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Comptes rendus

̔Ο Πόλεμος τῆς Τρωάδος (The War of Troy) κριτικὴ ἔκδοση μὲ εἰσαγωγὴ καὶ πίνακες, M. Papathomopoulos, E. M. Jeffreys

Jean Schneider
p. 93-102
Référence(s) :

̔Ο Πόλεμος τῆς Τρωάδος (The War of Troy) κριτικὴ ἔκδοση μὲ εἰσαγωγὴ καὶ πίνακες, M. Papathomopoulos, E. M. Jeffreys, Editio princeps,  ̓Αθήνα, Μορφωτικὸ Ἵδρυμα ̓Εθνικῆς Τράπεζης, 1996, p. CXXXVII et 750, 8 pl.

Texte intégral

1Nous avons là l’editio princeps d’une épopée de 14 401 vers politiques, en grec populaire, qui fut rédigée au XIIIe ou plutôt au XIVe siècle dans la Grèce franque (p. LXXXIX). C’est une traduction libre du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, qui fut écrit vers 1170 sous le patronage de Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine et qui se fonde principalement sur la De excidio Troiae historia de Darès le Phrygien. L’introduction donne une analyse de l’œuvre, une étude des sources, du langage, des formules, du mètre, puis une étude des manuscrits et des illustrations ; les huit illustrations du Parisinus gr. 2878 sont reproduites dans les planches qui concluent le volume. Le texte, en marge duquel figurent, précédés d’un F, les numéros des vers de Benoît, est accompagné d’un apparat critique qui souvent cite le texte français, et il est suivi d’un index des noms propres et d’un glossaire très sélectif.

2Sur la manière dont le texte de Benoît a été adapté en langue grecque, les éditeurs donnent diverses indications p. LI-LXVI, constatant sobrement qu’« il n’y a pas de preuve que le traducteur ait connu l’Iliade ni l’Odyssée » (p. LXV). Il est très rare que le traducteur grec donne un supplément d’information (p. LX, p. LXIV-LXV), et par exemple les vers 1305-1312, qui n’ont pas d’équivalent chez Benoît, ne comportent aucune information nouvelle. L’expression ἐκ τὰς  ἑπτὰ τῶν τεχνῶν, au v. 2361, fait l’effet d’un détail complémentaire qui ne figure pas au v. 5822 de Benoît, mais on retrouve la même expression au v. 2885 pour traduire « des set arz » (F 6898). S’il arrive que le traducteur rétablisse la forme ancienne d’un nom propre (p. LXIV), il peut aussi traduire « Simoënta » par Σιμωτά (v. 143, F 983), et pour désigner Phthie Σίκος est plus gravement fautif que Fice (v. 775, F 2143). Au v. 2285, on lit Ἀπὸ τὴν Μάνην ὁ υἱὸς Ὀΐλεος ὁ  ἴας, qui doit correspondre à un malentendu sur « de Logres, sa terre demeine » (F 5635), où « demeine » signifie « domaniale ». La confusion est plus grave quand, au « Tlepolemus » de Darès, devenu « Telepolus » au v. 5014 de Benoît, il substitue Νεοπτόλεμος au v. 2019, mais le vers 2139, où Νεοπτόλεμος correspond à « Neptolemus » (F 5239), montre que la faute est déjà commise par Benoît. Alors que Darès dit qu’Apollon parle « ex adyto » (chap. XV), Benoît donne « li respons li a dit en bas » (5803), ce qui en grec devient ἀπεκρίθηκε γαληνὰ ὁ ̓Απόλλων (v. 2351). Le traducteur peut commettre des fautes graves (cf. p. LV), par exemple quand il traduit « prisons » par φυλακάς (v. 1870, F 4596), repris au v. 1951. Au vers 5127, σκεπαστέ traduit « coilverz » (F 12237), qui vient de « collibertus » mais a évidemment été confondu avec « couvert ». Sur son attitude envers la religion païenne (cf. p. LX), remarquons qu’il omet au vers 510 le nom de Jupiter qui apparaît en F 1623, mais qu’il ajoute οἱ  θεοί au v. 521 (F 1638 : « Por ço, espeir, l’en mesavint »). La traduction peut omettre de longs passages de Benoît, comme les vers 3825-3921 qui correspondent à la fin du chapitre VI de Darès (vers 3825-3844) et au début du chapitre VII (v. 3845-3921). Elle omet aussi les vers 22914-30074 de Benoît, qui correspondent à la fin du chapitre VI, 14 de Dictys (29914-29974) et au début de VI, 15 (29975-30074). Elle peut aussi présenter les épisodes dans un ordre différent. Ainsi, alors que Benoît présente les vers 4315-4802 qui correspondent au chapitre X de Darès, puis les vers 4803-5092 qui reprennent le chapitre XI, le traducteur grec donne le début du chapitre X (v. 1744-1942, F 4315-4772), le début du chapitre XI (v. 1943-1969, F 4803-4936), la fin du chapitre X (v. 1970-1983, F 4773-4802) et la fin du chapitre XI (v. 1984-2048, F 4937-5092). Dans la fin du poème, où Benoît suit Dictys, le traducteur grec a omis les vers 29501-29536 de Benoît (fin du chapitre VI, 9 de Dictys), les vers 29537-29674 (chapitres X et XII du livre VI de Dictys), les vers 29675-29694 (début de Dictys, VI, 13, p. 130, 4-9, Eisenhut) et les vers 29763-29814 (fin de Dictys, VI, 13, p. 130, 20-131, 3) ; et il donne les vers 29815-30300 de Benoît (v. 13929-14090 dans la traduction grecque, avec une lacune pour les vers 29914-30074 de Benoît), qui correspondent aux chapitres XIV et XV du livre VI de Dictys, avant les vers 29079-29536 (gr. 14091-14372) (VI, 7, 8 et 9 chez Dictys) et les vers 29695-29762 (gr. 14373-14401) (Dictys, VI, 13, p. 130, 9-18, Eisenhut). Il peut aussi y avoir des interversions portant sur des détails, ainsi quand le portrait de Pâris (2200-2204, F 5447-5460) est inséré entre ceux de Dèiphobos et d’Hélénès et celui de Trôilos. Alors que chez Dictys (V, 4), les Grecs exigent l’expulsion d’Antimachus et que Benoît reprend ce détail (F 25342-25343 : « Amphimacus »), le traducteur remplace ce personnage par les Amazones (v. 11669).

