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Comptes rendus

Roma caput mundi : una città tra dominio e integrazione [Mostra, Roma, Colosseo, Tempio di Romolo e Curia Iulia al Foro Romano, 10 ottobre 2012-10 marzo 2013], A. Giardina, F. Pesando (dir.)

Claire Joncheray
p. 196-199
Référence(s) :

Roma caput mundi : una città tra dominio e integrazione [Mostra, Roma, Colosseo, Tempio di Romolo e Curia Iulia al Foro Romano, 10 ottobre 2012-10 marzo 2013], A. Giardina, F. Pesando (dir.), Rome, Ministero per i Beni e le Attività culturali-Soprintendenza speciale per i Beni archeologici di Roma ; Milan, Electa Mondadori, 2012, 288 p.

Texte intégral

1L’exposition intitulée Roma caput mundi : una città tra dominio e integrazione, dirigée par un historien, A. Giardina, et un archéologue, F. Pesando, a été présentée à Rome du 10 octobre 2012 au 10 mars 2013. Elle se fondait sur le constat de l’opposition entre les images d’une Rome violente et dominatrice diffusées au début du XXe siècle et celle d’une civilisation qui posséda une capacité d’intégration sans précédent dans l’Antiquité. Les auteurs ont souhaité définir avec exactitude la place des hommes dans le monde dominé par Rome et dans le processus de création de l’Empire. Ils ont ainsi édité deux volumes, avec l’appui de la Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Roma : le premier (76 p.) correspond au catalogue proprement dit de l’exposition ; le second (286 p.), qui réunit vingt-quatre articles, se présente comme un commentaire des notions liées à l’exposition.

  • 8 Dora D’Auria et David Nonnis ont contribué au choix des œuvres et à la rédaction du cat (...)

2Le catalogue8 reflète le parcours muséographique de l’exposition, fragmenté entre le forum romain (la Curie julienne et le temple de Romulus) et le Colisée. Il décrit les cent dix-huit œuvres exposées avec leur fiche technique, une notice descriptive – sans bibliographie –, et une petite reprographie en couleur. Les textes sont écrits en italien et en anglais.

3Dans la Curie julienne étaient exposées les œuvres en rapport avec les origines de Rome, c’est-à-dire la diffusion du mythe troyen (peintures de Pompéi, inscriptions), la présence des Étrusques (dessins de la fresque François de Vulci, bronzes représentant les insignes du pouvoir) et l’acculturation à Rome du culte de Magna Mater (stèles, sculptures). La pérennité de ces légendes et les traces de l’assimilation des cultures étrangères dans les premiers temps de Rome ont permis de justifier les politiques impériales d’ouverture du corps des citoyens aux étrangers : les tables de Claude préconisant l’entrée au Sénat de citoyens nés en Gaule et l’édit de Caracalla accordant la citoyenneté romaine aux habitants de l’Empire figurent dans cette partie comme l’aboutissement du cosmopolitisme romain.

  • 9 L’affaire des Bacchanales est présentée par des textes et des images de cortèges dionys (...)

4Au Colisée, l’alternance entre domination et intégration est vue sous l’angle des populations soumises. Les œuvres sont classées par thématiques. Il s’agit d’abord de la révolte des habitants de l’Italie et de leur intégration après les guerres civiles : les peintures de Paestum et une série de terres cuites rappellent les différences culturelles entre les peuples italiques. L’intégration passe alors par l’armée, comme le montrent l’origine des soldats dans les diplômes militaires ou les décors narratifs des moulages de la colonne Trajane. Ensuite, les habitants des Provinces entrent dans le système romain de promotion sociale : une série d’inscriptions et de portraits d’empereurs le prouve. La thématique de Rome comme reflet de l’Empire est illustrée par les portraits de philosophes grecs et des stèles dédiées aux divinités étrangères (Mithra, Cybèle et Atargatis). La section consacrée aux Hébreux, à travers des inscriptions en grec et des monnaies, rappelle les difficultés rencontrées par Rome pour faire correspondre ses lois à celles des autres peuples de l’Empire. Les lois romaines ont, en effet, banni certains cultes comme celui de Bacchus9. La thématique sur les esclaves présente, à travers des objets de la vie quotidienne comme des chaînes et des colliers, la dureté de la condition des esclaves – souvent en révolte –, mais aussi, par des inscriptions, la souplesse du système romain facilitant les affranchissements. Enfin, les femmes possèdent une place privilégiée : elles participent au maintien des traditions romaines tout en favorisant l’assimilation de certains cultes, par exemple celui d’Isis, comme l’évoquent des statues, des stèles et des peintures.

5Dans le temple de Romulus, l’exposition était consacrée à la vision de Rome par les Modernes pendant la période mussolinienne, à travers des extraits de films de propagande, les couvertures du journal La Domenica del Corriere et le magazine La diffesa della Razza, parus entre 1935 et 1940, ainsi que des dessins de Gino Boccasile (1944-1945). D’autres extraits de films, comme celui tiré du Ben-Hur de l’Américain W. Wyler (1959), montrent la pérennité des images de Rome construites sous Mussolini.

  • 10 La mise en page originelle a été quelque peu perturbée lors de la reliure du volume : les mar (...)

