulier Alonso-Nuñez 1982 et Bessone 2008, 31-87.

98 Cf. e.g. Lucain, Pharsale, II, 136 et 655. Sur ces passages, voir les remarques de Dinter 2012, 19-21.

99 Varron, De uita populi romani, fr. 114 Riposati. Voir à ce propos les remarques de Wiseman 2010, 26-27.

100 Lucain, Pharsale, I, 266-267.

101 Voir les remarques de Carcopino 1965, 250-251 à propos de cet épisode.

102 L’image est rendue explicite dans le passage d’extispicine où Arruns découvre deux capita sur le foie de l’animal sacrifié (Lucain, Pharsale, I, 627-628).

103 Lucain, Pharsale, II, 140-143.

104 Cf. Lucain, Pharsale, I, 2-3 : populumque potentem / in sua uictrici conuersum uiscera dextra.

105 Cf. Lucain, Pharsale, I, 23 : in te uerte manus (« [Rome] tourne ta main contre toi »).

106 Voir à ce propos les témoignages de Plutarque, César, 35, 3-4 et Appien, Guerres civiles, II, 41, 164 et les remarques de Carcopino 1965, 271-272.

107 Lucain, Pharsale, III, 123-125.

108 Cf. Lucain, Pharsale, III, 145-147. Voir Due 1970, 218-219 sur l’argumentation de Cotta.

109 Lucain, Pharsale, III, 154-159.

110 Sur ce passage, voir Schindler 2016, 47-48.

111 Voir Grandazzi 2017, 196 : « faites de bloc de 300 kg chacun, [les assises du temple de Saturne] prouvent le caractère monumental d’un temple auquel la République, de toute évidence, accorde la plus grande importance ».

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Pour citer cet article

Référence papier

Pierre-Alain Caltot, « Rome à l’épreuve de la guerre civile dans la Pharsale de Lucain (I-III) : des éclaboussures de sang aux stigmates du trauma »Kentron, 37 | 2022, 149-172.

Référence électronique

Pierre-Alain Caltot, « Rome à l’épreuve de la guerre civile dans la Pharsale de Lucain (I-III) : des éclaboussures de sang aux stigmates du trauma »Kentron [En ligne], 37 | 2022, mis en ligne le 20 janvier 2023, consulté le 16 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kentron/6251 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/kentron.6251

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Auteur

Pierre-Alain Caltot

Université d’Orléans
POLEN

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