3Sur les sources du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, les éditeurs se bornent à quelques indications (p. XLVII-XLVIII), mais on trouve un exposé plus circonstancié dans l’édition de L. Constans (t. VI, 1912, 192-263), et des remarques d’E. Faral dans son compte rendu des volumes de Constans (Romania, 42, 1913, 88-106, plus particulièrement 100-104). Les sources de Benoît sont commodément accessibles grâce au livre de G. Fry (Récits inédits sur la guerre de Troie, Paris, 1998). Pour l’essentiel, Benoît suit la De excidio Troiae historia de Darès le Phrygien. Darès est souvent nommé par Benoît et dans la traduction grecque, et il peut aussi être désigné par une périphrase. Le traducteur n’a pas hésité à traduire « si com jo l’ai entendu » (F 12544) par ὡσὰν  λέγει  ὁ  Δάριος (gr. 5287). Il n’est peut-être pas inutile de donner une correspondance entre les chapitres de Darès (d’après l’édition de F. Meister), le poème de Benoît (numéros de vers précédés d’un F) et la traduction grecque. Nous retrouvons donc le chapitre I de Darès (F 715-972, gr. 1-138), les chapitres II (F 973-2078, gr. 139-741), III (F 2079-2862, gr. 742-1152), IV (F 2863-3276, gr. 1153-1350), V (F 3277-3650, gr. 1351-1503), VI (F 3651-3844, gr. 1504-1595), VII (F 3845-4018, gr. 1596-1638), VIII (F 4019-4166, gr. 1639-1699), IX (F 4167-4314, gr. 1700-1743), X (F 4315-4802, gr. 1744-1942 + 1970-1983), XI (F 4803-5092, gr. 1943-1969 + 1984-2048), XII (F 5093-5140 + 5295-5582, gr. 2049-2075 + 2168-2260), XIII (F 5141-5288, gr. 2076-2163), XIV (F 5583-5702, gr. 2261-2311), XV (F 5703-6202, gr. 2312-2529), XVI (F 6203-6254 + 6516-6657, gr. 2530-2550 + 2725-2810), XVII (F 6255-6515, gr. 2551-2724), XVIII (F 6658-6978, gr. 2811-2924), XIX (F 6979-10301, gr. 2925-4240), XX (F 10302-11096, gr. 4241-4613), XXI (F 11097-12682, gr. 4614-5352), XXII (F 12683-13085, gr. 5353-5551), XXIII (F 13893-15000 + 15187-15253, gr. 5971-6443 + 6527-6558), XXIV (F 15254-16574, gr. 6559-7253), XXV (F 16575-17042, gr. 7254-7459), XXVI (F 17043-17488, gr. 7460-7673), XXVII (F 17489-18472, gr. 7674-8106), XXVIII (F 18473-19162, gr. 8107-8453), XXIX (F 19163-19410, gr. 8454-8566), XXX (F 19411-19959, gr. 8567-8930), XXXI (F 19960-20414, gr. 8931-9185), XXXII (F 20415-20878, gr. 9186-9384), XXXIII (F 20879-21837, gr. 9385-9835), XXXIV (F 21838-22501, gr. 9836-10240), XXXV (F 22502-23088, gr. 10241-10515), XXXVI (F 23089-24386, gr. 10516-11117). Dans les vers 24387-24424 de Benoît (gr. 11118-11138) est introduit Dictys, dont le Bellum Troianum fournira à Benoît une source complémentaire. Le traducteur grec s’est permis de mentionner Darès et Dictys, conjointement, dès le vers 6055, alors que le v. 14094 de Benoît nommait seulement Darès (cf. p. LXIII dans l’introduction). Alors que, chez Benoît (F 24309-24327) et dans la traduction grecque (v. 11077-11087), Penthésilée est tuée par Pyrrhus (comme dans le chapitre XXXVI de Darès, p. 44, 15, Meister), non par Achille comme chez Dictys (IV, 3), Benoît nous présente aux vers 24425-24470 (gr. 11139-11171) une dispute des Grecs à propos du corps de Penthésilée qui manque chez Darès, tandis que Dictys (IV, 3) donne une narration comparable, avec Achille dans le rôle que Benoît donne à Pyrrhus. Cependant, on retrouve ensuite les chapitres XXXVII (F 24471-24617, gr. 11172-11259) et XXXVIII (F 24618-24725, gr. 11260-11328) de Darès. Ensuite seulement, Benoît suit, assez librement, le dernier chapitre (22) du livre IV de Dictys (F 24726-24960, gr. 11329-11464), puis dans le livre V de Dictys les chapitres I (F 24961-25013, gr. 11465-11495), 2 (F 25014-25168, gr. 11496-11578), 3 (F 25169-25238, gr. 11579-11612), 4 (F 25239-25347, gr. 11613-11672), 5 (F 25348-25462, gr. 11673-11756), 6 (F 25463-25499, gr. 11757-11777), 7 (F 25500-25577, gr. 11778-11823), 8 (F 25578-25720, gr. 11824-11918), 9 (F 25721-25743, gr. 11919-11937), 10 (F 25744-25863, gr. 11938-12020), 11 (F 25864-25944, gr. 12021-12076). Aux vers 25988 (gr. 12106) et 26144 (gr. 12211) de Benoît, Dictys et Darès sont nommés l’un et l’autre. Les vers 25945-26240 (gr. 12077-12278) peuvent correspondre à Darès (chapitre XLI) ou à Dictys (V, 12) ; les vers 26241-26374 (gr. 12279-12360) correspondent au chapitre XLII de Darès ou au chapitre V, 13 de Dictys. Les vers 26375-26552 (gr. 12361-12479) représentent le début (p. 51, 3-15, Meister) du chapitre XLIII de Darès, tandis que les vers 26553-26590 (gr. 12480-12504) suivent Dictys (V, 16, p. 117, 8-13, Eisenhut). Après une transition (F 26591-26602, gr. 12505-12513), on retrouve Dictys, V, 14 (F 26603-27059, gr. 12514-12754), 15 (F 27060-27182, gr. 12755-12852), la fin du chapitre XVI (p. 117, 13-118, 12, Eisenhut) (F 27183-27332, gr. 12853-12975), une partie du chapitre XVII (p. 118, 13-119, 7, Eisenhut) (F 27333-27547, gr. 12976-13113). La suite correspond au livre VI de Dictys : chapitres I (F 27548-27931, gr. 13114-13316), 2 (F 27932-28284, gr. 13317-13417), 3 (F 28285-28422, gr. 13418-13499), 4 (F 28423-28548, gr. 13500-13583), 5 (F 28549-28958, gr. 13584-13841), 6 (F 28959-29078, gr. 13842-13928), 7 (F 29079-29174, gr. 14091-14144), 8 (F 29175-29344, gr. 14145-14254), 9 (F 29345-29536, gr. 14255-14372), 10 (F 29537-29594, non repris dans la traduction grecque), 12 (F 29595-29674, non repris en grec), 13 (F 29675-29814, gr. 14373-14401), 14 (F 29815-29974, gr. 13929-13934), 15 (F 29975-30300, gr. 13935-14090).