6Dans le second volume, toutes ces œuvres sont commentées par des universitaires spécialistes du monde romain et des peuples vivant sous l’Empire. Les articles, écrits en italien, sont assez courts, denses et appuyés sur une riche bibliographie. Ils fondent leur problématique sur la dualité romaine entre soumission des peuples et intégration surveillée. La lecture en est rendue un peu difficile par la mise en page10 et par une division des thématiques moins évidente que dans le premier volume à cause de l’absence de titres et d’introduction récapitulative pour les cinq sections. La localisation non justifiée des trois cahiers photographiques au centre de certains articles donne également au volume une apparence un peu décousue. Cependant, les cahiers reprennent, en couleur et sur de pleines pages, les deux tiers des œuvres présentées lors de l’exposition.

7La première section, présentée par A. Giardina, traite des origines de Rome à travers les légendes troyennes (F. Zevi), étrusques (M. Menichetti) et grecques (E. Greco) ; puis elle discute amplement le discours de Claude à Lyon en 48 après J.-C.

8La seconde section traite d’abord de la conquête (F. Pesando). Les contributions de J. Thornton et d’A. Wallace-Hadrill, particulièrement intéressantes, éclairent l’ambiguïté des notions d’impérialisme et de romanisation : l’intégration serait davantage un désir de la part des populations soumises par Rome qu’une volonté romaine de diffuser ses valeurs et d’ouvrir son corps civique. Rome est ainsi partagée entre une envie de préserver son identité et la nécessité d’intervenir à l’extérieur de son territoire. Les moyens de l’ouverture vers le monde romain – les migrations et le commerce (C. Virlouvet), la monnaie (E. Lo Cascio) et le concept d’Europe (G. Zecchini) –, ainsi que les modalités de l’adhésion à Rome – notamment pour les Grecs (P. Desideri) et pour les Hébreux (G. Firpo) – prennent ainsi des formes variées.

9La troisième section est centrée sur la ville de Rome sous l’angle de l’intégration physique et spatiale des étrangers. Quatre articles traitent de l’esclavage : sont examinés le statut d’esclave (par C. Ricci et M. Brutti), les révoltes (par A. Schiavone) et les lieux dédiés aux esclaves (par F. Pesando). Suivent deux articles traitant des droits des étrangers dans l’Vrbs (V. Marotta) et de leur localisation dans la ville (F. Coarelli). Le fil conducteur de cette section est assuré par l’idée que le processus d’intégration est indissociable de celui de l’ascension sociale. Il est frappant de constater que, si l’obtention de la citoyenneté est très réglementée, si les distinctions sociales sont très marquées du point de vue du droit, en revanche, dans la vie quotidienne, la promiscuité des différentes catégories – surtout dans les familles modestes – donne un bon exemple de cette hésitation entre intégration et domination.

  • 11 Voir The Barbarians of Ancient Europe. Realities and Interactions, L. Bonfante (éd.), C (...)

10La quatrième section se concentre sur l’accueil que Rome fit à la culture, aux religions (A. Giardina – de manière théorique – et D.F. Maras [les Étrusques]), à la science (A. Roselli), au(x) mode(s) de vie (notamment grec – R. Neudecker) et à la langue (D. Campanile) des étrangers. Ces articles montrent comment la société romaine s’avère très permissive, surtout à l’encontre du monde grec. Cette section aurait mérité de replacer l’assimilation romaine de la culture étrusque, puis de la culture grecque dans la tentative philosophique et politique visant à dépasser la dualité Grecs / Barbares. Rome, n’appartenant ni aux uns ni aux autres, propose ainsi une troisième voie de compréhension du monde, afin de renverser la domination grecque en Orient et faire accepter son pouvoir11.

11Enfin, la cinquième et dernière section traite du rapport entre le monde contemporain et Rome : P.S. Salvatori présente les symboles de Rome réutilisés dans la propagande de l’Italie de Mussolini et commente le mépris pour l’édit de Caracalla qui avait cours sous le pouvoir du Duce.

12Le catalogue de l’exposition Roma caput Mundi, avec deux volumes qui se complètent bien, aborde donc, par des thématiques précises, l’ensemble du questionnement sur le positionnement de Rome entre une volonté de régir avec autorité un monde qu’elle domine et ses capacités d’intégration des éléments étrangers par la citoyenneté et par le mode de vie. Domination et intégration apparaissent ainsi comme deux nécessités de l’Empire romain, qui trouvent des réponses variées en fonction des lois propres à chaque peuple soumis, et en fonction des besoins politiques de Rome.

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Notes

8 Dora D’Auria et David Nonnis ont contribué au choix des œuvres et à la rédaction du catalogue.

9 L’affaire des Bacchanales est présentée par des textes et des images de cortèges dionysiaques.

10 La mise en page originelle a été quelque peu perturbée lors de la reliure du volume : les marges de petit fond ont peu ou prou disparu.

11 Voir The Barbarians of Ancient Europe. Realities and Interactions, L. Bonfante (éd.), Cambridge – New York, Cambridge University Press, 2011 ; et mon compte rendu dans Anabases, 16, 2012, p. 298-300.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claire Joncheray, « Roma caput mundi : una città tra dominio e integrazione [Mostra, Roma, Colosseo, Tempio di Romolo e Curia Iulia al Foro Romano, 10 ottobre 2012-10 marzo 2013], A. Giardina, F. Pesando (dir.) »Kentron, 30 | 2014, 196-199.

Référence électronique

Claire Joncheray, « Roma caput mundi : una città tra dominio e integrazione [Mostra, Roma, Colosseo, Tempio di Romolo e Curia Iulia al Foro Romano, 10 ottobre 2012-10 marzo 2013], A. Giardina, F. Pesando (dir.) »Kentron [En ligne], 30 | 2014, mis en ligne le 19 décembre 2016, consulté le 11 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kentron/591 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/kentron.591

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