4Il s’en faut donc de beaucoup que Benoît de Sainte-Maure et son traducteur se bornent à reprendre le récit de Darès. Les jeux funèbres en l’honneur de Patrocle (chapitre XX de Darès, p. 25, 10-11, Meister) manquent chez Benoît et dans la traduction grecque. Benoît peut modifier la disposition de Darès. Ainsi, il reprend le début du chapitre XII (F 5093-5140, gr. 2049-2075), le chapitre XIII (F 5141-5288, gr. 2076-2163), puis, après quelques vers de transition (F 5289-5294, gr. 2164-2167), la fin du chapitre XII (F 5295-5582, gr. 2168-2260). De même, le chapitre XVII (F 6255-6515, gr. 2551-2724) est inséré entre le début et la fin du chapitre XVI. L’utilisation de Dictys à la fin de l’ouvrage présente des difficultés, puisque Darès n’est pas complètement négligé. Ainsi les vers 27240-27262 de Benoît (gr. 12892-12910) correspondent, approximativement, au chapitre XLIII de Darès (p. 51, 15-18, Meister). Le chapitre VI, 11 de Dictys est omis, ainsi que le retour d’Oreste à Mycènes (VI, 13, p. 130, 18-20, Eisenhut). L’ordre des chapitres de Dictys peut se trouver altéré dans le poème de Benoît. Ainsi, les chapitres XIV et XV du livre V (F 26603-27182, gr. 12514-12852) sont insérés dans le chapitre V, 16 (F 26553-26590 + 27183-27332, gr. 12480-12504 + 12853-12975). Benoît peut modifier le récit de Dictys, remplaçant la conversation entre Anténor et Diomède (Dictys, V, 6) par un discours d’Anténor en présence de Priam (F 25463-25499, gr. 11757-11777). L’usage de deux sources peut occasionner des incohérences : ainsi, alors que Benoît (F 18832-18840, gr. 8248-8254) raconte la mort de Palamède à peu près conformément aux indications de Darès (chapitre XXVIII, p. 34, 18-20, Meister), il adopte une tout autre version aux vv. 27548-27931 (gr. 13114-13316), d’après Dictys (VI, 1). Surtout, Benoît enrichit considérablement le récit étique de Darès et celui, déjà plus développé, de Dictys. Il s’agit parfois de descriptions ou de développements psychologiques que le poète médiéval a bien pu ajouter comme des ornements ordinaires dans la culture de son temps, mais il y a aussi des épisodes qui supposent ou bien le recours à d’autres sources, ou bien une invention délibérée. Ces compléments ne bouleversent pas le schéma chronologique emprunté à Darès, et nous avons pu, pour présenter une correspondance claire entre Darès et Benoît, rattacher les compléments introduits par Benoît au chapitre où ils nous semblaient avoir leur place naturelle. Cependant nos choix pourraient être discutés, et par exemple on peut se demander si les vers 2530-2532 (F 6203-6210) se rattachent à la fin du chapitre XV ou au début du chapitre XVI, si les vers 4199-4240 (F 10164-10301) doivent être situés à la fin du chapitre XIX ou au début du chapitre XX de Darès, si les vers 5330-5352 (F 12627-12682) correspondent à la fin du chapitre XXI ou au début du chapitre XXII. Les vers 5552-5970 (F 13086-13892), 6161-6194 (F 14286-14353), 6444-6526 (F 15001-15186) ne correspondent à rien chez Darès. Darès est parfois nommé dans des passages qui ne se retrouvent pas dans l’opuscule que nous lisons sous son nom. Les portraits de Polydamas et de Menoun (F 5481-5508, gr. 2226-2235) ne figurent pas dans le chapitre XII de Darès, mais Benoît se réfère à Darès aux vers 5482 et 5495 (références non reprises en grec). Divers épisodes inconnus de Darès (F 8526-10048, gr. 3500-4122) sont insérés dans le chapitre XIX (p. 24, 21, Meister), alors que Benoît renvoie à Darès aux vers 9304 et 10011 (renvois non repris par le traducteur grec aux vers 3838 et 4106). L’épisode du Sagittaire (F 12340-12506, gr. 5184-5265) n’est pas dans Darès auquel Benoît se réfère dans les vers 12423 et 12440, et là encore les renvois ne se retrouvent pas dans la traduction grecque. Constans s’est appuyé sur ces renvois pour supposer que Benoît disposait d’un texte de Darès plus complet que le nôtre (p. 224-234, en particulier p. 226 dans le vol. VI de son édition). Il considère en particulier que l’épisode du Sagittaire figurait dans cette uersio plenior de Darès (p. 248). Faral exprime des réserves sur cette théorie : « bien que l’existence d’un Darès développé latin ne soit pas invinciblement démontrée » (o. c., p. 100-101). On remarquera que les vers 3500-4122 (F 8526-10048) viennent interrompre une narration qui, dans le texte de Darès tel que nous le lisons, est parfaitement cohérente : Mérionès empêche Hector de dépouiller le cadavre de Patrocle (p. 24, 20-21, Meister : « Meriones eum ex acie, ne expoliaretur, eripuit »), et cet épisode est repris par Benoît (F 8437-8470, gr. 3461-3481) ; puis Hector poursuit et tue Mérionès (p. 24, 21), ce qui se retrouve dans les vers 10049-10064 de Benoît (gr. 4123-4137). Dans ce cas, les épisodes propres à Benoît contrarient la logique du pauvre récit de Darès. Lorsqu’il suit Dictys, Benoît peut aussi introduire des compléments, par exemple les funérailles de Glaukos et de Penthésilée (F 25258-25288, gr. 11623-11638, dans Dictys, V, 4 ; F 25771-25808, gr. 11958-11980, dans Dictys, V, 10). Il semble bien que Benoît ait aussi recouru à d’autres sources, ainsi pour les amours de Jason et de Médée (F 1138-2078, gr. 233-741), qui viendraient du livre VII, vv. 1-158 des Métamorphoses selon Meister (p. XXVI dans la préface de l’édition de Darès), alors que Constans est réservé sur ce point (vol. VI, p. 236, cf. dans l’introduction de Papathomopoulos et Jeffreys, p. XLVII et note 49). L’introduction de l’histoire de Jason en tête de l’histoire de Troie vient de Darès, dans l’œuvre de qui elle constitue peut-être une adjonction secondaire (cf. p. XLI, note 4) ; mais Darès distingue l’oncle de Jason et le père d’Achille, qui sont confondus par Benoît (F 148-154, non repris dans la traduction grecque) et plus explicitement dans la traduction grecque (vers 3, sans équivalent dans le poème français).

5Alors que dans Troilus and Cressida Shakespeare s’inspire à la fois d’Homère et de Benoît de Sainte-Maure (The Arden Shakespeare, Troilus and Cressida, D. Bevington (éd.), 1998, p. 21 et p. 375-392), il ne semble pas que Benoît et l’auteur de la version grecque connaissent Homère, ni les grandes œuvres grecques de l’Antiquité. Il est remarquable que le traducteur puisse donner le nom d’‘Ομέριος (Hunerius en F 5631) au v. 2283, d’‘Ομήρ (Huniers en F 8238) au v. 3372 au chef grec que Darès appelle Nireus (non sans quelques variantes signalées dans l’apparat de Meister). Souvent, cependant, le lecteur a l’occasion de penser aux grands textes classiques. Quand Hector est appelé ὀ κίονας τῆς Τροίας (v. 1565, rien de tel en F 3769 ; v. 4572, rien de tel en F 11025-11030 ; v. 7081, rien de tel en F 16231-16233 ; v. 7152, rien de tel en F 16333-16334), on songe que Pindare appelait Hector Τροίας  κίονα (Olympique II, v. 81-82), même si au vers 12803 c’est Ajax fils de Télamon qui est τὸν  κίονα τοῦ φουσσάτου (rien de tel en F 27105-27120). On peut aussi rapprocher du vers 46 de la deuxième Olympique l’expression l'expression ἔνθα τὴν ῥίζαν εἶχεν au v. 13399 (qui ne figure pas en F 28096). L’expression τετράγωνος au v. 2124 pourrait évoquer le fr. 542 de Simonide (dans les P. M. G.), mais Benoît a aussi « quarrez » au v. 5212, et il utilise le même mot pour Ajax au vers 5179 (non repris par le grec aux v. 2101-2105) ; et l’adjectif, qui chez Simonide désigne la perfection morale (cf. Héraclite, Quaestiones Homericae, chap. 72, § 6 ; Cornutus, chap. 16), s’applique chez Benoît à la carrure physique. Surtout, bien des détails font penser à Homère. Il peut s’agir de comparaisons conformes à l’usage homérique : v. 3810-3813 (F 9159-9164), v. 6842 (absent du texte français), v. 9488-9492 (F 21089-21095). On remarque aussi l’évocation de la vélocité d’Achille (v. 5275), qui ne figure pas en F 12523. On croit reconnaître diverses allusions psychologiques et dramatiques. La description des effets mortifères de la puanteur des cadavres (gr. 5395-5403, F 12805-12821), qui ne figure pas chez Darès, peut se comparer à la peste du premier chant de l’Iliade. On retrouve, pour désigner la fille de Calcas, le nom de Briséis au v. 5555 (F 13090). Quand Palamède, pour établir sa supériorité sur Agamemnon, dit qu’il sait mieux faire une distribution équitable (gr. 4366-4367, F 10525-10526), cette remarque, qu’on ne lit pas dans le chapitre XX de Darès, fait penser aux reproches que chez Homère Achille adresse à Agamemnon. Plusieurs passages évoquent la τειχοσκοπία du chant III de l’Iliade : v. 4392-4408 (F 10591-10624), v. 4481-4483 (absent chez Benoît), v. 4718 (F 11367-11368), v. 5996-5999 (F 13972-13981), 6213 (F 14400-14402), 6220 (F 14422-14427), 8544-8548 (F 19357-19365), alors que Darès ne donne rien de tel. La présence d’Hélène, aux vv. 4481-4483 et 4718, prend un sens qui est étranger au texte homérique, et qui est rendu plus évident dans la conversation de Pâris et d’Hélène aux vv. 4879-4887 (F 11721-11732) et dans le commentaire des vv. 4893-4897 (F 11740-11746), que Benoît n’a pas non plus trouvé dans le Darès que nous lisons. De même, l’attention prêtée par Hector aux spectatrices (gr. 6081-6085, F 14131-14134 ; gr. 6115-6116, F 14188-14189) n’a rien qui lui corresponde chez Homère, ni chez Darès, et l’on ne s’attendrait pas à trouver chez Homère la raillerie qu’inspire à Achille la laideur d’Hector ensanglanté (gr. 6117-6118, F 14190-14191). Achille, s’abstenant de participer à la bataille à cause de son amour pour Polyxène, envoie les Myrmidons combattre sans lui (gr. 9190-9202, F 20423-20443), et les Myrmidons sont, malgré leur vaillance, taillés en pièces par Troïlos (gr. 9246-9273, F 20521-20578 ; gr. 9455-9463, F 21040-21055) ; alors Achille se lamente sur les Myrmidons (gr. 9321, F 20691) et les venge en tuant Troïlos et en l’attachant à la queue de son cheval (gr. 9670-9675, F 21436-21450). Les regrets exprimés par Achille quand il envoie ses soldats combattre sans lui et le traitement infligé au cadavre de Troïlos n’apparaissent pas dans les chapitres XXXII-XXXIII de Darès, et il semble bien qu’on puisse retrouver là les sentiments que l’Achille homérique éprouve envers Patrocle et envers celui qui l’a tué. Les reproches qu’Hélène s’adresse à elle-même en se lamentant sur la mort de Pâris (gr. 10450-10474, F 22928-22988), alors que Darès dit seulement « magno ululatu » (XXXV, p. 43, 8, Meister), rappellent les vers 173-180 du chant III de l’Iliade. Ajax, faisant l’éloge d’Achille (gr. 12570-12737, F 26815-27038), raconte qu’Achille a donné à Agamemnon une captive, que son père Krysos est venu réclamer, et qu’en échange Agamemnon a exigé de recevoir Hippodameia qui avait été attribuée à Achille, qu’enfin il a rendu Hippodameia en jurant qu’il ne l’avait pas « touchée charnellement » (gr. 12648-12737, F 26915-27038) : cette histoire, qui ne figure pas chez Dictys (V, 14), rappelle évidemment la μῆνις du chant I et la μήνιδος ἀπόρρησις du chant XIX. À la fin du poème, racontant ses errances à Idoménée, Ulysse présente Polyphème tout autrement que dans l’Odyssée, mais il reprend le thème de l’œil arraché (gr. 13674-13675, F 28691-28692), alors que Dictys (VI, 5) n’en dit rien. Signalons un détail qui associe une possible réminiscence homérique et un élément qui, dans ce que nous connaissons de la littérature grecque, se rattache à Eschyle : pour convaincre Achille de revenir au combat, les Grecs envoient deux ambassades, l’une (gr. 8332-8401, F 18987-19081) où Achille reste silencieux comme chez Eschyle, l’autre (gr. 8567-8812, F 19411-19798) où Achille répond comme chez Homère, alors que Darès donne seulement la deuxième ambassade au chapitre XXX. Il est difficile d’interpréter ces rapprochements. Si l’on suppose que ces passages figuraient dans des uersiones pleniores de Darès ou de Dictys, on peut supposer que leurs auteurs, au Ier siècle de notre ère (p. XLI et p. XLV), connaissaient Homère et pouvaient même recourir aux épopées du Cycle qui représentent peut-être une tradition préhomérique. Si l’on admet que Benoît ne connaissait de Darès et de Dictys que les textes que nous lisons encore sous leur nom, nous ne savons pas comment on peut retrouver chez lui l’influence diffuse de schémas homériques, à moins qu’une exploration plus systématique de la littérature relative à la légende troyenne ne permette de résoudre ce problème. Le texte conservé de Darès, si sa pauvreté n’est pas originelle, se laisse mal comparer à une épopée aussi développée que celle de Benoît. Quoi qu’il en soit de Darès, à lire le poème de Benoît ou la traduction grecque, on a l’impression qu’y sont multipliées les allusions aux deux épopées homériques ignorées, de même qu’Homère, se limitant à un petit épisode de la guerre de Troie et à un petit épisode des « retours », introduit dans ses poèmes des échos, parfois implicites et déformés, du reste de la guerre de Troie et des autres retours.

6On lit aux vers 9976-9981 (F 22121-22126) une référence explicite à Léandre et à Héro, même si l’héroïne, que Benoît appelle Ero, figure dans le texte grec édité sous la forme  ̓Ιάρη. Cette mention nous rappelle le lien qui unit le poème de Benoît aux romans d’amour antiques, et la place qu’y occupent les épisodes amoureux. Nous avons remarqué qu’Achille, Pâris et Troïle figuraient, avec Tristan, Lancelot et Samson, dans un groupe de six amants fabuleux, sur un « plateau d’accouchée » florentin daté circa 1400 (J. Darriulat, Sébastien Le Renaissant, Paris, 1998, p. 218-219), et Benoît n’est sans doute pas étranger à cet aspect de leur célébrité. Chez lui, la relation d’Achille et de Patrocle est clairement amoureuse, ce qui n’est explicite ni chez Homère ni chez Dictys (« propter coniunctionem amicitiae », I, 14, p. 12, 7, Eisenhut). Les vers 3331-3340 (F 8171-8178) insistent seulement sur le degré exceptionnel de leur affection, et il se peut que la raillerie adressée par Hector au cadavre de Patrocle (gr. 3422-3423, F 8351-8353) constitue une allusion de cet ordre, ni l’un ni l’autre passages n’apparaissant dans le chapitre XIX de Darès. Alors que Darès dit seulement « Achilles Patroclum plangit » (chapitre XX, p. 25, 8, Meister), les vers 4252-4283 (F 10331-10370) montrent clairement la nature amoureuse des sentiments d’Achille. Les propos qu’Achille adresse à Hector (gr. 5585-5609, F 13135-13162) expriment l’extrême douleur occasionnée par la mort de Patrocle, mais aussi, envers Hector, un mélange étrange de haine et d’amour ; et Hector dénonce brutalement les relations physiques d’Achille et de Patrocle (gr. 5622-5629, F 13178-13188). Ces deux passages n’apparaissent pas chez Darès. Dans Troilus and Cressida, Bevington considère que dans deux vers prononcés par Ulysse (« And better would it fit Achilles much To throw down Hector than Polyxena », acte III, scène 3), « throw down » n’a pas seulement un sens militaire (Bevington, o. c., p. 21, cf. p. 28-29) ; et l’on peut attribuer à l’amour d’Achille pour Patrocle son retrait du combat (« They think my little stomach to the war, And your great love for me, restrains you thus », dans la même scène, cf. Bevington, o. c., p. 26). Dans la scène 3 de l’acte I, Ulysse fait peut-être allusion aux rapports d’Achille et de Patrocle quand il dit : « with him Patroclus Upon a lazy bed the livelong day Breaks scurril jests », même si leur occupation consiste à décrier les chefs achéens. Thersite s’exprime plus grossièrement dans la première scène de l’acte V (Bevington, o. c., p. 26-28 et p. 65). Il est vrai que, chez Benoît et dans les œuvres qui dépendent de lui, Achille est un cas singulier et que son amour pour Patrocle est évoqué sans complaisance, et c’est principalement l’amour hétérosexuel qui intervient à différents niveaux du roman (p. XLVIII dans le volume de Papathomopoulos-Jeffreys, avec quelques remarques sur le traitement de ces épisodes en grec p. LX-LXI). Le roman de Benoît comporte quantité d’épisodes érotiques dont le plus célèbre, relatif à Troïlos et à Cressida, est de son invention (p. XLVII, note 50), tandis qu’il amplifie complaisamment des épisodes traditionnels, concernant par exemple Jason et Médée ou Achille et Polyxène. L’amour d’Orva pour Hector (gr. 3260-3263, F 8024-8028) n’apparaît pas dans le chapitre XIX de Darès. L’intérêt de Benoît, et de son public, pour la problématique amoureuse, ne se manifeste pas seulement dans des épisodes précisément érotiques. Palamède, insultant Polydamas, lui dit que sa femme trouvera sans peine d’autres hommes plus riches et plus beaux à aimer (gr. 4741-4745, F 11412-11417) ; et il nous semble que cette allusion, absente du chapitre XXI de Darès, est étrangère à la mentalité homérique, de même que l’usage qui est fait par Benoît de la présence de spectatrices pendant certains combats.

7L’œuvre nouvellement éditée donne un témoignage important sur la langue populaire après la quatrième croisade. Le Λεξικό της μεσαιωνικής Ελληνικής δημώδους γραμματείας de Kriaras, incomplètement paru, ne donne pas toujours les mots et les emplois attestés dans le Πόλεμος τῆς Τρωάδος, qui est signalé dans le tome 13 (p. 78, numéros 402-404). Le petit exposé des pages LXIX-LXXIX pourrait aisément être complété, et le glossaire donné p. 747-750 permet seulement d’attendre l’énorme index complet annoncé dans la note 1 (p. 747). Nous avons été sensible à la fréquence « de νῖκοϛ » pour désigner la victoire (v. 834, 1564, 2338, 3169, 4617, 6874), parce que nous avons rencontré cette forme dans un recueil orthographique où elle semble introduite accidentellement dans une séquence consacrée aux canons de Jean Damascène (Les Traités orthographiques grecs antiques et byzantins, 1999, p. 424 et p. 842). Nous avons aussi retrouvé dans un opuscule orthographique le nom Κηδάρ, qui apparaît à plusieurs reprises (cf. Les Traités orthographiques…, p. 588, note 17). Il faut peut-être rapprocher l’usage de στροβιλέα au vers 2554 (pour désigner un conifère) de la distinction proposée par Timothéos de Gaza entre στροβεῖλος (souffle) et στρόβιλος (fruit) (cf. Les Traités orthographiques…, p. 47) ; d’ailleurs, στρόβιλος peut désigner une pomme de pin chez Aristote et chez Théophraste. Une comparaison systématique entre les lexiques byzantins et le vocabulaire de la langue populaire serait peut-être féconde. Certains procédés stylistiques du traducteur grec sont remarquables, d’autant qu’ils n’ont pas d’équivalent dans le texte de Benoît. Voulant dire que les Troyens, faute d’écouter le devin Helenis, furent dignes de pitié, il dit : οὐκ ἤκουσαν τὸν  ̔Ελενή, δι᾿ αὐτὸ  ἐλεεινοὶ ἀπομεῖναν (v. 1640, cf. F 4023-4025), comme s’il voulait renouveler le rapprochement traditionnel entre le nom d’Hélène et le verbe ἑλεῖν. Il aime utiliser le même mot dans des sens différents : χωρίσει (v. 4605) et χωρίζονται (v. 4606, cf. F 11086-11087), ἐδιέβηκεν (v. 4614) et ἐδιέβησαν (v. 4615, cf. F 11102-11104). Le jeu est plus riche de sens aux vers 5630-5631 (cf. F 13189-13191), où ἐξεγίνη précise le grand bien qui adviendrait (νὰ γίνετον), tandis qu’aux vers 5708-5709 (cf. F 13341) le voisinage des mots ἀπέξω et ἀπέσω (cf. v. 5723) semble un peu gratuit. Il peut abuser d’une expression empruntée à Benoît, quand, non content de traduire « il s’en est moilliez » (F 14170) par ἐβράχη (v. 6104), il reprend ce même verbe aux vers 6091 (F 14144-5), 6107 (F 14173-4) et 6832 (F 15785) pour traduire des verbes différents. De même, la répétition de δυναστικῶς (gr. 6879, F 15860) et δυναστείαν (gr. 6881, F 15862 ; gr. 6890, F 15876) ne correspond à rien dans le texte français, non plus que celle de χαρὰν εςπ́οικαν aux vv. 10853-10854 (F 23818).

8Nous proposons quelques références complémentaires. À propos de Darès (p. XLI-XLII), on peut citer : J. Stohlmann, Anonymi Historia Troyana Daretis Frigii, Untersuchungen und kritische Ausgabe, Wuppertal-Düsseldorf, 1968, qui concerne un poème latin du XIIe siècle, inspiré de Darès. Le Premier mythographe du Vatican (mentionné p. XLII, note 14) doit, selon N. Zorzetti (p. XX-XLIV dans l’édition CUF de 1995), être daté entre 875 et 1075 et il utilise Fulgence et Darès. À propos de la signification nationaliste acquise par les histoires troyennes dans l’Occident latin (p. L), on pourrait évoquer la sensibilité nationaliste, grecque, que M. Van der Valk a reconnue dans le commentaire bT de l’Iliade (Researches on the Text and Scholia of the Iliad, I, 1963, p. 474-479). D’Isaac Porphyrogénnète, dont est cité le Περὶ τῶν καταλειφθέντων ὑπὸ τοῦ  ̔Ομήρου (p. XLVI, note 41), on aurait pu citer p. LI la Praefatio in Homerum éditée par J. F. Kindstrand (Uppsala, 1979). On pourrait citer p. LI un article de R. Browning : Homer in Byzantium, p. 15-33 dans Viator, 6, 1975. À propos de Tzetzès (p. LI, note 75), on peut évoquer A. Lolos, Der unbekannte Teil der Ilias-Exegesis des Iohannes Tzetzes (A 97-609) editio princeps, Königstein, 1981. Dans le Name Index, il aurait fallu donner pour Darès (p. 720) les expressions qui peuvent le désigner, comme iJstoriva (v. 4159), χαρτί (v. 4378). Signalons quelques fautes typographiques : « reponsible » pour « responsible » (p. XLII, l. 8), « 507 » pour « 587 » (p. XCVII, dernière ligne), « F15553 » pour « F15533 » (p. 358, marge de droite).

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean Schneider, « ̔Ο Πόλεμος τῆς Τρωάδος (The War of Troy) κριτικὴ ἔκδοση μὲ εἰσαγωγὴ καὶ πίνακες, M. Papathomopoulos, E. M. Jeffreys »Kentron, 17-1 | 2001, 93-102.

Référence électronique

Jean Schneider, « ̔Ο Πόλεμος τῆς Τρωάδος (The War of Troy) κριτικὴ ἔκδοση μὲ εἰσαγωγὴ καὶ πίνακες, M. Papathomopoulos, E. M. Jeffreys »Kentron [En ligne], 17-1 | 2001, mis en ligne le 15 octobre 2018, consulté le 12 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/kentron/2279 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/kentron.2279

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